STRANGER THINGS | UNE FAMILLE AVANT TOUT

Chapitre 1 : Peur

Disclaimer : Stranger Things, ses personnages et son univers appartiennent à Netflix et au frère Duffer. Je ne possède aucun droit sur cette licence et je ne tirerait aucun bénéfice pécuniaire de cette histoire.

Bonjour à toutes et à tous. Il s'agit de la première fanfiction que j'écris dans ma vie. J'avoue que je considère ça comme une expérience d'écriture et que, même si je me suis beaucoup amusé à l'écrire, je ne suis pas du tout sur que je continuerai cette histoire. Si vous avez envie d'une suite, j'ai deux ou trois idées pour écrire encore un chapitre ou deux. Donc n'hésiter pas à me dire en commentaire si vous aimez ce début et si vous voulez que je continue cette fanfiction. Dans tout les cas, bonne lecture à tous !

Ce fut lorsque, dans sa vaine recherche de sommeil, il se retourna qu'Hopper aperçut la petite silhouette aux cheveux bouclés le fixant depuis l'encadrement de la porte. Dans la pénombre de la nuit, il ne pouvait distinguer son visage et par conséquent, peinait à deviner la raison de sa présence près de lui, à une heure si tardive. Si elle avait fait des cauchemars presque toutes les nuits les premiers mois de leur cohabitation, cette tendance avait fini par disparaitre à mesure qu'elle se sentait soutenue et protéger. Deux actions qu'Hopper essayait d'accomplir avant tout. Malgré tout, il avait fallu très longtemps pour qu'Eleven consente enfin à se détendre et à essayer de grandir comme une fille normale.

- El ? murmura-t-il en se redressant légèrement. Tout va bien ?

Comme unique réponse, elle secoua la tête et commença à se ronger les ongles. Une autre habitude qu'il avait crue disparue depuis longtemps. Là, il commençait réellement à s'inquiéter. Cette nervosité n'avait d'égal que celle dont elle avait fait preuve durant la première semaine après qu'il l'avait eu recueillie. Quelque chose bouleversait profondément cette petite au point de faire surgir de son subconscient de vieux réflexe, cru disparu depuis longtemps. A cette constatation le cœur d'Hopper se brisa. Alors, prenant la situation avec sérieux, Hopper s'assit sur le bord de son lit et chassa les dernières traces de fatigue de son visage en le balayant de sa main.

Il alluma sa lampe de chevet et une douce lumière dorée vint éclairer le visage triste et angoissé d'Eleven. Si ses joues étaient encore sèches, preuve qu'elle n'avait pas pleurée, ses yeux chocolat luisaient de larmes bravement retenues. Ses mains chipotant nerveusement avec l'élastique de son pantalon de pyjama à l'effigie de Dumbo, un film qu'elle n'avait pourtant encore jamais vu, elle baissa les yeux vers ses pieds nus.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Hopper dont le cœur se serra à la vue de la fille en détresse.

Elle hésita un peu avant de répondre, cherchant dans son vocabulaire, le meilleur terme pour exprimer son émotion. Malgré ses progrès énormes en élocution, lorsque la fillette était bouleversée, comme en ce moment, les mots disparaissaient dans sa gorge. Pourtant, celui qui sortit de sa bouche n'avait rien de complexe et était sensé être connu depuis une éternité

– Peur…

Hopper ne fut pas surpris. Il était rare qu'elle ne vienne le déranger en pleine nuit pour une autre raison que celle-là. Dans le fond, c'était un comportement parfaitement normal pour un enfant de son âge. Pour une fois, elle rentrait dans l'ordinaire et cela réconforta un peu l'homme.

– Tu as fait un cauchemar ?

Ses boucles brunes dansèrent à nouveau sur son crâne lorsqu'elle secoua la tête en signe de négation. Pourtant, Hopper ne douta pas un seul instant de l'émotion de crainte qui la tourmentait.

– Alors de quoi as-tu peur ?

Eleven recommença à chipoter avec l'élastique de son pantalon, si bien que le chef de la police s'inquiéta de le voir tomber sur ses chevilles, tellement le tissu aura été abimé. Comme elle ne répondait pas à sa question, il lui prit sa petite main dans la sienne et lui en caressa le dos de son pouce. Ce contact sembla la rassurer un peu. Mais c'était déjà ça de gagner.

– Méchant Homme…

Jim Hopper poussa un profond soupir, mêler de soulagement et de colère. Ces scientifiques avaient traumatisé cette enfant de la manière la plus cruelle qu'il soit. Si Brenner n'était pas mort, sans doute l'aurait-il lui-même tué. Il était chef de la police après tout, il aurait pu maquiller ça en accident. Mais d'un autre côté, cette peur entrait dans l'ordinaire et il savait comment gérer ce genre de crise.

– Tu sais, maintenant que le Laboratoire est fermé, je ne pense pas qu'ils reviendront te chercher. Et même s'ils viennent, je serai là pour te protéger…

– Pas ça, le coupa El de sa petite voix.

– Tu n'as pas peur qu'ils viennent te chercher ?

Encore une fois, elle secoua la tête. Son corps commençait à trembler légèrement, mais Hopper ne le remarqua pas tout de suite, intrigué par la peur de la fille. Généralement, ses peurs tournaient autour du laboratoire ou du Démogorgon. Cette fois, cela sortait de l'ordinaire.

– Alors qu'est-ce qui te fait peur par rapport à ça ?

Une timide larme s'échappa de sa paupière et roula sur sa joue. Eleven ouvrit la bouche, puis la referma. Ses tremblements devenaient plus forts, si bien que cette fois Hopper le remarqua directement. Ne sachant pas quoi faire d'autre, il la saisit sur les aisselles et la pris sur ses genoux pour lui offrir un câlin salvateur.

– Hé, lui dit-il avec tendresse, respire profondément. Fais comme moi.

Illustrant son propos, il prit une inspiration exagérée et fit de même avec l'expiration. Eleven, qui commençait à hyperventiler légèrement, l'imita tant bien que mal. Au bout de quelques instants, elle parvint à retrouver une respiration, rapide certes, mais plus calme.

– Prends ton temps pour trouver tes mots d'accord ? Ensuite, tu m'expliqueras ce qui ne va pas.

– J'ai peur parce que… quand les méchants hommes seront plus là… je… je vais devoir partir.

Une lourde pierre tomba sur l'estomac d'Hopper. Son cœur commençait à battre plus fort et il dut faire de gros effort pour retenir ses propres larmes. Il avait craint cet instant depuis que la porte de l'Upside Down avait été refermée. Lorsqu'ils étaient revenus à la cabine, il avait compris à quel point cette fille était importante pour lui. Avec elle, il se sentait père à nouveau. Il avait l'impression de revivre un peu plus chaque jour et il ne mentirait pas s'il disait qu'Eleven était devenu l'élément le plus important de son existence. Sans en avoir conscience, elle l'avait aidé à faire le deuil de Sarah. Pour la première fois depuis des années, il avait recommencé à exister dans le monde réel. Il était heureux.

Désormais, il savait que si elle partait un jour, il ne pourrait pas s'en remettre. Pourtant, il avait conscience qu'Eleven était en droit de le quitter pour aller vivre avec sa tante et sa mère, ou de suivre sa sœur à Chicago ou tout simplement vouloir quitter la vie d'ermite que lui offrait la cabine. Toutes ses possibilités avaient tourné en boucle pendant des semaines et maintenant, elles semblaient glisser tout doucement vers la réalité. Cela créait en lui une douleur indescriptible, mais, pour ne pas inquiéter la petite fille, il la cacha derrière une étreinte.

- Tu veux partir ? demanda-t-il en s'écartant un peu de son petit corps tremblant pour planter son regard dans le sien.

La réponse d'Eleven le prit encore plus au dépourvu, mais cette fois, au lieu d'un coup de poing dans le ventre, il ressentit une grande chaleur dans sa poitrine. Un tout petit mot avait suffi à anesthésier cette douleur. Elle avait tout simplement dit :

– Non.

– Non ?

–Je veux rester… avec toi…

– Mais alors, pourquoi devrais-tu partir ?

–Parce que… parce que je… je… je suis une morveuse.

Cette fois, Eleven éclata en sanglot bruyant. Hopper comprit directement qu'ils avaient été dissimulés pendant si longtemps qu'ils avaient fini par la ronger de l'intérieur. Il se souvenait de cette soirée où, dans un excès de rage, il lui avait sorti cette insulte. Aujourd'hui, la honte qu'il éprouvait par rapport à cet évènement était sans égal.

– Oh El, dit-il en commençant à pleurer aussi et en la serrant contre lui aussi fort que ses bras le lui permettaient.

– Je suis désolée d'être une morveuse, désolée d'avoir dit que je te détestais, de t'avoir dit que tu étais comme Papa.

Dans un autre contexte, il l'aurait félicité pour une phrase aussi complète, mais il n'avait pas le cœur à ça. La peine de la fille lui déchirait l'âme et pleurant maintenant aussi fort qu'elle, il la berçait doucement de droite à gauche.

– Je sais, El, je sais que tu es désolé. Je le suis aussi. Je n'aurais jamais dû dire tout ce que je t'ai dit ce soir-là. Je ne veux pas que tu partes d'accord ? Je veux que tu restes avec moi.

Eleven fondit dans sa poitrine et laissa s'échapper toutes ses larmes qu'elle avait cachées au fond d'elle depuis un mois. Pourtant, même si ses sanglots continuaient, Hopper pouvait la sentir se détendre. Ses petits bras étaient enroulés autour de son cou et sa tête reposait maintenant sur son épaule. De sa main droite, Hopper dessinait de grands cercles dans son dos, déformant le tissu doux de son pyjama.

Après quelques instants, elle s'écarta un peu et posa sur lui des yeux rouges et brillants de larmes.

– Je ne dois pas partir ?

Hopper, plus à cause d'une surcharge d'émotion que par réel amusement, éclata de rire. Il embrassa tendrement les boucles d'Eleven et passa une main paternelle le long de sa joue pour y recueillir l'ultime perle salée que ses yeux libéraient ce soir. Son cœur se desserra lorsqu'il lui répondit avec une sincérité qui l'étonnait lui-même.

– J'ai envie que tu restes avec moi. J'ai envie qu'on soit une famille.

À ces paroles si mélodieuses, Eleven lui offrit le sourire le plus scintillant qu'il n'ait jamais obtenu de sa part. Encore mouillé par ses pleurs, son visage éclaira la pièce et l'âme d'Hopper.

– Je veux aussi.

Ils s'offrirent encore un câlin affectueux et plein de tendresse. Pour toujours, ils seraient là l'un pour l'autre. Tous deux en avaient la certitude désormais. Pourtant, il y avait quelque chose qu'Hopper devait à tout pris clarifier avec elle pour qu'elle soit pleinement conscience qu'il voulait qu'elle reste avec lui.

–Viens avec moi…