Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à Marvel et à Disney

Cette série comportait bien trop de bromance pour que mon cerveau de slasheuse ne la transforme pas en romance. Voilà, tout ceci est la faute des scénaristes, de Disney, de Marvel et des acteurs !

(Cette histoire comporte trois chapitres le premier chapitre peut se lire comme un one-shot, il est tout public à condition d'aimer les slash :))

Un moment opportun

Chapitre 1

- L'endroit te plaît toujours ?

Sam était nerveux, et c'était tout à fait justifié, mais il espérait que ce n'était pas trop flagrant.

Il avait un peu planifié les choses mais pas énormément. Il s'était assuré de choisir un moment où Sarah et les enfants seraient absents jusqu'en fin de soirée. Ou plutôt avait saisi l'opportunité de ce dîner à quelques kilomètres de là pour décliner l'invitation. Et il avait au moins choisi la phrase qui servirait d'introduction à cette conversation. Ce n'était pas comme s'il avait totalement improvisé le truc.

Ses nerfs ne semblaient pourtant pas apaisés par ces quelques préparatifs. Et moins encore par le regard clairement inquisiteur que lui jeta Bucky.

Bien sûr.

Il n'allait évidemment pas lui rendre la tâche facile, lui permettre d'amener le sujet en douceur et ne voir que la question anodine qu'elle aurait pu être.

Le super soldat hocha lentement la tête puis s'humecta les lèvres - un détail sur lequel il ne put s'empêcher de s'attarder, puis lui répondit. Avec un sourire d'excuse.

- C'est à croire que j'aime déjà un peu trop ce lieu. Les jours passent et j'ai tendance à oublier que c'est un arrangement temporaire.

Quoi ?

- Il faudra vraiment que je remercie ta sœur pour son hospitali -

- Quoi ? lâcha cette fois Sam à haute voix. Je n'ai pas dit ça pour - Tu es le bienvenu aussi longtemps que tu veux rester. Je tiens à ce que tu restes ! Enfin, je veux dire, le canapé n'est plus de première jeunesse donc, ouais, j'aurais dû te le proposer plus tôt d'ailleurs... Tu veux prendre ma chambre une nuit sur deux ?

Et l'idée le distrait de son fil de pensées pour un instant parce que, allez, Bucky et sa chambre, c'était une pensée distrayante, mais le flux continua à quitter sa bouche plus vite que son cerveau n'était capable de le contrôler. Sérieusement, il voulait partir, après une seule phrase. Il aurait quand même dû avoir droit à l'occasion de lui offrir un discours un rien plus long avant qu'il ne prenne ses jambes à son cou !

- Ou, tu sais quoi ? Garde la chambre, ouais, on va faire comme ça. Mi casa es tu casa. Et mieux encore ! Je vais aller changer les draps de ce pas, continua-t-il, se levant, agité, et prenant déjà la direction des escaliers. Je suis certain que -

Le rire bref mais amusé qui s'éleva dans son dos lui fit tourner le regard vers l'autre homme. C'était un son qu'il n'entendait pas si souvent que ça et qu'il appréciait. Bucky s'était levé du-dit canapé où il s'était installé alors qu'ils mangeaient leur sandwich. Il l'observait avec un sourire en coin mais il lisait aussi une certaine perplexité sur son visage.

Il prit une inspiration et se força à se calmer. Réaction excessive et interprétation hâtive du message de l'émetteur. Ses capacités de communication étaient meilleures que cela. Même s'il s'accordait l'excuse des circonstances atténuantes, il se sentait un peu idiot. Et d'autant plus qu'il n'avait, en fait, pas réellement pensé à cette histoire de canapé avant et qu'il aurait dû. Il garda ce problème dans un coin de sa tête pour plus tard et eut un sourire embarrassé, se passant une main sur l'arrière de la nuque.

Deuxième essai.

Le porteur du bouclier revint vers le salon, reprit sa place dans le fauteuil. Bucky hésita une seconde puis s'assit à nouveau, le visage neutre, silencieux, patientant, le fixant attentivement. D'accord, cette réaction, il avait méritée, se dit-il.

- Si tu te sens bien ici, j'aimerais que tu restes, déclara-t-il avec un regard appuyé.

Le léger sourire réapparut sur les lèvres de son ami. Il n'intervint pas, lui laissant le loisir de poursuivre. Maintenant venait la partie qui lui demandait plus de courage. Sam s'éclaircit la gorge. Sa voix se fit pourtant moins claire que ce qu'il visait.

- J'apprécie vraiment ta présence ici, à mes côtés. C'est... agréable. Ça me fait me sentir bien. Et, honnêtement, j'aimerais beaucoup que l'on puisse continuer comme ça durant un temps. Même durant très longtemps, si ça ne tenait qu'à moi, finit-il dans un sourire, rencontrant le regard de son compagnon sans ciller.

Celui-ci fronçait les sourcils, cherchant sans doute à comprendre où il voulait en venir. Il lui manquait encore des éléments pour en arriver là et Sam allait les lui fournir. La camaraderie facile qui s'était installée entre-eux depuis l'affaire des Flag-Smasher allait terriblement lui manquait si tout se ceci se terminait mal mais il avait déjà décidé que le risque en valait la chandelle. Sa détermination fut quelque peu ébranlée lorsque l'homme au bras de vibranium ouvrit à nouveau la bouche.

- C'est une drôle de façon de me demander de devenir ton colocataire lorsque l'on reviendra en ville mais j'imagine que je pourrais y réfléchir, déclara-t-il en baissant les yeux, un sourire réprimé ourlant ses lèvres alors que le pouce métallique de sa main droite frottait distraitement le tissu du canapé. Je pourrais trouver pire compagnie. Ce serait sans doute pratique pour les missions également.

Toutefois, lorsqu'il leva les yeux, son froncement de sourcils revint et il se ravisa.

- ...Ce n'était pas ce que tu voulais dire ?

Sa surprise devait très clairement se lire sur son visage. Et peut-être la nouvelle hésitation qu'il ressentait aussi. Voulait-il vraiment risquer de perdre ce genre de perspective ?

- Euh, non, j'essayais plutôt -

Il vit le visage de son ami se fermer, et il n'aurait pas su dire s'il se sentait embarrassé ou s'il réagissait ainsi au sentiment de s'être trop exposé. Si la seconde réponse était la bonne, il était bien déterminé à lui montrer que Sam voulait voir tout ce qu'il avait à lui exposer.

- J'aimerais ça, tu sais, qu'on soit coloc'. Ça me plairait vraiment, vraiment beaucoup.

Sa gorge se noua douloureusement parce qu'il voyait l'opportunité manquée bien en face et que pourtant il ne la saisissait pas. Dans un sens, ce serait plus simple.

Mais ça manquait d'honnêteté.

Et s'il y avait bien une chose qu'il ne cherchait pas à faire, c'était jouer avec les sentiments de Bucky. Le simple fait de le voir tendu comme il l'était maintenant, ne s'adoucissant pas spécialement à sa réponse, l'ennuyait. Il ne s'en rendait probablement pas compte mais le super soldat avait glissé vers une immobilité un rien inquiétante. Comme le prédateur attendant le moment de sauter sur sa proie. Sam reconnaissait cela pour le mécanisme de défense qu'il était, et il n'était pas improbable qu'il garde ce genre de réflexe jusqu'à la fin de sa vie après les différents traumatismes qu'il avait vécu... Être honnête était, en presque toute circonstance, la meilleure voie à suivre.

- Ce que j'essaie de dire, et franchement je crois que j'aurais dû mieux planifier ça parce je m'y prends comme un manche,...

La lèvre de son ami tressauta dans un début de sourire et il compta cela comme une victoire, ce qui le fit sourire à son tour et le rendit un rien moins nerveux.

- ...c'est que j'aimerais que nous soyons plus proches.

Bucky ouvrit la bouche, visiblement plus perplexe encore que plus tôt durant leur conversation, et il ne lui laissa pas le temps de mal interpréter ses propos.

- Aussi proches que deux êtres humains puissent l'être, pour être plus clair. Comme dans un couple. Voilà, je voudrais que nous soyons ensemble comme ça. Pas platoniquement, Mais pas juste physiquement non plus, hein ! poursuivit-il alors qu'il voyait les yeux de son compagnon s'écarquiller de plus en plus et se sentant obligé de le rassurer, ou de continuer à parler le plus longtemps possible. Je parle d'une vraie relation. Euh, essayer en tous cas. Voir si ça peut fonctionner. Tu sais, si on est compatible à, hum, tous les niveaux. Je n'ai jamais- Et est-ce que tu as déjà... ?

Et puis Sam se tut.

C'était embarrassant. Il avait plein de choses à l'esprit, beaucoup de points importants dont il voulait parler, il savait très bien qu'il avait la capacité de les exprimer correctement et, pourtant, il perdait tout son aplomb.

Mais, au final, tout ça n'avait pas beaucoup d'importance face à l'expression estomaquée de James Buchanan Barnes.

Son regard était fixe et il ne clignait pas des yeux, son bras en métal était légèrement replié vers son corps et sa main de chair enserrait la matière épaisse du canapé avec peut-être un petit peu trop de force, sa poitrine ne semblait plus se soulever pour absorber de l'oxygène.

Yep. Il avait laissé l'ex-Soldat de l'Hiver sans voix mais au moins il était encore assis dans son canapé. Pour l'instant.

- Écoute, je sais que ça doit te paraître assez soudain. Je comprends. J'ai réfléchi à tout ça durant un bon moment avant de t'en parler -

- Un bon moment ?

Sa voix avait été rauque et basse. Et, bien sûr, il fallait qu'il trouve cela attirant. Sam le vit déglutir et il sut que ça n'avait pas été volontaire. Son compagnon sembla aussi réaliser que le coussin du canapé souffrait de son attention et il vit sa brève grimace avant qu'il ne lève son bras droit pour faire un geste vague dans sa direction.

- Tu... étais en train d'essayer de me courtiser depuis tout ce temps ? demanda-t-il sur un ton qui se voulait humoristique mais qui avait tout d'une vraie question.

A la moitié de sa phrase, Bucky avait détourné le regard et s'était focalisé sur le tissu malmené, essayant tant bien que mal de lui rendre sa forme d'origine.

Courtiser. Le mot le fit sourire malgré lui.

- Parce que laisse-moi te dire que ta technique est définitivement à revoir, finit-il avec une expression qui laissait entrevoir son malaise.

Sam allait lui répondre que, non, il n'avait encore rien tenté de la sorte parce qu'il voulait avant tout que les choses soient claires entre-eux mais, à la place, il se permit un petit écart.

- Tu en penserais quoi, si c'est ce que j'ai fait ?

Cela eut pour effet d'interrompre le mouvement incessant de la paume contre le tissu et d'encourager les yeux bleus à croiser les siens. Il sourit légèrement à Bucky et s'efforça de garder une expression indéchiffrable. Son ami l'observa puis secoua à peine la tête, semblant inconsciemment faire un effort pour se relaxer. Il n'aurait pas su dire si c'était une bonne chose ou non.

- Comme je te l'ai dit, ta technique ne vaut pas un clou. Pour autant que je sache, tu n'as rien fait... d'inapproprié et je n'ai rien à te reprocher, finit-il avec sérieux.

- Dans ce cas, c'est une bonne chose, pour ma technique, bien sûr, que je ne cherchais pas à te - ahem - courtiser, finit-il avec un sourire taquin.

Le regard un rien agacé que Bucky lui lança, parce qu'il avait très bien compris qu'il se moquait un peu puérilement de son langage du siècle passé, donna plus de sincérité à son sourire. Il était sous le charme et il avait déjà décidé qu'il n'y pouvait rien. Et, à cause de cela, il continua donc sur sa lancée.

- À vrai dire, je n'ai vraiment réalisé ce que c'était... il y a quoi, deux semaines grand max ? J'y ai pensé posément. Enfin, peut-être pas si posément que ça au début. J'ai retourné la situation dans tous les sens. J'ai bien dû admettre que c'est arrivé progressivement sans que je réalise que c'était en train d'arriver. Et que ça semble être là pour durer. Alors je me suis dit que le plus juste et le plus sain pour nous deux serait que je t'en parle.

Voilà, ça c'était plus éloquent, pensa-t-il, se donnant mentalement une petite tape sur l'épaule.

Il y eut un petit bruit mécanique que son ami ignora lorsqu'il qu'il fit se mouvoir les doigts de sa main gauche sans réel but. Il observa sa main, semblant cette fois moins troublé que concentré et songeur.

- Donc, tu me demandes un genre de permission... ? demanda-t-il sans lever le regard.

- En quelques sortes. Non, en fait, pas vraiment. J'aimerais plutôt savoir si tu pourrais être intéressé.

Il y eut un long silence durant lequel Sam l'observa patiemment faire fonctionner les petits mécanismes de son bras cybernétique. Il essaya de rationaliser la situation. Son partenaire n'avait pas fuit la pièce dans la minute. Il ne lui avait pas jeté de regard empli de dégoût... mais il avait déjà classé ce genre de réaction dans les moins plausibles, ce n'était pas le genre de l'homme. Il ne lui avait pas non plus offert un grand sourire déclarant que ses sentiments étaient partagés. Il avait eu l'air abasourdi. Ce n'était pas le pire scénario possible mais il allait probablement devoir essayer de se faire une raison. Il n'avait pas eu beaucoup d'espoir de toute façon. Sam voulait obtenir une réponse à sa question, parce qu'il avait besoin que les choses soient bien mises à plat entre-eux avant qu'il ne puisse même envisager d'accepter la nouvelle dynamique qu'il y aurait inévitablement dans leur relation maintenant que chacun d'eux la voyait un peu différemment.

Il retint un soupir. Il allait lui donner du temps. Laisser à Bucky l'opportunité de choisir comment répondre négativement à sa demande. Ah, le rejet avait toujours un sacré goût d'amertume...

- J'aime les dames.

Sorti subitement de ses pensées moroses, il lui fallut un instant pour saisir le sens de sa déclaration. Un argument contre. Un solide argument. Pas vraiment moyen de tourner autour du pot. Mais il pouvait mettre de la nuance. Et il était assez certain que Bucky était au moins prêt à l'écouter, n'était-ce qu'en observant sa nouvelle position, penché en avant, les coudes sur les genoux, le regard - sinon pas déterminé - focalisé sur lui. Sam se secoua mentalement. Il n'aurait vraiment pas été digne de lui de lâcher prise si facilement.

- J'en suis conscient. Et je ne pense pas que les livres d'histoire ont gommé quelques escapades amoureuses de l'autre bord, n'est-ce pas ?

Son ami secoua négativement la tête, sans hésitation. Ça aurait été trop facile, évidemment. Et, dans un sens, il préférerait que ce soit comme cela.

- Figure-toi qu'il y a deux semaines à peine, je me croyais tout aussi hétéro que toi. Allons, regarde-moi, j'ai tout de bourreau des cœurs, non ? Et j'ai un succès encore plus fou depuis que je suis un Avenger, en plus ! Je ne te dis pas les lettres et les messages enflammés auxquels j'ai droit, finit-il avec un sourire entendu.

Il en ajoutait un peu mais ce n'était pas si loin que ça de la réalité et, même si c'était plutôt flatteur, ça ne voulait pas dire grand-chose.

Contrairement au sourire amusé que Bucky ne sembla pas pouvoir s'empêcher de lui rendre. C'était peut-être aussi un peu parce qu'il avait fini par remarquer qu'il parvenait de plus en plus souvent à faire émerger ce genre d'expression sur son visage, et qu'il en tirait une satisfaction grandissante, que son affection pour lui avait franchi les limites de leur amitié. Sam décida de rester factuel et franc, et laissa pour l'heure de côté l'attachement qu'il éprouvait, qui n'avait pas forcément besoin de s'exprimer de manière sexuelle, et qu'il avait découvert bien plus profond que ce qui relevait simplement de l'amitié.

- Mais je ne peux pas nier que je suis intéressé par la personne que je vois en face de moi en ce moment. J'ai envie... Je ne suis pas trop certain de savoir jusqu'où je serai confortable d'aller mais je suis assez sûr que je trouverai l'expérience jusqu'à ce point très... intéressante, termina-t-il avec un sourire chargé de sous-entendus.

Il n'y avait pas de mal à flirter un peu à présent, non ?

Bucky cligna des yeux puis lâcha un rire bref.

- Bon, je veux bien t'accorder que tu n'es peut-être pas si gauche que ça en la matière.

- C'est évident, déclara-t-il avec assurance, seul un idiot en douterait.

Son compagnon leva un sourcil mais Sam ignora son silencieux et facile à interpréter "seul un idiot traiterait la personne qu'il tenterait de draguer d'idiot".

- Là où je veux en venir, reprit Sam, c'est que ce n'est pas forcément parce que l'on n'a pas expérimenté quelque chose qu'il n'est pas possible d'y trouver du plaisir avec la personne adéquate. Bien sûr, je ne dis pas que c'est valable pour tout le monde et dans toutes les situations. Je dis juste que si tu as envie d'essayer de nouvelles choses... Je ne serai vraiment pas contre les essayer avec toi.

Cette déclaration lui offrit une réaction à laquelle il n'avait pas eu droit jusqu'à présent : son regard dévoila une curiosité prudente nouvelle, ses yeux le détaillèrent des pieds à la tête et il sembla qu'il fut soudain bien plus intéressé après ce qu'il s'était permis de voir, ou de s'imaginer. Et quand Bucky parut soudain réaliser ce qu'il faisait, il baissa abruptement les yeux puis n'attendit qu'un moment de plus pour se lever. Il traversa le salon plus vite que ce à quoi Sam s'était attendu. Il avait son nom sur le bout des lèvres lorsque le super soldat ouvrit la porte d'entrée.

- ...J'ai besoin d'aller faire un tour.

Puis la porte se referma presque en silence.

Sam resta assis à fixer les verres et les assiettes qui avaient servi pour leur repas de fortune un peu plus tôt.

Un rire qu'il ne contrôla pas monta de sa gorge.

- Ah, il s'est sauvé, finalement.

Il était un peu dépité.

Il se sentait légèrement fébrile.

Il n'avait pas rêvé. Toute cette conversation n'avait pas été un énorme fiasco. Il avait parlé. Ils avaient parlé. Bucky avait écouté. Et il venait bien d'éveiller son intérêt. Il allait y réfléchir.

Sam sourit largement.

C'était fou le sentiment de bien-être que donnait l'espoir.

A suivre...

Le second chapitre est encore à retranscrire sur PC et à corriger, il devrait être posté au plus tard le week-end prochain.

N'hésitez pas à me laisser votre avis sur cette première partie si vous l'avez appréciée :)