Bonjour à .s les curieuses et curieux qui viennent s'aventurer ici ! Je suis ravie de pouvoir enfin présenter cette histoire qui trotte dans mon esprit depuis des mois. Sachez qu'elle existe grâce à Tumblr. En lisant un post sur ce site, j'ai très vite imaginé ce qui suit.

Vous vous souvenez de l'épisode Le cercueil vide ? Évidemment ! Un des plus doux amers à mes yeux. Il y a dans cet épisode toute une séquence où Molly collabore avec Sherlock, à la place de John. Et à la fin, notre cher détective propose à notre chère légiste de manger des frites. Quand il explique qu'il connaît une personne qui lui fait cela gratuit, il explique que c'est parce qu'il l'a aidé à monter des étagères... Amusant de prime abord, n'est-ce pas ? Jusqu'à ce que je découvre grâce aux fans anglais qu'en version original, Sherlock dit "I helped him put up some shelves.", qui s'avère être une allusion au sexe, apparue pour la première fois dans une série de 1977. Et avec le drôle de sourire que fait Sherlock à cet instant, j'avoue que je ne peux plus me retirer l'image de mon esprit !

De cette scène, j'ai d'abord simplement imaginé un pwp (porn without plot), que je ne comptais pas écrire, vu que je n'aime pas écrire ça. Mais très vite, j'ai voulu inventer une histoire pour cette personne a qui Sherlock à aider à "monter des étagères". Et même si maintenant, c'est une fancition romance / hurt-comfort, elle conserve tout de même un côté smut assez prononcé. Considérez cette histoire comme un PWP : Plot with porn.

Aussi, cette histoire prend évidemment place juste après la douloureuse scène des retrouvailles entre Sherlock et John. Sachez que c'est une version alternative très douce. Ainsi, pas de Magnussen, ni de Mary ex-assassin, ou même de complot à la bombe comme dans l'épisode original, et encore moins tous les évènements de la saison quatre. Pas que je n'aime pas cette saison, au contraire, c'est juste qu'elle est trop complexe et dense pour l'inclure dans cette histoire.

Enfin, je dédie cette fanfiction à MaxAttacks. J'espère que ton amour similaire des oc sera conquis par cette histoire ! Lisez d'ailleurs "Voyage Outre-mache", c'est très chouette !

Merci d'avance à toute personne qui lit ce récit, et qui commente. Chaque commentaire est très encourageant !

Enfin, le rythme de publication se présente ainsi : tous les lundis et vendredis.

Sur ce, bonne lecture !


LE PRISME DE VERRE

Chapitre 1 : Bleu

Sherlock regarde d'un air perdu le taxi s'éloigner, tandis que son nez commence enfin à arrêter de saigner. Ça lui fait un peu mal, mais à vrai dire, Sherlock ne ressent pas grand-chose en comparaison du sentiment qui l'étreint en ce moment même, semblable à une profonde déception mêlée d'un pragmatisme amer qu'il avait ignoré jusque là. Il se doutait bien que John n'allait pas se jeter à son cou, ni fondre en larmes, remercier le Ciel ou avoir une réaction très émotive. Il l'imaginait plus en train de battre des paupières pendant un instant pour s'assurer qu'il est bien réveillé, ou même qu'il s'évanouirait le temps d'une poignée de secondes. Mais le détective ne s'attendait guère à ce que son meilleur ami se jette sur lui pour l'insulter et le cogner. Du moins, c'est ce qu'il aurait fait si le personnel du restaurant n'était pas intervenu sur-le-champ, laissant seulement le temps à John de faire tomber lourdement Sherlock sur le dos.

C'est en repensant à cela que Sherlock réalise que son dos le lance aussi, des picotements plus ou moins prononcés se manifestant çà et là sur toute la surface. Un profond soupir qu'il ne peut identifier sort de son nez ensanglanté, tandis que le taxi emmenant John et cette Mary est déjà loin. Sherlock ne peut que percevoir maintenant les sons ambiants d'un Londres quelque peu au repos, étant donné l'heure assez avancée de la nuit.

C'est aussi maintenant que Sherlock réalise qu'il ne sait pas quoi faire dès maintenant. Sa mission est terminée, le réseau de Moriarty étant enfin entièrement démantelé. Mais maintenant ? Mycroft est naturellement venu le chercher au fin fond d'une quelconque forêt de Serbie, là où demeurait les cendres du réseau criminel via ce dernier groupe de trafiquants particulièrement hostile. Sherlock s'attendait à ce que son frère lui demande de revenir à la capitale pour une quelconque enquête impliquant le gouvernement, mais à sa grande surprise, il lui a demandé de faire une « pause ». Que voulait-il dire par ce terme ? Et sur quelle période ?

Pour être honnête, Sherlock n'a guère envie de se lancer dans une enquête. D'une part parce que le monde entier est encore persuadé de sa mort, y compris Lestrade et tout Scotland Yard, mais aussi parce que pour attiser la flamme de l'envie, il faut qu'il y ait un semblant d'étincelle. Or, toute étincelle a disparu avec la réaction de John. Enfin si, une certaine étincelle peut revenir temporairement, mais Sherlock n'a ni briquet ni cigarette sur lui.

Finalement, le détective commence à marcher en direction du centre ville, ses jambes ne s'étant pas dégourdies depuis bien longtemps dans les rues de Londres. Il s'arrête à une fontaine pour mieux nettoyer son nez, ayant croisé quelques regards intrigués de passants trop curieux. D'un air nostalgique, il prend un rythme lent dans sa marche, se réhabituant aux vues qu'offrent les quais de la Tamise, un de ses lieux préférés. Pendant sa mission, même s'il s'autorisait par moment quelques journées de repos ci et là, Sherlock n'avait clairement pas eu le temps, et encore moins l'envie d'observer les paysages des nombreux pays qu'il a parcouru. Que ce soit les montagnes du Tibet, les plaines arides entre deux grandes métropoles de l'Arabie Saoudite, les forêts luxuriantes du Brésil ou encore les innombrables grattes ciels du Japon, Sherlock n'en garde que de brefs visuels, son esprit s'étant concentré pendant deux ans sur des groupes criminels attachés de près ou de loin à son défunt ennemi numéro un.

Marchant tranquillement, Sherlock prend une profonde inspiration, se retenant de grimacer de douleur en sentant son nez le tirailler, de même pour son dos. En revenant sur le territoire anglais en compagnie de son frère, le détective s'est aussitôt fait consulter par une pléthore de médecins sous la confidence, probablement payés une fortune pour garder le silence. Trois d'entre eux ont passés des heures à examiner son dos zébrés de griffures et de coups liés aux poings, fouets, et autres câbles dénudés ou fils barbelés que les bourreaux se servaient pour le torturer. Sherlock a tenu jusqu'au bout, n'ayant jamais divulgué une quelconque information, au péril de sa peau, de ses muscles et de son crâne. Il y a une seule chose dont Sherlock est reconnaissant envers tous ces criminels, c'est qu'aucun n'a eu l'idée tordue de le soumettre à de la violence sexuelle. Le détective ne sait guère là non plus à quoi il ressemblerait aujourd'hui si on l'avait torturé de cette manière.

Perdu dans ses pensées plus que sombres, Sherlock ne remarque pas tout de suite la larme coulant délicatement sur ses joues endolories par le froid. Il l'essuie d'un geste distrait, son sens olfactif désormais alerté par une autre odeur que celle du sang séché. Sherlock sourit légèrement en voyant les néons rouges indiquer « Fish & Chips » à une vingtaine de mètres de lui. Là encore, Sherlock n'a pas prêté attention à ses besoins nutritifs, s'étant contentés pendant deux ans de repas plus ou moins nourrissants et sains, exceptées les fois où il dînait dans des lieux de luxe où il s'infiltrait.

D'un pas désormais plus énergique, Sherlock se dirige vers le petit restaurant, ayant envie de faire taire son estomac mis à mal. Il ouvre la porte en verre, une petite clochette tintant à son passage. À l'heure qu'il est, le fish & chips est naturellement vide, si bien que le gérant est en plein travail, rangeant et nettoyant avec organisation son petit commerce. Il lève la tête quelques secondes après que la clochette ait sonné.

- Bonsoir, qu'est-ce que je vous sers ?

Sherlock, quelque peu confus par la voix grave de son interlocuteur, doit réfléchir quelques secondes pour remettre ses pensées en place, avant de bafouiller :

- Juste une grande frite, sans sauce.

Le gérant hoche la tête et s'active aussitôt pour préparer la commande, ignorant le regard profond que Sherlock lui jette depuis son arrivée. Le détective se dit qu'il doit être fatigué de penser que cet homme a une musculature remarquable, de beaux yeux bleus, un visage charmant, des cheveux poivre et sel-

- Bon appétit.

Sherlock bat des paupières pour sortir de ses pensées, tandis que l'homme lui tend le cornet de frite. Le détective remercie d'un bref hochement de tête. Il s'assoit sur la première chaise venue, ne lâchant guère des yeux le gérant qui reprend son ménage. C'est en mangeant sa onzième frite que Sherlock comprend. Il est seul, et il n'aime pas ça. Il a besoin de… quelque chose. De compagnie. Il aimerait bien déduire en détail l'homme en face de lui, mais la fatigue l'empêche de ne savoir guère plus que le gérant pratique régulièrement du sport, qu'il est droitier, et qu'il aime prendre soin de lui, étant donné sa manucure, sa coupe de cheveux et sa dentition impeccable.

Quelques minutes plus tard, Sherlock a fini de manger, de même que le gérant a a priori fini son travail. Ce dernier se rince le visage au lavabo des sanitaires, puis viens s'asseoir en face du détective. En étant près ainsi, Sherlock entraperçoit un tatouage dans le col de chemise ouvert de son vis à vis, les deux premiers boutons étant défaits. En relevant les yeux, il se rend compte que l'homme semble être aussi en pleine réflexion.

- Vous allez l'air perdu, dit-il d'une voix douce.

- Plutôt, oui.

- Je m'appelle Eric.

- Sherlock.

- Comme le détective ?

- Je suis le détective.

- Aurais-je alors servi un fantôme ? Ou alors j'hallucine, ou je fais un rêve.

- Je crois que nous sommes dans la réalité.

Leurs sourires sont chacun de plus en plus communicatifs, et Sherlock sait qu'il ne devrait normalement ne pas divulguer son prénom pour le moment, malgré son innocence prouvée publiquement depuis plusieurs semaines. Mais respecter toutes les règles n'a jamais été son fort. Et puis après tous ces efforts, Sherlock ne cherche qu'une chose, du réconfort. Un doux frisson lui parcourt la colonne vertébrale en sentant la jambe de son voisin effleurer la sienne, les tables étant étroites.

- J'habite juste en face.

Le gérant dit cela d'un ton à la fois neutre, mais aussi sous couvert d'un sous entendu plus qu'explicite. Et le sourire de Sherlock se fait plus grand.

- Avant qu'on y aille, combien je vous dois ?

- Rien du tout, c'est offert par la maison.

- Bien.

- Bien.

Les deux hommes acquiescent, tandis que leurs doigts trépignent, accompagnant leurs yeux aux pupilles un peu plus dilatées au fil des minutes.



Eric habite au premier étage de l'immeuble faisant effectivement face au fish & chips. Aussi loin qu'il puisse s'en souvenir, Sherlock ne se rappelle pas d'une seule fois où monter des escaliers pouvait à ce point faire battre son cœur. Il n'a beau avoir échangé que quelques phrases avec Eric, il se sent bien. En sécurité. Écouté. Et puis il se rappelle bien de sa rencontre avec John. Ils avaient eux aussi échangés une poignée de phrases avant de devenir colocataires puis de se rendre à une scène de crime. En pensant à John, Sherlock perd pendant un bref instant contact avec la réalité, replongé dans ses pensées et ce nœud d'amertume qu'il n'arrive pas à défaire, même après un cornet de frites dorées et croustillantes.

- Ça va ?

La voix grave et onctueuse de Eric lui fait relever la tête, la porte de l'appartement n'étant plus qu'à trois marches. Eric semble inquiet.

- Je...Mon cerveau a tendance à aller trop vite des fois, et c'est fatigant.

- Tu penses trop, c'est ça ?

Sherlock hoche la tête pour acquiescer.

- Si tu as besoin de quoique ce soit…

Sherlock sourit sincèrement. Il ne sait guère où il va avec cet homme, si c'est pour un soir, ou autre chose, mais une chose est sûre, il n'a plus envie de le laisser. Son cœur peut le confirmer, de même que la chaleur qui alimente son aine, provoquée par ce sentiment de bienveillance et de sécurité. Alors Sherlock préfère être direct.

- J'ai besoin de toi.

Eric comprend tout de suite, et tend la main à Sherlock. Ce dernier la prend sans hésitation. La main d'Eric est chaude et si douce, sûrement du à l'utilisation d'une crème. S'il prend autant soin de son corps partout… Sherlock déglutie en sentant son sexe être prit d'une violente pulsion. Chaque son devient désormais source de frissons. Du léger craquement des dernières marches franchies, à la clé insérée dans la serrure, la clenche de la porte, le battant qui s'ouvre… Sherlock est tellement occupé à se délecter de chaque son qu'il ne prend guère en compte le fait que lui et Eric se tutoient le plus naturellement qui soit.

Quand la porte de l'appartement est refermée, Sherlock observe quelques secondes l'habitat. Tout est propre et bien rangé. Il remarque en premier l'immense étagère débordant de livres dans le salon, une guitare accrochée au mur, ainsi qu'une copie du tableau Le baiser de Gustave Klimt. Eric est un homme cultivé, semble t-il. Est-ce qu'il aime le violon ?

Sherlock arrête de penser dès qu'il sent les doigts fins d'Eric faire doucement pivoter son visage. La seconde suivante, les lèvres de son amant embrassent les siennes. Bon sang, tout est littéralement chaud chez cet homme. Sherlock se sent furtivement étourdi en constatant ça. Il recule par réflexe tandis qu'Eric le pousse très légèrement, le détective se retrouvant ainsi plaqué à la porte d'entrée. Les deux hommes sont très chastes au début, échangeant bécots sur bécots, les lèvres de chacun se retrouvant vite rougies, en particulier celles de Sherlock, ressortant bien plus grâce à la pâleur de son visage.

Et puis au bout d'une minute ou deux, Sherlock laisse son corps agir de lui-même, par instinct, et pose les mains sur la nuque de son amant, le rapprochant encore plus. Leurs soupirs deviennent de plus en plus sonores, et sans que Sherlock ne puisse se contrôler, sa bouche s'ouvre délicatement, invitant Eric à franchir une première étape.

Sherlock se sent rougir un peu plus qu'il ne pouvait imaginer en s'entendant pousser un soupir plus fort que les précédents, tandis que Eric caresse avec un mélange de tendresse et voracité sa langue de la sienne, dansant bientôt une valse endiablée avec leurs bouches.

Leurs mains s'activent à leur tour, Sherlock en bougeant une sur la chevelure grisonnante de son partenaire, tandis que celui-ci entreprend d'enlever le manteau en laine du détective. Sherlock se décolle de la porte et baisse les bras quelques secondes pour faciliter la tâche, son Belstaff glissant au sol dans un chuintement érotique, ses mains revenant à l'assaut de la nuque et des cheveux de Eric. Sa chevelure est coupée courte, laissant seulement une mèche remonter sur le dessus du crâne. Eric, probablement dans un sentiment d'égalité, enlève à son tour sa tenue d'extérieure, sa veste en cuir rejoignant le manteau en laine. Tous deux portent des chemises, et Sherlock aime l'idée de déboutonner délicatement ce type de vêtement. Eric défait d'un mouvement vif l'écharpe de son amant, dévoilant en une fraction de seconde une nuque blanche, et dont le cou est parcouru d'une veine palpitante à vue d'œil.

- Ah !

Sherlock ne peut retenir son cri en sentant les lèvres de Eric se poser sur son cou, la langue parcourant sa peau avec appétit. Les mains du détective se serrent dans le dos de son partenaire, froissant le tissu bleu foncé de la chemise.

- Viens.

Eric le regarde avec un air presque indescriptible, tant ses pupilles sont dilatées. L'obscurité de l'appartement renforce le côté presque animal de son occupant, et Sherlock se sent dénudé rien qu'avec ce regard. Il se laisse ainsi guider par son amant dans un petit couloir, menant à une chambre d'une dizaine de mètres carrés, meublé d'un lit, d'une commode et d'une autre étagère remplie de livres. Sherlock est surprit par Eric, ce dernier le faisant tomber sur le matelas moelleux, l'entraînant avec lui dans la chute. Mais malgré son désir en flammes et ses pensées hors service, ainsi que la douceur du matelas et la complicité de Eric, Sherlock ressent comme un violent retour à la réalité tandis que son dos lui lance une vague de douleur, semblable à un choc électrique. Eric ne peut ignorer sa grimace de douleur, et son regard devient aussitôt désolé.

- Je t'ai fais mal ? demande t-il d'une voix inquiète.

- Ce n'est pas… grave, murmure Sherlock, se remettant du choc. C'est mon dos.

- Tu as des problèmes lombaires, ou quelque chose comme ça ?

- Non, c'est… J'ai…

Sherlock hésite. Il avait oublié depuis tout à l'heure ces maudites cicatrices qui couturent son dos. Mais cela ne fait que deux jours qu'il a été soigné, et certaines blessures sont encore très récentes. Certaines datent de quelques semaines, mais étant dues à des fouettements avec des câbles, elles sont bien plus longues à cicatriser. Sherlock hésite encore une poignée de secondes, puis prend sa décision.

- Je vais te montrer.

Il dit cela d'une voix grave, espérant de tout cœur n'avoir rien gâché. Il ne veut pas faire peur à Eric, il lui fait confiance. Et il veut être avec lui pour cette nuit. L'idée de retourner dormir chez lui (c'est-à-dire un logement luxueux prêté par Mycroft) est impensable. Mais Sherlock sent le regard à la fois soucieux et brûlant de Eric tandis qu'il déboutonne délicatement sa chemise blanche. Chemise très certainement tâchée de sang désormais, mais ce n'est pas grave. Il fait glisser le tissu de ses épaules, provoquant un frisson mutuel lorsque le vêtement émet un très léger son plaisant pour leurs oreilles. Puis en fermant les yeux, Sherlock se retourne, assis en tailleur, son dos exposé à son partenaire, s'attendant à toutes sortes de réaction.

- Mon dieu… Qu'est-ce qui t'est arrivé ?

Il y a une telle inquiétude dans la voix de Eric. Sherlock en est un bref instant confus.

- Je… Je ne préfère pas en parler…

Sherlock frémit en sentant les doigts de son amant effleurer les cicatrices indemnes. Il peut cependant sentir certaines le tirailler, des gouttelettes de sang parcourant sa peau.

- Ne bouge pas, je vais chercher ce qu'il faut.

La voix de Eric est maintenant plus sûre, comme déterminée. Sherlock garde les yeux fermés, tandis que son corps frissonne légèrement d'être dénudé ainsi, de même que son érection a sensiblement diminué. Pourtant, une douce chaleur des plus agréables demeure en lui, revenant petit à petit suite à la réaction bienveillante de Eric. Ce dernier semble fouiller dans des placards dans une pièce à côté de la chambre, probablement la salle de bains. Il l'entend aussi se laver les mains. Eric revient finalement avec plusieurs choses en main, déposant le tout sur le lit, à côté de Sherlock. Des compresses, du sparadrap et du désinfectant. Sherlock suit du regard les mains de son amant s'activer avec le matériel de soins, la lumière chaude diffusée par la lampe de chevet rendant la scène un peu plus intime.

- Tu me dis si je te fais mal.

La voix grave de Eric fait une fois de plus frissonner le détective, fermant les yeux de délectation. À en juger l'absence de mouvement de son partenaire, Sherlock comprend qu'il attend une réponse.

- Vas-y, chuchote t-il.

Et pendant plusieurs minutes, Sherlock écoute le moindre son émit dans la chambre. Le son du spray du désinfectant, l'emballage en papier des compresses, la respiration profonde de Eric… Le restaurateur prend tout son temps pour nettoyer chaque plaie rouverte, ses doigts se promenant là où la peau n'est pas lésée. Là où les blessures sont trop abîmées, il pose une compresse et la fixe avec du sparadrap, veillant à faire cela le plus proprement possible. Durant toute l'opération, il ne peut voir l'expression de soulagement intense sur le visage de son patient.

Sherlock retient une nouvelle larme de glisser sur sa joue, tandis que ses lèvres tremblent. Même au-delà de la mission de démantèlement, Sherlock ne s'est jamais fait soigner ainsi, avec tant de douceur et d'attention. Bien sûr, John l'a déjà soigné çà et là après certaines poursuites houleuses dans Londres et même ailleurs dans le Royaume Uni, mais le médecin agissait à chaque fois en pur professionnel, et en toute amitié. Quand les médecins employés par Mycroft s'occupent de lui, que ce soit après une enquête ou une cure de désintox, tous demeurent le plus neutre possible, ayant la consigne de n'avoir aucune affinité avec leur patient. Quand sa mère soignait ses petits bobos d'enfant, c'était de l'amour maternel. Mais là, la manière dont Eric le soigne, c'est la première fois que Sherlock vit cela, et il a l'impression d'être au Paradis. Après tout, il a vécu en Enfer pendant deux ans… Ce n'est pas absurde au fond.

- Elles ne datent pas toutes de la même période, constate Eric. Je ne sais pas qui t'a fait ça, mais…

Sherlock entend un soupir de colère. Il n'en finit plus de frémir. Eric termine ses soins en désinfectant une dernière plaie au niveau des lombaires. Les bourreaux n'ont épargné presque aucune zone de son dos. Eric décale le matériel, le posant par terre. Sherlock sursaute légèrement en sentant à nouveau les lèvres de son amant sur sa peau, embrassant les cicatrices sous sa nuque. Il tremble à chaque baiser déposé tendrement sur ses cicatrices. Puis les lèvres de son amant viennent cette fois-ci à la jonction de son cou et de son épaule. Les mains de Eric glissent devant, parcourant son torse, la chaleur des paumes brûlant la peau pâle du détective. Il sent que Sherlock tente de se retourner pour lui faire face, mais il le sert délicatement dans ses bras pour le maintenir comme il est. Il approche sa bouche de l'oreille de son amant.

- Ne bouge pas, je ne veux surtout pas te refaire mal.

Sherlock tremble de partout en entendant la voix de son partenaire lui parler d'un ton si bas, si envoûtant. Puis ses yeux jusqu'ici restés fermés s'ouvrent brusquement.

- Ah ! Eric… !

Le détective a l'impression de se redécouvrir en réagissant ainsi. Mais il ne peut contrôler sa voix ni ses mains qui serrent le drap, tandis que Eric caresse du bout de la langue son oreille, pendant que ses mains jouent avec ses tétons, ses doigts alternant entre pincements et effleurements autour des petits boutons de chair. Sherlock se pincent les lèvres, essayant tant bien que mal d'étouffer ses soupirs, mais sa respiration erratique ne peut être contenue, sa poitrine se mouvant rapidement, de même que son nez plus du tout endolori qui semble avoir du mal à suivre quant à l'inspiration et l'expiration de l'air. La langue de Eric se faufile dans son conduit, et Sherlock trésaille de plaisir en entendant les sons que cela produit. Jusqu'à hier, il n'aurait jamais pensé qu'une simple oreille pouvait provoquer autant de plaisir. Le détective halète d'un coup, surpris par le nouveau contact que lui donne son amant.

- Tu as l'air d'aimer, mh ? murmure ce dernier.

Sherlock hoche la tête, incapable de parler. La voix de Eric semble toujours un peu plus grave au fil des minutes, sa bouche demeurant juste à côté de l'oreille du détective, tandis que sa main droite a migré vers le bas, touchant allégrement l'aine de Sherlock à travers son pantalon. Il peut sentir l'érection de ce dernier grossir contre sa main. La voix de Sherlock ressemble à celle d'un ténor, et le faire chanter ainsi à de quoi faire trembler les murs, non, la Terre entière. C'est dans cet optique que Eric veut faire chanter encore et encore son amant, ayant comprit ce qui lui fait le plus plaisir. Il regarde par dessus l'épaule de Sherlock, et tout comme ce dernier, observe sa main défaire toute seule la ceinture, puis le bouton, puis la fermeture éclair du pantalon, provoquant bon nombre de friction contre son sexe. Chaque frottement arrache un soupir ou un gémissement que Sherlock lutte à chaque fois pour garder dans sa gorge, chose qu'il réussit une fois sur deux. Le détective lève instinctivement le bassin pour pouvoir enlever le pantalon et le caleçon, son érection rouge et luisante désormais plus que visible. En voyant le liquide pré-séminal suinter, Eric ne peut plus se retenir.

Sherlock sait qu'il crie, mais il ne cherche plus à se contenir. Il ne pourrait pas de toute façon. Eric est vraiment adroit de ses mains. La gauche reprend les pincements de son téton, et la droite le masturbe d'un rythme lent, le pouce caressant à plusieurs reprises le gland. Il bouillonne, alors que son amant joue encore de sa voix, ses mots chatouillant son pavillon.

- Abandonne-toi totalement. Tu mérites tout ça. Tu le mérites…

Sherlock ne peut plus lâcher des yeux la main de son amant caresser de plus en plus vite son sexe, comme hypnotisé. Il semble ignorer qu'il pense à voix haute, ses cordes vocales devenues autonomes. La pièce se retrouve vite emplie des halètements, des gémissements et même de quelques cris de Sherlock. La main gauche d'Eric quitte son téton pour remonter et faire pivoter son visage, Sherlock se tournant par automatisme. Il ouvre la bouche, laissant la langue de son amant l'explorer. Tout à l'heure, ils dansaient une valse. Maintenant, ils font un tango endiablé. Le bras gauche de Sherlock vient s'accrocher à la chevelure argenté de Eric, faisant attention à ne pas trop tirer. Se sentant basculer, Sherlock éloigne son visage de Eric, un fin filet de salive coulant de ses lèvres. Un dernier mouvement ferme du poignet fait partir Sherlock, éjaculant dans la paume de son amant dans un long soupir.

L'esprit comme brumeux, Sherlock se laisse faire alors que Eric l'aide à s'allonger sur le côté pour soulager son dos. Le restaurateur récupère quelques compresses pour essuyer ses doigts, observant d'un œil attendri son partenaire. Ce dernier lui renvoie son regard, un sourire satisfait aux lèvres.

S'étant occupé depuis le début de Sherlock, Eric s'est à peine déshabillé. Il entreprend ainsi de défaire sa chemise bouton par bouton, dans des gestes lents et séduisants. De même pour ses autres vêtements.

Sherlock observe avec délectation le long déshabillage de Eric, ses yeux s'écarquillant en voyant ses nombreux tatouages. Sur ses bras fleurissent plusieurs roses dans un amas entrelacé de ronces et de feuilles, les épines s'étendant jusqu'à la clavicule. Deux grandes plumes se font faces au dessus des hanches. Et un majestueux phénix vole dans le dos. Sherlock n'a aucun tatouage, et n'en aura jamais, il veut garder sa peau blanche indemne là où elle l'est encore. Mais il est bluffé par la majesté des dessins qui parcourent le corps de Eric. Mais au milieu de ces tatouages somptueux demeure un autre détail physique. Apparemment, Eric a d'abord comme idée d'offrir un petit spectacle à Sherlock, qui est de se caresser devant ses yeux attentifs, mais le détective préfère autre chose.

- Viens, dit-il d'une voix basse.

Eric s'installe à côté du détective, les hommes se faisant face à face. Sherlock se rapproche avec un sourire malicieux.

Et si le brun a une voix de ténor, Eric a également des talents vocaux, ses soupirs, gémissements puis cris étant enchanteurs aux oreilles du détective. Son désir étant mis à l'épreuve depuis le début, Eric ne peut plus contenir son orgasme, se répandant ainsi en peu de temps sur la main de Sherlock et les draps.

Avec un air mutin et complice, les deux hommes se nettoient sommairement avec les compresses, la fatigue se faisant de plus en plus forte. Finalement, Eric tend le bras pour éteindre la lampe de chevet. Dans le noir, il sent Sherlock se blottir contre lui, son visage se logeant au creux de son épaule.

Dans un dernier saut de conscience, Sherlock parvient à murmurer :

- Merci.

Il sent une main se poser sur sa nuque, puis ses yeux se ferment, s'endormant paisiblement pour la première fois depuis bien longtemps.


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À suivre...