Cela fait longtemps que je n'ai pas écrit une histoire comprenant plusieurs chapitre (5 ou 6 je pense), j'espère pouvoir tenir le rythme.

L'univers est partiellement alternatif car il n'est pas question de miraculous ou de super héros. Ce sont juste des ados comme les autres.

Ils ont tous 17 et 18 ans et sont au lycée.

Je ne possède aucun de ses personnages. J'espère ne pas être trop OCC.

Bonne lecture !

Allongée au travers de son lit, elle soupire. Une mèche de cheveux rose s'envole pour mieux retomber sur son nez et les yeux d'Alix, fatigués, retombent sans grande conviction sur le livre qu'elle est en train de lire. La dissertation qu'elle doit rendre la semaine prochaine en histoire ne lui parle pas du tout. Parfois, elle aimerait être comme son père ou Jalil. Passionnée, capable de parler pendant des heures et des heures de ce qu'il s'est passé, avant, en émettant toute sorte d'hypothèses. Mais Alix n'a jamais été très porté sur l'histoire. Elle a essayé, bien sûr, pour faire plaisir à son père, pour ressembler un peu plus à son frère. Mais elle est trop terre à terre, trop comme sa mère. Elle, c'est le sport qui la fait vibrer, l'art, la musique. Elle veut se sentir libre et parfois, parfois elle se sent prisonnière entre les murs de ce musée qui, pourtant, devrait faire sa fierté. Ses yeux balayent les lignes du livre que son père lui a prêté, lorsqu'elle lui a parlé de son travail sur les bombardements nucléaires d'Hiroshima et de Nagazaki. Elle ne pensait pas qu'il pourrait lui proposer quelque chose, puisque ce n'est pas son domaine de prédilection, mais il ne faut jamais sous-estimer un Kubdel, et encore moins sa bibliothèque. Alix est fatiguée, et pourtant, ses yeux ne quittent pas le livre et elle dévore les pages, prenant des notes sur son cahier. Si Jalil est un véritable génie, Alix sait qu'elle ne lui arrivera jamais à la cheville. Elle cherche pourtant, depuis toujours, à être la plus brillante possible, d'un point de vue scolaire. Lorsqu'elle était encore au collège, elle n'avait pas véritablement besoin de travailler pour obtenir les meilleures notes, même si Max cherchait souvent à voler sa place de première de classe. Mais à présent en terminale littéraire, les choses sont bien différentes. Elle est tombée de haut lorsqu'à la fin du collège, elle s'est retrouvée séparée de ses amis qui, pour la plupart, se dirigeaient faire les lycées privés les plus cotés de Paris.

Son père a toujours voulu lui offrir la plus belle des vies, surtout après le départ de sa mère, n'hésitant pas à se priver pour le bonheur de sa fille. Son salaire de conservateur au musée du Louvres n'a jamais été rocambolesque et Alix a mis longtemps à s'en rendre compte. Enfant, il lui suffisait de demander quelque chose pour l'obtenir. Une nouvelle paire de roller, un casque hors de prix ou des bombes de peintures, son père lui passait absolument tout ses caprices. Et puis un jour, elle a grandi. Elle a compris, Alix, qu'elle ne pouvait plus être la petite fille chérie de son papa, qu'elle ne pouvait simplement fermer les yeux sur tous ses sacrifices.

Lorsque la vérité l'a frappée, elle avait quinze ans et terminait sa dernière année au collège. Son professeur d'escalade étant malade, elle était rentrée plus tôt que prévue. L'appartement de fonction qu'elle partageait avec son père et, parfois, avec son frère, baignait dans la lumière du soir mais Alix se souvient tout particulièrement du sentiment d'angoisse qui lui ait monté à la gorge lorsqu'elle a pénétré dans le salon. Le silence. Un silence froid, pesant et terrifiant. Jamais, en quinze ans de vie, elle n'avait ressenti un silence aussi glaçant. Il y a toujours de la musique ou de l'animation à la maison. Jalil qui parle trop fort et élabore de nouvelles hypothèses sur la vie après la mort, son père qui siffle en cuisinant, la télé à fond sur Arte pour que tout le monde puisse apprécier la douce voix de Stéphane Bern ou encore les enceintes d'Alix jouant en boucle le dernier morceau des kitty section pour faire monter le nombre de vues sur Youtube. Mais là, rien. Silence, total. Son père tournait le dos à la porte d'entrée, assis sur l'une des chaises de la table. Et alors qu'Alix pensait que ce silence, pesant, ne pouvait devenir plus angoissant, le voilà qui le brise, subitement. Son poing s'abat sur la table et il jure. Alix ne l'a jamais entendu jurer. En vérité, elle ne l'a jamais vu s'énerver ou perdre son sang-froid. Et l'enfant qu'elle était, à l'époque, ne comprenait pas pourquoi son père, d'un naturel si doux, si tendre, s'effondrait face à sa solitude. Elle aurait voulu le prendre dans ses bras, enfouir ses cheveux dans son cou et le serrer jusqu'à l'en étouffer. Lui dire de ne pas s'inquiéter, que ça va aller. Mais elle n'a rien pu faire. Ses jambes ont refusé de bouger, et elle a détesté sa lâcheté. Elle a fini par tourner les talons et quitter l'appartement, ses rollers sous le bras. Ce n'est que plus tard qu'elle a compris, que Jalil lui a expliqué que le chèque de la cantine avait été refusé. Et Alix a demandé à son père si elle pouvait rentrer manger à la maison, le midi, qu'elle en avait marre des repas fades que servait le collège. Il a accepté, il a compris ce qu'elle essayait de faire, maladroitement.

Finalement, à la fin de l'été de sa quinzième année, elle lui a demandé si elle ne pouvait pas aller dans un lycée public, prétextant vouloir changer d'horizon et embrasser de nouveaux défis. Encore une fois, il a accepté, lui qui ne pouvait rien refuser à sa précieuse petite fille.

A la rentrée suivante, Alix s'est retrouvée perdue dans les dédales d'une école immense, seule, sans Kim pour se moquait d'elle, sans Nathanaël pour la rassurer. Mais elle était forte, n'est-ce pas ? elle était Alix Kubdel et rien ne pouvait la décourager. Une vraie teigne, plus coriace qu'un pou, avait un jour dit Chloé.

Alix referme finalement son livre avant de s'étirer longuement, changeant de position sur son lit. Une main dans les cheveux, elle se gratte la tête d'un air pensif. Elle a hâte d'enfin terminer le lycée mais est également angoissée par l'avenir. Qu'est-ce qu'elle fera, l'année prochaine ? Une licence de sport ? D'art ? Quelque chose de plus sérieux pour faire plaisir à Papa, pour rendre fière maman ? à 18 ans, elle ne sait toujours pas quoi faire de sa vie. Trop de choses lui plaisent. Elle voudrait tout faire, tout essayer. Elle voudrait être partout à la fois, mais par-dessus tout, elle voudrait être libre, Alix. Et aujourd'hui, elle se sent oppressée dans cette vie bien rangée qu'elle traîne depuis trop d'années. L'enfant insouciant qu'elle était au collègue semble avoir disparu derrière une montagne de responsabilités. Son travail à la boulangerie Dupain-Cheng, le week-end, pour aider papa, ses devoirs qu'elle met un point d'honneur à faire sérieusement, pour rester au niveau, et pour, peut-être, intégrer plus tard une prépa ou une grande école. Elle met ses rêves de côté, ne se souvenant même plus de la dernière fois qu'elle a dévalé Paris sur ses rollers, le vent dans les cheveux et un sourire tatoué sur le cœur.

Grandir, ce n'est pas drôle. Devenir mature non plus, se dit-elle en attrapant son téléphone. Un sourire se dessine sur ses lèvres lorsqu'elle aperçoit les nombreuses notifications émergeant de la conversation Messenger de son groupe d'amis du collège. C'est grâce à Kim et Marinette qu'elle a pu garder contact avec eux. Le premier venant la chercher devant son lycée, lorsqu'elle était en seconde, juste pour se moquer de sa taille ou pour parier sur les futilités du quotidien, la seconde parce qu'Alix travaille pour ses parents. Lorsque Marinette a vu la jeune fille postuler pour le poste de vendeuse dans la boulangerie familiale, elle a été surprise. Cela faisait plusieurs mois qu'elle n'avait pas eu de nouvelles de la jeune femme et honnêtement, le jour de l'entretient, il lui semblait faire face à une totale inconnue. Alix avait perdu le pétillement de son regard et elle semblait fatiguée.

Tendre et prévenante, Marinette lui a d'abord proposé un cinéma, après le travail, puis une virée shopping, même si ce n'était pas franchement le truc d'Alix. Et finalement, elle l'a ajoutée dans le groupe d'amis qu'elle avait créé au lycée avec Alya, Nino et Adrien. Très vite, leurs anciens amis s'y sont ajoutés, qu'ils aillent, ou non, dans le même établissement que les quatre comparses. Au final, toute l'ancienne classe de madame Bustier s'est mise à échanger régulièrement sur les réseaux sociaux, parlant de leur vie et de leurs souvenirs. Même Chloé a fini par se prendre en jeu, n'hésitant pourtant pas à préciser qu'elle trouvait tout cela ridicule.

Ils ont tous accueilli Alix avec chaleur, et lorsqu'ils se sont revus sur le bateau des Couffaine, c'est comme si rien n'avait changé. Comme s'ils avaient encore quinze ans et qu'ils ne s'étaient jamais véritablement quittés. Il n'y a qu'avec eux qu'Alix, le temps d'un instant, peut retrouver l'insouciance d'antan. Ses amis du lycée sont trop sérieux, ses camarades d'escalade et de karaté également.

Adrien Agr : Mon père est à Londres pour la fashion week, on va répéter avec les Kitty section en fin d'aprem, si ça vous tente de passer.

Kim LC : GROSSE SOIREE

Alya Césaire : Et toi t'es pas à la fashion week ?

Adrien Agr : Euh, grosse soirée peut-être pas, mais ouais, ça peut être fun.

Kim LC : ON VA SE METTRE UNE CAISSE

Alix Kbd : tu sais que t'es pas obligée d'écrire en capitale, Hercule ?

Kim LC : MON CLAVIER EST BLOQUER MINIMOUSE

Alix Kbd : *bloqué

Nin's Lahiffe : Alix, tu peux t'arrêter acheter des bières ? »

Max Kanté : Vous savez que statistiquement parlant, personne ne regarde l'âge vraiment sur la carte d'identité.

Nin's Lahiffe : ça sert à quoi d'avoir une pote plus âgée si on ne peut pas en profiter ?

Alya Césaire : Je peux prendre une bouteille dans la réserve de ma sœur je pense

Ivan Bruel : pareil, je peux me débrouiller

Jule Couffaine : Luka ne peut pas écrire mais il vient de me dire qu'il passera acheter de la vodka, vu qu'on ne lui demande jamais sa carte. »

Kim LC : en plus alix s'est la seule qui fait pas 18 ans, sa me fait trop rire.

Alix Kbd : *c'est *ça

Un soupire échappe ses lèvres alors qu'elle repose le téléphone et se lève pour avancer vers son bureau. Dans le premier tiroir, à droite, se trouve l'enveloppe dans laquelle elle met tout l'argent qu'elle économise et que son père refuse de prendre. Si elle commence à acheter de la bière pour tout le monde, elle se retrouvera très vite sur la paille. Elle sait très bien qu'ils ne la rembourseront pas. Ils promettront de le faire, comme la bande de gamins bien élevés qu'ils sont, mais en soirée, personne ne rembourse personne, c'est une règle d'or. Et après toutes ces années passées à leurs côtés, elle sait très bien qu'ils n'ont, pour la plupart, pas la notion d'argent. Ils ont les moyens et ne réfléchissent pas à ce genre de choses.

Mais si elle ne le fait pas, elle sait que Kim fera la gueule. Sa mère est hyper stricte et il n'a jamais ne serait-ce qu'émis l'hypothèse d'acheter son rhum tout seul. Le téléphone de la jeune femme se met à vibrer, et le ding caractéristique des notifications retenti une fois, deux fois puis une dizaine de fois. Levant les yeux au ciel, elle récupère son téléphone et le déverrouille pour retrouver huit messages de kim et de selfies boudeurs.

Kim LC : MINNIE MOUSE PREND DE LA BIERE

Kim LC : STP

Kim LC : POUR MOI

Kim LC : POUR NOUS

Kim LC : TU EST NOTRE SEUL ESPOIR

Kim LC : JE TE REMBOURSERAI

Kim LC : PROMIS

Kim LC : TU VIENT AU MOINS ?

Alix Kbd : *es *viens

Alix Kbd : oui je viens, je me change et je passe acheter de la tise avant.

Kim LC : TES LA MEILLEURE

Alix Kbd : *t'es

Retournant sur la conversation de groupe, la jeune femme laisser échapper un pouce avant de répondre.

Alix Kbd : Je serais là, avec la sainte trinité

Et à la suite, Alix poste une photo d'une bouteille de rhum, de vodka et de bière. Finalement, elle repose le téléphone et s'empresse de se déshabiller, se délestant du vieux survêtement qui ne l'a pas quitté aujourd'hui, en ce samedi studieux.

A présent dans la salle de bain attenante à sa chambre, Alix s'observe dans le miroir. Si elle a fini par grandir, en trois ans, elle reste bien petite, et elle ne peut s'empêcher de se demander quand son corps changera-t-il pour de bon. Elle n'a pas vraiment de poitrine et ses fesses ne sont fermes que grâce à son entraînement intensif. Son corps est musclé, elle semble pourtant toujours aussi frêle. Elle soupire, encore en passant une main dans ses cheveux teints, devenue longs avec les années. Elle a toujours été la plus vieille de ses amies, et pourtant, à côté de Marinette, Alya ou Mylène, elle semble être restée au stade d'embryon. Parfois, elle aimerait être sexy, elle aussi, comme une femme de dix-huit ans. Elle aimerait être désirable et elle en a marre d'être la bonne copine, celle a qui on demande les cours à la fin de la journée ou celle a qui on lance des paris stupides.

Alix finit par entrer dans la douche et l'eau brûlante laisse de douloureux sillons écarlates sur sa peau. C'est agréable. Elle pourrait rester ainsi des heures. L'eau détend ses muscles endoloris et la vapeur dégageant de la douche est réconfortante. Mais Alix finit par sortir de la cabine, enroulant son corps dans une serviette avant de fixer d'un air embêté le miroir embué. Comme toujours, elle frotte avec sa main droite afin de voir son reflet mais ce dernier lui apparaît flou, à cause de la buée. Levant les yeux au ciel, elle ouvre en grand la fenêtre de la salle de bain avant de retourner dans sa chambre pour s'habiller.

Elle n'a jamais été très portée mode, Alix, contrairement à Marinette ou ses autres amies. Elle a toujours cherché le confort et la praticité, au-delà de la beauté. Pourtant, aujourd'hui, sa garde-robe a drastiquement changée. Fini les shorts de garçons et les tee-shirts trop grands. Elle n'y connait toujours rien en tendance, mais elle essaie d'avoir l'air a peu près présentable. Là voilà donc qui enfile un jean noir, basique, un indispensable d'après Marinette. Alix hésite sur le choix du haut et s'arrête finalement sur un caraco noir et un tee-shirt à manches longues, toute en transparence. Les filles étaient avec elle quand elle l'a acheté et Rose lui a dit que cela mettait sa poitrine en valeur. Alya, et son tact habituel, a répliqué qu'effectivement, cela lui faisait des seins énormes.

Une fois habillée, la jeune femme retourne dans la salle de bain pour brosser et sécher ses cheveux ondulés. Elle hésite, doit-elle les laisser lâcher ou faire un chignon pour la laisser plus libre de ses mouvements ? Elle finit par enrouler un élastique autour de son poignet, au cas où, et laisser ses cheveux roses voler sur ses épaules. Un rapide coup d'œil à son reflet lui fait froncer le nez et elle se met à chercher frénétiquement dans ses tiroirs son unique tube de mascara, offert par Rose il y a des années. Elle n'est pas douée, avec le maquillage et elle manque de s'éborgner à chaque fois. Mais son regard fatigué ne fait pas franchement festif et elle finit par rehausser ses cils de noir avant de lancer le tube dans le tiroir et de sortir de la pièce.

Une fois dans sa chambre, la lycéenne récupère son téléphone et parcourt rapidement les trop nombreux messages laissés sur le groupe avant de simplement dire « je passe au super marché et j'arrive. » Elle fourre quelques billets dans son porte-monnaie, vérifie qu'elle a bien sa carte d'identité et enfile ses doc Martens et sa veste en jean avant de quitter sa chambre. Passant la tête dans le salon, elle aperçoit son père, assis à la table dominant la pièce, un carnet devant lui et un stylo à la main. « Je vais chez Adrien, ce soir. Je ne sais pas si je rentrerais. Je te tiens au courant. »

Il lui a toujours fait confiance et cela fait longtemps qu'il ne questionne plus ses sorties, d'autant plus qu'elle est majeure depuis quelques mois à présent. « Amuse-toi bien mon lapin. » dit-il simplement alors qu'elle quitte l'appartement.

Alix a toujours aimé vivre au Louvres. Certes, elle n'est pas particulièrement fan de toutes les œuvres qu'il renferme, mais pouvoir se balader dans les dédales de salles et connaitre tous les passages secrets l'a toujours rendu fière. A une époque, elle pouvait passer des heures à faire du roller dans les couloirs de marbres.

Elle finit par sortir de la bâtisse, troquant la tranquillité des lieux pour l'effervescence de la rue. Il y a un magasin de quartier près de chez Adrien alors elle décide de directement prendre le métro. Finalement, cette soirée tombe à point nommé. Elle avait bien besoin de se sortir de son quotidien. Et quoi de mieux pour cela que passer la soirée avec tous ses anciens amis, eux qui ont contribué à rendre, pendant des années, sa vie meilleure. Quoi de mieux qu'être, l'espace de quelques heures, la vraie Alix ? Quoi de mieux, finalement, que de retrouver Kim ?