Plutôt mignon qu'autre chose, cet OS assez simpliste est comme qui dirait un avant-goût de ce que je pourrais vous proposer par la suite, comme une démonstration de ma manière d'écrire. J'espère que sa douceur va vous plaire, malgré la présence minime de Ushiten, et je vous souhaite une bonne lecture !
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Pourquoi le monde avait-il décidé que nous vivrions le jour ? La nuit était si belle pour Tendō. Assit sur le rebord de la fenêtre, une lourde couverture sur les épaules, le jeune homme semblait déterminé à toujours plus creuser les cernes qui ornaient déjà ses yeux. Il n'était plus certain de l'ordre des choses : s'il avait toujours été insomniaque, et avait fini pas s'accoutumer à ce désagrément, ou au contraire si sa passion pour le ciel étoilé l'avait amené à louper tant d'heures de sommeil.
Un doux sourire décorait son visage. À lui seul, il illuminait la vaste ville qu'il surplombait du haut du dortoir du lycée, comme le fera le lourd soleil du midi. Il se serait justement bien passé de ce dernier. Pour lui, le jour n'était qu'un moyen d'échapper à la réalité. Celle-ci ne se jouait en vérité seulement lorsque l'obscurité prenait les rues par surprise, lorsque les lampadaires éclairaient péniblement les rues. Il était bien connu que la nuit portait conseil, que les langues se déliaient durant les heures du très petit matin, qu'observer les étoiles rapprochaient inévitablement les uns des autres. Satori était certain que l'avenir du monde se jouait durant ces quelques heures, et que le monde s'entêtaient pourtant à laisser disparaître sous prétexte qu'il fallait se reposer.
Sans quitter les yeux de la magnifique étendue bleue sombre, le jeune homme aux cheveux de feu sentit une nouvelle présence à ses côtés. Sans plus de questionnements, il sut bien évidemment que cette dernière n'était autre qu'Ushijima, son colocataire. Cela aussi faisait partie de la nuit.
Le plus grand avait été plutôt surpris de retrouver son homologue pendu à la fenêtre, suivant les premières nuits de leur rencontre, en entrant au lycée. En plus du caractère plutôt excentrique du jeune homme qui contrastait totalement avec le sien, Wakatoshi se retrouvait face à une véritable statue dès la nuit tombée. Les premières semaines, il l'avait ignoré, réflexe dû à sa retenue constante face à autrui. Mais Tendō avait évidemment ressenti les regards lourds de sens qui pesaient sur son dos, et avait un jour invité celui qu'il proclamait depuis les premiers jours (qui plus est sans réellement lui avoir demandé son avis) être son ami à venir s'installer à ses côtés. Ils n'avaient pas dit grand chose ce soir-là. Tout comme la nuit inspire la quiétude, le duo respirait une confiance silencieuse mais surtout réciproque.
Évidemment, Ushijima ne fit aucune réflexion quant à ce comportement plutôt étrange, malgré les nombreuses questions qui trottaient dans sa tête.
Les nuits se poursuivaient. Parfois, le brun s'installait aux côtés de son acolyte, mais quelques mots échangés suffisaient pour l'endormir. Et souvent, il se réveillait le matin sur l'épaule de son ami, complètement courbaturé. Mais ce dernier fixait le soleil levant, le sourire jusqu'aux oreilles, et seulement pour admirer ce spectacle, Ushijima pouvait bien admettre que la douleur en valait la peine.
Une fois, Tendō avait détourné les yeux du ciel pluvieux pour déposer son regard fatigué sur son compagnon des nuits. Ce dernier fut troublé par le contraste qu'il lui était offert : au Satori du jour, toujours survolté et enjoué s'opposait littéralement la sagesse et ce qui semblait être un homme heureux. Véritablement heureux. Et Ushijima s'en voulut. Il s'en voulut de ne pas avoir compris plus tôt que cette habitude étrange était en réalité un réel refuge pour son colocataire. Un moment de répit, durant lequel il pouvait abandonner ne serait-ce que quelques heures le masque d'un imbécile heureux. Non, à cette heure-ci se révélait le vrai Tendō, et le brun ne pouvait qu'être fier d'assister à cette métamorphose.
Le champion de Shiratorizawa n'eut jamais réellement envie de poser des mots sur ses ressentis lors de ces moments infiniment rares, devenant pour autant de plus en plus réguliers. Il appréciait ces instants de mise à nu, il appréciait la compagnie d'un Tendō inhabituel, qu'il espérait un peu honteusement être le seul à connaître.
Mais ce jour-là en particulier, Wakatoshi se rendit compte qu'il était lui aussi épris de la nuit. En s'installant aux côtés de son ami, comme de nombreuses fois ; en observant les nombreuses étoiles qui ornaient le ciel cette nuit-là, il crut comprendre. La nuit était révélatrice des mots, des personnalités, des sentiments. Tendō l'avait embrassé ce soir-là, et le brun sut pourquoi son homologue appréciait tant la nuit. Elle leur permettait de vivre une nouvelle vie, celle qu'ils avaient réellement choisie, et celle qui leur correspondait le mieux. S'il avait pu, il aurait paralysé les heures de cette nuit pour revivre sans cesse ces moments de bonheur véritable
Mais au loin, caché derrière la vitre et les divers bâtiments de la métropole, le soleil pointait doucement le bout de son nez, signifiant à ceux que nous oserons appeler à présent des amants, qu'il était temps de reprendre le cours de leur vie.
