Et bonjour chers fans de CDZ ! Voici ma toute nouvelle fiction que je ferai en plusieurs chapitres. Les personnages de CDZ appartiennent uniquement à Kurumada-sama, mais cette histoire sort de mon imagination. Vous aurez un nouveau chapitre tous les lundis, en espérant de tout que cœur que cela vous plaira. N'hésitez pas à laisser un commentaire après lecture, ça fait chaud au cœur et c'est toujours plaisant de récolter des avis !

Une journée de plus au Sanctuaire d'Athéna. Chaque chevalier profitait du calme et du soleil à l'entrée de sa maison, tandis que Shion était assis dans les jardins non loin de la chambre du Pope. Cela faisait maintenant une année complète que Hadès avait été vaincu, et que les chevaliers d'Athéna avaient tous retrouvés la vie. Plus besoin de s'inquiéter. Plus besoin de rester sur ses gardes. Certains avaient même décidés de dévêtir leurs armures et de tenter d'avoir une vie quelque peu normale. Profiter de la nature, discuter avec ses compères de tout et de rien, rire du passé et chérir ensemble ces moments de plénitude. Jamais les Golds n'avaient été aussi souriants et épanouis, libérés du passé et croyant en leurs espérances d'un avenir bien plus serein.

Toujours aussi tendre et bienveillante, on n'entendait et ne voyait Athéna que très peu. Peu à peu, elle commençait à reprendre des activités normales au sein de l'orphelinat, désirant laisser Saori vivre la vie de la jeune adolescente qu'elle était. Au début certains Golds n'étaient pas de cet avis, bien trop inquiets de ce qui pouvait lui arriver. Mais elle avait réussi à les convaincre. Après tout, quel bonheur une demoiselle aussi jeune aurait en restant enfermée au sommet de ce sanctuaire sans rien y faire ? De plus, les bronzes veilleraient sur elle quoiqu'il arrive, peu importait où elle se trouvait. Shion avait fini par lui laisser la liberté qu'elle désirait tant, et voilà dorénavant plusieurs mois qu'elle n'avait pas remit les pieds au sanctuaire.

Chacun avait renoué avec l'autre, faisant les pas qu'ils craignaient depuis si longtemps. Shion discutait souvent avec son ancien élève, lui avouant enfin à quel point il l'aimait et la fierté qu'il avait eu ce soir où il avait pénétré le sanctuaire avec ce statut de renégat. Ce n'était bien sûr pas un souvenir très agréable, mais voir son disciple dans cette armure d'or avait été tout pour lui. Il n'avait pas pu lui montrer à quel point il se sentait honoré ce soir-là, cantonné dans son rôle de traître. Mais au moins, maintenant c'était fait. Et Mu, aussi impressionné qu'intimidé, n'était pas parvenu à retenir un rougissement après un tel aveu de celui qu'il admirait le plus. Ce moment maître et disciple était précieux pour lui.

Saga, Shura et Camus passaient énormément de temps ensemble. Shura et Saga avaient fini par retirer leurs armures, mais Camus entêté, la gardait constamment sur lui par précaution. Cela faisait rire ses deux amis. Ils savaient quelque part que le chevalier des glaces avait raison, mais ils voulaient plus que tout croire en une paix éternelle. Ils étaient fatigués de se battre, de souffrir, de se voir mourir eux et tous ceux qu'ils aimaient. Ils voulaient un repos bien mérité, bien qu'ils fussent conscients qu'ils n'étaient pas les décideurs de leur destin de chevalier. Oui, tout pouvait arriver à n'importe quel moment… Ils ne pouvaient pas se mentir dans le fond. Mais pourquoi ne pas y croire, juste un petit peu ? Avoir un moment d'insouciance, juste une fois de temps en temps, cela ne tuait personne, n'est-ce pas ? Milo, comme son grand ami, ne voulait pas retirer son armure non plus, et par on ne sait quel miracle, Shaka avait décidé de sortir de ses nombreuses et longues méditations pour sociabiliser un peu avec ses amis.

Tous les cinq, buvaient un café dans le Temple du Capricorne, autour d'une table en pleine terrasse. La discussion battait son plein :

— Shaka, où est donc passée ton armure ? questionna le Gémeau avec un petit sourire.

— Hm…, marmonna le blond. Je n'ai pas encore pris de décision quant à prendre des vacances d'elle, mais je souhaitais me promener léger pour aujourd'hui. Je commençais à fatiguer de vous envier…

— On se sent beaucoup plus libre sans, n'est-ce pas ? affirma le Capricorne. Au début elle me manquait énormément, mais au final je la trouve très bien où elle est. Bien que si mon défunt maître me voyait sans elle, il ferait probablement une crise sans limites.

— A propos de maître, comment as-tu été formé Shura ? questionna Camus. J'ai toujours été curieux concernant cette histoire d'Excalibur. Je suppose que tu n'es pas né avec la force de cette épée légendaire dans les bras.

— Crois-moi, pas du tout. J'ai beaucoup combattu pour gagner le droit de porter l'armure du Capricorne, comme vous tous. Mon maître était l'homme le plus chevaleresque que je connaissais, il me racontait chaque jour la légende d'Excalibur. Mon entrainement a pris bien des années et s'est déroulé dans des circonstances épouvantables. J'y suis parvenu et me voilà devant vous.

— C'est une fierté n'est-ce pas ? sourit Saga. Tu es un homme d'une grande valeur, je ne suis pas surpris que tu sois là.

— Dis-tu ça pour me faire rougir ? ricana Shura moqueur.

— Je le pense vraiment, continua Saga. Mais puisque nous y sommes, parle-nous de la façon dont tu as eu l'armure des Verseaux, Camus. Est-ce que ton maître était aussi froid et associable que toi ?

— Il l'était, répondit le chevalier des glaces en portant sa tasse de café à ses lèvres. En revanche, j'étais son seul et unique disciple, alors on peut dire que j'ai accédé au titre de chevalier d'or un peu plus facilement que vous autres. L'entrainement des chevaliers des glaces est plutôt corsé, surtout pour le bambin que j'étais à l'époque. Pour être honnête, je ne pensais pas parvenir à satisfaire mon maître auparavant… Mais j'y suis quand même arrivé. Par moment, j'ai toujours autant de mal à y croire, car même si ça ne se voit pas, j'étais un sacré pleurnichard étant petit.

— Toi, pleurnichard ? réagit Milo.

— Oh oui. Un rien m'effrayait et je pleurais dès que quelque chose était difficile. Heureusement, mon maître était assez têtu pour croire que j'étais capable de quelque chose de bien.

— Tu n'es pas juste capable de quelque chose de bien, tu es l'un des plus puissants de nous tous. Comme d'habitude, ta modestie t'emportera, lança le Scorpion.

— Et toi alors ? Tu as eu ton armure à l'âge de huit ans, si ça ce n'est pas un record…

— A huit ans ?! s'exclama le Capricorne.

— C'est un peu étrange mais oui, c'est bien vrai, confirma Milo.

— Comment est-ce possible ?

— Pour être totalement honnête, je ne suis moi-même pas sûr de le savoir. J'ai grandi auprès de mon maître jusqu'à l'âge de huit ans avant que Shion me prenne sous son aile et ne me donne l'armure. J'ai bien eu un entrainement, mais impossible de me souvenir comment il s'est passé et surtout pourquoi il s'est terminé si tôt.

— Tu n'as aucun souvenir de ton maître ? questionna Shaka curieux.

— Non, je ne sais même plus à quoi il ressemblait depuis le temps. Le seul visage bienveillant ayant pris soin de moi est Shion lui-même, d'aussi loin que je me souvienne.

— J'ai toujours entendu dire que les chevaliers du Scorpion devaient passer par des vices inhumains avant de pouvoir gagner le droit de revêtir l'armure d'or, fit remarquer Saga. Est-ce vrai ?

— N'est-ce pas le cas de tous les chevaliers ? Je suis convaincu de ne pas avoir passé les meilleurs moments de ma vie sur l'île du Scorpion, et bien que je ne me souvienne de peu de choses, je sais que mon maître n'était pas l'homme le plus doux au monde. Depuis, je n'ai jamais vraiment cherché à me renseigner à son sujet. Le temps est passé et j'ai toujours conservé l'armure sans être inquiété de quoi que ce soit.

— Dis-moi, ne te sens surtout pas obligé de me répondre, reprit Shaka. Mais qu'en est-il de ta piqûre exactement ? Je présume que le venin qui en sort ne vient pas tout droit de ton armure.

— Ce serait trop beau, rétorqua Milo. Te répondre ne me dérange absolument pas. En fait, mon corps est dans la capacité de produire du venin. Mon sang en est rempli, ce qui fait que je suis capable d'en éjecter à quiconque à chaque fois que je le désire.

— Tu veux dire que tu vis avec du venin de scorpion dans ton corps depuis tout petit ? s'étonna Shura.

— Là est le concept d'être le chevalier de ce signe, sinon cela n'aurait aucun sens, n'est-ce pas ?

— Comment peux-tu rester en vie depuis toutes ces années avec tout ce poison à l'intérieur de toi ? s'intéressa Saga.

— Mon corps y est habitué et s'y est agrémenté avec le temps. Je suis certain que là était le but de mon entraînement sur l'île du Scorpion. Personne ne naît avec une telle chose dans les veines…

— Mais, n'est-ce pas douloureux ? demanda Shaka hésitant.

Milo baissa un instant la tête, laissant place au silence. Shura et Saga échangèrent un regard, mitigé.

— Comme je l'ai dit plus tôt, continua Shaka. Rien ne t'oblige à me répondre.

— Je ne sais plus trop si cela me fait mal, dit enfin le concerné. Quand j'étais petit, je me souviens avoir subit des douleurs affreuses. Aujourd'hui, je ne sais plus vraiment si je les ressens. Peut-être sont-elles toujours là, mais si c'est le cas, je ne les ressens plus. Quoiqu'il en soit, je me porte très bien. Porter l'armure du Scorpion au service d'Athéna est le plus grand de tous les honneurs pour moi. Je ne regrette rien.

— Si quelque chose te pèse sur le cœur et te torture, fais-le moi savoir, je peux t'en libérer, dit le chevalier de la Vierge.

— Quoi ? se vexa Milo. De quoi parles-tu ? Je viens de te dire que je me portais bien.

— Je ne sais pas ce qui est arrivé lors de ton entraînement sur l'île du Scorpion, mais si à l'âge de huit ans du venin se promenait déjà dans tes veines, tu as dû certainement subir un certain nombre de supplices.

— Shaka…, alerta Saga. Cesse, veux-tu ? Ces choses sont privées, elles ne nous regardent pas.

Un froid s'installa autour de la table, plus personne n'osant réagir et dire le moindre mot. Shaka conscient de son acte s'empressa de reprendre la parole envers son frère d'armes :

— En effet, j'ai peut-être dépassé la limite. Je te demande pardon.

Embarrassés, les yeux se tournèrent vers le Scorpion, qui donna au blond un sourire plus ou moins forcé.

— Ne t'en fais pas, nous n'allons pas nous disputer pour ça.

Shaka se leva soudainement. Alors qu'il commença à s'éloigner de la table, Milo saisit son bras pour le retenir :

— Que fais-tu ? Je viens de te dire que ce n'est rien. Reste avec nous, je ne t'en veux pas.

— Ce n'est pas pour cette raison que je m'en vais, répondit la Vierge.

— Où te rends-tu si soudainement ? demanda Camus.

— Je vais parler au Grand Pope. Quelque chose me perturbe.

— Comment ça ? Est-ce que tu veux nous en faire part ?

— Non, je ne voudrais surtout pas vous faire perdre votre temps. Profitez de votre après-midi et Shura, merci pour le café.

Shaka libéra son bras de l'emprise de Milo puis quitta la maison du Capricorne.

NEUF MOIS CONTRE VINGT MILLES ANNÉES

Prologue

— Eh bien, me voilà surpris, confessa Shion assit contre un arbre les yeux posés sur le chevalier de la Vierge. Tu sembles bien plus serein sans ton armure Shaka. Mais avant tout, pourquoi me poses-tu cette question ?

— Je sais, je passe certainement pour quelqu'un d'un peu trop curieux et qui ne sait pas se mêler de ses affaires, répondit le blond. Mais quelque chose m'inquiète.

— Il s'agit de la vie privée de Milo et je n'ai aucune raison de t'en faire part. A moins que tu me dises exactement pourquoi est-ce que tu désires ces informations.

— J'ai un mauvais pressentiment. Je sais que nous sommes en temps de paix, et je ne peux sentir Athéna plus en sécurité qu'elle ne l'est maintenant. Mais pour une raison que j'ignore, quelque chose rôde dans mon esprit.

— Qu'est-ce qui te tracasse ? interrogea le Pope bien plus attentif.

— Depuis quelques temps je me réveille avec un poids sur le cœur. Habituellement, je suis capable de discerner exactement quoi, mais là rien à faire. C'est la première fois que ça m'arrive.

— Je suppose que cela signifie que ce n'est pas en lien avec Athéna. Dohko ne m'a rien dit à ce sujet non plus, alors tout va bien non ?

— J'ai besoin de savoir ce qui est arrivé à Milo quand il était enfant. Quitte à paraître impoli et insistant, je ne pourrais pas trouver la paix tant que vous ne m'auriez pas tout raconté.

— Hm…, souffla Shion en se levant. On va dire que je vais te faire confiance pour cette fois, mais sache quand même que cela me déplait. A l'exception de Mu, Milo est celui que je chéris le plus parmi vous tous, certainement à cause de son enfance désastreuse.

— Que s'est-il passé ?

— Sais-tu en quoi consiste l'entrainement d'un apprenti chevalier du Scorpion ?

— Non.

— Les enfants sont pris très jeunes et emmenés sur une île. Le dernier survivant a l'honneur de remporter l'armure. On ne leur demande pas de s'entretuer, mais on leur fait subir plusieurs douleurs diverses et variées afin qu'ils soient dans la capacité de créer du venin et de le supporter toute leur vie. Milo a été le survivant de sa génération. Â l'âge de huit ans, il avait déjà enduré d'immondes tortures. Quand je l'ai récupéré, il était dans un piteux état. Je n'ai jamais su comment il est parvenu à survivre. Je l'ai ramené au sanctuaire et lui ai donné l'armure sans discussion. Après cela, je suis retourné sur l'île du Scorpion et j'ai tué son maître.

— Vous l'avez tué ? réagit Shaka surprit. Pourquoi avoir fait ça ?

— Certainement sur le coup de l'émotion. Après l'avoir récupéré, Milo était brisé et traumatisé de son expérience. Je crois que je ne l'ai pas supporté et que j'ai voulu lui porter justice… Mais le mal était déjà fait. Il mérite son armure plus que quiconque. Aujourd'hui, il est heureux et stable, il ne se souvient même plus de son enfance, ce qui est tant mieux. Je suis fier de le compter dans nos rangs.

— … Je vois.

— Es-tu satisfait ? Peux-tu me dire ce qui te hante à présent ?

Shaka garda la bouche close. Pensif, il détourna la tête, plongé dans le silence, l'inquiétude se dessinant sur son visage. Shion haussa les sourcils et s'approcha de lui, avant de poser une main sur son épaule :

— Si quelque chose te tracasse autant, tu dois m'en parler.

— Ce n'est pas que je ne veux pas…, avoua la Vierge. C'est juste que, pour certaines raisons, je ne peux pas.

— Pourquoi ne peux-tu donc pas ?

— Je ne veux pas être prit pour un fou.

— Pour un fou… ? Qu'est-ce que tu racontes. Ne joue pas à ça avec moi. Je sais que tu n'es pas fou. Peu importe ce que tu as à dire, je t'écouterai. Alors cesse ce caprice et parle-moi. C'est un ordre.

Shaka se mordit la lèvre plusieurs secondes avant de replonger son regard dans celui du Pope. Il n'avait pas le choix dorénavant, il devait tout lui expliquer. Il hocha doucement la tête et avec hésitation, conta tout ce qu'il avait à dire à l'ancien chevalier du Bélier.

Deux semaines plus tard, on pouvait souvent apercevoir la Vierge rôder autour du sanctuaire. Il passait beaucoup de temps devant la maison du Bélier, en tailleur à méditer. Mu avait fini par se poser plusieurs questions, ne voulant pas se montrer désobligeant envers son frère d'arme. Il posa ses mains sur les épaules de celui qui avait étrangement à nouveau revêtit son armure.

— Mon bon Shaka, commença-t-il avec un sourire. Non pas que ta présence me déplaise, bien au contraire… Mais je commence vraiment à me poser des questions sur ta continuelle présence ici. Si au moins tu venais discuter avec moi de temps en temps… Mais tu passes des heures à méditer devant ma maison. Tu sais que ça en devient presque drôle… Penses-tu que je ne saurai pas me défendre en cas de danger ?

— Loin de moi de remettre en question tes habilités, Mu. Je souhaite rester à l'entrée du sanctuaire pour quelques jours.

— Et puis-je demander pourquoi ? questionna le Bélier en s'asseyant sur les escaliers derrière son ami. Kiki va finir par t'imiter. Je ne suis pas contre qu'il devienne illuminé comme toi, mais, c'est la maison du Bélier qu'il est censé protéger plus tard. Si quelque chose ne va pas, pourquoi ne m'en parles-tu pas ?

— Tout va bien.

— Bien sûr, tout va si bien que tu as de nouveau ton armure sur les épaules. Sérieusement mon ami, tu n'es pas un très bon menteur. Qu'est-ce qui ne va pas.

— Shion m'a dit que je n'avais aucune raison de m'inquiéter, alors je ne répandrai pas mes fantasmes sur tout le sanctuaire.

— Tu es allé parler à Shion ?

— Mu… Quitte à être désagréable, peux-tu t'éloigner de moi et cesser de me parler ? Tu m'empêches de me concentrer.

Alors là, c'était la meilleure. Mu ouvrit de grands yeux, la bouche entrouverte. Shaka avait toujours été profondément honnête, mais jamais désobligeant, de plus, dans une maison qui ne lui appartenait pas. Pourquoi était-il si froid soudainement ? Confus, Mu ne sut pas trop quoi répondre. Cela faisait plusieurs jours que le chevalier de la vierge agissait étrangement, sans qu'il ne puisse comprendre pourquoi. Plutôt que de déclencher la discorde, Mu ferma les yeux et poussa un long soupir, ravalant sa fierté.

— Bien… Je te laisse tranquille. Je ne faisais que m'inquiéter pour toi, mais je vois que ce n'est pas apprécié…, ajouta-t-il en se levant. Peut-être devrais-je prendre soin de la maison de la Vierge pendant que tu campes ici ? Tss.

Mu rejoignit Saga et Aphrodite un peu plus haut avant de leur annoncer :

— Voilà qu'il devient déplaisant. Je n'insisterai pas plus… Il doit avoir ses propres raisons.

— Cela m'inquiète franchement, déclara le Gémeau. Mais je suppose qu'on devrait juste le laisser tranquille. Le connaissant, il risquerait de nous le faire regretter.

— Dans ce cas je vais rester avec lui, décida Aphrodite.

— Quoi ?

— Je ne me sens pas de le laisser tout seul dans ses rêveries, expliqua le Poisson. J'ai l'impression que quelque chose le fait souffrir mais qu'il craint d'en parler. Il ne se confiera certainement pas à moi, mais je suis sûr qu'une simple présence peut aider.

— Fais ce qui te semble bon mais je vous préviens, je ne veux pas que la maison du Bélier devienne un squat, lança Mu en s'en allant.

Aphrodite descendit les marches et s'allongea près de Shaka :

— Oui, je sais, tu es en pleine méditation et tu as horreur d'être dérangé. Je ne ferai rien pour te perturber, je veux juste te montrer que je suis là.

Le gardien de la douzième maison plaça ses mains derrière sa tête, les yeux fixés sur le ciel. Il n'avait jamais vraiment été un ami pour la Vierge. Ils se parlaient très rarement et ne savaient pas grand-chose l'un de l'autre. Mais peu importait. S'il avait tant de temps libre, il pouvait le passer auprès d'un frère d'arme en peine. Il aurait bien saisi sa main pour lui transmettre de la chaleur, mais il ne préférait pas tenter le si doux mais redoutable chevalier blond. Quand celui-ci voulait être seul et tranquille, il valait mieux le laisser seul et tranquille. A cette pensée, Aphrodite laissa échapper un petit rire avant de s'endormir.

Alors que le temps passait, Shaka semblait étrange durant sa méditation. Imperturbable, rien ne pouvait l'en retirer. Il entendait un cri au loin. Pas un cri d'effroi ou de colère. Alors que le bruit s'approchait, il pu identifier des pleurs. Oui, il s'agissait bien de pleurs. Des pleurs d'un bébé, d'un nouveau-né. Rien de bien exceptionnel, pourtant, quelque chose le perturbait dans ces larmes, bien qu'il ne sût dire quoi.

Enfin, cette voix masculine qu'il entendait depuis tant d'années se fit entendre :

— Shaka, appela-t-elle.

— Je cherche des réponses, dit simplement le chevalier.

— Tu dois protéger Milo.

— Milo… ? Est-ce lui que j'entends pleurer ?

— Non, il ne s'agit pas de lui. C'est un enfant qui vient de naître.

— Qui est-il ?

— Shaka, il y a quelque chose que je dois te montrer. Mais pourras-tu seulement le supporter ?

— Montre-moi, s'empressa la Vierge. Je dois comprendre ce qui se passe.

— Tu ressentiras une douleur comme jamais tu n'auras eu à ressentir.

— Une douleur ? Pourquoi veux-tu me faire ça ?

— Pour te faire comprendre ce que le chevalier du Scorpion devra endurer s'ils mettent la main sur lui. Cependant, cela ne durera pas plus de trois secondes.

— Trois secondes… ? répéta-t-il dubitatif. Comment une douleur de trois secondes peut être insupportable.

— Tu ne serai pas en mesure de supporter deux de plus, sinon tu en mourrais.

Shaka fronça les sourcils, une goutte de sueur perlant sur son visage. C'était la première fois qu'il lui parlait aussi gravement. Sa curiosité monta à son paroxysme, prêt à ressentir ce qu'il lui décrivait. Mais soudainement, quelque chose le sortit de sa méditation. Alors qu'il ouvrit les yeux surpris, il vit Shion en face de lui, tenant son chapelet tandis qu'il n'en lâchait pas l'autre bout. Shaka n'eut pas le temps d'identifier tous les autres chevaliers d'or qui l'observaient avec inquiétude, quand un hurlement jaillit du plus profond de ses entrailles avant de lâcher son chapelet et de tomber à la renverse, le regard vide.

Shion inquiet, secoua la Vierge par les épaules :

— Shaka ? appela-t-il. Shaka ?! Que t'arrives-t-il ?!

La Vierge demeura taciturne, complètement inerte.

— Shaka ?! appela le chevalier du Lion. Bon sang, qu'est-ce qui se passe ?!

— Shaka, réveille-toi ! s'écria Aphrodite.

Peu à peu, le blond reprit connaissance, essoufflé, les yeux plein de peur. Alors qu'il reprit ses esprits, son regard se promena sur ses compagnons. Le Grand Pope reprit la parole :

— Shaka, que se passe-t-il ? Pourquoi as-tu crié ? Tu as même lâché ton chapelet.

Presque tremblant, la Vierge se redressa et se remis en position assise, le cœur battant comme un tambour. Saga posa une main sur son dos pour le rassurer :

— Nous sommes tous là. Explique-nous ce que tu as vu.

— Ils arrivent, murmura le blond.

— Ils arrivent ? De qui parles-tu ? questionna Camus.

— Les sbires d'Hadès. Ils arrivent, continua la Vierge paniquée.

— Calme-toi, ordonna le Pope. Je t'ai rarement vu aussi agité… Tu sais bien qu'ils ont tous été éliminé. Nous sommes en paix maintenant. Es-tu sûr de ne pas avoir fait un mauvais rêve ? Cela fait deux mois que tu médites devant la maison du Bélier.

— Deux mois ? s'exclama Shaka surpris.

— Tes frères d'armes se sont inquiétés et ont fini par venir m'en parler. J'ai eu du mal à te sortir de là, dit-il en plaçant le collier sur le cou de son propriétaire.

— Pourquoi parles-tu de Hadès ? reprit Mu. Tu sais bien qu'il est hors d'état de nuire. De quoi as-tu eu donc aussi peur ?

— Une douleur…, raconta Shaka. Une douleur horriblement insoutenable. Elle m'a traversé de part en part. C'était une abomination. Je ne pensais pas qu'il était possible de souffrir autant. Fort heureusement, elle n'a pas excédé trois secondes…Où est Milo ?

— Je suis là, s'annonça le Scorpion à quelques mètres derrière son camarade. Que t'arrives…

Le Scorpion n'eut pas le temps de finir sa phrase. La Vierge s'était relevée et jetée contre lui, avant de le serrer le plus fort possible, le protégeant jalousement. Milo, sous le choc, resta figé, se demandant comment réagir face à un geste aussi inhabituel.

— Shaka… ? hésita-t-il.

— Tu ne peux pas rester ici, souffla le chevalier. Va dans la maison du Scorpion et n'en sort plus.

— Mais enfin de quoi parles-tu ? Ton comportement est plus qu'étrange, n'en as-tu pas marre de nous laisser tous aussi inquiets ? lança Milo.

— Pourquoi penses-tu que Hadès est de retour ? demanda Shura. Dohko ne nous a alerté de rien. Il aurait été le premier à le savoir, ne penses-tu pas ?

— Non. Cette fois-ci il ne vient pas pour Athéna, répondit Shaka.

— Comment ça ? interrogea le Capricorne dans l'incompréhension.

— Il vient pour Milo.

— Shaka, interrompit Shion. Nous avons déjà discuté de tout ça. Ta théorie n'a aucun sens. Cesse de te faire du mouron inutilement. A partir de maintenant tu vivras sous mon toit jusqu'à nouvel ordre et tu n'auras pas le droit d'en sortir sans mon autorisation.

— Attendez, intervint Milo. Je ne suis pas sûr de tout comprendre. Pourquoi Hadès s'en prendrai à moi spécifiquement ? C'est sans queue ni tête.

— Shaka, reprit Shion. Si tu prononces encore le moindre mot tu auras à faire à moi.

Face au ton grave de leur commandeur, les chevaliers d'or entrèrent dans une grande stupéfaction. Saga se redressa, les yeux posés sur le Grand Pope, se demandant s'il devait oser ou pas. Y avait-t-il quelque chose que les deux individus s'interdisaient de leur dire ? Pourquoi un tel secret ? Comment Shaka d'un tempérament aussi calme et posé, pouvait soudainement se comporter ainsi ? Non, c'était trop. Il devait comprendre. Il devait savoir.

— Pourquoi sommes-nous tenu hors du secret ? osa enfin le Gémeau en se redressant. Le danger est-il si grand au point de vouloir nous en protéger ? Nous sommes tous des protecteurs du sanctuaire. Pourquoi n'avons-nous pas le droit de savoir ?

— Il n'est pas dans l'habitude de Shaka d'agir ainsi, continua Shura. Il doit vraiment se passer quelque chose que nous ignorons. Je pensais Hadès vaincu, qu'y a-t-il ?

— Hadès a bel et bien été vaincu, répondit Shion. Vous n'avez pas à vous inquiéter à ce sujet. Je crois que votre compagnon a simplement besoin de repos pour digérer tout ça.

— Après une année complète ? remarqua le chevalier du Lion. Nous pouvons simplement obéir et entrer chacun dans notre maison. Mais dès que nous aurons la possibilité, nous nous tournerons tous vers Shaka pour comprendre ce qu'il a. Alors ne serait-il pas judicieux de l'écouter dès maintenant ?

— Pardonnez-moi Grand Pope, dit enfin Milo. Mais mon nom a été prononcé dans tout ça, je veux comprendre ce que ça veut dire.

— Tiens donc, coupa Shion. Vous avez décidé de jouer aux rebelles ? Si vous êtes si sûrs de vous, je vous défie de vous approcher du chevalier de la Vierge ces prochains jours. Croyez-moi, si vous osez, vous vous en souviendrez.

Après ces mots, l'ancien chevalier du Bélier posa sa main sur Shaka afin de l'éloigner de Milo, avant de se téléporter au sommet avec lui. Les autres restèrent quelques minutes dans le silence et l'incompréhension se demandant que faire. Les choses ne pouvaient pas être plus évidentes que ça : quelque chose se tramait et pour une certaine raison, ils n'avaient pas le droit de savoir quoi et ne pouvait même plus s'approcher de la Vierge. Mu passa une main sur sa nuque, confus :

— Je vais croire en ce que dit mon maître. Shaka semblait vraiment aller mal, mais si le Grand Pope nous dit de ne pas nous inquiéter, il ne devrait pas y avoir de problèmes.

— Milo, appela Saga. As-tu quelque chose à nous dire ?

— Je suis aussi perdu que vous, confessa le Scorpion. Peut-être notre ami a-t-il réellement besoin de repos. Hadès qui ignore Athéna et me veut à sa place, tout cela me parait absurde. De plus, aucun signe ne nous prouve son retour.

— Et le cri d'agonie qu'il a poussé, je suppose que ce n'était que le fruit de notre imagination, ironisa Camus.

— Shaka n'est pas un demeuré, continua le Lion. Mais nous ne pouvons rien faire tant que le Grand Pope nous l'interdit.

Saga leva la main au ciel avant d'éveiller son cosmos. L'armure du Gémeau vint jusqu'à lui et recouvrit son corps sous les yeux de tous.

— Saga… ? murmura Shura surpris.

— Toute ma confiance est en Shaka, dit le Gémeau. Il est l'homme le plus proche de dieu n'est-ce pas ? Même en le combattant aux côtés de Shura et de Camus, il n'avait pas montré une telle expression d'effroi… Je ne sais pas ce qui se passe, mais je crois en lui et je veux me tenir prêt.

Saga remonta les escaliers, prêt à rejoindre la maison des Gémeaux, avant de s'arrêter près de Milo.

— Milo, prend soin de toi. Vu la façon dont il s'est jeté sur toi, il doit craindre quelque chose te concernant. Ne laisse rien t'arriver.

Le jumeau de Kanon continua son chemin et disparu.

Après l'évènement, le calme revint sur le sanctuaire. Shaka restait confiné dans la chambre du Pope et chaque chevalier continuait le cours de sa vie, comme si rien n'était arrivé. Saga alerte, n'avait pas quitté son armure depuis, veillant sur la maison des Gémeaux. Alors que son regard se perdit à l'horizon, Shura et Camus le rejoignirent, eux aussi derrière leurs armures.

— Saga…, commença Camus. Tu le sens, n'est-ce pas ?

Le Gémeau resta longuement silencieux, ne voulant pas quitter l'horizon de sa vue.

— Je le sens, dit-il enfin.

— Est-ce possible que notre compagnon ne se soit pas trompé ? s'informa Shura. Le cosmos des spectres peut se faire sentir jusqu'ici, je le reconnaitrais parmi milles.

— Shion a dû le sentir à son tour, suggéra Camus. Bien que je ne comprenne plus le sens de tout ça… Cette histoire commence à prendre de l'ampleur.

— Pas si nous nous préparons, rassura Saga. Ils n'ont pas l'air nombreux. Je ne sais pas ce qui les attire ici, ils devraient pourtant remarquer l'absence du cosmos d'Athéna dans les alentours.

— Ce qui rend la situation encore plus étrange. Je n'aime pas ça. Où est Milo ?

— Certainement prêt à combattre lui aussi.

— On ne devrait peut-être pas le laisser faire… ? hésita Shura. Après tout, selon les prédictions de Shaka, il serait leur cible.

— Nous devons attendre les ordres du Pope. Cette fois-ci, il sera obligé de nous dire la vérité et ce avant la tombée de la nuit. Les spectres seront probablement au sanctuaire d'ici ce soir. Rejoignons Mu, je doute qu'il soit de taille contre eux.

— Attendez, résonna une voix à quelques mètres derrière eux.

Les trois amis se tournèrent et virent Shion accompagné de Shaka. Automatiquement, ils posèrent le genou à terre, près à écouter les ordres. Mais l'expression inquiète et coupable de Shion les saisissaient. Shaka à côté, demeurait taciturne, ne laissant pas d'expression sur son visage. Malgré la gravité de la situation il semblait aussi calme que d'habitude, bien loin de ce qu'ils avaient pu voir il y a quelques jours. Le Grand Pope prit enfin la parole :

— J'ai eu tort, j'aurai dû vous laisser savoir ce qui arrivait. Cependant, je n'y croyais pas. C'était tout bonnement impossible pour moi. Maintenant que je ressens la présence des spectres, je n'ai plus d'autres choix que d'agir.

— Que se passe-t-il ? Pourquoi les spectres sont-ils de retour ? questionna Camus.

— Nous n'avons plus le temps de discuter de ça. Il nous faut descendre à la maison du Bélier et empêcher leur venue.

— En ont-ils réellement après Milo ?

Cette question demeura sans réponses. Sans plus attendre, Shaka quitta la maison des Gémeaux et se rendit à l'entrée du sanctuaire, auprès de Mu.

Plusieurs heures plus tard, tous les chevaliers étaient réunis dans la maison du Bélier, guettant l'arrivée de l'ennemi tout en posant questions sur questions. Shaka ne désirait plus s'expliquer sur le sujet, tandis que Shion semblait à présent le plus touché par l'angoisse. La Vierge s'approcha de Milo et dit :

— Sans vouloir te commander, je pense qu'il serait plus sage que tu restes dans la maison du Scorpion et que tu ne combattes pas cette fois-ci.

— Tiens donc, ricana le Scorpion. Les spectres sont de retour, tout le monde est prêt à se battre, mais pour une raison que j'ignore je dois sagement m'enfermer dans ma chambre. On en entend de belles par ici.

— Pauvre idiot. Ne trouves-tu pas étrange qu'ils continuent de se diriger vers le sanctuaire en sachant pertinemment qu'Athéna ne s'y trouve pas ?

— J'en suis confus comme vous tous. Mais pourquoi est-ce que l'armée d'Hadès voudrait s'en prendre à moi ? Soit au moins logique dans ce que tu racontes veux-tu, ou alors tais-toi.

— Milo, intervint Shion. Shaka a raison. Pour cette fois, tu ne combattras pas.

— Quoi… ?! s'écria le Scorpion estomaqué.

— Va dans la maison du Scorpion et n'en sort qu'à mon signal.

— Je refuse, s'exclama-t-il. Vous ne pouvez pas m'interdire de combattre, c'est impossible.

— Dans ce cas, reste loin de tout ça et n'intervient pas. Si les spectres se dirigent vers le sanctuaire, il se peut que ce soit pour toi. Shaka avait raison.

— Hein ?

— J'ai été affreusement inconscient et négligeant. Je ne veux pas que tu paies pour ma faute. Alors quoiqu'il arrive, promets-moi de nous laisser faire et de rester en dehors de ça.

Shion lança un regard au plus jeune. Mais contrairement à d'habitude, ses yeux étaient complètement dénués d'autorité, ils n'avaient aucune menace. A la place, une supplication et un désir de rédemption s'y étaient dissimulés. Happé par le visage de son commandeur, Milo resta bouche bée, plongé dans la réflexion. Il hocha doucement la tête, donnant son accord, tandis que Shion continua son discours auprès des autres :

— Tenez-vous prêts, nous ne pouvons pas les laisser gagner. Je vous ordonne de protéger Milo comme s'il s'agissait d'Athéna.

— Eh bien, quel accueil, s'élança une voix masculine.

Tous sur leurs gardes, telle fut la surprise des Golds quand ils reconnurent le visage du si tristement célèbre Juge, Rhadamanthe. Ils reculèrent tous d'un pas, n'en croyant pas leurs yeux. Le cosmos des spectres d'Hadès était bel et bien palpable et ce depuis des heures, mais si on leur avait dit qu'il s'agissait de l'un des trois féroces Juges, ils n'en auraient pas cru un mot. A ses côtés, se trouvaient également Eaque et Minos, qui promenaient leurs regards sur l'assemblée, silencieux. Le cœur battant, les Golds éveillèrent tous leur cosmos, pendant que Shion s'avança vers les nouveaux venus. Il ne tarda pas à remarquer que les trois Juges ne portaient aucunement leur armure. A la place, ils portaient un uniforme présentable et raffiné, comme prêts pour une grande réception. Après un silence pesant, Rhadamanthe reprit la parole :

— Sa Majesté Hadès nous a demandé de nous présenter devant vous sans armures, afin de vous prouver notre venue pacifique. Mais il semblerait que vous voyez les choses autrement… Peu importe ce que vous pensez, soyez sûrs d'une chose : nous ne sommes pas venus ici pour nous battre.

— Votre présence ici-même est une provocation ouverte et vous le savez, déclara Shion.

— Allons, reprit Eaque, si nous vous voulions du mal, nous nous serions préparés en conséquence, ne soyez pas ridicules.

— Nous sommes porteur d'une bonne nouvelle, dit enfin Minos avec un papier blanc enroulé dans sa main et attaché par un ruban rouge.

— Bonne nouvelle… ? répéta Mu. Êtes-vous venu jusqu'ici pour faire quelques plaisanteries ?

— Mais il ne s'agit pas d'un leurre, continua Minos. Sincèrement, pouvez-vous seulement prendre le temps de nous écouter ? Hadès nous envoie porter un message de la plus haute importance. Il a tenu à ce que nous les Juges nous en chargions plutôt que de simples spectres, vous pourriez au moins nous faire bon accueil.

— Un message ? répéta Camus.

— Contrairement à ce que vous pourriez croire, reprit Rhadamanthe, nous promettons que ceci n'a rien à voir avec votre déesse, ni même avec la planète Terre. Nous ne venons pas vers vous en tant qu'ennemis.

— De quoi s'agit-il ? demanda Shion menaçant.

— Je ne peux le donner qu'à celui à qui il est adressé, reprit Minos. Croyez-moi, cela en vaut la peine.

— Malheureusement je ne peux vous laisser l'approcher.

— Haha, rit Eaque. Alors tu sais déjà de quoi il en est question ? Pourquoi ne te réjouis-tu pas pour lui ?

Un grand vent se leva, réveillé par le cosmos de Shion qui monta d'un cran. Un cosmos rempli de colère et particulièrement violent.

— Oula, ironisa Minos. Je crois que le papa n'est pas tout à fait partant dans l'idée. Ce message est adressé à Milo, le chevalier d'or du Scorpion, il ne sera donc lu que par lui.

Les Golds se tournèrent vers Milo, complètement effarés de ce qu'il venait d'entendre. Hadès, le dieu des enfers lui-même, avait un message pour lui ? Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ?

— Laissez-moi vous avertir, prévenu Shaka. Je ne laisserai personne s'approcher de Milo.

— Tu ne peux pas te retourner contre la volonté d'Hadès, chevalier, répondit Rhadamanthe. La décision a déjà été prise. Tout ce que nous voulons, c'est célébrer avec vous. Je crois que vous ne réalisez pas encore la chance que votre frère d'arme possède.

— Milo, appela Saga. Je ne sais pas ce qu'ils te veulent, mais par Athéna, reste en arrière.

— Milo du Scorpion, appela Minos en tendant le message. A toi d'en juger. Veux-tu savoir ce que Sa Majesté Hadès a à te dire ?

Milo resta silencieux, observant le message intrigué. Alors la Vierge avait eu raison dès le départ. Il ne s'attendait pas à voir les chefs des spectres au sanctuaire, et encore moins pour une cause sans lien avec Athéna. Un message ? Que diantre pouvait-il être ? Il n'eut pas le temps de se poser plus de questions : le rouleau de papier disparu pour se retrouver dans la main du Grand Pope, qui le détruisit sans plus tarder, sous les regards choqués des Juges. Epris de colère, Eaque et Minos enflammèrent leur cosmos à leur paroxysme, mais Rhadamanthe passa chacun de ses bras devant eux, leur faisant signe de se calmer.

— Cessons de faire les hypocrites, dit-il calmement. Nous savions pertinemment que les choses se passeraient de cette façon. Rien ne presse. Ne laissons pas Shion voler notre sang froid.

Après cela, il s'avança de quelques pas vers les Golds, prêts à passer à l'attaque.

— Bien… Je suppose que vous vous demandez tous ce qui se passe et que notre présence ici n'est pas désirée. Laissez-moi donc éclairer votre lanterne. Milo du Scorpion a l'immense honneur d'être choisi par Hadès en personne pour devenir son Porteur.

— Porteur… ? répéta Shura. Qu'est-ce que c'est ?

— Comme vous le savez déjà, Hadès a beau vivre depuis une éternité, il n'a jamais eu de descendance. Savez-vous pourquoi ?

La confusion rempli le cœur des Golds, ne sachant plus s'ils devaient attaquer sans réfléchir ou écouter la suite du discours de Juge, remplis de curiosité.

— Pour une simple et bonne raison. Sa Majesté Hadès couvant déjà un bien grand pouvoir, son rejeton ne serait que bien plus puissant et destructeur que lui. Cela ne l'a pas empêché d'essayer au fil des années, mais malheureusement son projet n'a jamais pu aboutir.

— Pourquoi nous dis-tu de telles choses ?! s'impatienta Aphrodite.

— Chaque femme qu'il a fécondée a fini par périr à peine le processus commencé. En simple forme d'embryon, son enfant aurait déjà une puissance à un stade avancé que personne n'est en mesure de contenir.

— Quel est le rapport avec Milo ?! s'écria Mu.

— Milo est un chevalier du Scorpion. Il est donc dans la capacité de supporter toute forme de douleurs, n'est-ce pas ? J'ai entendu dire que les enfants voués à avoir cette armure devaient tout d'abord passer par milles supplices, Milo est donc le seul à s'en être sorti vivant. Hadès a donc décidé qu'il serait son Porteur, en d'autres termes, il a été choisi pour assurer sa descendance.

— Sa descendance ?! éclata Milo sous le choc. Moi ?!

— Quelle plaisanterie, cracha Aioros. Milo, un homme, assurant la descendance d'un dieu qui de plus n'est autre que Hadès ? Vous avez fait tout ce chemin pour vous foutre de nous ?! Très bien, vous allez être servis, préparez-vous.

— Je sais, cela peut vous sembler complètement fou. Mais c'est la réalité. Il existe une perle qui est capable d'exaucer le vœu d'Hadès. Cette perle est dans la capacité de donner à un homme la possibilité d'enfanter. Bien évidemment, on ne peut voir ce genre de choses sur Terre. Ceci est un cadeau de Déméter, la déesse de la fécondité. Il ne sera en mesure de l'utiliser qu'une seule fois, et une fois l'homme fécondé et l'enfant présent en son sein, elle se détruira.

— Milo a la grande habilité de supporter n'importe quelle douleur, continua Minos. A la base, les douleurs de l'enfantement ne peuvent être supportées que par une femme. Malheureusement, porter l'enfant d'Hadès et lui donner naissance multiplie cette douleur par dix, ce qui fait que personne n'a été dans la capacité d'assurer sa descendance jusqu'ici. Les derniers espoirs sont donc tournés sur le chevalier du Scorpion.

— Laissez moi rire, s'amusa le concerné. Non mais quelle blague. Jamais je n'aurais imaginé les spectres auteurs d'un tel affront, ajouta-t-il en descendant les escaliers et s'approchant de ses interlocuteurs. Je ne suis pas sûr de comprendre. Vous êtes venu jusqu'ici avec votre stupide message en bois persuadé que j'y croirai, et en plus, vous pensiez que je vous suivrai bien gentiment, acceptant d'être tripoté comme une traînée par votre dieu de pacotille et accouchant neuf mois plus tard ? J'en rirai si je n'étais pas aussi en colère. Vous allez mourir ici !

— Milo, alerta Shaka. Ne t'approche pas d'eux !

— Crois-tu qu'il te demande cet honneur gratuitement ? reprit Rhadamanthe.

Milo s'arrêta, prêt à piquer le Juge de son aiguille écarlate.

— Premièrement, une fois le travail fait et l'enfant né, Hadès fait le serment de te laisser t'en aller. Deuxièmement, il exaucera un de tes vœux, n'importe lequel en gage de paiement. Et enfin, Hadès ne s'occupera plus de la planète Terre et ne touchera pas à un seul cheveu d'Athéna pendant une période de vingt milles années.

— Quoi ?! s'exclama le Scorpion.

Tous effarés, ils se demandèrent s'ils devaient vraiment croire le chef des spectres. Vingt mille années de paix ? Etais-ce réellement possible ?

— Vous avez bien entendu, il s'agit bien de cent guerres entre vous et l'armée d'Hadès et celle d'Athéna qui n'auront jamais lieu, précisa Eaque.

— Ils mentent, dit Camus dubitatif. C'est impossible, Hadès ne laisserait pas la Terre aussi facilement.

— Il aura bien à faire à prendre soin de son nouveau-né que de s'occuper de ce qui se passe dans ce pauvre bas monde, reprit Eaque. Savez-vous combien de millénaires il a passé à tenter d'avoir un enfant ? Athéna ne serait plus qu'un détail à ses yeux face à un tel cadeau.

— Je pense sincèrement Milo, que tu as de la chance, souffla Minos. Je ne dis pas qu'il s'agira des meilleurs mois de ta vie, mais qu'y a-t-il de plus beau et de plus pur que de porter l'enfant d'un dieu, et du plus puissant de tous, Hadès ? Peux-tu me le dire ? Offrir vingt milles années de paix à ta déesse, n'est-ce pas ce que tu peux lui offrir de mieux en tant que chevalier ?

— Vous êtes complètement fous, s'écria le Scorpion. Mon corps n'est pas à vendre et quelle sorte de traître est-ce que je serai après avoir aidé à la naissance de l'enfant d'un monstre tel que lui ?! Vous avez perdu l'esprit !

— Je ne suis pas sûr que tu aies le choix, notifia Rhadamanthe.

— Comment ça ?

— Athéna, répondit le Juge. Athéna a déjà donné son accord.

— … Athéna ? murmura Milo espanté.

— Que dîtes-vous ?! s'écria Shion. C'est impossible ! Athéna ne ferait jamais une telle chose à l'un de ces chevaliers !

— La véritable formule est, Athéna ne laisserait jamais une telle opportunité de voir la Terre en paix pour une durée complète de vingt milles années. A trop vous attacher à elle, vous oubliez que vous n'êtes que des pions. La Terre est son trésor, ce qu'elle chérit le plus. Donner l'un de ces chevaliers pour une durée de neuf ou dix mois et le voir revenir sagement au sanctuaire ? Qu'est-ce qu'elle en perdrait ? L'accord est déjà ficelé et laissez-moi vous dire que ça a été facile. Alors par ordre d'Athéna, Milo du Scorpion… Deviens le Porteur de Hadès et d'ici neuf mois, accueille son héritier. Je suis honoré de me présenter devant toi.

Quand Rhadamanthe plia son genou avant de le poser à terre, ce fut le coup de grâce. Milo tremblant, se fit devancer par Shion qui se plaça devant lui :

— Je pars à sa place. Je vais le faire. Restez loin de lui.

— La proposition est tentante, mais ce n'est pas toi qui as été choisi Shion, de plus, la douleur de la portée te tuerait dès le premier mois. Seul Milo est dans la capacité de le faire jusqu'au bout.

— Athéna…, murmura Shaka sous le choc. Athéna, a-t-elle vraiment donné son accord ?

— Vous avez ma parole de Juge. Sans cela, nous n'aurions pas pu nous présenter ici aussi facilement, qui plus est sans armes ni armures. Nous ne sommes pas fous à ce point.

— Athéna… Athéna m'a vendu contre vingt milles années de paix ? Impossible… bégaya Milo. C'est… impossible…

Saisit par la surprise, il tomba à genoux le regard vide, avant de s'écrouler au sol au milieu de tous, perdant connaissance.

Et voilà, le prologue est terminé :) J'espère qu'il vous aura plu et que nous nous recroiserons la semaine prochaine pour le second chapitre ! N'hésitez pas à laisser un commentaire ;) A très bientôt !