La franchise et l'univers de Fire Emblem ne m'appartiennent pas. Ils ont été créés par Shouzou Kaga, et développés par Intelligent Systems.

Il s'agit ici d'une Fanfiction.
Fire Emblem : Fate

Zakuro Ruby Kagame
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Ici et Maintenant

La neige quittait sa toile vierge, se soulevait, flottait, dansait sans rythme ni régularité dans un florilège de notes, désordonnées, mais magnifiques. Les flocons rejoignaient ma chevelure pour l'éclaircir, voilaient mes yeux d'une magie douce et rassurante, avant de rejoindre le sol pour l'habiller d'un manteau blanc que j'aimais parcourir accompagnée uniquement du crissement de mes pas. Elle s'accumulait parfois sur une épaisseur dans laquelle l'on pouvait même se perdre. Les crocs de l'hiver n'avaient jamais eu aucune emprise sur moi, bien au contraire, et j'aimais d'autant plus venir admirer ce lac dont on ne pouvait mesurer la profondeur, recouvert d'une épaisse couche de glace. Ce sentiment de chaleur qui m'envahissait alors était aussi intemporel que des éclats de glace en toute saison. Lorsque mes pensées s'évadaient en nombreuses questions, ce lac devenu cristal me livrait mes réponses.

Lorsque j'eus passé la porte de chez moi, je secouai ma longue chevelure pour déloger quelques flocons perdus qui pour certains, s'étaient déjà mués en larmes sur le brusque changement de température. D'autres, plus téméraires, semblaient désespérément s'accrocher à moi et mes doigts se chargèrent alors de les libérer. Je déposai mon manteau, replaçai mes cheveux, et je fus accueillie par un silence roi. Cela faisait plusieurs jours maintenant que ma respiration lasse était la seule chanson imposant ici un rythme.

Je ne réfléchis point et me dirigeai vers la porte de ma chambre devant laquelle mes doigts étaient déjà levés. Ils s'arrêtèrent cependant avant de rencontrer le bois. J'entendais les petits soupirs s'échapper douloureusement de l'autre côté pour s'évanouir aussitôt, parfois plus lourds. Il faisait si froid dehors, un froid à en crever ou à en perdre un membre et j'aurais d'ailleurs préféré que celui-ci soit coupable. Il n'en était cependant rien, et les plaintes qui se suspendaient à mes oreilles venaient pourfendre mon cœur en deux. La porte grinça, je restai quelques minutes sous le chambranle et finis par entrer.

La lueur des rayons du soleil voilés par la neige filtrait au travers des volets clos et l'obscurité rassurante m'enveloppa aussitôt. Je fis très rapidement le tour du lit jusqu'à la source des maux les plus difficiles qu'il m'eut été donné de supporter. Les muscles de mon visage se crispèrent et nul doute que ce dernier prit une expression mi-inquiète mi-peinée. Les traits du sien étaient tirés et malgré la pénombre je n'eus aucun mal à distinguer les quelques gouttes perlant sa peau. La chaleur de celle-ci me saisit quand mes doigts encore froids caressèrent la joue de celle qui partageait ma vie et le temps d'instant j'eus la sensation qu'elle se calmait. Un court moment de répit cependant puisqu'après un instant seulement, elle s'agita de nouveau.

—A- Azura... l'entendis-je murmurer dans sommeil.

—Je suis là...

Inutile, non pas désemparée mais certainement désarmée, je ne pouvais rien faire d'autre que la rassurer et attendre. Attendre que cette crise passe comme toutes les autres étaient passées. Je savais que cela ne durerait que quelques jours mais voir Corrin souffrir ainsi était d'une intensité tout aussi douloureuse. Insupportable.

Je fis de nouveau le tour du lit, silencieusement, et tirai sur le ruban bleu ciel de ma robe blanche qui glissa le long de mon corps pour rejoindre le sol. Je me débarrassai des autres pièces de tissu de la même manière et celles-ci suivirent la même course avant que je ne me glisse lentement dans les draps. Corrin frémit et tout son corps se contracta lorsque je me lovai dans son dos, et le mien s'embrasa.

—Azura... Tu es glacée...

Elle se recula légèrement suite à cette remarque, reflet de soulagement, et mes bras entourèrent sa taille pour se refermer sur son ventre nu. J'avais toujours eu la peau froide, mais celle-ci l'était d'autant plus puisque je revenais de dehors.

—Je pensais que tu dormais, Corrin. T'ai-je réveillée ?

—Non... elle répondit simplement. Cette chaleur oppressante est insupportable... articula-t-elle ensuite douloureusement. J'ai l'impression qu'un feu me consume de l'intérieur.

Une chaleur qui émanait tant que sa brûlure arrivait à me mordre, non pas mon corps mais bien mon cœur. Dans ce cauchemar éveillé, ma présence était tout ce que je pouvais lui offrir, ainsi que celle de l'hiver que je portais encore tel un parfum sur ma peau.

—Et puis... l'entendis-je ajouter mutinement malgré la situation. Seuls tes bruyants ronflements sont capables de me réveiller.

Mon expression inquiète quitta mon visage pour laisser sa place à une autre, faussement vexée.

—Je suis certaine que tu exagères, Corrin.

—Et moi, je suis certaine que Camilla et Elise confirmeraient ces propos auxquels tu refuses de croire.

—Est-ce de ma faute si je dors comme un loir ?

—Un loir particulièrement bruyant.

Une précision qu'il était inutile d'apporter mais j'étais soulagée de voir Corrin me taquiner ainsi. Un soulagement qui ne dura pas cependant puisque lovée tout contre moi, je sentais chaque spasme de douleur qui la traversait et qu'elle s'essayait à me cacher.

—Tu ne devrais pas rester là, Azura.

Ses mèches d'argent chatouillèrent mon visage quand le sien s'enfonça à l'opposé du mien dans les quelques oreillers.

—Corrin...

—Je n'ai pas envie de te refaire du mal.

Quelque secondes planèrent, restèrent en suspens, mais je refusai de bouger. Au contraire, mes bras enlacèrent encore plus la jeune fille pour lui montrer que rien ne me ferait changer d'avis.

—Azura !

—N'insiste pas, Corrin. Te voir ainsi et être loin de toi me peine davantage que tout ce qui pourrait arriver.

Elle vivait un réel enfer, des crises pendant lesquelles chaque minute, chaque seconde, était une souffrance. Une souffrance tel qu'elle finissait parfois par sombrer dans l'inconscient, par perdre la tête, par s'agiter violemment au point qu'une nuit elle s'en prit même à moi. Rien qu'elle ne réalisa sur le moment bien sûr mais depuis que ses yeux s'étaient ouverts sur ses mains cerclant mon cou, elle rejetait ma présence à ses côtés dans ces moments là.

—Je ne te laisserai pas seule une seconde de plus, soufflai-je sur sa nuque brûlante quand approchèrent mes lèvres.

—Azura...

Ce baiser lui arracha brutalement mon prénom dans un soupir bien différent de tous les autres. Son corps se mut comme si une part d'elle tentait de me fuir mais qu'une autre avait besoin de ce contact si bien que la dualité de ces deux sentiments s'entendait à sa respiration. Je me plaquai alors un peu plus, appuyai mes seins contre son dos nu dans lequel mes lèvres murmuraient à peine, avant d'embrasser plus certainement les petites écailles d'argent qui commençaient à fleurir sur sa peau comme d'adorables bourgeons annonçant le printemps. Ma langue l'effleurait par moment, dardait plus franchement à d'autres sur le son des draps qui se froissait sous ses doigts. Alors que je voulais seulement lui signifier mes intentions de rester auprès d'elle, n'arrivais désormais plus à m'arrêter.

Nul doute que l'hiver ne marquait plus ma peau et chaque baiser que déposaient mes lèvres m'embrasait un peu plus. Finalement, la température de mon corps avoisina rapidement celle de celui de Corrin et s'il ne s'était tordu sous mes quelques assauts, j'aurais certainement pensé aggraver son cas.

—Tu sais, nous aurions pu aller quelque part où tu n'aurais pas eu besoin de te retenir, lui rappelai-je devant l'humidité serpentant sur son épiderme gravé d'argent.

—T- Tu as peur que les murs ne s'effondrent ?

—Les murs, le sol, le plafond...

Un rictus d'amusement étira mes lèvres, je me retins de préciser le lit également, mais poursuivis tout de même :

—Mais non, il ne s'agit en rien de cela. Je souhaite seulement... hésitai-je un moment, ne plus te voir souffrir...

—Me changer en dragon, ici ou ailleurs... articula difficilement la jeune femme, serait bien trop dangereux.

—Pas si je suis là pour t'aider, Corrin.

—Tu es déjà là, Azura.

La dragonne roula sur le côté et me plaça face à l'apanage de sa beauté : ses yeux carmin dans lesquels brûlaient mille étincelles et dix-mille feux. Malgré sa frénésie, mon cœur manqua un battement.

—Ici et maintenant... souffla-t-elle chaudement en approchant ses lèvres.

—Pour toujours... et à jamais, conclus-je en y scellant les miennes.

Corrin passa ses jambes et ses bras de part et d'autre des miens sans me quitter une seconde. Nos langues se joignirent très rapidement, toujours plus avides, et un pléthore de sensations débridées me parcouru au même moment pour ne jamais se dissiper.

Je laissai ma compagne m'embrasser et en profitais pleinement, accueillant ses baisers qui quittaient mes lèvres pour découvrir les contours de ma mâchoire, mon cou, mon épaule où elle les appuyait maintenant. Ses canines saillantes dardaient sur ma peau, douloureuses mais aussi excitantes et les frissons qui dansèrent et m'électrifièrent me donnèrent la force nécessaire afin que, dans un élan, je la retourne pour me placer au dessus d'elle.

—A- Azura ?

Je posai un regard appuyé, curieux mais amusé, sur ma partenaire qui sembla oublier la transformation qu'elle refrénait inconsciemment. Ce n'était cependant pas mon cas puisque je me penchai pour effleurer les petites formes géométriques argentées naissante sur ses seins du bout des lèvres et de ma langue. Les écailles de Corrin étaient si douces, si belles, et j'aimais cette part d'elle autant que tout ce qui la définissait. Tout ce qui faisait d'elle, ce qu'elle était. Qui elle était.

J'aimais son regard, doux et brûlant, à la fois rassurant. J'aimais ses cheveux semblables à l'argent ébouriffés au réveil - moins que les miens ceci-dit - qui lui donnaient l'allure d'un ours contrarié. J'aimais sa curiosité, sa gentillesse, sa bonté d'âme et sa façon de s'excuser dés qu'elle pensait avoir dit ou fait quelque chose de mal - elle ne le faisait jamais - comme si cela devenait sa priorité. J'aimais les talents qu'elle possédait, lorsque les notes noires et blanches, dièses et bémols, s'élevaient des touches d'un clavier, lorsque je l'accompagnais. J'aimais également ceux qu'elle ne possédait pas comme lorsqu'elle brûlait tout ce qu'elle cuisinait même les choses simples et saccageait la pièce dans le seul but de me faire plaisir. Dans ces moments, comme à l'instant, Corrin et moi ne formions alors qu'une.

Mais... J'appréciais également le velours de sa peau sur laquelle mes doigts, très lentement, descendaient. Ses seins que je trouvais parfaits, magnifiquement décorés, qui se présentaient devant moi et sur lesquels mes lèvres se refermaient. Je m'enivrais de son odeur que son corps et ses cheveux dégageaient, cette fragrance qui me possédait, tel un souvenir d'elle qui restait des heures durant, même lorsqu'elle partait, qui la nuit me hantait. Tout chez Corrin me transcendait, m'hypnotisait, et il n'y avait rien que je ne désirais pas, qu'elle soit humaine ou bien dragonne, qu'elle possède des écailles, des crocs, ou bien qu'elle n'en ait point.

—Azura... se lamenta ma compagne quand j'insistai sur la parties rosées de ses seins.

Ma langue traça sillon de lave sur sa peau déjà incandescente. Je m'arrêtai quelques secondes dans le creux formé par son épaule et son cou pour m'imprégner un peu plus, avant de glisser jusqu'à la base de son oreille devant laquelle je me stoppai. Un geste resté en suspension dans l'air, comme décroché du temps, articulé autour de ma respiration brûlante.

—Corrin... je lâchai en un très lourd soupire de braises.

Les doigts de ma partenaire remontèrent dans mon dos, griffèrent ma peau pour se refermer derrière ma nuque et se nouer dans mes longs cheveux bleus. A l'inverse, ma main descendit, sur ses seins, son ventre, ses hanches avant d'apprécier l'arrondi de ses fesses puis de ses cuisses qui se contractèrent lorsque je glissai vers l'intérieur de celles-ci. Sa respiration me rendait folle et les gémissements qu'elle m'offrit quand mes doigts la découvrirent tendrement ainsi que la sensation de ses canines s'enfonçant dans mon épaule eurent raison de moi. Elle resta ainsi appuyée contre moi un instant, un instant aussi court qu'il me paraissait long. Un instant à la fois douloureux mais tout aussi fascinant tant les picotements qui se diffusaient à travers mon être me faisaient aussi perdre la tête. Si mon cœur s'emballa, mon amour pour elle s'embrasa.

Elle recula, à peine, me regarda, elle était mienne, avant d'attirer une nouvelle fois mes lèvres. Mon cœur battait à tout rompre, j'aimais la toucher, la caresser, mais la quintessence du plaisir était de la savoir serrée dans mes bras, et cet amour, débordant, dévorant, réciproquement partagé. La savoir là pour moi et être là pour elle...

...pour toujours et à jamais.