Disclaimer : les personnages de cette histoire sont TOUS à JK Rowling.
Couple : je place un HP/DM mais très léger, plus sous-entendu et qui se développera seulement à la fin
Petit post it : Bien le bonjour ami(e)s lecteurs-trices ! Il y a eu par chez moi une tempête de followers et des favorites aigus qui m'ont tout autant éberluée, enthousiasmée, et fiertisée (si, si, ce mot existe) parce que j'ai quand même le meilleur lectorat du monde et que vous êtes tous tellement géniaux ! En vrai, je vous remercie énormément pour tous ces ajouts qui me touchent beaucoup.
Pour vous remercier, voici une petite bafouille en trois parties (déjà écrites) que j'ai en tête de puis très longtemps. Sur le site encyclopédie univers HP, j'étais tombée sur cet article parlant d'une course annuelle de balai en Suède de Kopparberg à Arjeplog. Ni une ni deux... voici l'histoire.
PARTIE 1 : UNE VIE DE FAMILLE.
Comme à chaque lendemain de match, il prit son temps sous la douche. Certains de ses muscles étaient endoloris et l'eau chaude lui faisait du bien. Il remarqua que les attaches de ses protèges tibias avaient laissé des bleus autour de ses mollets. C'est vrai qu'il s'était particulièrement crispé sur son balai tout au long du jeu pour ne pas glisser à cause de la pluie. Il ne quitta la salle de bain que quand une petite main frappa à la porte.
- Parrain, c'est quand que tu sors ?, rouspétait un jeune garçon aux cheveux bleus flamboyants et qui retenait d'une main son pantalon de pyjama dont l'élastique détendu ne remplissait plus sa fonction première.
- Fini !, répondit vivement Harry Potter en apparaissant habillé, cheveux secs mais pas rasé.
Après de gros matchs comme celui de la veille, le coach laissait toujours trois jours de suite à l'équipe pour se remettre, avant de reprendre les entraînements. C'était son week-end à lui et il ne se rasait jamais le week-end.
- Tu sais Teddy, lança-t-il en entraînant le jeune homme à sa suite vers la salle à manger, je sais que tu adores ce pyjama, mais il va quand même bien falloir un jour que tu acceptes de le changer.
- Non. Mamie Andromeda dit qu'elle peut réparer l'élastique. Encore.
- La première réparation n'a pas duré longtemps, fit observer Harry d'un air pragmatique.
Il sortit deux gros bols d'un placard qu'il plaça sur la longue table en bois qui occupait pratiquement toute la pièce. C'était l'un de ces meubles anciens dont il n'avait pu se séparer en vidant Grimmaurd pour s'installer dans son chez lui bien à lui, route de Loutry-Sainte-Chaspoule, un peu à l'écart du village du même nom. Cette table lui permettait d'accueillir sa famille d'adoption au grand complet quand il le souhaitait. La pièce principale de la maison, qui occupait pratiquement tout le rez-de-chaussée, était à la fois une cuisine, une salle à manger, un salon et une entrée. Sans vraiment de grande logique, des commodes et des buffets longeaient tous les murs, donnant de quoi ranger tout un tas d'objets utiles mais mélangés. Les assiettes étaient dans un tiroir vers la porte d'entrée de la maison les verres et les tasses dans un placard à côté de l'énorme cheminée les couverts gisaient pêle-mêle au fond d'un tiroir qui fermait mal vers l'évier en pierre, qui matérialisait la cuisine, avec son poil à granules juste à côté.
Quelques tableaux et photos occupaient l'espace vide des murs entre chaque meuble. Une énorme peinture représentant le château de Poudlard était fixée au-dessus de la cheminée. En y regardant de plus prêt, on pouvait voir bouger, à travers les vitres, les petites flammes des bougies éclairant le plafond de la Grande Salle. Quelques chouettes voletaient autour de la tour de la volière. Ce tableau était une commande que Potter avait payé avec sa première paye. Poudlard avait été sa première vraie maison dans laquelle il s'était toujours senti bien. C'est tout naturellement que le château trouvait sa place ici.
Car Harry aimait beaucoup sa maison. C'est là qu'il s'était installé lorsque sa carrière d'attrapeur professionnel avait commencé. C'est là qu'il avait élevé Teddy Lupin, comme son propre fils. Il était proche de ses amis dont la plupart avait choisi Loutry-Sainte-Chaspoule comme lieu d'habitation. Le village mi-moldu mi-sorcier se voyait d'ailleurs chaque année, au début de l'été, envahi d'anciens membres de l'Armée de Dumbledore qui se réunissaient dans le champ juste derrière la maison de Potter pour festoyer joyeusement et se retrouver à grands renforts de bons plats et de franches rigolades…
Tout en continuant de défendre son droit de conserver son vieux pyjama au profit d'un tout neuf, le jeune Teddy Lupin versa dans son bol une belle quantité de flocons d'avoine, puis des copeaux de potirons séchés pour finir par de la confiture de mélasse. Il mélangea le tout avec du lait et commença à manger. Sa mastication ne le dérangea pas pour poursuivre la conversation.
- Tu chais Parrain, chi tu me forches à cheter che pychama, je dormirai tout nu.
- On ne parle pas la bouche pleine, le réprimanda aussitôt Harry qui se préparait une mixture identique. Et puis tu as sept ans. Il paraît que c'est l'âge de raison. Si tu veux dormir tout nu, pas de souci. Je ferai même pareil tiens !
Le jeune homme fit aussitôt la grimace.
- Ah non pas toi.
- Et ben merci dis donc !
Le sorcier allait s'insurger davantage mais la cheminée s'alluma brusquement de flammes vertes, laissant passer d'abord deux grands pieds, puis deux longues jambes et enfin tout un corps entier couronné d'une épaisse chevelure rousse. Ronald Weasley se jeta un sort de nettoyage pour enlever toute la suie que son petit voyage avait déposé sur sa cape et s'avança vers eux, un grand sourire aux lèvres et deux journaux à la main.
- Oh non…, soupira le maître des lieux.
- Bien le bonjour frangin !, lança le nouveau venu sans tenir compte de sa remarque. Salut Ted !, ajouta-t-il en ébouriffant la touffe bleue du bambin.
- Tu veux un bol Tonton Ron ?
- Non, non, j'ai déjà mangé, merci.
Il s'installa à côté de Teddy et attrapa pourtant le bol de Potter dans lequel celui-ci venait juste de doser son lait.
- Mais puisque tout est prêt, je ne vais pas refuser un petit quelque chose, lança-t-il avant d'en avaler une grande cuillère, ce qui fit rire Teddy.
Quoique peut-être que l'expression outrée de Potter était la raison des éclats de rire du jeune garçon. Le brun lança négligemment un accio sur son bol pour récupérer son petit-déjeuner, non sans éclaboussures.
- Que nous vaut le plaisir ?, maugréa-t-il en commençant à manger.
- Le match d'hier bien sûr ! Tu as sauvé l'honneur !
Ron se lança dans la description des plus belles prouesses des deux équipes qui s'étaient affronté la veille : les Tornades de Tutshill pour qui Harry jouait, et les Pies de Montrose, descendue d'Écosse pour ce match amical.
- Y'a pas à dire frangin, les Pies restent quand même une superbe équipe, conclut Ron en secouant la tête. Même sous la pluie, ils ont réussi à…
- Dis, tu sais que j'étais sur place n'est-ce pas ?, le coupa Harry en reposant sa cuillère.
- Moi j'ai jamais le droit d'aller voir, râla Teddy.
- Si tu as le droit, le détrompa son parrain. Quand le match est à moins d'une heure de transport.
- Il a raison tu sais, approuva Ron en se tournant vers le jeune boudeur. T'emmener jusqu'en Écosse, c'était compliqué.
- Mouais, mais à la radio, c'est pas pareil.
Harry laissa Ron expliquer à Teddy que lui aussi il avait, durant de nombreuses années, dû suivre les matchs de son équipe préférée à la radio, avant de pouvoir, enfin, les voir jouer en direct. Il profita de leur échange pour attraper les journaux apportés par le rouquin. Il avait décidé de cesser tous ses abonnements très rapidement après la guerre, n'en pouvant plus de se voir cité et mis en avant avec plus ou moins de gentillesse dans différents articles traitant de tout et surtout de n'importe quoi. Il se tenait donc au courant par Hermione Granger, qui se faisait un plaisir de le maintenir à jour concernant les nouvelles politiques, et par Ron Weasley pour tout ce qui touchait au sport et aux rumeurs amusantes du monde sorcier.
Il était monnaie courante que Le Chicaneur n'aimait pas les Tornades de Tutshill et l'embauche de Potter en tant qu'attrapeur depuis près de cinq ans n'avait absolument pas changé la donne. Harry ne fut donc pas surpris de voir les commentaires sarcastiques du père de son amie Luna Lovegood, sur la défaite cuisante que son équipe avait subi la veille, malgré qu'il ait fini par attraper le Vif d'Or à quelques millimètres des doigts de son adversaire.
Quant à La Gazette du Sorcier, il retrouva avec plaisir la plume affûtée de leur chroniqueur spécial sport. Alan M., ainsi signait-il ses diatribes, avait la facilité de décrire un match en créant de l'enthousiasme chez son lectorat, tout en utilisant pourtant une verve détachée, neutre, presque désabusée. Comme si aucun match à ses yeux ne valait vraiment le coup de revenir dessus. Pourtant, il n'omettait aucun détail. Les rares sorciers ou sorcières qui rataient un match décisif savaient qu'ils pourraient toujours avoir l'impression d'y avoir assister rien qu'en lisant l'article de La Gazette le lendemain. Potter fronça tout de même les sourcils, agacé, lorsqu'il lut que sa capture du Vif d'Or mettant fin à ce match « qui n'en finissait pas d'humiliations pour les Tornades », n'était là que « l'apothéose du simple devoir accompli sous sa forme la plus plate ».
Il rejeta le journal sur la table en bois et se leva brusquement pour débarrasser son bol.
- T'inquiète, lança Ron qui avait aperçu son mouvement d'humeur. Prochain match, vous le gagnez !
- Ron, la semaine prochaine on joue contre les Canons, fit remarquer Harry.
Le rouquin grimaça aussitôt. Sa propre sœur, poursuiveuse chez les Harpies de Holyhead, et son frère d'adoption, attrapeur pour les Tornades de Tutshill, n'avaient pu influencer son allégeance : son cœur de sportif était toujours pour les Canons de Chudley.
- Tu veux toujours qu'on remporte notre prochain match ?, s'amusa le brun.
- Non, grommela Ron.
- Mais tu sais qu'on va gagner, n'est-ce pas ?
- Ouais.
Harry éclata de rire. L'article d'Alan M. était oublié, celui du Chicaneur aussi. Après tout, il n'avait rien à se reprocher : il avait attrapé le Vif, et même si les cent cinquante points n'avaient pas suffi à leur donner la victoire, il était assez content de lui. Il changea pourtant de sujet en questionnant son ami sur l'état de santé d'Hermione Granger, qui attaquait un huitième mois de grossesse épuisant. Elle refusait d'arrêter ses allers-retours au Ministère où elle occupait un poste de recherche sur la qualité de vie des créatures magiques.
- Elle n'écoute rien, elle n'en fait qu'à sa tête. Si ça continue, elle va accoucher sur son bureau et le bébé aura un grimoire ouvert à la page des elfes libres pour premier berceau, grogna Ron.
- Bah tu te doutais qu'elle serait comme ça, non ?, répondit Harry en souriant.
- Tu ne comprends pas, s'agaça Ron. Parce que j'ai choisi d'arrêter ma carrière d'Auror pour travailler dans un magasin de farces et attrapes, j'ai toujours l'impression d'être traité comme le rigolo de service ! Sauf que c'est mon bébé autant que le sien. Et c'est ma femme. J'ai des responsabilités autant qu'elle dans cette grossesse, même si c'est pas moi qui ai le ventre déformé. Quand je lui dis de se poser, elle rigole. Quand je la mets en garde contre une mauvaise chute ou trop de fatigue, elle rigole. Alors que j'ai raison, je le sais !
Teddy était remonté à sa chambre depuis plusieurs minutes. Harry l'entendait jouer à l'étage. Il songea que la paternité lui était tombée dessus sans prévenir, juste parce que Remus et Tonks l'avaient choisi pour parrain. Pourtant, il comprenait l'agacement de Ron.
- Est-ce que tu veux que je lui parle ?
Weasley haussa les épaules, comme pour signifier qu'il était prêt à tout.
- Ted va chez Andromeda cet après-midi et je dois aller à Londres pour des emplettes. Je ferai un saut au ministère. Elle y sera j'imagine.
- Sans aucun doute, soupira Ron. Soit en train d'écrire ou de lire, soit perchée sur son échelle à rallonge pour attraper un document.
Harry n'avait plus qu'à trouver un angle d'attaque qui pourrait convaincre sa meilleure amie d'écouter son mari… et de se reposer.
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Il n'aimait pas les soirées et les nuits où Teddy ne dormait pas à la maison. Lorsqu'il n'était qu'un bébé, ces nuits sans pleur, sans couche, sans insomnie lui étaient bénéfiques et il les appréciait alors pleinement, tout en plaignant Andromeda Tonks, grand-mère maternelle du jeune homme, qui subissait à sa place toutes ces joyeusetés. D'autant qu'il était alors encore très jeune pour s'occuper seul d'un petit être et l'aide d'Andromeda avait été plus que nécessaire. Mais depuis que Teddy était en âge de parler, d'échanger et surtout, de faire ses nuits complètes, Harry rechignait à le voir quitter le nid. Il savait que le lendemain matin, il prendrait seul son bol à la mixture étrange qu'ils avaient perfectionné ensemble et que leur projet de construction du Chemin de Traverse en carton pâte ne progresserait pas.
Il errait donc dans sa maison un peu trop vide à son goût. À l'étage, il avait rangé quelques jouets et peluches dans la chambre de Teddy. Il avait plié ses affaires dans sa propre chambre réorganisé les quelques produits de la salle de bain jeté des sorts de nettoyage par-ci par-là. Au rez-de-chaussée, il avait mis de la nourriture dans le bol de sa chouette Woodie qui, pour l'heure, était partie en chasse, profitant de la nuit tombante. Plus rien ne traînait dans l'évier, ni sur la grande table. À part les deux journaux rapportés le matin même par Ron. Il les attrapa et se laissa tomber dans son fauteuil face à la cheminée pour relire l'article de La Gazette du Sorcier en entier.
Un peu plus tard, alors qu'il commençait à s'assoupir sur le journal, Woodie frappa au carreau d'une fenêtre. Elle revenait avec un petit mulot dans le bec, ce qui fit grimacer Harry, et une lettre attachée à la patte. Elle était de Ginny.
« Harry, désolée pour le match. Je l'ai suivi à la radio, tu as très bien joué. Ça ira mieux la semaine prochaine, c'est certain ! À très bientôt chez les parents ou sur le terrain. Bisous. Ginny. »
Il esquissa un sourire et décida de monter se coucher. Il aimait être en concurrence avec quelqu'un comme Ginny sur le plan sportif. Elle était douée dans son équipe, très douée. Ils s'étaient déjà plusieurs fois retrouvés face à face et cela avait toujours été un vrai plaisir.
Leur relation avait été un peu floue après les affres de la guerre. Personne n'osait trop en parler, pas même eux. Et puis sans s'en rendre compte, Ron avait commencé à appeler Harry « frangin ». Le brun vivait alors au Terrier à temps plein avec lui et cela n'étonna personne. Il était évident pour Molly et Arthur que le jeune Potter était un peu leur septième enfant. Ce fut grâce à ce surnom que Ginny, comme Harry, parvinrent enfin à donner un nom à leur relation : ils étaient frangins, sans aucun doute.
Depuis, Ginny avait vu renaître sa passion pour Dean Thomas et conjuguait amoureusement son métier de joueuse professionnelle avec celui de femme mariée épanouie. En se glissant sous ses draps, Harry fit le compte de ses amis mariés ou en passe de l'être. Il était heureux de voir que tous avaient trouvé l'âme sœur, même si cela venait gonfler le nombre d'invités lors de leur annuel repas estival. Il leur était également reconnaissant, à tous, de ne pas l'embêter sur son éternel célibat, même s'il était parfaitement conscient que seule la présence de Teddy dans sa vie les en empêchait. Il finit par s'endormir, le sourire aux lèvres, en pensant de nouveau à son filleul qui valait largement, selon lui, toutes les conquêtes amoureuses qu'il aurait pu avoir en sept ans.
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Le Devon ne subissait pas souvent les affres d'une météo déplaisante au mois de septembre, mais il avait fallu que ce jour soit spécial. C'était donc sous une pluie battante que les Canons de Chudley tentait un miracle face aux Tornades de Tutshill. Le petit terrain régional qui accueillait la dispute ne disposait même pas d'abri pour le public. Les courageux supporters avaient donc tous leur baguette pointée vers le ciel pour se protéger d'un parapluie invisible. Assit en tribune aux côtés de Ron, Dean et Ginny, Teddy ne cessait de crier et d'applaudir, appréciant sa chance d'habiter dans le coin et de pouvoir, du même coup, assister à ce match à domicile.
Les deux équipes ne se valaient pas, tout le monde en était parfaitement conscient mais les supporters des Canons comme Ron n'en démordait pas.
- Regardez, regardez ! Ça y est, ils vont marquer, ils vont…
- Le souafle repasse côté Tornades grâce à une jolie pirouette de leur poursuiveuse vedette !, annonça le speaker, coupant net l'espoir du rouquin qui se rassit en soufflant.
Ginny applaudissait à sa place, le sourire aux lèvres. Dean en profita pour reprendre la conversation là où il l'avait laissée avec son beau-frère.
- Donc tu ferais quoi à ma place ? C'est pas mal comme proposition non ?
- Ben oui, la Gazette, c'est pas rien. Mais pourquoi ils veulent mettre des dessins à la place des photos pour illustrer les matchs ?, demanda Ronald tout en suivant le match.
- Ils ont eu des soucis juridiques, expliqua Dean en élevant la voix pour se faire entendre. Des joueurs se sont plains d'avoir été pris en photo à leur désavantage.
- C'est stupide, lâcha Ginny sans quitter le jeu des yeux. Ils nous prennent pendant le match, on n'est pas en train de faire un défilé ! On n'est forcément pas toujours à notre avantage !
- Ben comme quoi, ricana son frère, c'est même pas les filles les plus pompeuses !
- Mais sans rire, insista Dean. Ils ont dû reverser plusieurs gallions à certains joueurs pour atteinte à leur image publique !
- Et donc maintenant, ils veulent des dessins ?
- C'est ça.
Le grand black gonfla la poitrine de fierté.
- Et ils ont pensé à moi.
- Accepte, conseilla finalement Ron. Même si le principe ne durera peut-être pas, ça te fera toujours une bonne expérience dans le milieu.
- Oh, parrain est parti !, hurla soudain Terry en se redressant contre la barrière, faisant fi de la pluie qui se mit aussitôt à lui tomber dessus.
Harry Potter filait en effet comme une flèche à travers le terrain. L'attrapeur adverse sembla seulement s'en rendre compte et parti à sa suite sans y croire vraiment. Le brun bifurqua brusquement à la verticale, à la poursuite d'un Vif d'Or invisible depuis les tribunes. Il changea encore deux fois de direction avant de plonger vers le sol. Il s'allongea alors de tout son long sur son balai et exécuta sa figure signature, celle que depuis peu on commençait à appeler la Vrille de Potter. Il tournait sur lui-même tout en descendant en feinte de Wronski. Cela lui faisait prendre de la vitesse et il pu attraper le Vif bien avant d'arriver au sol.
- Les Tornades sont vainqueurs par cinq cent quarante-six points contre soixante-seize pour les Canons !, annonça le speaker.
- Oh misère, s'effondra Ron.
- Ouais ! Bravo !, s'extasiait Teddy.
Dean et Ginny se contentaient d'applaudir, tout sourire. Toujours tenant la petite balle dorée, Harry passa près d'eux pour taper dans la main que lui tendait fièrement son filleul. Ce n'était que le troisième match en direct du jeune homme mais il était évident qu'il était déjà fan de Quidditch.
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Les cris et les pleurs résonnaient dans toute la maison. Harry se retenait de lancer un sort de silence sur la chambre de Teddy tellement il était sur les nerfs de l'entendre ainsi. À la place il se plaça aux pieds des escaliers et hurla en direction de l'étage :
- Teddy Lupin ça suffit ! Je ne veux plus t'entendre ! Assume ta bêtise !
Les reniflements se firent à peine plus discrets, mais Potter s'en désintéressa complètement lorsque sa cheminée s'alluma de grandes flammes vertes, annonçant l'imminente arrivée de son meilleur ami.
- Salut frangin !, lança Ron en époussetant sa cape. Oh, qu'est-ce qu'il se passe?, demanda-t-il ensuite en avisant les couinements à l'étage.
- Ted a cru bon de jouer avec ma baguette alors qu'il sait très bien qu'il n'a pas le droit, s'agaça Harry. Il a explosé les fenêtres du salon et cramé mon tapis.
Si les fenêtres avaient pu être réparées facilement d'un simple reparo, le brun désignait ledit tapis, gisant au sol près de l'entrée, un large trou aux bordures noircies en son centre.
- Oh mince, murmura Ron. Dis donc, sacrément puissant le petiot.
- Évidemment, il est le fils de Lupin et Tonks ! Mais il est surtout désobéissant et ça m'énerve. Tu verras quand ton bébé aura l'âge de te piquer ta baguette dans ton dos !
- On va déjà lui laisser le temps de naître et on verra après. Au pire, je te l'enverrai en stage intensif, ricana Ron ce qui eut pour effet de détendre le brun quelque peu.
Ils s'installèrent autour d'une tisane, l'après-midi étant bien avancée. La veille, ils avaient fêté l'anniversaire d'Hermione comme il se devait, ou plutôt, comme ils avaient pu, la jeune femme ayant passé une partie de la soirée à pleurer. Depuis qu'elle avait débuté son congé, elle avait régulièrement des moments de tristesse et de remords durant lesquels elle se fustigeait d'être une mauvaise femme pour Ron et, bien entendu, une future mauvaise mère.
- Comment va Hermione ?
- Elle faisait une sieste quand je suis parti, répondit Ron. Ça va.
- Elle ne va se douter de rien ?, lança alors Harry en baissant d'un ton.
- Penses-tu ! On se voit toutes les semaines déjà, ce n'est pas ça qui va l'inquiéter. Tranquillise-toi : ton projet restera secret tant que tu le voudras.
Le brun lui répondit par un large sourire. Lorsqu'un projet prend forme, il passe toujours par l'étape quelque peu nébuleuse du rêve : on imagine, on se voit faire, sans trop y croire encore. Mais ce rêve devient idée. Puis l'idée devient parole. On évoque le sujet autour de soi et la réaction des autres le rend plus concret encore. Il y a toujours des freins, des craintes, mais l'enthousiasme prend le dessus et on passe à l'étape ultime de l'organisation.
C'est ainsi que Harry Potter, après l'avoir rêvée et évoquée avec Ron, s'apprêtait à valider son inscription à la nouvelle édition de la GCB : la Grande Course en Balai. Dans le froid, dans le vent, au-dessus d'une réserve de dragons, de Kopparberg à Arjeplog en Suède, il s'agissait de voler pour tenter de remporter l'une des courses les plus dangereuses du monde magique. Cela faisait une dizaine d'années que cette course n'avait plus été organisée : la montée en puissance de Voldemort en Angleterre avait longtemps fait craindre les grandes réunions de sorciers et sorcières partout en Europe. Mais même après la fin de son règne de terreur, personne ne semblait vouloir mettre sa vie en danger pour la simple beauté du sport.
Mais l'année 2005 avait été décisive : le 15 décembre, le départ de la GCB résonnerait de nouveau entre les montagnes enneigées de Suède. Trois mois à peine. Harry avait trois mois pour tout préparer et il n'avait mis que Ron au courant.
Ils ressortirent le dossier constitué au fur et à mesure de leur recherche et remplirent ensemble le bulletin d'inscription. Ce dernier faisait trente centimètres de rouleau : tout un tas de questions étaient posées sur les antécédents du candidat, sa santé, sa profession. Il y avait également un assez long paragraphe sur la présentation des risques qu'encouraient cette course et le rappel des noms des sorciers qui y avaient trouvé la mort par le passé.
- Ils font vraiment tout pour te décourager, souffla Ron.
- Normal, reconnut Harry.
- Tu mourras pas toi, hin ?
Ils s'amusèrent de la blague. Mais la liste des concurrents décédés leur laissait tout de même un petit goût d'amertume.
- On a raison de ne pas en parler à Mione, n'est-ce pas ?, s'assura une nouvelle fois Ron.
- Oui. Après la grossesse, on lui dira.
- Ou la veille de ton départ.
- Oui, voilà.
- Pareil pour les parents, ça ne sert à rien de les inquiéter tout de suite.
Potter hocha vivement la tête. C'était son projet à lui. Projet complètement fou mais qui lui occupait l'esprit depuis de longs mois déjà, depuis qu'il avait vu ce petit encadré au dos de la Gazette en début d'année, annonçant la reprise de la GCB. L'adrénaline qui lui manquait parfois au quotidien s'était infiltrée jusqu'au plus profond de son être et ne l'avait plus quitté depuis.
- C'est une course mythique, je veux tenter ma chance.
- Parrain ?, lança soudain une petite voix depuis l'escalier, les faisant sursauter tous deux.
Harry se leva prestement tandis que Ron refermait le dossier, mine de rien.
- Parrain, je suis désolé pour le tapis, murmura Teddy. Tiens, c'est pour le racheter.
Il déposa trois mornilles au creux de la main de Potter qui ne put s'empêcher de sourire.
- Garde ton argent de poche mon grand. Ce que je veux surtout c'est que tu comprennes que tu ne dois pas toucher aux baguettes pour l'instant. Tu as vu, c'est dangereux.
Teddy hocha la tête en reniflant.
- Aller, viens, Ron est de passage à la maison.
Le jeune homme courut saluer leur invité tandis que Potter se dirigeait discrètement vers Woodie avec le rouleau d'inscription qu'il lui attacha fermement à la patte.
- Ma belle, je te demande là un long voyage. Fais bien attention à toi jusqu'en Suède s'il te plaît. Et rapporte-moi une bonne nouvelle.
La chouette gonfla son pelage mordoré, fière de cette mission et s'envola dans la nuit naissante. Les dés étaient jetés. Le cœur de Potter s'accéléra légèrement tandis qu'un sourire naissait sur son visage déterminé.
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L'entraînement avait été éreintant. Toute l'équipe reprenait ses esprits et son souffle dans les vestiaires. Assis sur les bancs de bois, sans se soucier de l'odeur de sueur qui les entourait, ils écoutaient religieusement la voix grave du coach qui leur lisait le dernier article sportif d'Alan M., résumant le match de la veille : les Harpies de Holyhead contre les Chauves-Souris de Fichucastel, qui était leur prochain adversaire. Au milieu de ses collègues, Harry se massait l'avant bras là où un souafle avait atterri un peu plus tôt, tout en prêtant une oreille attentive. Il était désolé de la défaite de Ginny, mais il avait l'impression que les Chauves-Souris étaient de toute façon imbattables. C'était en tout cas le ton choisi par le reporter qui décrivait le match avec, pour une fois, moins d'impartialité que d'habitude. Il utilisait même quelques adjectifs élogieux, notamment pour décrire la parfaite Fourberie de Finbourgh que l'un des poursuiveurs avait exécuté « dans les règles de l'art, écartant la mise en danger de soi au profit d'un spectacle pétillant d'intérêt ». L'article était illustré de plusieurs magnifiques dessins signés Dean Thomas.
Lorsque le coach reposa le journal, il sut qu'il venait de démoraliser son équipe.
- On se reprend, grogna-t-il. Le match n'a lieu que dans quinze jours et nous sommes de toute façon déjà très bons. On va travailler quelques méthodes pour se donner toutes les chances. Dès demain, nouveau programme. Les Chauves-Souris retourneront dans leur caverne la queue entre les jambes. Allez, ajouta-t-il plus fort, gloire à Roderick !
L'ensemble de l'équipe répéta aussitôt ce cri de ralliement avant de ranger leurs affaires ou de se préparer pour la douche que certains prenaient sur place. Roderick Plumpton avait été le capitaine et l'attrapeur de l'équipe des Tornades durant de nombreuses et glorieuses années. En toute logique, il était pour l'équipe actuelle, l'exemple à suivre pour redonner ses lettres de noblesses à Tutshill.
Son sac sur le dos, Harry salua chacun de ses collègues d'un coup de poing sur l'épaule, ainsi qu'ils le faisaient tous, et quitta la bâtisse. De l'extérieur, elle ressemblait à une vieille cabane en pierres au milieu d'un champ à l'abandon. Illusion moldue, bien entendu. Il monta sur son balai et s'éleva légèrement. Il lui fallait une bonne demie-heure pour rejoindre son domicile, dix minutes de plus pour se doucher et il pourrait récupérer Teddy chez Molly à l'heure. Le jeune homme était gardé à tour de rôle par sa Grand-Mère Andromeda et par la mère d'adoption de Potter. Le choix dépendait pour beaucoup de la matière qu'il avait a travaillé, puisqu'il suivait des cours par correspondance. Et si Molly gérait parfaitement bien l'écriture et la lecture, elle confiait bien volontiers les mathématiques et la géographie à Andromeda.
Harry se présenta dans la cheminée des Weasley à dix-huit heures précises et n'eut pas même le temps d'ôter la poussière de sa cape que Teddy lui sautait dans les bras. Le retour à la maison et la soirée furent, comme souvent, ponctués de nombreux moments de complicité entre les deux sorciers. Au petit matin pourtant, l'ambiance changea radicalement.
Ils prenaient tous deux leur petit-déjeuner en baillant. Ils étaient prêts : l'un pour rejoindre Andromeda, l'autre pour survoler le canal de Bristol afin de rejoindre sa zone d'entraînement. Mais Ron se matérialisa brusquement au beau milieu du salon avec le son léger d'une bulle qui éclate. Teddy et Harry hurlèrent un bon coup avant de réaliser que ce n'était que lui.
- On est mal, lança tout de go le rouquin en tendant Le Chicaneur à son ami.
Sourcils froncés, Potter parcourut l'article qui faisait la une. « La course de l'horreur : un complot contre notre héros ». Xenophilius Lovegood annonçait tout simplement la liste des futurs participants à la Grande Course en Balai qui avait été dévoilée dans la nuit par les autorités suédoises. Selon lui, la présence du nom de Potter dans cette liste était due à un vil complot visant à forcer le jeune héros à participer à cette course meurtrière. Il faisait même le parallèle avec la Coupe des Trois Sorciers qui a l'époque déjà, avait mis en danger la vie du Sauveur.
- Oh non…, gémit Harry.
- Hermione ne l'a pas encore lu, lui assura Ron. Mais tu la connais. Elle lit tout ce qui sort.
- Comment avons-nous pu oublier ce détail !, s'agaça le brun. C'était évident qu'ils allaient donner la liste ! Cette course va faire les choux gras de la presse jusqu'au jour du départ !
- Oh si tu meurs ça durera bien plus longtemps que ça, fit remarquer Weasley.
- Parrain, qu'est-ce qui se passe ?, s'inquiéta brusquement Teddy en entendant l'idée saugrenue de la mort de son tuteur.
Les deux adultes se jetèrent un regard désabusé. Le secret était rompu. Mieux valait céder. Ils présentèrent alors le projet au jeune garçon à leur façon, mettant en avant l'aventure et le jeu plutôt que le danger et les risques. Au bout de dix minutes, ils avaient un supporter de plus.
- Et cette fois, je viendrai, même si c'est loin !, assura Teddy dont les cheveux étaient passés au rouge sous le coup de l'excitation.
- On verra, on verra, répondit évasivement Harry qui ne voulait certainement pas décider de cela tout de suite. Pour l'instant, direction la cheminée. Andromeda va t'attendre.
Lorsqu'ils furent seuls, et qu'ils eurent relus l'article, Potter et Weasley s'effondrèrent chacun sur un siège.
- Je vais être en retard à l'entraînement, soupira Harry. J'espère que l'équipe n'a pas vu l'article, ils vont pas arrêter de me charrier sinon.
- Frangin, souffla soudain Ron. Est-ce que tu accepterais de dire à Hermione que je n'étais pas au courant ?
Potter lui jeta un regard torve et secoua la tête.
- Désolé, mais j'ai besoin de toi sur le coup. Donc non. Allez, peut-être que ça ne sera pas si terrible !
Ils se quittèrent sur ces bonnes paroles qui s'avérèrent parfaitement utopiques au fur et à mesure de la journée. Harry reçut deux beuglantes en plein vol, au milieu de l'entraînement. Molly et Hermione s'étaient chacune montrées très inventives sur la manière dont elles qualifiaient l'inscription du brun à la GCB. Ses collègues le raillèrent en effet toute la journée, tandis que le coach s'était montré mécontent, craignant que tout cela ne détourne l'attention de son attrapeur. De plus, trois hiboux l'attendaient le soir lorsqu'il rentra chez lui : deux demandes d'interviews et une de Kingsley, s'inquiétant de la version des faits du Chicaneur.
Après avoir brûlé la demande de Rita Skeeter qu'il trouvait sacrément culottée, il envoya Woodie au ministre de la magie pour le rassurer. Il en était encore à réfléchir à la demande de la Gazette lorsqu'un patronus ayant l'apparence d'un petit chien fit son apparition au milieu du salon. « Le bébé arrive » furent les seules paroles qu'il prononça avant de disparaître en volutes. Harry resta un instant interdit, debout au milieu du salon, son courrier à la main, avant de sauter vers la cheminée. Il demanda à Andromeda de garder Teddy pour la nuit et transplana aussitôt au Terrier où il fut accueilli par un cri inhumain provenant de l'étage. Arthur vint aussitôt à lui.
- Tout va bien, Molly et Ron sont avec elle et le médicomage vient d'arriver.
Harry essaya de balbutier quelque chose mais Hermione hurla de nouveau et des larmes lui montèrent aux yeux. Il commença, à l'image du futur grand-père, par faire les cents pas autour de la cuisine, chassant les images de tortures qu'il revoyait bien malgré lui en entendant sa meilleure amie crier ainsi. Il se força à penser que c'était la vie qui venait, et non la mort. Une petite vie. Tout allait bien. Forcément. Et bientôt, un autre cri se fit entendre. Plus léger mais plus long.
Arthur et Harry se regardèrent en souriant. Ils se serraient encore dans leur bras lorsque Molly descendit l'escalier pour les rejoindre. Elle avait le sourire fatigué mais heureux.
- C'est une petite fille, lâcha-t-elle avant de s'effondrer en larmes de joie dans les bras de son mari.
- Oh c'est formidable !, s'exclama Arthur. Ils ont fait une fille du premier coup !
Harry les laissa et s'autorisa à monter, le cœur battant. Au bout du couloir, le médicomage refermait la porte. Il le rassura d'un grand sourire et le laissa passer. Le brun frappa discrètement : plus un bruit ne provenait de la chambre à présent. Ce fut Ron qui lui ouvrit, les yeux papillonnant étrangement et un sourire gravé au milieu de ses tâches de rousseur. Il le serra aussitôt contre lui avant de l'attirer vers le lit. Les mots étaient de trop. C'est en silence qu'Harry attrapa la main d'Hermione pour s'assurer qu'elle allait bien. Toujours en silence que celle-ci, après l'avoir rassuré d'un petit sourire, écarta les draps, dévoilant le petit corps enveloppé de linges blancs d'une toute petite fille tétant déjà avec appétit le sein de sa mère.
Harry écarquilla les yeux. Jamais il n'avait vu autant de fragilité et pourtant, il se sentit incroyablement fort lorsque le bébé posa sur lui de grands yeux marrons.
- On te présente Rose, murmura Ron dont la voix tremblait légèrement. Rose Weasley.
- Elle… est magnifique. Si petite…
Les remontrances au sujet de son inscription à la course de balai la plus dangereuse du monde sorcier attendraient. Seule comptait cette nouvelle petite vie qui s'endormait tout doucement.
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Tout était très codifié. Si en lisant le règlement de la course Harry s'en était douté, jamais il n'aurait pensé que cela puisse prendre une telle ampleur. Les participants sélectionnés étaient au nombre de quinze, répartis un peu partout dans le monde magique. Quelques noms avaient créé la surprise en Angleterre : le sien, bien entendu, mais également celui de Viktor Krum, dont la participation au Tournoi des Trois Sorciers n'avait pas été oublié. La majorité des concurrents étaient des membres d'équipes internationales de Quidditch. Mais certains noms ne disaient absolument rien à Harry, comme Otto Obermeier qui représentait le Liechtenstein.
L'attrapeur des Tornades de Tutshill aurait aimé ne pas être le seul anglais de la liste, car voilà un mois qu'il se faisait interpellé partout où il allait. Il se serait senti moins seul face à cette salle pleine de journalistes, et ce malgré la présence d'un représentant suédois de la GCB qui venait de lui expliquer que chaque concurrent n'avait droit qu'à une seule interview pour ne pas créer de favoritisme journalistique et éviter ainsi d'en décourager certains avant même que la course n'ait commencé.
Bon gré mal gré, Harry Potter accepta de répondre aux questions qui, il s'en doutait, cherchaient pour la plupart à connaître ses motivations, revenant allègrement sur son passé de héros.
- Le rôle d'attrapeur ne vous satisfait plus Monsieur Potter ?
- Vous mettre en danger vous manque ?
- Diriez-vous que vous ne pouvez être heureux qu'en risquant votre vie ?
- Avez-vous pensé à tous ces sorciers et sorcières qui comptent sur vous pour écarter le danger de nos vies ?
- Quelles sont vos dernières volontés en cas de décès à la course Monsieur Potter ?
- Comment vos proches ont-ils pris la nouvelle ?
- Vous êtes responsable d'un orphelin de guerre. Que lui arrivera-t-il si vous ne revenez jamais de Suède ?
Sourcils froncés mais calme, Harry répondait à chaque question avec le moins de mots possibles. Il ne voyait plus très bien les têtes des différents journalistes à force de subir les flashs de leurs énormes appareils photos. Soudain, une question sortit du lot, tant par son intérêt que par la voix qui la prononça.
- Pensez-vous qu'avoir combattu un Magyar à pointes il y a onze ans vous aidera à survoler la réserve naturelles de dragons sauvages de Suède ?
Potter se redressa sur sa chaise, fouillant la foule devant lui, malgré les flashs et la fumée.
- Pas vraiment, reconnut-il, un seul dragon n'est rien contre une horde entière.
- Avez-vous déjà acquis l'équipement nécessaire pour faire face au froid durant la course ?
Cette voix, il connaissait cette voix…
- Je suis effectivement en train de constituer mon bagage, avec l'aide des encadrants du jeu. Nous avons tous droit à un certain nombre d'articles mais nos affaires ne doivent pas dépasser le poids autorisé.
Il plissa les yeux lorsqu'un nouveau flash l'éblouit, l'empêchant de voir qui parlait.
- Que craignez-vous le plus lors de cette course ? Vos concurrents, le froid ou les dragons ?
- J'ose espérer qu'il y aura une entente cordiale parmi les inscrits. Et entre le froid et les dragons, je crois que le froid peut s'avérer plus vicieux.
- Merci, ça sera tout.
Un autre journaliste prit aussitôt la suite, revenant sur la naissance de Rose Weasley, premier bébé du trio doré. L'interview se poursuivit encore quelques minutes avant d'être interrompue par le sorcier suédois qui conclut dans un anglais tailladé par l'accent du nord.
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Les semaines semblaient passer à la même vitesse à laquelle le Vif d'Or lui échappait parfois. Autour de lui, ses amis et sa famille avaient cessé les reproches et chacun y allait à présent de son conseil, de ses recommandations. Il n'était pas rare que la conversation tournant autour de la GCB se termine par des larmes. Hermione notamment vivait très mal d'avoir été mise de côté par son mari et son meilleur ami, même si elle comprenait qu'ils n'avaient voulu que la protéger de trop de stress. Preuve en était son accouchement : tout le monde s'entendait à dire que c'était la nouvelle apprise par Le Chicaneur qui avait déclenché la naissance de Rose.
Harry se rattrapait en lui demandant mille et un conseils et prenait religieusement note de tout ce qu'elle trouvait sur les dragons de Suède ou sur certains sortilèges contre le froid. Charlie avait envoyé depuis son poste en Roumanie une liste détaillée des points faibles des spécimens que Potter aurait probablement la joie de croiser.
À côté de la porte d'entrée, des sacs s'entassaient, chaque jour complété par un nouvel article. Un soir, juste avant d'aller se coucher, Harry eut un sourire attendri en voyant sur le dessus de cette pile le petit loup en peluche de Teddy que le jeune homme avait probablement rajouté discrètement dans la soirée. Il la tint un instant entre ses doigts. Il n'aurait pas le droit à l'erreur, et il le savait. Au moindre doute, au moindre danger, il savait qu'il ne prendrait pas de risques inconsidérés. Il reposa le loup sur le gros sac. Voilà un objet qui lui sera indispensable.
En quelques semaines, la Gazette du Sorcier avait publié un article sur chaque participant à la Grande Course de Balais. Toujours signés par cet Alan M., Harry avait trouvé l'encart le concernant plutôt léger et même un brin sarcastique. Mais il se sentait peu concerné par la façon dont les journalistes voyaient son entreprise.
Comme pour les quatorze autres concurrents, autour de lui se créait une brigade qui allait l'accompagner jusqu'en Suède. Certains étaient désignés d'office par le comité organisationnel, comme cet étudiant en médicologie suédois qui ne parlait pas un mot d'anglais et avec qui l'entrevue avait beaucoup amusé Ron.
- Super, avait grommelé Harry. Si je me fais déchiqueté par un dragon, il comprendra même pas où j'ai mal.
- Si, si, avait ricané Weasley. Le mot bobo est universel !
Ronald faisait partie du comité, en tant qu'invité personnel, ainsi que Charlie en tant que conseillé. Après avoir longtemps hésité, Harry avait choisi Ginny comme coach de vol. Ainsi il se sentait en famille, entouré des meilleurs. Si sa candidature avait pas mal remué l'Angleterre et les pays environnants qui avaient bien connu son rôle dans la deuxième guerre des sorciers, il ne faisait pas forcément beaucoup parler de lui ailleurs. Aux États-Unis, ils étaient deux sorciers à participer, et la GCB ne s'étalait pourtant pas en première ligne des journaux. En revanche, le jeune Obermeier du Liechtenstein créait une vague d'enthousiasme dans son pays et alentour. Inconnu jusqu'alors, son courage et sa ténacité faisait déjà de lui un héros avant même le lancement de la course. D'après Charlie, c'était le concurrent direct de Potter.
- Vous avez le même âge, même éducation mi-moldue mi-sorcière, un fana de Quidditch qui a juste préféré se politiser plutôt qu'être sur le terrain, avait-il résumé après avoir lu son profil dans la Gazette du Sorcier. Vous allez rire mais Alan M. le décrit même comme étant plutôt beau gosse.
- Ah t'as aucune chance Potter !, s'était alors moquée Ginny.
Désormais, sa vie tournait et progressait au rythme de l'organisation de la Grande Course de Balais, tout en continuant les matchs pour la Ligue dans laquelle les Tornades de Tutshill se maintenaient en bonne position, sans être premiers non plus.
Le seul hic restait le jeune Teddy, inconsolable de ne pouvoir accompagner son parrain.
- Je ne serai parti que six jours mon grand et il fait vraiment trop froid là-bas.
- Ici aussi il fait froid. Il a même neigé hier !
- C'est encore plus froid. Là-bas il neige depuis deux mois.
Le jeune sorcier boudait un peu mais semblait comprendre. Ce que son parrain s'apprêtait à faire, à essayer du moins, paraissait dangereux. Ça n'était pas la place pour un garçon de sept ans.
Ce fut la veille du départ que Potter apprit que la Gazette du Sorcier dépêchait un de leur reporter pour suivre l'évènement. Il ne fut pas surpris d'apprendre qu'ils plaçaient leur meilleur élément, le fameux Alan M. lui-même.
C'était Dean Thomas qui avait eu l'information en avant première du fait qu'il illustrait désormais les articles sportifs. Et il l'avait annoncé à Harry avec un sourire goguenard lors de la soirée de départ organisée chez les Weasley.
- C'est chouette non ?, insistait-il. Il va transplaner de ravitaillement en ravitaillement pour suivre ta progression.
- Bah lui ou un autre, répondit Harry en haussant les épaules.
- Non, Alan c'est le meilleur, assura Dean. Même si ça m'arrache la bouche de l'avouer.
- Pourquoi ?, s'étonna aussitôt Ron. Il est pas sympa ?
- Vous saviez qu'Alan M. était un pseudonyme ?, s'amusait le grand black.
- Dean, je ne suis pas certaine que tu aies le droit d'en dire plus, le prévint sa femme.
- Je ne dirai rien Ginny, promis. Même toi tu ne sais pas.
- Évidemment que c'est un pseudo, lança Hermione. Personne ne signe avec son vrai nom dans la Gazette. À part Skeeter.
Certains reporters étaient connus et appréciés sous un pseudonyme et ne dévoilaient en effet jamais leur vrai nom. Pour d'autres, le public connaissait leur véritable identité, mais ils continuaient de signer avec leur surnom d'auteur. Alan M. pouvait être n'importe qui.
- On le connaît ?, demanda curieux Ron.
- Bah vous verrez bien demain sur la ligne de départ, annonça Dean.
- J'aime bien comment il écrit, avoua le rouquin. Il n'oublie jamais rien des matchs.
- C'est juste, reconnut Harry. Et après tout, je préfère que la Gazette l'envoie lui plutôt que Skeeter. Au moins, il fera des articles sur le sport, par sur ma vie.
La soirée s'était prolongée jusqu'au petit jour. L'équipe de Potter avait rendez-vous au ministère, quartier des jeux et sports magiques, où la délégation devait se réunir pour partir en même temps par Portoloin. Rien ne mettait plus mal à l'aise Harry qui ne supportait pas ce genre de transport. Mais pour couvrir la distance entre Londres et Kopparberg, c'était l'idéal.
Les trois Weasley entrèrent à sa suite dans le bureau préparé pour l'occasion et où se trouvait déjà quelques personnes du comité de la GCB qui devaient contrôler son équipement avant le départ, son médicomage attitré et…
- Malfoy ?!
- Enchanté Potter, lança le blond reconnaissable entre mille avec l'un de ses sourires moqueurs. Alan, reporter pour la Gazette. Mais tu peux m'appeler Malfoy en effet.
La course venait de prendre un virage encore plus dangereux que ce à quoi Harry s'était attendu…
à suivre...
Voilà les amis pour la première partie ! Rendez-vous dans quelques jours pour la suite. :D J'espère que vos âmes de sportifs ont été satisfaites par ce début. Belle journée à vous !
Lusaka.
