Goblin Slayer : Dette sanglante


Note de l'auteur : J'ai beaucoup apprécié la saison 1 de l'anime Goblin Slayer et j'ai dévoré le spin off Goblin Slayer : Year One sur les débuts du Crève-gobelins en tant qu'aventurier. Constatant qu'il y avait très peu de fanfictions en français sur cet univers, j'ai voulu me prêter à l'exercice. Cette histoire se passe pendant les événements de Year One, c'est-à-dire entre 4 et 5 ans avant le début de Goblin Slayer. Si ce one shot rencontre son public, j'envisage d'écrire une autre fanfiction qui se déroulerait quelques années plus tard, à l'époque de Goblin Slayer.

Rating : T.

Résumé : One Shot. Un village à la frontière, des gobelins, une requête à la faible récompense déposée tardivement à la guilde des aventuriers. Une histoire assez banale en somme et dont le dénouement est triste la plupart du temps. Deux enfants assistent à ce massacre ordinaire quand surgit un homme, effrayant mais salvateur, surnommé le Crève-gobelins.

Disclaimer : Goblin Slayer et ses personnages ne m'appartiennent pas et sont la propriété de Kumo Kagyu et des éditions Square Enix au Japon et Kurokawa en France.

Hormis les copyrights ci-dessus, cette histoire m'appartient dans sa totalité en vertu de la législation sur la propriété intellectuelle et de celle sur les droits d'auteur. Interdiction formelle de reproduire, d'utiliser et/ou de diffuser cette histoire sans l'autorisation expresse de son auteur.


Tome 0 : Un massacre ordinaire

Des cris d'effroi, des hurlements de souffrance, des pleurs d'enfants d'un côté et de l'autre, des cris de joie si aigus et gutturaux qu'ils ne pouvaient pas appartenir à des humains. Voilà tout ce que le garçon entendait autour de lui mais il ne voulait pas se retourner, non, il ne pouvait pas se retourner.

L'image de son père poignardé dans le dos était brûlée sur sa rétine. Il le revoyait tomber par terre, abasourdi, avant d'être battu à mort par une demi-douzaine de ces petites créatures mauvaises et sournoises qu'on appelait des gobelins. On les disait peu dangereux individuellement, surtout en comparaison de monstres effroyables comme les ogres, les vampires ou encore les démons. Pourtant, Alaric avait peur en cet instant, il était complètement terrorisé.

Malgré sa peur, le garçon de onze ans courait à perdre haleine, comme sa mère le lui avait ordonné. Il tenait fermement sa petite sœur par la main et l'entraînait avec lui. Il entendait son souffle court juste derrière lui et sa petite voix qui lui demandait de ralentir mais il ne le pouvait pas. Tant qu'il entendait la voix d'Hilda, c'était qu'elle était en vie. Tant qu'ils couraient, ils avaient une petite chance de rester vivants.

Malheureusement, la déesse de la chance ne leur fût pas favorable. En courant sans regarder où il allait, Alaric s'était précipité vers un mur de pierre qui était trop haut pour qu'il puisse l'enjamber, encore moins avec Hilda. Il maudit sa propre stupidité en se retournant, plaçant instinctivement sa petite sœur derrière lui avant de ramasser une branche qui gisait au sol.

Il n'y avait rien à faire, ils étaient partout. Oh, pas tout près d'eux bien sûr, les gobelins semblaient vouloir prendre tout leur temps, surtout après avoir compris que les deux enfants étaient cernés. Peut-être tenaient-ils à ce qu'ils contemplent le spectacle désolant des hommes morts et mourants, ou bien celui des femmes qui auraient sans doute préféré la mort aux terribles sévices qu'elles étaient en train d'endurer.

Alaric cachait tant bien que mal la vue d'Hilda mais il était lui-même incapable de détourner les yeux de cette vision d'horreur. Les larmes coulaient sur ses joues tandis qu'il se remémorait le plaidoyer qu'avait fait son père encore trois jours auparavant auprès du chef du village pour qu'il aille demander l'aide des aventuriers. Le chef s'était exécuté mais seulement la veille et uniquement parce que deux jeunes filles avaient été enlevées par des gobelins. Si seulement le chef du village n'avait pas tant rechigné, peut-être que ses parents seraient encore vivants !

- Grand frère, est-ce qu'on va mourir ? Demanda une petite voix derrière lui.

- Mais non, Hilda, ça va aller, je vais te protéger… répondit-il d'un ton qu'il aurait voulu plus assuré.

Les mains du garçon tremblaient autour de son bâton mais il ferait de son mieux. Il avait peur mais il mourrait en protégeant sa sœur. Sa seule consolation résidait dans le fait qu'il reverrait ses parents et Hilda dans l'au-delà.

Et puis, quelque chose se produisit. Quelque chose d'effrayant et de merveilleux à la fois.

Il entendit de nouveaux cris au loin mais ils n'appartenaient pas à des voix humaines. Cette fois-ci, les gobelins étaient ceux qui hurlaient de colère et de douleur. Comment était-ce possible ? Des hommes du village auraient-ils survécu ?

Non, c'était une silhouette solitaire mais dans la pénombre, il avait du mal à la distinguer. Il portait une torche dans une main et une courte épée dans l'autre. Il n'avait pas de visage… ou plutôt son visage était caché sous un casque intégral. C'était un homme, ça devait en être un mais était-ce seulement possible ?

L'individu portait une armure en cuir bouilli avec un petit bouclier rond à son avant-bras gauche. Alaric le contempla tandis qu'il tuait des gobelins, d'abord avec son épée puis avec des armes qu'il ramassait : lance, hache, massue… tout était bon et chaque coup frappait juste, terrassant les petites créatures avec une assurance qui devait venir de l'expérience.

Alaric tomba à genoux, secoué par un rire nerveux qu'il avait du mal à retenir. Il amena Hilda devant lui et la serra fort, prenant toutefois garde à ne pas l'étouffer mais refusant qu'elle assiste à cet autre spectacle, aussi sanglant que miraculeux. Leur sauveur était couvert de sang des pieds jusqu'au sommet de son casque mais il n'en avait pas peur. Même s'il venait à être un autre genre de monstre, le tueur de gobelins avait vengé leurs parents, leurs voisins, leurs amis aussi…

Perdu dans ses pensées, le garçon ne s'était pas rendu compte que tout était devenu calme. Il se rendit compte que l'homme était en train d'achever ce qui devait être le dernier monstre encore en vie.

- Dix-huit, s'exclama-t-il d'une voix claire et intelligible, légèrement déformée par son masque.

L'homme s'avança alors vers eux avec sa torche et s'arrêta juste en face d'Alaric.

- Es-tu en état de parler ?

- Ou… oui, répondit le garçon d'une voix chevrotante. Qui êtes-vous ?

- On m'appelle le Crève-gobelins.

- Vous… vous êtes un aventurier ? Demanda le garçon en se remettant tant bien que mal debout.

Il devait s'agir d'une évidence mais en cet instant, Alaric réfléchissait au ralenti. Il n'avait même pas résisté quand Hilda avait fini par tourner la tête pour contempler leur sauveur.

- Oui, j'ai accepté la quête d'extermination de gobelins déposée par ce village. Elle a été demandée trop tard mais les gobelins risquaient de proliférer, expliqua le dénommé Crève-gobelins, visiblement davantage pour lui-même que pour eux.

- Y a-t-il d'autres survivants ? Demanda le garçon, qui n'osait pas aventurer son regard vers les silhouettes allongées sur le sol.

- Non, vous êtes les seuls.

Leur village était petit, ne comptant tout au plus qu'une vingtaine ou trentaine d'âmes mais Hilda et lui étaient les seuls survivants. Qu'allaient-ils bien pouvoir faire maintenant ? Ils avaient bien un oncle qui habitait dans la ville où se trouvait la guide des aventuriers mais accepterait-il deux bouches à nourrir ?

Une chose était sûre, il ne pourrait jamais oublier ce qu'il avait vu aujourd'hui. Il ne le souhaitait pas non plus. Alaric comprenait ce dont parlaient les rares vétérans de son village lorsqu'ils disaient que les monstres devaient être exterminés à tout prix. Les gobelins étaient peut-être sous-estimés par la plupart des gens mais jamais il ne les prendrait à la légère.

Sa première priorité serait de prendre soin de sa petite sœur mais lorsqu'elle serait en âge de s'occuper d'elle-même, il se fit la promesse qu'il rembourserait la dette qu'il devait à cet homme. Cela prendrait peut-être des années, le temps qu'il soit assez grand pour pouvoir lui être utile mais il l'aiderait à tuer ces créatures.

- Y a-t-il beaucoup de gobelins ? Demanda Alaric en suivant prudemment le Crève-gobelins, qui les éclairait avec sa torche.

- Oui, ils se reproduisent très vite. C'est pour ça qu'il est important de les chasser tous et de ne pas les laisser s'échapper. Ils ne sont pas très malins mais ils apprennent de leurs erreurs.

Alaric apprendrait aussi des erreurs de son village. Pendant tout le chemin jusqu'à la ville frontalière, il interrogea l'aventurier sur les gobelins, buvant littéralement ses paroles et notant dans un coin de son esprit chacune de ses réponses. Un jour, elles lui seraient bien utiles mais la leçon la plus importante se résumait peut-être à celle-ci : un bon gobelin est un gobelin mort.