18 mars 2020.
Voilà une semaine que mes ennemis m'ont retrouvé.
Un froid matin de mars. Avant l'aube. Repu et satisfait, je cheminai paisiblement à travers bois. C'est à ce moment que je les ai flairés. Une odeur d'adrénaline et d'excitation. La sueur coulait sur leur front. J'entendais leur souffle saccadé. Ils étaient sur le point de perdre haleine. Parfait. Un sourire aux lèvres, je « détalai comme un lapin », selon la formule de Jonathan Harker. L'expression me fit sourire. Très approprié pour un vampire... Arrivé à destination, j'ai verrouillé la lourde porte en chêne derrière moi. Pauvres petits mortels, si fragiles, ai-je pensé. Je me suis installé confortablement au salon pour récupérer quelques forces. L'imposant portrait qui trônait au dessus de la cheminée attira une fois de plus mon attention. La belle demoiselle qui l'avait peint m'avait représenté à mon avantage : regard ténébreux, barbe soigneusement taillée, costume de tweed impeccable. La jeunesse et la puissance.
Lorsque j'ai aperçu les premiers rayons du soleils, je me suis précipité au sous-sol. Il était grand temps de faire un petit somme.
Quelques heures plus tard, je me suis réveillé en sursaut, pris de nausée. Une odeur tout à fait désagréable flottait dans l'air. De l'ail. Les salauds ! Je me suis levé précipitamment, pestant de n'avoir pas été plus prudent la veille au soir.
Je me suis penché à la fenêtre du premier étage.
Ce que je redoutai se confirma. Hosties et crucifix formaient une rangée nette devant l'entrée du château. Fenêtre nord, fenêtre sud : alignement identique. Me voilà pris au piège.
Mon cerveau fonctionnait à toute vitesse. Je ne tiendrais pas deux jours enfermé de la sorte. Sans que je m'en sois rendu compte, mes pas m'avaient mené à la bibliothèque. Elle renferme des trésors, des ouvrages rarissimes et très anciens. Un bon moyen, je l'espère, pour me sortir de ce guêpier. J'ai déjà repéré quelques titres prometteurs : Le sang à travers les siècles L'Évasion pour les nuls. Au travail.
