Disclaimer : Kill Ben Lyk est l'oeuvre d'Erwan Marinopoulos.
Résumé : Même dans la mort, la priorité de Roberto restait Ben. [Kill Ben Lyk]
Note de l'auteur : Cet OS répond au défi d'écriture n°133 de la page Facebook « Bibliothèque de Fictions ». Les conditions étaient : votre personnage est mort, mais reste sur Terre sous forme d'un fantôme. Que va-t-il faire ?
Avertissements : SPOILERS FIN DE FILM
De l'autre côté
La première chose que Roberto voulut faire après avoir accepté sa mort fut de tester ses dons. Puis, après avoir refusé de monter au ciel, il avait décidé d'une chose : il fallait retrouver Ben. Il fallait l'avertir qu' O'Sullivan était encore à ses trousses, qu'il l'avait involontairement balancé, qu'il devait arrêter ses bêtises, se planquer vraiment, tout arrêter et faire profil bas, très bas. Sauf que, quand il le trouva sur cette plage sous les tropiques, il constata qu'il avait beau crier, Ben ne l'entendait pas. Et faire bouger des objets, écrire des choses, ne feraient que l'effrayer. Alors, il essaya de lui faire comprendre en allumant les postes de radio, les télévisions, pour qu'il entende les infos, les nouvelles de Londres, il affichait des pages internet. Cela semblait fonctionner : il avait cessé les vidéos, avait payé ses dettes et s'envola pour un petit village en Alsace, dans l'est de la France. Il y vivait la vie modeste d'un touriste jusqu'à un soir de printemps. Le cri de désespoir du londonien en fuite avait résonné dans la petite maison qu'il louait, un cri qui aurait glacé le sang du fantôme s'il en avait encore eu, un cri qui lui donnait malgré tout la chair de poule.
Ben venait d'apprendre son décès.
Il avait regardé sur Facebook pour voir des nouvelles photos de son ami, sachant qu'il n'était pourtant pas très actif sur la plateforme. Il trouva un lien de la sœur du jeune homme : un avis nécrologique dans lequel il était clairement noté « assassiné chez lui ». L'ancien youtuber avait compris qui avait fait ça, dans quel but. Roberto ne l'avait jamais vu s'effondrer ainsi. Il savait qu'il comptait pour lui mais il ignorait à quel point. Il l'enlaça, sachant pertinemment pourtant que son ami vivant ne sentirait rien. Que pouvait-il faire d'autre ? Impuissant, il l'observa passer des heures à pleurer puis, une fois ses yeux secs et rouges, il lui semblait étrangement calme. Il le regarda rédiger une longue lettre, laisser une enveloppe avec un chèque payant son dû. Puis il comprit. Il s'y refusa. Quitte à lui donner une belle peur, il se mit à faire bouger tout ce qu'il pouvait pour lui faire comprendre qu'il était là et qu'il était hors de question qu'il fasse sa connerie ! Ben fut impassible.
- Je ne sais pas qui est là. Dit-il, la voix enrouée. Mais j'ai une question : ça fait mal, de mourir ?
Le fantôme n'eut même plus la force de s'agiter. Comment sauver quelqu'un qui ne voulait pas l'être ? La seule chose qu'il pouvait faire désormais, c'était de l'accompagner jusqu'à la fin et de l'accueillir une fois son âme séparée de son corps. Il l'accompagna dans l'air frais de Kayserberg à trois heures du matin, passant le pont au pilori, longeant la rue qui menait à la place principale, avant d'emprunter le petit sentier qui menait aux restes d'une grande tour, sans doute un donjon, reliques du Moyen-Age. Il gravit avec lui l'escalier en colimaçon et admira depuis le sommets des coteaux, les vignes.
- Je ne sais pas où tu es, Robbie. Mais si tu veux bien m'attendre ou venir me chercher, ça serait cool, mec.
Le mort n'eut pas la force de le regarder tomber ou de découvrir son cadavre tout en bas. Il continua à fixer l'horizon, levant les yeux pour ne pas voir l'inévitable, un son sec et étouffé lui annonçant dans des secondes qui lui parurent durer une éternité que c'était fini. Peu après, la forme translucide de son ami apparut aux milieux des pieds de raisins. Il sourit doucement et vola jusqu'à lui.
- Robbie ?
- Salut Ben.
Le nouveau fantôme voulut parler mais ses mots se perdirent dans sa gorge. Il se laissa tomber dans les bras de son ami en sanglotant.
- Hey... Maintenant que rien ne nous en empêche, on peut visiter tous les lieux que l'on voulait, non ?
Ils avaient désormais l'éternité devant eux et la certitude que rien ne viendrait jamais plus les menacer ou les séparer.
FIN
