Tokyo était la ville de son enfance. Où tous ses souvenirs, aussi mauvais soient-ils, y demeurent. Impossible de s'en détacher, même après avoir déménagé à plusieurs reprises. Tout lui revenait en pleine face et la culpabilité, la nostalgie la frappait. Et c'était le cas, alors quelle observait celle qui portait le titre de "petite-amie" en plein travail.
Des mèches orangées lui cachaient le visage, même si elle savait qu'elle devait se mordre l'intérieur de la joue en fronçant des sourcils. Ses petites mains, toujours manucurées (elle ne sait même plus à quand datait la dernière fois qu'elle ne l'avait pas vu ses mains nues) tenant une aiguille, piquant un tissu en satin.
"Ca te dit de réemménager à Tokyo ?"
Une paire d'ambres la sonda. Longuement.
"Encore ?", lui avait-elle dit en laissant la pièce en satin qu'elle arrangeait. "T'es sûre cette fois-ci ?"
L'air agacé de l'autre femme lui fit l'effet d'une piqûre de moustique.
"J'ai certes un travail qui me fait bouger partout, mais je supporte pas le faire avec toi", ajouta-t-elle en se levant de sa chaise, cherchant quelque chose dans le tas de tissus qui se trouvaient près de son bureau. "T'es trop exigeante."
"C'est certain, on bougera plus", lui dit-elle. Cela sonnait comme une promesse. "Et puis il y a de quoi l'être, tout ton bordel prend trop de place."
"T'es dans mon atelier, t'as pas ton mot à dire. Ou tu dégages."
"Ca va, désolée."
Un drap beige entre les mains, la petite-amie l'étala sur le sol, se mettant par la suite à quatre pattes.
"Tu peux me passer le feutre, la règle et le cutter s'te plaît ?" demanda-t-elle en plissant ses paupières, le regard dirigé vers le tissu beige. Elle les lui jeta sans ménagement, la surprenant. "Mai !", s'écria-t-elle en se redressant rapidement. "Tu veux me tuer ?"
"Pas avant que je sois sur ton testament."
"Ta famille est cinq fois voire dix fois plus riche", se moqua-t-elle en s'asseyant au sol. "Tu vas juste avoir une petite bourse avec ce que j'ai."
"Certes."
Elle arrêta de rire, croisant ses bras. Une petite femme avec du caractère et beaucoup d'ambitions. C'était Kugisaki Nobara. Sa petite amie.
"Et puis ça me laissera une occasion de rencontrer les membres de ta famille."
Un soupir las et un mal de crâne qui menaçait de faire surface.
"Enfin, j'ai déjà rencontré ta mère, c'est déjà ça", déclara-t-elle l'air satisfaite, sa main tapant fortement sa poitrine.
"Elle pense que t'es ma meilleure amie."
Nobara lui jeta un regard noir.
"Ouais bon. Je l'ai quand même rencontré."
"Ouais bon", imita Mai en haussant ses sourcils. "C'est un non catégorique."
La petite roula des yeux.
"Mais pourquoi ?"
Mai s'était levé de sa chaise, ignorant la rousse qui souffla. La porte claquait alors que la silhouette de Mai disparaissait.
La main sur son front humide, son homologue touchant son ventre, à découvert, elle tentait de recouvrer sa respiration, devenue erratique. Sur son épaule, une tête s'était posée, bougeant incessamment. Les dents de la femme se serraient machinalement. Cela commençait réellement à lui taper sur les nerfs. Elle renifla, sentant que la tête se retirait de son épaule, se collant à la sienne. Des joues, chaudes et humides se frottaient aux siennes comme le ferait un petit chat.
"Putain", jura la femme en attrapant la tête qui lui privait de son espace vital. "Nobara, arrête ça !"
Ladite Nobara grogna en réponse. Mais cela ne l'empêcha pas de lui sourire et de lui toucher la joue du bout de son index.
"Mhm...T'aime pas ?"
Non, elle détestait ça. La sensation d'être collante, et avoir sa petite amie qui avait le corps qui collait tout autant qui ne cessait de lui montrer de l'affection lorsqu'elles se retrouvaient enfermées entre quatre murs, sur un lit queen size. La pièce était pratiquement vide, si ce n'était que des cartons qui la décorait.
Les deux femmes avaient finit par emménager à Tokyo, comme l'avait suggéré Mai. Un appartement assez spacieux où Nobara pouvait avoir son atelier et un dressing. Dressing aussi grand que pouvait être leur chambre. Une chambre d'amie, qui était plutôt celle que Nobara nommait le plus sérieusement possible "la chambre d'introspection". Mai savait qu'elle gardait cette pièce pour s'y enfermer si un jour il leur arriverait de s'embrouiller. Elle ne savait pas comment elle allait la disposer, mais se doutait qu'il y aurait un punching-ball et de quoi se défouler.
Plus important, cette chieuse continuait son cirque et cela commençait grandement à l'énerver.
"T'es collante, je suis collante. Lâche moi."
"Mhm...Nah…"
Nobara entourait ses bras sur la taille de Mai qui pesta instantanément. Comme si cela n'était pas suffisant, la plus petite passa sa langue sur la joue rosie de la plus grande qui grogna.
Déguelasse.
"J'ai envie de toi…", susurra Nobara en collant son corps contre le sien, les paupières plissées. Ses yeux brillaient, quémandant à ce qu'elle réalise ses désirs les plus fous. Elle ne put que hoqueter, stupéfaite.
"Encore ?"
"Tu m'as manqué, Mai..."
Le regard doré de Mai se posait sur celui orangé de sa petite amie. Elle était si belle quand elle gonflait ses joues, jouant les timides. Elle ne put réprimer un sourire, passant une main dans ses cheveux courts en bataille.
"Je sais."
Toutes ses insécurités s'envolaient lorsque Nobara lui offrait un regard aussi intense et passionnel. Mai savait pertinemment qu'elle l'aimait. Que l'amour de sa petite rousse était inconditionnel. Cependant…
"Mai", héla Nobara, d'une voix douce. Son cœur flanchait à chaque fois qu'elle prononçait son prénom. La main de la rousse lui caressait la joue avec tendresse. Les multiples facettes de ce petit bout de femme l'impressionnaient. Tant par son côté charmant, son côté violent ou encore son côté timide extrêmement bien dissimulé. Nobara l'impressionnait. L'intimidait. Méritait mieux. "Je t'aime."
Mai leva les yeux au plafond, ne lui répondant pas immédiatement. Elle méritait quelqu'une qui lui donnerait une réponse claire sur ses sentiments. Elle valait mieux qu'une pauvre idiote complètement paumée qui n'assume pas qui elle était réellement aux yeux de tous. Surtout aux yeux des membres de sa famille.
Et pourtant, Mai aussi, elle l'aimait. Plus que tout au monde. Plus que sa propre vie. Et le fait que leur relation soit restée secrète était de son ressort. Mai ne souhaitait pas - pouvait pas - présenter Nobara à sa famille en tant que sa petite-amie. Et quelque part, une peur lointaine l'empêchait d'assumer sa relation auprès de ses amis proches. Que pouvaient-ils penser d'elle ? Vous savez, être issu d'une famille aussi réputée, revient à devenir l'être parfait. Et dans leur vision de la perfection, cela n'incluait pas le fait d'être...d'aimer les deux sexes.
"Nobara ? Oh, c'est juste une amie du lycée."
Fait qui était en partie vrai.
Les deux femmes s'étaient rencontrées alors qu'elles étaient encore au lycée. Elles ne se retrouvaient pas dans la même circonscription, Nobara étant de Tokyo et Mai de Kyoto.
Elles ne pouvaient pas se saquer, détestant le comportement de l'une et de l'autre.
Le deuxième et quatrième Jeudi du mois, un échange a lieu, elle ne savait plus trop pourquoi. Certainement un échange de bons procédés entre les proviseurs des deux écoles qui se connaissaient bien. Et à chaque fois qu'elles se croisaient, elles se retrouvaient dans la même classe. Pour toute une journée.
L'une avait râlé, l'autre faisait comme si elle n'existait pas. Jusqu'à ce que les râles de l'une atteigne l'oreille de l'autre. Les deux lycéennes se lançaient alors des piques, finissant alors par se battre sans vergogne en pleine classe.
Et un jour, elle se retrouvait de corvées, suite à une énième bagarre qui éclatait entre les deux jeunes adolescentes (Mai se souvient que sa professeure principale lui avait fait la morale durant deux heures, le lendemain).
Le professeur tentait alors de les arrêter.
Des sifflements et cris masculins se firent entendre, alors que les deux élèves tentaient d'en découdre une bonne fois pour toute.
"Zenin ! Kugisaki !", héla-t-il en accourant vers les deux jeunes femmes qui se tiraient mutuellement les cheveux, la petite rousse lui crachait même au visage lançant des insultes à tout va.
"Pouffiasse !", hurla Nobara en lui donnant une claque qui fit surpris Mai. Elle ne put retenir un gémissement de douleur, se figeant.
"Sale putain, j'vais démolir ta face de chienne..!"
Mai lui assénait un coup de tête, l'adrénaline ne lui faisant ressentir aucune douleur. Nobara tombait en arrière, lâchant sa prise sur les mèches sombres et vertes de Mai. Le professeur s'était accroupi près de l'élève qui avait l'air assommée, sous le choc. Mai essuya la salive de son ennemie, crachant à son tour sur elle.
"Zenin ! Dans le couloir !"
Mai avait roulé des yeux en tournant le dos au corps allongé au sol, et s'était dirigé vers la porte.
"Allez-y, torchez-lui le cul avec votre langue tant que vous y êtes", râla-t-elle sans baisser le ton.
Au même moment, le corps étalé au sol se redressa soudainement, assénant alors un coup de poing dans l'air.
Enfin…
La joue du professeur était rouge et ses lunettes se retrouvaient au sol.
Silence dans la salle. Horreur et stupéfaction. Un rire éclata alors.
Quelques heures plus tard, les deux adolescentes nettoyaient leur salle de classe, ne s'adressant pas la parole. Mai nettoyait le tableau, se touchant le front avec appréhension. La douleur et la bosse n'allaient pas partir de sitôt.
Nobara essuyait une table et fronça alors les sourcils. Elle levait la tête vers Mai, qui s'était tournée vers elle, à la recherche d'un torchon sec.
"Eh Zenin." Le ton de la rousse était grave. "Pourquoi il y a marqué " pute " suivi de ton nom sur ta table ?"
Les prunelles de Nobara la fixaient longuement. Le coucher de soleil les rendait lumineux. Elle faisait partie intégrante du décor orangé, comme si cette couleur lui était prédestinée. Une couleur chaude, comme son sang qui bouillonnait à chaque fois qu'elles se croisaient. Mai sentait son cœur rater un battement.
Elle haussa les épaules en réponse, essayant de ne pas faire paraître son malaise.
"Certainement des connards de ta classe qui n'aiment pas se faire recaler."
Nobara pesta.
"Genre un thon comme toi a des touches ? Je ne veux pas y croire."
"J'ai beaucoup de qualités et de compétences que tu ignores."
Nobara avait haussé les sourcils, tout en clignant des yeux à plusieurs reprises. La réaction de la rousse fit rire la Zenin qui retournait à sa tâche, ne pouvant s'empêcher de se mordre la lèvre inférieure.
C'était exactement à ce moment là que son cœur s'ouvrait pour la petite femme impulsive. Plus le temps passait, plus son amour pour elle grandissait, s'intensifiait et devenait inconditionnel.
Les gémissements de Nobara jouaient une douce mélodie à ses oreilles. La chaleur de son corps, de ses doigts, ses joues, ses lèvres...Nobara vivait pleinement, lui donnant à chacun de ses baisers un nouveau souffle de vie. Les caresses de sa petite rousse la firent trembler, des larmes se mélangeant à la sueur générée par leur deux corps brûlants.
Assumer le fait qu'elle entretient une relation intime avec une femme auprès des membres de sa famille conservatrice l'effrayait. Mais cela n'était pas la chose qui la poussait à maintenir ce mystère au yeux de tous.
Sa plus grande peur, sa phobie, se nommait Zenin Maki.
Zenin Maki pouvait lui retirer tout le bonheur qu'elle détenait entre les mains d'un seul regard. Elle était le type de femme que Nobara aimait particulièrement. Elle le savait. A chaque fois qu'elle parlait de sa jumelle sans le mentionner, Nobara lui disait : "Tu devrais prendre exemple sur elle, sérieux". Il y avait de quoi flipper.
"T'en tire une tronche."
La voix aiguë de Nobara la sortit de ses songes. Mai grimaça. Ouais, elle en tirait une tronche et à juste titre. Elle venait de penser à sa sœur jumelle lui piquant la personne qu'elle aime le plus au monde. Et tout ça juste après que cette personne lui ai fait un cunnilingus des plus exceptionnels.
"T'es toute décoiffée", remarqua la femme à la chevelure sombre ignorant le regard inquiet de Nobara.
Cette dernière n'en dit rien, se mettant à califourchon sur sa petite-amie. La rousse avait l'habitude du silence de sa petite amie, quand il s'agissait de lui dire ce qui n'allait pas. D'y mettre des mots.
"Laisse tes gestes parler pour toi, chérie."
Mai eut un petit sourire, posant sa main sur la joue rouge de la petite rousse qui amena ses deux petites mains sur celle de Mai. Ses paupières se fermaient. La faible lueur dans la pièce laissait tout de même entrevoir les joues cramoisies de la rousse.
"Qu'est-ce que je t'aime Mai…"
Les démonstrations affectives de Nobara étaient si spontanées que cela effrayait Mai. Et tout l'amour que Nobara lui vouait lui donnait le tournis. Elle appréciait, mais ne savait pas combien de temps cela allait durer. Ni même si elle finirait pas par tout faire capoter.
"Et c'est parce que je t'aime que je voudrais que tu m'accordes un service..."
Elle arborait ce visage mignon, qu'elle adorait faire à chaque fois qu'elle souhaitait quelque chose. La rousse avait enfilé entre-temps son pyjama, plus grand qu'elle. Elle se mordit la lèvre inférieure, appréciant la vue.
"Nobara", dixit d'une voix ferme Mai, lui faisant entendre qu'elle ne voulait rien savoir.
"Alleeer..!"
Elle posa ses mains sur son ventre, gigotant. Mai eut un petit sourire amusé. Qu'est-ce qu'elle pouvait être jolie quand elle se mettait à faire des caprices…
"Ah…", soupira la plus grande en haussant les épaules. "Dis toujours."
Le lèvres rosées de la femme se pincèrent. Comme si elle hésitait de lui en parler. Ou bien, qu'elle cherchait ses mots, la meilleure formulation.
Ca pue tout ça…
"J'aimerai…", commença alors Nobara en se penchant vers Mai, caressant la taille de ses mains. "J'aimerai rencontrer les membres de ta famille."
Domicile principal de la famille Zenin.
Un dimanche comme un autre. Dix-neuf heures.
Autour d'une grande table, s'y trouvait des individus, se regardant avec la plus grande des tendresses au monde.
Mensonges.
Ils se toisaient les uns et les autres, comme s'ils se devaient de payer des dettes qu'elles soient financières ou non. Enfin, cela pouvait s'avérer être le cas, vu la catastrophe ambulante qu'était sa famille. Chaque parole était venimeuse, s'exprimant par la haine, le sarcasme et le cynisme.
Mai soupira en haussant son sourcil. Il y avait autant de ratés que de conformistes qui se lavaient avec les louanges du vieux chef de famille.
En commençant par sa sœur jumelle, Maki. Elle avait tout pour elle. L'intelligence, la beauté et est miraculeusement devenue avocate, alors que tous la pensait stupide. Il a juste fallut qu'elle soit une lesbienne assumée et qu'elle le revendique sur tous les toits. Qu'elle n'aimait pas les hommes qui piétinaient les droits des femmes. Qu'elle adorait par-dessus tout draguer le personnel féminin de la maison, juste pour faire chier les vieux. Qu'elle soit imposante alors que les traditions la voulaient silencieuse et discrète. Elle cassait les codes quoi.
Et c'était plaisant à voir, il fallait se l'avouer.
"Passe moi le poivre."
Justement, Maki prit la parole, ne prêtant aucune attention à son vis-à-vis. Elle avait décidé de laisser ses cheveux lâchés, descendant en cascade jusqu'au milieu du dos. Une paire de lunette ronde était posée sur son crâne.
"S'il-te-plaît c'est pour les chiens ?"
Mai roula des yeux, amenant son verre de vin à ses lèvres. Ce dîner allait encore se finir en bagarre. Et si cela lui permettait de rejoindre Nobara le plus rapidement possible, elle ne se privera pas de ce spectacle.
"Exactement", répondit la jumelle, toujours le nez dans son assiette. "Tu ne mérites même pas le quart de ce que peut avoir un chien."
"Espèce de sal-"
"Mon oncle", s'interposa alors Mai, étirant un sourire forcé qui ressemblait étrangement à un sourire courtois. "Pourrais-je avoir du poivre s'il-te-plaît ?"
Le vieil homme la regarda longuement, avant de le lui donner. Mai le remercia d'une petite voix. Le pot en verre glissa alors en face d'elle où se trouvait sa jumelle. Son sourire narquois s'étirait. Le vieil homme plissa des yeux en grognant, elle haussa les épaules en réponse.
"Merci", finit-elle par dire, poivrant excessivement son assiette. "Oh, il faut que je vous parle, d'ailleurs."
Tous les regards se posaient sur la jumelle aux cheveux longs. Sa fourchette rejoignait délicatement la table alors qu'elle observa tous les convives.
Qu'est-ce que…
"Dimanche prochain je serai accompagnée."
Un grand silence s'ensuivit, où toutes les personnes présentes la fixaient. Mai roula pour la énième fois des yeux. Si elle aussi devait ramener Nobara, elle devrait trouver une histoire qui permettrait de ne pas mettre la puce à l'oreille des vioques...
"T'en as du courage toi", cracha alors un homme. Il s'était accoudé à la table, sa main contre sa joue. Il était brun, une cicatrice à la commissure de sa lèvre lui donnant un air de voyou. "A ta place je lui éviterai le trauma' Zenin."
Mai réprima un sourire, buvant une énième gorgée de vin rouge qui était fortement délicieux. La chaleur de ce dernier lui donnait envie de rire aux éclats.
Un autre raté avait pris la parole. Et c'était avec lui qu'elle devait être la plus vigilante si sa petite femme devait assister à leur dîner - séance d'abattoir personnalisée. Zenin Toji, a.k.a celui qui a initié le mouvement de rébellion. Un homme aux dettes aussi longue que l'existence de la planète Terre. En plus d'enchaîner les conquêtes comme il change d'humeur, il était père d'un grand homme de son âge, qu'il a bien évidemment abandonné pour de sombres raisons qu'elle ne souhaitait pas citer.
Pourquoi s'était-il rebellé ? Il en parlait vaguement, mais faisait mention d'abus. Et Mai avait cessé d'écouter, pour son propre bien. Il se trouvait être bien zinzin maintenant. Et son fils n'était pas mieux, derrière ses airs calmes, il devait penser aux meilleurs moyens de se donner la mort rapidement et efficacement. Peut-être devrait-elle lui demander quelques conseils...
"Bah, il faut bien qu'elle accepte tous mes défauts", railla la jumelle en pouffant. L'alcool ne lui allait vraiment pas. Elle devenait encore plus casse-couilles qu'en temps normal.
Tu l'admires au fond.
Mai grogna. L'heure n'était pas à la déprime et à l'introspection.
"Elle est bien marrante celle-là", se moqua Mai en posant délicatement son verre, sans même s'être rendue compte d'avoir songé à voix haute. Maki plissait des yeux, une lueur de défi y pétillait.
"Quoi, t'es jalouse ?"
"Jalouse ? Nah..." Elle tapota sa tempe du bout de ses doigts manucurés, couleur turquoise. "Intelligente, ouais."
"Bel état d'esprit."
Maki lui dédia sa gorgée avec un grand sourire. Ah, bon.
"Les jeunettes de nos jours n'ont pas froid aux yeux, c'est plaisant à voir."
Le fils de Toji, lui aussi présent, adressa un regard dégoûté à son paternel.
Un autre raté parmi tant d'autres. Zenin Megumi. Ou plutôt, Fushiguro Megumi, qu'il préférait. Vingt-quatre ans en plein étude de la médecine. Il aurait put être la principale fierté de la famille, cependant…
La femme aux cheveux sombre le vit sortir discrètement son téléphone, esquisser un léger sourire et tapoter dessus rapidement. Il le rangea, tentant de réprimer son sourire, qu'il finissait par cacher derrière ses mains dont les doigts se croisaient.
Mai mettrait sa main à couper qu'il parlait avec Itadori Yuuji, son petit-ami-presque-fiancé. Et elle mettrait son autre main à couper, que si Megumi ne faisait que songer à la mort, c'est parce qu'il a cet homme dans sa vie.
Malheureusement pour cette famille si parfaite , elle possède actuellement deux personnes non hétérosexuelles. Enfin…
"Ne m'inclue pas dans le lot, Toji", minauda Mai en faisant la moue. "Ça me dégoûte."
Il renifla à sa réponse.
"Oh la trouillarde ~"
"Ce n'est pas moi qui ait abandonné mon fils pour une prostituée qui a fini par me dépouiller."
Oups. Maki ouvrit grand les yeux, replaçant sa frange, l'air gênée. Megumi leva la tête avant de faire comme s'il n'avait rien entendu. Des regards dépités observaient la scène, en secouant la tête pour les uns, en grimaçant pour d'autres.
"Mhm...certes" débuta Toji, l'air de réfléchir. "Mais dis moi Mai…"
Il l'a pointa du doigt, une lueur indescriptible lui traversant le regard, en un éclair.
"T'es celle qui est gouine toi, non ?", demanda-t-il en fronçant ses sourcils. Maki, dont l'alcool lui montait furieusement se pointait de ses deux index. Et cria "On dit lesbienne trou de balle". Toji le remarqua et réprima un sourire. "Nah t'es la pute qui se tape les mecs et les nanas."
Mai ignora les paroles de son aîné, convaincue qu'il tentait de la faire sortir de ses gonds. Raté. Lui dire cet insulte ne lui faisait plus rien. Au lycée, à la fac, au travail...Quand elle vivait en tant que femme, recevoir un "sale pute" d'une personne mécontente, devenait son quotidien. Et puis venant de son cousin, c'était presque affectif. Un claquement assez fort se fit entendre.
"Y'a-t-il un mal à être lesbienne ou bien bisexuelle ?" s'indigna alors sa jumelle en le pointant avec sa fourchette. Ses joues pourpres la trahissaient. C'était assez marrant à voir. "AH", hurla-t-elle en basculant sa tête en arrière de manière exagérée. "J'oubliais que chez les Zenin, baiser avec les personnes du même sex-"
"Oh là là...Mai ramasse ta soeur."
Elle ignora pour la seconde fois son cousin. Pas envie de griller sa couverture auprès des vieux, elle savait pertinemment que les vioques parieraient sur sa poire les yeux fermés. Son cousin est mal placé pour le coup.
"T'es pas le mieux placé pour parler de " pute " et de " bisexualité "."
Megumi avait pris la parole. Depuis le début de la soirée, il avait l'air de ceux qui comptaient les heures et les minutes restantes avec impatience.
Dur dur…
"Ouais bon", se justifia le père en regardant son fils avec attention. "C'est arrivé qu'une seule fois et j'avais trop bu."
"Dépravés", déclara une voix forte et masculine, à l'autre bout de la table.
Oh, lui c'était un raté déguisé en vainqueur. Zenin Naoya. C'est le cousin qui était un peu bizarre, la dégaine de voyou (est-ce qu'ils n'avaient pas tous une dégaine de voyous...) Étrangement, toutes les femmes lui courent après, malgré ses tendances à être un salopard de première avec ces dernières. Mai savait qu'il trempait dans des affaires louches et elle ne voulait absolument pas en connaître les tenants et les aboutissants.
Cependant, lui aussi avait ses petits secrets et Mai en connaissait un peu trop. C'était l'avantage d'être restée vivre assez longtemps chez eux. Et grace à cela, elle l'avait dans sa poche, entre guillemets. Elle peut lui demander n'importe quel service et il le faisait. À contre cœur et avec dégoût. Mais il le faisait.
Le compte était fait pour ce soir. Les autres ayant des obligations (travail essentiellement) ils n'avaient pas pu assister à ce dîner. En soit, c'était le vieil homme, Zenin Naobito et ses descendants les ratés, ce soir.
"Les jeunes de nos jours sont vraiment à côté de la plaque" affirma alors le vieux Naobito, les regardait tous avec dégoût. Son fils le regarda de travers. Mai savait que le jour où le vieil homme mourra, la première personne qui ouvrira le champagne était son dernier fils.
Ah vraiment, qu'est-ce serait cette merveilleuse famille sans la fierté et l'orgueil ?
Une famille normale pardi !
Mai pouffa amenant sa main à ses lèvres. Une famille normale...oh ouais, c'était bandant comme idée. Elle aura sa propre famille normale. À tout prix. Elle pensait alors à Nobara qui devait certainement se retrouver enfermée dans son atelier. Et elle passa sa main dans ses cheveux.
Elle le lui avait promis.
"Par ailleurs" débuta-t-elle en se servant un autre verre. Cela attira l'attention de tous. "J'en profite de ce moment agréable en famille pour vous dire que j'amènerai ma meilleure amie la semaine prochaine."
Le vieil homme hocha la tête lentement. Mai savait qu'il ne lui dira rien, car elle faisait les choses comme il le souhaitait (enfin devant ses yeux).
"Père et Mère l'ont déjà vue lors de ma remise de diplôme."
"C'est étonnant que l'on ait jamais entendu parler d'elle."
Mai tourna lentement sa tête vers son cousin aux cheveux décolorés. Ses sourcils se haussèrent lentement.
"Crois moi, si je pouvais l'éviter, je le ferais. Mais elle insiste. A ses risques et périls."
La jeune femme posa un regard suspicieux vers sa soeur, qui contemplait son verre avec attention.
A mes risques et périls.
Elle renifla en baissant les yeux. Ouais, elle allait survivre et il n'y aura rien. Nobara l'aime suffisamment et-
Maki est plus intéressante que toi.
...et...Et elle aussi d'ailleurs. Son amour pour elle dépassait toutes les limites que le monde pouvait imposer. Nobara l'aime.
Mais quand elle verra ta soeur...Qui sait se qu'il se passera ?
Elle ferma les yeux, se sentant nauséeuse. Elle se leva sans même s'excuser en direction des toilettes. Au-dessus de la lunette, elle recrachait son dîner, suffoquant. Son corps tremblait alors que des gouttes d'eau tombaient dans la cuvette.
Mai pleurait. Encore.
Mai avait peur, comme toujours.
Elle se laissait tomber sur les fesses, appuyée contre le mur. Elle sanglotait, amenant ses mains tremblantes autour d'elle. La petite pièce l'oppressait, toutefois, à côté de ses craintes, elle paraissait apaisante.
Elle entendit la porte toquer puis une voix forte s'ensuivit :
"Mai ?" La voix étouffée était celle de sa sœur. "Ça va ? Tu veux peut-être un câlin ?"
Mai pleura encore plus fort, l'alcool accentuant son état.
"Va te faire foutre !", lui répondit-elle en levant la tête. "T'es la dernière personne que j'veux voir actuellement ! Va crever !"
Elle n'entendit plus rien, se laissant tomber au sol. Sa respiration devenait de plus en plus rare, alors qu'elle ne cessait de répéter "va crever". Ses membres tremblaient incessamment...Une crise de panique ?
"Mai, ouvre moi la porte s'il-te-plaît, tu m'inquiè-"
"Laisse moi...par pitié, laisse moi seule comme tu l'as toujours si bien fait…"
Si elle devait omettre Nobara, Maki, sa sœur jumelle, est la personne qu'elle aime le plus au monde. Elles ont tout partagé. Le même ventre, le même air, la même chambre, les mêmes vêtements, les mêmes amis étant petites. Seulement, Maki partit. Loin d'elle, sans hésiter et sans se retourner.
" On partira ensemble !"
Premier mensonge. Elle était partie sans elle. La laissant courir après elle. Après le collège, elle partit étudier à l'étranger, plus exactement en France.
"Jamais je ne t'abandonnerai petite sœur…"
Deuxième mensonge. Maki était en France dans un lycée parisien privé. Au tout début, elle lui envoyait des photos des monuments, d'elle et de ses amis, de ses plats... Puis des messages via les réseaux sociaux et lui faisait même des vocaux. Mai adorait entendre la voix de sa sœur devenir de plus en plus grave alors que la concernée ne le remarquait même pas. Tous les jeudis, une enveloppe lui étant destinée se trouvait dans la boîte aux lettres. Maki lui écrivait aussi, parce qu'en tant que grande sœur, elle connaissait les habitudes de sa petite sœur à collectionner tout ce que sa soeur lui donnait.
Et au fur et à mesure que le temps passait, toutes ses petites interactions avec Maki se faisaient de plus en plus rares. Elle ne répondait plus aussi hâtivement. Semblait lasse de devoir lui raconter sa journée. Elle s'éloignait d'elle spirituellement. Ne pensait plus à elle, alors que Mai…
" Je t'aime, tu sais. "
Troisième mensonge. Maki ne l'aime pas. Si elle l'avait vraiment aimé, elle serait restée auprès d'elle. Egoïste est sa pensée, mais…
Elle ne pouvait pas s'empêcher d'éprouver des sentiments aussi puissants pour quelqu'un qui lui adressait son attention que lorsqu'elle considérait que cela n'était pas une perte de temps.
A son retour, elle était si désinvolte, si différente. Mai ne savait pas comment réagir. Et lorsque sa grande sœur songeait à amener sa petite-amie de France à leur dîner hebdomadaire, Mai comprit alors que Maki ne l'aimait pas autant qu'elle l'aimait.
Elle aussi était une femme. Sa jumelle. Elles avaient partagé plus de choses en tant que sœurs. Alors pourquoi fallait-il qu'elle pose les yeux sur une femme lamda, à défaut de jeter aux ordures les liens de sang ? C'était elle qui…
Mai souffla, ses doigts s'entremêlaient aux mèches longues et émeraudes de sa sœur.. Une autre main les lui caressait, touchant sa joue.
"Tu devrais rentrer si tu ne te sens pas bien."
La plus petite ne répondit pas. Appréciant les bras de sa sœur qui lui caressait le dos et les cheveux.
"T'es venue en voiture ?"
Mai hocha la tête lentement.
"Ta coloc' ne peut pas venir te récupérer ?"
"Elle bosse."
Elle sentit tout contre elle la poitrine de sa sœur s'abaisser fortement, alors qu'un soupir s'échappait d'entre ses lèvres.
"Je vais devoir t'y déposer."
"Tu-"
"J'ai dessaoulé quand j'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose."
Menteuse .
"Et si tu veux, je peux même rester dormir avec toi, on pourra discuter un peu."
"Non merci", répondit hâtivement Mai en se détachant violemment de Maki. "Dépose moi c'est amplement suffisant."
Discuter ? Et de quoi ? Mai eut un rire nerveux.
...
La fenêtre ouverte en grand de son côté, la vitesse à laquelle Maki roulait lui envoyait un vent des plus frais. Elle ne tournait aucunement son regard vers la conductrice qui claqua sa langue contre son palet.
"Tu fumes ou pas ?"
Mai haussa les épaules.
"Tu devrais le savoir."
"Sois pas aussi morose, j'essaie d'instaurer une ambiance propice à la discussion. La clope c'est un objet social assez intéressant."
"Cause toujours."
Maki haussa les épaules.
"Fouille dans ma poche droite j'ai des clopes."
"J'croyais que ta petite parisienne t'avait fait arrêter ?"
Le regard doré de la grande sœur se posait avec amusement sur la petite qui avait tourné la tête vers la fenêtre.
"Nope, il faut croire que j'aime plus cette drogue qu'elle."
"Oh, j'en suis même pas étonnée. Zenin Maki se lasse bien rapidement, c'est bien connu."
Mai se tournait vers sa sœur qui se mordit la lèvre inférieure. Elle prit alors le paquet de cigarette et en prit une.
"T'es aussi lourde avec ta coloc' ? Je la plains sérieusement."
Mai ne répondit pas. Non, elle n'était pas aussi lourde avec sa colocataire parce qu'il s'agissait de Nobara. Et c'était clairement elle la plus chiante, à vouloir changer la disposition de l'appart, de leur chambre ou encore la décoration entière de la cuisine comme elle changeait d'humeur.
"C'est elle qui l'est, pas moi."
Le bout orange du tube entre ses lèvres, une flamme vint titiller l'extrémité blanche.
"Vraiment ?"
"Ouais" acquiesça Mai en crachant une fumée blanchâtre par son nez. "Quand elle est à la maison, elle passe le plus clair de son temps à changer la disposition des meubles, pour les accorder à son humeur du jour."
"Oh, une fashionista ?"
"Pire que ça" s'indigna Mai en jetant les cendres par la fenêtre. "Et quand elle fait à manger, elle a tendance à faire sonner le détecteur de fumée."
"Elle a l'air marrante."
"Elle l'est. Nobara est…"
Mai s'arrêta. Son cœur se serrait.
La femme de ma vie.
"Elle est sympathique."
Elle put voir l'air amusé de sa soeur se transformer en un air curieux.
Son téléphone vibra. Elle le sortit, regardant attentivement le nom de l'expéditeur du message. Elle souriait alors, du nom que l'expéditeur s'était lui même donné.
La plus belle femme du monde 3
Comment se passe ton dîner ? Je viens de manger et je me suis sentie un peu étourdie, j'ai eu l'impression qu'il t'était arrivé quelque chose, alors un message afin d'avoir de tes nouvelles. Ne boit pas trop et n'hésite pas à m'appeler si besoin ! Je t'aime 3 3
Mai esquissa un sourire. Elle tapota rapidement sur son écran de ses deux pouces :
Je vais bien, j'arrive dans 5mins.
Elle posa son téléphone sur sa cuisse et inspira une grande bouffée de nicotine. Elle était à moitié ivre, avait fait une crise de panique et se faisait raccompagner par sa sœur qui l'horripilait.
Ouais, elle allait bien.
"Ton petit-ami ?"
Elle tourna la tête vers Maki. Non mais de quoi...
"Non."
"T'as l'air amoureuse."
"Tu peux me déposer là", indiqua-t-elle, ignorant les paroles de sa sœur.
"Nope, je t'accompagne jusqu'à ta porte."
Mai soupira comme le ferait une enfant face à sa mère, ouvrant brutalement la portière.
"Mollo elle coûte une blinde c'te caisse !"
Qu'est-ce que ça pouvait bien lui foutre, sérieusement...
Elle avança, laissant sa soeur derrière elle. Personne ne lui a demandé de la déposer jusqu'au pas de sa porte. Les pas pressés de Maki la rattrapaient, alors qu'elle entrait dans le bâtiment. Une fois à l'intérieur, Mai se retourna vers Maki.
"Merci. Tu peux disposer maintenant."
"Chouette appart", se moqua la plus grande en observant le hall d'entrée du bâtiment.
En réponse, Mai grogna, avançant alors. Elle pouvait entendre le rire de sa soeur qui la suivait de près. Il y a bien une chose qu'elles avaient en commun et qui était indéniable. Toutes les deux étaient des têtes de mules. Si l'une avait décidé quelque chose et que cela ne plaisait pas à l'autre, aucune des deux ne flanchera.
"C'est dangereux, surtout que t'as pas dessaoulé toi."
"Ouais, si tu le dis."
Elle savait très bien que c'était le cas, cependant, l'entendre de la bouche de Maki...
Elles montèrent un étage, et passèrent une porte vitrée. A peine eut-elle ouverte la porte qu'une voix se fit entendre.
"Maaaaai ~"
Cette dernière se figea à l'entente de son prénom et du ton coquin employé. Maki eut haussé les sourcils, ayant peur de bien comprendre ce qu'il se passait.
Mai regarda instantanément sa porte d'entrée. Elle crut tomber du haut d'un gratte-ciel. Enfin, en temps normal, cette situation l'aurait amusée, mais pas en face de…
Vêtue d'un ensemble de lingerie à dentelles rouges parfaitement ajusté à son corps, Nobara lui offrit un sourire, ses lèvres rosées brillantes. Son autre main amenait ses cheveux en arrière alors qu'elle se mordit la lèvre inférieure.
"Je t'ai entendu arriver, alors je me suis dit..."
Elle avait simplement arrêté de parler, regardant alors sa petite-amie qui plissait des yeux et une autre femme qui lui ressemblait, les cheveux longs en plus, se poster près d'elle. Qui arborait un air quelque peu surprit, regardant ensuite celle aux cheveux sombres et courts.
"Ohmerde", jura Nobara en claquant la porte d'entrée.
Maki s'était tourné vers sa sœur, un sourire en coin.
"Ta coloc' hein."
"La ferme."
Elle roula des yeux, ouvrant alors la porte de sa maison, croisant les orbes orangées de Nobara. Elle pinçait ses lèvres avant de jeter un petit œil à Maki qui attendait de voir sa petite sœur entrer à l'intérieur.
"Bonsoir", minauda-t-elle en gonflant les joues. "Merci de l'avoir accompagnée."
"Oh, ce n'est rien que mon devoir en tant que grande sœur."
L'éclat dans les yeux de Nobara devenait de plus en plus visible.
"Ohmondieu", murmura-t-elle en amenant ses mains à son visage. Elle venait de se montrer en sous-vêtements sexy devant sa potentielle belle-sœur. La honte lui montait aux joues. Elle souffla, tandis que Maki la regardait avec un air moqueur.
"Il se fait tard, je vais rentrer. Mai a un peu bu mais pas au point de-"
"Entrez et restez dormir ici pour ce soir" coupa alors la rousse en ouvrant en grand la porte, alors qu'elle portait un pyjama, pour cette fois.
"Nobara-"
"Aller Mai, elle t'as accompagné jusque là, je veux juste la remercier..." Elle baissa les yeux, l'air coupable. "Et m'excuser proprement."
Elle pinçait des lèvres avant d'hocher la tête. Elle entra à l'intérieur. Elle donna une petite tape sur l'arrière de la tête de sa petite amie, comme lui prouver son mécontentement. En réponse, elle soupira.
"Ne vous en faites pas, je ne vais pas vous déranger."
Dans la cuisine, Mai avait pris un verre d'eau, quelque peu étourdie. Lorsque la voix de son aînée lui parvint à l'oreille, elle recracha l'eau et toussa fortement.
"Ah non non", se hâta Nobara en secouant ses mains, se demandant ce qu'elle choix dans sa vie l'avait mené jusque là. "On...Enfin je…"
"Ça va, ça va, j'accepte."
Un soupir de soulagement s'échappait au loin, alors que Mai se mordait l'intérieur de la joue. Sa plus grande crainte était à deux doigts de réaliser. Et le pire, c'est qu'elle allait passer la nuit dans son nid douillet qu'elle avait mit du temps à concocter. Et qu'elle ne pouvait plus rien faire, juste observer ses efforts partir en fumée.
Elle prit une grande inspiration avant de rejoindre Nobara et Maki.
Vêtue de son short et son débardeur de pyjama, elle mit sa sœur à l'aise, les joues et les oreilles toujours rouges.
Mai espérait vraiment que c'était la gêne qui lui avait fait changer de teinte et pas…
Elle est plus charismatique que toi, rend toi à l'évidence.
Ses poings se serraient.
"Mai, tu veux un café ?"
La voix de la rousse la fit sursauter.
"Quoi ?"
"Un café. Tu en veux un ?"
Elle hocha de la tête, s'accoudant au plan de travail. Ses yeux se posaient sur la silhouette de sa petite-amie, remontant à sa chevelure rousse attachée en une queue de cheval haute, une poignée de mèches du bas à l'air libre. Elle fredonnait un air, les lèvres pincées.
"Tu aurais dû me prévenir pour ta petite surprise", reprocha la Zenin en plissant des yeux.
"Si je te l'avais dit, ça n'aurait plus été une surprise."
Elle s'était tourné vers elle les sourcils froncés.
"Je savais pas que t'avais une soeur."
"Bah maintenant tu le sais."
Nobara laissa la machine à café filtrer le café et fit la moue.
"Qu'est-ce qu'il y a ?"
"Rien."
Elle ne la croyait pas et cela se voyait à son regard. Ses bras se croisaient. De sa petite taille, elle en imposait. Mais cela n'impressionnait pas la plus grande qui haussa un sourcil.
"Je le répéterai qu'une seule fois" menaça la petite-amie en avançant vers elle. "Qu'est-ce qu'il y a ?"
Mai claqua sa langue contre son palet en réponse.
"Tu devrais rejoindre ton invitée, c'est la moindre des choses. Je ramène les cafés."
Le visage habituellement rayonnant de Nobara s'assombrit lentement.
"Très bien."
Elle sortit de la pièce, les pas lourds avant de minauder quelque chose à celle qui se trouvait dans le salon.
Mai se rapprocha hâtivement de la machine à café, retenant son souffle.
La panique montait. Qu'est-ce qu'elle devait faire ? Et par-dessus tout…
Que venait-elle de faire ?
Hello ! Me voici avec une nouvelle histoire, qui ne fera pas plus de deux chapitres ! Un nobamai assez...spécial. Enfin.
J'espère tout de même que ce texte (un peu court à mon goût) vous a plu ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !
Merci de m'avoir lu hihi !
A bientôt !
