Disclamer : Rien ne m'appartient
Titre : A Tale Of Two Brothers
Auteur : riakida
Traducteur : Ange Phoenix
Bêta : Antidote
Résumé : Après la mort de leurs parents, Sirius avait obtenu la tutelle de son frère et il était déterminé à sauver Regulus de l'emprise des Mangemorts.
Autorisation : J'ai l'autorisation de l'auteure pour cette fanfiction
A Tale Of Two Brothers
Chapitre 1
Juin 1977
« M. Black, veuillez m'accompagner dans mon bureau. » La voix crispée du professeur McGonagall interrompit l'atmosphère joyeuse de la salle commune des Gryffondor, tranchant les rires insouciants comme un couteau dans du beurre chaud.
C'était une soirée ordinaire. Sirius Black était assis sur l'un des fauteuils rembourrés devant la cheminée, parmi ses amis, les jambes croisées.
Il leva les yeux, sa longue frange d'ébène lui tombant dans les yeux. Le visage du professeur McGonagall était tendu, plus que d'habitude, avec ses lèvres pressées en une ligne mince comme un crayon, mais il pensait pouvoir voir une pointe de sympathie dans son expression également. Bien que ce soit difficile à dire, parce que sa directrice de maison avait habituellement cette expression très sévère et elle gardait ses émotions bien gardées. Mais elle aboyait plus qu'elle ne mordait et elle avait certainement un faible pour les Gryffondor, sinon Sirius et ses amis se seraient déjà fait expulser plusieurs fois.
Son sourire s'effrita et son esprit commença à s'emballer. L'avait-elle vu rôder ou faire des farces à quelqu'un ? Savait-elle qu'ils étaient des animagus ? Mais si elle le savait, elle les convoquerait tous dans son bureau, pas seulement lui. Sirius se leva donc et regarda rapidement autour de lui. Les expressions perplexes de ses amis reflétaient sa surprise. Un silence gênant s'installa alors qu'ils le regardaient se lever et suivre le professeur McGonagall dans son bureau.
Le professeur McGonagall ferma la lourde porte derrière eux et elle fit un signe vers une chaise devant son bureau.
« Asseyez-vous, Sirius. »
Ce fut à ce moment-là que Sirius commença à s'inquiéter. Il devait y avoir un problème — elle n'appelait jamais les élèves par leur prénom.
Il obéit sans dire un mot, la chaise en bois grinçant doucement lorsqu'il s'y assit tandis que le professeur McGonagall prenait place de l'autre côté de son bureau.
Elle se frotta les mains nerveusement.
« Sirius, je ne sais pas comment vous annoncer cela, alors je vais être directe. Je suis vraiment désolée de vous informer que votre père est décédé la nuit dernière. Il a eu une attaque. Toute aide est arrivée trop tard. »
Sirius détourna les yeux et étudia la pile de copies non corrigées à côté de lui, remarqua comment elles projetaient des ombres sombres sur le bureau de McGonagall dans la faible et vacillante lumière des bougies.
Donc son père était mort. Sirius n'était pas sûr de savoir comment se sentir à ce sujet. Il n'avait pas vu son père depuis plus de deux ans, et même lorsqu'il vivait encore avec ses parents, leur relation avait été froide et assombrie par la déception de ses parents à son égard parce qu'il était un Gryffondor et qu'il représentait tout ce qu'ils méprisaient. Traître à leur sang.
Son père était un homme gouverné par la haine. Une haine dirigée contre lui, contre les Moldus, contre tous ceux qui n'étaient pas des sangs purs ou qui n'osaient pas sortir des sentiers battus.
Sirius n'avait rien ressenti après la mort de sa mère deux ans plus tôt, elle était morte peu après qu'il ait quitté la maison de ses parents et qu'il ait trouvé refuge chez les Potter. Et en ce moment, il savait que ce ne serait probablement pas très différent avec la mort de son père.
Il se mordit la lèvre, risquant un regard vers le professeur McGonagall, qui l'observait avec une lueur compatissante dans ses yeux verts.
Attendait-elle une quelconque réaction de sa part ? Peut-être devait-il réagir à ses paroles d'une manière ou d'une autre, montrer de la compassion ou une sorte de fausse tristesse pour la mort de son père. Un fils n'était-il pas censé faire le deuil de son père ? Orion Black n'avait pas été un père pour lui, il n'était pas à la hauteur de M. Potter. Non, Sirius avait une autre famille. Les Potter l'avaient recueilli, ils lui avaient montré ce que signifiait l'amour, la sécurité et la confiance. Ses parents biologiques ne l'avaient jamais aimé.
Et à un moment donné, il avait cessé d'espérer qu'ils changent. Il avait cessé d'essayer de les aimer et avait commencé à les voir tels qu'ils étaient vraiment.
« Si je peux vous aider pour quoi que ce soit... vous savez que ma porte est toujours ouverte pour vous », proposa le professeur McGonagall d'une voix douce. Sirius hocha la tête.
« Merci, professeur. Je vous en remercie. Mais je vais bien, vous savez, ma famille et moi, nous ne sommes pas... nous n'étions pas... » Il prit une profonde inspiration. « Nous n'étions pas proches d'une quelconque manière. »
Le silence régna. Sirius pensa à son père, lui disant à quel point il était une déception. Tu es une honte.
Son père, lui disant qu'il préférait le voir mort plutôt que d'avoir un fils à Gryffondor.
Il pensa à son père qui le punissait, l'enfermant dans sa chambre pendant des semaines, juste parce qu'il ne répondait pas à leurs attentes. Parce qu'il était comme il était, mauvais à leurs yeux. Comment Orion l'avait giflé quand il avait dit à ses parents qu'il était ami avec les Moldus et qu'il ne pensait pas qu'ils étaient inférieurs à eux. Le laissant avec un bleu sombre sur la joue pendant des jours.
Sirius toucha le côté gauche de son visage. Non, il n'était pas triste de la mort de son père. Il ne s'en souciait pas du tout.
Puis ses pensées s'égarèrent vers son jeune frère.
« Et Regulus ? » demanda Sirius.
Le professeur McGonagall soupira.
« C'est une chose dont je voulais vous parler également. Vous êtes le seul héritier légitime, car la propriété et le titre de Lord de la Maison Black se transmettent jusqu'au prochain enfant masculin portant le nom de Black, comme c'est la tradition dans les familles de sang pur. Même vos parents... en vous reniant... ne pouvaient pas empêcher cela. Cela signifie qu'à partir de maintenant, étant donné que vous êtes déjà légalement un adulte, vous possédez les propriétés et l'argent de votre famille. Cela signifie aussi que vous êtes, en tant que Lord de la maison Black, le responsable de votre jeune frère. »
Sirius se sentait encore engourdi, mais il savait définitivement une chose. « Je ne veux pas de la maison ni de ce foutu nom. »
Le professeur McGonagall haussa les sourcils devant ce langage, mais décida de laisser faire.
« Il y a la possibilité que vous renonciez à votre statut de Lord de la maison Black. Vous devriez renoncer à votre nom et renier votre famille à l'aide d'une malédiction de sang. » Le professeur McGonagall hésita un moment.
« C'est de la magie noire, mais ce serait, dans vos circonstances, légal et gérable. Alors vous ne seriez pas responsable de votre frère ou de la maison. Vous n'appartiendriez plus à votre famille. Ni de nom, ni de sang. »
Les lèvres du professeur McGonagall s'amincirent en continuant.
« Vos parents ont désigné Bellatrix Lestrange comme héritière temporelle si tel était le cas et si votre frère était encore mineur à leur mort. Elle sera à la tête de la maison Black et elle sera responsable de Regulus jusqu'à sa majorité. Dans leur testament, ils ont déclaré qu'ils préféraient que vous refusiez votre statut. Je préfère ne pas répéter les mots qu'ils ont utilisés. » Les lèvres du professeur McGonagall étaient alors devenues une ligne fine comme un crayon.
Sirius étouffa un grognement. Il pouvait le deviner de toute façon. Traître à leur sang. Un déshonneur pour la famille et leur noble nom. Une abomination aux yeux de ses parents.
Mais il pensa ensuite à son frère. Pourrait-il supporter de refiler Regulus à Bellatrix ? Cette femme était folle. Une folle extrêmement dangereuse et maniaque.
« Regulus est-il au courant ? »
« Son chef de maison l'informera de la mort de votre père, et aussi du fait que vous êtes son tuteur pour l'instant. Je sais que ce n'est pas une position facile à votre âge, et que ce n'est pas une décision facile à prendre. Vous n'avez pas à vous décider tout de suite, » dit le professeur McGonagall, sa voix aussi douce que Sirius ne l'avait jamais entendue.
« Merci, professeur. J'aimerais y réfléchir pendant un certain temps. Dans combien dois-je me décider ? » demanda Sirius en fixant le professeur McGonagall.
« Vous n'avez pas à vous sentir sous pression. Vous avez jusqu'à la fin de l'année, l'école agira in loco parentis. Vous aurez donc au moins deux semaines pour y réfléchir jusqu'aux vacances d'été. »
Sirius acquiesça. Silence à nouveau.
« Je peux vous aider pour autre chose, Sirius ? Vous savez, si vous avez besoin d'un adulte à qui parler, n'hésitez pas à me solliciter. Et je suis sûr que vos amis seront là pour vous aussi. »
« Merci, professeur. Et non, je ne pense pas avoir d'autres questions pour le moment. Je reviendrai peut-être vous voir. Je peux y aller maintenant ? » Sirius espérait ne pas paraître impoli, mais il avait envie d'être avec ses amis en ce moment. James et Remus auraient sûrement de bons conseils à lui donner.
« Bien sûr. » Elle se leva et l'accompagna jusqu'à la porte de son bureau, la tenant ouverte alors qu'il retournait dans la salle commune.
Ses amis étaient toujours assis dans la salle commune et dès qu'ils le virent, ils se turent et le regardèrent, leurs visages ressemblant à des points d'interrogation silencieux. Sirius s'assit dans le fauteuil où il s'était assis précédemment et regarda autour de lui.
« Alors... quoi de neuf ? » demanda James sans détour alors que Sirius ne disait rien.
« Mon père est mort », répondit Sirius.
« Oh Sirius, je suis vraiment désolée. » Lily se leva de sa place à côté de James et se dirigea vers Sirius, le serrant très fort dans ses bras.
Sirius lui rendit son étreinte. « C'est bon Lily, nous n'étions pas proches », dit-il lentement. Bien que Lily soit une amie, il n'avait jamais dit à personne, sauf à James et aux Potter, toute la vérité sur ses parents, et même Remus ne connaissait qu'une partie des abus. Ses autres amis savaient simplement qu'il ne s'était pas entendu avec eux.
James lui adressa un sourire compatissant.
« Je suis maintenant le Lord de la maison Black, dit le professeur McGonagall », grimaça-t-il. C'était la dernière chose qu'il voulait. Il ne voulait rien avoir à faire avec sa famille. Avec son nom. Avec cette maudite maison.
« Mes plus sincères condoléances », remarqua James avec sarcasme, essayant de détendre l'atmosphère.
Lily lui lança un regard noir.
« Ne sois pas si insensible, James ! » le gronda-t-elle.
« Et je suis le tuteur de mon frère parce qu'il est encore mineur. Si je décline ma position, Bellatrix l'élèvera », poursuivit Sirius. « Mes parents préféraient qu'il en soit ainsi, ils l'ont dit dans leur testament. »
Ses amis sursautèrent. Tout le monde connaissait Bellatrix Lestrange. Elle était l'incarnation même du mangemort maniaque et sadique, et ils savaient aussi bien que Sirius que s'il livrait son frère à Bellatrix, Regulus deviendrait à coup sûr un mangemort. Il aurait pu le devenir de toute façon, pensa Sirius en se rappelant que son frère avait toujours vénéré les traditions de leur famille et l'idéologie du sang pur par conséquent.
« Est-ce que Regulus s'entend bien avec Bellatrix ? Je veux dire, elle est connue pour être assez extrême », demanda Remus avec précaution.
James ricana à ce sujet. Qualifier Bellatrix Lestrange de « plutôt extrême » était l'euphémisme du siècle.
« Je pense que oui. Il rejoindra probablement Vous-Savez-Qui dans quelques années, Bellatrix s'attend à ce qu'il le fasse, c'est sûr », répondit Sirius avec amertume. « J'ai juste besoin de temps pour y réfléchir. Le professeur McGonagall a dit que j'avais jusqu'aux vacances. »
Ses amis acquiescèrent, l'encourageant à prendre son temps. Leur conversation se poursuivit, principalement axée sur les devoirs de potions, car personne ne savait vraiment quoi dire ou faire face au dilemme de Sirius. Peter se sentait tellement mal à l'aise et dépassé par les événements qu'il était allé se coucher peu après. Sirius y vit le signe qu'il pouvait lui aussi s'excuser sans avoir l'air d'éviter ses amis. Il se sentait soudainement très fatigué et il souhaitait simplement retrouver la paix de l'esprit, peut-être que dormir l'aiderait.
Toute cette situation lui faisait l'effet d'un énorme nœud dans l'estomac. Il était déchiré et ne savait pas du tout quoi faire.
Regulus. Il n'avait pas pensé à lui depuis longtemps.
Il pouvait désavouer sa famille avec une malédiction du sang.
La magie noire. Même s'il ne voulait rien avoir à faire avec le nom de sa famille, une malédiction de sang semblait vraiment sinistre. Et c'était exactement ce que ses parents auraient voulu. Sirius coupant définitivement avec sa famille en utilisant la magie noire. Ce serait une ironie cruelle.
Sa tête commençait à lui faire mal, et il voulait juste tout oublier pendant un moment.
Peut-être que demain, il serait capable de voir les choses plus clairement.
Le lendemain, Sirius déjeuna avec ses amis, assis à leur place habituelle à la table des Gryffondor. Tout en mangeant, il se surprit à regarder de temps en temps vers la table des Serpentard, à la recherche de son frère. Il ne l'avait pas vu non plus pendant le petit-déjeuner. Il remarqua que James et Remus lui jetaient des regards inquiets, mais ils décidèrent de le laisser tranquille. Ils savaient que ce n'était pas une décision facile pour Sirius, et que la responsabilité de son frère pesait lourd sur ses épaules.
Finalement, alors que Sirius, James et Remus se levaient déjà de leurs sièges et s'apprêtaient à se rendre en classe, Sirius aperçut son frère qui entrait dans la grande salle, accompagné de certains de ses amis Serpentard. Il s'arrêta et regarda Regulus se diriger vers la table des Serpentard, s'asseoir tout au fond, dos à Sirius. Sirius se mordit la lèvre, ne sachant pas trop quoi faire. Son frère et lui ne s'étaient pas parlé depuis qu'il avait quitté la maison de ses parents pour aller vivre chez les Potter, à l'âge de 15 ans. Regulus n'avait alors que 12 ans. Chaque fois qu'ils s'étaient croisés dans les couloirs, ils s'étaient ignorés.
Il réalisa qu'il ne savait rien de son frère. Ils étaient comme des étrangers.
Pendant quelques longs instants, il resta là, pétrifié, ne sachant que penser, que faire, fixant le dos de son petit frère. Alors que James, qui était resté silencieux à côté de lui, lui indiquait l'heure, il suivit ses amis en classe. Ils avaient des potions, et il se disait qu'il ne voulait pas être en retard pour le cours. Bien qu'en réalité, il ne se souciait guère des potions, ni d'aucun cours d'ailleurs.
Voir Regulus avait rendu les choses encore plus difficiles. Il ressemblait encore plus à un étranger maintenant. Que devrait-il dire ? Il savait qu'il devrait lui parler à un moment ou à un autre. C'était nécessaire, d'une certaine façon. Sinon, comment serait-il capable de prendre une décision ?
Le soir, Sirius était plus déterminé. Cette fois, il allait prendre son frère à part et lui parler. Cela ne devrait pas être si difficile, Regulus était son frère après tout. Malgré tout, il sentait des nœuds se former à nouveau dans son estomac alors qu'il s'asseyait à la table des Gryffondor pour dîner. Il finit par prendre à peine une bouchée et préféra garder les yeux fixés sur son frère.
Regulus était entré dans la grande salle, à nouveau accompagné de ses amis. Beaucoup d'entre eux étaient plus âgés que Regulus, l'un d'entre eux était Avery et Sirius soupçonnait fortement le fait qu'il était un Mangemort. Il aimerait bien déchirer ses manches et exposer devant tout le monde la vilaine marque que Vous-Savez-Qui affublait ses adeptes. Il ne voulait pas que son frère fréquente ces gens-là. Sirius le regarda fixement tandis que lui et les autres Serpentard se dirigeaient vers leur table, s'asseyaient et commençaient à manger.
Sirius réalisa soudain qu'il ne voulait vraiment pas que son frère fréquente ces gens. Cela le dérangeait énormément. Il ne voulait pas que Regulus devienne un Mangemort.
Sirius observait son frère. Regulus avait grandi depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. Quand était-ce ? Sirius ne s'en souvenait pas. Il l'avait peut-être entrevu quelque part dans les couloirs, à un moment donné. Mais il ne l'avait pas vraiment regardé.
Son frère lui paraissait plus grand. Même s'il était plus petit que Sirius ne l'avait été à son âge, pour un garçon de quatorze ans, Regulus était grand et beau. Sirius remarqua que quelques filles Serpentard regardaient de temps en temps dans la direction de son frère. Il les vit rougir lorsqu'elles croisèrent le regard de Regulus, et se détourner rapidement. Un petit sourire se glissa sur son visage à ce moment-là.
Quand Sirius y pensait, il reconnaissait beaucoup de similitudes entre lui et son frère. Les yeux gris de Regulus étaient les siens, ses cheveux noirs aussi. Mais Regulus avait toujours l'air d'un enfant, beaucoup plus mince que Sirius qui avait commencé à prendre du volume et de la masse musculaire au cours des dernières années, et les traits de Regulus étaient également plus doux. Regulus était encore si jeune qu'il rappelait fortement à Sirius l'enfant qu'il avait été, le petit frère qu'il avait aimé.
Les yeux de Sirius se froncèrent lorsqu'il vit qu'Avery parlait à Regulus, son frère lui répondant par un rire un instant plus tard.
James remarqua que son meilleur ami était de mauvaise humeur à cause de la table des Serpentard.
« Tu vas bien, Siri ? » demanda-t-il doucement.
« Oui, bien sûr. C'est juste que... je ne sais pas pourquoi ça me dérange tout à coup qu'il traîne avec ces types », admit Sirius.
« C'est ton petit frère. C'est normal que tu le protèges. »
« Je sais, mais ça ne me dérangeait pas tant que ça avant. En fait, je ne l'avais jamais remarqué. Je n'ai jamais pensé à lui. Je l'ai complètement ignoré ces deux dernières années. » La voix de Sirius était douloureuse. C'est comme s'il avait laissé son frère mourir avec sa famille. Qu'il avait jeté son frère dans le même chaudron que leurs parents et l'avait simplement effacé de son esprit.
Il observa son frère se lever une fois qu'il eut terminé son dîner. Sirius se leva également et se précipita vers l'entrée de la Grande Salle. Il rattrapa son frère au moment où Regulus se dirigeait vers les cachots avec ses amis.
« Regulus ! » l'appela Sirius. Le nom était étrange sur ses lèvres.
Regulus se retourna. Il fixa Sirius avec un mélange de surprise et de méfiance dans les yeux.
Sirius remarqua que son frère avait des poches sombres sous les yeux. Regulus était proche de ses parents, ils étaient fiers de lui et Regulus voulait les rendre fiers. Avaient-ils aimé Regulus ? Avaient-ils été capables d'aimer tout court ? Sirius en doutait. Mais il était sûr que Regulus avait aimé leurs parents.
« Regulus... Pouvons-nous parler un instant ? » Sirius regarda les amis de Reg qui s'étaient eux aussi arrêtés net et regardaient maintenant Sirius avec une expression dédaigneuse.
« Qu'est-ce que tu veux, Sirius ? » La voix de Regulus était comme du fer froid.
« Je veux juste te parler. S'il te plaît ? » Sirius sentait son cœur battre plus vite et l'adrénaline monter dans ses veines. Il était nerveux. C'était les premiers mots qu'il échangeait avec son frère depuis des années.
Regulus hésita un instant, regarda ses amis, puis hocha silencieusement la tête.
« Je descends dans une minute. Ne m'attendez pas », dit-il à ses amis. Ils acquiescèrent et se retournèrent, marchant dans le couloir en direction des cachots, non sans avoir jeté un dernier regard hautain à Sirius.
Les coins de la bouche de Sirius se redressèrent légèrement à la réponse de son frère et il lui lança l'ombre d'un sourire. Le visage de Regulus resta crispé, sa bouche n'étant qu'une fine ligne. Sirius fit signe à Regulus de le suivre de quelques pas, et il alla se placer près d'une arcade sur le côté du couloir, où ils pourraient parler sans être dérangés.
« Alors, qu'est-ce que tu veux ? » La voix et le visage de Regulus étaient l'expression ultime de l'agacement.
« Je suppose que le professeur Slughorn t'a parlé ? » Sirius décida d'entamer la conversation avec précaution.
Regulus fit un seul petit signe de tête.
« Je suis désolé, Reg. Je voulais juste que tu saches que... si tu as besoin de quelque chose, je serai là. » Sirius utilisa inconsciemment le surnom qu'il avait utilisé pour appeler Regulus lorsqu'ils étaient encore enfants, bien avant que Sirius n'entre à Poudlard en première année.
Regulus tressaillit à l'évocation de ce nom familier, ses yeux prenant soudain un éclat dur.
« Comme si je voulais aller vers toi. Traître », siffla Regulus.
Sirius détourna le regard, une énorme boule se formant dans sa gorge. Ils avaient été proches autrefois.
« Tu n'as pas à... Je veux juste... » Sirius se mordit la lèvre nerveusement. C'était gênant. Il n'avait pas l'habitude d'être à court de mots. Il décida de changer de sujet.
« Alors... qu'a dit le professeur Slughorn concernant la personne avec qui tu vas vivre maintenant ? Je veux dire, tu as quatorze ans... » demanda Sirius timidement.
« Il n'a rien dit. Je vais aller vivre avec Bellatrix », répondit rapidement Regulus, la voix dure et dédaigneuse. « C'est tout ? J'ai des choses à faire, tu sais. »
Sirius hocha la tête. Regulus se retourna et descendit le couloir à toute allure, sans accorder un regard de plus à son frère aîné. Sirius soupira. Il ne s'attendait pas à autre chose, mais il se surprenait soudain à désirer une relation avec son frère. Au fond de son cœur, il avait espéré que le fait qu'ils se parlent pourrait résoudre quelque chose. Il avait pensé que peut-être, après la mort de leurs parents, ils pourraient reconstruire un lien entre eux. Sirius se reprocha d'avoir été si naïf. Leur conversation lui avait simplement rappelé à quel point Regulus le détestait.
Pourtant, il se sentait responsable.
C'était étrange. Sirius aurait aimé pouvoir transmettre cette responsabilité à qui le voulait, que ce soit Bellatrix ou quelqu'un d'autre. Mais au fond de lui, il se rendit compte, après quelques jours de réflexion, qu'il ne pouvait pas se résoudre à faire ça. Il aimait toujours son frère, d'une certaine façon. Bien sûr, il ne l'aimait pas particulièrement. C'était bizarre que la mort de son père, qu'il détestait, l'ait rapproché du reste de sa famille, de son frère, même s'il pensait avoir mis cela derrière lui.
Même si Regulus ignorait Sirius comme il l'avait fait auparavant, Sirius se sentait concerné. Les vacances approchaient, et il ne lui restait que quelques jours pour prendre une décision.
Trois jours avant les vacances, il rencontra James à la Tête de Sanglier à Pré-au-Lard. Il y avait une agitation dans les rues, car c'était un week-end à Pré-au-Lard pour les élèves de Poudlard, le dernier de cette année, et les élèves profitaient pleinement de leur dernière sortie à Pré-au-Lard avant les vacances. Sirius et James prenaient un verre de bière-au-beurre lorsque Sirius se confia enfin à son meilleur ami.
« Je ne sais pas quoi faire, James. Je crois que je deviens fou ! » gémit Sirius en cachant son visage dans ses mains. « Je ne sais pas... » marmonna-t-il.
James se redressa, enlevant les mains de son ami et le forçant à montrer son visage. « Tu ne deviens pas fou, Siri. Quoi que tu choisisses de faire, je pense que tu dois juste l'accepter du fond de ton cœur. Tout le reste peut s'arranger », assura-t-il fermement à son ami.
« Je sais. Mais je suis si confus ! Ces dernières années, j'ai à peine pensé à mon frère. C'est comme si je l'avais complètement oublié. Et maintenant, il est tout ce à quoi je peux penser. Je ne le connais même pas, comment suis-je censé construire une relation avec lui ? Il y a tellement de choses qui nous séparent — il me déteste. Il ne veut même pas de moi dans sa vie. »
Sirius passa ses doigts dans ses longs cheveux noirs. « Que ferais-tu si tu étais à ma place, James ? »
James regarda son ami d'un air pensif. « Comment te sentirais-tu si tu choisissais de tout donner à Bellatrix ? »
« Je ne sais pas... soulagé, je suppose, parce que je n'aurai plus à me soucier de rien. »
« Vraiment ? Tu ne te soucierais pas de ton frère ? » insista James.
« Si, je m'en soucierais. C'est pour ça que c'est si difficile ! » grogna Sirius. Il prit sa chope de bière au beurre et en prit une gorgée.
« Alors... Tu te soucieras de ton frère de toute façon maintenant, je suppose. Mais tu sais, Sirius, tu ne pourras influencer la vie de ton frère que si tu le gardes à ta charge. Il sera obligé de te parler de cette façon. Sinon, ne serait-ce pas comme si tu l'abandonnais ? Je veux dire, la malédiction du sang... Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne chose à faire. C'est assez extrême, et c'est une décision définitive, » dit James. Il ne voulait pas faire pression sur Sirius, mais il avait la forte impression que Sirius le regretterait s'il rejetait sa responsabilité maintenant.
Avant que Sirius n'ait pu répondre, ils entendirent une forte explosion et, peu après, des voix qui hurlaient de peur depuis l'extérieur. Un flot d'élèves entra dans la Tête de Sanglier, l'air effrayé et paniqué. Sirius et James échangèrent un seul regard, puis se levèrent et sortirent leurs baguettes. Que se passait-il ? Ils se frayèrent un chemin à travers la foule et sortirent par la porte, leurs baguettes prêtes à l'emploi.
Un peu plus loin dans la rue, ils aperçurent des personnes encapuchonnées et masquées qui jetaient des sorts dans tous les sens. Sirius reconnut le professeur McGonagall, le professeur Flitwick, madame Rosmerta et quelques autres sorciers qui essayaient de mettre les élèves en sécurité et, en même temps, de se défendre courageusement contre les attaquants qui s'en prenaient principalement au magasin de farces et attrapes Zonko et au magasin de bonbons Honeyduke. Ambrosius Flume fut touché par un sort d'étourdissement et Sirius le vit tomber au sol comme une marionnette sans vie. Sa femme courut vers lui et lança un Protego contre les sorts suivants, protégeant son mari sans défense, et avec l'aide du professeur Flitwick, ils réussirent à repousser les assaillants le temps que d'autres personnes portent l'homme inconscient en lieu sûr.
« Mangemorts ! » chuchota James avec agitation. Sirius acquiesça. Puis, il repéra quelques jeunes élèves recroquevillés sur le sol, cachés derrière l'angle d'une maison pas très loin dans la rue, et il n'hésita pas, il courut rapidement dans leur direction, gardant son attention élevée. Il se recroquevilla à côté des étudiants, vérifiant qu'ils n'étaient pas blessés. Une fille pleurait en silence, une autre respirait difficilement, presque en hyperventilation, et un garçon aux yeux écarquillés se recroquevillait à côté d'eux, les bras serrés autour de lui.
Sirius posa ses mains sur les épaules de la fille.
« Calme-toi. On va te sortir de là. » Une seconde plus tard, James apparut derrière lui, regardant attentivement autour de lui, baguette sortie et prête à l'emploi.
Sirius souleva les enfants et les conduisit vers le coin de la maison, en regardant soigneusement à gauche et à droite. La tête de Sanglier n'était pas loin, et la rue était libre de tout mangemort.
« Ouvre la voie vers la Tête de Sanglier, James ! » cria-t-il. Puis il demanda aux enfants de suivre James, en prenant lui-même la tête. Ils étaient presque arrivés quand deux silhouettes encapuchonnées apparurent juste derrière lui. L'une d'elles lança un sort d'étourdissement sur Sirius. Sirius le bloqua adroitement, créant une barrière protectrice entre les enfants et les attaquants.
« Cours ! » cria-t-il, et il regarda du coin de l'œil comment James avait mis les enfants hors de danger et les avait emmenés à la Tête de Sanglier.
Puis l'autre agresseur fit quelque chose d'étrange. Il attrapa son compagnon par le bras, l'empêchant de lancer d'autres sorts, et lui murmura quelque chose à l'oreille. Ils se retournèrent tous les deux et s'enfuirent. Le second agresseur jeta un dernier regard vers Sirius à travers son masque, et Sirius crut voir quelque chose de familier dans sa façon de bouger, de tourner la tête une dernière fois pour regarder Sirius, puis de disparaître au coin de la rue.
Sirius resta figé sur place, fixant les mangemorts. Son esprit commença à s'emballer. Il connaissait la deuxième personne. Il le sentait.
Derrière lui, James tira sur sa manche et le traîna jusqu'à la Tête de Sanglier pour le mettre en sécurité. L'esprit de Sirius était toujours occupé par l'étrange sentiment de reconnaissance.
« Je l'ai vu », dit soudain Sirius, le visage pâle.
James lui lança un regard perplexe. « Vu qui ? »
« Mon frère », murmura Sirius, ne faisant pas confiance à sa voix. C'était Regulus. Il le savait. Il fixa James, se surprenant à trembler.
Il ne pouvait pas l'avoir. Son petit frère. Reg. Là-bas, avec les Mangemorts.
Des souvenirs lui traversèrent l'esprit. Pas ceux que Sirius avait récemment de son frère, Regulus lui lançant des regards sombres et dégoûtés, mais des souvenirs plus anciens, de l'époque où ils étaient encore jeunes et où ils jouaient à cache-cache ensemble dans la maison de leurs parents. Il pensa aux fois où Regulus était entré dans la chambre de Sirius au milieu de la nuit, au doux bruit de ses pieds nus sur le sol, serrant fermement son oreiller dans sa main, des larmes coulant sur ses joues potelées. Regulus avait toujours cherché le réconfort de Sirius après un cauchemar, jamais celui de leurs parents.
Il avait invité son petit frère dans son lit, entouré sa petite forme de ses bras, Reg se blottissant contre lui, cachant son visage dans le t-shirt de Sirius. Protégeant son petit frère de l'obscurité. Regulus avait toujours eu peur du noir.
« Ne pleure pas, Reg. Je suis là. Ce n'était qu'un rêve. »
« Mais j'ai tellement peur ! Et s'il y avait des monstres dans l'obscurité ? »
« Alors je te protégerai. Tu es en sécurité avec moi, d'accord ? »
Un hochement de tête confiant contre sa poitrine.
En cette seconde, il savait qu'il ferait tout pour sauver son frère. Il avait promis à Reg de le protéger, c'était ce que faisaient les grands frères. Il sauverait son frère, que Regulus le veuille ou non.
Il ne laisserait pas les ténèbres l'avoir.
Et voici le premier chapitre d'une nouvelle fanfiction, suite à un "vote" sur mon discord !
C'est la première fois que je poste sur la relation de Sirius et Regulus.
Je suis trop pressée de connaître la suite, pas vous ?
