THE OTHER SIDE
CHAPITRE I
« Il ne faut avoir aucun regret pour le passé,
Aucun remord pour le présent,
Et une confiance inébranlable pour l'avenir. »
— Jean Jaurès
Je suis morte. Je ne suis pas particulièrement bouleversée par ce constat. Je suis même plutôt satisfaite de la manière dont je suis morte. Comme dirait Bella dans Twilight, « mourir à la place de quelqu'un que j'aime me semble être une bonne façon de partir ». C'est plutôt vrai.
Il y a eu un attentat. J'étais avec ma sœur et il fallait bien que l'une de nous survive à ce merdier. J'ai choisi qu'elle survivrait. J'avais déjà suffisamment donné, j'avais vécu ma vie pleinement et je n'avais aucun regret. Au moins, ma mort serait-elle utile à quelqu'un. Je préfère largement donner ma vie qu'attendre que la mort vienne me chercher à son rythme. Ce fut aussi simple que cela. Une vague de douleur, et soudain le trou noir, fin de l'histoire.
Je n'étais pas suicidaire, attention ! Mais contrairement à la majorité des gens (incluant ma sœur), je n'éprouvais pas une once de peur à l'idée de mourir. Après tout, une fois morte, je cesserai simplement d'exister, non ? Il n'y avait donc par définition aucune espèce de peur à éprouver.
Malheur à eux, les stoïciens se sont trompés.
J'ai eu très froid, puis peu à peu, l'atmosphère autour de moi s'est réchauffé. Je me suis sentie flotter, bercée par un ba-dum ba-dum rassurant. J'ignore combien de temps je suis restée dans le noir ainsi, à attendre, mais au bout d'un moment, j'ai ressenti une pression monumentale tout autour de moi, m'écrasant peu à peu, et me poussant je ne sais où.
J'ai eu mal. La lumière a flashé autour de moi. J'ai hurlé de douleur, et je me suis évanouie. L'expérience de la naissance est traumatisante, et c'est sûrement pour cela que personne n'est supposé s'en souvenir.
En somme, je suis morte, puis je me suis réincarnée.
J'ai mis du temps à me rendre compte que j'étais un bébé à nouveau. Les bébés passent de la conscience à l'inconscience si vite ! Mon cerveau ne fonctionnait plus correctement et ma conscience était endormie la plupart du temps. J'ai vite compris que je n'avais pas le contrôle de mon corps, comme je sentais une seconde présence me frôler parfois, alors que je dormais. Je ne m'en souviens plus très bien. C'était comme une vague de sensations et d'émotions, balançant entre la curiosité, la peur et la frustration.
Peu à peu, cette conscience s'est éteinte, et j'ai émergé. Quand j'ai ouvert les yeux, mon cerveau avait déjà assimilé la langue du pays dans lequel je me trouvais et qui m'entourait. J'avais alors trois ans. Ce jour-là, j'ai pris conscience de plusieurs choses. La première chose que j'ai comprise, c'est que j'étais un garçon, dans cette vie-là. La seconde chose que j'ai comprise, je l'ai saisie en voyant mon père faire flotter un objet à deux mètres au-dessus du sol et l'amener vers lui sans bouger son cul du canapé : dans cette vie, des gens avaient des pouvoirs.
Fuck. Ça finit toujours mal, ces trucs-là. En général, il y a toujours un mégalomane pour faire son apparition alors que tout pourrait bien se passer (demandez à Harry Potter, il vous en dira quelque chose). Le pouvoir est toujours une tentation, n'est-ce pas ?
En tous cas, ce jour-là, maman a eu bien de la peine à sécher mes larmes et à me consoler, si bien que j'ai fini par m'endormir dans ses bras, fiévreux et fatigué. Il y a eu le deuil, aussi. J'ai dû faire le deuil d'un petit ami, d'une famille aimante et de tous mes amis. Je l'ai mal vécu, on ne va pas se mentir. J'ai mis du temps à accepter la situation, si bien que ma mère s'est inquiété du fait que je devienne soudain si silencieux et calme.
Quelques jours après mon éveil, je me suis vu dans un miroir, en plein milieu du couloir. Il me paraissait plus qu'important d'apprendre à découvrir mon nouveau reflet puisqu'il allait me falloir vivre toute une nouvelle vie avec. Objectivement, j'étais un bel enfant. J'avais des petites joues toutes rondes, des jolies tâches de rousseur et de grands yeux gris. Ils me rappelaient ceux de ma première mère, virant tantôt au kaki, tantôt au bleu, sans jamais être d'un gris simple et inoffensif. Je découvris des sourcils en accent circonflexe, avec une pointe effilée, des pommettes hautes, et des lèvres pleines sous un joli nez en trompette hérité cette fois de ma seconde mère. J'avais un visage presque féminin, et la longueur de mes cheveux noirs n'arrangeait rien. J'étais petit, mais sans point de comparaison, il m'était difficile d'évaluer si j'étais dans la norme ou non.
Il me fallut bien peu de temps en revanche pour comprendre que le foyer dans lequel j'étais né n'allait, en revanche, pas être une partie de plaisir. Si ma mère était une femme belle et aimante, elle était également écrasée sous le poids d'un mari brutal, physiquement et verbalement abusif. Deux jours furent suffisants pour m'en rendre compte. Cet homme-là, dont j'avais hérité les sourcils en accent circonflexe et un menton franc, était ce que j'appellerai communément une ordure de la pire espèce.
Il n'était pas rare pour moi de le voir user de son pouvoir pour jeter des objets au visage de ma mère ou sur moi. Ma mère n'avait pas de pouvoir, rien pour se défendre. J'eus à observer ce spectacle pendant un an avant que mon propre pouvoir ne se manifeste à son tour. J'ignorais si mes parents s'attendaient à ce que j'en développe un, mais toujours est-il que ma mère eut peur et que mon père se mît dans une colère noire lorsqu'une barrière translucide s'érigea entre la chaise que ce dernier venait de lancer et elle. J'avais tout juste quatre ans, j'étais éveillée depuis environ six mois et ce fut la première fois que mon père leva directement la main sur moi.
Durant approximativement deux ans, mon père me fit vivre un enfer. Ma mère ne se défendait pas, mais à six ans, j'étais toujours une cible plus facile qu'elle. J'avais la rage. J'étais coincée dans un corps faible et lui me détruisait à petit feu. J'avais mentalement un peu plus de vingt-deux ans et j'étais bloquée avec un père abusif, lequel prenait plaisir à me voir souffrir. Ma rage ne fit qu'augmenter avec le temps. J'avais la rage contre ce taré indigne d'être père, et ne méritant pas le statut d'humain. Malgré moi, j'avais également la rage contre ma mère, laquelle ne se défendait pas et ne bougeait pas non plus lorsqu'il levait la main sur moi.
Lorsque j'eus six ans, elle tomba enceinte à nouveau. Ma petite sœur naquit un soir de Mai. Elle décéda deux ans plus tard, en décembre, alors que j'étais à l'école. La déchirure que j'en ressentis est une plaie qui ne se refermera jamais. Parentalisé par l'incapacité de mes parents (à se demander comment moi j'avais survécu), j'eus presque à faire le deuil de mon propre enfant. Si mon corps avait huit ans, mon esprit en avait vingt-quatre, et s'occuper d'un bébé, le nourrir et le changer avait suffi pour que je vois cet enfant comme le mien.
Le lendemain du décès de ma sœur, je me rendis dans le premier commissariat que je trouvais sur le chemin de l'école et dénonçais mes parents. Je dénonçais mon père pour homicide volontaire, coups et blessures et agression envers mineur, et ma mère pour non assistance à personne en danger. Puisque mes parents ne s'occupaient pas de moi, ils ne se souciaient pas non plus de ce que je voyais ou non, de ce que je disais ou non et du danger qu'un petit garçon de huit ans encourait à aller à l'école seul.
Trois jours plus tard, mes parents étaient incarcérés, et moi j'étais envoyé dans un foyer pour enfant. Leur procès eut lieu huit mois plus tard après avoir été placés en détention provisoire pendant toute cette durée. L'inspecteur qui recueillait mes témoignages se montra très compréhensif et très intrigué par la personne que j'étais, par la maturité et l'intelligence que je démontrais pour mon âge. Il me laissa sa carte et me confia au premier foyer d'accueil que je connus.
Au total, je vécus dans douze familles d'accueil et neuf foyers différents en deux ans. Les raisons de mes expulsions étaient simples. J'effrayais les parents d'accueil par mon intelligence et les entraînements et tests auxquels je soumettais mon pouvoir. Dans les foyers, les résidents les plus vieux tentaient de me soumettre, de me bizuter ou même de m'agresser et finissaient toujours par aller se plaindre aux responsables en clamant que j'étais dangereux et que je me permettais d'utiliser mon pouvoir sans supervision. Quelques autres fois, un Alter plus puissant, dans un corps plus grand et plus fort que le mien entraînèrent quelques complications, traumatismes et dégâts, mais l'issue était toujours la même : c'était de moi dont on se débarrassait.
Alter. Il me fallut des années avant de comprendre le monde dans lequel je me trouvais. Le nom que les gens donnaient à leurs pouvoirs résonna plusieurs fois en moi sans que je ne sache exactement pourquoi. Les souvenirs de mon ancienne vie étaient parfois flous et seuls les évènements et personnes importants demeuraient clairs dans ma mémoire. Le flash info, un jour à la télévision, portant sur le héros All Might, en revanche, fit exploser les informations dans mon esprit. Je jurais longuement ce jour-là, bouleversé. Il me fallut à nouveau plusieurs jours pour me remettre de ce choc.
Je fus envoyé dans un nouveau foyer d'accueil le jour de mes dix ans. Ce jour-là, me voyant attribuer le grenier pour chambre, je fis la rencontre de Shinsuke. Il avait presque dix-huit ans et fumait, allongé dans son lit, la fenêtre du balcon ouverte. Apparemment, personne ne voulait partager sa chambre, et la dernière place disponible se trouvant ici, j'écopais, selon l'avis de tous, du pire colocataire possible. Son regard ennuyé me suivit, lorsque j'allais déposer mes affaires dans le placard situé à côté de mon lit.
— T'es qui ? il me demanda en me dévisageant.
Je vidais consciencieusement mon sac sur les étagères, rangeais mes livres sur la plus basse dans l'ordre alphabétique et me relevais une fois tout en ordre.
— Hagane, je répondis. Yasei Hagane.
Il me regarda, ou plutôt me dévisagea, pendant de longues secondes avant de se redresser lentement, exhalant un nuage de fumée. Ses cheveux blonds coupés au carré étaient retenus en arrière par un serre-tête élastique. Il avait les oreilles percées, la langue également et je pouvais déjà discerner plusieurs tatouages sur ses doigts.
— De l'acier sauvage, il traduisit dans un sourire.
Son sourire était lent, paresseux, et il dégageait quelque chose de singulier. C'était comme si le monde n'avait pas d'emprise sur lui. Il semblait presque puissant, dans le simple fait de paraître ennuyé et indifférent aux changements de son environnement. Je pouvais lire une intelligence redoutable dans ses pupilles noires. Il était carnassier, et me paraissait pouvoir être dangereux s'il le voulait. Ses canines pointues se dévoilèrent dans un rictus.
— Je suis Tepa Shinsuke. Bienvenue au Refuge.
Son salut était arrogant, moqueur même. Pourtant, je me pris à sourire, profondément intéressé par l'énergumène que j'avais en face de moi. Il était fascinant.
Shinsuke me prit sous son aile, à la surprise de tout le monde. Il m'apprit à crocheter une serrure, à piquer de la nourriture dans la cuisine sans me faire attraper, m'apprît à me battre et à me défendre correctement sans même avoir à utiliser mon Alter. Il m'apprit à méditer, me reposer et même à penser comme lui le faisait. Ce garçon remettait tout ce qu'il voyait en cause tant qu'il n'avait pas de preuves. Il quitta le foyer dès qu'il eût dix-huit ans, mais ne me lâcha pas pour autant.
Il me raconta son histoire, comment son père les avait abandonnés, lui et sa mère, et comment celle-ci était devenue toxico, vendant même son corps pour avoir de quoi payer ses substances. Lorsqu'un de ses clients avait agressé son fils, la brave mère de Shinsuke avait été d'elle-même demander de l'aide aux services sociaux. On l'avait envoyé en cure, et son fils avait été placé sous la garde de sa grand-mère. Malheureusement, les deux femmes étaient mortes deux ans plus tard, l'une de vieillesse et l'autre d'une overdose de médicaments. Shinsuke s'était retrouvé aussi seul que je l'étais.
Le jour où il me raconta son histoire, mon ami me fit jurer de ne jamais tomber dans ces conneries, et je promis sans vraiment y penser. Je restais finalement dans ce foyer pendant quatre ans et demi, devenant familier de cet endroit sans pour autant vraiment l'investir. Je n'étudiais pas beaucoup, me contentant de me servir de mon grand âge mental et de mes lectures personnelles pour finir dans les premiers de mes classes. Je me contentais bien souvent de dormir dans le lit qu'on m'offrait au Refuge, mais passais le reste du temps dehors, avec Shinsuke.
Lorsque ce dernier sortit du foyer, il décrocha une bourse pour une université malgré son look de délinquant et parvint à s'en sortir grâce à sa redoutable intelligence. Il m'apprit à jouer du violon, compétence que sa grand-mère avait tenu à lui transmettre, et continua pendant des années à me transmettre ce qu'il savait.
Malheureusement, il me transmit également quelques mauvaises habitudes. À force de tabagisme passif, je me mis également à fumer à ses côtés, je tapais les mêmes nuits courtes que lui, et passais des heures à regarder la lune, contemplatif. Je pris également sa tendance à l'arrogance, son sourire lent et sa façon de parler. Il était le grand frère que je n'avais jamais eu dans cette vie, mon mentor et mon meilleur ami.
Lorsque j'eus quinze ans, le Refuge prit feu. Le Refuge portait bien son nom. Le foyer était géré d'une main de maître et n'admettait aucune forme de violence, d'agression ou de malversation. Masuyo, Rie et Shigeko, les trois responsables de l'établissement étaient des femmes fortes, des forces de la nature. Elles géraient surtout les rixes entre résidents, même si elles n'empêchaient pas les dérives comme les miennes : rentrer tard, fumer, sortir en dehors des heures prévues était correct tant qu'on ne finissait pas au commissariat ou que l'on ne foutait pas le bordel.
Lorsque le foyer prit feu, beaucoup d'enfants et d'adolescents se trouvaient à l'intérieur. Le feu prit par la cuisine, enfuma les étages et intoxiqua beaucoup d'entre nous. Entraîné par Shinsuke à utiliser mon Alter, je pris les devants dans l'évacuation de tout le monde. Je créais des toboggans avec mon pouvoir, me retrouvant presque à sec et vérifiais dans toutes les pièces que personne ne se trouvait laissé pour compte.
Lorsque le bâtiment s'effondra, Masuyo, et moi nous trouvions encore à l'intérieur avec Rin, le plus jeune résident. Je modulais un dôme au dernier moment et le plaçais autour de nous trois, subissant de plein fouet la chute de plusieurs étages. La chaleur monta comme dans un four, et Masuyo pérît à l'âge de soixante-quatre ans. Rin eut les poumons endommagés, et j'écopais d'une lourde cicatrice en travers de l'œil et d'une diminution de ma capacité visuelle. Je m'estimais chanceux de ne pas avoir plus de séquelles.
Backdraft, un héros sapeur-pompier me félicita ce jour-là et me demanda mon nom. Il haussa les sourcils à l'entente de mon nom de famille, mais n'insista pas. À ses côtés, Air-Jet m'adressa un sourire et m'indiqua que grâce à mes toboggans, tout le monde avait pu s'en sortir.
Quelques jours plus tard, pour les funérailles de Masuyo, le cimetière était presque complet. Il y avait des gens de tous âges et de toutes les catégories socio-professionnelles. Beaucoup vinrent remercier la Vieille Mère, comme on l'appelait, pour ce qu'elle avait fait pour eux. Shinsuke versa sa petite larme et retourna à sa nouvelle vie sans un mot. Je savais qu'il était bien plus touché par la mort de Masuyo qu'il ne le disait, mais ni l'un ni l'autre ne nous forcions à parler ou à faire parler l'autre en de telles circonstances.
Ma vie changea quelques jours plus tard lorsqu'un inspecteur vint me voir. C'était le même qui m'avait interrogé plusieurs années auparavant au sujet de la mort de ma soeur, Naomasa Tsukauchi. Les souvenirs m'assaillirent. Cela paraissait si lointain à présent… Il m'apprit la libération de ma mère et la pendaison de mon père, dans sa cellule. Il me demanda si j'avais une idée de l'endroit où je voulais aller, si je voulais retourner auprès de ma mère.
Je refusais. Un nouveau Refuge fut construit, après quelques mois disséminés dans diverses familles d'accueil, et fut placé sous la régence de Rie et Shigeko. La fille de Shigeko, Akiko, vint à son tour travailler au Refuge. La vie reprit son cours.
Backdraft et Naomasa restèrent dans le coin un moment. L'un comme l'autre, ils vinrent me voir régulièrement. Backdraft me proposa un stage dans son agence. Je refusais. Il me proposa de me sponsoriser pour une éventuelle entrée à l'académie UA. Je refusais à nouveau. Avais-je envie d'être un héros ? Quelques années auparavant, j'aurai probablement accepté, mais maintenant ?
Shinsuke me conseilla d'accepter, d'au moins tenter. Tsukauchi me le conseilla également. L'inspecteur se fit de plus en plus présent. Lorsque je lui demandais pourquoi, il m'expliqua qu'il était rare de voir des enfants de huit ans dénoncer leurs parents pour un meurtre, et encore plus de les voir, presque sept ans plus tard, sauver tout un foyer d'accueil des flammes. Il m'apprit que j'avais attiré l'attention sur moi, et que Backdraft et Air-Jet n'étaient pas les seuls à me garder à l'œil.
— Ce n'est pas une mauvaise chose, tu sais ? Les enfants de foyer ont rarement le choix, concernant leur avenir, et n'ont pas souvent de possibilité comme celle-ci. Les héros qui t'ont vu à l'œuvre ont consulté ton dossier. Tu as démontré très jeune que tu étais responsable, réfléchi, et que tu ne te servais pas que de ton Alter pour faire appliquer la justice. Ils sont intéressés par un profil tel que le tien. Réfléchis-bien.
J'y réfléchis. Pendant des jours. Je n'étais pas sûr de moi. J'avais arrêté de lire le manga après l'arc Overhaul. Avais-je envie de me lancer dans une telle aventure ? Avais-je envie de me jeter tête baissée dans le danger ? Mon ancienne vie se rappela à moi avec la force de mon ancienne philosophie. Si je mourais, je disparaîtrais simplement, non ? Pourquoi avoir peur ? Je décidais de ne pas prendre en compte ma réincarnation.
Tsukauchi eut un sourire en m'entendant dire que j'allais passer les tests. Backdraft m'assura qu'il était d'autant plus convaincu que je ferai un bon héros, puisque je tenais à passer les tests par moi-même sans recourir à son aide.
Shinsuke m'entraîna deux fois plus dur et me concocta tout un programme, en bon préparateur physique. Ses cinq années d'études touchaient à leur fin et il les finirait tout juste quand j'entrerai au lycée. Pour fêter ma décision, il m'emmena me faire percer la langue dans une bijouterie. Il m'avait déjà percé les oreilles à divers endroits, parfois lui-même, parfois chez un professionnel.
Lui et moi nous liâmes par un tatouage en commun. J'étais jeune, mais personne n'aurait à voir mon corps, n'est-ce pas ? Par un tatouage en pointillisme et minimaliste, il choisit la vue que nous avions depuis le balcon du premier Refuge, avec la lune en fond. C'était un hommage l'ancien Refuge, à la Vieille Mère, à nôtre rencontre et à nôtre amitié. Il le plaça sous sa clavicule et je le calais au même endroit. Au passage, j'en profitais pour reproduire le tatouage que j'avais dans mon ancienne vie, un triangle sous chaque pliure du coude. Le tatoueur était peu regardant concernant mon âge, et Shinsuke avait fait faire ses premiers tatouages à quinze ans.
Mentalement, j'avais trente-et-un ans, presque trente-deux, je savais ce que je faisais avec ma peau, merci bien.
Les tests de l'Académie UA furent moins compliqués que je ne l'imaginais. Détruire des robots était bien la chose la plus simple que je puisse faire avec mon pouvoir. Les tests écrits me posèrent plus de problème comme j'avais tendance à ne pas réviser et que mes années collèges remontaient à loin, dans mon ancienne vie. Pourtant, à quelques jours de la rentrée, je reçus une vidéo du héros All Might, m'annonçant que j'avais été pris. Je terminais troisième du classement avec 73 points « villain » et aucun point de « rescue ». Le résultat m'importa peu. Tant que j'étais pris, le reste n'avait pas d'importance.
C'est ainsi qu'une semaine plus tard, je me trouvais devant l'entrée de l'Académie UA, prêt à entrer et à intégrer la classe 1-A, Shinsuke et Tsukauchi m'encourageant d'un sourire.
L'illustration de la fiction est Hagane au moment ou il entre à l'Académie.
Chapitre très introductif, j'ai essayé de couvrir au maximum les treize ans passés dans le monde de bnha le plus vite possible tout en étant le plus complet possible, le rythme change dans les chapitre suivants. Ne pas oublier que l'esprit qui réside dans le corps de Hagane est trentenaire et a donc envie de vivre sa vie comme un trentenaire, ce qui explique qu'un très large fossé se trouve entre lui et les membres de la Classe 1-A (ne serait-ce que dans le comportement).
