Auteur : Akanezora
Disclaimer : Les personnages appartiennent à Masashi Kishimoto
Note : M
Warning : Langage fleuri et scènes pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes.
Note : Et oui, me revoilà encore avec une nouvelle histoire... Voilà ce qui arrive quand je regarde un peu trop la série Station 19. J'espère qu'elle vous plaira !
Juste pour vous aider à comprendre, voici les grades (ceux mentionnés uniquement dans l'histoire) dans l'ordre de la hiérarchie.
- Colonel
- Commandant (dirige plusieurs casernes)
- Capitaine (chef d'une équipe de la caserne)
- Lieutenant (Bras droit du capitaine)
- Sergent
Set fire
Partie 1
Sasuke aimait relâcher la pression.
Chaque jour depuis des années, Sasuke s'attelait à sauver des vies. C'était son boulot. Sa vocation et jamais il ne rechignait à entrer dans un bâtiment sur le point de s'effondrer. C'était peut-être même tout le sens de son métier : pénétrer un lieu qui venait juste d'être évacué. Être celui qui bravait les obstacles et affrontait les flammes.
Être un héros.
Comme tous ses collègues, Sasuke ne pouvait nier cette addiction à l'adrénaline lorsqu'il franchissait un mur de feu ou lorsqu'il sortait une victime des décombres. Ce moment intense pendant lequel il ne réfléchissait plus que par son instinct de survie. Quand, en voyant l'éclat de vie luire dans les yeux d'un secouru, il savait qu'il venait juste d'accomplir l'impossible. De se dépasser. Encore une fois. Intervention après intervention. C'était à chaque fois le meilleur moyen pour lui de se sentir vivant.
« Suce mes doigts. »
Sasuke obéit à la voix autoritaire qui susurrait à son oreille et ouvrit la bouche pour accueillir deux doigts d'homme qu'il suça avec soumission.
Depuis peu, rien n'était plus pareil. Sasuke venait d'être promu capitaine de la caserne de Konoha à tout juste vingt-sept ans. C'était une tradition chez les Uchiwa. Devenir capitaine, de père en fils, peu importe la caserne ou l'affectation. Il fallait toujours être le meilleur, prendre les choses en mains et diriger les autres pour mener à bien les interventions.
« Voilà, comme ça. Suce. »
Sasuke gémit, son regard fiévreux plongé dans celui autoritaire d'un homme qu'il ne connaissait pas. Des yeux si bleus qu'ils ressemblaient à un ciel d'été. Des yeux si intenses, qu'il apprécia être pour une fois celui qui recevait les ordres. Alors il se laissa diriger par une main dictatoriale sur sa hanche qui menait le rythme des coups de butoir qu'il recevait entre les cuisses.
C'était son secret. Sasuke détestait diriger. Il avait simplement suivi le chemin tracé par sa famille, pour ne pas décevoir son père et tenir tête à son frère. Ce qu'il aimait lui, c'était les interventions. Être au cœur de l'action. Extirper une victime des flammes. Et non pas commander ses hommes depuis l'extérieur et s'assurer de la bonne salubrité du matériel. Ou pire encore, remplir des papiers...
Alors pour échapper à tout ça, Sasuke s'évadait de temps en temps à la recherche d'hommes plus contrôlant que lui. Des hommes qui aimaient dominer et prendre les choses en mains. Des hommes qui, juste pour un instant furtif, lui ferait oublier qu'habituellement, c'était lui qui devait prendre les décisions.
Mais trouver ce genre de spécimens n'était pas chose aisée dans la ville de Konoha. Sasuke était connu de par son statut de capitaine des pompiers et ses brèves rencontres se terminaient bien souvent de la même façon. Les autres hommes s'agenouillaient devant lui, parce qu'il portait l'uniforme, parce qu'il incarnait la parfaite représentation du mâle viril et le fantasme d'une bonne partie de la communauté gay.
Sasuke soupira de plaisir lorsque la bouche gourmande de son partenaire mordit la peau fragile de son cou. Il ne vit bientôt plus qu'une tignasse blonde alors qu'il sentait son sexe le pilonner sans ménagement. Les doigts dans sa bouche se firent plus inquisiteurs alors que le plaisir lui faisait perdre le rythme et Sasuke apprécia ce rappel à l'ordre. Il écarta davantage les jambes pour approfondir la pénétration et l'homme grogna de satisfaction. C'était ça que Sasuke aimait par dessus tout. Pour relâcher la pression. Trouver un type qui le prendrait sauvagement sans savoir qui il était vraiment.
Alors lorsqu'il tombait sur l'un de ces rares étrangers en ville qui ne le reconnaissait pas, Sasuke ne manquait pas une telle occasion de s'envoyer en l'air. De se retrouver dans cette position de soumis et d'obéir aux ordres d'un autre.
A califourchon sur les genoux de son partenaire, Sasuke sentit la cadence s'accélérer et les doigts autoritaires quittèrent sa bouche pour venir lui maintenir fermement les hanches. L'autre homme perdit le contrôle et il encaissa les coups de butoir, ses doigts entremêlés dans l'épaisse tignasse blonde, mordant cette épaule solide sur laquelle sa tête retomba.
« Jouis, ordonna l'autre dans un grognement. » La pénétration s'accéléra encore. Plus rapide, plus forte. Bien moins tendre. « Et fais-moi jouir. »
Ces mots autoritaires le firent se tendre et Sasuke vit un instant les étoiles. Un nouveau coup de butoir toucha sa prostate et son souffle se coupa, ses doigts crispés arrachant presque les mèches blondes qui chatouillaient sa mâchoire. Et entre leurs deux corps en nage, il jouit dans un cri plus aigu que les autres.
Un instant, le monde s'arrêta. Sa tête devint lourde et il eut la sensation de s'endormir, ainsi reposé contre l'épaules de son amant. Mais celui-ci ne l'entendait vraisemblablement pas de cette oreille et ses mains se raffermirent autour de ses hanches pour le rappeler à l'ordre. Alors il leva le visage vers l'autre, encore étourdi par la jouissance, et retrouva les yeux azurs de son partenaire qui semblaient se consumer de flammes ardentes.
Sasuke avait l'habitude du feu. Il le voyait tous les jours. Mais l'incendie qui brûlait dans les prunelles de l'autre semblait inextinguible et il se mordit la lèvre inférieure en recommençant à bouger ses hanches, soutenant le regard ardent qui ne semblait plus vouloir quitter le sien. Alors il s'empala lui-même sur ce sexe tendu à l'extrême, encore sous les assauts des spasmes qui contractaient ses fesses et se laissa guider par la cadence que lui imposait le blond.
Sasuke se sentit reprendre vie, ainsi mené par ce type qui aimait prendre les commandes. Son sexe se gorgea de nouveau de désir, ainsi dominé par cet homme. Leurs corps en sueur semblaient être faits pour se rencontrer. Leurs lèvres brûlantes semblaient avoir été conçues pour se retrouver au milieu des flammes. Alors il s'appliqua à lui donner du plaisir, à gémir au creux de son oreille, à le rendre fébrile de sa présence. A le faire jouir.
Et dans un dernier regard enflammé, l'autre se tendit entre ses cuisses et dans un dernier grognement viril, jouit à l'intérieur de lui.
Sasuke croqua dans une pomme fraîche, une serviette accrochée autour de ses hanches étroites alors qu'il sortait d'une longue douche. Lorsqu'il revint à sa chambre, l'autre n'avait toujours pas bougé, allongé sur le dos au milieu de ses draps en soie, encore complètement nu. Il avait fermé les yeux, un bras reposant lestement derrière sa tête et l'autre sur sa poitrine, se soulevant au rythme tranquille de sa respiration. Sasuke l'observa un court instant. C'était probablement le mec le plus beau qu'il se soit tapé de toute sa vie avec sa peau hâlée et son corps de dieu grec. Il devait être sportif, à en croire ses épaules larges et ses abdominaux dessinés même au repos. Probablement plus sportif que lui encore, car même si Sasuke était musclé, dame nature l'avait doté d'une corpulence relativement fine. Contrairement à cet homme allongé sur son lit. Bien plus large, bien plus baraqué que lui.
Typiquement ce que Sasuke recherchait pour les quelques nuits furtives qu'il s'autorisait.
Sasuke croqua de nouveau dans sa pomme.
« Tu peux aller te doucher si tu veux, l'interpella-t-il. » Naruto ouvrit les yeux, jetant sur lui les eaux profondes de ses yeux. « Avant de rentrer chez toi. »
Le blond eut un rire rauque et Sasuke regarda un instant sa poitrine robuste être soulevée.
« Ok ok, je vois, répondit finalement l'autre. » Sasuke apprécia sa voix grave qu'il n'avait pas vraiment pris la peine d'écouter jusque là. « Pas d'attache, c'est ça ? »
Ils n'avaient pas vraiment parler tous les deux. Ils s'étaient rencontrés dans un bar en périphérie de la ville, là où Sasuke pensait pouvoir ne rencontrer aucune de ses connaissances.
« Tu as tout compris. »
L'autre se leva dans un sourire en coin, vraisemblablement amusé par la situation et Sasuke ne manqua pas de mater une dernière fois ce type qui se rhabillait tranquillement.
« C'est quoi ton nom ,déjà ?
- Naruto. Et toi ? »
Un t-shirt en coton redescendit lentement le long du torse musclé et Sasuke releva les yeux vers les siens.
« Tu n'as pas besoin de le savoir. »
Alors sans plus de cérémonie, il le raccompagna à la porte. Puis après un rapide coup d'oeil vers la pendule qui indiquait déjà les premières heures de la journée, partit enfiler le pantalon de son uniforme et son polo noir au liseré rouge qui traversait sa poitrine. Puis il attrapa son écusson de capitaine et le scratcha sur son épaule, prêt pour une nouvelle garde de quarante-huit heures.
En rejoignant la caserne aux premières lueurs de l'aube, Sasuke avait déjà oublié son amant d'un soir, prêt à reprendre son rôle de capitaine.
L'alarme se déclencha au milieu de la nuit et dans un automatisme parfaitement réglé, Sasuke sortit de la chambre qui lui était réservée, uniforme sur le dos pour courir vers le hangar depuis lequel partaient les camions. Ses hommes arrivèrent au compte goutte depuis les dortoirs, tous aux aguets, prêts à combattre les flammes de l'intervention qui les attendaient. Alors il les compta un à un et leur fit signe de monter dans les fourgons.
Le camion fila au cœur de la nuit noire, sirènes et tous feux allumés pour prévenir de leur présence.
« Ça va être tendu, l'interpella Neji , les deux mains sur le volant et les yeux fixés sur la route. On est toujours en sous-effectif. Les mecs sont fatigués. »
Sasuke lui coula un regard depuis le siège passager.
« Je sais. »
Neji Hyûga était un ami de longue date. Peut-être son meilleur ami même, si tant est qu'il en ait eu d'autre. Ils avaient rejoint la caserne l'un après l'autre, à quelques mois de différences et avaient appris à grandir et évoluer ensemble. Aujourd'hui, Sasuke était devenu capitaine tandis que Neji n'avait pas même atteint le grade de lieutenant. Pourtant, il était son plus fidèle bras droit.
« Il arrive quand, l'autre ? »
L'autre, comme l'appelait Neji avec beaucoup de mauvaise foi, c'était le nouveau lieutenant de la caserne. Celui qui le remplacerait, maintenant qu'il était devenu capitaine. Sasuke avait d'abord proposé la candidature de son ami mais le commandant Hatake l'avait refusée et sa décision fut sans appel. Il avait déjà choisi celle d'un autre type que Sasuke ne connaissait pas et qu'il ne mourrait pas forcément d'envie de connaître. Mais ils avaient besoin de lui. Un homme en moins dans une caserne se faisait ressentir, surtout au précieux grade de lieutenant.
« Demain.
- Et il vient d'où, déjà ? Du désert ? »
Le sarcasme dans la voix de son ami lui arracha un rictus.
« De la caserne de Suna. »
Suna était une ville située à la frontière du pays, où les températures arides provoquaient régulièrement des incendies. C'était différent de Konoha, ville au climat plus tempéré et où les incidents n'étaient bien souvent que des accidents de foyers. Ou des accidents de la route. C'était assez loin des tremblements de terre réguliers de Suna et ses feux de forêts qui ne finissaient jamais.
« Bah j'espère qu'il est bon cet enfoiré, parce qu'il m'a raflé mon poste. »
Sasuke lui coula un regard désolé. Pourtant Neji restait à la caserne, malgré sa déception immense. C'était par amour de son métier. Hyûga était un membre de l'équipe de Konoha. Il sauvait des vies et le reste passait après. Même les promotions.
« Hatake dit que c'est le meilleur lieutenant du pays. »
Le commandant Hatake lui avait vanté les mérites de ce lieutenant Uzu-machin dont les scores aux entraînements étaient toujours supérieurs aux statistiques nationales. Un type avec un esprit d'équipe hors du commun et dont chacune des interventions remontaient systématiquement jusqu'aux oreilles des colonels du pays.
Sasuke n'en avait que vaguement entendu parler par son père, devenu colonel depuis quelques années, comme étant l'un de ces types qu'on voulait avoir comme partenaire lors d'une intervention. Kakashi Hatake n'avait fait que confirmer ses dires. Ce lieutenant de Suna était une aubaine pour la caserne de Konoha.
« Il a intérêt. »
Neji détourna les yeux de la route une seconde pour le regarder et Sasuke s'attarda un instant sur son visage dur et ses yeux de nacres. Il avait attaché ses cheveux noirs en chignon serré pour l'intervention, toujours prêt partir au combat. Neji Hyûga aussi était un héros et Sasuke aurait aimé l'avoir comme lieutenant à ses côtés.
« Ouais, il a intérêt. »
Le lendemain, Sasuke accueillit le commandant Hatake aux premières heures de la journée. L'homme aux cheveux gris était son supérieur direct. Il n'avait plus qu'un œil valide, l'autre caché derrière un capuchon, perdu à jamais lors d'une intervention effectuée dans ses jeunes années de pompiers. Cet homme représentait à lui seul les risques du métier. Il était un vrai soldat. Un guerrier, l'un de ces types que les jeunes recrues admiraient dès le premier jour de leur arrivée.
« Belle opération cette nuit, capitaine.
- Merci mon commandant. »
Sasuke resta un instant au garde-à-vous, le menton droit, les jambes légèrement écartées et les mains jointes dans son dos. Hatake lui fit signe de se détendre et il s'exécuta. L'homme jeta un coup d'oeil aux camions qui dormaient dans le hangar, vérifia la vétusté des lances à incendie et le bon fonctionnement des échelles sous le regard averti de Sasuke. Puis enfin, ils rejoignirent le bureau du capitaine pour signer les dernières paperasses relatives à l'arrivée du nouveau lieutenant.
« Mes hommes sont à bout, j'espère qu'il est aussi bon que vous le prétendez. »
Le commandant le toisa de son seul œil valable.
« Il l'est, répondit-il, la voix aussi impassible que d'habitude. Réunissez vos hommes dans le hangar, il va arriver d'une minute à l'autre.
- Bien mon commandant. »
Sasuke alla cueillir son équipe dans la salle de pause où, à cette heure matinale, ils prenaient des forces autour d'un petit-déjeuner copieux. La salle de repos n'était pas très grande mais elle comprenait une cuisine et une grande table où ils se rejoignaient souvent. Sasuke, lui, ne prenait que rarement part aux rassemblements.
« Yo capitaine ! l'accueillit Kiba, assis sur le comptoir de la cuisine. Tu veux un café ? »
Sasuke déclina. Il jeta un œil à Neji qui, de l'autre côté de la grande baie vitrée de la terrasse, fumait sa clope autour de son café matinal. Ils se saluèrent d'un signe de tête muet. Puis à nouveau, il reporta son regard sur le reste de l'équipe. Attablés joyeusement, ses hommes parlaient de leur intervention nocturne et de leurs exploits collectifs.
« Je vous attends dans le hangar pour l'arrivée de votre nouveau lieutenant, ordonna-t-il. Tout de suite.
- Maiiiis pour une fois qu'on avait le temps de déjeuner ! se plaignit Kiba.»
Sasuke lui jeta un regard noir en lui faisant signe de descendre son cul du comptoir. C'était le plus jeune de l'équipe. Un gamin de vingt-ans à peine, le dernier arrivé et pourtant déjà bien intégré dans l'équipe. Un véritable bout-en-train, avec ses tatouages en triangle sur les joues et ses cheveux bruns toujours ébouriffés. Pourtant, Sasuke savait qu'il pouvait compter sur lui durant une intervention. Malgré son jeune âge, le sergent Inuzuka n'avait jamais rechigné à braver le danger.
« J'espère au moins qu'il est beau gosse, ton lieutenant ! maugréa Sakura en faisant un clin d'oeil à sa collègue Hinata. Il a intérêt à être appétissant si on doit rater le petit-déj' ! »
La timide Hinata se mit à rougir en entendant les paroles de Sakura. Elle tenait le standard de la caserne durant leurs gardes et aujourd'hui, elle faisait partie de l'équipe au même titre que tous les autres. Elle était également la cousine de Neji et avait hérité des attributs physiques des Hyûga, contrastant totalement avec Sakura et son caractère effronté, ses cheveux roses et ses grands yeux verts.
La dernière fille de l'équipe, Ino, intervint :
« Si c'est un beau gosse, c'est chasse gardée !
- T'as pas le droit de faire ça ! se plaignit Sakura. Tu te tapes toujours les petits nouveaux ! »
Kiba s'étrangla avec son café.
« Moi j'ai pas eu le droit à mon pot d'accueil, Ino ! »
Il y eut des rires et Sasuke les observa un instant. Cette équipe fonctionnait bien. Ils s'entendaient tous et lui avait évolué avec la plupart d'entre eux durant ces dernières années. Comme avec une famille. Mais aujourd'hui, les choses étaient devenues différentes alors il les rappela à l'ordre.
« Dans le hangar, grouillez vous. » Il contempla une dernière fois la salle des yeux, vit du coin de l'oeil Neji écraser sa cigarette dans le cendrier sur la terrasse. « Où est Lee ?
- Parti courir, soupira Ino. Ce mec n'est jamais fatigué...
- Alors rappelez-le. Le commandant Hatake est déjà là.»
Certaines épaules devinrent raides et Sasuke sortit de la salle pour rejoindre le hangar.
Tous ses hommes se tenaient au garde-à-vous devant les camions lorsque Lee arriva au pas de course. Il rejoignit le rang et Sasuke, face à eux, lui jeta un regard noir qui le fit rougir jusqu'aux oreilles. Sasuke avait encore toutes ses preuves à faire sur le poste de capitaine puisqu'il n'avait été promu que depuis cinq mois. Il était impensable d'échouer, que le poste lui plaise ou pas. Sasuke avait toujours été le meilleur de son équipe et ce grade lui avait donc été attribué par mérite. Alors même s'il ne s'épanouissait pas comme il le voudrait, il prenait son rôle au sérieux. Pour lui et pour l'honneur de son père. Et ses preuves tenaient simplement à épater le commandant Hatake – en commençant à veiller à ce que ses soldats soient à l'heure.
Kakashi arriva, un homme en uniforme sur ses talons. Sasuke remonta son regard las des rangers cirées du nouvel arrivant jusqu'à ses cuisses puissantes et sa taille marquée, puis sur la naissance d'un torse dessiné sous un polo noir au liseré rouge. Il ne laissa aucune émotion se peindre sur son visage en continuant de remonter jusqu'aux larges épaules et aux biceps développés. Mais le grain de peau hâlé lui fit légèrement froncer les sourcils, comme s'il lui était familier. Comme si ces bras avaient déjà pu supporter son poids. Alors soudainement paniqué, Sasuke releva définitivement les yeux vers le visage du nouveau et, les yeux écarquillés, reconnut les traits familiers de celui qui avait partagé son lit deux nuits plus tôt.
Naruto.
Son cœur rata un battement quand les yeux azurs transpercèrent les siens et il dut prendre sur lui pour continuer de rester impassible. L'autre homme semblait l'avoir reconnu, lui aussi, et Sasuke sentit une désagréable goutte de sueur dévaler son échine.
« Je vous présente votre nouveau coéquipier, présenta le commandant Hatake. Le lieutenant Uzumaki Naruto. Il vient de la caserne de Suna. Il est classé premier aux entraînements depuis des années et vous pouvez vous estimer chanceux de l'avoir dans vos rangs. »
Parmi ses hommes, il y eut des sifflements admiratifs et le rire féminin d'Ino étouffa à travers l'assemblée lorsque Naruto se positionna face à eux. Sasuke ne vit plus que son dos . Neji restait impassible, son regard noir fixé sur le nouveau venu.
« Merci de m'accueillir, s'éleva la voix grave de Naruto. J'espère que nous travaillerons bien ensemble.
- Bien, je vous laisse prendre vos repères jusqu'à la fin de la journée lieutenant Uzumaki, enchaîna le commandant. Vous prendrez vos fonctions durant la prochaine garde.
- Bien mon commandant.»
Sasuke fixa le dos de cet homme, fort, droit et fier et ses yeux se durcirent lorsqu'il remarqua le regard admiratif des femmes de son équipe.
Le commandant Hatake se tourna vers lui.
« Quelque-chose à ajouter, capitaine ? »
Naruto tourna également la tête vers lui et Sasuke tomba immédiatement dans ses yeux céruléens.
« Bienvenue, lieutenant. »
Naruto eut un imperceptible sourire. Ravageur, séducteur... Dominateur.
Et Sasuke eut l'impression que le piège venait juste de se refermer sur lui.
C'était un véritable cauchemar.
La matinée fut calme et Naruto fut entraîné par ses nouveaux camarades jusque dans la salle de pause pour le déjeuner. Lee lui collait aux baskets depuis deux heures pour connaître ses secrets pour les scores aux entraînements alors que la blonde, Ino Yamanaka, lui faisait du rentre dedans sans prendre de pincettes.
Alors tout naturellement, il s'était retrouvé entre eux deux pour le repas du midi. En face de lui, Hinata rougissait à chacune de ses paroles alors que Kiba lui lançait des oeillades mauvaises. L'autre aux cheveux longs qui fumait sur la terrasse ne lui avait pas adressé la parole de toute la matinée, juste comme s'il n'existait pas.
Ce n'était jamais très simple de changer de caserne. Sa mutation avait été le fruit d'une longue décision parce qu'il avait quitté ceux qu'il considérait comme sa famille. Mais c'était devenu vital, comme si l'air de la caserne de Suna était devenu irrespirable depuis l'accident. Alors il ferait en sorte de se faire accepter ici aussi, et de trouver des camarades aussi fiables qu'il avait pu en avoir par le passé.
Mais ça, c'était sans compter sur la surprise de taille sur laquelle il était tombé en débarquant ici ce matin. Naruto retint un soupir en écoutant Ino babiller joyeusement à propos de la super intervention de la nuit passée. Toutes ses pensées allaient vers son nouveau capitaine. Le type même qu'il s'était tapé juste quelques nuits plus tôt. C'était encore si récent que Naruto était persuadé qu'en se concentrant bien, il pouvait encore entendre le bruit de ses soupirs et sentir sous sa langue le goût laiteux de sa peau.
C'était invraisemblable de le retrouver là. Et pendant la présentation du commandant Hatake, il s'était bien rendu compte de combien l'autre aussi avait semblé surpris.
L'objet de ses pensées vint interrompre le repas et Naruto le vit s'accouder sur le chambranle de la porte, les bras croisés sur sa poitrine.
« Uzumaki, dans mon bureau. » L'équipe le charria pour lui faire peur de sifflements et autres huées moqueuses. « Immédiatement.»
Son regard noir semblait vouloir le glacer sur place et Naruto le soutint en se levant silencieusement. Il suivit son capitaine à travers le hangar, contournant les camions sur lesquels des mécaniciens s'activaient et se laissa entraîner dans le bureau de son supérieur. Celui-ci ferma les stores pour éviter les œillades curieuses et Naruto aborda un sourire moqueur.
« Quoi, tu veux remettre ça ? »
Sasuke le fusilla du regard. Son capitaine était plus petit que lui de quelques centimètres à peine et il ne put s'empêcher de repenser un bref instant à leur nuit passionnelle.
« C'est justement de ça dont je voulais te parler. »
Sa voix était dure et Naruto regretta son visage détendu par le plaisir. Il l'avait trouvé si... sexy, ainsi offert à ses bons soins, plus obéissant encore qu'une bonne chienne de famille. Son sourire s'agrandit, lubrique et un tantinet hautain. Il avait fait plier le capitaine à ses ordres, après tout. Il l'avait contrôlé, l'avait fait jouir et en redemander.
Et ça, c'était satisfaisant.
« Tu ne dois en parler à personne, ordonna Sasuke. Est-ce que c'est clair ?
- Je ne comptais pas faire étalage de ma vie sexuelle, tu sais.
- Personne ici ne sait que... » Naruto le vit hésiter et, juste une seconde, fuir son regard. « Personne ne connaît mes préférences. Alors tu as intérêt à la fermer, c'est bien clair ? »
Naruto resta droit, les mains dans les poches, loin d'être impressionné.
« Très clair. »
Sasuke inspira longuement, le visage crispé.
« Bien. »
Il se passa un instant pendant lequel Naruto trouva son amant d'un soir plutôt sexy dans l'uniforme qui moulait sa fine musculature. Ses mèches noires encadraient parfaitement son visage anguleux et il se souvint un instant des rougeurs sur ses joues lorsqu'il l'avait emmené au septième ciel.
L'autre fronça les sourcils encore un peu.
« Tu savais qui j'étais avant qu'on baise ? »
Naruto ne lui jeta qu'un regard désinvolte.
« Si tu avais daigné me donner ton nom, j'aurais peut-être pu faire le rapprochement. »
Il écopa d'un nouveau regard noir en retour.
« Bon écoute, en attendant de trouver une solution, je te propose qu'on ne se parle que pour le strict minimum, ok ? » Sasuke baissa d'un ton pour être certain de ne pas être entendu depuis le hangar et ce fut au tour de Naruto de froncer les sourcils. « Pour ne pas éveiller les soupçons des autres, tu vois.
- Comment ça, en attendant de trouver une solution ? »
Sasuke croisa les bras sur son torse.
« On a couché ensemble, tu crois quand même pas que tu vas rester dans cette caserne sous mon commandement ?
- Tu fais ce que tu veux, toi, répondit froidement Naruto. Mais moi je n'irais nulle part. »
Leurs yeux se défièrent et Naruto profita de leur légère différence de taille pour s'imposer.
« Je suis capitaine et si je décide de te faire partir, tu partiras. »
Naruto le trouva beaucoup moins charmant que l'autre nuit avec son air d'enfoiré orgueilleux. Pour qui il se prenait, ce bâtard prétentieux ? Il venait juste de bousculer toutes ses habitudes, de quitter sa caserne et ses amis pour tomber sur un type qui voulait le foutre dehors pour une simple histoire de cul ? Hors de question.
« Tu peux pas me virer, alors bon courage. »
Il vit Sasuke serrer les dents.
« Je te ferais sortir à la moindre erreur. »
Naruto eut un rire ironique.
« Je ne fais jamais d'erreur. »
Le capitaine sembla prendre ça pour un défi et le lieutenant sentit un déferlement de colère lui balayer la poitrine.
« C'est ce qu'on verra. »
L'après-midi, Sasuke fut forcé de constater que son nouveau lieutenant était effectivement à la hauteur de sa réputation. Il avait fait enchaîner les exercices d'entraînement à son équipe pour tester son niveau, pour le forcer à sortir de sa zone de confort et le pousser à commettre des erreurs. A la faute, même, pour qu'il puisse tenter de négocier avec le commandant Hatake son départ immédiat.
Mais c'était sans compter sur cette mauvaise graine de Naruto qui avait réussi tous les exercices avec brio, menant ses hommes sur le terrain comme s'il les connaissait depuis toujours. Et à chaque fois qu'il sortait du bâtiment d'entraînement après avoir éteint le feu et sauver le mannequin, Sasuke le voyait systématiquement enlever son casque avec un sourire narquois qui lui était pleinement destiné.
Cet enfoiré ne le laisserait pas l'atteindre. Pire encore, il se forcerait certainement à être meilleur encore juste pour le faire enrager. Et ça fonctionnait déjà.
Sasuke coupa le chrono en le voyant sortir du bâtiment une énième fois, mannequin sur l'épaule, suivi de Lee et Ino dans leur tenue coupe-feu. Il fixa l'écran du chronomètre, les doigts serrés à s'en faire blanchir les phalanges autour de l'objet.
Il serra les dents lorsque les yeux victorieux du blond se posèrent sur lui.
« C'était génial, Naruto ! s'écria Lee. » Sasuke voyait d'ici ses yeux admiratifs alors qu'Ino hochait vivement la tête. « Je suis persuadé que tu as explosé tous les records de la caserne ! »
Ino s'adressa à ses collègues qui attendaient leur tour pour entrer dans le bâtiment.
« Si vous l'aviez vu ! Il a décelé que le plafond allait s'effondrer avant même qu'il y ait le moindre craquement ! »
Sasuke vit Neji lancer un regard noir au blond alors qu'il terminait de fermer son épais blouson.
L'équipe qui sortait du bâtiment s'approcha de lui et Sasuke dut ravaler cette colère qui le dévorait.
« On a fait combien ? s'enquit Ino. »
Tous les autres regardaient vers eux, aux aguets pour connaître le chrono du lieutenant.
« 9 minutes 27, répondit Sasuke, les dents serrées. »
Ino et Lee s'extasièrent alors que Naruto restait calme, ses iris tranquillement plantés dans les siens.
« Ça va, fit-il en haussant une épaule. »
Sasuke serra davantage l'objet entre ses doigts. C'était le meilleur temps de toute la caserne. Meilleur encore que son propre record personnel.
L'alarme se mit à sonner et ils l'entendirent depuis le hangar. Comme à chaque fois, il y eut un pic d'adrénaline générale alors qu'ils se dépêtraient tous des équipements de l'entraînement pour courir jusqu'aux camions. Ce fut le rituel habituel, Sasuke compta ses hommes et les dispersa à travers les différents fourgons.
« Et moi ? gronda Naruto » Il fronça les sourcils en défiant son capitaine. « Tu ne m'as pas donné mon affectation. »
Il ne restait plus qu'eux sur la piste alors que les camions étaient sur le point de partir. Neji qui conduisait le fourgon de tête klaxonna pour les presser.
« Le commandant Hatake a dit que tu prendrais tes fonctions pendant la prochaine garde. » Sasuke eut un léger sourire mauvais. « Alors tu n'as qu'à faire du ménage en attendant notre retour. »
Puis Sasuke monta dans le camion aux côtés de Neji, satisfait de la colère qu'il avait vu naître sur le visage du blond, parce qu'il n'y avait pas plus insultant pour un pompier que d'être écarté d'une intervention.
La prochaine garde arriva rapidement et Naruto mit un point d'honneur à être présent avant ses collègues. Il se présenta brièvement à l'équipe qui s'occupait de la relève et eux le saluèrent comme le messie, heureux de pouvoir rentrer chez eux après quarante-huit heures consécutives de garde. Il partit se changer aux vestiaires et redescendit par le hangar pour un footing matinal.
Instinctivement, il jeta un œil vers le bureau du capitaine. Sasuke était déjà là, occupé à signer une montagne de paperasses et Naruto fronça les sourcils en le voyant. Cet enfoiré l'avait laissé sur la touche lors de leur dernière garde alors qu'ils avaient été appelés pour une intervention. C'était certainement la première fois qu'on lui faisait une crasse pareille. Jamais on ne lui avait autant manqué de respect à la caserne de Suna. Jamais. Et à trente-deux ans révolus, Naruto avait eu le temps d'en côtoyer, des cons. Des types si ingrats qu'il leur aurait bien refait le portrait s'il en avait eu l'occasion. Et Sasuke les surpassait tous.
Alors il le foudroya un instant du regard, si bien que le capitaine finit par relever la tête, les sourcils froncés. Alors ils se jetèrent un instant des éclairs à travers les vitres du bureau jusqu'à ce que Naruto ne se décide à partir en petites foulées autour de la caserne jusqu'à l'arrivée de ses camarades.
La journée ne fut qu'une succession de petites interventions banales, comme des alarmes incendies déclenchées dans différents établissements de la ville, ou des petites mamies souffrant de la chaleur inhabituelle des derniers jours.
« C'est long, soupira Ino en s'éventant avec son t-shirt. » Elle se tourna vers Naruto. Ils étaient tous attablés dans la salle de pause, partageant un repas auquel une fois de plus, Sasuke manquait à l'appel. « Ça doit te changer des gardes de Suna ! »
Elle semblait admirative et Lee embraya immédiatement pour qu'il leur raconte quelques anecdotes. Sakura se laissa également charmée par le récit de ses meilleures interventions et Naruto apprit que la jeune femme aux cheveux roses était l'une des plus combatives de sa génération. Elle partagea devant tous ses coéquipiers, fière de son parcours, qu'elle avait fait sa formation en même temps que Sasuke et qu'elle avait été la pire recrue de sa promotion. Alors après avoir été affectée dans la même caserne que lui, elle s'était jurée de le surpasser. De s'entraîner plus dur que les autres pour atteindre son niveau et elle refusait les aménagements d'exercices conçus pour les femmes. Elle relevait les défis, au même titre que les hommes.
Sakura Haruno était une guerrière et Naruto la trouva admirable. Alors ainsi entouré, il commença à se sentir plutôt bien dans cette caserne, oubliant un peu son enfoiré de capitaine, faisant également fi des œillades furieuses de Kiba et de l'indifférence de Neji. Les relations finiraient par se tisser avec le temps.
« Il se la pèèète, putain ! »
Sasuke eut un regard amusé pour le jeune sergent qui s'amusait à reporter les fabuleux récits de messire Uzumaki, comme il aimait vraisemblablement le surnommer. Ils étaient enfermés dans le bureau du capitaine depuis la fin du repas pour maugréer sur le nouveau lieutenant.
« Et pis vas-y que j'ai couru dans les flammes avec mes muscles saillants, et vas-y que c'est moi qui ai sorti les gosses d'une faille sismique et blabla... » Kiba mima un haut le cœur. « Il se prend pour qui, ce type ? Superman ? »
Neji et Sasuke échangèrent un regard. Kiba était bruyant et son jeune âge le rendait probablement jaloux du lieutenant expérimenté qu'était devenu Naruto. Cependant, le capitaine ne pouvait s'empêcher d'être d'accord avec lui. Parce qu'il était peut-être bon, mais l'assurance débordante du blond le faisait sortir de ses gonds.
Il ne voulait pas de lui dans la caserne. Ils avaient couché ensemble alors peu importe combien il pouvait être un bon lieutenant, il était hors de question de le garder dans l'effectif. Personne ne devait connaître son attirance pour les hommes, sous réserve de perdre toute crédibilité dans ce milieu machiste et ce n'était certainement pas cet idiot qui mettrait sa carrière en péril.
« Tu veux pas lui montrer qui est le chef, capitaine ? continua de monologuer Kiba. » Son jeune sergent lui vouait un culte et si Sasuke ne se laissait que rarement amadouer, il devait bien avouer qu'il appréciait la fougue de son cadet. « Juste histoire de calmer un peu ses ardeurs, tu vois ? Parce que là, il va nous rafler toutes les nanas de la caserne ! »
Les sentiments de Kiba pour Ino étaient de notoriété publique, aussi le capitaine ne s'en formalisa pas. Mais Ino était d'une dizaine d'années son aînée et c'était sans compter qu'il y avait des règles au sein de la caserne. Pas d'affaires de coucheries dans la même équipe – c'était aussi pour ça, que Sasuke devait se séparer de ce super lieutenant. En revanche, il n'était pas rare d'entendre des histoires de sexe entre les différentes équipes de relève. Ino était d'ailleurs connue pour déflorer les nouvelles recrues de toute la brigade, pourvu qu'ils ne soient pas affectés à leur équipe.
« Il restera pas, affirma-t-il en se levant du siège de son bureau. » Kiba eut des étoiles dans les yeux et Sasuke nota l'attention que lui portait Neji. « J'en fais mon affaire.
- Et comment tu comptes t'y prendre ? interrogea son meilleur ami. il n'a pas l'air du genre à commettre des erreurs. »
Sasuke haussa une épaule.
« J'ai ma petite idée. » L'alarme se déclencha, raisonnant dans toute la caserne et ils se redressèrent d'un coup. « Et on va commencer dès maintenant. »
La voix d'Hinata se fit entendre dans les hauts parleurs :
« Incendie dans un hôtel. L'immeuble à commencer à s'effondrer. Les secours sont déjà sur place et ont commencé à évacuer le bâtiment. Nombre de clients présents, inconnu. Nombre de victimes, inconnu. »
Ils se dirigèrent rapidement vers le hangar où le reste de ses hommes étaient déjà présents. C'était un drame qui se jouait à l'autre bout de la ville et pourtant pour eux tous, c'était une nouvelle intervention terriblement excitante. Une nouvelle façon de vivre le grand frisson. De se sentir vivant.
Sasuke leur donna leur affectation, la voix forte, comme s'il avait toujours été le capitaine de cette équipe fonctionnelle. Il y eut beaucoup de mouvements et très vite, tous coururent à leur poste respectif. Puis il reporta son regard sur Naruto qui avait enfilé sa combinaison aussi vite que tous les autres et il le toisa de haut un moment.
«Tu prends le véhicule de secours, Uzumaki. »
Naruto fronça les sourcils avant que son visage ne se déforme par la colère.
« T'es pas sérieux, putain !
- Ce sont mes ordres. »
Neji klaxonna. Il ne restait plus qu'eux deux sur la piste et la tension qui régnait dans l'air.
« Je suis lieutenant, bon sang ! »
Il n'y avait aucune honte à prendre le véhicule de secours mais ça sous-entendait de rester à l'extérieur du bâtiment en flamme pour s'occuper des blessés. Le rôle du lieutenant, lui, était d'être à l'intérieur avec le reste de l'équipe, à appliquer les ordres du capitaine qui lui, restait dehors pour diriger les opérations. Être lieutenant, c'était probablement le meilleur poste pour celui qui tendait à être dans le feu de l'action – sans mauvais jeu de mot. Et Sasuke qui regrettait souvent cette place, n'était pas prêt à laisser Naruto profiter de ce merveilleux rôle.
« Et moi je suis ton capitaine, alors obéis. »
Naruto lui jeta un regard noir et ils s'affrontèrent un instant. Puis Neji klaxonna à nouveau et le blond se détourna dans un cri de rage pour rejoindre le véhicule de secours.
Tout le reste de la garde ne fut qu'un éternel recommencement et Naruto fut affecté au véhicule de secours. A la garde suivante, Sasuke s'amusa à faire la même chose lors des premières vingt-quatre heures. Il sentait que son nouveau lieutenant n'allait pas tarder à craquer. Il n'y avait rien de plus frustrant à ce grade là, que d'être exclu des interventions. Rien de plus blessant, pour une fierté d'homme et il y avait fort à parier qu'il se tirerait avant la fin des quarante-huit heures de garde.
Le plan était parfait.
Il était déjà tard lorsque Sasuke sortit de la douche. La nuit était déjà bien entamée et la plupart de ses hommes devaient déjà être dans les dortoirs pour profiter de quelques heures calmes pour se reposer avant une possible intervention. C'était toute la difficulté de ce métier. Ils devaient dormir dès qu'ils en avaient l'occasion pour être opérationnels sur le terrain, parce qu'ils avaient des vies entre les mains. Chaque jour, et que c'était beaucoup de pression à gérer.
Il sortit de sa cabine dans un nuage de vapeur, les muscles passablement détendus et une serviette nouée autour de la taille, puis rejoignit les vestiaires attenantes afin de se changer pour la nuit. Lui avait le luxe d'avoir sa propre chambre contrairement aux autres et c'était probablement ce qu'il préférait dans le poste de capitaine.
« Tu comptes me punir parce que je t'ai baisé ? »
Sasuke sursauta. Dans la lumière vacillante des vestiaires, Naruto se tenait, accoudé contre un casier, les bras croisés sur son torse. Son visage était dur, plein de ressentiments d'avoir une fois de plus été laissé sur la touche. Alors Sasuke ne lui rendit qu'un regard mauvais en s'approchant de son casier.
« Je te punis parce que tu es impertinent » Il prit une pause en attrapant un t-shirt dans son casier. « Et tu ne m'as pas baisé. »
Sasuke n'acceptait pas que l'on parle de lui dans ces termes. C'était réducteur, excepté lors des moments où il se faisait réellement baiser et que le langage cru devenait excitant. Mais ce n'était pas le cas actuellement et le regard sévère de Naruto sur lui, lui donna envie de le blesser davantage.
Le lieutenant s'avança jusqu'à sa hauteur, l'air menaçant, et Sasuke sentit sa présence envahir la sienne alors qu'il s'avançait dans son espace vital. Il ne se démonta cependant pas, son t-shirt dans la main et toujours nu sous sa serviette. Il soutint le regard de Naruto, même lorsque celui-ci passa brièvement sur son corps avant de se replanter dans le sien.
« Impertinent ? répéta durement le blond. Tu te fous de ma gueule ? »
Sa voix était froide et son regard dur. Sasuke eut un sourire narquois.
« Continue comme ça et je te suspends. »
Naruto s'approcha davantage, obligeant Sasuke à reculer jusqu'à avoir le dos plaqué contre les casiers. Ses yeux azurs ressemblaient à un océan glacé alors qu'aucun sourire n'égayait son visage habituellement détendu. Sasuke s'en satisfit.
« Suspends-moi et je révèle à tout le monde ton vilain petit secret, Uchiwa. »
Sasuke fronça les sourcils.
« Tu ne feras pas ça. »
Mais Uzumaki ne baissa pas les yeux et il lui apparut plus sérieux que jamais.
« Oh si, je vais le faire. J'ai pas de petit papa colonel à impressionner, moi et j'en ai rien à foutre qu'on sache que je suis gay. » Sasuke déglutit, le dos plaqué contre les casiers. Naruto le coinça en plaquant violemment son bras au-dessus de sa tête et il dut prendre sur lui pour soutenir ses yeux assassins. « Alors soit tu me réhabilites dès la prochaine intervention, soit tous tes petits camarades apprendront que tu aimes te faire prendre le cul par d'autres mecs. »
Sasuke resta silencieux, la colère grondant au fond de sa poitrine. Naruto ne plaisantait pas. Ses yeux étaient exorbités par la rage et son corps imposant bloquait le sien, ne lui laissant aucune perspective d'échappatoire.
Les casiers tremblèrent lorsque Naruto claqua de nouveau son avant bras dessus.
« C'est clair !? »
Sasuke inspira longuement, s'insufflant de la haine que lui inspirait ce connard de blond. Pour qui se prenait-il, ce type sorti de nulle part à venir le menacer, lui, Sasuke Uchiwa ?
« Je suis ton capitaine et c'est moi qui donne les ordres. »
Le visage de Naruto demeurait proche du sien et Sasuke vit un sourire mauvais se dessiner sur ses lèvres.
« Pourtant tu étais plutôt docile l'autre nuit, répondit Naruto, la voix provocatrice. » Sasuke le sentit attraper le bord de sa serviette d'une main assurée et il voulut l'en empêcher, mais l'autre le repoussa pour le dominer. « Et si je me souviens bien, c'est toi qui obéissais à mes ordres. »
Cette fois-ci, Sasuke ne put s'empêcher de rougir et il ne put réagir à temps lorsque la main de Naruto tira sur sa serviette pour la dénouer. Alors il se retrouva entièrement nu, à la merci de cet homme qui prenait plaisir à l'humilier.
Sasuke jeta un regard paniqué vers la porte des vestiaires en espérant que personne ne les surprendrait et il repoussa Naruto de toutes ses forces.
« Ok, c'est bon ! gueula-t-il, furieux. Je vais te réhabiliter alors éloigne-toi de moi ! »
Naruto recula, un air satisfait sur son visage et Sasuke le vit reprendre son petit sourire habituel alors que lui se penchait, une main devant l'entre-jambe, pour ramasser sa serviette. Le lieutenant eut un regard moqueur quand il renoua le tissu autour de sa taille, le rouge aux joues.
« Tu vois quand tu veux ! » Naruto lui tourna le dos pour rejoindre la sortie des vestiaires mais avant de passer la porte, Sasuke le vit de nouveau porter ses yeux moqueurs sur lui. « Oh et si tu t'avises à recommencer, je me ferais une joie de t'apprendre la discipline. »
Lorsque Naruto quitta les vestiaires, Sasuke se sentit mourir de honte.
Ainsi lors de la prochaine garde, Naruto fut réhabilité sur le terrain.
« Carambolage sur l'autoroute Konoha Nord. Une douzaine de véhicules impliqués. Les secours sont déjà sur place. Trois morts connues et une dizaine de blessés. »
Naruto attrapa son sac de premiers secours alors qu'il tendait le matériel à ses collègues, les uns après les autres, s'assurant de par son rôle de lieutenant, que tous partaient dans de bonnes conditions. L'adrénaline monta d'un cran entre eux et chez Naruto davantage. C'était la première intervention où Sasuke ne le laissait pas sur la touche. La première réelle intervention. Parce que depuis leur altercation dans les vestiaires lors de la dernière garde, il n'y avait eu que des opérations banales. Cette fois-ci, c'était différent.
Sur la piste, Sasuke donna les affectations et lorsque son regard noir s'arrêta sur lui, Naruto se satisfit de l'entendre lui ordonner de monter dans le deuxième fourgon aux côtés de Kiba qui conduisait. Exactement là où il devait être, dans son rôle de lieutenant. Alors il lui lança un sourire vainqueur auquel Sasuke répondit par un regard noir.
Puis il monta dans le fourgon, heureux de retrouver le terrain.
« Je croyais que tu l'affectais au véhicule de secours jusqu'à ce qu'il craque ? »
Sasuke coula un regard à Neji qui conduisait. A l'intérieur, il bouillait de rage.
« La caserne a besoin d'un lieutenant. » Neji, à côté, fronça les sourcils et Sasuke se concentra sur le carambolage sur lequel ils arrivaient juste. « Ne pose pas de question. »
Le camion s'arrêta le plus près possible du lieu de l'accident et les fourgons suivants en firent de même. Ils sortirent rapidement, entraînés pour ce genre de situation et vinrent se distribuer le matériel pour se répartir les tâches. Puis Sasuke ordonna à ses hommes de se déployer méthodiquement. Neji au triage des blessés, Ino et Lee aux premiers soins, Sakura, Kiba et Naruto en renfort aux équipes de secouristes pour extirper les victimes des véhicules trop pliés pour les sortir de là.
C'était un véritable cauchemar. La situation était catastrophique, parce qu'en attendant leur arrivée, d'autres véhicules étaient venus s'emboutir dans les premiers accidentés. On dénombrait pas moins d'une vingtaine de voitures empalées les unes dans les autres. C'était un désastre et Sasuke n'avait que rarement vu des accidents d'une pareille envergure. Ils entendaient des hurlements provenir de toutes parts alors que la nuit tombait déjà. Il y avait des corps déchirés, d'autres totalement inertes jonchaient le bitume encore chaud de la journée.
« Mais qu'est-ce que vous avez foutu avant qu'on arrive ? » La jeune secouriste sur qui Sasuke gueulait fit un pas en arrière, le regard bas. « C'est un putain de carnage ici ! Vous n'avez même pas fait le triage ! »
Elle bafouilla.
« On.. on est en sous-effectif, capitaine. Notre chef n'est pas là et on... »
Sasuke leva les yeux au ciel.
« Prenez votre matériel et occupez-vous des blessés par ordre de couleurs. Les noirs sont morts. Les rouges pour la priorité absolue, puis les oranges, jaunes et enfin les verts. Et prévenez l'hôpital.» Sasuke jeta un regard lugubre à la scène. « Ils vont avoir du boulot, cette nuit. »
Puis il planta la secouriste pour rejoindre ses hommes, de poste en poste pour veiller au bon déroulement des opérations. Il aida Neji au triage pour avancer plus rapidement, fit un massage cardiaque à un homme en arrêt tout en aidant Lee à sauver un enfant en lui donnant des ordres par radio, puis rejoignit l'autre partie de son équipe pour les aider à extraire les corps des véhicules carambolés.
La situation était apocalyptique. L'urgence les forçait à être partout à la fois tout en restant extrêmement vigilant pour leur propre sécurité. Il n'y avait pas assez de renforts pour réussir à sortir tous les civils qui hurlaient de panique inutilement autour d'eux, créant une panique générale autour de la scène de l'accident.
C'était chaotique et pourtant, c'était ce que Sasuke préférait. Le terrain. L'adrénaline d'avoir à gérer toutes ces vies, de se sentir constamment sous pression. C'était une putain de drogue, quelque-chose de si exaltant qu'elle faisait battre son cœur à une vitesse presque surhumaine.
Sasuke arriva près de la tête de l'accident. Kiba était couché sous une voiture alors que Naruto démontait la portière, perceuse en main, hurlant ses ordres à ses coéquipiers et aux secouristes aux alentours. Il resta une seconde figé à le regarder faire.
Naruto était concentré à démonter la carcasse, surveillant du coin de l'oeil que le véhicule ne basculerait pas sur Kiba et Sasuke serra les dents. Il y avait toujours ce genre de risques en interventions. Il le vit appeler un secouriste pour prendre sa place pour démanteler la portière, lui hurla de s'assurer de faire attention à son coéquipier qui continuait de se démener sous la voiture avant de courir près d'un blessé à qui il le vit prodiguer une trachéotomie d'urgence.
« Haruno ! hurla Naruto en déchirant le plastique autour de ses ustensiles chirurgicaux. Comment est la situation de ton côté !? »
Sakura était de l'autre côté des véhicules en train d'ausculter une femme enceinte.
« Col dilaté à dix ! La poche des eaux est rompue ! On a besoin d'un départ en ambulance d'urgence ! »
Il vit Naruto percer la gorge de son blessé avec une dextérité incomparable et un sang-froid à toute épreuve. Il restait calme, malgré l'urgence de la situation, veillant tantôt sur son blessé, tantôt sur Kiba pour être certain que le véhicule ne s'était pas renversé sur lui, tout en donnant des ordres à ses coéquipiers.
Sasuke ne put s'empêcher de se sentir impressionné. Naruto était fait pour ce métier. Il était probablement le meilleur lieutenant qu'il lui ait été donné de voir. Il avait même l'étoffe d'un grand capitaine.
« Tu dois la faire accoucher ici !
- T'es malade ou quoi !? gueula Sakura. » Son visage était stupéfait et ses yeux verts brillaient de panique. Sasuke bougea à ce moment-là pour lui porter secours. « Je peux pas faire ça ! »
Il arriva à la hauteur de la jeune femme, lui ordonnant de reculer alors qu'il prenait les choses en mains. Sakura sembla infiniment soulagée et Sasuke ne vit que vaguement le tremblement de ses mains. Elle se poussa pour lui laisser la place, condamnée dans son mutisme.
« Calme-toi, Haruno ! hurla Naruto, parce que de là où il se trouvait, il ne pouvait pas voir ce qui se passait ici. Je finis ici et j'arrive ! Alors calme-toi et tiens bon ! »
Sasuke écarta les jambes de la femme enceinte pour examiner la situation. La tête du bébé apparaissait déjà sous les suppliques de cette presque mère qui souffrait le martyr.
« On s'occupe de vous, madame, la rassura-t-il. Haruno, soigne sa plaie à la tête, je m'occupe de l'accouchement. » Puis il se mit à crier pour être entendu de l'autre côté des voitures accidentées au-delà desquelles il ne voyait rien. « Je m'occupe de la situation ici, Uzumaki ! Continue de t'occuper des blessés de ton côté ! »
Il se concentra sur la femme allongée sur le bitume, confiant sur les agissements de son désormais lieutenant.
« Bien, capitaine ! hurla Naruto»
Haruno, elle, resta immobile. Sasuke lui jeta un œil furtif. Son visage semblait pétrifié par la peur. Ses mèches roses collaient à son front dans un mélange de suie et de sueur.
« Haruno, l'appela-t-il durement. Tu retournes dans le camion. »
Il ne la vit qu'à peine écarquiller les yeux de stupeur alors qu'il reprenait ses soins sur la victime enceinte.
« C'est un ordre. »
« Ce type est merveilleux ! s'exclama Kiba en claquant son verre de jus de fruits contre la table. J't'en prie Uzumaki, laisse-moi m'entraîner avec toi ! »
Naruto eut un rire léger. Ce gamin le faisait penser à lui, dans ses débuts, quand il courait encore partout avec la fougue des jeunes recrues. Ils étaient tous attablés dans la salle de pause après avoir pris une douche. L'intervention avait duré des heures et ils en revenaient à peine alors que déjà, le soleil se levait.
Comme souvent, Neji fumait tranquillement sa clope, cachant son sourire tranquille provoqué par sa discussion avec Ino qui ne le quittait plus depuis leur retour. Sakura, Kiba, Lee et lui profitaient d'un petit-déjeuner bien mérité après cette nuit lourde en agitations.
« Tu es libre de venir t'entraîner avec moi si tu veux, répondit-il, amusé. Mais je te préviens, je risque de te faire pleurer. »
Kiba serra le poing alors que Lee claquait ses mains sur la table, déterminé, faisant trembler la vaisselle et sursauter tout le monde.
« Je veux en être ! Je veux en être ! »
Ils échangèrent tous un rire, sauf Sakura, assise en face de Naruto et dont la hargne semblait s'être fanée depuis leur retour d'intervention. Alors il se pencha en avant, concerné.
« Tout va bien ? »
Elle força un sourire.
« Bien-sûr ! »
Ses yeux perturbés semblaient dire le contraire mais Naruto n'insista pas devant les autres et il se promit d'aller lui parler plus tard. C'était son rôle de lieutenant après tout. L'esprit d'équipe était primordiale pour le fonctionnement de la caserne et il en savait quelque-chose. Ils devaient tous se faire confiance. Connaître les faiblesses et les points forts de chacun pour pouvoir s'entre-aider.
Et éviter les drames.
La porte s'ouvrit sur Sasuke qui semblait sortir de la douche, tout propre dans son uniforme noir, le visage aussi impassible que d'habitude. Ses mèches gouttaient encore sur ses épaules lorsqu'il vint prendre place en bout de table, attirant tous les regards, même ceux de Neji et Ino depuis la terrasse. Ils rentrèrent dans la pièce à leur tour, pour profiter de ce moment de groupe.
C'était inhabituel de voir Sasuke se joindre à eux et peu à peu, toutes les conversations s'estompèrent. Naruto le vit se servir un café d'un air désinvolte puis il laissa reposer sa tasse sur le verre de la table dans un silence presque religieux.
Tous les yeux étaient pendus à ses lèvres.
« Bravo à tous pour cette intervention. Vous avez bien travaillé. »
Naruto capta le bref regard que Sasuke lui envoya. Puis le silence se transforma en hurlements de joie, repoussant l'épuisement des dernières heures. Sakura serra les poings et ça n'échappa pas au lieutenant.
Ils finirent de prendre le petit-déjeuner dans la joie et la bonne humeur et Naruto se laissa porter par les incessants défis lancés entre Kiba et Lee. Ino riait à gorge déployée avec Hinata, plus timide, qui les avait rejoint. Neji et Sasuke restèrent globalement silencieux et Naruto les jugea plutôt taciturnes. Sakura elle, quitta la salle pour aller s'entraîner.
Puis peu à peu, tous retournèrent vaquer à leurs différentes occupations. Certains allèrent récupérer quelques heures de sommeil tandis que d'autres s'occupèrent du ménage et de faire des courses pour remplir le frigo. Bientôt, Naruto se retrouva seul avec Sasuke qui s'était adossé au comptoir de la cuisine, sa tasse fumante entre les mains.
Leurs yeux se retrouvèrent.
« T'as fait du bon boulot. »
Naruto eut un sourire victorieux, satisfait d'avoir cloué le bec à son capitaine.
« Je t'ai impressionné, hein ?
- Ta gueule, le rembarra Sasuke. » Naruto se mit à rire de sa mauvaise foi. « Ne prends pas la grosse tête. »
Le rire du lieutenant redoubla, fier d'avoir pu faire ses preuves. Il était né pour être sur le terrain. C'était de l'adrénaline qui coulait dans ses veines lorsqu'il se retrouvait au milieu d'un accident à devoir tout gérer. Et, du peu qu'il avait pu voir Sasuke durant l'intervention, lui aussi semblait se shooter à la même dope que lui.
« T'as eu l'air d'aimer retrouver le terrain. » Sa remarque sembla faire briller une lueur d'attention dans les yeux sombres de Sasuke. « C'est inhabituel pour un capitaine d'être aussi impliqué sur un accident. »
Sasuke renifla d'un air dédaigneux.
« Et alors ? »
Naruto eut un sourire tranquille. Même si l'autre n'était pas très loquace, le blond savait qu'il avait tapé dans le mille. Il l'avait vu, cette flamme qui l'avait animé pendant qu'il sauvait des vies. L'expression sur son visage, semblable à la sienne lorsqu'il avait sous ses mains la chaleur d'un corps entre la vie et la mort. Naruto l'avait vu partout sur lui, pendant cette intervention, son besoin viscéral d'être au cœur de l'action.
« On est pareils, toi et moi. »
Sasuke eut un rire désabusé.
« Je crois pas, non. »
Naruto croisa les bras sur son torse alors qu'il s'approchait lentement de Sasuke. Ce qu'il avait vu sur le terrain lui avait plu. Il aimait les hommes du même acabit que lui. Ceux qui par leur trempe naturelle, se sentait capable d'accomplir l'impossible. Naruto aimait ça. Vraiment. Sans compter qu'il avait déjà vu de quoi cet hargneux soldat était capable au lit et que ce qu'il aimait le plus, lui, c'était de faire plier à ses ordres ces hommes à l'orgueil démesuré.
Il eut un sourire séducteur mais ne s'approcha qu'à une distance raisonnable.
« Pourquoi être devenu capitaine ?
- Pardon ? »
Sasuke avait levé un sourcil, hautain.
« Pourquoi être devenu capitaine ? Si ce que tu préfères, c'est le terrain.
- Ça ne te regarde pas. »
Sasuke était un animal un peu farouche et Naruto aimait ça. Il passa sa langue sur sa lèvre inférieure, laissant un instant son regard traîner sur le corps de Sasuke moulé sous son uniforme. Ce type était peut-être froid comme la glace ; le lieutenant se souvenait pourtant parfaitement de leur nuit torride et de la lave qui semblait avoir coulé sous sa peau à ce moment-là.
« Tu pavanes en disant partout que c'est toi le capitaine, donc explique-moi pour quelles raisons tu as évolué alors que tu préférais vraisemblablement le poste de lieutenant. »
Au froncement de sourcils qui lui répondit, Naruto fut certain de ce qu'il avançait.
« Qu'est-ce qui te fait croire ça ? »
Sasuke le défiait.
« C'est inscrit partout sur toi. » Il dévisagea Sasuke un instant. « T'es pas fait pour donner des ordres à la radio. Toi ce que t'aimes, c'est l'action. Je le vois. Tu es comme moi. »
L'autre eut l'air troublé et Naruto le vit plisser le nez juste une seconde.
« Tu sais pas de quoi tu parles Uzumaki, alors reste à ta place. »
Mais Naruto ne se démonta pas et un sourire en coin lui apparut.
« Bah, si tu veux faire des confidences sur l'oreiller...
- Ta gueule. »
Naruto ricana lorsque son capitaine quitta la pièce.
Sasuke avait regagné son bureau, furieux. Ce connard d'Uzumaki et sa confiance surdimensionnée le mettaient hors de lui. Parce qu'en plus d'être un excellent lieutenant, cet enfoiré arrivait à le percer à jour là où tous les autres n'y voyaient que du feu. Et pourtant, il avait bien raison dans ses propos. Il l'avait vu s'activer tout à l'heure pendant l'intervention. Naruto et lui n'étaient en effet pas si différents.
On toqua à la porte et Sasuke releva ses yeux furieux vers la vitre où Neji lui apparut. Il lui fit signer d'entrer et son ami s'exécuta. Le silence demeura un instant entre eux alors que Hyûga le regardait étrangement.
« Ca va ?
-Ouais. »
Ils avaient habituellement une conversation un peu plus développée et c'est ce qui poussa probablement Neji à comprendre que non, quelque-chose n'allait pas.
« Tu veux en parler ? »
Sasuke dévisagea son ami, puis explosa.
« Mais c'est ce connard là ! Il me gave à se prendre pour le héros de la caserne !»
Neji resta fidèle à lui-même.
« Même Inuzuka n'a d'yeux que pour lui maintenant ! continua Sasuke. C'est quoi ce mec qui fait de la gonflette et qui pavane avec ses gros muscles sur les interventions !? »
Un fin sourire étira les lèvres de son ami.
« Il est doué ce type, c'est ça qui t'énerve. »
Sasuke braqua ses yeux sur Neji. Même si Naruto lui avait raflé son poste, il savait se rendre à l'évidence. Naruto était le meilleur foutu lieutenant qui leur ait été donné de voir. Probablement le meilleur lieutenant de tout le pays, meilleur encore que Neji ne le serait jamais. C'était terriblement énervant. Et agaçant, parce que cet idiot était aussi son dernier plan cul et que de le voir pavaner dans toute la caserne avec son corps d'Apollon mettait ses nerfs à rude épreuve.
« Putain ouais, il est doué. »
Naruto arriva guilleret vers Sakura qui, affublée d'un gilet lesté l'alourdissant de dix kilos de sable, s'attelait à faire des pompes. Son dos était impeccablement droit, solide, même, et il ne retint pas le sifflement admiratif qui lui échappa lorsqu'il s'accroupit devant elle.
« Balèze, remarqua-t-il. Tu m'impressionnes. »
Sakura ne releva la tête qu'un bref instant, concentrée sur son entraînement. Alors elle retint sa descente jusqu'au sol et poussa sur ses bras en soufflant pour remonter.
« Qu'est-ce que tu veux, lieutenant ? »
Naruto la regarda faire un instant. Elle semblait inébranlable, avec ses sourcils froncés et ses bras tendus à l'extrême par l'effort.
« C'est ce qu'il s'est passé sur l'intervention, qui te met dans cet état ? »
Elle sembla troublée. Puis elle se reprit en lui lançant un regard mauvais.
« Quoi ? T'es venu me réprimander parce que j'ai pas été incapable de gérer ? »
Elle recommença ses pompes avec plus de vigueur, et probablement plus de colère. Naruto resta muet un instant. Elle avait l'étoffe des plus grands pompiers qu'il connaissait.
« T'as encore beaucoup de choses à apprendre, Haruno. Et je ne doute pas qu'un jour, tu feras un excellent lieutenant. » Sa dernière phrase attira de nouveau les yeux verts de la jeune femme. Elle eut l'air perturbé. « Mais tu dois faire les choses dans l'ordre. »
Elle se laissa tombée au sol, écrasé par le poids du gilet et Naruto entendit toute la rage dans sa respiration alors qu'elle tapait du poing devant elle.
« Je peux pas les laisser me dépasser. »
Naruto la regarda silencieusement.
« Je dois être la meilleure. Tout a l'heure j'aurai pu... » Il fut certain de l'entendre grimacer alors qu'elle gardait le visage résolument contre le sol. « J'aurai dû...
- Tu y arriveras, la coupa-t-il. Je vais t'y aider. »
Elle releva la tête vers lui, un peu perdue, des larmes de rage au coin de ses yeux.
« Et tu prouveras à tous ceux qui t'ont ridiculisée par le passé que tu es meilleure qu'eux. »
Une larme silencieuse s'échappa des yeux émeraudes et Naruto lui sourit, rassurant. Parce que c'était son boulot et que cette fille avait probablement plus de mérite que bien des hommes rencontrés durant toute sa carrière.
Les semaines défilèrent à la caserne de Konoha, calmes et tranquilles. Naruto s'était habitué à son équipe et elle, s'était accommodée à lui. Il avait pris son rôle de lieutenant à cœur, comme il l'avait fait depuis le début de sa carrière et s'était donc naturellement occupé de l'entraînement supplémentaire de Sakura auquel s'étaient greffés Kiba et Lee. Pour qu'ils deviennent davantage performants. Pour accroître l'esprit d'équipe, aussi. Parce que sans ça, un jour, ils trouveraient tous la mort.
La mort... Elle n'était jamais bien loin. Naruto en savait quelque-chose, pour l'avoir frôlé à de nombreuses reprises. Pour avoir perdu d'anciens camarades, aussi. Certains plus proches que d'autres. Et depuis toutes ces années, il était clair pour lui qu'elle était souvent le résultat d'un manque de cohésion. Le fruits d'erreurs humaines, bien plus que les conséquences des flammes elles-mêmes. Une simple erreur de compréhension, ou même de commandement suffisait à prendre l'une de leur vie. Et si Naruto avait vu trop de fois ce scénario arriver, il était hors de question qu'il laisse les mêmes catastrophes se reproduire.
Allongé dans un des lits des dortoirs, Naruto ouvrit brusquement les yeux lorsque l'alarme se déclencha au beau milieu de la nuit.
« Incendie de niveau 5 dans un entrepôt au nord de la ville. Trois casernes sont déjà sur place depuis près de 10 heures. L'incendie n'est maîtrisé qu'à 10%. Bâtiment évacué. Nombre de blessés connus : 47. Nombre de victimes connues : 9. »
Naruto sauta du lit superposé et donna un coup à Kiba qui dormait encore sur le matelas du bas.
« Feu de niveau 5 ! Debout ! »
L'autre plissa mollement les yeux avant de les écarquiller et de se lever d'un bond. Ils coururent jusqu'au hangar où ils rejoignirent leurs camarades et enfilèrent leur combinaison coupe-feu en quelques secondes à peine, par-dessus leurs vêtements de nuits.
« Haruno, Yamanaka : véhicule de secours ! tonna Sasuke. Inuzuka, Uzumaki, Rock : fourgon deux. Hyûga, avec moi dans le fourgon de tête ! »
Naruto leur jeta leur sac de premiers secours. L'adrénaline avait déjà remplacée les effluves du sommeil alors qu'ils sautaient tous dans les camions. C'était toujours grisant, même au milieu de la nuit. Les feux de niveau 5 étaient excitants. Dangereux au possible et même si la mort était une probabilité omniprésente, aucun d'eux n'y pensait vraiment lorsqu'ils se jetaient au milieu des flammes. C'était là, toute la beauté de ce métier. Parce qu'il ne se rendait compte du danger qu'une fois qu'ils en étaient sortis vivants.
Ils arrivèrent rapidement sur les lieux où des dizaines de camions de pompiers étaient déjà présents. Naruto sauta de son siège pour rejoindre les équipes déjà sur place. Le commandant Hatake dirigeait toutes les opérations, déléguant certaines tâches aux différents capitaines des casernes présentes.
« Capitaine Uchiwa ! interpella le commandant Hatake alors que Sasuke arrivait à leur hauteur. Vous devez encercler le bâtiment par l'arrière ! Envoyez des hommes à l'intérieur ! On nous a informés de la présence de substances hautement inflammables dans une remise au sud du bâtiment. Vous devez impérativement empêcher les flammes de les atteindre ! »
Naruto jeta un œil furtif à la scène chaotique qui se déroulait sous ses yeux. Une armée de collègues d'autres casernes tenaient à bout de bras les lances à incendie en direction du bâtiment dévoré par les flammes. Elles embrasaient toute la façade, faisant s'écrouler le toit en taule, rendant la ventilation par le haut impossible. Ça avait presque quelque-chose de beau, avec ce feu ardent qui léchait le ciel nocturne dans de vives couleurs orangées. C'était un véritable brasier.
« Bien, commandant ! »
A l'intérieur, l'air semblait irrespirable malgré leur bouteille d'oxygène. Naruto dirigeait les hommes dans le bâtiment, tenant compte des ordres que Sasuke lui dictait par radio. Ils avaient été obligés de s'accroupir, avançant prudemment, handicapés par le peu de visibilité qu'il restait dans l'entrepôt. Naruto rajusta sa lampe frontale, les yeux plissés sous son masque. Leur avancée se faisait de plus en plus difficile. La fumée était épaisse de ce côté du bâtiment et les flammes, bien plus ardentes que de l'autre côté.
« Manque de visibilité capitaine, je ne vois ni remise, ni barils. »
Un morceau de plafond se décrocha, rongé par les flammes, tombant à leurs pieds dans un bruit infernal et Naruto retint Kiba d'un bras, lui sauvant la vie in-extremis. Celui-ci lui lança un regard reconnaissant à travers la pénombre.
« Qu'est-ce que vous voyez autour de vous ? entendit-il dans la radio.
- Pas grand chose, à vrai dire... »
Naruto s'aventura un peu plus loin, Lee, Kiba et Neji sur ses talons.
« Vous avez atteints la deuxième salle ? demanda Sasuke»
Déconcerté, Naruto chercha autour de lui des indices de leur position. Mais la plupart des murs en contreplacage avaient été consumés par les flammes. Le feu avait pris partout autour d'eux, étouffant, se resserrant peu à peu autour des pompiers comme un piège sans retour.
« C'est difficile à dire... il n'y a plus rien ici. »
Naruto jeta un bref regard à son équipe et il sentit leur inquiétude. Son propre cœur cognait lourdement contre sa poitrine et il puisa dans toutes ses réserves pour garder son sang-froid. A l'intérieur, il était responsable de leur vie.
« Demande permission de ressortir, capitaine. »
Neji avait commencé à aspergé les flammes qui se rapprochaient d'eux. Naruto balaya une nouvelle fois le paysage embrasé. Peu importe où se trouvaient les barils, ils étaient inatteignables. Mais les flammes, elles, finiraient par les faire sauter et l'explosion serait incontrôlable. Ils devaient sortir et attaquer le bâtiment depuis l'extérieur.
« Refusée. » C'était la voix du commandant Hatake qui venait de s'élever dans la radio, laissant derrière elle les visages inertes des pompiers pris au piège. « Trouvez ces foutus barils, lieutenant. »
Naruto fut pris par la stupeur. Ses yeux écarquillés appréhendèrent les nouvelles flammes qui arrivaient droit sur eux. Neji et Lee les aspergèrent pour les faire reculer. Kiba lui lança un regard furieux.
« Ils vont nous laisser rôtir ici, sérieux !? »
Le lieutenant sentit sa poitrine trembler. Il était hors de question de laisser mourir ses hommes. Pas cette fois.
« Capitaine, appela-t-il dans la radio pour capter l'attention de Sasuke. Demande permission de ressortir.
- Lieutenant, gronda la voix de Kakashi. Trouvez ces maudits barils, je ne me répéterai pas ! »
Une nouvelle poutre s'effondra, les forçant à reculer vers un amas de matériaux enflammés. Ils allaient se retrouver bloqués. Kiba attrapa sa radio pour beugler dedans.
« Capitaine ! »
Il y eut une première explosion un peu plus loin, assourdissante et détonante, les forçant à se jeter au sol pour éviter la déflagration.
Puis après ce qui ressembla à une éternité, la voix de Sasuke retentit dans la radio.
« Permission refusée, lieutenant. »
Naruto se sentit foudroyé par la foudre alors qu'il tâtonnait pour tenter de se relever. Il jeta un regard à ses hommes qui en faisaient de même et serra les dents. C'était une putain de mission suicide.
Hyûga se tourna vers lui et Naruto le vit couper sa radio.
« Qu'est-ce qu'on fait, lieutenant ? »
Une dernière fois, Naruto avisa l'état des lieux. C'était voué à l'échec. S'ils continuaient l'exploration, il était prêt à parier qu'ils ne ressortiraient d'ici que les pieds devant. Alors il avisa Kiba qui regardait sa jauge d'oxygène, soucieux, croisa même les yeux inquiets de Lee. Puis finalement, il reporta son attention sur Neji.
Naruto coupa également sa radio.
« On se tire d'ici. »
Malgré l'épaisse fumée qui demeurait entre eux, Naruto sut qu'il venait d'obtenir la confiance de Neji Hyûga.
Naruto rejeta sa tête en arrière, la laissant mollement retomber sur le siège passager du fourgon. A côté de lui, Kiba conduisait silencieusement. Le soleil était levé depuis longtemps alors qu'on avoisinait presque la fin de la matinée. Le feu de l'entrepôt venait seulement d'être maîtrisé et ils rentraient désormais à la caserne. Ils étaient sortis contre les ordres du capitaine et du commandant pour attaquer l'incendie depuis l'extérieur. Sasuke avait pété les plombs en les voyant revenir mais l'ampleur de l'incident les avait forcés à remettre les hostilités à plus tard.
« C'est la merde, marmonna Kiba en manœuvrant le camion pour le garer dans le hangar. On va tous se faire virer. »
Naruto lui coula un regard. Il semblait nerveux. C'était un jeune pompier, encore tout frais de l'excitation des jeunes recrues et c'était bien rare de faire tout un trajet avec lui dans un silence de plomb.
« Je suis ton supérieur et tu as obéis à mes ordres, répondit finalement Naruto. Il ne t'arrivera rien, ni à toi, ni aux autres. Ne t'inquiètes pas. »
Le camion fut finalement garé entre le véhicule de secours et le fourgon de tête vint se placer juste devant. Naruto lui jeta un œil soucieux alors que déjà, Sasuke en sortait furieusement. Kiba le vit aussi et de nouveau, le regard du jeune sergent croisa celui du lieutenant.
« J'espère que tu dis vrai, parce que le capitaine a l'air prêt à tous nous tuer. »
De nouveau, Naruto suivit Sasuke des yeux alors qu'il retirait vivement sa combinaison coupe-feu sur la piste, les gestes dictés par la colère. Il soupira. Cet enfoiré allait lui faire sa fête pour avoir désobéi aux ordres de deux de ses supérieurs.
Alors il prit son courage à deux mains et descendit du fourgon sous le regard anxieux de Kiba. A peine eut-il posé un pied sur la piste que Sasuke arrivait vers lui, cheveux en bataille d'avoir retiré son casque, de la suie partout sur son visage de porcelaine. La colère déformait ses traits parfaits, plissant ses yeux et fronçant ses sourcils.
« Je peux savoir ce qui t'as pris !? gueula-t-il. T'as désobéis aux ordres, merde ! »
Jamais Naruto n'avait trouvé ses yeux si noirs. Alors il inspira lentement pour tenter de garder son calme.
« C'était un suicide de rester à l'intérieur. Tu n'y étais pas et j'ai fait ce qu'il fallait pour sauver mes hommes. »
Il défia le regard haineux que Sasuke lui porta.
« On ne désobéit pas aux ordres de son capitaine et encore moins à ceux de son commandant, Uzumaki ! »
Naruto déglutit. Lui aussi, était en colère depuis des heures. Dans une rage si intense qu'elle faisait vibrer sa poitrine chaque fois qu'il inspirait. L'air avait le goût de la haine. Et de la peur, aussi. Parce qu'il avait bien cru perdre son équipe au milieu de ce brasier impossible à maîtriser.
« Tu as raison capitaine, c'était à toi de désobéir et de nous sauver la vie. Pas à moi. »
Autour d'eux, tous les membres de l'équipe s'étaient figés mais Naruto n'en avait cure. Il avança d'un pas pour surplomber Sasuke.
« Qu'est-ce que t'as dit, lieutenant ? siffla Sasuke et ses paroles retentirent comme une menace.
- Je dis que c'est toi le capitaine et c'est à toi de décider quand il faut nous sortir d'un incendie mortel. »
Il y eut des éclairs entre eux alors que la tension se levait autour d'eux. Sasuke semblait prêt à éclater tandis qu'il défiait son autorité devant toute l'équipe. Il n'y avait probablement pas pire affront pour un capitaine que de se faire défier par l'un de ses subordonnés.
« Vous deviez vous occuper de ces barils, Uzumaki ! C'était primordial ! La bâtisse s'est effondrée à cause de ta foutue décision et le feu a été maîtrisé après des heures d'intervention ! »
Naruto fronça les sourcils.
« On serait morts, se défendit Naruto. Soit dans les explosions, soit sous les décombres. Mais on serait résolument morts et tu n'aurais plus personne sur qui passer tes nerfs. »
Sasuke qui n'était pas de nature patiente, lui attrapa le col et il y eut autour d'eux quelques inspirations surprises.
« Tu ne dois pas discuter mes décisions. Est-ce que t'as la moindre idée de ce que je risque à cause de toi !? »
Le commandant Hatake le tiendrait probablement responsable des décisions de son équipe. Mais Naruto s'en fichait bien. Ils étaient en vie et c'était tout ce qui l'importait à l'heure actuelle. Parce que la mort faisait partie de leur quotidien, les suivant partout comme une ombre, et que Naruto refusait de la laisser prendre ses coéquipiers une nouvelles fois.
Alors il repoussa vivement Sasuke, claquant ses mains puissantes contre ses épaules pour lui faire lâcher sa prise.
« C'est ton rôle de capitaine de nous garder en vie ! »
Sasuke sembla surpris mais très vite, ses yeux redevinrent noirs de rage.
« C'est ton putain de rôle ! enchaîna Naruto sans lui laisser le temps de répondre. Pas le mien. Le tien, bon sang ! Tu dois prendre tes responsabilités quand nos vies sont en danger ! » Il marqua une pause, noyant ses yeux orageux dans ceux de Sasuke. « J'en ai rien à foutre que tu veuilles lécher les bottes de Hatake pour impressionner ton père, ou je ne sais qui d'autre ! Est-ce que tu sais combien de pompiers sont morts sous les ordres d'un mauvais capitaine, juste l'année dernière !? »
Sasuke resta muet, pris au dépourvu.
« Des centaines ! Merde ! » Naruto dut calmer sa respiration pour continuer, la poitrine prise par de douloureux souvenirs. « Mon équipe est morte sous mes yeux parce que mon capitaine a eu une pauvre petite hésitation à nous faire ressortir d'un bâtiment. Juste une putain d'hésitation, capitaine. Et il y a eu cinq morts. Alors que toi... »
Sasuke le toisait, le visage gravé dans le marbre.
« Toi t'as pas hésité à nous laisser dans cette fournaise, acheva-t-il. T'es le pire de tous. »
Les yeux noirs de Sasuke passait de l'une à l'autre de ses pupilles. Son visage demeurait fermé, comme à jamais tracé par la colère. Puis lentement, Naruto le vit ouvrir la bouche.
« T'es suspendu, Uzumaki. » Leurs yeux s'affrontèrent une dernière fois. « Jusqu'à nouvel ordre. »
« Je soutiens votre décision, capitaine. »
Sasuke hocha la tête devant Hatake Kakashi. Le commandant s'était déplacé en caserne durant l'heure qui suivit le départ furieux de Naruto. Cette altercation l'avait mis hors de lui. Uzumaki l'avait confronté devant toute son équipe, juste pour défier son autorité et braver ses ordres. Cet enfoiré était incapable d'obéir aux ordres de ses supérieurs et en d'autres circonstances, sa foutue tête brûlée aurait pu mettre la vie de ses hommes en périls.
Sasuke était épuisé de cette nuit infernale. La garde avait été éprouvante et elle avait pris fin à l'instant même où ils avaient rejoints la caserne. Le reste de son équipe avait déjà déserté les lieux, le laissant seul à attendre le commandant.
« Merci, commandant. Vais-je être sanctionné pour le comportement de mon lieutenant ? »
Kakashi lui fit lentement non de la tête. Son seul œil valide regagna le sien et Sasuke se redressa dans son siège.
« Vous n'êtes pas responsable. »
Sasuke hocha la tête.
« Vous auriez dû me prévenir pour son équipe. »
Le commandant Hatake le toisa un instant.
« J'aurais dû, oui. »
A la garde suivante, Kiba et Lee vinrent le trouver dans son bureau.
« On a besoin de lui ! tempêta Kiba. Le lieutenant nous a sauvé la vie ! »
Sasuke roula des yeux. En revenant bosser au début de cette garde, il s'était attendu à un discours de ce genre. Il était habitué à Kiba et ses excès de fougue. Aussi, il ne fut pas étonné de le voir prendre la défense d'Uzumaki, parce qu'il pensait que c'était ce qu'il fallait faire.
Alors il soupira en croisant les bras sur son torse. Sa colère était toujours présente. Naruto l'avait défié, pour l'humilier et le pousser dans ses retranchements. Il se passa une main lasse sur le visage. Il avait pris la bonne décision, en lui infligeant une mise à pied.
« Je sais que tu crois faire ce qui est juste, mais on ne peut pas se permettre d'avoir un lieutenant qui défie les ordres. C'est contraire à tous les protocoles et un jour ou l'autre, il mettrait vos vies en danger. »
Il vit Lee serrer les poings mais Kiba qui claquait ses deux mains contre son bureau attira toute son attention.
« Ne m'oblige pas à te sanctionner aussi, Inuzuka. »
Le jeune sergent avait retroussé les lèvres, dévoilant ses canines pointues, laissant la colère filtrer à travers ses yeux sombres.
« Vous vous trompez sur le lieutenant, cracha le gamin. Il est la meilleure chose qui pouvait arriver à notre caserne et vous venez de nous en priver ! »
Sasuke resta calme. C'était son boulot de garder son sang-froid en toutes circonstances.
« Je ne me trompe jamais. »
Kiba le défia du regard.
« Il y a une première fois à tout, capitaine. »
Sasuke resta silencieux dans sa cabine de douche. L'eau était coupée et il restait figé, nu comme au premier jour, caché par le rideau de douche alors qu'il entendait Sakura et Ino qui discutaient depuis le vestiaire.
« Le capitaine est dur, sur ce coup-là, entendit-il. » C'était Ino et sa voix claire. « J'étais pas à l'intérieur mais... ça semble évident que le bâtiment se serait écroulé sur eux s'ils étaient restés ne serait-ce que quelques minutes de plus. »
Il y eut un silence durant lequel Sasuke se sentit idiot de rester caché là.
« Sa décision aurait pu les tuer, souffla Sakura. Le commandant Hatake avait tort mais... je suis d'accord avec Uzumaki, c'est le rôle de notre capitaine de nous protéger.
- Même s'il doit désobéir aux ordres du commandant, compléta Ino. Je suis d'accord avec toi. »
Sasuke se mordit la lèvre inférieure alors que pour la première fois depuis le début de sa carrière, le doute s'immisçait dans ses pensées.
« Uchiwa n'est pas un bon capitaine, conclut finalement Sakura. »
Sasuke sentit comme un courant électrique lui piquer le cuir chevelu. C'était une désagréable sensation entre la colère et la stupeur. Comme une gifle qu'il recevait en plein visage. Sakura avait été sa camarade durant toute l'école de formation des pompiers, et entendre ça venant d'elle lui fit bien plus de mal qu'il n'aurait pu l'avouer.
Alors il se retourna mollement vers le robinet d'eau et l'actionna, laissant de nouveau le jet laver ce sentiment désagréable qui l'enveloppait.
« Il y a... Il y a quelqu'un ? appela la voix soudainement timide d'Ino. »
Mais Sasuke ne répondit pas, bien trop piqué dans sa fierté.
Sasuke ouvrit brusquement les yeux après quelques heures de sommeil. Il se frotta lentement la tête pour se resituer et il plissa les yeux pour les habituer à la pénombre. Il était dans sa chambre, dans son appartement. Loin de cette foutue intervention. Alors il se tourna sur le dos pour soupirer longuement, essayant de chasser les images des flammes qu'il avait vues dans ses rêves. Pour oublier les visages brûlés de ses camardes. Pour assourdir la voix de Naruto qui lui répétait combien il pouvait être un mauvais capitaine.
Il expira longuement, le cerveau en charpie. Il devait être dix-huit ou dix-neuf heures, à en croire le mince filet de lumière qui filtrait à travers les rideaux. Il avait pensé dormir plus longtemps en se couchant sur les coups de midi mais c'était sans compter sur ce foutu cauchemar qui l'avait brusquement tiré de ses songes.
Voilà déjà une semaine qu'il avait surpris la conversation entre Ino et Sakura, et depuis, les paroles de sa coéquipière lui trottaient constamment dans la tête. C'était devenu épuisant de ressasser, si bien que Sasuke avait commencé à manquer de vigilance pendant les interventions, simple conséquence de son foutu manque de sommeil. C'était bien la première fois de sa vie qu'il manquait autant de concentration et il savait que dans son métier, ça pouvait lui coûter cher.
Il se tourna sur le côté, le corps moite de sueur alors que le chauffage faisait ressembler sa chambre à une fournaise. Depuis une semaine, Sasuke ressassait sans cesse cet incident, se demandant si, effectivement, Naruto et le reste de l'équipe ne seraient pas morts si son lieutenant n'avait pas bafoué ses ordres. Alors par conséquent, Sasuke s'interrogeait sur sa légitimité au poste de capitaine.
Il avait toujours excellé. De ses entraînements plus que satisfaisants à ses interventions menées parfaitement en tant que lieutenant, Sasuke savait qu'il avait mérité sa promotion. Mais être le meilleur en intervention faisait-il de lui un excellent meneur d'hommes ?
Il soupira dans la pénombre, emmitouflé dans sa couverture, se moquant bien de la sueur qui perlait sur sa peau. Peut-être qu'il devait se rendre à l'évidence, finalement. Il aimait son précédent poste de lieutenant. Il aimait être au cœur du danger, pas donner des foutus ordres à longueur de temps. Encore moins mener ses hommes à une mort certaine. Et Naruto avait su parfaitement le cerner.
Parce qu'ils étaient pareils, tous les deux.
Sasuke sentait sa tête dodeliner, posée contre l'appuie-tête du fourgon. A côté de lui, Neji conduisait alors qu'ils rentraient d'une banale intervention. Une fois de plus, le capitaine avait manqué de vigilance parce que depuis maintenant deux semaines, le sommeil lui manquait cruellement. La fatigue le mettait sur les nerfs et ainsi pris dans une spirale sans fin, il lui était devenu impossible de se reposer.
Il avait besoin de se détendre.
« T'es crevé, Sasuke. »
Sasuke croisa le regard de Neji.
« Et alors ? »
Son meilleur ami reporta son regard sur la route et son visage resta aussi taciturne que d'habitude.
« Tu mets nos vies en danger. »
Sasuke le fusilla du regard. Il n'allait tout de même pas s'y mettre, lui aussi !? N'était-il pas son meilleur allié dans la caserne ?
« Tu n'es pas censé me soutenir plutôt que de m'enfoncer ? »
Neji désapprouva.
« Pas si tu fais n'importe quoi. »
Sasuke tiqua en reportant ses yeux sur la route. Ils étaient éclatés par la fatigue, pourtant le capitaine savait qu'il serait incapable de trouver le sommeil à la fin de la garde. Il n'arrivait même pas à se mettre vraiment en colère contre Neji, perdu quelque-part entre l'épuisement et la culpabilité.
Il toisa une nouvelle fois son meilleur ami.
« Tu me fais chier. »
Aucune émotion ne plissa le visage de Neji dont le regard resta concentré sur la route.
« C'est mon rôle. »
Sasuke soupira longuement. Il avait vraiment besoin de relâcher la pression.
Naruto grogna en arpentant le couloir de son appartement alors qu'un cinglé tapait à sa porte dans un bruit sourd. Il était pas moins de quatre heures du matin et les réveils en fanfare étaient réservés pour ses nuits à la caserne, pas pour les congés forcés par son enfoiré de capitaine. Il déverrouilla la serrure et tira la porte d'un geste sec, d'humeur à recevoir l'idiot qui s'amusait à jouer avec son sommeil.
« Salut. »
Naruto resta figé un instant, surpris de retrouver son fameux capitaine debout sur son palier, habillé en civile dans sa veste en cuir et son simple jean brut. Il le balaya du regard une seconde, sentant la colère monter en lui alors que l'autre abordait un visage aussi impassible que d'habitude.
« Qu'est-ce que tu fous-là ? »
Sasuke détourna un instant les yeux pour fuir son regard et une vague odeur d'alcool parvint à Naruto.
« T'as bu ? »
Les yeux noirs se replantèrent dans les siens. Sasuke ne semblait pas saoul. Son visage était sérieux et sa peau restait lisse malgré les énormes cernes qui habillaient son regard sombre. Même ses longues mèches brunes semblaient toujours en place, conservant son absolue perfection.
« Un peu. » Sasuke prit une pause et ce fut probablement la première fois que Naruto le vit hésiter. « Je peux te parler? »
Naruto tiqua.
« Ça ne pouvait pas attendre une heure décente ?
- Si, probablement. »
Ils se jaugèrent un instant et Sasuke fut le premier à reprendre la parole.
« Je lève ta suspension. »
Naruto eut un hoquet ironique et il lui jeta un regard mauvais que l'autre capta immédiatement.
« Parce que tu penses que je veux bosser pour un capitaine qui est prêt à laisser mourir son équipe ? »
Il vit la mâchoire de Sasuke se serrer et son regard fuir à nouveau le sien durant une seconde. Puis il ancra fermement ses yeux noirs dans les siens.
« Tu avais raison. Je ne suis pas un bon capitaine. »
Si Naruto fut surpris, il ne le montra pas. Au contraire, un sourire victorieux étira le coin de ses lèvres alors qu'il laissait son épaule s'appuyer sur le mur à côté de la porte.
« Oh, vraiment ? Notre dieu le capitaine tout puissant est finalement redescendu parmi nous autres, simples mortels ? »
Sasuke le fusilla du regard.
« Ta gueule Uzumaki, j'étais venu présenter mes excuses. Alors accepte-les et reviens bosser à la prochaine garde, c'est clair ? »
Un rire ironique souleva la poitrine de Naruto.
« Tu crois que c'est comme ça que je vais accepter de revenir bosser pour toi ?
- Je vais pas te supplier, enfoiré. »
Sasuke le défia un instant du regard puis finalement, lui tourna le dos pour repartir. Mais Naruto lui attrapa le bras avant qu'il ne quitte le palier et alors que la lumière automatique se déclenchait à leur présence, le brun fit volte-face.
« T'as enfin accepté que tu voulais pas de ce poste de capitaine ? »
Ses yeux sérieux sondaient ceux de Sasuke.
« J'ai pas eu besoin de toi pour savoir que je détestais ce grade.
- Alors pourquoi tu t'acharnes à y rester ? »
L'autre soupira d'agacement.
« Tu pourrais pas comprendre.
- Ton père est un grand général et ton frère est commandant à Suna. Le schéma me paraît pourtant assez simple. » Naruto prit une brève pause. « Mais tu crois que tu les impressionneras toujours quand tu auras toute une équipe morte à ton palmarès ? »
Il vit Sasuke déglutir alors que sa soudaine colère semblait le quitter lentement. Ses paroles le faisaient réagir, c'était inscrit partout sur lui. De son bras qu'il sentit tressaillir sous sa poigne à ses yeux, pourtant très sombres, mais bel et bien tourmentés. Naruto était pompier depuis de nombreuses années et il connaissait cette expression. Cette peur muette. Parce qu'il la voyait dans le miroir chaque fois qu'il repensait à l'incendie qui avait tué toute son équipe, à Suna.
« Comment... répondit finalement Sasuke, après une éternité d'hésitation. Comment c'est arrivé ?
- Quoi ?
Il y eut un léger silence.
« L'accident. » Sasuke sembla hésiter. « Celui qui a pris les membres de ton équipe. »
Naruto le toisa un instant alors qu'il relâchait le bras de Sasuke. Son capitaine était encore très jeune. Vingt-sept ans, à peine. C'était bien rare d'être gradé si jeune. Sasuke avait toujours excellé et Naruto le savait. Itachi Uchiwa avait été son commandant à Suna et celui-ci n'avait jamais tari d'éloges au sujet de son petit frère. Mais par conséquent, Sasuke n'avait pas acquis toute l'expérience nécessaire pour ce poste. Il n'était peut-être pas aussi solide qu'il voulait bien le faire croire.
« C'est pas une belle histoire. »
Un tic nerveux souleva le coin de la lèvre de Sasuke.
« Raconte-moi. J'ai besoin...
- Quoi ? De savoir ce que ça fait de perdre tous ses hommes sous son commandement ?»
Sasuke le dévisagea un instant, la bouche entre-ouverte.
« Tu as dit que c'était une erreur de ton capitaine.
- Et c'est le cas. Mais moi j'étais à l'intérieur et j'ai pris la décision d'obéir aux ordres hésitants de mon capitaine. »
Sasuke resta muet alors Naruto continua.
« Je suis le seul à être ressorti de cet incendie. Les autres sont morts sous mes yeux et j'ai rien pu faire. C'était l'année dernière. Et un mois plus tard, mon capitaine s'est suicidé.»
Son jeune capitaine semblait déstabilisé.
« La culpabilité ? souffla-t-il.
- La culpabilité, ouais. »
Le silence reprit ses droits.
« C'est à ça que tu veux t'exposer, Uchiwa ? » L'autre ne répondit pas. « C'est le genre de drame que tu veux vivre ? »
Naruto vit dans le regard de son capitaine qu'il venait de toucher quelque-chose.
« Parce que c'est ce qui t'attend, si tu t'acharnes. »
Sasuke soupira mais Naruto ne rata rien de son trouble.
« Je peux pas revenir en arrière. »
Le blond resta silencieux. Il comprenait qu'un fils veuille rendre fier ses parents. Qu'il veuille plus que tout impressionner son génie de frère, mais pas au détriment de la vie de ses hommes. Parce que chaque membre de son équipe aussi, avait une famille, et qu'à cause de lui, elle pourrait bien ne jamais revoir celui autour duquel elle avait bâti son mode.
Parce que Naruto connaissait bien la chanson. C'était peut-être la pire épreuve qu'il ait eue à endurer de sa vie. Appeler la famille de ses camarades, morts en héros. Sacrifiés pour sauver d'autres personnes. C'était un simple coup de téléphone. Juste un simple appel qui briserait à tout jamais la vie de ceux qui le recevrait. Leur existence bouleversée du jour au lendemain et qui ne serait plus jamais la même.
Les yeux de Sasuke semblaient presque implorants et Naruto le prit en pitié. Il ne l'avait pas vu si fragile depuis... qu'ils avaient couché ensemble. Son masque d'impassibilité venait à l'instant de se briser et sa détresse le toucha malgré lui. Alors il soupira, décidant que de toute façon, sa nuit était foutue.
« Je dois avoir de la bière dans le frigo. Tu veux entrer ? »
Sasuke leva deux yeux vulnérables vers lui, alors Naruto s'effaça de la porte pour le laisser entrer.
J'espère que cette première partie aura su vous donner envie de suivre les aventures la caserne de Konoha !
Prenez soin de vous et à très vite pour la partie 2,
Akanezora
