TWILIGHT 2021

Tome 01

ATTRACTION

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1.

PREMIERS PAS À LA NOUVELLE ORLÉANS

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J'avais toujours cru que nous étions au sommet de la pyramide alimentaire - même si, ces derniers mois, j'avais eu quelques doutes - mais je n'aurais jamais imaginé que cela puisse déraper à ce point.

Effrayée, je fixai ce meurtrier des yeux, ses doigts serrant ma gorge non pas pour m'étouffer mais pour me briser les cervicales. Il me regardait comme prêt à me prendre la vie.

Je préférai en finir comme cela, à la place des miens, moi, l'anomalie qui n'aurait jamais dû exister.

Tout cela était ma faute, j'avais voulu une vie normale, obligeant les miens à déménager à la Nouvelle Orléans.

Pourtant, aussi terrifiée que je fusse, je n'arrivais pas à regretter ma décision. J'ai connu le monde réel, les vrais humains et je l'ai connu lui... Il m'a fait découvrir un monde différent et je ne le regretterai pas.

J'entends mes os commencer à se briser dans ma nuque, il va en finir... L'obscurité commence à l'emporter sur la lumière et avant d'enfin clore mes yeux, je vois ceux de ma mère apeurée, elle semble m'appeler... mais je ne l'entends déjà plus.

†††††


Mon père nous conduisit lentement dans les rues de notre nouvelle ville, faisant très attention aux passants et aux touristes qui observaient toutes les demeures aux balcons espagnols d'un air ébloui. Moi je regardai fixement par la fenêtre admirant les rues du vieux carré français de La Nouvelle Orléans, la ville située sur les bords du Mississippi, non loin de son delta, sur les rives sud du lac Pontchartrain. Nous allions y vivre pour un petit moment, sans doute avant de déménager dans quelques années.

- Je crois que c'est de l'autre côté, fit mon père.

- On aurait dû demander un véritable plan à Alice plutôt que ses indications, répondit ma mère.

- C'est sûr que "dans la rue avec des balcons" c'est vachement précis, ajoutai-je immédiatement.

- Demande ton chemin Edward, fit ma mère.

- Pas besoin Bella, je vais trouver, insista mon père.

Mon père, Edward Cullen, malgré son âge, était toujours incapable de reconnaître quand il avait besoin des gens. Ma mère, Isabella Swan Cullen, dit Bella pour les intimes, en soupirait encore, juste pour la forme.

- N'empêche, je n'arrive pas à croire que l'on soit en centre-ville, fit encore mon père.

- Tu sais bien que le plus gros problème était Jasper, lui rappela ma mère. Depuis qu'il maîtrise sa soif de sang, il n'y a plus de risques.

La soif de sang, c'était bien la plus grosse difficulté que nous ayons pour vivre dans une grande cité, la même que pour la plupart d'entre nous. Nous sommes des vampires, enfin presque tous, je suis une hybride, conçue par une mère humaine et un père vampire, par un concours de circonstances assez surprenant. Ma naissance avait été si compliquée que j'en avais tué ma mère. Aujourd'hui encore je m'en veux un peu mais cette dernière s'est très bien habituée au statut de vampire.

- Je suis désolée de tous les problèmes, dis-je alors.

- Ma chérie, fit ma mère, nous allions déménager de toute façon, nous étions restés à Forks bien trop longtemps.

C'était évident que ce n'était pas possible d'y rester après tout mon père a toujours dix-sept ans physiquement et ma mère dix-huit, et avoir une fille d'à peu près dix-sept physiquement n'allait pas aider à la discrétion. En effet, j'avais grandi plus vite que la moyenne, merci mon statut d'hybride. Ceci faisait que, au bout de quelques années, j'avais déjà cette taille d'un mètre soixante-dix qui faisait ma petite fierté. Mes parents refusaient ma scolarisation, surtout que les Cullen étaient restés longuement à Forks et il aurait été difficile de voir ma mère arriver à une réunion de parents d'élèves. Bon il la refusait également par peur de mes réactions en public, après tout je savais me tenir au milieu de mes proches mais qu'en serait il au milieu d'un lycée ? On le saurait bientôt.

- Je crois que c'est par là, fit mon père en tournant.

- C'est ce que tu disais déjà il y sept virages, répondit ma mère en riant.

- Nessie, montre moi la photo de la maison, me dit alors mon père.

- Ha non, répondis-je rapidement.

- Comment ça non? fit mon père surpris.

- Y en a marre de ce surnom gnangnan, dorénavant c'est Ness ou Renesmée, dis-je alors.

Mon père regarda ma mère surpris, celle-ci haussant ses épaules en réponse. Mon père détestait ce que j'avais fait pour me préparer à ma rentrée : adopter le style des adolescents. J'avais regardé des documentaires, des séries, des films, des chaînes YouTube,... J'étais désormais capable d'adopter le comportement des humains de mon âge physique, et biologique même si techniquement je n'avais que quinze ans.

- Il me semblait que tu adorais que l'on t'appelle Nessie, fit encore mon père.

- Non c'est lui qui m'appelle Nessie, dis je en croisant les bras de colère.

Je vis ma mère hausser les yeux au ciel et mon père être étonné.

- J'ai manqué un épisode ? fit il alors pour obtenir une explication.

- Elle s'est disputée avec Jacob, lui répondit ma mère.

- Encore? Ça devient une habitude.

- Et alors ? C'est moi que ça regarde non? répondis-je.

- Qu'est-ce qu'il s'est encore passé ? fit mon père lassé.

- Il trouve idiot que je veuille aller au lycée, dis-je soudainement.

- Disons que je n'étais pas pour non plus, répondit mon père.

- Ha oui? Et pourquoi ? dis-je.

- Cela pourrait être dangereux, répondit il sous le regard sévère de ma mère.

Nous allions reprendre la même discussion et je sortirais les mêmes arguments.

- Cela ne t'a pas gêné toi, répondis-je. Et qu'importe si Maman était humaine.

- C'était différent, fit cette dernière.

- Je sais Jacob m'a raconté à quel point vous aviez mis le bordel, fis je en provocation.

- Quel bordel?

- Ho ben quand t'as quitté Maman, insistai-je.

- Jacob t'en a parlé ? fit ma mère étonnée.

- Jacob me dit tout, que tu as été tentée par lui, que tu as même longuement hésité, fis je.

- C'était une autre époque, j'ai choisi ton père.

- Oui t'as eu une véritable révélation, fis je en mimant des guillemets.

- Pff, j'ai toujours préféré ton père, dès que mon regard s'est posé sur lui même, dit elle en le regardant amoureusement. J'étais... fascinée.

- Tu as bien fais poirauter Jacob aussi, dis je.

- Dis moi c'est de la jalousie ou quoi? demanda mon père.

- Non, une constatation.

- Quelle têtue, fit mon père.

- À ton avis de qui elle tient ? lui fit ma mère en riant.

- Donc une énième dispute... Je suppose sur le même fond que d'habitude ?

- Forcément, dis je en réponse.

- Tu sais qu'il est imprégné de toi, me fit ma mère.

- Et? Et mon espace personnel ? Et mes désirs hein?

- Du calme Renesmée, fit mon père sévèrement.

- Parce que tu es d'accord avec lui sans doute ? dis je alors.

- Il attend de savoir ce que tu veux de lui, fit ma mère. Tu sais très bien comment ça marche.

Je ne pouvais pas l'oublier depuis le temps que j'en entendais parler de cette fichue imprégnation. Jacob ne pouvait se passer de moi, il attendait que je décide ce que je désirais que devienne notre relation. Mon métamorphe à moi, que j'avais eu le malheur d'appeler Mon Jacob durant des années, désirait une réponse claire et nette. Voulais je de lui comme ami? Comme amant? Comme époux ? Comme si c'était facile de choisir... Je n'avais jamais rien connu d'autres que Forks, La Push - sa réserve - , les vampires, les loups et tout ce que ça implique. Moi je voulais essayer le lycée, peut-être l'Université au moins un peu. Ne pas passer mon immortalité sans connaître le monde, ce n'était pas si difficile à comprendre quand même. Et bien pour lui, sans doute. D'accord j'avais failli me décider par acquis de conscience, juste pour aller plus loin, au dernier moment j'ai paniqué et fuit sa maison à la vitesse vampirique... Le pire? Je suis arrivée chez moi sans t-shirt, celui-ci devant encore joncher le sol de la maison de Jacob. Quelle idiote... Et depuis notre relation s'était dégradée. Je détestais le fait qu'il ne vive que pour se plier à mes volontés... C'était agaçant. En plus, ma mère savait, je lui avais montré avec mon don. Au moins à la Nouvelle Orléans, j'allais avoir un petit peu d'espace.

- Donc Jacob est placé en sujet tabou? demanda mon père ?

- Oui! répondis-je méchamment.

- Tu sais quoi Bella? fit alors mon père.

- Non... Quoi?

- Elle prend de plus en plus le caractère de Rosalie aussi.

Ma tante Rosalie, elle était restée à Forks avec mon oncle Emmett, au cas où cela dégénérerait ici.

- Ho là bas, fit ma mère.

Je regardai alors par le pare-brise et assitai à un spectacle peu commun, surtout quand on sait à quoi ressemble le commun d'une hybride. Une femme brune, fine et gracieuse mais petite, aux cheveux courts et hérissés, survoltée était au milieu de la rue, agitant ses bras comme une acharnée. Et le jeune homme blond qui la regardait consterné ne pouvait que confirmer. Nous étions arrivés. Ma merveilleuse tante Alice faisait le spectacle, elle qui était sans doute la plus humaine de la famille, sans doute bien plus que les humains eux-mêmes, tandis que mon pauvre oncle Jasper, le si stoïque, était gêné. Mon père se gara alors et je sortis comme une furie de la voiture pour me jeter dans les bras d'Alice. Cela faisait quatre mois qu'elle, Jasper et mes grands-parents, Carlisle et Esmée - dont je porte en partie le prénom avec mon autre grand-mère Renée Dwyer - préparaient notre installation ici.

- Ma Nessounette, fit Alice en me serrant.

- Je suis tellement heureuse de te retrouver, dis je en la serrant encore plus fort.

- Comment c'est passé le voyage ? demanda Jasper.

- Long et stupide, dis-je alors.

- En quoi? demanda-t-il surpris.

- Faire ça en voiture...

- Ça fait plus humain, répondit mon père méchamment.

- Dixit la personne qui collectionne les chapeaux de diplômés, dis-je avec mesquinerie.

- En tout cas merci Alice, fit ma mère.

- Pour? demanda cette dernière étonnée.

- Ton conseil, sois plus adolescente que les adolescents... Elle devient difficile à vivre.

- Il faut être crédible ma Bella, répondit Alice en riant.

- Dis... Ils sont là ? demandai-je soudainement.

- Bien sûr !

- YES!!!! dis-je alors en fonçant à l'intérieur, à vitesse humaine bien-sûr.

J'avais ouvert en grand la magnifique porte blanche découvrant ainsi un hall d'entrée tout de marbre revêtu, ma grand-mère avait encore fait des miracles, elle avait toujours adoré restaurer de vieilles maisons.

- Grand-mère ! l'appelai-je du hall avant de pénétrer dans le salon typiquement colonial et foncer dans la cuisine très moderne, elle.

Je la vis alors, ma grand-mère adorée, avec ses longs cheveux caramels qui ponctuaient son corps de femme de vingt-six ans, l'âge de sa métamorphose.

- Viens là ma chérie, fit elle en ouvrant les bras.

Elle saisit alors mes joues et embrassa mon nez puis mon front, conformément à notre rituel tandis que je souriais.

- Tu m'as manquée grand-mère, dis-je alors. Magnifique maison.

- Merci ma chérie, fit elle alors.

- Il n'y en a toujours que pour ta grand-mère hein? fit une voix masculine derrière moi.

Je me retournai immédiatement avant de filer dans les bras musculeux de mon grand-père. Il avait coupé ses cheveux, arborant une coupe plus stylisée, c'était un peu risqué après tout, ils ne repousseraient pas. J'étais toujours surprise quand je le voyais, il usait toujours d'un peu de maquillage pour se vieillir physiquement. Il avait même mis au point une lotion pour la peau pour éviter que celle-ci ne brille au soleil, peu utile dans mon cas.

- Comment vas tu? demandai je.

- En parfaite santé, dit il avec un clin d'œil.

J'adorai l'humour de mon grand-père, toujours légèrement décalé. J'entendis alors les pas de mes parents dans la maison.

- Renesmée, fit mon père. Tu crois que tes affaires vont se porter toutes seules ?

- Je voulais les voir, c'était plus important, dis je en enlaçant ma grand-mère.

Ma grand-mère servit alors un verre à dégoûter plus d'un humain à chacun d'entre nous. C'était notre alimentation malgré tout, le sang. La vie, le liquide rouge si sirupeux dans la gorge. Même si je pouvais aisément m'alimenter comme une humaine, et en être rassasiée d'ailleurs, j'avais une préférence pour le sang, et parfois pour celui de Jacob d'ailleurs... Je bus mon verre, à peine avant de m'arrêter et de regarder mon grand-père.

- C'est du sang de quoi? Je n'ai jamais goûté ça !

- Ça ma Nessounette, c'est du sang d'alligator, spécialité locale, me fit Alice en riant.

- Alice, fit ma mère. Maintenant il faut l'appeler Ness ou Renesmée.

- Ho mais Alice peut conserver le surnom, dis je juste pour contrarier ma mère.

- Agaçante... fit mon père tandis que je souriais en coin.

Je sentis alors la main de ma grand-mère dans mon dos et je me suis collée à elle, profitant de sa présence. Tout à coup, mon grand-père prit la parole.

- Avant que vous ne vous installiez, quelques différences par rapport à Forks, pour notre nouvelle identité.

- On s'appelle comment ? demandai-je.

- Toujours Cullen, me fit il en souriant. Le changement est dans notre généalogie.

- Ok je t'écoute, et je mémorise, assurai-je rapidement.

- Donc, Edward et Alice, vous serez toujours nos enfants adoptifs, plus précisément des enfants placés chez nous par l'assistance sociale, tout comme toi, me fit il alors.

- Ha oui? Cool! dis-je alors

- Oui, si on doit se rendre au lycée Bella ne peut prétendre être ta mère, tu le sais. D'ailleurs, Bella?

- Oui Carlisle ? fit ma mère en bonne élève.

- Tu restes mariée avec Edward, au début de l'été.

- Ho nous sortons de lune de miel? Intéressant, fit elle en riant.

- Jasper et Alice viennent de se fiancer.

- Félicitations Alice, dis je en riant.

- Merci ma puce.

- Bon le lycée, Esmée et moi t'avons inscrite au lycée français. Nous ne savions pas si tu voulais pratiquer des options donc il faudra que tu remplisses cela en arrivant.

- Aucun problème, assurai-je.

- Je travaille à l'hôpital, comme d'habitude. Alice dans un magasin de prêt à porter.

- Promotions les filles, promotions, dit elle amusée.

- Alice s'il-te-plaît, fit Carlisle.

- Pardon, répondit celle-ci penaude me faisant rire.

- Jasper a trouvé un travail d'agent immobilier, Esmée de traiteur à domicile.

- Je pourrais t'aider? demandai-je alors parce-que j'adorais cuisiner avec elle.

- Oui bien sûr.

- Bella tu es inscrite également.

- Au lycée ? demandai-je horrifiée.

- Non, ma chérie, je vais faire médecine à l'Université, pour tenir Carlisle au courant des derniers progrès. Comme l'avait fait Rosalie d'ailleurs.

- Je te remercie encore.

- Et Papa ? demandai-je alors.

- Moi, je vais rester en stand-by ici, au cas où, dit mon père en me fixant du regard.

Je m'étais sentie visée, ce qui était le cas après tout, mais étrangement, plutôt que de me vexer cela me rassura plus qu'autre chose. En cas de besoin, mon père viendrait à la rescousse.

- Il va regarder le sport à la télévision en vidant les bières du frigo, fit ma mère en riant.

- Ce serait amusant, fit Jasper.

- Je peux te demander pourquoi tu as choisi de vivre au milieu de la ville? demanda mon père à Carlisle.

- Par commodité. Ici, la vie nocturne est aussi aisée que la diurne. Pour nous, cela nous permettra de sortir même l'été.

- C'est vrai que la Nouvelle Orléans est bien plus ensoleillée que Forks, fit ma mère.

- Bon allez vous installer, nous fit Carlisle.

Comme une fusée, je filai vers l'escalier sans me soucier de rien avant d'entendre mon père m'appeler du bas de l'escalier.

- Renesmée, ton sac! me fit il presque épuisé.

Je redescendis en vitesse vampirique, attrapant mon sac en le remerciant et remontai. Il y avait plusieures portes avec des initiales, je passai devant les BE, AJ, EC avant de trouver la porte qui n'arborait qu'un R entouré d'un cœur gothique - Grand-mère et son sens artistique - et je l'ai poussée. J'ai alors découvert une piece avec un mur violet assez sombre - ma couleur préférée - un grand bureau sur lequel j'ai posé mon téléphone et mon sac qui en réalité contenait uniquement du matériel high-tech, et surtout un magnifique lit - détail amusant sachant que je suis la seule de la famille à dormir - au matelas épais. Je pouvais également voir sur un mur une grande télé et une collection énorme de DVD et de Blu-ray, ma passion personnelle surtout les films de vampires - j'adore la vision de nous par les humains - et une immense penderie. Je me suis approchée de celle-ci comprenant qu'en plus l'autre porte était une salle de bain privative - autre besoin personnel - et je l'ouvris. Elle était pleine de vêtements divers, tous plus beaux les uns que les autres quand j'entendis une voix dans ma chambre.

- Je me suis permise une petite sélection, fit Alice.

- Merci... Mais c'est trop tu sais, répondis je à Alice.

- Mais non mais non, et puis les fringues et moi, fit elle en riant et s'asseyant sur le lit. Confortable.

- Ha oui? fis je en la rejoignant. Bien ferme en effet !

Tout à coup, mon téléphone sonna et, usant de ma vitesse, je me suis jetée dessus comme une folle furieuse. Je voyais le regard surpris d'Alice au moment où je regardais qui appelait.

- Allo? dis-je en décrochant et replaçant une mèche de cheveux.

- Bonsoir Nessie, fit la voix de Jacob à l'autre bout du fil.

- Ça va Jacob? dis-je un peu trop enjouée.

- Oui, tout le voyage c'est bien passé ?

- Oui... Comment sais tu que je suis arrivée ?

- Bella a appelé Charlie et j'étais chez lui, fit il mal à l'aise.

- Ho...

- Tu me manques, fit il alors.

- Toi aussi, dis je en voyant Alice s'affaler de rire sur mon lit.

- Je suis désolé pour la dernière fois, je n'aurai pas dû insister, tu avais l'air de te forcer mais...

- Alice est dans ma chambre, l'interrompis-je quand je vis cette dernière se redresser intéressée.

- Ho ok, pas de détails...

Je voyais immédiatement la mine déçue de ma tante qui s'approchait tandis que j'essayai de la repousser d'une main.

- Ce n'est rien Jacob, j'ai juste besoin de temps...

- D'accord, fit il déçu.

- Je sais que ça fait quinze ans déjà que tu es imprégné et je m'en veux de ne pas être claire avec toi mais...

- Ce n'est rien je t'assure, me répondit il.

- Je suis vraiment désolée, dis-je mal à l'aise.

- Est-ce que tu crois que je pourrais te rendre visite ?

- Oui! fis je empressée. Enfin je demanderai quand-même mais oui...

Le regard d'Alice était éloquent et gênant, comme souvent.

- Je vais te laisser, me fit il alors.

- D'accord... À bientôt, bisous, dis-je en raccrochant.

Alice était au paradis des comères visiblement, attendant impatiemment que je détaille ce qu'elle avait dû comprendre.

- Ma petite Nessounette n'est plus une petite fille ? fit elle directement mettant les pieds dans le plat.

- Si... Je n'ai pas pû... J'ai honte, dis je en m'asseyant sur la chaise.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? me demanda-t-elle.

Discuter ne servait pas à grand-chose alors j'ai posé mes mains sur les joues d'Alice et je lui ai montré. Nous étions installés sur le lit de Jacob et comme souvent il me laissait ponctionner un peu de son sang, puis il a voulu m'embrasser. J'avais eu un mouvement de recul avant de le laisser faire totalement perdue et le laissant diriger. Je me suis alors installée sur les genoux, enlevant mon t-shirt et le regardant mal à l'aise dans mon soutien-gorge tout simple. Jacob m'avait regardée avec un désir brûlant dans les yeux et j'avais pris peur, fuyant plus vite que jamais.

- Alors là... fit juste Alice.

- Je suis idiote c'est ça ? demandai-je à ma tante.

- Non, tu n'étais pas prête ma belle, me rassura Alice

- Ça fait quinze ans qu'il attendait... dis-je honteuse.

- Et?

Je regardai alors Alice étonnée mais c'est vrai que pour elle, quinze ans ne devait pas signifier grand chose.

- Ça doit être horrible pour lui, dis-je ensuite.

- Tu sais qu'il est imprégné donc il attendra que tu fasses le premier pas, dit elle pour me rassurer encore une fois.

- Justement, c'est horrible pour lui, je suis là à me nourrir et lui il espère avant d'être déçu, argumentai-je.

- Tu sais quoi? On va aller se balader, me fit Alice.

- Quoi? dis-je étonnée.

- Oui, toi et moi, dans le quartier français, fit elle simplement.

- Je vais demander à Maman, dis-je en sortant.

Je me suis dirigée vers leur chambre et j'ai frappé à la porte avant de l'ouvrir, ma mère lisait un livre tranquillement et mon père regardait la rue tout aussi tranquillement.

- Maman? Alice veut qu'on sorte, je peux? lui demandai-je calmement.

- Vous allez chasser ? s'enquit elle alors.

- Non, elle veut se balader, ai-je spécifié.

- Tu n'as pas trop soif de sang ? demanda mon père.

- Non, ça va... Et puis je ne pense pas que nous irons trop loin, dis-je ignorant pourtant si ce serait le cas.

- Faîtes attention, fit ma mère. Aux autres, ajouta-t-elle avec un clin d'œil.

Il ne fallut pas longtemps pour que moi et Alice sortions de la maison, nous baladant dans le quartier que je découvrais. La Nouvelle Orléans était vraiment une ville superbe, amplie d'une diversité époustouflante et où les gens semblaient se contenter de s'amuser. Les gens s'amusaient et personne ne prenait attention à nous, c'était intéressant. Nous étions des gens normaux parmis tant d'autres. Alice me guida jusqu'au Lafitte's Blacksmith Shop Bar, le repaire du vieux pirate Lafitte qui était totalement dans son jus, dépaysant d'ailleurs. Alice nous commanda alors des cocktails sans alcool très fruités et très sucrés.

- Tu sais au moins ce que tu ressens pour Jacob? demanda-t-elle entre deux gorgées.

- En fait je ne sais même pas... répondis je en hésitant.

- Tu as besoin d'être peut-être éloignée de lui pour le comprendre, me fit Alice calmement.

- C'est vrai qu'il a toujours été près de moi... Ça peut me poser problème, approuvai-je.

Le bar était tout de même bruyant mais nous avions sans doute l'air de deux personnes qui buvaient tranquillement. Je regardai alors la foule bigarrée, remplie de touristes, d'habitants de la ville et même des jeunes bruyants dans le fond.

- C'est plus animé que Forks hein? me fit Alice.

- Est-ce vraiment compliqué... Sniff... Tu sens? demandai-je repérant une odeur de cuivre caractéristique.

Alice regarda alors vers une des tables en observant attentivement, je fis ensuite de même. Il y avait quatre jeunes à cette table, trois garçons en fin d'adolescence et une fille de leur âge. L'un des garçons semblait s'être coupé avec un verre qu'il avait cassé et les autres se moquaient de lui. La fille était une métis aux cheveux courts, arborant un débardeur blanc sur un jean noir. Le garçon qui s'était coupé portait des cheveux noirs jusqu'aux épaules et un t-shirt vert sur un jean bleu. Les deux autres garçons, un grand brun aux cheveux en brosse et arborant une chemise; ainsi qu'un autre à la peau plus bronzée - latino sans doute - et plus musclé que ses condisciples dans son t-shirt sans manche le bousculaient. Grâce à mes sens vampiriques je pouvais les entendre.

- T'es vraiment pas doué ! fit le latino.

- Un vrai boulet, fit le grand brun.

- David... Se couper avec un verre? Franchement ? fit la fille.

- Ta gueule Tina, répondit le blessé.

- Tu crois que quelqu'un nous fera chier ce soir? demanda le latino.

- On verra, vu le boulet ce sera simple, répondit le brun.

- Ce soir c'est moi qui finit le job, fit la fille, Tina.

- T'as qu'à être plus rapide, fit le brun.

- T'as un avantage toi, fit le dénommé David. Merci Papa !

- Va te faire mettre, c'est clair?

- Monsieur est susceptible.

Je le vis alors porter une bière peut-être alcoolisée vu l'odeur, et boire tranquillement. Il avait dû sentir être observé car il tourna la tête vers la salle et je baissai les yeux immédiatement pour ne pas attirer l'attention.

- C'est moins calme que Forks, fit Alice.

- C'est sûr et en plus les jeunes boivent, dis je.

- Tu as réagi à l'odeur, fit elle. Ça va quand même ?

- Oui... Faut que je résiste à la tentation de bouger pour observer ce genre de détails, dis-je en pensant à ma réaction.

- De toute façon au départ, tu devras faire la maison et le lycée et éviter de te balader seule, me fit alors ma tante.

- C'est plus sûr, le temps de m'habituer à l'effervescence, approuvai-je.

Je sentis immédiatement l'odeur de sang qui se déplaçait et le groupe passer près de notre table. Je craignais la réaction d'Alice même si je savais son contrôle assez étendu. Je pouvais voir le groupe de jeune passer près d'une table dont les occupants discutaient joyeusement et le grand brun piquer une bouteille de bière sur la table. J'étais assez surprise d'un tel comportement, dire que ma famille m'avait éduquée dans le respect d'autrui était un euphémisme. Comme ils sortirent, l'odeur de sang se fit plus diffuse et je pus soupirer.

- Ça risque de t'arriver souvent, me fit Alice. Avant chaque journée de cours, il faudra t'assurer d'être repue.

- Promis, même si je peux résister, cela pourrait être dangereux, dis je.

- Au moins si ça dérape, vu que tu n'as pas de venin, nous n'aurons pas cela à gérer, fit ma tante Alice amusée.

- Tu es obligée de parler aussi fort? ai-je demandé.

- Ben quoi? Tu crois que ça intéresse les gens ? demanda-t-elle.

- Au fait, je n'ai pas demandé à Grand-père mais il y a un clan ici? demandai-je par intérêt personnel.

- Euh... Oui, principalement des ressortissants français, ils ont un peu fondé la ville en fait, fit Alice.

- Sérieusement ? dis-je étonnée.

- Ben oui... Ce sont même eux qui ont choisi d'appeler la ville comme le régent Philippe d'Orléans, me répondit elle comme si c'était une évidence.

- On ne doit pas s'y présenter ?

- Carlisle s'en est occupé, ils gèrent pas mal le tourisme. Ils ont la fibre commerciale, fit Alice en riant.

- En même temps avec l'éternité pour se perfectionner, répondis-je. L'éternité...

- Qu'est-ce qu'il y Nessounette? demanda Alice.

- Je..., commencai-je en déglutissant. Tu savais que les Quileutes peuvent cesser de vieillir tant qu'ils se transforment ?

- J'avais cru comprendre...

- Oui, Jacob mute pour conserver son âge apparent... Il ne veut pas vieillir, il veut rester avec moi.

- Et c'est ce que tu veux? me demanda ma tante.

- Je ne sais pas Alice...

- Vu ton empressement à répondre à son appel, fit elle avec mesquinerie.

- Je suis attachée à lui, mais si c'était comme un lien fraternel... C'est possible... Il dit toujours que je devrais faire un choix pour lui, si je veux un ami ou plus...

- Et le problème est...

- Que si je veux juste un ami... Je ne peux lui imposer de rester presque immortel, dis-je alors en touchant le bracelet que m'avait offert Jacob il y a bien longtemps.

- Ma chérie, toute notre famille est compliquée. Profite d'être ici, pour réfléchir à ce que tu veux, à ta relation, calmement, posément, à l'abri des pressions extérieures, me conseilla Alice.

- Moui... Sans doute..., dis-je sans conviction.

Je savais que Jacob attendrait ma décision longuement, même si elle me prenait encore cinquante ans. Alice et moi commandâmes un autre cocktail de jus de fruits avant de ressortir. Nous marchâmes tranquillement dans le carré français, se promenant en flânant dans les rues. J'adorais déjà la Nouvelle Orléans, c'était un monde à part, des odeurs d'épices cajuns, des airs de jazz et de blues intenses, loin de la vie pépère de Forks. Je pensais déjà que j'allais m'y plaire.

- Alors ça te plaît cette ville? me demanda Alice en passant dans une rue.

- Elle est magnifique, dis-je pour la rassurer.

Tandis que nous marchions, nous retombâmes sur le groupe de quatre jeunes, ceux-ci semblaient s'être amusés, ils étaient échevelés et visiblement épuisés. Ils étaient installés autour de motos et le garçon brun et la fille étaient même installés sur les leurs. Je regardais attentivement les motos, deux étaient des japonaises de grosses cylindrées et la fille était installée sur la rouge tandis que la noire restait vide, une était une moto cross et le garçon brun était sur une moto americaine. Dès que j'avais vu celle-ci, je l'avais reconnue, c'était une Harley Spirit noire. Je ne m'y connaissais pas particulièrement en moto mais Jacob avait la même et je ne me lassais jamais de nos balades à moto. Je me suis alors retournée pour regarder si sa moto était plus abîmée que celle de Jacob et je me suis rendue compte que son propriétaire, une cigarette aux lèvres, regardait dans notre direction à moi et Alice. Cela n'aurait pas été gênant si, au vu de sa position, ce mec ne matait pas nos fesses sans aucune honte. Ce comportement, sans doute à cause de l'enseignement de mon père - assez vieux jeu il faut dire - m'exaspérait au plus haut point. J'allais immédiatement lui dire ma façon de penser à ce porc quand le bras d'Alice me retint.

- Pas d'esclandre ma chérie, fit elle.

- T'as vu? Il mate sans gêne ! dis-je offusquée.

- Bon tu comptes lui arracher les yeux? Allez laisse tomber, insista Alice en tirant mon bras.

J'allais obéir et j'ai à nouveau regardé ce type, il me regarda avec un sourire amusé et haussa juste les sourcils de manière éloquente. C'était encore plus un porc que je ne l'avais imaginé. Heureusement ma tante m'avait calmée, j'avais vraiment envie de lui arracher les yeux. Je détestais ces comportements machistes répugnants, les femmes ne sont pas des morceaux de viande, la société actuelle et ses hashtag comme MeToo auraient dû faire bouger les choses. Je me disais toujours que je devrais botter les fesses de ce genre de type. J'imaginais leurs têtes après s'être faits démonter par une fille de mon gabarit. Bon ce serait un peu tricher mais au moins ils apprendraient le respect. J'espérais que les garçons de mon lycée agiraient avec plus de distinctions. Au moins je n'allais pas le recroiser, enfin ça, je le pensais sans savoir encore à quel point je pouvais me tromper.

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Notes de l'auteur :

J'ai tenté une introduction comme celle de Stephenie Meyer en espérant que la nouvelle vie des Cullen vous plaise.

Je tiens à vous signaler que je tiens majoritairement compte des livres et beaucoup moins de la version cinématographique, surtout quant aux apparences physiques des personnages.

J'espère également que vous avez repéré la petite allusion aux titres francophones de la saga. Bonne lecture à vous.

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