Hello hello !
Harry / Dudley ? Mais qu'est-ce que c'est que ça ?
Le fruit d'un nouveau défi, évidemment ! DouceVelane m'a donc demandé d'écrire un OS sur la relation entre Harry et son cousin après Poudlard. Là, effectivement, ça me fait sortir de ma zone de confort ahah
Contre toute attente, le sujet m'a pas mal inspirée puisque j'ai écrit ça en moins d'une semaine.
Rowling avait dit deux trois trucs sur le sujet, je m'en suis un peu servie, ça m'a donné deux trois idées !
Alors si jamais quelqu'un passe par là malgré ce sujet aux antipodes de mes Dramione habituelles, n'hésitez pas à me laisser votre avis !
Bonne lecture et prenez soin de vous !
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6 juin 2003
Harry n'entendit pratiquement pas le verre qu'il tenait encore une seconde auparavant se briser en morceaux sur le sol. Sous le choc, il se contentait de regarder ce qu'il avait dans les mains, lisant les mots encore et encore, jusqu'à ce qu'ils n'aient même plus de sens.
Alertée par le bruit de verre cassé, Ginny fut bien vite à ses côtés. Elle fronça les sourcils devant l'air choqué de son mari, et en profita pour faire disparaître les débris d'un simple coup de baguette, évitant toute blessure éventuelle.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? s'inquiéta la rousse alors que Harry ne réagissait toujours pas.
Sans un mot, il lui tendit le bout de papier cartonné qu'elle devina venir du monde moldu qu'il tenait dans sa main. Sur un fond gris tout ce qu'il y avait de plus sobre, et écrit en lettres joliment calligraphiées, on pouvait lire :
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Pétunia Dursley, son épouse
et
Dudley Dursley, son fils,
Ont le chagrin de vous annoncer le décès de
Vernon Dursley,
Survenu le 4 juin 2003, à l'âge de 55 ans
La cérémonie aura lieu le dimanche 8 juin à 14 heures
à l'église de Little Whinging
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Ginny écarquilla les yeux devant le faire-part et observa prudemment son époux. Il avait le regard étrangement vide, comme s'il ne savait pas vraiment comment appréhender la nouvelle. Elle-même ne savait pas comment réagir : devait-elle lui présenter ses condoléances ? Cela semblait ridicule. Il n'y avait jamais eu ne serait-ce qu'une once de sympathie entre Harry et son oncle. Pourtant, la nouvelle avait véritablement l'air de le bouleverser.
- Ça va ? tenta-t-elle en lui posant une main sur l'épaule.
Le contact eut le mérite de le sortir de sa transe. Il sursauta et regarda Ginny comme s'il n'avait pas remarqué sa présence jusque là.
- Oui, oui, c'est juste que… enfin, je ne m'y attendais pas, quoi…
Et pour cause. Cela faisait bien longtemps que le nom des Dursley n'avait pas été mentionné. En toute honnêteté, cela faisait même bien longtemps qu'il n'avait pas pensé à cette famille chez qui il avait grandi. Mais contre toute attente, voir écrit noir sur blanc la nouvelle du décès de son oncle lui procurait un sentiment de malaise indescriptible. Il ne se sentait pas triste, sans surprise, mais il ressentait quelque chose, même s'il n'était pas bien sûr de pouvoir identifier ce sentiment étrange.
- Il y avait ça aussi, dans l'enveloppe, indiqua-t-il en tendant un autre morceau de papier à Ginny.
Celui-ci était beaucoup plus modeste, juste un carré de feuille blanche avec écrit dessus à la main : Je sais que c'est sûrement la dernière personne à laquelle tu voudrais rendre hommage, mais s'il te plaît, Harry. Viens. Le mot était signé Dudley et laissait Harry encore plus perplexe qu'il ne l'était déjà.
- Pourquoi est-ce qu'il tient tant à ce que tu ailles à l'enterrement de son père ? Je croyais qu'ils te détestaient tous les trois.
- Oui, je croyais aussi… répondit évasivement Harry.
Mais au fond, il savait que la vérité était légèrement plus complexe. Concernant Vernon, il n'avait jamais eu le moindre doute. Son oncle l'avait méprisé de tout son être, depuis toujours. Son aversion pour la magie allait bien au-delà des liens familiaux qui étaient censés les unir. Il n'avait accepté de recueillir Harry que par amour pour sa femme, et par crainte de ce que l'on pourrait dire de lui, si jamais le fait qu'il ait refusé d'héberger un nourrisson, d'autant plus son neveu, venait à s'ébruiter.
Mais aux sujets de sa tante et de son cousin… les choses étaient plus compliquées. Harry se souvenait encore de la façon dont Dudley lui avait dit adieu, alors que les Dursley quittaient leur foyer. C'était la dernière fois que Harry les avait vu, et entre la guerre, les batailles, et la reconstruction de sa vie et du monde sorcier, le Survivant n'avait guère eu le temps de penser à cette famille qui l'avait si peu considéré pendant toute son enfance.
Pour autant… le fait que Dudley fasse l'effort de lui envoyer un faire-part de décès, et même de rajouter un mot pour le prier de venir… cela piquait sa curiosité. Et même en dehors de cela, Vernon avait certes été un homme odieux, mais il restait tout de même son oncle.
- Je vais y aller, dit Harry après quelques minutes de réflexion, étonnant à la fois son épouse et lui-même.
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8 juin 2003
Harry resta un moment dans sa voiture avant de rentrer dans l'église du petit village dans lequel il avait grandi. Il y avait très peu de véhicules qui étaient déjà garés à côté de lui, ce qu'il trouva surprenant. Il s'était imaginé que l'enterrement de l'oncle Vernon réunirait plus de monde. Mais à y réfléchir, un homme aussi mauvais avec un enfant ne pouvait que l'être également avec ses pairs.
Il n'avait aucune envie de sortir de cette voiture et d'affronter tous les regards sur lui lorsqu'il rentrerait dans l'église. Qu'était-il censé dire ? Qu'était-il censé faire ? Où était-il même censé s'asseoir ? Il faisait partie de la famille, mais c'était au grand dam de la famille elle-même. Devrait-il aller présenter ses condoléances à la tante Pétunia ? Cette femme qui n'avait toujours vu en lui qu'une erreur de la nature ? Qui lui rappelait à quel point sa sœur avait été brillante, et à quel point elle-même était d'une effarante banalité ? Il commençait sérieusement à se demander si cela avait été une bonne idée de venir jusqu'ici. Mais comme à chaque fois qu'il se posait la question depuis deux jours, il repensait au mot de Dudley, et se força à faire un effort.
Alors que 14 heures allaient bientôt sonner, Harry se décida à descendre de sa voiture et s'engagea dans l'allée qui menait à l'église. La chaleur était écrasante, comme elle savait l'être dans ce village reculé de l'Angleterre. Harry eut le sentiment que le chemin était long de plusieurs kilomètres. Devant l'église, deux ou trois personnes qu'il ne connaissait pas étaient encore dehors, en train de fumer leur cigarette, profitant des quelques minutes qui les séparaient de la cérémonie.
Harry se sentit infiniment seul lorsqu'il franchit les portes de l'église. Ginny avait insisté pour l'accompagner, mais sa femme étant enceinte de plus de six mois, Harry refusait qu'elle ne fasse trop d'efforts. Ron et Hermione aussi avaient proposé de venir avec lui, mais il s'était senti obligé de décliner. Il n'imaginait pas la réaction de sa tante si elle voyait trop de "gens comme lui" à l'enterrement de son mari.
La fraîcheur du bâtiment lui fit du bien. Il prit une grande inspiration avant de balayer la nef du regard, à la recherche de visages familiers. Il ne mit pas longtemps à les trouver. Tous les deux assis au premier rang, Pétunia et Dudley Dursley fixaient le cercueil du chef de famille avec la dignité qui leur était propre.
Harry se racla la gorge avec gêne, et plusieurs têtes se retournèrent vers lui, mais seulement deux continuèrent de le fixer en le voyant. Les yeux de Pétunia s'écarquillèrent, l'air d'avoir vu un fantôme, ce qu'Harry avait conscience d'être, d'une certaine manière. Le visage de Dudley, en revanche, se fendit d'un sourire prudent, mais que l'on devinait sincère. Sa mère lui chuchota quelque chose à l'oreille, ce à quoi Dudley répondit par une main réconfortante sur son épaule maigre, avant de se lever.
En voyant ainsi son cousin s'approcher de lui, Harry comprit pourquoi le visage de sa tante avait blanchi en le voyant arriver. Regarder Dudley avancer en sa direction, c'était comme revoir un fantôme de son passé, auquel on n'aurait pas pensé depuis un siècle. Cela faisait pratiquement six ans qu'il ne l'avait pas vu et pourtant, son pas lourd et ses petits yeux noirs lui rappelèrent immédiatement des souvenirs qu'il avait préféré enterrer tout au fond de sa mémoire. Il se revoyait, enfant, dans la même position, regardant son cousin s'approcher de lui avec la ferme intention de le frapper sans raison aucune.
Harry se reprit néanmoins bien vite en prenant le temps d'observer plus avant son vieil ennemi. Durant les six années qui avaient séparé leurs routes, Dudley avait changé. Il avait maigri, pour commencer, et bien que toujours costaud, il n'avait plus le même visage porcin que Harry avait tant détesté pendant les quinze premières années de sa vie. Il n'avait plus non plus les traits mauvais qui le caractérisaient autrefois. Aujourd'hui, Dudley avait le visage solennel et le regard d'un homme.
Dudley s'arrêta juste en face de son cousin, et un silence gêné s'ensuivit. Il était évident qu'aucun des deux ne savait vraiment quoi dire. En même temps, comment aurait-il pu en être autrement ? Finalement, au bout de quelques moments durant lesquels les deux jeunes hommes s'étaient observés prudemment, Dudley finit par craquer.
- Merci d'être venu, Harry, dit-il d'une voix grave en lui tendant la main.
Pendant l'espace de juste une seconde, Harry contempla cette main tendue en se demandant ce qu'il devait en faire. Il se rappela de tout ce que Dudley lui avait fait subir pendant son enfance ; il se rappela de la peur qu'il ressentait à chaque fois qu'il était près de son cousin ; il se rappelait de chaque détail qui faisait qu'aujourd'hui encore, quelque fois, il gardait des traumatismes de son passé. Néanmoins, il était conscient qu'il n'avait pas fait toute cette route pour rien, et surtout, qu'il avait été en capacité de pardonner à d'autres personnes qui lui avaient fait défaut autrefois. Alors, sincèrement, il lui serra la main.
- Je suis… désolé pour ton père, hésita-t-il.
Dudley balaya ses condoléances d'un signe de tête.
- Ne te sens pas obligé. Allez, viens.
Il commença à retourner vers sa place et Harry comprit qu'il était censé le rejoindre. Au premier rang. A côté de son cousin et de sa tante. Harry rattrapa Dudley en quelques pas.
- Tu es sûr ? lui demanda-t-il, nerveux.
Dudley sembla comprendre son malaise, mais à nouveau, fit un signe de tête encourageant.
- Harry… tu es la seule famille qu'il nous reste.
Étrangement, cette simple petite phrase lui pinça le cœur. Alors il accepta et se retrouva donc assis à côté de Dudley, lui-même à la droite de Pétunia. En voyant Harry s'installer à leurs côtés, cette dernière se tendit, et Harry crut apercevoir du coin de l'œil une larme couler le long de sa joue.
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Cela lui faisait tout drôle de revenir ici. Il lui sembla que cela faisait un siècle qu'il n'avait pas mis les pieds au 4, Privet Drive. La dernière fois, la maison avait été vidée et ses habitants chassés pour tenter de fuir le Seigneur des Ténèbres. Et aujourd'hui, six ans plus tard, devant la maison qui avait été son pire cauchemar durant des années, Harry n'arrivait pas à mettre de mots sur ce qu'il ressentait à cet instant précis.
Pour son plus grand soulagement, la cérémonie avait été courte. A la fin de l'enterrement, il était resté en retrait, ne préférant pas se mettre au milieu d'un moment d'intimité dans lequel il n'aurait pas eu sa place. Il avait vu Dudley et Pétunia échanger quelques mots en lui jetant des coups d'œil peu discrets, et Harry n'avait eu aucun mal à deviner la nature de leur discussion. Sa tante l'avait alors regardé longuement, du regard perçant qu'elle avait toujours eu, avant de tourner les talons.
Dudley l'avait alors rejoint et lui avait proposé de venir boire un thé à la maison pendant que sa mère allait à l'hôpital récupérer les dernières affaires de son défunt mari. Harry se demandait bien pourquoi Dudley tenait tant à lui parler. Pourquoi il avait insisté pour qu'il vienne à l'enterrement de cet oncle qui l'avait toujours méprisé.
Adossé à sa voiture, Harry regardait la maison avec une certaine nostalgie, néanmoins teintée d'amertume. Absolument aucun souvenir heureux ne reposait entre ces murs, exception faite des jours où il quittait enfin l'ambiance oppressante de ce foyer.
Un bruit de moteur le fit sortir de ses pensées, et il vit Dudley se garer dans l'allée avant de le rejoindre.
- Ça va ?
- Ça me fait bizarre de revenir ici. Pour tout te dire, je ne pensais pas revoir cette maison un jour, avoua-t-il.
Dudley hocha la tête et comprit sans mal la confession sous-jacente : Harry ne pensait plus revoir ni la maison, ni ses habitants, jusqu'à rendre son dernier soupir.
- De quoi il est mort ? demanda-t-il soudainement. Vernon.
- Il a eu un cancer il y a quelques mois.
En entendant ce mot qui n'avait pas croisé sa route depuis une bonne décennie, Harry comprit à quel point il avait laissé le monde moldu derrière lui. Les Dursley étaient la seule chose qui le rattachait un tant soit peu à ce monde dans lequel il n'avait jamais trouvé sa place.
Dudley lui fit signe de le suivre et ils rentrèrent ensemble dans la maison dans laquelle ils avaient tous les deux grandi. Si ce n'était que pour quelques détails, tout semblait plus ou moins identique à la maison qu'ils avaient quittée sept ans plus tôt. Les mêmes meubles dans la même disposition, la même décoration. C'était troublant, d'ailleurs, de se retrouver ici. Harry s'arrêta dans l'entrée, juste en face de la porte du placard sous l'escalier, dans lequel il avait dormi pendant dix ans. Dudley se passa une main sur le visage, visiblement gêné.
- On l'a condamné quand Papa est tombé malade.
Harry hocha la tête à son tour et continua de suivre Dudley dans le salon.
- Je ne savais pas que vous étiez revenus vivre ici.
- Comment tu aurais pu le savoir ?
Harry ne répondit pas à cette question purement rhétorique. Il s'installa dans le canapé et Dudley partit dans la cuisine, où il l'entendit faire bouillir de l'eau. Harry se sentait mal à l'aise d'être là, et même s'il ne regrettait pas d'être venu, il n'avait aucune envie que sa visite s'éternise. Dudley revint bien vite avec deux tasses de thé fumantes, et il s'assit juste en face de son cousin.
- Un peu plus d'un an après notre… fuite, ou peu importe comment on peut appeler ça, des gens de… de ton monde sont venus à notre rencontre. Le Ministère de la Magie, c'est ça ? Ils ont dit qu'ils venaient de là.
Harry confirma d'un signe de tête.
- Papa était furieux qu'ils "osent se pointer chez nous", selon ses propres mots. Il a failli les foutre dehors, mais Maman avait envie d'écouter ce qu'ils avaient à dire, et surtout, elle avait envie de rentrer chez elle. Vivre avec Marge n'était vraiment pas une partie de plaisir, et c'est moi qui te le dis.
Dudley fit une pause durant laquelle il but quelques gorgées de thé. Harry se rendit compte qu'en six étés passés ensemble ajoutés à dix ans de vie commune, jamais Dudley ne lui avait autant parlé en une seule fois.
- Ils nous ont dit que la guerre dans votre monde était terminée. Que la menace à cause de laquelle on avait dû partir de chez nous était éradiquée et que, par conséquent, nous pouvions rentrer. Au début, Papa ne voulait pas les croire, il pensait que c'était un piège de ta part pour qu'on se fasse charcuter au moment où on reviendrait.
Harry ne put s'empêcher de rire. Voilà qui était bien typique de l'oncle Vernon.
- Je peux t'assurer que j'avais d'autres chats à fouetter que de commanditer l'assassinat de mon oncle et ma tante.
- Je sais bien. Même Maman lui a dit qu'il délirait. Enfin, au bout d'un moment, il a fini par entendre raison, et nous avons pu rentrer chez nous. Mais juste avant qu'ils partent, Maman leur a demandé si tu allais bien. Ils ont dit que c'était grâce à toi que la guerre était finie. Tu es une sorte de héros, là-bas, apparemment.
A nouveau, Harry laissa échapper un rire, gêné cette fois-ci.
- Si on veut. Je n'ai jamais eu vent de cette conversation. Je ne savais même pas que des employés du Ministère étaient venus vous trouver.
- Maman leur a demandé de ne rien te dire. Ils nous ont dit quelque chose comme "votre neveu sera content de vous savoir sains et saufs", et Maman leur a dit de ne rien te dire. Ni de notre retour, ni de leur conversation.
Harry se trouva incapable de répondre. Qu'était-il censé dire ? Toute cette histoire était trop vieille, trop compliquée pour être déterrée.
- Pourquoi as-tu tenu à ce que je vienne aujourd'hui, Dudley ?
Ce dernier posa sa tasse sur la table basse en soupirant. Il s'était attendu à ce que la question arrive à un moment ou à un autre, évidemment, mais il n'avait pas vraiment préparé de discours.
- Tout est allé tellement vite, la dernière fois qu'on s'est vus. J'étais si jeune, je ne comprenais rien à rien. J'avoue que je ne comprends pas toujours tout, mais… je ne sais pas, quand on est revenus ici, j'avais envie de te contacter, mais je ne savais pas comment. Je ne pouvais pas en parler à Papa et Maman, ils m'auraient envoyé balader, mais j'avais envie de te voir. Pour m'excuser.
- T'excuser ? Dudley…
- Oui, je sais que tout ce que je t'ai fait subir par le passé est impardonnable. Mais j'ai besoin de le dire. Je suis désolé, Harry. Je n'étais qu'une brute, je voulais faire le fier devant mes parents, devant mes amis… je me fichais de tout, et encore plus de toi. Au fond, tu me faisais peur, avec ta magie, et avec toutes ces choses que disaient Papa et Maman sur les gens comme toi… je voudrais vraiment que tu saches que je suis désolé. Sincèrement.
Pour la deuxième fois de la journée, Dudley lui tendit la main, et son regard trahissait toute la sincérité de ses paroles. Harry ne réfléchit pas davantage et la lui serra à nouveau.
- Merci, se contenta-t-il de répondre.
Il n'y avait pas besoin d'en dire davantage.
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31 juillet 2003
Harry reconnut immédiatement l'écriture sur l'enveloppe, et les discussions autour de lui ne formèrent plus qu'un brouhaha au fond de son esprit. Il lut la lettre et découvrit donc sans surprise un mot de Dudley lui souhaitant un joyeux anniversaire. Il le remerciait encore une fois d'être venu à l'enterrement de son père et lui disait que cela lui avait fait plaisir de le revoir. Et en dessous, il lui laissait son numéro de téléphone portable.
- Tout va bien, Harry ? Tu as l'air ailleurs.
Hermione le tira de sa rêverie et Harry se souvint soudainement de l'instant présent. Il fêtait aujourd'hui son 23ème anniversaire et tous ses amis étaient là, chez lui, pour le célébrer avec lui. Harry se contenta de tendre la lettre à sa meilleure amie qui la parcourut rapidement des yeux. Sa bouche forma un "o" de compréhension tandis que Drago lisait par-dessus son épaule.
- Ton cousin tortionnaire ? lui demanda-t-il.
Harry confirma d'un hochement de tête.
- Il m'a écrit pour mon anniversaire. Et je pense qu'il veut qu'on continue à se voir.
- Et tu en penses quoi ? demanda Ron qui s'était joint à la conversation.
- Je ne sais pas trop… avoua Harry.
- C'est délicat… dit Hermione en rendant le courrier à son meilleur ami. Ce garçon a quand même pourri toute ton enfance ! C'était un véritable tyran ! Tu serais vraiment prêt à lui pardonner tout ça ?
Tout le monde lui lança un coup d'œil appuyé, et même Drago eut l'air désabusé.
- Sérieusement, Granger ? railla-t-il en se pointant lui-même du doigt.
- Oui, c'est vrai, j'ai rien dit. C'est comme tu le sens, Harry. Avec un peu de chance, en grandissant il ne sera pas devenu le même abruti que son père.
Harry décida de remettre sa décision à plus tard. Il profita de sa journée d'anniversaire en compagnie de ses proches sans plus trop penser à la lettre de son cousin.
Mais en fin de journée, lorsqu'il se retrouva seul avec sa femme, son regard fut happé par la petite enveloppe qui était restée sur la table.
Après tout, qu'avait-il à perdre ?
Il alla finalement chercher le téléphone moldu dont il ne se servait pratiquement jamais, et composa le numéro que Dudley lui avait fourni.
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25 décembre 2010
Le tableau était tout ce qu'il y avait de plus surprenant pour quiconque connaissait un tant soit peu cette famille. Pourtant, contre toute attente, la tablée semblait, dans l'ensemble, rire de bon cœur.
La reste de dinde fumait encore au centre de la table, tandis que les convives mangeaient avec appétit. Au bout de la table, Pétunia Dursley observait ses invités avec son éternel air pincé. Elle aussi, avait peine à croire à la scène qui se déroulait devant ses yeux.
D'un côté de la table, Dudley Dursley discutait avec animation avec son cousin, Harry Potter. À leurs côtés, leurs épouses respectives échangeaient elles aussi ensemble comme si de rien n'était. Comme s'il n'y avait pas tout un monde qui les séparait.
Cette différence, justement, ne fut pas mentionnée de toute la journée. Premièrement parce que Pétunia le refusait catégoriquement, et aussi parce que la femme de Dudley, Sarah, avait amené son petit frère au repas de Noël. Et le jeune Lionel ne connaissait rien du monde de la magie, contrairement à sa sœur, à laquelle Dudley avait tout expliqué à propos de l'étrangeté de son cousin et de sa petite famille.
Petite famille qui, justement, se trouvait à côté de la table, dans le salon. James, Albus et Lily, respectivement âgés de sept, cinq ans et trois ans, étaient en train de jouer avec Camélia, la fille de Dudley et Sarah, elle-même âgée de quatre ans. A les regarder jouer ensemble, d'aucun n'aurait pu penser que leurs pères se détestaient étant enfants. Harry et Dudley échangèrent un regard complice en voyant leur progéniture ainsi soudée.
Pétunia aussi, regardait sa petite fille s'amuser avec des enfants dont elle abhorrait jadis la nature. Pourtant, les années l'avaient rendue plus souple. Le décès de son mari aussi, il fallait l'avouer. Pétunia ne voyait plus son neveu comme une nuisance. Souvent, quand Harry venait leur rendre visite, elle se surprenait à le regarder avec des yeux plein de regrets. Comment les choses se seraient-elles déroulées si elle avait su être une vraie mère pour cet enfant qu'elle avait détesté ? Elle ne le saurait jamais, mais aujourd'hui, grâce à son fils, elle avait la possibilité de faire amende honorable pour toutes ces années. Presque timidement, elle offrit un sourire à Harry, sous le regard appréciateur de Dudley. Regard qui se détourna bien vite vers les enfants. Les yeux écarquillés, il fit un signe de tête paniqué à Harry. Les enfants, toujours en train de s'amuser, riaient aux éclats devant une bouteille d'eau qui lévitait devant eux, et plus particulièrement devant les yeux ébahis de Camélia.
Harry se leva bien vite et fit descendre l'objet du délit par terre sans que personne d'autre ne le remarque. Il se pencha vers son aîné avec un air mécontent.
- Qu'est-ce que je t'ai déjà au sujet de la magie quand on venait ici, James ? le gronda-t-il à voix basse.
- Mais j'ai rien fait, Papa !
Soupçonneux, Harry se retourna vers Albus qui leva les mains en signe d'innocence. Lily était à moitié en train de somnoler sur le canapé, il était donc impossible que ce soit elle qui soit à l'origine de la lévitation suspecte.
Il ne fallut qu'une seconde à Harry pour comprendre. Sa bouche s'ouvrit sous l'effet de la surprise tandis qu'il fixait avec insistance sa petite cousine, Camélia, qui regardait toujours la bouteille qui venait d'être ramenée sur la terre ferme.
Il semblait bien que la magie avait un sacré sens de l'humour.
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1er septembre 2018
Chaque année, l'émotion était la même. Harry regardait ses enfants traverser la barrière de la voie 9 ¾ avec une excitation non dissimulée. Il croisa le regard de sa femme et ils se sourirent d'un air entendu avant de quitter à leur tour la partie moldue de la gare.
Sur le quai, Harry repéra immédiatement les cheveux blonds de Drago et Scorpius. James et Albus étaient déjà partis rejoindre celui qu'ils considéraient comme leur cousin, tandis que Lily attendait patiemment ses parents. Les Potter rejoignirent les Malefoy, et Scorpius tirait la manche de sa mère avec impatience.
- Il est où Hugo, Maman ?
- Ah, ça ! Le jour où Ron sera à l'heure ! répondit Hermione en embrassant le front de son fils. Tiens, justement, le voilà !
Ron arrivait en leur faisant de grands sourires, alors qu'Hugo quittait les jupons de sa mère pour courir dans leur direction.
- On avait dit 10h30 ! le réprimanda Hermione dès qu'il fut à portée de voix.
- Oh, par Merlin ! soupira faussement le roux. Malefoy, qu'on te donne une médaille pour supporter cette femme au quotidien.
Hermione lui asséna une petite tape sur la tête qui fit rire tout le monde, surtout les enfants. Mais Harry avait l'air ailleurs. Les yeux rivés sur le portail qui amenait sur le quai, Harry ne pouvait détacher son regard des trois personnes qui venaient d'arriver.
- Potter, ce ne serait pas… ? commença Drago d'une voix incertaine qui trahissait toute sa surprise.
- Si… si c'est lui !
Dudley semblait chercher quelqu'un des yeux, et dès qu'il trouva Harry, son visage prudent se fendit d'un immense sourire. Il s'avança dans sa direction d'un pas sûr, sa femme et sa fille sur ses talons.
Les deux hommes restèrent face à face pendant quelques secondes, avant que finalement, Dudley ne craque et offre une accolade sincère à son cousin.
- Tu es venu ! souffla Harry une fois qu'ils se furent séparés.
- Oui, on a bien réfléchi avec Sarah, et c'est ce qu'il y a de mieux, pas vrai ? Ce serait injuste de la priver d'exploiter tout son potentiel.
Il regardait sa fille avec amour et déjà, la jeune Camélia discutait avec James, Albus et Scorpius, qui tentaient tous les trois de la rassurer.
- Pétunia l'a bien pris ?
- Étonnement, elle m'a même encouragé à le faire. A ne pas répéter les erreurs du passé. La petite a fait apparaître une fleur dans sa main et je l'avais rarement vu sourire comme ça.
Harry avait du mal à imaginer la scène : sa tante attendrie par une démonstration de magie.
- Elle est stressée, indiqua Dudley en désignant sa fille d'un signe de tête.
- T'inquiète pas, les enfants seront là pour la soutenir. Et peu importe dans quelle maison elle sera, elle ne sera pas seule.
- Nous aussi on est stressés, intervint Sarah qui avait du mal à cacher ses larmes aux yeux. Comment vous faîtes pour les laisser partir aussi longtemps ?
Harry eut un petit rire et rassura du mieux qu'il put son cousin et son épouse, passant un bras amical autour des épaules du premier.
Quelques dizaines de minutes plus tard, alors que les parents faisaient de grands signes de la main à leurs enfants jusqu'à ce que le Poudlard Express ne soit plus visible, Harry se demanda ce qu'il se serait dit, si on lui avait révélé vingt ans plus tôt qu'il se retrouverait à cette même place, aux côtés de Dudley Dursley.
Chamboulé par cette scène surréaliste, Harry se dit finalement que la magie n'avait, malgré les années, toujours pas fini de le surprendre.
