DISCLAIMER : Ce one-shot est référencé dans la catégorie « Miraculous » mais ne comprends AUCUN des personnages canon de la série, seulement des OC de ma création.

Cette histoire est une scène parallèle à l'histoire principale « Un Autre Monde », racontant le rendez-vous de Jehan et Andréa après les évènements du Canonnier. Étant une scène secondaire sans l'intervention de l'un des deux personnages principaux, elle n'avait pas sa place dans l'histoire principale. Mais celle-ci est tout de même importante afin d'approfondir et clarifier les nouveaux rapports entre Jehan et Andréa, voire même indispensable pour la suite du récit, c'est pour cela que je la poste ici. Afin de bien comprendre les scènes qui vont suivre, je vous renvoie donc vers mon histoire « Un Autre Monde » si vous ne l'avez pas déjà lu !

Je vous invite par ailleurs à écouter la musique « I love you too much » interprétée par Diego Luna tirée du film The Book of LIfe pour accompagner votre lecture, le lien vers la chanson et la traduction des paroles sont à la fin du texte !

Bonne lecture !


Le cœur battant, Andréa sortit de chez elle, emmitouflée dans son grand manteau. Dix-huit heures. Elle était pile à l'heure. La jeune fille s'était apprêtée sans en faire trop, elle voulait plaire sans que le trait ne soit trop forcé. Elle avait réajusté son maquillage et sa coiffure après avoir changé de vêtements.

C'était simple, mais l'image que lui avait renvoyé son miroir lui avait plu, alors c'était tout ce qui comptait. Comme son père n'était pas encore rentré du travail, elle lui avait laissé un message dans lequel elle indiquait qu'elle serait de retour pour le dîner. Très fusionnels, Andréa ne lui avait jamais rien caché, et ce soir ne faisait pas exception. Bien sûr, la jeune fille lui avait déjà parlé plusieurs fois de Jehan, essayant de ne pas trop insisté à son sujet. Mais l'adolescent revenait si souvent dans ses conversations que son père avait fini par se douter de ce qui était en train d'arriver.

Il avait donc décidé de prendre la situation avec philosophie, ironisant sur le fait que sa fille bien-aimée grandissait trop vite et qu'il se faisait déjà vieux.

Le sourire aux lèvres, la jeune fille passa la porte du hall de son immeuble avant de s'arrêter sur le trottoir, regardant tout autour d'elle. La nuit commençait à tomber et les rues se faisaient de plus en plus sombres. Là où elle s'était attendue à retrouver Jehan, il n'y avait personne.

« En retard ? Hmm… Il perd des points. » pensa Andréa avec un petit rire. Elle patienta quelques instants, faisant des ronds de jambes pour patienter avant que son téléphone ne se mette à sonner. Avec un sourire ironique, elle s'empara de l'appareil avant de le porter à son oreille.

-« Vous êtes en retard Monsieur… » murmura-t-elle d'une voix suave en essayant de rester sérieuse.

Mille excuse milady, mais en fait je suis pile à l'heure. » rit Jehan.

-« Ah ? Pourtant je ne te vois nulle part… »

Ce n'est pas parce que tu ne me vois pas que je ne suis pas là… »

-« Ok, là tu commences à me faire peur. » rit Andréa en serrant un peu plus son téléphone dans sa main.

Ahaha, oui c'est vrai, répondit le jeune homme avec le même entrain. Un jeu de piste, ça te dit ? »

-« Un quoi… ? » pouffa Andréa en regardant tout autour d'elle.

Tu es devant ton immeuble ? Remonte un peu la rue en direction de la pharmacie. »

-« À quoi est-ce que tu joues Jehan ? » ironisa l'adolescente en plissant les yeux.

Tu me fais confiance ? »

-« … Bien sûr. »

Alors vas-y. » rassura Jehan d'une voix douce.

Gardant le téléphone contre son oreille, la jeune fille se mit en route dans la direction indiquée. Jehan était très silencieux, et seule sa respiration indiquait à l'adolescente qu'il était toujours là. Elle avança encore, d'un pas lent, craignant de rater quelque chose si elle allait trop vite. Soudain, après deux minutes, arrivée au premier croisement qu'elle rencontra, Andréa laissa échapper un rire nerveux.

Une flèche blanche tracée à la craie lui indiquait de prendre à droite avec une mention « Par ici ! », accompagnée d'un cœur. L'écriture était tremblante mais elle reconnut la calligraphie de Jehan.

-« Vraiment ? rit Andréa en cachant sa bouche. Tu avais vraiment le droit de faire ça ? »

Hehe, pour toi, je prends le risque. »

Andréa souffla doucement avant de reprendre son chemin. Elle fit quelques mètres avec qu'une autre flèche ne lui indique la rue de gauche au prochain croisement. Sans vraiment s'en rendre compte, la jeune fille augmenta le rythme de sa marche, excitée de savoir ce que Jehan lui avait préparé à la prochaine rue. Une nouvelle flèche lui indiqua cette fois à droite puis à gauche de nouveau.

Elle s'engagea alors dans une longue rue piétonne qu'elle connaissait à peine. La nuit était tombée et les lieux se faisaient sombres. Machinalement, l'adolescente resserra le col de son manteau en collant son téléphone contre sa joue.

-« Tu me fais passer par de drôles d'endroits… Si tu surgis de nulle part pour me faire peur, je te préviens, je fais demi-tour ! »

Ahaha ! Jamais je ne ferai une chose pareille. Il n'y a pas de piège, c'est promis. »

Andréa laissa échapper un nouveau rire en poursuivant sa route. Ses pas résonnaient tout autour d'elle et, avec un regard doux, elle put voir que de nombreuses dalles avaient été colorées à la craie, en rose, vert, bleu, violet tandis que d'autres portaient toujours les fameuses flèches blanches.

Elle rit de nouveau, courant presque jusqu'au bout de la ruelle, l'excitation lui donnant des ailes. La jeune fille avança jusqu'à arriver à un double escalier, menant à une autre rue en contre-bas. Elle descendit les marches et remarqua qu'une flèche lui indiquait de traverser, ce qu'elle fit, puis de continuer sur sa gauche.

-« Mais où est-ce que tu m'emmènes ? » rit Andréa, intriguée.

Patience, tu y es presque… »

La jeune fille progressa en ravalant son impatience, continuant de suivre les flèches. La route lui paraissait interminable, s'allongeant sous ses pas, alors que cela ne faisait qu'une petite dizaine de minutes qu'elle avait quitté son immeuble. Elle entendit certaines personnes s'étonner de ces petites indications, ne comprenant pas d'où elle pouvait bien provenir. Andréa laissa échapper un nouveau rire : elle se sentait privilégiée, elle et Jehan étant les seuls à savoir réellement ce que signifiaient ces flèches.

Soudain, la flèche tourna vers la droite, désignant une porte ouverte sous une arche. Elle releva les yeux pour lire « Arène de Lutèce ». Intriguée, elle pénétra dans l'enceinte, lissant les pierres du passage avec sa main droite. Elle slaloma dans le chemin avec un sourire avant de s'arrêter, statufiée sur place par la surprise.

-« Oh… Jehan… »

Un problème ? » questionna le jeune homme à voix basse.

Devant elle, ce n'était plus des flèches dessinées à la craie blanche qui lui indiquait le chemin mais des dizaines et des dizaines de petites bougies, dont les flammes vacillaient doucement au gré du vent. La pénombre les faisait briller d'autant plus, éclairant gentiment le chemin, comme des dizaines de petites étoiles.

-« C'est... Tu as fait tout ça pour moi… ? » murmura Andréa.

Eh bien… Oui… »répondit-il doucement.

-« Mais où est-ce que tu es ? » questionna l'adolescente en avançant au milieu de l'arène.

Tu n'es pas encore arrivée au bout du chemin… contra Jehan avec un petit rire. Courage, tu n'es plus très loin… ! »

Andréa, le cœur tambourinant à toute vitesse, fit volte-face pour voir que les bougies l'emmenaient vers un petit chemin de terre, de l'autre côté du parc. Elle avança, serrant le téléphone dans sa main. Le chemin de terre, faiblement éclairé par les bougies et la lumière des lampadaires dans la rue adjacente, grimpait légèrement vers l'amphithéâtre qu'elle avait aperçu en entrant dans l'arène. Il tournait légèrement sur la droite et Andréa continuait de suivre les bougies, les yeux brillants.

Elle ne revenait pas de ce que Jehan avait fait pour elle : allumer et disposer toutes ces bougies avaient dû prendre un temps fou. Jamais encore quelqu'un n'avait fait quelque chose de ce genre pour elle, ce qui la touchait d'autant plus.

Les bougies lui firent emprunter un angle aigu du chemin de terre, continuant de grimper vers l'amphithéâtre. Elle courait presque, incapable de retenir son empressement de retrouver le jeune homme qu'elle écoutait respirer dans son oreille.

Et alors qu'elle arrivait presque en haut du chemin, elle entendit soudain un son de guitare s'élever faiblement dans les airs, amplifié dans le téléphone. Essoufflée, elle arriva au bout du chemin, arrivée en haut de l'amphithéâtre sur lequel elle avait une vue plongeante. Et enfin, enfin, elle reconnut la silhouette de Jehan, éclairé par des nouvelles dizaines et dizaines de bougies disposées tout autour de lui. Il était assis sur un banc, de dos par rapport à elle, jouant tranquillement de la guitare.

Elle raccrocha son téléphone, s'empressant de le ranger dans la poche de son manteau avant de descendre les quelques marches qui la séparaient de lui. Elle admira les dizaines de petites lumières qui vacillaient autour d'eux, la poitrine gonflée par l'émotion.

La journée avait été particulièrement triste et éreintante pour eux et ce moment était une véritable bouffée d'air frais. Jehan était très doué en matière de mise en scène et pour installer une ambiance douce et réconfortante, mais là, il s'était vraiment surpassé.

Alors qu'elle s'avançait vers lui, il releva la tête, l'accueillant avec un sourire. Ses yeux ambrés qui ne la quittaient plus semblaient briller de l'intérieur, son regard souligné par la lumière des bougies. Un petit silence se fit avant que le garçon ne se lève, passant la bandoulière de sa guitare sur son épaule. Il se plaça face à elle, visiblement ému. Un petit silence se fit entre les jeunes gens : même les alentours semblaient s'être tus, suspendus aux lèvres du jeune homme tout comme Andréa l'était.

Puis, après avoir pris une profonde inspiration, le jeune homme appuya sur une pédale placée sous le banc, reliée à une enceinte à côté de lui, puis se mit à gratter les cordes de sa guitare, entamant une douce mélodie avant de se mettre à chanter.

« I love you too much

To live without you loving me back

I love you too much

Heaven's my witness and this is a fact »

Andréa écarquilla les yeux, surprise. Jehan savait très bien qu'elle comprenait très bien l'anglais et les paroles de la chanson qu'il interprétait était plus qu'explicites.

Il avait craint de voir le visage de la jeune fille se crisper, mais elle n'en fit rien, se contentant de l'observer.

« I know I belong

When I sing this song

There's love above love and it's ours

'Cause I love you too much »

Le visage d'Andréa s'étira soudain d'un large sourire qui réchauffa la poitrine du jeune homme. D'abord timide, il se mit à jouer avec plus d'assurance en chantant d'une voix plus claire.

« I live for your touch

I whisper your name night after night

I love you too much

There's only one feeling and I know is right »

Le garçon fit quelques pas vers elle en continuant de chanter, incapable de détacher son regard d'elle. Jehan admirait la jeune fille comme il l'aurait fait pour un tableau dans un musée : la lumière des bougies faisait ressortir les reflets dorés de sa peau et le vert de ses yeux n'avait jamais été aussi brillant. Il sentit sa gorge s'assécher mais il ne s'interrompit pas.

« I know I belong

When I sing this song

There's love above love and it's ours

'Cause I love you too much »

Jehan fit une petite pause dans sa chanson, l'espace d'une respiration, attirant la curiosité d'Andréa avant de reprendre plus fort, un sourire éclairant son visage.

« Heaven knows your name I've been praying

To have you come here by my side

Without you a part of me is missing

Just to make you my own, I will fight »

Jehan profita d'un pont musical pour retirer sa guitare, la posant sur le banc tandis que l'enceinte installé juste à côté, qui jusque-là ne servait que pour les arrangements musicaux, prenait le relai de la mélodie.

Le garçon tendit sa main vers elle, et Andréa s'empressa de la saisir. Il l'attira doucement à lui, croisant ses doigts avec les siens. Il posa doucement sa main sur sa hanche alors qu'elle plaçait machinalement la sienne sur son épaule. Ils effectuèrent quelques pas de danse avant que Jehan ne se remette à chanter.

« I know I belong

When I sing this song

There's love above love and it's ours

'Cause I love you too much »

Voyant qu'Andréa réagissait positivement à ses avances, gardant son grand sourire ému, Jehan, le cœur au bord de l'explosion, entoura son corps de ses bras, la soulevant doucement du sol en tournant sur lui-même sans cesser de chanter, écoutant l'adolescente se mettre à rire.

« I love you too much

I love you too much ! »

Il la reposa, contenant difficilement ses propres rires, croisant une nouvelle fois ses doigts avec ceux de la jeune fille, sa poitrine étant devenue douloureuse tant que son bonheur était grand.

« Heaven's my witness and this is a fact ! »

Il dirigea les mains d'Andréa sur son torse, les posant sur son cœur.

« You live in my soul »

Jehan osa effleurer la joue d'Andréa de sa main droite tandis que la gauche maintenait celles de la jeune fille contre lui.

« Your heart is my goal »

Andréa lui sourit de plus belle, les larmes aux yeux, ce même sourire radieux sur les traits. En la regardant, Jehan en eu presque la voix coupée. Elle était si belle qu'il aurait pu fondre en larmes.

« There's love above love and it's mine 'cause I love you

There's love above love and it's yours cause I love you »

Il rapprocha le corps d'Andréa du sien, la serrant étroitement contre lui avant de poser son front contre le sien, terminant la chanson en chuchotant presque.

« There's love above love and it's ours if you love me

As much »

La musique s'acheva au même moment où Jehan cessa de chanter. Essoufflés, les jeunes gens restèrent ainsi quelques instants, leur front collés l'un à l'autre. Andréa avait les yeux fermés mais Jehan, lui, nous pouvait se résoudre à perdre ne serait-ce qu'une seconde de cet instant, la regardant en la serrant contre lui.

Après un moment de silence, il descendit ses mains le long des bras de l'adolescente puis croisa ses doigts avec les siens. Ils s'écartèrent légèrement l'un de l'autre, Andréa relevant le regard vers lui. Elle avait les yeux brillants, la respiration lente mais très profonde, comme écrasée par une énorme pression. Jehan n'en menait pas large non plus et n'osa reprendre la parole qu'après avoir pris une grande inspiration.

-« Andréa, je… … Je t'aime. Je t'aime de tout mon cœur. Vraiment, je… »

Jehan s'arrêta pour laisser échapper un rire nerveux auquel Andréa répondit en serrant davantage ses doigts contre les siens. Il semblait fébrile, cherchant ses mots : il était rare de le voir comme ça, et c'était vraiment touchant.

-« Tu es... Ah… Tu es tellement drôle, intelligente, et tellement belle. Q-Quand je te vois, j'ai envie de donner le meilleur de moi, j'ai envie de te faire sourire, je… J'attendais quelqu'un de spécial, et maintenant je sais que c'était toi, et je… Mais ne ris pas, c'est vrai ! protesta gentiment le jeune homme en voyant Andréa étouffer un rire. Te rencontrer, c'est une des meilleures choses qui me soit arrivé. Tu peux pas savoir à quel point je suis amoureux de toi. » acheva le garçon avec un nouveau rire nerveux.

Andréa continuait de le regarder tendrement. Jehan remonta les mains de la jeune fille vers son torse avant de les recouvrir des siennes, lui adressant un large sourire confiant gorgé d'émotions.

-« Et… Ça serait encore mieux si tu acceptais de me retourner mes sentiments... » murmura-t-il en plongeant son regard dans le sien.

Andréa lui rendit son sourire avant de se rapprocher encore plus de lui, montant sa main pour caresser sa joue, les larmes aux yeux. Elle sentait son estomac faire des nœuds, des boules de nœuds mais elle se sentait étrangement légère, comme si elle ne touchait plus le sol. Elle attendit que sa respiration se calme quelque peu pour prendre à son tour la parole.

-« Moi aussi je t'aime Jehan, acquiesça Andréa. Tu sais… Il ne m'est pas arrivé grand-chose de réjouissant dans ma vie jusqu'ici. Mais quand je suis arrivée dans votre classe et que vous m'avez pris sous votre aile, je me suis sentie bien, vraiment bien. Et les mois qui viennent de s'écouler ont été les plus réjouissants depuis très longtemps… »

Elle posa son autre main sur le visage de Jehan, caressant ses pommettes de ses pouces en continuant de sourire.

-« Et je t'ai rencontré toi surtout, tu as été mon ami, puis je suis tombée amoureuse. Tu m'as toujours soutenu, et encore hier, alors que tu étais blessé, tu m'as rassuré en me disant qu'on allait s'en sortir même si tu n'en avais aucune certitude. Tu m'as aidé à y croire. Tu m'as sauvé… Si j'avais été seule, je ne sais pas ce qui serait arrivé... Tu es la lumière qui a éclairé mon obscurité, et… moi aussi je t'aime… » murmura Andréa en passant ses bras autour du cou du garçon.

Un large sourire éclaira le visage de Jehan qui entoura les hanches d'Andréa de ses bras avant de tourner sur lui-même en éclatant de rire. La jeune fille l'imita en se serrant contre lui, son visage contre le torse de l'adolescent, se blottissant contre lui avec un certain soulagement. Jehan fit de même, cachant son visage dans le creux de son cou en pressant davantage son corps contre le sien.

C'était un moment de pure sérénité, et Andréa aurait voulu qu'il s'allonge encore et encore. Après quelques minutes, Jehan se redressa, avançant son visage du sien.

La jeune fille sentit son cœur rater un battement et ferma les yeux par réflexe. Elle avait attendu ce moment depuis plusieurs semaines, et elle était tout aussi apeurée qu'excitée par la perspective de cette nouvelle vie à deux qui se dessinaient devant eux. Mais au lieu de la pression des lèvres de Jehan sur les siennes qu'elle s'était attendue à ressentir, le garçon se contenta de poser son front contre le sien, ne desserrant pas son étreinte.

Elle rouvrit les yeux pour le regarder, surprise. Il avait l'air heureux, inconscient de ce qu'il venait de provoquer chez elle sans le faire exprès, un large sourire éclairant toujours son visage.

-« J'ai eu tellement peur, tu peux pas savoir à quel point j'ai réfléchi à ce moment, souffla le garçon en baissant les yeux vers elle. Je voulais que tout soit parfait. »

-« Et ça l'a été… acquiesça Andréa. Enfin… »

Un silence se fit avant que Jehan, interloqué en clignant plusieurs fois des yeux, ne penche davantage la tête pour regarder l'adolescente dans les yeux.

-« Un problème… ? »

-« … Tu… … Tu ne m'embrasses pas… ? » osa demander Andréa d'une toute petite voix.

Jehan écarquilla les yeux avant d'éclater d'un rire nerveux, crispant ses mains dans le dos de la jeune fille. Elle le regarda faire, ne sachant pas comment interpréter cette réaction.

-« B-Bah… En fait… Je ne voulais rien brusquer tu vois… Je ne sais pas si… Enfin… J'en ai envie mais peut-être que tu ve- »

Il fut coupé dans sa phrase par Andréa qui venait de poser ses lèvres sur les siennes. Surpris, il se laissa faire, guidé par cette douce fermeté qu'il sentait sur sa nuque. Il ferma les yeux quelques instants, profitant de contact qui électrisait tout son corps. Quelques secondes s'écoulèrent sans que ni l'un ni l'autre n'ose bouger. Leurs lèvres ne faisaient que se toucher, sans oser le moindre mouvement.

Andréa s'écarta doucement, prenant le visage de son compagnon en coupe, un sourire indulgent mêlé d'agacement sur les lèvres.

-« Tu parles trop. » murmura-t-elle en caressant sa joue.

-« … T'as raison. » souffla Jehan avant de se pencher de nouveau vers elle avec un léger rire.

Les lèvres de Jehan rencontrèrent aussitôt celles d'Andréa tandis que les mains de la jeune fille retrouvaient leur place dans la nuque du garçon. Sans aucune résistance, leurs bouches s'épousaient, maladroitement d'abord, puis avec plus d'ardeur, envoyant des décharges d'adrénaline dans les veines des jeunes gens.

Le bras de Jehan glissa autour de la taille d'Andréa pour l'écraser contre lui, jusqu'à ce qu'elle se retrouve blottie dans ses bras, enveloppée de son corps. Leurs êtres s'embrasaient littéralement, frissonnants à chaque contact. Andréa caressait inconsciemment le dos, les flancs et les bras du jeune homme, devinant sa musculature sous ses vêtements, son corps solide et tendu comme la corde d'un arc.

Andréa avait autant attendue que craint ce moment : elle avait eu peur de faire un faux pas qui aurait pu détourner Jehan d'elle, se retrouver déçue si elle avait mal compris ses intentions, que les évènements de la veille lui aient fait changer d'avis ou que la terreur encore bien présente dans le cœur de tout le monde lui fasse reconsidérer ses choix. Mais à cet instant, la force qui la jetait contre Jehan était bien plus forte que la peur. Leurs étreintes étaient à la fois d'une force et d'une douceur infinie.

Elle découvrait d'une toute autre manière la force de ses bras alors que de puissantes sensations l'électrisaient, lui faisant tourner la tête.

Quand ils s'écartèrent légèrement l'un de l'autre, essoufflés, son cœur tambourinait violemment contre ses côtes. Elle plongea son regard dans le sien, admirant ses yeux qui semblaient toujours briller de l'intérieur, comme deux flammes dorées. Le regard qu'il posa sur elle lui tordit le ventre, y devinant des émotions très proches des siennes, toujours prise dans cette fièvre réconfortante qui réchauffait leurs corps.

-« Hey… » murmura Jehan en posant son front contre le sien.

-« Hey… » répondit Andréa en se serrant contre lui avec un large sourire.

Longtemps, les deux amoureux restèrent enlacés, s'embrassant doucement, leurs doigts entrecroisés ou leurs mains sur leurs corps, profitant simplement de ce moment qui n'appartenait qu'à eux.

Mais quand le ciel au-dessus d'eux commença à se couvrir de nuages, Jehan proposa de quitter les lieux avant que la pluie ne leur tombe dessus. Il rassembla rapidement ses affaires disposées sur le banc derrière eux avant de se tourner vers Andréa, lui tendant un petit bouquet de fleur, soigneusement emballé dans un papier pourpre et transparent. La jeune fille écarquilla les yeux de surprise avant de se saisir des fleurs. Elle reconnut immédiatement le parfum des lys ainsi qu'une rose rouge, trônant fièrement au centre du bouquet.

-« J'espère que ce n'est pas trop… murmura Jehan en passant la bandoulière de l'étui de sa guitare autour de son torse. J'avais peur que… Enfin… Que ce soit too much justement, tu vois ? Les bougies, la chanson, les fleurs, … »

-« Non non, c'était parfait, je suis vraiment touchée par ce que tu as fait, acquiesça Andréa en faisant un pas vers lui. Ça a dû te prendre un temps fou pour tout organiser… »

-« Qu'est-ce que je ne ferais pas pour toi hmm ? » rétorqua le grand métis avec un sourire.

Andréa s'empourpra doucement en serrant le bouquet dans ses mains. Elle posa ensuite son regard sur les bougies autour d'eux. Certaines s'étaient éteintes à cause du vent, mais la plupart brillaient encore, illuminant le parc comme l'auraient fait de petites étoiles. Jehan suivit le regard de la jeune fille avant de passer sa main dans ses cheveux.

-« Ah… Oui, ça risque de prendre un petit moment pour toutes les ramasser… Je peux te raccompagner chez toi si tu veux, je reviendrai après pour ranger. Je ne voudrais pas que tu prennes froid. »

-« Tu es fou ou quoi ? Tu as organisé tout ça pour moi, tu as pris de ton temps, je reste. » protesta Andréa.

Jehan laissa échapper un petit rire avant de se pencher pour attraper une des petites bougies. Il la regarda briller quelques secondes avant de souffler dessus et de la glisser dans un sac qu'il tenait à la main.

-« Je t'aime. » déclara-t-il en regardant Andréa.

Elle le regarda faire le même mouvement encore une fois et lui répéter ses trois mêmes mots avant de souffler sur la bougie. La chaleur qui réchauffait son corps se fit plus ardente encore. L'émotion était si forte qu'elle aurait pu se mettre à pleurer.

Alors qu'il en ramassait une troisième, elle s'empressa de faire pareil puis de faire un pas vers lui, montant la petite bougie au niveau de son visage.

-« Moi aussi je t'aime. » dit-elle avant de souffler sur la petite flamme.

Un sourire éclaira le visage de Jehan qui s'avança vers elle pour poser doucement ses lèvres sur sa joue alors qu'elle se mettait à rire doucement. Les jeunes gens, après avoir récupéré les bougies qui étaient disposées autour d'eux, empruntèrent le chemin de terre qui les ramenait vers la sortie, récupérant les autres bougies qui éclairait toujours l'allée.

-« Combien est-ce qu'il y en a ? Tu les as comptées ? » questionna la jeune fille.

-« Quatre-vingt-sept ! »

-« Quatre-vingt-sept ?! Vraiment ? »

-« Eh bien oui, je ne compte pas en laisser derrière moi, je prends mes précautions, je suis écolo moi ! »

-« Non c'est pas ça… rit Andréa. Ça a dû te prendre un temps incroyable pour toutes les allumer… »

-« Aha ! Tu sais, j'en aurais allumé des centaines en plus si j'en avais eu besoin. » murmura le garçon en ramassant une nouvelle bougie.

Andréa rougit encore, serrant son bouquet contre elle en regardant faire le garçon. Elle était toujours extrêmement fébrile, et chaque mot qu'ils lui disaient la faisait flotter toujours plus au-dessus du sol tant elle était heureuse

Ils redescendirent tranquillement le petit chemin pour arriver jusque dans l'arène où les attendait les dernières bougies. Mais quand Andréa se saisit de l'ultime petite flamme, Jehan l'arrêta.

-« Attends ! J-J'ai promis à Bridgette de la tenir au courant… pour… Enfin…. Pour ce soir quoi… »

-« Oh… Je vois, tout le monde était dans le coup alors ? » rit Andréa.

-« C'est elle qui m'a poussé à te dire ce que je ressentais, je lui suis redevable, acquiesça Jehan. Et je pense que… Ça lui remonterait le moral. » déclara le jeune homme d'une voix plus faible.

Andréa baissa les yeux quelques instants en repensant au visage triste de Bridgette et aux larmes qu'elle avait versé durant toute la journée. Jamais elle ne l'avait vu ainsi et cela lui avait réellement fendu le cœur. De plus, Jehan avait réellement l'air inquiet pour sa meilleure amie, ce qui n'était pas un spectacle très agréable à regarder non plus.

En se reculant quelque peu, le jeune homme lui adressa un sourire avant de sortir son téléphone de sa poche, prêt à prendre une photo. Mais au lieu de prendre une pose convenable, Andréa le rejoignit pour se lover contre lui, rétorquant qu'il avait lui aussi sa place sur la photo. Il se contenta d'acquiescer, ému, en passant son bras gauche dans le dos de sa compagne tandis qu'elle relevait légèrement la bougie pour que celle-ci soit visible. Mais au moment où Jehan déclenchait la photo, il se pencha pour embrasser Andréa sur la joue, le rire cristallin de la jeune fille résonnant tout autour d'eux.

Le chemin du retour se fit main dans la main, les deux amoureux riant ensemble, marchant à pas lents pour allonger leur trajet. Accrochée au bras de Jehan, Andréa profitait de l'avoir contre elle pour ancrer ce moment dans le présent. Longtemps elle avait rêvé de cet instant, et aujourd'hui enfin, il se concrétisait, ce qu'elle peinait encore à réaliser.

Elle avait envie de crier, de rire et de pleurer de joie tant elle était heureuse et soulagée : Jehan lui avait dit qu'il l'aimait, et il lui avait dit d'une manière plus que touchante, poussant le mot « romantisme » au-delà de toute ce qu'elle aurait pu imaginer.

Ils empruntèrent la même route qu'Andréa avait suivie à l'aller, la jeune fille ayant demandé à son compagnon comment il avait organisé tout cela. Jehan allait alors d'anecdotes en anecdotes, racontant comment il avait failli avoir des problèmes quand quelqu'un l'avait vu colorer les dalles ou comment il avait dû discuter avec le gardien du parc pour qu'il le laisse aller au bout de son idée, promettant de ne pas mettre le feu au square.

Andréa ne cessait de rire, le cœur au bord de l'explosion, tant elle prenait conscience des « risques » qu'avait pris Jehan pour lui organiser cette surprise.

Finalement, la route finit par s'achever, le couple s'arrêtant devant la porte de l'immeuble d'Andréa. Ils restèrent face à face quelques instants, yeux dans les yeux, sans oser bouger. Malgré tout l'amour qu'ils ressentaient l'un pour l'autre, certains de leurs gestes étaient encore maladroits, dû à leur timidité et leur inexpérience. Mais cette gaucherie était largement compensée par leur enthousiasme et quand Jehan se pencha pour l'embrasser, elle releva naturellement son visage vers lui, les yeux clos.

-« O-On se voit demain après-midi ? bredouilla Jehan. On pourrait aller se promener, tous les deux… À-À moins que tu aies autre chose de prévu, auquel cas on pe- »

-« Demain c'est bien. » acquiesça Andréa en posant sa main sur sa joue pour l'arrêter.

Jehan écarquilla légèrement les yeux avant d'acquiescer. Il prit la main d'Andréa, serrant ses doigts avec les siens en posant son front sur le sien. Elle augmenta la pression sur ses doigts avec un sourire.

-« Merci pour ce que tu as fait, murmura Andréa. C'était magique. »

-« Aha, j'ai fait de mon mieux… » répondit le jeune homme avec un petit rire.

Andréa y répondit avant de l'embrasser une dernière fois alors qu'il se reculait doucement. Il la fixa pendant de longues secondes puis porta ses phalanges à ses lèvres.

-« À demain, rentre bien. » souffla-t-elle.

-« Bonne nuit milady, dors bien. Et rêve de moi hein ! » déclara Jehan avec un sourire fier.

-« Tu aimerais pas vrai ? » railla Andréa en roulant gentiment des yeux.

-« Je sais que tu es folle de moi… »

-« … Oui je le suis. » avoua-t-elle alors que Jehan lâchait sa main.

Il fit quelques pas en arrière, incapable de la lâcher des yeux, avant de faire volte-face, un sourire à s'en décrocher la mâchoire sur le visage. Il trépignait légèrement sur ses jambes, incapable de retenir sa joie, essayant d'être le plus discret possible. Mais Andréa l'avait vu faire, ce qui l'amusait beaucoup. Elle le regarda disparaître au coin de la rue, non sans un dernier regard de sa part dans sa direction, avant de rentrer chez elle.

Une fois dans l'appartement, elle s'empressa de fendre le bout des tiges des fleurs de son bouquet avant de le mettre dans un vase. Elle le regarda longuement, le rouge aux joues, se remémorant chaque petit détail de ce qu'elle venait de vivre.

Son père rentra du travail quelques minutes plus tard, et au vu du bouquet disposé sur le buffet et du sourire qui étirait les lèvres de sa fille, il n'eut aucun mal à comprendre quelle direction avait pris sa soirée.


Booooooooooon ! Voilà, je vous l'avais promis, c'est chose faite ! :D

Qu'en avez-vous pensé, cette déclaration était-elle à la hauteur de vos attentes ? J'ai personnellement pris beaucoup de plaisir à écrire ce one-shot, ça a été une véritable bouffée d'air frais après l'arc du Canonnier qui a été très lourd à écrire pour des raisons évidentes.

Donc je pense que vous l'avez compris mais à partir de maintenant, il est canon que Jehan et Andréa sortent ensemble. Leurs relations futures vont donc évoluer dans ce sens. Je ferai sûrement des scènes qu'avec eux de temps en temps, histoire de les voir évoluer en tant que couple.

Mais ne vous en faites pas, comme Jehan l'a déjà dit à Bridgette, leurs relations avec les autres ne seront pas affectées de leur nouveau "statut", ils ne sont pas du genre à devenir exclusifs comme certains autres couples (ce n'est pas un jugement).

Bref, maintenant que tout ça est dit, je vous retrouve le 30 mai pour la suite de "Un Autre Monde" en espérant que d'ici là, mes partiels soient terminés T.T

P.S.: Si cela vous intéresse, vous pouvez retrouver la couverture de ce one-shot en grand format sur mon insta 15_maumau_04

P.P.S.: Le parc où sont Jehan et Andréa dans ce one-shot existe pour de vrai, il s'agit Square des Arènes de Lutèce à Paris, je vous laisse chercher si ça vous intéresse (4 Rue des Arènes, 75005 Paris). J'ai suffisamment détaillé l'histoire pour que vous puissiez situer l'action en connaissant l'agencement du parc.

P.P.P.S.: Comme promis, voici les paroles traduites de la chanson interprétée par Jehan si vous avez quelques soucis avec l'anglais. Sachez qu'elle existe aussi en français, traduite par "Je t'aime un peu trop" mais j'ai préférée reprendre la version originale. Le film dont elle est tirée, "The Book of Life", est traduit en français par "La Légende de Manolo" (film d'animation de 2014). Je vous encourage à le voir, c'est un très beau film, navigant à travers le folklore d'Amérique du Sud.

"I Love You Too Much" - Diego Luna :

« Je t'aime trop

Pour vivre sans que tu ne m'aimes en retour

Je t'aime trop

Le Ciel est témoin, c'est un fait

Je sais que je suis à ma place

Quand je chante cette chanson

Il existe un Amour au-dessus de l'amour et c'est le nôtre

Car je t'aime trop

Je vis pour ta peau

Je chuchote ton nom nuit après nuit

Je t'aime trop

Il n'y a que ce sentiment, et je sais que c'est bien

Je sais que je suis à ma place

Quand je chante cette chanson

Il existe un Amour au-dessus de l'amour et c'est le nôtre

Car je t'aime trop

Le Ciel sait que j'ai prié ton nom

Pour t'avoir ici à mes côtés

Sans toi, une partie de moi est manquante

Pour te faire mienne, je me battrai

Je sais que je suis à ma place

Quand je chante cette chanson

Il existe un Amour au-dessus de l'amour et c'est le nôtre

Car je t'aime trop

Je t'aime trop

Je t'aime trop

Le Ciel est témoin, c'est un fait

Tu vis dans mon âme

Ton cœur est mon but

Il existe un Amour au-dessus de l'amour et c'est le mien

Il existe un Amour au-dessus de l'amour et il est à toi

Il existe un Amour au-dessus de l'amour et il est à nous si tu décidais de m'aimer

Tout autant »

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