Bonjour ! J'ai eu l'idée de cette mini-fiction en lisant le chapitre 80 du manga Horimiya. J'ai trouvé que la relation des deux personnages principaux pouvaient s'apparenter à Alix et Kim. Certains dialogues ou moments sont les mêmes que dans ledit manga. C'est une toute petite fiction, ne vous attendez pas à grand-chose, mais j'aime dépeindre les moments de vie de ces deux personnages qui, chacun à leur manière, ont dû mal à communiquer ! Bonne lecture…

Elles se rejoignent toujours dans le couloir, le plus souvent devant la classe des premières L, le matin. Depuis cette année, les filles se retrouvent toutes séparées. Rose est en ES, Mylène et Alya en S, quant à Marinette, Juleka et Alix, elles sont ensemble en première L. C'est la première fois qu'elles sont séparées. Tout comme leur ancien collège, le lycée qu'elles ont toutes intégrée il y a presque deux ans maintenant est tout petit, et par chance, elles se sont toutes retrouvées ensemble en arrivant en seconde. Elles qui passent leur vie fourrées les unes et chez les autres, le changement a été rude, surtout pour Rose et Juleka. Alix s'est toujours plutôt bien adaptée, au changement. Lorsqu'on grandit avec un père qui parcourt le monde à la recherche d'objets anciens, on est vite habitué. Elle ne s'est véritablement posée qu'à l'entrée du collège lorsqu'elle est arrivée à Paris, son père ayant été nommé conservateur du Louvres. Elle a alors rencontré Marinette et Mylène, puis Rose, Juleka, et finalement Alya, plus tard. Les six amies sont devenues inséparables. Alix est heureuse d'avoir pu rejoindre un groupe aussi soudé. Elles ont toujours été là pour elle.

Pourtant ce matin, lorsqu'Alix pénètre dans le couloir principal du lycée, son skate sous le bras (la jeune femme a progressivement abandonné les rollers pour le skate, plus facilement transportable, depuis la fin du collège), elle passe devant les filles sans même s'arrêter et pénètre dans la salle de classe déjà ouverte. Son sac violemment balancé à sa place, près de la fenêtre, elle se laisse lourdement tomber sur sa chaise et croise les bras.

Ses amies l'observent par la porte entrouverte, la surprise se lisant, de différentes façons, sur leur visage. Marinette ouvre de grands yeux ronds, Alya lève les siens au ciel et Juleka…reste impassible, mais lorsque Rose croise son regard, elle opine du chef, comme si la brune avait cherché à lui dire quelque chose.

« On a le droit à dark Alix aujourd'hui ? » demande finalement Alya en ajustant son sac sur son épaule. « Moi qui pensais passer une journée relax, c'est mal barré… quelqu'un sait ce qu'elle a ? »

Les quatre autres filles haussent les épaules. Avec Alix, on ne sait jamais vraiment. Rose a bien une petite idée cependant mais, pour une fois, elle garde ses pensées pour elle-même, ce qui est rare. Lorsque la sonnerie retentit, elles se saluent et Marinette ainsi que Juleka pénètrent dans la salle. Les deux jeunes femmes sont assises un rang avant Alix et en s'installant, Marinette se tourne vers la jeune fille aux cheveux teints.

« Ça va alix ? »

« Oui. » répond-elle froidement sans même regarder la brune qui fronce ses sourcils.

« Ça n'a pas l'air. »

« Pourquoi tu poses la question si t'as déjà ta réponse là ! » Alix chuchote mais sa voix est dure et tranchante. Marinette cligne des yeux, surprise, et se tourne un instant vers Juleka qui hausse des épaules en sortant son classeur de français. Alix se contente, quant à elle, de fixer ostensiblement les bâtiments qui s'étendent, à l'extérieur du lycée. Ses dents sont serrées et son visage fermé.

« Justement…Raconte, qu'est-ce qui se passe ? » Marinette s'aventure. Si Mylène était là, elle lui dirait sûrement de laisser la plus petite tranquille, que titiller une Alix en colère n'est jamais une bonne idée, mais la brune n'y peut rien. Elle a toujours besoin de s'occuper de ses amis, de les réconforter.

« Mais rien, lâche-moi Mari, le cours va commencer. » Et c'est à ce moment-là, alors qu'Alix balaye d'un geste de la main les interrogations de son amie, alors que les mèches de sa frange rideaux glissent le long de sa joue, que Marinette la voit, l'énorme bosse violette présente sur le front d'Alix. Elle ne sait pas comment elle a fait pour ne pas la voir avant et à présent, elle ne peut s'en détacher les yeux. Alix est connue pour être téméraire, mais, au contraire d'elle, elle n'est pas particulièrement maladroite. Juleka sort la brune de ses pensées d'un coup de coude lorsque leur professeur entre dans la salle, les contrôles coincés sous le bras.

Alix a toujours été bonne élève. Au collège, elle était première de sa classe sans même essayer. Il faut croire qu'elle a hérité du cerveau de son père. Au lycée à présent, rester au sommet est plus compliqué, et pour la première fois de sa vie, elle a dû étudier, vraiment, se disputant la première place avec un garçon à lunettes qui sent l'eau de javel. Le pire reste le français, car si elle doit se méfier du débile à lunettes, il y a aussi Marinette qui tente de lui faire de l'ombre. Au collège déjà, cette dernière excellait en cette matière et Alix n'était première que parce que Marinette était particulièrement mauvaise en mathématiques. Mais à présent, plus de maths, et la fierté d'Alix en prend un coup. Elle ne devrait pas entrer en compétition ainsi avec l'une de ses meilleures copines, mais elle n'y peut rien. C'est dans ses gènes. Elle doit être la meilleure, à tout prix. Alors son corps entier se tend lorsque l'enseignante commence à rendre les copies. Elle arrête de respirer, un instant, avant de regarder sa note. Ses doigts se serrent, autours de la feuille. 18/20. Elle aurait pu faire mieux. Elle aurait dû. Et quand elle aperçoit le 19 que Marinette ne prend pas la peine de cacher, sa mauvaise humeur redouble. Décidément, ce n'est pas sa journée.

Lors de la pause de dix heures, elle reste dans la classe, les yeux fixés sur son bureau et les filles renoncent à l'idée de la faire parler. Adossée contre le mur, Alya accueille sa meilleure amie d'un sourire chaleureux tandis que Rose tend à Juleka, sa copine, la moitié de son cookie.

« Kim est arrivé en retard, ce matin, et il avait deux énormes griffures sur la joue. » annonce alors Rose et le regard des quatre autres filles se tournent immédiatement vers elle. Et elle reprend. « Il avait l'air de mauvaise humeur. Ou constipé, je ne sais pas trop, il fait la même tête à chaque fois. »

« Mystère résolu, il s'est disputé avec Alix. »

« Ou plutôt, il a encore eu affaire à Dark Alix et ses sauts d'humeurs insensés » ajoute Alya en hochant la tête.

« Eh mais, Alix avait une bosse, sur le front, énorme. Vous croyez qu'ils se sont battus ? »

« Ça ne m'étonnerait pas vraiment… » une voix retenti dans le dos de Marinette qui sursaute. C'est Ivan qui vient voir Mylène. « En tout cas ce matin, il ne voulait pas dire ce qui lui est arrivé. » le corps de l'immense garçon vient se presser avec douceur contre celui de Mylène qui sourit. Ils ressemblent parfois à un couple marié.

« Je vais enquêter ! Agent Marinette, vous êtes en charge du suspect Dark Alix, attention, ce dernier peut se montrer dangereux. » Les yeux d'Alya brillent d'une excitation nouvelle. Poing serré, elle est prête à tout pour découvrir le fin mot de l'histoire et en l'observant, Marinette se demande pourquoi elle n'est pas allée dans une filière plus littéraire, elle qui depuis toujours souhaite être journaliste. Alya lui dit sans cesse qu'un enseignement scientifique ne lui fermera aucune porte, mais pourquoi s'empêcher de faire ce qui nous plaît ?

« Bon, on vous laisse, on a cours avec la vieille Derue ! On se retrouve au self tout à l'heure ! » Alors qu'Alya, Rose, Mylène et Ivan s'éloignent, les deux brunes entrent de nouveau dans leur classe, cherchant le regard d'Alix qui fixe toujours son bureau d'un air aigri. Juleka baragouine quelque chose et Marinette opine du chef. Elles cuisineront leur jeune amie sur le chemin du réfectoire, après ces deux heures d'anglais.

Alors qu'elle écrit la consigne du nouvel exercice sur son cahier, Alix manque de casser la mine de son crayon tant elle le sert fort dans la paume de sa main. Merde, la journée avance et elle n'arrive toujours pas à se calmer. Depuis qu'elle est gamine, elle a dû mal à gérer sa colère. Sa mère pensait que cela passerait avec les années, qu'elle apprendrait à se contrôler. Mais quand cette dernière est partie avec un autre homme, les colères d'Alix se sont accentuées. Elle peut exploser, brusquement, sans même qu'on ne comprenne pourquoi. Elle gère mal sa frustration et est incapable de communiquer correctement avec les autres, alors quand ça ne va pas, elle vrille, d'un coup, et sans même pouvoir se retenir. Après, elle regrette, et est incapable de s'excuser ou de faire le premier pas, préférant rester avec ses frustrations et sa fierté, comme en ce moment. Pour être honnête, elle ne sait même plus pourquoi elle était en colère, au début, mais elle s'est sentie envahie par des émotions qu'elle ne sait pas contrôler et avant qu'elle ne s'en rende compte, il était trop tard. Et maintenant, maintenant que pourrait-elle faire ?

« Tu veux pas lui parler, toi ? » chuchote Marinette à Juleka alors qu'elle marche toutes deux derrière Alix. Les gens s'écartent, sur leur passage. Il faut dire que même si la jeune fille aux cheveux roses est minuscule, son aura est glaciale, terrifiante. Ses yeux froncés, ses dents serrés, tous chez elle renvoient les mêmes signaux : ne pas s'approcher.

Le regard de Juleka vaut mille mots et Marinette, dans la queue du self, soupire en faisant un pas vers Alix.

« Je sais que tu as dit que tout allait bien, et que ce ne sont pas mes affaires mais…pourquoi tu as une bosse sur le front ? » essaie-t-elle en souriant avec douceur. Mais Alix se mure dans un silence des plus inquiétant, les mains dans les poches, les cheveux devant les yeux, le regard baissé. La métisse soupire. Si elle n'insiste pas plus, Alya va le lui reprocher, mais elle n'a pas non plus envie de recevoir les foudres de son amie…

Finalement, plus personne ne parle. Juleka n'a jamais été très bavarde, Marinette ne sait sur quel pied danser et Alix est en pleine introspection personnelle. Ce n'est que par automatisme qu'elle attrape un plateau et le remplit, ne regardant pas véritablement ce qui se trouve dans son assiette. Elle suit ses amies en soupirant et Marinette, repérant la table réservée par leur groupe, presse le pas.

Tout le monde est déjà là. Les filles, mais également Max, Nino, Adrien, Ivan et…Kim. Elles ne sont pas très loin de ladite table lorsqu'enfin, Alix prend conscience de son environnement, de la table vers laquelle elle marche sans grande volonté. Elle y voit tout le monde, mais surtout Kim, et est soudainement submergée par la honte. Comment pourrait-elle lui faire face à présent ? Se mordant la langue, elle sert plus encore les poings et, de l'extérieur, elle semble plus en colère que jamais. Faisant demi-tour, elle rejoint directement la sortie du réfectoire, croisant le regard de Kim. Ce dernier se lève, décidé à la suivre, avant de se rasseoir en soupirant.

Alix pose son plateau, intact, et quitte le self sans un mot tandis que Marinette et Juleka s'installent à la table de leurs amis.

« Je vois que ton enquête n'a pas été très fructueuse Mari… » soupire Alya, désolé.

Posant sa fourchette, Kim vient passer une main sur son visage en soupirant de nouveau. « Elle est comme ça depuis ce matin ? » demande-t-il avant de soupirer, plus fort encore, quand les cinq filles hochent la tête.

« Qu'est-ce que tu as fait ? » demande Mylène, sans tact et cette fois-ci, Kim se prend la tête entre les deux mains.

« Mais c'est bien ça le problème, j'en sais rien ! On était chez moi hier, on faisait nos devoirs, et tout allait bien, et d'un coup, elle a vrillé, j'ai dû dire un truc mais…je sais pas…Elle a crié, j'ai crié, et voilà… » finit-il en montrant la griffure présente sur son visage. Alix peut se montrer très sauvage et brutale quand elle passe du côté obscur, quand son double maléfique et colérique prend le dessus.

« Wow, attends, si vous vous êtes battu, ça veut dire que la bosse sur son front, c'est toi ? »

« Pas cool mec, on frappe pas les filles, même si c'est dark Alix » Nino prend la parole et Adrien, Max et Ivan ne peuvent qu'approuver. C'est la règle numéro une.

Les yeux de Kim s'arrondissent et sa mâchoire se déboîtent subitement. Il a certes une réputation de gros lourdaud, mais quand même !

« Mais vous me prenez pour qui ? Même si c'est une emmerdeuse de première, je vais pas la frapper… » il semble véritablement stupéfait par les conclusions, hâtives, de ses amis.

« Mais du coup, comment tu expliques la bosse ? » piaille Rose en jetant sur lui un doigt accusateur.

« Quand elle s'est rendue compte de ce qu'elle a fait, elle a voulu partir et elle s'est prise la porte ne pleine face, c'est tout ! J'ai voulu lui donner de la glace mais fière comme elle est, elle est rentrée directement, alors ça a dû gonfler ? »

Alya soupire en portant son verre d'eau à ses lèvres.

« On est bien avancé, si tu ne sais même pas ce qui lui arrive, alors que tu étais présent. »

« T'as forcément fait un truc. » ajoute Rose d'un air suspicieux.

« Tu lui as dit encore dit qu'elle a grossit ? »

« Ou qu'elle ne peut pas te battre à la course car c'est une fille ? »

Les cinq adolescentes observent le géant en fronçant les sourcils, leur solidarité féminine prenant le dessus, sachant pourtant pertinemment qu'Alix, lorsqu'elle explose, le fait pour de petites choses insignifiantes.

« Le mieux c'est de t'excuser… » marmonne Juleka et les filles semblent plutôt d'accord avec elle.

Mais Max n'est pas de cet avis.

« Si tu ne sais même pas ce qu'il s'est passé, c'est à elle de s'excuser, tu n'as rien fait de mal. »

« Et puis elle ne t'a pas loupé » ajoute Nino en observant la joue rougie du garçon. Kim soupire. Il ne sait pas quoi faire. S'excuser ? Attendre qu'elle fasse le premier pas ? Franchement, les filles, c'est trop compliqué se dit-il en enfournant une fourchette de riz dans sa bouche, mâchant d'un air pensif.

La conversation finit par dériver et tous semblent avoir oublier Dark Alix et sa crise hebdomadaire. Ils se sont tous habitués à ses sauts d'humeur et s'il est drôle d'essayer de comprendre ce qu'il se passe, en vérité, ils l'ignorent, la plupart du temps. Demain, elle reviendra comme une fleur et prétendra que rien ne s'est jamais passé. Mais Kim, lui, ne peut s'empêcher d'y penser. Où est-elle ? Que fait-elle ? Et pourquoi diable était-elle encore en colère, alors que c'est elle, qui s'est excité pour rien et qui, en plus, s'est montrée violente à son égard.

Mais Kim ne peut s'en empêcher, il finit par se lever, son repas à moitié terminé et empoignant son plateau, il se fait tout petit pour quitter la table. Personne n'est vraiment surpris. Il allait finir par partir à sa suite, comme toujours. Cela fait des années maintenant qu'ils sont comme chien et chat, qu'ils se courent après. Personne ne comprend véritablement leur relation, et eux-mêmes, parfois, ne savent que penser. Ils s'aiment, se détestent, adorent se haïr pour mieux se retrouver.

Les parents de Kim n'ont jamais été le modèle du couple idéal et la mère d'Alix a brisé son cœur en l'abandonnant. Ils ne savent pas véritablement comment aimer sainement, et finissent toujours par se déchirer.

Une fois à l'extérieur du self, une pomme à la main, Kim soupire. C'est bien beau de vouloir parler à Alix, mais où diable se trouve-t-elle ? Si ça se trouve, elle est rentrée chez elle, pense-t-il avant de se raviser, elle ne sécherait pas volontairement les cours, même à cause de lui. Elle fait trop attention à son dossier scolaire. Mais où chercher ? Il commence par la cafétéria, la salle d'art, la permanence et les toilettes. Il rejoint ensuite la salle de sport, mais elle n'est nulle part. Le seul endroit où il n'a pas encore cherché, c'est le terrain de basket. Il y a un coin, derrière, à l'abri des regards, où elle se cache parfois.

Un sourire se dessine sur ses lèvres lorsqu'il aperçoit une forme, au loin. A mesure qu'il s'approche, les contours de cette dernière deviennent plus précis. C'est une jeune fille, assise à même le sol, le dos contre le mur et les genoux relevés contre sa poitrine. Son visage est enfoui dans ses bras et elle forme une boule parfaite. Une petite boule aux cheveux roses que Kim veut prendre dans ses bras. Elle semble si petite, si menue, mais surtout, si fragile. Elle ne redresse pas la tête, quand il s'approche, mais sait pourtant qu'il est là. Elle sait que c'est lui, parce que ça ne peut être personne d'autre.

« Quoi ? » finit-elle par demander, brusquement, faisant sursauter le garçon. Ce dernier hausse les épaules avant de croiser les bras.

« Rien. » répond-il simplement.

Un soupire s'échappe des lèvres rosées d'Alix alors qu'elle n'ose relever la tête.

« Tu dois me détester. » dit-elle finalement et sa voix n'est qu'un murmure, si bien que Kim n'est pas sûre de bien l'avoir comprise.

« Hein ? »

« J'ai dis tu dois me détester ! » sa voix est plus franche, comme si elle était en colère de nouveau, mais alors qu'elle relève la tête, Kim aperçoit les yeux mouillés d'Alix et il secoue la tête.

« Pourquoi tu dis ça ? »

« Pa-parce que… » mais les mots restent coincés dans sa gorge et elle n'arrive plus à respirer. Les larmes perlent de ses yeux et elle se sent si stupide, si impuissante. Elle déteste ça. Elle se déteste tellement de ne pas pouvoir se contrôler.

« Attend tu pleures ? » demande-t-il soudainement paniqué. Alix est une dure à cuire, elle ne pleure pas, c'est elle qui fait pleurer les autres. Alors Kim est pris au dépourvu. Il se baisse pour être à sa hauteur, posant une main incertaine sur le genou droit de la jeune fille.

« Pourquoi tu pleures ? Y'a aucune raison de pleurer. » dit-il et il voudrait sécher ses larmes. Il déteste la voir dans cet état à cause de lui, même s'il ne sait pas ce qu'il a fait.

« M-mais…je me m-met tou-toujours en co-colère contre toi… » dit-elle en reniflant, n'arrivant pas à contrôler ses larmes ou les tremolos de sa voix. Kim soupire, soulagé de savoir qu'elle se rend, au moins compte, qu'elle est parfois déraisonnable. Mais c'est comme ça qu'elle est, et Kim a appris à l'aimer avec ses défauts, même ses sauts d'humeur, même sa violence, même ses larmes. Non, les larmes, il ne s'y habituera jamais. Les sanglots d'Alix brouillent toujours sa vue et elle enfouie de nouveau son visage dans ses genoux, comme si elle voulait disparaître. Elle a honte, terriblement honte. Elle voudrait être comme les autres, savoir se contrôler, ne pas se mettre dans de tel état pour rien du tout. Et pourtant la voilà tremblante face à Kim.

« Al'… » murmure le garçon avec douceur. « Allez, redresse la tête, regarde-moi » mais Alix se cache toujours, ses mains cherchant à essuyer ses larmes, et le garçon finit par attraper les deux poignets graciles de la jeune fille avant d'écarter ses deux bras, découvrant son visage tordu par les larmes Ses yeux si bleus tremblent orageusement et il se sent perdu dans un tempête dont il ne voit pas la fin.

« Tu pleures vraiment ! » dit-il alors qu'il peut voir les sillons des larmes sur ses joues et ses yeux humides et rouges. Et il se met à rire, d'un rire franc dont seul lui a le secret. Un rire qui réchauffe les cœurs.

« Même Dark Alix pleure ! Quand les autres vont savoir ça… » dit-il et sa voix est secouée de rire. Alix est si surprise que les larmes cessent peu à peu de couler.

« Tu pleures ! Tu pleures ! Non mais tu verrais ta tête Al, y'a de la morve, partout, t'es ridi… » mais il n'a pas le temps de terminer sa phrase, soudainement coupé par le pied d'Alix qui entre en collision avec son estomac.

« La ferme ! » grogne-t-elle en l'éjectant de toutes ses forces. Kim grimace en tenant son ventre, un genou à terre, tandis qu'Alix explose de nouveau.

« Putain mais pourquoi tu continues à agir comme ça ? À être gentil avec moi alors que je te frappe, que je suis horrible ? Pourquoi tu ne me détestes pas ? Pourquoi tu ne me fuis pas ? Tu devrais me fuir, je suis détestable…Je me déteste quand je réagis comme ça… » et elle se remet à pleurer, d'incontrôlables sanglots venant soulever sa poitrine de façon irrégulière. Le regard de Kim s'adoucit.

« Alors c'est ça qui t'inquiète ? » demande-t-il doucement en frottant son ventre. « Tu dis toujours que je suis débile, mais c'est toi qui est débile, Alix. Complètement débile même. »

« Mais je sais ça, t'es débile ou quoi ! » répond-elle en croisant les bras, essayant de contrôler les soubresauts de ses épaules. Kim lève les yeux au ciel. Elle ne changera jamais.

« Je t'aime plus que tu ne le penses, Alix…Alors jamais je ne pourrais te détester, compris ? » finit-il par avouer, évitant son regard, gêné. Il ne lui a jamais véritablement parlé de ses sentiments à son égard, parce que ça lui semblait évident. Mais il oublie souvent qu'Alix est plus sensible qu'elle ne le laisse croire. La déclaration de Kim est radicale, et elle arrête de pleurer immédiatement alors que ses joues se colorent de rouge. Elle est gênée, et pourtant, dans son cœur se diffuse une douce chaleur.

« Dis pas des trucs comme ça, gros débile ! » marmonne-t-elle et Kim passe une main dans ses cheveux en soupirant.

« Désolé de t'aimer… » dit-il avant de se frapper la tête. « Et merde, les garçons m'ont dit de ne pas m'excuser parce que je n'ai rien fait… »

« Mais oui, c'était pas de ta faute ! » dit-elle brusquement et l'espace d'un instant, Kim se demande s'il va avoir affaire à Dark Alix. « C'est toujours de ma faute. » finit-elle par affirmer en se redressant pour s'approcher de lui. Les bras de la jeune fille viennent alors accrocher le dos du garçon et avant même qu'elle ne se rende compte de ce qu'elle faisait, Kim la sert contre lui, pressant le visage humide d'Alix contre sa poitrine.

« T'es trop bête… » marmonne-t-il en respirant le parfum de ses cheveux.

« Mais moi aussi, c'est pour ça qu'on va si bien ensemble. »

Et contre lui, Alix sourit.

« T'entend ce qu'ils disent ? » chuchote Alya à Nino qui a dû mal à reprendre sa respiration après la course poursuite imposée par sa petite amie, qui voulait absolument avoir le fin mot de l'histoire.

« Non mais…Elle l'a frappé dans l'estomac non ? »

« Affirmatif, mais là, ils sont en train de s'embrasser ! »

« Elle est terrifiante… »