OOC : Bonjour à tous. Voici le premier chapitre de l'histoire « Rejoins-moi », qui est la suite directe de « Suis-moi ». Donc, si vous n'avez pas lu cette première partie, je vous conseille de la lire avant de lire cette histoire. En espérant que cela vous plaira (très peu certain du rythme de parution car comme j'ai dit dans la précédente histoire, j'attends surtout Intergrade qui sortira en juin pour des raisons que vous comprendrez.) Sur ce, bonne lecture !
« Papa ? »
A nouveau, ce jardin.
Il était assis dans l'herbe, dans les fleurs dont le champ s'étendait à l'infini autour de lui. Il ne connaissait pas le nom de toutes les fleurs. Elles étaient si nombreuses dans tout l'univers. Néanmoins, sa femme les appréciait. Après tout, il s'agissait de la raison pour laquelle elles avaient été plantées et cultivées. Elle désirait mettre un peu de bien-être dans ce qu'ils considéraient comme leur « coin de paradis ».
Un paradis... Un paradis auquel ils n'auraient jamais droit. Ici, c'était chez eux. Et avant qu'ils ne soient créés, tout avait été si vide... Si sinistre, si dénué de vie. Cela avait été grâce à leur volonté que cet endroit était devenu si beau, si paisible. Pourtant, en raison de leur nature, de leur rôle, de leur destin, personne n'aurait pu croire qu'ils aient accompli ce qui relevait du miracle à transformer cet endroit.
à Au-dessus d'eux, il faisait nuit. Une nuit d'un ciel clair, si clair qu'il pouvait y apercevoir les étoiles, à la fois si proches et lointaines à la fois.
Pas seulement les étoiles. Mais également les autres corps célestes. La lune, bien sûr, mais surtout Gaïa, dont le corps luisait au beau milieu de l'espace, baignée de la Rivière de la Vie...
Son fils, parfois, demandait à y aller. Mais malheureusement, il ne pouvait pas. Sa place était ici... Tout ce qui touchait de près ou de loin à Gaïa, à la Rivière de la Vie... Tout cela n'était pas de leur ressort. Il s'agissait de celui de Minerva, du Gardien...
Peut-être était-ce l'arrivée de leur enfant qui les avait conduit à aménager cet endroit, afin que ce dernier soit protégé dans ce petit cocon, qu'il se sente en sécurité...
Alors que plus tard, il serait amené à accomplir de grandes choses.
Des choses qu'il n'aurait pas souhaités pour lui. Certes, ils avaient tous un rôle à jouer. Mais parfois, le destin était cruel.
Surtout quand le petit garçon aux cheveux noirs et aux yeux rouges le fixait ainsi, avec un grand sourire pétillant de vie.
Alors qu'il serait bientôt amené à...
« Tu me racontes une histoire ? »
Il sourit. Il se redressa et tendit les bras vers son garçon. Ce dernier se jeta dedans et il s'installa sur ses genoux, en sécurité.
- Quelle sorte d'histoire désires-tu ?
- Hmmm... Qu'importe. J'adore quand tu les racontes.
Il hocha la tête en guise de réponse. Cela ne l'aidait pas beaucoup.
- Je n'ai pas la connaissance infinie, malheureusement. Je t'ai raconté toutes les histoires que je connaissais. A moins que je ne t'en ré-raconte une, mais cela serait sûrement répétitif.
- Pff. Je n'ai pas envie que cela soit répétitif.
Le garçon se prit le menton dans une main, pensif.
- ... Pourquoi ne pas raconter ta rencontre avec maman ?
Il se mit à rire. Un rire cristallin. Parfois, cela atténuait les maux des âmes dont il avait la charge.
- Je te l'ai déjà racontée.
- Oui, mais je l'aime bien, sourit le garçon.
- Je croyais que tu n'aimais pas quand c'était répétitif.
L'enfant haussa les épaules.
- J'ai changé d'avis. Et puis... j'aime bien quand tu la racontes. Parce que vous êtes les personnages principaux.
Cela ne le dérangeait pas.
Après tout, il s'agissait d'une belle rencontre, quand bien même elle avait été orchestrée par le destin...
Et puis... raconter à nouveau l'histoire lui permettait de se souvenir d'elle. De la garder vivante, à ses côtés, aux côtés de leur enfant...
Relevant la tête vers le ciel, il invita son fils à contempler les étoiles.
- ...Autrefois, avant les étoiles, avant ce champ de fleur... Avant Gaïa, avant l'espace autour de nous, il n'y avait que le vide. Rien n'existait. Il n'y avait que le noir complet.
Il sentit son fils se rapprocher de lui, l'intérêt grandissant dans ses yeux.
Il continua :
- Puis... Vint Chaos. De Chaos naquirent la Nuit et les Ténèbres. Le noir prit deux formes qui représenteront à jamais ce monde. Deux formes complémentaires, qui apparurent en même temps. La Nuit naquit sœur des Ténèbres. Puis, au fur et à mesure des millénaires, la sœur en devint son épouse. Ils devinrent les êtres les plus anciens du monde. Ils étaient nés ensemble et ils périront ensemble, à la fin de tout temps.
Il reporta son attention sur son fils. Il tendit la main pour cueillir une fleur et la glissa dans la main de l'enfant.
Un présent de sa mère.
- Et de l'union de la Nuit et des Ténèbres, naquirent Le Ciel Supérieur, le Jour, le Nocher, la Pitié et la Prudence.
- Et comment était la Nuit ? lui demanda son fils d'une petite voix.
Il se contenta de sourire, une expression de nostalgie sur son visage.
- Elle était extrêmement puissante. Mais elle était également très protectrice envers ses enfants. Elle vous aimait tous énormément.
L'enfant cessa de contempler le ciel. Il baissa la tête pour observer la fleur noire dans ses mains.
Elle lui manquait encore, pensa-t-il.
Presque comme un appel, il étreignit l'enfant contre lui.
- Ne sois pas triste. Elle n'aimerait pas que tu le sois. Rappelle-toi qu'elle est autour de nous. Comme à présent, déclara-t-il en désignant le ciel étoilé autour d'eux. Tout comme tes frères et sœurs sont autour de nous.
- ... Pourquoi il n'y a que moi ? Pourquoi il n'y a que moi qui suis seul ?
- Mon fils. Tu n'es pas seul.
- Tu comprends ce que je veux dire. J'aurais aimé... être le Jour... ou la Pitié... j'aurais aimé être Infini.
Oui... Oui, il comprenait pourquoi son fils pensait ainsi. Même s'il savait pertinemment que le destin avait déjà décidé de leurs rôles respectifs, même s'il l'avait accepté dès le début, en même temps que son épouse concernant le sort de leurs enfants, le fils qu'il tenait dans ses bras était le dernier enfant qui ne l'avait pas quitté. Le dernier enfant qui n'était jamais parti.
Parce que l'enfant vivrait éternellement... mais il vivrait éternellement sous une forme physique et vulnérable. Jamais il ne deviendrait Prudence, jamais il ne deviendrait Ciel.
Il serait à jamais un être personnifié qui ressemblerait le plus proche possible à un humain.
- Il n'y a pas à avoir peur. Ton rôle n'est pas une fatalité et ne le sera jamais. Tu devras seulement apprendre à l'accepter. Et puis...
Il marqua une pause, avant de reprendre :
- De cette manière, je peux te garder dans mes bras, mon enfant. Je peux te parler. Je peux te réconforter. Je peux te dire que je t'aime.
A la différence de ses autres enfants, à qui il ne pourrait plus jamais parler. Jamais plus il ne pourrait leur raconter d'histoires.
Jamais plus il ne pourrait leur dire « je t'aime ».
- ... Papa ?
L'enfant rompit le silence, levant la tête vers lui.
- Oui, mon enfant ?
- ... Dis-moi que tu ne partiras pas. Dis-moi que tu resteras avec moi et qu'on pourra continuer à se parler.
Il le fixa avec une expression indéchiffrable.
A ce moment-là, il aurait aimé pouvoir lui dire la vérité.
« Non... Je devrais partir à mon tour. Quand tu seras prêt à accepter ton rôle. »
Il aurait pouvoir être sincère, ne pas se rabaisser au même niveau que les humains, à mentir pour ne pas faire de peine...
Mais il y avait-il eu pire souffrance que celle de voir son enfant triste ?
Alors, il se tut.
Il se contenta de serrer l'enfant contre lui, lui susurrant d'une voix rassurante :
- ... Je ne te quitterai jamais, mon enfant.
- Je t'aime, papa.
Il ferma les yeux afin de ne pas voir le visage sévère de la Nuit qui les observait.
- ... Je t'aime aussi, mon enfant.
Il était quatre heures du matin.
Quand Nero ouvrit les yeux, il réalisa qu'il s'était assoupi. Allongé sur le canapé, la pièce autour de lui était plongée dans le noir.
Alors qu'il se redressait péniblement, il sentit un mal de tête poindre, le forçant à rester assis le temps que cela passe.
Encore ce rêve...
Nero poussa un discret soupir.
Six mois... Six mois que cela durait. Six mois qu'il rêvait. Lorsqu'il avait été rejeté par la Rivière de la Vie, trois ans auparavant, Nero avait cru avoir perdu cette faculté de rêver.
Enfin... avait-il déjà rêvé ? Non. Les rares rêves qu'il avait eu dans sa vie d'avant avaient été extrêmement déplaisants. Des cauchemars, provoqués par ses propres pouvoirs dès l'instant où il fermait les yeux.
Et durant ces trois années consécutives, Nero avait cessé de dormir. Mais maintenant qu'il avait changé de vie, cette capacité était revenue. Sans avertissement.
Et à chaque fois, il rêvait d'une même personne.
Un enfant... Le même enfant apparaissait dans ses rêves. Un enfant très jeune...
Un enfant aux cheveux noirs et aux yeux rouges... Un enfant qui ne lui disait rien, qu'il ne connaissait pas. Mais dans ses rêves, il avait l'impression de l'avoir toujours connu.
C'était étrange... Pas désagréable car ce n'était pas un cauchemar, mais cela demeurait tout de même quelque chose d'étrange. Si cela n'était arrivé qu'une fois, encore... Mais toutes les nuits...
Il repensa brièvement à Shelke. Il repensa à sa capacité. S'il avait su manipuler avec brio le « Plonger Synaptique », à savoir celle qui consistait à plonger dans un réseau afin d'en collecter les informations, il aurait cru qu'il s'agissait d'un « mélange de données ».
Mais voilà. L'ennui était qu'il ne manipulait pas cette capacité. Jamais il n'avait effectué de « plonger synaptique ». Seuls Shelke et Weiss maîtrisaient cette capacité...
Alors, quelle en était l'explication ?
Nero finit par se lever, essayant de ne pas prêter attention à son mal de tête. Sans un bruit, il se dirigea vers la chambre.
Doucement, il ouvrit la porte avant de glisser sa tête à l'intérieur.
Il dormait paisiblement.
Nero se rapprocha pour l'observer dormir, les bras croisés, un sourire attendri sur ses lèvres. C'était son rituel, la nuit. A chaque fois qu'il se réveillait, Nero allait vérifier que Shiro dormait bien. Qu'il ne faisait pas de cauchemar à cause de ses ténèbres qui demeuraient cloîtrées dans son corps en raison de la nouvelle combinaison qu'on l'obligeait à porter.
Encore plus depuis qu'il n'avait plus son masque...
Mais ce n'était pas le cas. Depuis qu'ils étaient arrivés dans leur nouveau logement, Shiro dormait sans problème, même avec Nero dans le même appartement, alors que dans leur ancienne maison, Nero quittait chaque nuit sa dimension afin de le laisser se reposer et avoir une nuit sans mauvais rêve.
Il remarqua Shiro bouger dans son sommeil. Prudemment, Nero s'abaissa pour le border de sa couverture avant de passer délicatement une main dans ses cheveux d'un blanc neige, qui avaient bien poussé durant ces six derniers mois.
Les paupières de Shiro bougèrent, mais il n'ouvrit pas les yeux. Nero tourna les talons et quitta la chambre, refermant la porte derrière lui.
Quatre heures du matin...
Dans trois heures, Shiro se réveillerait. Comme à chaque fois, Nero cherchait une activité. Une activité pour passer le temps jusqu'à ce que l'enfant se réveille qui, de préférence, ne fasse pas trop de bruit. Il avait envie d'allumer la télévision et la placer en sourdine... Mais il n'y avait rien à regarder à cette heure.
Et il n'avait pas le droit de quitter cet appartement... De toute manière, il n'était plus en mesure de se créer un portail pour se rendre dans une nouvelle dimension à cause de cette combinaison. Bien sûr, il pouvait l'enlever. Mais s'il quittait l'appartement, son bracelet électronique s'activerait. Et s'il se faisait attraper, il serait jeté dans une cellule et ne reverrait plus Shiro. L'arrangement avec Reeve, Rufus, tout cela ne tiendrait plus.
Comment est-ce que les humains appelaient cette condition, déjà ?
Ah. Liberté « conditionnelle ». Ou plutôt, un autre mot qui indiquait « emprisonnement ».
Ce n'était pas une réelle liberté. Cela ne le serait jamais.
Nero fit les cent pas dans le salon, se creusant la tête pour savoir quoi faire. Et comme à chaque fois, il finissait par opter pour la solution habituelle : ouvrir la fenêtre et se placer dehors, sur le balcon, pour observer les étoiles disparaître et contempler le lever du jour.
Il faisait assez froid en cette période-là. Mais à Deepground, il faisait bien plus froid durant les hivers les plus rudes, encore plus étant donné qu'à cette époque, ils vivaient sous la terre.
Et lui qui avait tellement désiré voir les étoiles... il pouvait en profiter, aussi longtemps qu'il le pouvait.
Nero s'appuya sur le balcon, le regard dans le vide. Des nuages aujourd'hui. Pas grand-chose à voir.
Il abaissa le regard... et il remarqua la voiture familière de ses chaperons garée en bas de l'immeuble, les individus à l'intérieur, en train de le surveiller pour vérifier à ce qu'il ne sorte pas pour massacrer les humains dehors.
Le rouquin... (comment s'appelait-il, déjà ? Il ne retenait jamais son nom), le remarqua et lui adressa un signe de main. Ce qui indiquait généralement « bonsoir » et en même temps « yo, je te surveille ». A côté, Nero put remarquer son compère avec ses lunettes de soleil s'était endormi, la tête contre le siège.
Pff. La routine depuis six mois, à présent.
Nero se contenta de les ignorer. C'était généralement la chose à faire. Autrement, il perdrait certainement patience. Il releva la tête et garda son regard fixé sur la ville tandis que le ciel s'éclairait peu à peu pour laisser apparaître le timide matin.
Ensuite, il préparerait le petit-déjeuner pour Shiro.
Ce fut à sept heures pile que Shiro fut réveillé. Alors qu'il entra dans le salon, Nero avait déjà préparé son petit-déjeuner. L'enfant poussa un bâillement à s'en décrocher la mâchoire, avant de sourire à son oncle :
« Coucou, Papa Nero. »
Son neveu... Mais il était son fils. Son fils de cœur, mais néanmoins son fils. A chaque fois, ce terme lui faisait énormément plaisir.
Nero lui adressa un signe de tête avant de s'avancer pour l'étreindre. Leur routine. Un câlin. Leur quotidien. Shiro le lui rendit avant de s'asseoir à table, le nez penché sur ses céréales qu'il remuait avec du lait, encore endormi.
- J'ai rêvé que j'étais un astronaute, cette nuit, fit l'enfant alors qu'il bâillait une nouvelle fois.
Nero s'assit à table à côté de lui.
- Vraiment ? Rêve intéressant.
- On l'a appris en cours. Cela fait rêver, aller dans l'espace.
Nero détourna la tête.
- Cela dépend de la manière dont tu y vas, commenta-t-il, le ton bas.
- Ah oui ? Cela t'intéresserait, d'aller dans les étoiles, Papa Nero ? On pourrait y aller ensemble !
L'ancien Tsviet cligna des yeux, avant de répondre, de manière vague :
- ... Autrefois, peut-être. Cela m'intéressait. Maintenant... je n'en suis plus aussi sûr.
Son rêve avait été de traverser les étoiles, autrefois.
Avec Weiss.
- Et toi, Papa Nero? De quoi as-tu rêvé cette nuit ?
Nero se retourna vers lui.
Il eut envie de lui raconter la vérité. De lui parler d'un rêve avec un enfant qui réapparaissait chaque nuit. Un enfant qui lui parlait, qui agissait de manière affectueuse envers lui... Qui l'appelait « papa ».
Ridicule. En plus, Shiro ne comprendrait pas. Et pour être honnête, Nero avait l'impression qu'il était en train de perdre la tête par moment, s'il ne l'avait pas déjà perdu au même instant où il avait accepté ce marché avec Reeve Tuesti et Rufus Shinra, qui étaient ses ennemis d'autrefois.
- Tu as quoi comme cours, aujourd'hui ? lui demanda Nero en lui resservant du lait.
- Euh... Sciences et langues, répondit Shiro avec un sourire.
Des matières qui lui plaisaient.
- Bien. Et après, tu rentres.
Shiro ne tiqua pas à son ordre. Mais Nero le lui rappelait à chaque fois. Il ne sortait que pour aller à l'école. Et c'était tout. L'enfant ne releva rien mais ne sourit pas pour autant.
- De toute manière, ce soir, j'avais prévu qu'on s'entraîne, déclara Nero, ce qui redonna le sourire à l'enfant.
- Vraiment ? Super ! s'extasia Shiro.
- Alors, tu as d'autant plus de raisons de revenir ici à l'heure après les cours.
Shiro hocha la tête avant d'avaler le contenu de son bol de lait.
- Et toi ? Tu vas faire quoi ?
Nero haussa les épaules.
- Je l'ignore encore.
- J'ai l'impression que tu as l'air de t'ennuyer.
Il s'ennuyait, voulut-il répondre.
Après tout, qu'est-ce qu'il pouvait faire de ses journées ? A attendre le retour de Shiro ? Il n'aimait pas vraiment être seul sans l'enfant et en plus, il ne pouvait pas sortir dehors et aller où il voulait de son propre gré. Enfin, techniquement si, mais il ne pouvait pas dépasser un rayon de deux kilomètres. Surtout qu'il était sous constante surveillance. Donc, ses champs de possibilité étaient vraiment restreints.
Et ce, depuis six mois.
Nero vit que l'enfant le contemplait attentivement. Il finit par soupirer avant d'inventer une excuse :
- Je ferais sûrement un peu de ménage. Peut-être irais-je m'entraîner aussi. J'attendrais ton retour avec impatience.
Comme chaque jour.
- Tu sais que Vincent t'a offert un ordinateur, il y a trois mois ? lui rappela Shiro. Tu ne l'as toujours pas déballé. Tu pourrais t'en servir pour passer le temps.
Ah. Ça...
Cela n'avait même pas effleuré l'esprit de Nero.
- Je n'ai pas de recherches à faire, Shiro. Quel intérêt de l'utiliser ?
- Mais pas seulement pour les recherches...
Shiro reposa son bol avant de le regarder.
Aïe. L'expression quand il désirait lui demander quelque chose. Nero s'attendait déjà au pire.
- ... Tu sais. J'ai une idée pour que tu ne te sentes plus seul à la maison. Si tu as envie de t'occuper de quelqu'un—
- C'est non.
- Mais je dis juste que cela pourrait te faire passer le temps, fit Shiro.
- J'ai dit non : pas de chien dans cet appartement.
- Alors, un—
- Ni un Chocobo.
Shiro fit la moue.
- Mais cela te ferait penser à autre chose, de t'occuper d'un animal.
- Oui, justement. On en a déjà parlé, Shiro. Tu vas être ravi au début. Puis, après, tu compteras sur moi pour s'occuper de l'animal. Et il n'en est pas question.
L'enfant croisa les bras sur sa poitrine, boudeur.
- Tu ferais mieux de te préparer. Autrement, tu seras en retard. Et rappelle-toi...
- Je sais, soupira Shiro en se levant. Je rentre tout de suite après l'école.
- C'est mon garçon.
Shiro leva les yeux au ciel avant de s'exécuter et de revenir dans sa chambre tandis que Nero débarrassait.
Lorsqu'on sonna à la porte, Shiro fut prêt à temps, préparé, son cartable sur l'école. Nero se dirigea à pas lents pour aller ouvrir.
Ah. Aujourd'hui, c'était Tifa qui allait chercher Shiro pour l'emmener à l'école. Telle était la routine : Nero refusait que Shiro sorte s'il n'était pas accompagné par quelqu'un qu'il connaissait. Non pas qu'il faisait confiance aux membres de l'ORM ou de l'ex-AVALANCHE, mais ils savaient tous que leur accord était en jeu. Si Shiro ne revenait pas sain et sauf, Nero n'avait aucune raison de le respecter. Et ils le savaient tous très bien. Il savait qu'ils craignaient qu'il ne sorte massacrer les civils dans un accès de colère et d'inquiétude pour l'enfant. Et même seul avec une combinaison qui restreignait ses ténèbres encore plus que celle qu'il avait à son temps à Deepground, il n'était pas quelqu'un qu'ils devraient sous-estimer.
Tifa l'accueillit avec un « bonjour » poli.
- Bonjour, répondit Nero du bout des lèvres.
- ... J'en ai profité pour faire vos courses.
Tifa sortit un sac en plastique de derrière son dos. Il contenait toute sorte de nourriture pour remplir le frigo, ainsi que du nécessaire de toilettes. Nero le regarda sans expression. Il ne souriait pas. Il ne la remercia même pas en signe de reconnaissance.
Il se contenta juste de commenter :
- Trop aimable.
- Tu pourrais au moins me remercier, grinça Tifa, peu ravie par son attitude.
- Je pouvais le faire moi-même.
- Nero, tu sais très bien—
- Je sais, je sais, soupira l'ancien Tsviet. Je ne dois pas dépasser le rayon de deux kilomètres. Je n'ai pas la patience de traiter avec des humains sur le montant à rendre. Je suis inapte en société. C'est ce que tu voulais entendre, Tifa ?
Tifa se contenta de soupirer. Elle se contenta de lui fourrer le sac dans les mains.
- Shiro. Bonjour, l'accueillit-elle, son visage s'éclairant instantanément en remarquant l'enfant apparaître derrière Nero.
- Bonjour, Tifa ! fit Shiro avant de la serrer contre lui dans une étreinte chaleureuse. Merci pour les courses ! Tu as racheté des pizzas ?
Tifa se mit à rire.
- Bien sûr. J'ai pensé à toi.
- Merci ! Tu es trop cool !
- Je me demande qui devrait apprendre les bonnes manières à qui, dans cette maison, commenta Tifa avant de s'écarter.
Nero posa le sac sur la table et se tourna vers elle.
- Il doit rentrer tout de suite après l'école.
- Je le sais, Nero. Comme à chaque fois.
De toute manière, elle savait que si elle ne le faisait pas, Nero braverait l'interdit qui lui était imposé. La dernière fois que Shiro avait été en retard d'une heure après la fin des cours parce qu'il avait été en retenue pour s'être battu, l'ancien Tsviet était sorti en trombe de l'appartement et avait failli en venir aux mains avec les Turks qui lui avaient barré la route. Ils voulaient éviter un nouvel incident au risque que les citoyens ne soient exposés à une menace supplémentaire en plus de la menace actuelle. Ils craignaient que Nero ne finisse par revenir sur l'accord et ne décide de travailler seul, peu importe le sort des citoyens.
Malheureusement pour eux, c'était bel et bien ce que comptait faire Nero. Une fois qu'il aurait retrouvé Weiss.
- Toujours pas de chien de l'enfer ? demanda Nero, le ton nonchalant.
Tifa secoua la tête.
- Pas dans les environs depuis quelques semaines. Mais cela ne signifie pas que c'est réglé.
- Et le vieil homme ?
- On te l'aurait dit, non ?
Non. Nero était méfiant et il n'était pas suffisamment idiot pour croire que les humains, qu'il s'agisse de l'ORM ou d'AVALANCHE, lui racontaient tout et le préviennent du moindre incident ou fait actuel. Nero savait très bien qu'ils parlaient dans son dos, que certains regrettaient le marché et qu'ils le considéraient comme un poids à traîner par terre.
Et pour être franc, Nero s'en moquait. Ils restaient des humains, après tout. Tout ce qu'il voulait, c'était mettre la main sur le vieil homme et l'anéantir. Par souci de protéger Shiro et de rendre la monnaie de la pièce à celui qui s'en était pris à l'enfant et avait détruit sa dimension à lui tout seul.
Et sans lui, Nero ne serait pas confiné à la merci des êtres qu'il haïssait le plus.
Nero se retourna vers l'enfant. Shiro se racla la gorge, un peu gêné par la tension qui régnait entre Tifa et son oncle.
- Si besoin, je peux aller faire les courses, Papa Nero.
- Non, Shiro.
- Mais pourquoi ? Cela pourrait régler les choses, non ?
- On a un marché : tu ne sors pas seul dehors, répondit-il catégorique.
- Mais il ne m'arrivera sûrement rien ! protesta Shiro. Il y a du monde et tu sais que je cours vite ! Tu sais que mes pouvoirs—
- Justement. Ils sont en pleine croissance. Et on ne sait jamais ce qui se passe dans la tête des gens.
Oui. C'était restrictif. Shiro ne sortait que pour l'école. Rien de plus. Nero le savait.
Mais Nero considérait également qu'il avait déjà fait assez. Auparavant, il ne l'aurait même pas laissé aller à l'école pour apprendre au beau milieu d'enfants humains. Et à chaque fois qu'il passait la porte de la maison, Nero luttait avec difficultés pour qu'il ne s'élance pas à la poursuite de Shiro afin de le ramener à l'intérieur pour qu'il reste avec lui.
- Si tu le désires, Shiro, on fera les courses ensemble, proposa Tifa. Je pense que cela rassurerait ton oncle, non ?
Shiro adressa un regard de chien battu à Nero qui se contenta de l'ignorer.
- Bon. On va être en retard, leur rappela la jeune femme. Denzel et Marlène t'attendent.
- Cool !
- Shiro. Tu n'oublies pas quelque chose ?
L'enfant vit que Nero avait les bras tendus vers lui.
Il lui sourit et s'y rendit pour l'étreindre fortement, l'ancien Tsviet posant sa tête dans ses cheveux.
- ... Fais attention à toi.
- Je t'aime, Papa Nero.
- Je t'aime aussi, Shiro.
Comme à chaque fois, Nero eut du mal à se détacher de lui. Cela fut Tifa qui se racla la gorge pour les rappeler à l'ordre.
- Il va être en retard. Tu peux le lâcher, Nero, ajouta-t-elle avec un ton légèrement amusé à la vue qui s'offrait à elle.
A contrecœur, Nero finit par rompre le contact avec son neveu. Il regarda Shiro avant de lui prendre doucement le visage pour lui déposer un baiser sur le front, en signe de « au revoir ».
- Fais attention à toi.
- Mais oui ! Allez, bonne journée ! Autrement, avec toi, les « au revoir » vont durer trois heures, plaisanta Shiro.
Cela ne lui déplairait pas qu'ils durent trois heures...
Tifa adressa un signe de tête à l'ancien Tsviet. Alors que Shiro passa le pas de la porte, elle remarqua le carton dans lequel était encore emballé l'ordinateur dont parlait Shiro au cours du petit-déjeuner.
- ... Tu ne l'as pas installé ?
- Non.
- Tu veux que je demande à Shelke de te montrer comment faire ?
Nero leva les yeux au ciel.
- Je sais parfaitement comment faire. Mais je n'en ai aucune envie.
- C'est toi qui vois. Allez, viens, Shiro.
Shiro se retourna pour lui adresser un dernier signe de la main, ce à quoi Nero lui répondit.
Il ne referma pas la porte. Il attendait que Shiro quitte son champ de vision.
C'était toujours difficile. Le cœur serré, à chaque fois qu'ils se séparaient, Nero ne pouvait pas s'empêcher de se demander si cela serait la dernière fois.
Et s'il lui arrivait quelque chose ?
Un accident... Quelqu'un qui lui voudrait du mal...
Nero referma la porte, inhalant, exhalant pour se calmer.
Il ne devait...pas écouter ses peurs.
Il devait... lutter pour ne pas retourner dans ses vieux démons. Pour le bien de Shiro. Même si cet accord était plus une corvée qu'autre chose, c'était le seul foyer qu'ils avaient actuellement. Et même si tout changerait quand Weiss reviendrait, il ne devait pas tout faire foirer avant d'avoir éradiqué la menace et avant que son frère bien-aimé ne rentre à la maison.
Il devait endormir la méfiance des humains... bien se comporter. Et le temps que ses objectifs ne soient atteints, il devrait se montrer irréprochable.
Nero se retourna vers son salon.
Bon... Un peu de ménage ne serait pas malvenu. Quoique l'appartement brillait déjà du sol au plafond, mais cela lui donnait toujours quelque chose à faire.
Attendre le retour de Shiro... tel était l'objectif de la journée. Il devrait s'occuper en attendant.
Alors qu'il y pensait, Nero ne put s'empêcher de soupirer de dépit, devant l'ironie de la situation.
Autrefois, c'était Shiro qui restait à la maison, enfermé, à attendre son retour...
Aujourd'hui... les rôles étaient inversés.
Nero ouvrit la fenêtre pour aérer, avant de se mettre au travail. La voiture était encore là. Et le rouquin et son partenaire étaient à l'extérieur, un café à la main chacun, en train de surveiller son étage.
- Yo ! entendit-il.
Nero ne leur adressa pas un regard et referma la fenêtre.
Comme chaque jour, il passa toute la matinée à nettoyer l'appartement. Le salon, les chambres, la salle de bain, la kitchenette... Nero fit en sorte de ne rien oublier. Puis ensuite, quand il eut terminé, il se posa devant la télévision, à regarder des émissions qui n'avaient aucun sens.
Puis, vint l'après-midi. Et il la passa à la salle d'entraînement. A chaque fois qu'il voulait se rendre dans une aile de l'ORM, il devait contacter le gardien et dire où il désirait se rendre. Telle était la procédure. Il devait toujours être accompagné. Il avait essayé de s'y rendre une fois de lui-même. Reeve Tuesti l'avait menacé de l'enfermer dans une cellule et d'annuler l'accord s'il ne respectait pas les règles.
Et encore une fois, on parlait de « liberté »... Quoique c'était une liberté selon la définition de Rufus Shinra.
A croire qu'ils oubliaient que Nero était une machine à tuer. Et il le demeurerait. D'ailleurs, tous ceux qui l'entouraient, les gardiens, les Turks, les membres d'ex-AVALANCHE... Ils avaient toujours l'air de marcher sur des œufs avec lui. Et ils avaient raison. Il pouvait les anéantir si cela lui plaisait. Mais il ne restait que parce que Shiro avait une nouvelle vie et parce que de cette manière, il pourrait éventuellement tracer la position de Weiss.
C'était son plan.
Tout cela était calculé... Après le retour de Weiss, il avait bien l'intention de partir. Dans ou sans le sang.
Quand il revint de la salle d'entraînement, en sueur, Nero se dépêcha de prendre une douche. Il avait passé l'après-midi à tirer sur des cibles et à perfectionner ses mouvements au combat. C'était clairement moindre que la salle d'entraînement de Deepground et ses simulations. Mais cela restait un lieu où il pouvait se rendre car il s'y tenait tranquille. Alors qu'il se déshabillait, il activa les jets d'eaux et se plaça en-dessous.
Hmm...
Par contre, ça... C'était un avantage. A Deepground, il n'avait rien eu de tel. Aucune intimité. Ici, il était seul. Personne ne viendrait le déranger.
Et l'eau était chaude...
Rien à voir avec ces douches froides et ces bains de Mako, sous la surveillance des scientifiques...
Nero passa une main sur son corps, traçant ses veines noires du bout des doigts...
Cela ne disparaitrait jamais.
Mais au moins, cela montrait que ses ténèbres n'avaient pas disparu. Elles seraient toujours là, quoiqu'il arrive. Et le fait de voir l'état de son corps le rassurait. Il n'avait pas été battu durant six mois. On ne l'avait pas maltraité et on ne l'avait pas exposé à d'autres expériences.
Il devrait en profiter tant que cela durait encore...
Son horloge interne le rappela à l'ordre.
Seize heures.
L'heure du retour de Shiro. Nero mit un terme à sa douche et enveloppa ses cheveux d'une serviette de bain, avant de se rhabiller.
Quand il pénétra dans la pièce principale, on sonna à la porte.
Shiro, accompagné par Tifa comme le matin. Nero fut surpris de voir qu'il avait la tête baissée. Il s'abaissa pour l'étreindre en guise de « bon retour à la maison », mais Shiro ne la lui rendit pas aussi chaleureusement.
"Quel est le problème ?" demanda Nero, tout de suite sur le qui-vive.
- ... J'ai des devoirs, prétexta Shiro.
- Et alors ? Tu as toujours des devoirs.
Shiro se contenta de passer devant lui. Tifa l'observa, un peu hésitante, avant de se tourner vers Nero.
- Le professeur ne t'a pas appelé ?
- ... peut-être, mais j'étais toute l'après-midi à la salle d'entraînement. Pourquoi ?
- Il s'est encore battu aujourd'hui.
La réponse de l'ancien Tsviet fut immédiate.
- Si on l'a embêté, il est normal qu'il se défende. L'autre est même chanceux qu'il ne soit pas tué.
- Mais c'est un enfant ! Et cela risque de poser problème s'il continue comme ça ! s'exclama Tifa, scandalisée par les mots de Nero.
Nero ne réagit pas. Il la fixa, presque blasé.
- A Deepground, quelqu'un qui nous embêtait était tué. Qu'est-ce que tu t'imaginais ?
- Shiro a de la force. Une force supérieure à celle des autres enfants. Tôt ou tard, il y aura un accident ! Tu es son gardien, donc c'est à toi de faire quelque chose pour qu'il arrête d'en venir aux mains.
Nero haussa les épaules.
- Dans ce cas, vous dites aux autres enfants d'arrêter d'embêter Shiro. C'est tout.
- Nero, c'est à toi de lui enseigner les bonnes manières ! Et de ne pas en venir systématiquement aux coups parce qu'à l'avenir, cela risque de lui porter préjudice.
- Et donc ? Tu veux que je lui dise de se laisser faire ?
Tifa ferma la bouche, le toisant de manière révoltée et impuissante.
- Les autres enfants n'ont qu'à être plus forts. C'était « tuer ou être tué », là où on vivait, déclara Nero alors qu'il était sur le point de refermer la porte sur son visage.
- Nero.
Nero se retint de soupirer de frustration face à la persistance de Tifa.
- ... Essaie au moins de lui dire de retenir ses coups.
- Et pourquoi ?
- Cela ne sert à rien qu'il utilise toute sa force. Il est déjà plus fort que les autres enfants. Essaie au moins de comprendre notre point de vue, Nero. Tu ne veux pas que Shiro soit renvoyé de son école, n'est-ce pas ?
- J'aimerais même mieux qu'il n'y soit pas.
Il ne voyait pas quel était le souci. On l'embêtait, Shiro montrait sa force et sa supériorité... Nero n'allait pas le disputer pour cela.
- Vraiment, Nero. Autrement, cela risque de dégénérer.
- Pff. Vous ne comprenez rien, les humains. Tout doit être doux avec vous.
- Essaie au moins de lui dire de se retenir. Ou de les ignorer.
- j'ai essayé d'ignorer ceux qui m'humiliaient à Deepground, répondit Nero, le ton froid. Cela n'a jamais été une solution.
Oh non.
Clairement pas. On lui cherchait des ennuis, ils étaient aspirés dans les ténèbres. C'était tout. Et son frère approuverait très bien cette solution.
- C'est tout ? demanda Nero, ayant envie de mettre un terme à la conversation le plus rapidement possible.
- ... J'en parlerai à Reeve.
- Mais je t'en prie, railla l'ancien Tsviet avant de refermer la porte.
L'expression de Tifa ne le rata pas.
Ce n'était pas parce qu'il vivait parmi les humains qu'il allait se plier à leurs coutumes et leurs règles de vie.
A Deepground, il n'y avait aucune règle. Juste être le plus fort.
Le reste n'était que des détails.
Et ils se trompaient s'ils croyaient que Nero allait obéir docilement, comme un animal en cage qu'on dressait.
Néanmoins, Nero comprit pourquoi Shiro avait fait la tête en mentionnant les devoirs.
Le voilà devant son plus grand ennemi.
« ... Billy Bob a un problème de robinet qui fuit. Il coule 2 cl/h », lut Shiro.
Un problème de maths.
Pourquoi un « problème de maths » ? Il comprenait le problème mais Nero ne comprenait pas vraiment pourquoi il s'agissait d'un exercice qu'on imposait aux enfants.
« ... Combien de temps Billy Bob mettra à réparer sa baignoire ? »
Shiro releva la tête vers Nero, impuissant.
- ... Tu ne comprends pas ?
En fait, son cerveau était passé en mode off pendant la lecture du résumé. Accoudé à la table de la cuisine, le cahier sous les yeux, Nero relut le résumé.
- ... Alors ?
- ... Je comprends, déclara l'ancien Tsviet.
Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il devait avoir des exercices comme ça ? Pourquoi devait-il les résoudre alors qu'ils ne voulaient rien dire ?
- ... Tu sais quoi ? On va faire à la pratique, déclara Nero en se levant.
- Tu vas saboter le robinet ? Papa Nero, la maîtresse veut qu'on résolve le problème par le résumé.
- Pourtant, cela serait plus simple ! Parce qu'il n'y a pas trente-six solutions si elle veut qu'on trouve la solution à son « problème ».
Les voilà de nouveau des esclaves aux humains.
- Mais elle dit qu'il faut faire des calculs et que ce n'est pas la bonne méthode.
- Elle croit quoi ? Que j'ai la tête à résoudre ses problèmes ? Et c'est quoi, sa bonne méthode à elle ?
- Faire les calculs.
- Bah tiens.
- Tu ne comprends pas, en fait ? fit Shiro d'une petite voix.
Nero se figea.
Il devait garder la face devant l'enfant.
Il relut encore le résumé et releva la tête, perplexe.
Cela n'avait absolument aucun sens.
- ... Si, je comprends. Bon, des calculs, heu... Eh bien, c'est simple. Tu prends Billy Bob... tu lui fous la tête dans la baignoire, tu laisses couler l'eau et il se noie en trois minutes. Cela marche comme réponse ?
Shiro le toisa, blasé.
- ... J'ai dit qu'on irait s'entraîner, fit Nero. On s'y remet après ?
Le visage de l'enfant s'illumina, ravi par la proposition de son oncle.
- Ok.
- Alors, allons-y.
Au même moment où Shiro appelait le numéro pour prévenir le gardien qu'ils voulaient se rendre à la salle d'entraînement, Nero se dirigea vers la fenêtre, le cahier de Shiro à la main.
Sans un mot, il prit son élan et le jeta dehors. Plus de cahier, plus de problème. Shiro n'aurait qu'à donner cette excuse demain.
Le cahier atterrit sur la tête du rouquin en bas, qui avala de travers la boisson qu'il était en train de boire tandis que son partenaire se ruait vers lui pour vérifier qu'il aille bien.
Ah. Cela sera une belle soirée, finalement.
Nero leur lança un regard malicieux et referma discrètement la fenêtre.
