Happy Aokaga day !

Voici une "petite" histoire. Je l'ai écrite en plusieurs fois, mais je la poste en mode OS pour l'occasion, en ce jour saint (non j'en fais pas trop d'abord !). Pour une fois je voulais un Aokaga raconté d'un point de vue extérieur. Qui de mieux pour le faire que notre cher homme de l'ombre...

Bonne lecture =)


De passeur à entremetteur.

Les vacances d'été ont commencé depuis peu, et il est déjà bien embêté. Kagami, sa lumière, est venu lui proposer de sortir manger une glace en ville avec les autres premières et les nouveaux secondes. Il aimerait beaucoup mais il avait déjà prévu de voir Aomine, son ancienne lumière. Ils avaient du temps à rattraper maintenant qu'ils étaient réconciliés. Enfin, pas qu'ils étaient vraiment fâchés, mais depuis la victoire de Seirin à la Winter Cup, tous ses anciens coéquipiers de Teïko avaient repris leurs esprits et étaient descendus de leurs piédestaux. Ils se voyaient de nouveau régulièrement, et ce n'était pas pour lui déplaire. Sauf quand il était forcé de choisir, comme aujourd'hui.

"Yo Kuroko ! On sort avec Furi Tsushi Kawa et les kohai pour manger une glace, tu veux venir ?"

"C'est gentil d'être passé Kagami-kun mais j'avais prévu de voir Aomine-kun aujourd'hui. La prochaine fois ?"

"T'es sûr ? Déjà la dernière fois tu as dit la prochaine fois." lui rappelle son ami avec une moue boudeuse.

"Je sais, désolé. Mais on va partir deux semaines en stage tous ensemble bientôt."

"Mouais… ce sera pas pareil, on sera mort. Tu te souviens l'an dernier ? Riko à bien faillit me tuer !"

"Tous nous tuer tu veux dire, heureusement, elle a progressé en cuisine grâce à toi…"

"Ouais… on partait de loin !"

"Désolé que tu aies fait la route pour rien Kagami-kun."

"Non c'est rien, tu étais sur mon chemin... "

Soudain Kagami semble gêné, il cesse de jouer avec sa balle qu'il cale sous son bras, baisse le regard et se frotte la nuque. Kuroko attend patiemment que sa lumière lui parle. Ce qu'il finit par faire en regardant toujours ses pieds.

"Ce_ce serait plus simple si tu pouvais nous voir en même temps non ?"

"Effectivement, mais je ne veux pas vous l'imposer."

"Bin, depuis qu'il a moins le melon j'peux faire un effort pour le supporter. 'Fin, ça ne me dérangerait pas j'veux dire, si_si ça t'arrange."

"Ce serait chouette. Je déteste avoir à choisir entre vous. Merci Kagami-kun, je lui demanderais."

"Cool… À plus alors ? Les autres vont finir par m'attendre."

"Oui, à bientôt Kagami-kun, passe leur le bonjour."

Il regarde son ami s'éloigner à petites foulées en dribblant, puis lui adresser un pouce levé et un dernier sourire en guise de réponse. Bien qu'il apprécie le geste de son coéquipier, il ne peut s'empêcher de trouver sa proposition surprenante. C'est vrai que ça lui faciliterait la vie, mais chaque fois que ces deux-là sont en présence l'un de l'autre et bien… on peut s'attendre à tout. Homicide inclus.


Un peu plus tard, il rejoint donc comme prévu Aomine au Maji Burger le plus proche. Sachant que le flemmard de service serait comme à son habitude: en retard, il ne s'était pas pressé. Stratégie payante puisqu'il n'attend que cinq minutes.

"Oï Tetsu."

"Bonjour Aomine-kun, ça va ?"

"Je meurs de chaud, mais ça va. Tu veux un sundae avec ton milkshake, ou autre chose ?"

"Non merci, juste le milkshake."

Avant son épisode dépressif, Aomine avait toujours été un garçon gentil, dévoué et rieur. Il le retrouve petit à petit ces derniers mois. Il se laisse inviter, parce qu'il sait que son ami s'en veut, et lui offrir à manger lors de leurs sorties était sûrement un moyen de se faire pardonner. Ils n'avaient jamais discuté de ce qui s'était passé, reprenant simplement leur relation là où ils l'avaient laissé. Retrouvant doucement et naturellement leur complicité. Son ami revient avec leur commande, il sirote un peu de sa boisson vanille fétiche avant de demander:

"Tu n'es pas avec Momoï-san aujourd'hui ?"

"Non, elle est à la piscine avec Kise, ça ne me disait rien alors je t'ai appelé."

"Tu as bien fait."

"Et toi, t'es pas avec Bakagami ?" demande Aomine en trifouillant son sundae.

"Il m'a proposé de sortir avec une partie de l'équipe, mais on avait déjà prévu de se voir."

"Je vois… de toute façon tu le vois en cours tous les jours alors…"

"Oui c'est vrai, mais en dehors c'est différent. En parlant de ça, j'aimerais bien sortir avec vous deux de temps en temps."

Il fixe son vis à vis, guettant sa réaction. Il n'est pas déçu, Aomine manque de s'étouffer avec sa glace et tousse avant de s'exclamer:

"Non mais ça va pas ?!"

Il hausse innocemment les épaules. "Je n'aime pas devoir choisir entre vous deux. Vous êtes tous les deux mes amis."

"Hum…" Bougonne l'autre.

"Et puis, vous vous ressemblez beaucoup, je suis sûr que si vous arrêtiez de vous battre ne serait-ce que deux minutes, vous le verriez aussi." Explique-t-il.

"Peut-être… Mais ce n'est pas le problème... Je n'aime pas vous voir ensemble." Marmonne Aomine boudeur.

Intérieurement sa réaction enfantine le fait sourire, et lui rappelle vaguement quelqu'un… mais il n'en montre rien. Il aspire stoïquement sa boisson. Daïki évite son regard et il comprend alors qu'il doit le rassurer. Malgré les apparences, son ami est un jeune homme sensible, avec des blessures encore en cours de cicatrisation.

"Je tiens autant à toi qu'à lui. Nos relations sont différentes, et je te connais depuis plus longtemps. Tu n'as pas à être jaloux Aomine-kun."

"Tch jaloux, moi ? C'qui faut pas entendre !"

La panthère a sorti son sourire arrogant et son air moqueur, mais son regard fuyant ne le trompe pas. Il ment. Pour le faire céder il sort son arme secrète à laquelle Daïki ne sait pas résister: les yeux de cocker, tête légèrement inclinée, air pur et innocent.

"Tu voudras bien essayer quand même ? S'il te plait ?"

"Aaaargh ! Tu fais chier Tetsu ! Ok… Mais si ça dérape, ça ne sera pas de ma faute ! Kagami ne peut pas me supporter, et tu le sais."

"Oui je le sais bien, mais c'est son idée."

"... quoi ?!"

Pour toute réponse, il lui sourit légèrement avant de retourner à son milkshake. Daïki le fixe de ses yeux bleus écarquillés de surprise. Il remarque également la teinte rosé que prennent ses joues mates pendant une brève seconde. N'importe qui ne connaissant pas l'As des miracles n'aurait rien remarqué. Mais lui le connait par cœur, et remarque tout. Alors non, ce rougissement n'est pas passé inaperçu.

"Tu veux faire quoi après ?"

"Euh… on pourrait aller à la salle d'arcade. Satsu et Ryota devraient nous rejoindre un peu plus tard."

"D'accord ! Tu n'avais pas une revanche à prendre sur Midorima-kun ?"

"Eeeen mais si ! J'avais oublié, merci Tetsu."

Ni une ni deux, il voit Aomine dégainer son téléphone. Changer de sujet lui a visiblement rendu son assurance. Intéressant, pense Kuroko et terminant son nectar.

"Oï Shin ?! Une raclée sur Mortal Kombat, ça te tente ?"


Pour lui, ce jour de Juillet est à marquer d'une pierre blanche. Pour la première fois depuis qu'il les connaît, il va passer du temps en présence simultanée de ses deux lumières. En dehors d'un terrain de basket, et de leur plein gré, s'il vous plaît. Kuroko appréhende un peu mais il est aussi très curieux. Il s'était rattrapé auprès de Kagami et les membres de l'équipe il y a quelques jours en les accompagnant. Il faut dire que la photo que lui avait envoyé Taïga la dernière fois, avec leurs immenses glaces à l'italienne aux couleurs de toutes sortes lui avait donné envie d'y goûter. Il sourit au souvenir de celle qu'il avait envoyé en réponse. Un selfie de lui avec en arrière-plan: Aomine et Midorima en pleine guerre sur une borne d'arcade d'un côté, Kise et Momoï déchaînés et hilares sur une battle de danse de l'autre. Mais aujourd'hui, ils ne seront que tous les trois.

Rectification, ce jour est à inscrire dans les annales. Lorsqu'il arrive au point de rendez-vous, il trouve Kagami. Jusque-là rien d'anormal, son coéquipier étant toujours ponctuel. Mais il n'est pas seul. Aomine est assis à deux marches derrière lui. Il n'en revient pas. En s'approchant il remarque que les deux spécimens s'ignorent cordialement, évitant de se regarder. Bon, c'est surement mieux qu'une dispute cela dit.

"Bonjour Kagami-kun, salut Aomine-kun. Désolé pour l'attente." Dit-il en s'inclinant une fois à leur hauteur.

"Oï Kuroko ! Non pas de soucis, t'es pile à l'heure."

"Yo Tetsu."

Il répond au poing tendu d'Aomine en y collant le sien. Un instant, il le fixe, toujours surpris d'être celui qu'on attend. De justesse, il retient son franc parler légendaire et ne fait aucune remarque. Il vaut mieux éviter de braquer la panthère dès le début de la journée, surtout quand elle a fait un effort.

"Vous pensez que la baignade sera autorisée aujourd'hui ?"

"J'ai vérifié en venant, normalement oui, mais il y a plein d'autres choses à faire à Odaiba Park."

"C'est pas là-bas qu'il y a une version miniature de la statue de la liberté ?" questionne Aomine.

"Euh… si, si c'est là-bas." Répond Kagami.

"C'est pour ça que tu voulais y aller ? Les US te manquent ?"

"C'est pas spécialement pour ça, mais je ne peux pas nier que je pense aux States souvent." avoue le rouge en se frottant la nuque.

"Tu l'as déjà vu la vraie statue, elle est vraiment beaucoup plus grande ?"

"Nan, je ne sais pas, je vivais à L.A pas à New York. C'est un peu à l'opposé."

"J'irais vérifier moi même quand je jouerais chez les Knicks alors."

"Hahaha really ? Tu vises la NBA ?"

"Pourquoi ? Ça t'étonne Baka ?" Grogne Aomine sur la défensive.

"Non Kagami-kun demande parce qu'il aimerait aussi y jouer." Intervient-il pour désamorcer la querelle.

"Ouais... peut-être qu'un jour on s'affrontera dans un autre pays, en professionnel !"

"Tch… ouais p't'être."

Kuroko aurait dû s'y attendre avec ces deux-là. Le basket coule dans leurs veines, normal que la discussion tourne rapidement autour. C'est donc en parlant de la saison en cours et des exploits de leurs équipes préférées qu'ils se rendent dans la baie de Tokyo, pour profiter du plein air en ce début d'été.

Comme il l'avait dit à Aomine, lorsqu'ils arrivent à communiquer sans se disputer, les deux As s'entendent plutôt bien. Enfin… il a bien senti par moment que les deux prenaient sur eux pour que tout se passe au mieux. Notamment quand son ami de longue date s'était autoproclamé roi du barbecue et avait failli réduire leur déjeuner en cendres. Kagami avait laissé faire au départ, puis finalement pris les choses en main avant qu'il ne reste plus rien de comestible, traitant l'autre de vantard incapable. Il avait dû user de la force pour les séparer. Mais que la dispute éclate après plusieurs heures et non minutes était tout de même une victoire remarquable. De toute façon, les deux fauves avaient réglé leurs comptes dans l'eau, après manger, lors d'une bataille où il avait bien failli finir noyé. Ses deux amis l'avaient finalement totalement oublié, et plusieurs fois ils lui étaient tombés dessus en tentant de se couler l'un l'autre. Il avait alors préféré rejoindre le sable pour les observer le temps qu'ils se calment.

C'est donc libre de toute tension qu'ils avaient fait quelques-unes des attractions proposées au parc. Même s'ils avaient profité de chaque activité pour s'affronter en duel, l'ambiance restait légère. Plus d'une fois il avait entendu Aomine rire. Au dépend de Kagami certes, mais ce dernier semblait de bonne humeur et ne répondait pas à toutes les provocations par une autre. Ce qui semblait déstabiliser la panthère, qui s'attendait sûrement à faire sortir le tigre de ses gonds une nouvelle fois avant la fin de la journée. Il faut dire que le comportement de Kagami l'intriguait aussi. Il n'allait pas s'en plaindre non plus, jouer les arbitres entre eux toute la journée c'est ce qu'il avait redouté le plus. Mais en préférant en rire plutôt que de rentrer dans son jeu, Kagami avait réussi à calmer Aomine, qui avait cessé de le chambrer pour un oui ou pour un non.

Ils sont à présent dans le métro, sur le chemin du retour au centre-ville et Kuroko se fait tirer de ses pensées lorsqu'il entend son surnom au détour de la conversation qu'avaient ses deux amis assis face à lui.

"Foutu fantôme ! Ses apparitions surprises me font flipper à chaque fois !" S'exclame Kagami.

"Et encore, on s'y habitue avec le temps, mais le pire... C'est quand il disparaît !" Renchérit Aomine.

"Ne m'en parle pas ! Combien de fois l'équipe m'a surpris en train de parler tout seul. Au départ, ils me croyaient fou j'en suis sûr !"

"Hahaha j'y avait droit aussi. Quand ils connaissent l'énergumène ça va. Moi il me fait le coup avec des inconnus !"

"Hahaha et t'as évité l'asile ?!" Se marre le rouge.

"Vous avez fini de parler de moi comme si je n'étais pas là ?" finit-il par demander.

"AAAARH BORDEL TETSU !"

"OH FUCK KUROKO STOP THAT !"

Il reste de marbre face à leurs mines autant apeurées qu'agacées mais intérieurement il est écroulé de rire. Il ne s'en lassera jamais. Surtout qu'il apprend un tas de choses intéressantes quand il utilise son super pouvoir (quoique dans ce cas précis il n'est pas certain de l'avoir utilisé). Par exemple, aujourd'hui lui a confirmé que Kagami et Aomine sont capables de se parler sans crier, de s'entendre et même de tomber d'accord. Bon, là c'était un peu à ses dépens, mais une découverte majeure tout de même.

Les intuitions qui avaient commencé à germer dessinaient une théorie qui méritait d'être vérifiée. Dommage cependant, il ne pourrait le faire qu'à leur retour de stage de basket qui débutait lundi, après-demain. Le temps pour lui d'élaborer un plan pour sa petite expérience.


Kuroko se brosse les dents, complètement épuisé, impatient de rejoindre son futon. Riko ne plaisantait pas avec le stage d'été, ils avaient beau être au bord de la mer, ça n'avait rien à voir avec des vacances. Il a l'impression que cette année, elle leur en demande plus que l'an dernier. Une des jeunes recrues avait même vomi avant la pause déjeuner. Comme souvent, il est perdu dans les nuages lorsqu'il se fait tirer de sa rêverie par un Kagami en furie. En effet, il vient d'ouvrir violemment la porte de la salle d'eau commune, le faisant pour une fois sursauter, lui et les autres membres de l'équipe présents. Son ami se brosse les dents rageusement en marmonnant des choses incompréhensibles. Hyuga l'interroge du regard mais il hausse les épaules, n'en sachant pas plus que lui. Kiyoshi s'approche et tapote la tête du tigre dans une tentative d'apaisement. Mais ce dernier grogne avant de se rincer la bouche et de déguerpir. Comme il était venu, il repart de la salle de bain, les poings et la mâchoire serrés. Avant qu'il ne disparaisse totalement il lui demande:

"Kagami-kun ! Ça ne va pas ?"

"Si très bien ! Ne m'attends pas je vais courir."

"Mais… On a déjà couru dix kilomètres aujourd'hui." s'insurge t'il.

Kuroko suit sa lumière jusqu'à la sortie de l'auberge dans l'espoir d'avoir des réponses. Une fois à la porte, sans se retourner Kagami lui dit avec une colère difficilement contenue:

"Your friend is a dick !"

Impuissant, ne comprenant toujours pas ce qui lui prend, il le regarde s'éloigner en direction de la plage à grandes foulées. Il se demande vaguement où il puise encore de l'énergie pour un footing nocturne alors que lui-même n'est pas certain de pouvoir bouger demain. Derrière lui ses coéquipiers témoins de la scène se font la même réflexion.

"Où est parti Bakagami ?" S'étonne Riko.

"Courir, apparemment…" répond Koganei incrédule.

"Mais quel abruti ! S'il n'arrive pas à suivre demain, il va m'entendre ! Vous auriez pu le retenir quand même !" s'énerve leur coach.

"Quand il est comme ça tu le connais, rien ne l'arrête." Rappelle Izuki.

"Kuroko, tu sais ce qu'il a ?" questionne Mitobe par Koganei translator.

"Il était dans la chambre prêt à se changer pour la nuit lorsqu'il a reçu un message. Avec Furi on a tenté de savoir mais il est sorti en marmonnant en anglais." Raconte Tsuchida.

"J'espère que ce n'est rien de grave." Conclu leur capitaine, bras croisés, sourcils froncés.

Lui aussi il l'espère. Plusieurs fois il a été témoin de ce genre de comportement. Kagami a seulement besoin de se défouler, il reviendra quand il sera calmé. En se remémorant ces dernières crises, il se rend compte qu'elles ont toutes un dénominateur commun: Aomine. Ce pourrait-il que ce soit encore le cas ? Il a un doute, parce que lui-même n'avait pas réussi à le joindre de toute la semaine. Too était en montagne pour leur stage, le réseau devait être mauvais. Pourtant, il ne connaissait qu'un seul "friend" capable de mettre son ami dans cet état… Heureusement, il a une espionne infiltrée auprès du fauve numéro deux. Il tente de la joindre.

"Mochi mochi, ici Momoï !"

"Bonsoir Momoï-san."

"Tetsuuuu-kun !? Tu vas bien ?"

"Oui ça va je te remercie. Et Aomine-kun et toi ?"

"Moi ça va. Mais Daï-chan est en guerre contre Wakamatsu. J'étais justement en train de le chercher, il commence à se faire tard et je ne l'ai pas vu depuis plus d'une heure."

"Il ne doit pas être bien loin ne t'en fais pas. Tu sais s'il reçoit mes messages ? Je n'arrive pas à le joindre."

"Je pensais que oui, il est scotché à son téléphone tous les soirs depuis quelques jours. Je croyais que c'était avec toi."

"Oh… d'accord. Non ce n'est pas avec moi."

"Ki-chan ?"

"Non, impossible, Kasamatsu a confisqué les téléphones de tout le monde au début de leur stage."

"Hum… je me demande qui ça peut bien être alors."

"J'ai une petite idée sur la question... Tu pourras me tenir au courant quand tu le retrouveras ? Et lui demander de me répondre ?"

"D'accord, compte sur moi ! À plus tard Tetsu-kun."

"Merci, au revoir Momoï-san."

Alors comme ça, Aomine captait les textos mais ne daignait répondre qu'à Kagami. C'est du moins la conclusion qu'il tire des événements. Parce que lui aussi avait surpris son coéquipier plus d'une fois rivé sur son smartphone après les entraînements. Il avait alors supposé qu'il s'agissait de Himuro, son frère de cœur. Dans la chambre qu'il partage avec Kagami, Furihata, Fukuda et Tsuchida il a du mal à trouver le sommeil, malgré sa fatigue. Il ne peut s'empêcher de s'en faire pour ça… non, ses lumières. Cependant il est un peu soulagé lorsqu'il reçoit le message de la rose. Elle a retrouvé Aomine en charmante compagnie. Apparemment il serait question d'étudiantes, croisées aux bains où l'équipe était allée se délasser la veille. Satsuki était très remontée contre lui, et trouvait que la double ration de course promise par leur coach pour le reste du séjour était une punition insuffisante. Connaissant la flemmarde panthère, il doute qu'elle soit du même avis. En parlant de double jogging, Kagami se l'était imposé seul. Se pourrait-il qu'Aomine se soit vanté de son escapade ? Ça expliquerait l'état de Kagami quand il y pense. Sortir faire la fête pendant un stage d'entraînement pour préparer l'inter high, c'était du Daïki tout craché. Un comportement inadmissible aux yeux de Taïga, pour qui le basket est tout ce qui compte.

Malgré tout, Kuroko trouve ça étrange que Aomine prenne la compétition à la légère, surtout ayant perdu son dernier match contre eux. C'est vrai que Seirin avait joué sa carte maîtresse la dernière fois lors de la Winter Cup, et qu'ils ne pourraient plus l'utiliser face à Too. De plus, l'absence de Kiyoshi sur le terrain se fait cruellement sentir. Mais d'après lui, rien n'est joué d'avance. Après tout, ils avaient réussi à se qualifier cette année pour le tournoi d'été. L'As des miracles se croyait-il vraiment à l'abri d'une nouvelle défaite ? Il espère sincèrement que non, cela voudrait dire qu'il n'a finalement pas changé et il refuse de le croire. Quant à Kagami, avant même de rencontrer le phénomène numéro 5, il avait été impatient de l'affronter, de se mesurer à lui: Aomine Daïki, le monstre imbattable. Et lorsque sa blessure au pied l'avait privé de la fin de leur premier match, il en était devenu presque fou. C'est qu'il prend le basket très au sérieux, un match contre un membre de la génération des miracles encore plus et Aomine était parmi tous, son rival préféré. Il doit prendre ce manque de motivation comme une offense personnelle. Comme s'il ne valait pas la peine de s'inquiéter, de se donner à fond alors que lui travaillait dur depuis des mois pour réussir à créer à nouveau la surprise. Cependant… N'y avait-il que cela ? Leur rivalité sportive et leurs divergences d'opinion sur les entraînements ? Voici une question à laquelle il avait hâte de trouver une réponse. Il est en train de réfléchir à son plan, lorsque Kagami se faufile discrètement dans le futon vide à côté du sien. Entièrement rassurer, il sombre enfin dans le sommeil.


Kuroko est déçu de participer à ce match depuis les gradins. Serin est malheureusement éliminé du tournoi. Après avoir battu Shutoku, privé de ses vétérans cette année, ils s'étaient inclinés face à Kaijo et un Kise au summum de sa forme. Mais si lui était triste, Kagami semblait abattu. Non seulement il n'a pas pu affronter Himuro, mais en plus c'est son frère qui affrontait Aomine en ce moment même. C'est un véritable duel de titans, un très beau match qu'il aurait été dommage de rater. Finalement, Murasakibara et son binôme américain cède la victoire à Too de peu. Ce soir, l'équipe a prévu de faire la fête. Ça leur fera du bien, plutôt que de s'apitoyer sur leur défaite. Ils pouvaient très bien réitérer l'exploit de l'an dernier, et défendre leur titre cet hiver. En plus, ils avaient une excellente raison: célébrer l'anniversaire de leur As, aujourd'hui, il fêtait ses dix-sept ans.

C'est donc joyeusement qu'ils passent la soirée dans un karaoké, entre rire et chanson. Kagami finit par retrouver le sourire, se laissant prendre au jeu. L'équipe est au complet, plus Himuro, venu oublier sa défaite et honorer son frère. Quand il avait entendu le mot gâteau, son ex-coéquipier glouton s'était invité. Et quant à Kise, il était là parce qu'il avait eu le malheur de mentionner l'endroit où il se rendait ce soir, oubliant que c'était un grand fan de karaoké, connaissant tous les établissements de la capitale. C'est d'ailleurs pendant l'une des représentations du blond qu'il réussit à parler un peu au héros du jour.

"Désolé pour Kise-kun, j'aurais dû me douter qu'il viendrait."

"T'en fais pas, je l'aime bien. Et il se débrouille ! Regarde le haha !" s'esclaffe le tigre à la vue de la pop star d'un soir.

"Oui, disons qu'il a pas mal d'entraînement. Tu ne lui en veux pas alors ?"

"D'avoir gagné ? Non, il a été meilleur c'est tout. On aura la revanche cet hiver." Lui affirme Kagami, les yeux flamboyants de détermination.

"Haï !" Il lui sourit, du même avis, avant de reprendre : "Tu sais, je crois qu'il est aussi frustré que toi."

"Hum ? De qui tu parles ?"

"Aomine-kun. Je sais qu'il aurait préféré t'affronter."

"Pareil, il ne paie rien pour attendre celui-là, cet hiver on lui rappelle le goût de la défaite !"

"En attendant, on pourrait organiser un match avant la rentrée, un deux contre deux."

"Hum, pourquoi pas… tu penses à qui en quatrième joueur ?"

Il désigne la diva du menton en sirotant un milkshake. "Où Midorima, où les deux, comme tu préfères."

"Peu importe. Tant que j'ai Aomine en face."

"Bien sûr…"

"Hey little bro ! The next one it's you and me !" lance soudain Himuro en lui adressant un clin d'œil complice.

Il rit en voyant le regard suppliant que lui lance sa lumière tandis qu'il se fait entraîner de force par Tatsuya. Les deux acolytes, l'un plus enthousiaste que l'autre, se lancent dans une chanson en anglais, un pur rock Américain. Finalement, les encouragements de l'équipe lui donnent de l'assurance et Kagami joue de l'air guitare lors du solo instrumental, collé au dos de son frère qui l'imite avec ferveur. Il en profite pour prendre une photo souvenir discrètement pour sa collection. Puis, il croise le regard de Kise, et l'invite à le rejoindre. Le blond obtempère et vient s'installer plus près de lui.

"Ça va Kuroko-chi ?"

"Bien et toi ? Tu vas y retourner ?"

"Évidemment, j'ai un public à satisfaire !"

"Kise-kun, je peux te demander un service ?"

"Oui tout ce que tu veux ! Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?" s'illumine le mannequin.

"Dans les prochains jours, on va sûrement organiser un petit match Kagami-kun et moi contre Aomine-kun."

"Ça doit le démanger. Tu sais qu'il m'a carrément engueulé d'avoir gagné !? Il m'a dit qu'il allait me faire payer de l'avoir privé de son rival. Comme si je ne l'étais pas moi aussi, son rival !" Lui confie Kise avec une moue dépitée, un peu inquiète aussi.

"Ça ne m'étonne pas… N'allez tout de même pas vous blesser comme l'an dernier."

"Non, ne t'en fais pas, ça devrait aller. Bon alors, qu'est-ce que je dois faire ? Évidemment que j'accepte de jouer avec vous si c'est la question."

"Pas tout à fait. Est-ce que tu pourras te rapprocher de Kagami-kun ?"

"Euh je ne comprends pas bien là. C'est ce qu'il aimerait ?"

"Non, non je ne pense pas. Je mène une expérience. Et j'ai besoin que tu fasses ça pour moi, pour que je puisse étudier son comportement." Explique-t-il vaguement.

Kise le fixe un moment en clignant plusieurs fois des yeux, perplexe. Il ne veut pas parler de sa théorie tout de suite, préférant avoir les résultats de son test pour être sûr. Pendant un instant, il se dit qu'il sera peut être obligé s'il veut que Kise accepte mais finalement ce dernier accède à sa demande.

"Aaaah Kuroko-chi, je crois que je ne te comprendrais jamais ! Mais d'accord, je veux bien à une condition !"

"Laquelle ?"

"Que tu me dises de quoi il retourne et si elle est réussi. Après tout, si je joue les cobayes, j'aimerais savoir pourquoi."

"C'est d'accord !"

"Cool, j'ai hâte !"

Parfait. Lui aussi avait hâte. Très hâte même. Tout comme il avait hâte de voir si Aomine allait mettre sa menace à exécution, ce dont il ne doutait pas une seconde…


Quelques jours après la victoire de Rakuzan au tournoi d'été, Kuroko organise la rencontre entre ses deux amis qui n'avait pas eu lieu pendant la compétition. Comme promis, Kise se joint à eux, ainsi que Momoï, ravie de jouer les arbitres.

"Alors, comment ont fait les équipes ? Courte paille ?" Propose la rose.

"Pas besoin Momoï-chi, je joue avec Kagami-chi !" proclame Kise en posant un bras autour des épaules de son dénommé coéquipier.

"Et en quel honneur tu décides blondi ?" s'agace Aomine.

"Parce que le rival de mon rival et mon coéquipier ! Tu ne savais pas ?" explique le blond sûr de lui.

"Ahaha ! C'est ok pour moi." s'amuse Kagami, souriant.

Il voit Aomine contracter la mâchoire et pour le calmer il lui tend son poing en souriant: "Je suis content de pouvoir encore être ton ombre Aomine-kun."

La panthère se détend et reporte son attention sur lui, accolant leur poings. "On les écrase Tetsu, à l'ancienne !"

"Haï !"

"Parfait alors, en place les copains !" s'exclame joyeusement Satsuki.

Le jeu commence fort et le premier panier est rapidement signé Aomine. Kise et Kagami ne se laissent pas impressionner pour autant et répliquent aussitôt. Il voit le blond sauter au cou du roux pour le féliciter, ce qui surprend ce dernier. Tout au long du match, Kise en fait des tonnes. À chaque panier, il congratule, complimente, ou frappe dans les mains de Kagami. Si le tigre semble mal à l'aise, il se laisse tout de même faire en rougissant parfois, répondant par politesse aux enthousiastes marques d'affections du mannequin. De son côté, Aomine bouillonne. Plus l'affrontement avance, plus le manège de Kise le fait tourner en bourrique. Il est de plus en plus incisif, sa mauvaise humeur se répercute sur son jeu déjà très agressif. Aveuglé par sa colère, le tanné se fait voler la balle par Kise qui copie une de ses passes magiques. Kagami bondit et marque un superbe alley oop. Cette fois c'est l'américain qui initie les congratulations : avec un sourire rayonnant il vient ébouriffer les cheveux de son partenaire.

"Oï Kuroko t'as vu ça !?" demande l'As de Seirin, admiratif.

"Oui, bravo Kise-kun, ta copie était vraiment parfaite !"

"Je crois que Kagami-chi et moi on est fait pour jouer ensemble, tu ne trouves pas ?"

"Euh…" hésite le tigre, gêné.

"Pfff c'est d'une ombre qu'il a besoin pas d'un imitateur." crache Aomine.

"Peut-être, n'empêche que la force rouge et la force jaune, si tu les mélanges ça fait du orange. Et de quelle couleur sont les ballons de basket ? C'était écrit."

"Ahaha non mais tu t'es pris pour quoi ? Un power rangers ?" se moque la panthère, narquoise avant de poursuivre, menaçante: "Si tu vas par-là, force bleu, c'est là couleur qu'aura ton corps quand j'en aurais fini avec toi ! En street les fautes ne comptent pas j'te rappelle !"

"Daï-chan ! c'est moi l'arbitre, gare à tes fesses, on est là pour s'amuser !" le réprimande Satsuki, poings sur les hanches.

"Ouais ouais ça va ! Mais le meilleur binôme ici, c'est moi et Tetsu. Plus la lumière est intense, plus l'ombre est puissante. C'est une évidence." se vante force bleu, en fixant force rouge avec son arrogance légendaire.

Kuroko n'en loupe pas une miette, il jubile. Kise est parfait, il en fait des caisses tout en prenant garde à respecter les limites de Kagami pour ne pas se faire repousser. Quoique ça lui ressemble beaucoup, il n'a pas trop à forcer pour interpréter son rôle. Puis Aomine qui tente d'utiliser sa personne pour rendre son rival jaloux, appuyant là où ça fait mal. Et enfin Kagami qui serre poings et mâchoire, prêt à répondre à cette attaque.

Le jeu reprend donc avec un Aomine endiablé et un Kagami enragé. Les rapprochements incessants du blond sont autant de provocations qui poussent l'As des miracles à franchir la porte pour en finir rapidement. Le fauve entre en zone sans prévenir et rattrape leur retard de points sans son aide. Il est surpris de voir son ami utiliser cette carte hors compétition, mais le voir sourire le rassure. Il échange avec la rose un regard complice équivoque. Ce qui le prend totalement au dépourvu par contre, c'est son autre lumière. Comme entraîné par Daïki dans sa chute, Taïga sombre à son tour et stoppe la panthère dans sa course pour ensuite marquer d'un puissant dunk. Il n'a jamais vu Kagami réussir à entrer en zone sur commande, encore moins pour un match amical sans enjeu.

Pour ne pas les gêner, et observer ce spectacle si envoûtant, il préfère sortir du terrain. Il est bien vite rejoint par Kise, tout aussi ébahi, expérimentant pour la première fois son quotidien: être invisible.

"C'est ça que tu vis tous les jours ? Je me sens totalement inutile ! Non mais regarde les… on dirait que plus rien n'existe !" se lamente son ami.

"Bienvenue dans mon monde. Mais je suis heureux de voir Aomine-kun comme ça."

"Moi aussi…" souffle Satsuki en souriant, les yeux humides.

"Ouais enfin je ne sais pas trop lequel des deux sourit le plus là tout de suite..."

"C'est vrai, tu as raison Kise-kun… On les laisse vous croyez ?"

"Ils ne verront même pas qu'on est parti dans l'état où ils sont. On va prendre un sundae au Maji ? Ils n'auront qu'à nous rejoindre."

"Bonne idée Ki-chan !"

Sur le chemin très court les séparant du fast food, ils envoient un message aux deux joueurs pour les prévenir. Une fois installés avec leurs encas, Kise enclenche le mode commère curieuse. Il se doutait qu'il aborderait le sujet mais la présence de Momoï ne le gêne pas, au contraire, il aimerait beaucoup avoir son avis. Après tout c'est elle qui connaît le mieux Aomine.

"Alooooors Kuroko-chi, qu'a révélé ta petite expérience ?"

"Et bien grâce à toi, j'ai pu confirmer ma théorie."

"Attendez… qu'est-ce que vous manigancez tous les deux !?"

Il explique rapidement à son amie ce qu'il a demandé à Kise, et pourquoi. "Aomine-kun et Kagami-kun se plaisent beaucoup." lâche t'il en conclusion.

"..."

"..."

"QUOI ?! Mais tu dis n'importe quoi Kuroko-chi ! Encore hier il m'a traîné acheter le dernier magazine de sa Mai-chan adorée !"

"Je… ça expliquerait pas mal de chose effectivement !"

Tandis que le blond réfutait sa théorie, réclamant des preuves tangibles, la rose, après le choc, semblait très emballée par l'idée. Lorsqu'il évoque les indices qui l'ont mené à cette conclusion, Satsuki les confirme, surexcitée. Le mannequin, ne pouvant résister plus longtemps aux ragots et à l'enthousiasme de leur amie se prête au jeu.

"Mouais… ça se tient, mais ça ne reste que des suppositions, j'attends des preuves Kuroko-chi !"

"Tu en auras, bientôt je pense."

"Tu as un plan Tetsu-kun ?"

"Peut-être bien. Et j'aurais surement besoin de toi Momoï-san."

Ils cessent toutes manigances lorsque deux énergumènes peu discrets entrent dans le restaurant. Ses deux lumières sont en train de se chamailler pour il ne sait quoi encore. Ils s'installent à leur table, les ignorant toujours, en se hurlant dessus. De ce qu'il comprend, Kagami nie sa défaite, prétextant qu'ils n'avaient pas compté les points, pensant que Satsuki s'en chargeait. Aomine de son côté clame qu'il est impossible qu'il l'ait battu en one on one, à grand renfort de sa phrase fétiche, et argumente qu'il n'y a pas besoin d'arbitre pour valider ce fait établi. Kuroko arrive à les calmer par la force, d'un coup dans les côtes, tandis que la jeune femme leur fourre chacun un burger dans le bec pour faire taire leurs protestations et jérémiades.


Les vacances sont passées vite entre le stage, la compétition et les sorties entre amis Kuroko n'a pas eu le temps de s'ennuyer. Mais les premières semaines de reprise ne sont pas très chargées et l'été n'est pas terminé pour autant, ce qui donne encore la douce impression d'y être. Ce week-end il a prévu de voir Aomine. Finalement, il ne l'a pas revu seul à seul depuis le début des vacances. À chaque fois, ils étaient accompagnés des autres membres de la génération des miracles, ou de Kagami. Ce qui est une bonne chose, mais ça ne se prête pas vraiment aux confidences. Déjà que la panthère n'est pas très loquace…

Le lendemain il se rend donc chez lui, comme convenu. Cependant il n'a pas à aller jusqu'au domicile des Aomine pour le trouver. Du pont qu'il est en train de traverser, il peut voir son ami allongé dans l'herbe, au bord de la rivière. Il aurait dû s'en douter… c'est un de ses endroits préférés. Souvent il le retrouvait là lorsqu'il disparaissait à l'époque du collège. En silence, il s'assoit à ses côtés. Sans se redresser, ni ouvrir les yeux, son ami le salue.

"Yo Tetsu."

"Bonjour Aomine-kun. Tu prends l'air ?"

"Comme tu vois."

"..."

"..."

"Aomine-kun, je connais ton secret."

"Hahaha et duquel tu parles exactement ?" s'amuse son ami, lui adressant enfin un regard.

"Il y a quelque semaine je t'ai dit que tu n'avais pas à être jaloux de Kagami-kun. Aujourd'hui, je suis venu te dire que tu n'as pas à être jaloux de moi, ni de Kise-kun."

Aomine ne dit rien, il détourne le regard en fronçant les sourcils et se redresse en position assise. Il pose un bras sur son genoux relevé et fixe la rivière. Kuroko aurait pu s'attendre à ce qu'il s'énerve, à ce qu'il nie ses allusions mais le fauve semble calme, ce qui l'encourage à poursuivre.

"C'est moi qui ait demandé à Kise-kun de se rapprocher de lui. Je suis désolé si ça t'a blessé, je voulais seulement vérifier ce que je pensais avoir vu."

"Tch… sérieux Tetsu ! Tu ne pouvais pas demander simplement, comme tout le monde ?" S'énerve la panthère en lui jetant un regard noir.

"Parce que tu m'aurais répondu ?"

"..." Il détourne de nouveau les yeux.

"C'est ce qu'il me semblait…"

"Et donc, tu comptes en faire quoi de ce secret ? T'es venu me menacer ou un truc dans le genre ?"

"Mais enfin pourquoi je ferais ça Aomine-Kun ? Je suis ton ami. Je voulais simplement que tu saches que tu peux m'en parler, et te conseiller de te déclarer."

Aomine ne dit rien, il lui lance une œillade en coin, sûrement pour s'assurer de sa sincérité, à laquelle il répond d'un léger sourire pour le rassurer. Il laisse le chant de l'eau combler le silence entre eux, prouvant par sa simple présence la véracité de ses propos. Au bout de quelques minutes, Daïki capitule, il baisse la tête et son front rejoint le bras reposant toujours sur son genoux. Il soupir lourdement avant de se confier:

"Je doute que ce soit réciproque, et j'veux pas tout gâcher. On joue de temps en temps, je peux le voir quand t'es là, ça me suffit."

"Je comprends… Ça fait longtemps ?"

Aomine calle son visage de façon à pouvoir le regarder tout en gardant sa position recroquevillée. Son cœur se serre en lisant la détresse dans ces yeux bleus d'ordinaire si perçants. Il le sent perdu, et ça le déstabilise plus qu'il ne le montre. Il s'inquiète vraiment pour son ami, il sait combien il a déjà souffert, et il n'a pas besoin d'un amour à sens unique.

"J'aurais dû me douter que tu me percerais à jour tôt ou tard… Aaaah foutu pour foutu, j'peux bien te le dire."

"Je ne te force pas Aomine-kun, c'est quand tu veux."

"Nan… ça va, j'crois que j'en ai besoin. Je deviens fou Tetsu..."

"Alors je t'écoute."

Aomine détourne une nouvelle fois le regard vers l'horizon et après un long soupire, lui raconte. "Je ne sais pas exactement depuis quand. Je suppose que ça s'est fait petit à petit. Au départ, je pensais que c'était seulement l'excitation d'avoir enfin trouvé le rival que tu m'avais promis, celui qui me libérerait de mon sort. Je croyais que ça me passerait, mais ça n'a fait qu'empirer. Je pense à lui constamment, et pas seulement pour le basket j'veux dire. J'en ai vraiment pris conscience pendant le stage. Quand je suis sorti avec ces filles, je voulais me convaincre que je n'étais pas attiré par lui, que je délirais ou un truc du genre. Mais… même avec elles, cet abruti ne voulait pas sortir de ma tête ! Quand Satsu m'a trouvé, j'étais soulagé qu'elle me libère, j'aurais sûrement fini par faire un truc que j'aurais regretté. Et si j'avais encore eu des doutes… bordel Tetsu l'autre jour j'aurais pu encastrer Kise dans le bitume ! Chaque fois qu'il le touchait j'avais envie de le tuer."

Effectivement, il en avait gros sur le cœur. Aomine ne semblait plus capable de s'arrêter. Mais Kuroko l'écoute, patiemment, comprenant que c'était peut-être plus qu'une simple attirance. Une fois son récit terminé, il pose une main sur l'épaule de son ami et la serre doucement.

"Peut-être que pour le moment votre relation te suffit, mais rien ne dit que ce soit toujours le cas. Et en attendant, tu souffres Aomine-kun. Si tu lui disais, tu pourrais avoir une belle surprise, et au pire des cas, tu pourras passer à autre chose."

"Et risquer de ne plus le voir du tout ? Non… non c'est au-dessus de mes forces Tetsu. Tu sais mieux que personne combien je désespérais de trouver un rival digne de ce nom. Je n'peux pas y renoncer, ça ferait encore plus mal."

"Je sais… je sais." souffle t'il.

Il observe son ami, d'affreux souvenirs en tête. Il comprend son dilemme. Et il aimerait tellement pouvoir le rassurer, lui dire qu'il n'a rien à craindre. Parce qu'il est presque certain que Kagami éprouve la même chose. Mais parce qu'il n'en a pas eu la confirmation, il ne peut pas lui donner de faux espoirs, et même s'il a raison, ce n'est pas à lui de lui annoncer. C'est à Kagami de se déclarer, il ne peut pas lui voler ça, même pour soulager son ami. Il va devoir agir dans l'ombre…

"Tu devrais l'inviter à ton anniversaire." propose-t-il au bout d'un moment.

"Tch… C'est Satsu qui t'as prévenu ? Je lui ai pourtant dit que j'voulais rien faire !"

"Oui elle nous a tous prévenu. En plus cette année, ça tombe un week-end, Murasakibara-kun et Akashi-kun pourront venir."

"Hum… Pas sûr qu'il accepte, on passe notre temps à se disputer."

"Ça ce n'est pas vrai, je vous ai déjà vu vous entendre. Et puis je sais de source sûre qu'il adore vos chamailleries. Sinon il n'aurait pas accepté de te revoir."

"Ouais… c'est vrai qu'on se marre bien." Dit le fauve dans un demi sourire.

"Appelle le, ça lui fera plaisir que ce soit pour autre chose qu'un one and one. Vous pouvez commencer par être ami, tu ne crois pas ?"

"Hum… p't'être bien. J'vais y réfléchir."


Aujourd'hui, c'est le grand jour, c'est l'anniversaire de Daïki. Lui qui ne voulait rien faire se retrouve avec une fête en son honneur, avec plus de monde que prévu. En effet, toute leur équipe de Teïko sera là, même leur ancien capitaine, Nijimura. Ainsi que toute l'équipe actuelle du héros du jour, et leurs anciens membres. Mais aussi quelques adversaires devenus proches de leurs amis, comme Kasamatsu, Takao et bien sûr Himuro, qui ne refusait jamais une occasion de venir à la capitale pour voir son frère.

Momoï avait prévu une soirée sur la plage avec barbecue, cocktails, feu de camp et lampions. D'ailleurs, Kuroko était en train de l'aider à installer ces derniers pour illuminer l'espace. La rose était toute excitée, voilà des années qu'elle n'avait pas pu célébrer dignement l'anniversaire de son frère de cœur. Elle y avait mis tellement de dévouement, comme pour compenser ces dernières années où la joie de vivre avait quitté Daïki. Cette fête, c'était aussi une façon de célébrer le chemin qu'il avait parcouru ces derniers mois, et lui prouver que malgré son caractère 'je m'en foutiste' et passablement horripilant, beaucoup de personnes tenaient à lui.

Tandis que Midorima, aidé de Takao installe la sono, Kise et Himuro préparent les plats de nourriture, prenant garde à tenir Murasakibara le plus loin possible. Pour le moment Akashi le tient occupé à transporter les bûches qui serviront au feu. Toute la génération des miracles met un peu la main à la patte et Aomine semble avoir du mal à paraître détaché. Chaque prétexte pour s'éloigner, il l'utilise, comme aller acheter plus de sodas par exemple. Mais Kuroko sait qu'il n'y a pas que ça, il est évidemment gêné par cette démonstration d'affection, mais il est aussi nerveux. Comme il l'avait promis, il avait réfléchi et finalement, il avait invité Kagami à sa fête. Alors qu'il faisait passer les lampions à Satsuki qui les suspendait harmonieusement, il se remémore la réaction de son coéquipier, encore amusé…

"Mochi mochi, Kuroko à l'appareil."

"Oï Kuroko ! Tu ne devineras jamais !" Crit sa lumière sans préambule.

"Bonsoir Kagami-kun. Ça y est Aomine-kun t'a invité alors ?"

"Que_ HOW DO YOU KNOW ?"

"Kagami-kun, quand tu es énervé de la sorte, il s'agit toujours d'Aomine-kun, le reste n'est que déduction logique."

"Ouais bin il aurait pu prévenir avant !"

"Et qu'as-tu répondu ? Tu comptes venir ?" demande-t-il en ignorant totalement ses lamentations.

"Je lui ai dit que je ne savais pas ! Que ça ne se faisait pas de prévenir la veille pour le lendemain. Je ne sais même pas quoi lui offrir, comment je vais trouver un cadeau en si peu de temps !?"

"Tu n'es pas obligé. S'il t'as demandé de venir, c'est qu'il t'apprécie, ta simple présence lui fera plaisir." le rassure t'il.

"..."

"Kagami-kun ? Tu es toujours là ?" S'inquiète-t-il du silence qui s'éternise.

"Yeah I'm here… You really mean that ? 'Cause he has a funny façon de le montrer !"

"Pourquoi il t'aurait invité autrement ? Baka …"

"Oh… ok. Il y a un dress code ? Je n'ai rien de chic ou de vraiment sortable." bafouille son interlocuteur, en proie à la panique.

"Ne t'en fais pas, on fait ça sur la plage. On sera tous habillé décontracté."

"Alright. I_I'll meet you there so, I guess."

"À demain Kagami-kun."

Aomine était effectivement gonflé d'avoir attendu la dernière minute. Kagami aimait bien que tout soit ordonné, prévoir et planifier. La preuve, il en avait perdu son japonais. Mais il est sûr que s'ils avaient eu cette conversation en face à face, il aurait pu admirer les joues rougies du tigre.

Tout est en place, et ils s'autorisent une petite pause entre eux avant que les autres invités n'arrivent. Il ne faut pas longtemps pour que Aomine embête sa victime préférée, lui rappelant son éclatante défaite lors de la dernière compétition. Midorima, pour une fois, prend la défense de Kise plutôt que d'en rajouter une couche et rappelle à la panthère qu'elle n'a fini que deuxième. Murasakibara s'en mêle et dit au vert qu'il pourra parler quand il sera sur le podium. Son baby-sitter signale au glouton que Yosen n'y est pas non plus, et qu'il devrait suivre ses propres conseils. Tous finissent par en rire et se promettent de régler leurs comptes lors du prochain tournoi.

Les premiers invités arrivent et le soleil décline rapidement sur la baie de Tokyo. Le buffet est ouvert, les lanternes s'allument, la musique est lancée, la soirée commence. Aomine qui ne voulait au départ rien de spécial, fait l'effort de parler un peu avec tout le monde. Kuroko le surprend même à rire plus d'une fois, et ça lui réchauffe le cœur. Non loin derrière lui, il entend Tatsuya s'exprimer dans sa langue d'adoption. Il n'a pas besoin de se retourner pour savoir que Kagami vient d'arriver. Il en profite plutôt pour observer la scène : Aomine l'a repéré lui aussi, directement il tourne la tête dans sa direction. Leurs regards s'accrochent un instant et il lui semble que le temps suspend sa course. Kagami s'approche pour saluer son rival. L'ombre ne peut s'empêcher de sourire lorsqu'il remarque que sa lumière à tout de même mit une chemise avec son bermuda kaki. Une chemise noire cintrée dont il a retroussé les manches, et ouvert le col. Mis à part Kise qui porte une chemise hawaïenne par-dessus son tee-shirt, le seul autre à en porter une, est évidemment la star du jour. Aomine porte un jean clair usé et une chemise blanche faisant ressortir son teint mat et sa carrure.

Pour des yeux non aguerris, il est facile de conclure que les deux fauves ne s'apprécient pas, voire même se détestent. En témoigne le ton qui commence déjà à monter entre eux. Mais lui comprend parfaitement leur petit manège, depuis le temps qu'il les observe… Ces deux-là se plaisent, ça lui crève les yeux. Mais ils ne savent pas comment se le dire. Alors quand ils se chamaillent, se disputent et s'énervent, c'est seulement leur frustration qui s'exprime, pas la réalité de leurs sentiments. Pour le bien de tout le monde, mais surtout le leur, ce soir, il va les forcer à les dévoiler au grand jour. Foie de fantôme !

Les plats sont maintenant bien entamés, les boissons coulent toujours à flot et la musique est baissée. C'est l'heure des cadeaux. Aomine se fait entraîner par Satsuki et Kise qui le forcent à s'asseoir à la lumière douce des lampions multicolores. Après avoir soufflé les traditionnelles bougies, non sans râler, chacun leur tour, lui offre un présent.

"Je crois me souvenir que tu es un féru d'histoire. Il n'est pas affûté mais je connais quelqu'un qui peut te le faire à bon prix." déclare Akashi en lui offrant un Katana aux détails raffinés.

"Merci Seij', Woua il est… t'aurais pas dû !" s'émerveille la panthère.

"Tiens ! Ça fait des semaiiiiiines que je me retiens de te le dire !" S'exclame Kise en trépignant d'impatience.

"Nan c'est pas vrai ! Tu l'as rencontré ?!" s'extasie Aomine devant un petit cadre.

"Pas vraiment, on s'est seulement croisé sur un shooting, j'ai juste eu le temps de lui demander un autographe."

"T'aurais pu lui demander son numéro Baka !"

"Tu pouvais pas simplement dire: merci Ryo-chi pour l'autographe personnalisé de Maï-chan, je te suis éternellement redevable !?"

Tout le monde se marre, même Daïki qui vient enlacer le cou du blond d'un bras pour l'attirer contre lui et lui frotter affectueusement le crâne. Kise proteste en se recoiffant mais affiche un sourire rayonnant, ça devait le démanger de ne pas pouvoir se vanter d'avoir rencontré son idole… Murasakibara s'approche à son tour et lui offre: une tablette de chocolat.

"Tiens Mine-chin, elle est à base de cacao du Pérou, le meilleur chocolat au monde, de ma collection privée. Attends une occasion spéciale pour le déguster."

"Wow Atsushi, venant de toi c'est très généreux." remarque Himuro.

"Merci Mura, je lui ferai honneur, promis."

"Rhum… les vierges sont souvent ceux qui ont le moins de chance en année bissextile, alors pour compenser je t'ai trouvé ça."

"Un trèfle à quatre feuilles ?" demande le fauve, sceptique en déballant le cadeau.

"Que j'ai cherché moi-même avant de l'emprisonner dans de la résine pour en faire ce porte clef nanodayo !" s'agace Midorima.

"Je confirme, pour une fois il ne m'a pas demandé de faire le sale boulot ! Il a tout fait tout seul." S'amuse Takao sous le regard noire du shooter.

"Oh… dans ce cas, merci Shin." répond Aomine d'un sourire sincère et amusé.

"Je sais qu'un jour tu en auras un avec ton nom dessus, mais en attendant… Bon anniversaire Dai-chan."

Plus émue par les paroles de son amie que le présent en lui-même, Aomine déplie le maillot de basket à l'effigie des Knicks de New York les yeux brillants. Il remercie chaleureusement Satsuki, très émue elle aussi. Vient le tour de l'équipe de Too:

"Pas sûr que tu le mérites m'enfin… toute l'équipe a participé." déclare Wakamatsu en lui tendant une boite.

"La dernière paire de Jordans ! Elles étaient en rupture de stock pourtant ! Merci les gars !" s'exclame leur As en les admirant un instant, avant de brusquement les serrer contre lui et d'ajouter: "Rêves pas Bakagami, celle-ci j'te jure que tu les auras jamais !"

Momoï et lui, seuls à pouvoir comprendre la menace se regardent en riant. Les joues rosies par l'attention dont il fait soudain l'objet, Kagami tend une enveloppe à son rival en marmonnant.

"Garde les, j'en n'ai pas besoin !... Et tiens… désolé je n'ai pas vraiment pu faire mieux en si peu de temps."

Kuroko est assez proche pour voir ce que son ami tire légèrement de l'enveloppe. Ce dernier rougit en comprenant de quoi il s'agit, heureusement qu'il fait sombre maintenant, pense-t-il à sa place. Kagami avait préparé à la main, tout un tas de tickets, où l'on pouvait lire: "Bon pour un one and one avec Kagami Taïga, où tu veux quand tu veux."

"Non c'est… c'est parfait merci..." répond Daïki avec un sourire gêné que personne ne lui reconnaît.

"Sérieux ? Quand c'est Kagami-chi qui écrit sur un morceau de papier 'c'est parfait' et moi qui t'obtiens un autographe de la nana avec laquelle tu nous bassines depuis six ans, j'ai l'droit à une tape sur la tête ?" s'indigne Kise, abasourdi par sa réaction.

Encore une fois, tous rient de bon cœur, Aomine le premier qui pour la peine, lui redonne une claque à l'arrière du crâne. Encore stupéfait, Kise lui adresse un regard auquel il répond en haussant les épaules l'air de dire: 'tu vois ?'. Kagami quant à lui semble soulagé et arbore lui aussi un sourire timide, se grattant la nuque à la réflexion du blond. Une fois tous ses présents rassemblés, Aomine le fixe, sourcil froncé.

"Oï Tetsu ! Je sais que j'voulais rien faire à la base mais… tu n'as rien oublié par hasard ?!"

"C'est bizarre, quand il s'agit de t'offrir quelque chose je ne suis pas du tout transparent." répond-t' il stoïque, s'amusant intérieurement.

"Tch … s'il y en a bien un de qui je pensais recevoir un truc c'était toi, c'est tout."

"Ne t'en fais pas Aomine-kun, je ne t'ai pas oublié. J'attends seulement le bon moment pour te l'offrir." Dit-il avec un sourire mystérieux.

"J'préfère ça… Bon aller, remontez moi la musique et bougez vos culs ! J'ai l'impression d'être un poisson dans un bocal là."

Aomine et son tact légendaire…


La fête bat son plein, les discussions vont bon train, quelques-uns s'essayent même à quelques pas de danse. L'ambiance est agréable, l'air de cette fin de mois d'août est tiède près de leur feu qui crépite gaiement, tout est vraiment parfait. Enfin presque… Kuroko profite de ses amis et s'amuse, tout en gardant un œil sur ses lumières, attendant qu'une opportunité se présente. Elle lui est finalement offerte, et il ne pouvait pas rêver mieux. Aomine est près des flammes et discute avec Satsuki, Kagami lui, s'approche justement du feu dans l'optique de faire griller des guimauves. Furtivement, il se met en position derrière le tigre, et de toute ses forces il le pousse sur sa droite en criant:

"Aomine-kun attrape !"

Aomine s'étant retourné en entendant son nom se retrouve face à un Kagami dans l'incapacité de stopper sa chute en avant, ainsi pris en traître. Daïki, grâce à ses réflexes, réceptionne tant bien que mal Taïga dans ses bras, sa bouche contre la sienne. La panthère ploie un peu les genoux sous la puissance de l'impact et le poids de son cadeau qui tente désespérément de se redresser. Qui a dit qu'un expert en passe ne pouvait lancer que des balles ? Le baiser forcé ne dure que le temps que Kagami retrouve son équilibre. Ceux ayant assisté à la scène retiennent leurs souffles, s'attendant certainement au déclenchement de la troisième guerre mondiale, prêts à déguerpir.

Le tigre réussit à se dégager et on peut clairement voir à la lueur des flammes qui dansent, qu'il a entièrement pris la teinte de sa chevelure. D'ailleurs il s'écarte vivement en bafouillant des excuses tandis qu'Aomine reste pétrifié sur place, ne comprenant visiblement pas ce qu'il vient de se passer. Captant son regard perdu, pour le mettre sur la voie et le faire réagir il lui dit avec un sourire malicieux:

"Joyeux anniversaire Aomine-kun."

Il peut clairement voir la lueur de compréhension s'allumer dans les yeux de son ami et un sourire radieux fendre son visage. Dans le même temps, Kagami s'est retourné et, fou de rage se dirige vers lui dans l'optique évidente de l'assassiner. Cependant, le félin sanguinaire n'a pas le temps de lui saisir le cou pour l'étrangler qu'il se fait tirer vivement en arrière. En effet, dans un geste à la fluidité et la rapidité qui font sa renommée, Aomine s'empare du poignet de son rival pour le ramener dans ses bras. Pendant une seconde les deux fauves plongent dans le regard l'un de l'autre, le souffle court. Puis la panthère vient capturer les lèvres du tigre avec tendresse, refermant ses bras sur sa taille pour l'empêcher de fuir. Tous les spectateurs sont sous le choc, sauf lui, satisfait. Les exclamations de surprise et les murmures autour d'eux redoublent d'intensité, quand Kagami vient enrouler ses bras autour du cou de Daïki, pour resserrer leur étreinte, y ajoutant sa fougue.

Momoï est la première à applaudir, suivie rapidement de Takao et Kise. Puis Himuro siffle allègrement le nouveau couple, décidément pas prêt à s'interrompre pour eux. Akashi s'approche, lui adresse un sourire en coin digne du diable et vient entre choquer son verre avec le sien.

"Et bien Tetsuya, je suis agréablement surpris, je ne te savais pas capable d'une telle fourberie."

"Ils avaient littéralement besoin d'un coup de main. Je n'ai fait qu'accélérer l'inévitable."

"S'agit-il d'une quelconque farce ?" demande Midorima qui s'était également rapproché, en remontant ses lunettes.

Le géant lui répond entre deux chips: "Il y a deux choses avec lesquelles on ne plaisante pas Mido-chin, la nourriture et l'amour."

"Haha c'est bien vrai Atsushi, et connaissant ces deux-là, on peut ajouter le basket à ta liste." Confirme Himuro, visiblement ravi.

"Hum… dans ce cas je suppose que mon trèfle à quatre feuilles lui a servi plus tôt que je ne l'aurais cru… et il faut bien admettre que le feu et la terre sont complémentaires."

"C'est vrai qu'ils font la paire ! Désolé de ne pas t'avoir cru tout de suite Kuroko-chi." s'incruste Kise en posant un bras sur son épaule.

"Merci Tetsu-kun…" Dit simplement la rose, les yeux brillants avant de poser un baiser sur sa joue.

Se souvenant certainement qu'ils ne sont pas seuls, ou alors uniquement pour reprendre leurs souffles, les deux As se décollent un peu l'un de l'autre. Ils continuent cependant de se bouffer du regard, ignorant le reste du monde. Kuroko pense que maintenant, il va surement avoir du mal à voir ces deux-là séparément. Son intuition lui dit qu'ils vont vite devenir inséparables. Le choc passé, Wakamatsu retrouve sa voix, ce qui le fait descendre de son nuage.

"J'te préviens Aho, c'est pas une raison pour te ramollir face à Seirin ok ?"

Sachant qu'il n'a pas à s'en inquiéter, il ajoute quand même à l'intention de son coéquipier: "Ça vaut pour toi aussi Kagami-kun !"

Aomine et Kagami leur répondent d'un simple majeur levé des plus équivoque, sans daigner leur adresser un regard, préférant celer de nouveau leurs lèvres dans un baiser passionné. Kuroko est vraiment heureux pour eux, de tout le reste de la soirée ses deux lumières ne se lâchent plus, soit du regard, soit physiquement collées. Sauf quand Aomine prend Kise en chasse lorsque celui-ci a malencontreusement et innocemment posé son bras autour des épaules de Kagami pour discuter. À ce moment-là, il rejoint son ami qu'il surprend à secouer la tête et lever les yeux aux ciel, incrédule face à tant de possessivité.

"J'vais en chier avec lui tu crois ?"

"C'est une évidence Kagami-kun. Mais tu aimes ça, j'me trompe ?"

"Ouais, faut croire. J'dois être fou…"

"Sûrement !" confirme-t-il, amusé.

"Hey ! S'indigne Kagami en le bousculant un peu du coude. Puis gêné, il demande: "Tu_tu pourras m'envoyer la photo ? Que je puisse m'assurer que je n'ai rien rêver de tout ça demain ?"

"Mais quelle photo Kagami-kun ?" Feint il d'ignorer.

"Rho fais pas genre Kuroko ! Je sais très bien que t'as tout un tas de photos dossier sur tout le monde."

"D'accord, mais si tu veux mon avis, t'en aura pas besoin." Affirme-t-il en désignant Aomine essayant maintenant de noyer Kise, persuadé qu'il saurait le lui rappeler.

"Je devrais aller l'aider tu crois ?" s'inquiète Kagami.

"Le noyeur ou le noyé ?" se moque-t-il de son ami.

Le tigre lui adresse une grimace tout en se dirigeant vers le ressac des vagues. Et comme il fallait s'y attendre, très vite, ce qui avait débuté comme tentative de sauvetage, se termina en bataille générale. Dépité, Kuroko rejoint la partie à la demande d'Akashi, au prise avec Nijimura et Himayoshi. Heureusement, Satsuki avait prévu ce genre de débordement et avait apporté tout un stock de serviettes. Le feu qui crépitait toujours leur serait sûrement aussi d'un grand secours. Quoique... à voir les deux fauves se ruer l'un sur l'autre comme des morts de faim, il n'est pas certain que ces deux-là en auraient vraiment besoin pour se réchauffer...


Kuroko se prépare à sortir avec sa valise, il ne veut pas être en retard et il doit d'abord passer prendre Satsuki avant de rejoindre l'aéroport. Avant d'ouvrir la porte de son appartement, il sourit au cadre photo sur la console. Il représente Aomine, faisant des oreilles de lapin à Kagami devant la statue de la liberté, la vraie. Serrés l'un contre l'autre, souriants, ils tiennent chacun un bout d'une autre image. La photo de tous les trois, prise il y a cinq ans, devant la version tokyoïte du monument. Sur le cadre on peut lire "We miss you". Ses deux lumières lui manquent vraiment beaucoup aussi, mais les voir toujours heureux ensemble avait quelque chose de réconfortant. Et puis dans quelques heures, le temps de traverser l'océan qui les séparait, il serait avec eux pour quelques jours. Le premier match de Daïki et Taïga chez les Knicks, il ne raterait ça pour rien au monde... En refermant la porte de son appartement, il se dit qu'à bien y réfléchir, ce jour-là au parc, il avait été témoin de leur premier rencard. Seulement ni l'un ni l'autre n'en avait eu conscience. Dans son taxi, comme souvent, il se demande où ces grands abrutis préférés en seraient sans son intervention… D'abord coéquipier, ombre, et ami, il avait fini par devenir entremetteur.