HELLO JJK FANDOM !
Me revoilà avec un OS Nobamai de derrière les fagots. Avant que vous vous imaginiez que j'apprécie Mai Zenin, je tiens à dire que j'ai écrit cet OS pour l'anniversaire de liuannes, ma chère et tendre amie, que j'aime très très très fort, assez pour lui écrire du nobamai en tout cas (stan nobamaki, fellas).
Lou-Anne, tu es la lumière de ma vie et je t'aime. J'espère que tu es tombée de ta chaise en voyant que j'avais posté du NOBAMAI (mais j'espère que tu t'es pas fait mal quand même). J'espère que ça te fera rire surtout, j'ai tout donné.
Ceci est un univers alternatif où tous les persos de JJK bossent dans la mode. Mes connaissances sur cette industrie s'arrêtent à 100 visionnages annuels du film Le diable s'habille en Prada, je le précise au cas où. Dans cet OS, Sukuna est le frère jumeau de Yuji. Evidemment, le pairing secondaire de cet os est le Sukuna/Kamo, un de mes otps depuis que j'ai lu ce fameux chapitre (vous savez lequel 3)
Au cas où il y aurait des Kamo Noritoshi dans l'assistance (king) je précise que je sais qu'il y a plus que 4 lettres au mot girlfriend, c'est une référence à la chanson "Friend is a four letter word" de Cake (une chanson de qualité que Lou-Anne m'a faite découvrir et qui est réservée aux ships d'élite)
UN IMMENSE MERCI A MA BETA EATING-FLOWERS, cet OS n'a pas du tout été écrit hier soir dans son intégralité
Warnings : présence de Sukuna (qui jure beaucoup), le fait que l'auteure haïsse Mai Zenin se ressent dans la narration, gays
Bonne lecture (et encore joyeux anniversaire Lou-Anne) ! On oublie pas de stan Maki Zenin
GIRLFRIEND IS A FOUR LETTER WORD
Ce matin-là, une femme se lève à six heures pour faire un jogging. Après avoir enfilé un legging qui mettra en valeur tout ce qui mérite de l'être - l'intégralité de sa personne, en l'occurrence - elle enfilera une brassière qui n'aura pas d'autre d'utilité que de s'assortir au legging en question, et une paire de lunettes hors de prix, parce-que même si son regard ferait tomber quatre-vingt dix pour cent des personnes qu'elle croisera - ce qui dégagerait le trottoir et serait fort pratique, tout de même - elle ne tient pas à être reconnue. Pas aussi tôt, en tout cas.
Ce n'est pas parce qu'elle ne sera pas à son avantage, car même luisante de transpiration et les cheveux en bataille, elle ne doute pas une seconde de son pouvoir de séduction. Après tout, il lui a évité des études ennuyeuses et lui a payé à peu près tous les appareils inutiles et absurdement chers qui décorent son appartement en plein centre de Tokyo. En réalité, cette femme a toute la journée pour être remarquée, c'est un peu son métier.
En avançant sur son trajet habituel, elle fera une pause près du fleuriste qui fait l'angle de la grande avenue, et il lui offrira une ou deux roses, comme à son habitude. Elle prendra un selfie avec lui avant de remettre ses lunettes sur son nez et de filer. Juste avant la fin de sa balade, elle passera devant un immense écran publicitaire, sur lequel une femme dans une robe si brillante qu'elle paraît tissée dans de l'or jette un regard envoûtant à la foule qui lève les yeux vers elle. Elle est tout ce que les hommes désirent, mais elle ne désirera jamais aucun homme. La femme fait un clin d'oeil à son portrait juste avant de rejoindre la rue qui la ramènera chez elle.
Un rituel comprenant un millier d'étapes l'y attend. Une douche, le son de son sèche-cheveux dernier cri qui ne risque pas de réveiller les voisins avec sa réduction de bruit - hors de prix, vous vous souvenez ? - et enfin une myriade de produits de beauté qui achèveront de persuader tous ceux qu'elle verra qu'elle est la femme de leur vie. Ils ont tort, car elle en ferait un enfer.
Cette femme n'est pas Nobara Kugisaki.
Non, ce matin-là, à six heures, Nobara est endormie sur la table de son salon, le nez au milieu d'un croquis. Nobara n'a personne dans sa vie non plus, à part un colocataire chômeur et deux meilleurs amis gay qui lui ont gentiment proposé de quitter l'appartement dans lequel ils vivaient tous les trois pour avoir un peu plus d'intimité.
Sukuna n'est pas exactement le colocataire parfait. Il ne nettoie jamais rien, passe son temps devant la télévision ou à faire de la musculation, parfois les deux en même temps, lorsqu'il est d'humeur aventureuse. Nobara dit à tout le monde qu'elle le déteste. Elle déteste surtout que les gens le prennent pour son petit-ami alors qu'elle préfèrerait mourir plutôt que d'approcher un homme à moins d'un mètre, et aussi le fait qu'ils s'empressent de lui demander le numéro de Sukuna lorsqu'elle annonce que non, ils ne sont pas ensemble.
Aux alentours de sept heures, Sukuna sort de sa chambre dans l'idée de se cuisiner un "bon petit plat" ce qui en langage Sukuna veut dire un mélange d'ingrédients divers et variés dans un bol, au goût infâme et qui pourrait probablement tuer quelqu'un. Pas Nobara, parce qu'elle n'est pas une sale fragile, mais sans doute cette petite lavette de Yuuta qui ne répond pas à ses appels depuis une semaine. Il trouve Nobara en train de ronfler sur la table et un sourire lui échappe. Lui non plus ne le dira jamais à personne, mais il l'adore, même si elle refuse toujours de lui présenter des mannequins canon et qu'elle a jeté son cactus.
Cependant, Nobara se sert de lui comme mannequin parce qu'il est disponible en permanence - chômeur ! - et le rémunère grassement pour porter ses créations. Elle n'en a pas l'air lorsqu'elle traîne en sweatshirt gris sur le canapé avec un crayon en guise d'élastique pour cheveux, mais elle est en passe de devenir l'une des stylistes les plus en vogue de Tokyo. D'humeur généreuse, Sukuna la porte délicatement jusqu'à sa chambre et ferme la porte derrière lui. Dans le couloir qui relie leurs chambres au salon, le diplôme de l'école renommée où Nobara a fait ses études trône fièrement sur le mur, et plusieurs coupures de presse vantant les mérites de son travail l'accompagnent. Sukuna est presque sûr qu'il y en a un de plus que la semaine dernière. Il ne fait pas vraiment attention à la décoration, mais il faudra qu'il pense à lui laisser un mot. "Félicitations, grosse pute" fera parfaitement l'affaire.
Nobara n'a peut-être pas de petite amie à côté de qui se réveiller, mais elle a un homme pour la ramener dans son lit quand elle travaille jusqu'à l'épuisement. Même si c'est un salaud, c'est toujours mieux que rien, non ?
Aux alentours de midi, Nobara dort toujours à poings fermés et Sukuna a englouti la moitié du contenu de leur réfrigérateur. Il caresse l'idée de descendre faire des courses car son estomac gargouille toujours, mais il est interrompu par la sonnerie de leur interphone. En regardant l'écran, il reconnaît Maki Zenin.
— Je sais pas ce que vous avez à vendre, mais on est pas intéressés.
Sukuna n'a rien contre Maki, mais ses biceps le font complexer.
— Tu peux m'ouvrir maintenant ou alors risquer que je dise à Nobara que c'est toi qui a déchiré son legging à la dernière soirée.
— C'est ouvert ! lance Sukuna d'une voix enjouée. Je te prépare un café.
Il appuie sur un bouton sur la machine à café de Nobara et s'empresse d'aller la réveiller. Maki n'est sûrement pas venue ici pour discuter avec lui, et pour être tout à fait honnête, elle le terrifie.
— Dégage, murmure Nobara lorsqu'il lui secoue l'épaule.
Sukuna sait qu'il n'existe que deux phrases qui puissent faire sortir Nobara de son lit, et il n'a même pas besoin de mentir ce matin-là.
— Maki est là.
— T'as pas honte de mentir comme ça ? Elle m'a rien dit, grommelle Nobara en serrant son oreiller contre elle.
— Surprise, lance Maki, en faisant sursauter à la fois Sukuna et Nobara.
— Comment t'es entrée ? s'écrie Sukuna.
— La porte était ouverte, fait remarquer Maki en réajustant ses lunettes.
— Non, elle ne -
— Peu importe. Nobara, debout.
Cette dernière se lève immédiatement et se dirige vers le salon en lançant d'un ton joyeux : "je vais m'enfiler cinq cafés !"
— Désolée de débarquer à l'improviste, annonce Maki, mais j'ai une proposition à te faire.
Nobara bâille en ouvrant le réfrigérateur. Elle va bientôt découvrir qu'il ne reste plus rien de comestible à l'intérieur.
— Sukuna, où sont mes yaourts ?
Sukuna lui adresse un sourire innocent et désigne son ventre. Maki les regarde tous les deux, l'air d'hésiter à poser une question. Elle se ravise.
— Je vais te buter.
— T'as qu'à manger autre chose ! dit Sukuna, qui sait très bien qu'il ne reste qu'un artichaut à moitié pourri au fond du bac à légumes.
— Je vais te niquer ta race, t'as compris ? Tu vas descendre m'acheter des yaourts tout de suite.
Sukuna est tenté de protester simplement pour lui tenir tête, mais il comptait descendre faire des courses quoi qu'il arrive, et en plus il ne tient pas à rester trop longtemps dans la même pièce que Maki et ses biceps.
— Mais bien sûr, ma chère amie ! À tout de suite.
Ni une, ni deux, Sukuna descend au magasin. Sans son portefeuille, mais c'est un détail. Il n'aura qu'à les voler.
Pendant ce temps, Nobara sert un café à Maki et s'affale sur son divan.
— Désolée Maki, je t'ai pas écoutée. Tu disais ?
Maki remue son café d'un air pensif.
— Tu te souviens de la semaine dernière, quand on a déjeuné ensemble et que tu désespérais de ne pas avoir de place pour la Fashion Week ?
Nobara essuya une larme imaginaire au coin de son oeil.
— M'en parle pas. À ce stade de ma carrière, il serait grand temps que j'ai une invitation. C'est tout ce qui me manque. Un coup de pouce.
Maki lui adresse un sourire carnassier.
— J'ai une solution.
— Je sais que dans une autre vie tu aurais été la femme de ma vie et que tu sais tout faire, mais là je vois pas comment -
— Mai a viré son styliste.
Nobara en lâche presque sa tasse. Elle ose à peine entrevoir l'opportunité que Maki lui suggère.
— Et tu penses qu'elle accepterait que… que je -
Maki lui fait un clin d'oeil et Nobara se retient de l'embrasser sur la bouche.
— J'ai bien plaidé ta cause et elle a accepté. T'as rendez-vous avec elle demain.
Nobara n'est pas assez réveillée pour pleinement réaliser ce qui est en train de se passer, mais il est évident qu'elle n'a pas une seconde à perdre.
— Tu me sauves, Maki. Vraiment.
— Me remercie pas trop vite. Tu l'as jamais rencontrée. Elle est insupportable.
Nobara l'entend à peine. Elle va habiller Mai Zenin pour la Fashion Week de Tokyo, et elle n'a pas la moindre tenue sous la main. Il faut qu'elle se mette au travail, immédiatement.
Ce qu'il faut savoir à propos de Mai Zenin, c'est que toutes les marques lui courent après, tous les créateurs la veulent comme égérie et que par conséquent, elle a l'embarras du choix, ce qui ne la motive pas à se montrer aimable.
Son appartement fait facilement le triple de celui que Nobara partage avec Sukuna. La décoration n'étonne pas Nobara. Des reproductions de photographies de mode dans une taille démesurée, mais aussi des clichés de motos et une guitare accrochent son regard. Mai ouvre la porte dans un de ces peignoirs réservés aux maîtresses dans les James Bond. Mais de toute évidence, ici, Mai est à la fois James Bond et la James Bond girl.
Elle propose du whisky à Nobara, qui accepte pour ne pas passer pour une fragile, mais qui sait que c'est une mauvaise idée à dix heures du matin lorsqu'on a passé la nuit à travailler.
— Alors, lance Mai. Qu'est-ce que tu proposes ?
Les jambes croisées, elle regarde Nobara à travers ses cils immenses. Cette dernière songe distraitement au fait qu'elle ne peut pas se permettre d'avoir un crush sur les deux jumelles Zenin. Se remettre de celui qu'elle a eu sur Maki a été suffisamment compliqué.
C'est Mai Zenin, personne ne peut me blâmer.
— J'ai amené plusieurs croquis.
— Très bien, fais-moi voir ça.
Nobara sort son classeur de son sac, celui qui contient une demi-douzaine de croquis qu'elle a soigneusement préparés et qui sont, à son avis, plus qu'intéressants. Elle a parfaitement conscience de l'opportunité que Maki lui a offerte et elle ne s'est pas présentée chez Mai Zenin pour lui montrer quelque chose qui ne soit qu'à moitié exceptionnel.
Au moment où Nobara se penche par-dessus la table basse pour lui donner le classeur, Mai tend la main mais n'esquisse pas le moindre effort pour franchir les trois centimètres qu'il lui manque pour l'attraper . Au lieu de ça, elle adresse un sourire narquois à Nobara, qui se remémore immédiatement les paroles de Maki, la veille.
Ne me remercie pas trop vite, elle est insupportable.
— Je vois, lâche Nobara en se levant pour lui fourrer le classeur dans les bras. On est trop fatiguée pour se lever ?
Mai hausse un sourcil, sans doute peu habituée à ce qu'on lui réponde sur le même ton, mais ne perd pas son sourire, loin de là.
— Je n'en voyais pas l'intérêt, répond-elle en ouvrant le classeur. Passons.
Nobara n'a jamais douté de la qualité de son travail. Même lorsqu'elle présentait des pièces franchement moyennes à sa classe durant ses premières années de fac, elle ne ressentait pas la moindre appréhension et se permettait même de dire sa façon de penser aux professeurs qui lui formulaient des critiques non méritées, selon elle. Alors lorsque Mai Zenin eut achevé de parcourir les pages et qu'elle leva les yeux vers elle en pinçant les lèvres, son sang ne fit qu'un tour.
Souviens-toi que tu fais ça pour ta carrière, songea-t-elle. Tu ne vas pas lui coller ton poing dans la figure, tu n'es pas un babouin sans le moindre self-control comme Sukuna. Tu es une femme dinstiguée -
— Je suis pas fan, déclara Mai.
— Ah bon ? Et tu pourrais développer ?
— Pour commencer, soupira Mai en se resservant un verre de whisky, je déteste le rose. Visiblement, tu n'as pas fait tes devoirs. Est-ce que tu m'as déjà vue en porter dans le moindre magazine ? A un quelconque défilé ? J'ai refusé d'en porter pour Kenzo et pour Givenchy alors tu penses bien que ce n'est pas pour toi que je ferai l'exception.
Peut-être que je ferais mieux de la tabasser, finalement. Elle accepterait peut-être, sous la torture.
— C'est ridicule, lâche Nobara. Mais passons. Si c'est tout ce qui pose problème….
— Ce n'est pas tout. Celle-là, on dirait une robe pour mamie. Tu m'as bien regardée ?
Mai sait que tout le monde l'a bien regardée. Y compris Nobara, sinon elle n'aurait pas mis ce peignoir.
— Oui, j'ai bien compris que t'étais une pétasse de base et pas une mamie, rétorque Nobara. T'es sûre que c'est pas ton styliste qui est parti et que tu l'as vraiment viré ?
— Dis-le tout de suite, si t'es pas à la hauteur.
— Qu'est-ce que t'as dit ?
Nobara se lève avec la ferme intention de lui coller son poing dans la figure. Au moment où elle se penche vers elle, Mai prend son menton entre son pouce et son index.
— J'ai dit que je ne mettrai aucune de ces tenues. Mais comme je suis d'humeur clémente, je te laisse une dernière chance pour me proposer quelque chose de convenable d'ici demain. Sinon je trouverai quelqu'un d'autre.
Nobara se dégage, à la fois parce qu'elle est enragée et parce que le parfum de Mai lui fait plus d'effet que le whisky qu'elle vient de boire.
— Qui te dit que je suis assez désespérée pour bosser avec une peste comme toi ?
— Maki.
À la mention de Maki, Nobara soupire et se détend instantanément. Maki est incroyable. Maki est une amie formidable, et elle lui a offert une chance qu'il serait stupide de gâcher. Même s'il lui faut supporter sa pétasse de soeur.
— C'est vrai. Maki est quelqu'un de bien, et je la plains d'avoir une soeur pareille. Dis moi, tu te prends pour qui ?
Mai éclate de rire, et en guise de réponse, elle désigne un immense cadre accroché au mur derrière elle. C'est une photo époustouflante d'elle-même en couverture de Vogue Japan, où elle arbore un air au moins aussi agaçant que celui que Nobara a en face d'elle actuellement.
— Ce soir, répète Mai en tapotant sa montre.
Avant de claquer la porte, Nobara lui lance : T'es bien plus moche en vrai qu'en photo, connasse !
Une fois dans l'ascenseur, Nobara soupire. C'est complètement faux, et Mai le sait très bien.
Comme d'habitude, les amis de Nobara ne sont d'aucune utilité. Yuji et Megumi ne savent faire qu'une chose : être des homos. Lorsqu'elle le leur fait remarquer pour la énième fois, Megumi lui rétorque qu'elle ne vaut pas beaucoup mieux. Yuji en profite pour glisser qu'au moins, elle va habiller une mannequin "super belle" et qu'elle ira à la Fashion Week. Pour le punir de voir le verre à moitié plein, Nobara lui renverse le sien au visage. Après ça, elle se bat avec Megumi et ils se font virer du restaurant.
— Vous comprenez pas, c'est une vraie pouffe ! s'écrie Nobara une fois qu'ils sont confortablement installés dans son appartement autour d'une bouteille de saké. J'ai dû refaire trois fois la robe avant qu'elle n'accepte mon idée. Et elle m'a donné une petite tape sur la joue en disant "au travail" comme si j'étais sa pute.
— Ça a me dérangerait pas d'être sa pute, ajoute Sukuna, qui s'est invité sans qu'on lui demande quoi que ce soit.
Tout le monde l'ignore, et Nobara prend son visage entre ses mains en marmonnant :
— Elle est insupportable.
— Vous avez ça en commun, fait remarquer son enfoiré de colocataire.
— Il a pas tort , pour une fois, renchérit Megumi.
Il regrette instantanément ses paroles lorsque Sukuna lui fait un clin d'oeil. Ce soir-là, Nobara n'en a rien à cirer que Sukuna soit assez con pour essayer d'allumer le petit-ami de son propre frère jumeau. Elle veut simplement se plaindre.
— T'as quand même traité Mai Zenin de connasse, dit Yuji. C'est déjà miraculeux que tu bosses toujours avec elle.
— Yuji, il faut appeler un chat un chat. Et Mai Zenin, c'est une connasse. Même si tu trouves qu'elle a de belles fesses.
— J'ai jamais dit ça ! se défend Yuji en regardant Megumi, qui s'en fout royalement.
— Tu trouves qu'elle a des belles fesses, Nobara, lui rétorque Megumi.
— Moi, commence Sukuna, je dirai que -
— On en a rien à cirer de ce que tu penses, Sukuna, crie Nobara. Et c'est faux, c'est une sale -
— Une sale pute, oui, on a compris, soupire Megumi. On peut changer de disque ?
Nobara sait que cette robe sera exceptionnelle. C'est celle que Mai portera pour l'ouverture de la Fashion Week, le seul où elle ne défile pas, ce qui veut dire que sa création sera vue par absolument tous les gens importants de l'industrie. Tout le monde a le regard braqué sur Mai Zenin quoi qu'il arrive, mais cette fois-ci, son objectif est de désintéresser chaque personne du podium, pour admirer les broderies mauves de cette robe exceptionnelle. La création correspond parfaitement à Mai cette fois-ci, Nobara s'en est assurée. Après avoir épluché son fil instagram et la moitié des magazines de mode dont elle a fait la couverture, elle lui a présenté un croquis qui lui a fait décrocher un sourire sincère. Elle est composée d'un body noir parsemé de broderies que Nobara va devoir passer des jours à faire à la main, et tout le reste de la robe n'est que voile transparent mauve et noir, ce qui est aussi osé que ce que Mai pouvait rêver. Cette poufiasse s'est aussi approchée d'elle pour lui murmurer "Tu vois quand tu veux, chérie" à l'oreille, ce qui a achevé de convaincre Nobara qu'elle était complètement timbrée.
En résumé, tout semble se passer pour le mieux, jusqu'au jour où Mai débarque chez elle à l'improviste pour constater ses progrès. Lorsque Nobara consulte l'interphone, elle se contente de grogner. Cette pouffe porte un manteau en fourrure motif léopard et des lunettes de soleil rouges, comme si elle tenait absolument à rester incognito de la façon la plus extravagante possible.
— Maki ? demande Sukuna, qui est à moitié nu, pendant que Nobara se sert de lui comme mannequin d'appoint.
— Non, sa jumelle démoniaque, grogne Nobara. Je vais faire comme si j'étais pas là.
— Mais non enfin, fais-la monter, sourit Sukuna en s'admirant dans le miroir en pied.
— Si tu crois qu'elle va te tomber dans les bras parce que t'es à moitié à poil…
— Quoi, t'es jalouse ?
Nobara lui jette un regard affligé et ouvre la porte de la résidence à Mai.
— Elle est lesbienne, j'en mettrais ma main à couper.
— Tu parles. Elle changera d'avis en me voyant.
— C'est ça, dit Nobara en s'observant rapidement dans l'appareil photo interne de son portable. Si te voir en slip rendait les gens hétéro, ça se saurait. J'en suis la preuve vivante.
Heureusement qu'elle a déjeuné avec Megumi ce jour-là et que par conséquent, elle n'est pas en jogging.
— Salut, lui lance Mai lorsque Nobara lui ouvre la porte. Comment se porte ma robe ?
— Moi aussi je vais bien, merci de le demander Mai, tu es tellement aimable.
— C'est ça, déclare cette dernière en contournant Nobara pour entrer dans l'appartement. C'est mignon ici.
— Salut, lui lance Sukuna avec son sourire de "séducteur" qui fait fuir à peu près tout le monde.
— C'est qui, ça ? lance Mai en le détaillant de la tête aux pieds, mais pas de la même façon qu'on détaillerait un mannequin, plutôt comme on observe un cafard disgracieux sur le sol de sa salle de bains.
— Ryomen Sukuna, se présente son imbécile de colocataire. Enchanté.
— Super, lâche Mai en enlevant ses lunettes de soleil. Nobara, où est ma robe ?
Nobara, qui n'apprécie pas plus que n'importe qui qu'on l'appelle comme un petit chien, l'ignore royalement et fait fais signe à Sukuna de revenir vers la table de la cuisine, où elle lui faisait essayer une chemise.
— Je sais pas si t'as remarqué, bâille Nobara en reprenant son aiguille, mais je suis occupée, là. Mais tu peux t'asseoir en attendant que j'ai fini.
Mai lève les yeux au ciel et se dirige vers le canapé, et s'y affale en posant ses talons de dix centimètres sur leur table basse.
Pourquoi elle met des talons ? enrage intérieurement Nobara. Elle est déjà immense.
Sukuna en profite pour se pencher et lui murmurer à l'oreille :
— Ah oui, tu déconnais pas.
— Je te l'avais dit, répond Nobara entre ses dents. Une vraie salope.
— Et alors, moi ça m'e-
— La ferme, ou je te plante mon aiguille à un endroit où ça fait mal.
— Vous avez fini vos messes basses ? lance Mai sans lever les yeux de son portable.
Nobara s'apprête à lui crier qu'elle n'a qu'à rentrer chez elle si elle n'est pas contente, mais Sukuna l'arrête d'un geste et lui murmure silencieusement :
— Jalouse. Elle est jalouse.
Nobara lève les yeux au ciel. Mai Zenin n'est jalouse de personne. Elle ne supporte tout simplement pas de ne pas être le centre de l'attention pendant plus de cinq minutes. Nobara ne parvient pas à se concentrer sur ce qu'elle fait avec Mai dans la même pièce - simplement parce qu'elle la fait enrager, précisons-le - et manque de piquer Sukuna plusieurs fois de façon involontaire. Alors qu'elle a pratiquement terminé son travail laborieux sur cette chemise, l'interphone la fait à nouveau sursauter.
— Aie, grogne Sukuna.
— C'est quoi, encore, marmonne Nobara en se levant.
Lorsqu'elle jette un oeil à l'interphone, elle est obligée de plisser les yeux pour vérifier qu'elle ne rêve pas.
— Euh, bafouille -t-elle. C'est normal que Kamo Noritoshi soit en bas de chez moi ?
Sur le canapé, Mai se fige.
— Qu'est-ce qu'il veut, celui-là ? Je vais l'appeler, lui ouvre pas.
— Tu crois que je vais pas ouvrir à Kamo Noritoshi ? lui crie Nobara. Tous les stylistes rêvent de le rencontrer, je vais le faire monter.
— Non, espèce de bécasse, c'est pas toi qu'il est venu voir ! s'écrie Mai.
— Si ça te fait chier j'ai une autre raison de le faire monter.
Sur ces mots, Nobara déverrouille la porte de l'immeuble avec un grand sourire.
— Ton manque de professionnalisme est à pleurer, grogne Mai. Tu sais que je pourrais trouver une autre styliste ?
— À deux semaines de la Fashion Week ? Fonce, lance Nobara qui bluffe complètement. T'avais qu'à pas te pointer chez moi sans prévenir. Il fait pareil, c'est le même tarif pour tout le monde ici.
— Je peux me rhabiller ? grogne Sukuna. Je vais finir par faire payer la visite.
— T'as pas compris, Sukuna ? J'ai dit pas de jaloux, peut-être que Kamo Noritoshi aussi a envie de te voir à moitié à poil, qui sait.
— C'est bien le genre en plus, grommelle Mai.
— Dans ce cas…
Lorsque Nobara ouvre la porte, elle constate que Kamo Noritoshi est aussi grand en vrai qu'en photo. Sur le moment, elle ne sait pas vraiment quoi lui dire. Elle ignore toujours ce qu'il fait ici et "je suis votre plus grande fan" est une phrase de loser.
— Bonjour, lance-t-elle, comme une idiote.
— Salutations, lance Kamo, qui est bien plus poli que Mai. Je m'excuse de venir vous déranger sans m'annoncer, mais il est urgent que je parle à Mai. Elle est là, n'est-ce pas ?
Nobara, qui est encore en train d'intégrer le fait que quelqu'un dise encore "Salutations" en 2021, le fait entrer et lui désigne le canapé où Mai est tranquillement en train de boire une bière qu'elle a volée dans son frigo.
— Kamo, lui lance- t-elle. Tu sais que c'est un comportement de psychopathe de me suivre jusqu'ici ? Je vais appeler les flics.
Kamo ne lui répond pas tout de suite, parce qu'il vient de remarquer qu'il y a un homme à moitié nu tranquillement adossé à la table de la salle à manger, en train de boire une bière, lui aussi. Sukuna, cette espèce d'ordure, lui lance le même sourire enjôleur qu'à Mai. Nobara a envie de s'enterrer.
— Bonjour, lui lance Kamo avec l'air hébété de quelqu'un qui a mis les doigts dans une prise.
— Salut, répond Sukuna en passant sa langue sur ses lèvres, ce qui a peut-être l'air sexy aux yeux de Kamo, mais qui donne envie à Nobara de vomir les quatre yaourts qu'elle a mangés au goûter.
Mai claque des doigts pour attirer l'attention de Kamo.
— On peut savoir ce que tu fous là ?
— J'attends des explications et des excuses, Mai. lui lance ce dernier. Tu ignores mes appels depuis dix jours.
Nobara commence vaguement à se sentir coupable. Et si Kamo était un pervers qui harcelait Mai ? Elle a beau ne pas la porter dans son coeur, elle déteste encore plus les hommes qui ne comprennent pas quand on leur dit non. Elle se place entre Kamo et Mai et lance à ce dernier :
— Y'a peut-être une raison, sans vouloir vous manquer de respect.
Kamo fronce les sourcils, et croise soudainement les bras.
— Ah, je vois. C'est par elle que tu m'as remplacé.
Nobara cligne des yeux. Hein ?
— Fais pas l'enfant, Noritoshi. On a besoin d'une pause, toi et moi.
Nobara échange un regard incrédule avec Sukuna, qui a l'air de beaucoup s'amuser. Les tabloids adoreraient l'échange qui se joue dans son appartement à cet instant précis, c'est certain.
— Mais de quoi vous parlez ? demande Nobara, qui ne comprend absolument rien à ce qu'ils racontent.
— Pas la peine de faire l'innocente, répond Kamo en croisant les bras. Je sais que c'est avec toi qu'elle m'a remplacée.
— Mais on couche pas ensemble, je me respecte un minimum ! dément Nobara.
À ce stade, Sukuna n'essaie même plus de cacher son hilarité. Mai la regarde comme si elle avait trois têtes et Kamo semble aussi choqué qu'un enfant qui entend un gros mot pour la première fois.
— Il parle de la Fashion Week, clarifie Mai avec un sourire qui ne plaît pas du tout à Nobara. C'était lui, mon styliste. Tu crois quand même pas que je coucherais avec Kamo ?
— Je ne coucherais pas avec toi non plus, rétorque Kamo.
— Moi par contre je suis dispo ! lance Sukuna en faisant coucou à Kamo, et Nobara essaie de se souvenir de l'endroit où elle range leur contrat de location.
— C'est vrai ? lui demande Kamo, soudainement très intéressé.
Sukuna cligne des yeux comme s'il n'avait pas envisagé qu'on le prenne au sérieux une seule seconde.
— Euh, ben oui, lâche-t-il comme un imbécile alors que Kamo s'approche de lui pour l'observer sous toutes ses coutures.
— Tu vas pas tomber aussi bas quand même, lance Mai, sans préciser si elle parle à Kamo ou à Sukuna.
— Je te signale que j'ai besoin d'un mannequin, et tant pis si ce ne n'est pas une femme. Tu n'es pas irremplaçable.
Cette fois-ci, c'est Nobara qui éclate de rire en voyant la tête de Sukuna.
— Ben tiens, ricane Mai. Pourquoi tu m'as suivie jusqu'ici, alors ?
— Je te l'ai dit, tu me dois des excuses.
— Je n'ai jamais présenté d'excuses à un seul homme et tu seras pas le premier, Noritoshi, répond Mai en battant des cils. Tu peux rentrer chez toi.
Kamo lève les yeux au ciel et se tourne vers Sukuna.
— Suis-moi.
Sukuna jette un regard apeuré à Nobara, qui lui fait un signe d'au revoir de la main.
— Euh, faut que je m'habille, bafouille Sukuna.
— Pas de temps à perdre, dit Kamo en lui tendant son manteau qui doit coûter trois fois leur loyer.
Sukuna, pour une raison qui échappe à Nobara, enfile le manteau et suit Kamo à l'extérieur. Peut-être qu'il se berce d'illusions et qu'il pense réellement que Kamo a pour objectif de coucher avec lui, et non pas de l'utiliser comme mannequin. Elle s'en fiche un peu, à vrai dire.
Pendant ce temps, Mai s'approche d'elle par derrière, telle une psychopathe, et pose son menton contre l'épaule de Nobara.
— Enfin seules, déclare-t-elle. Bon, tu me la fais essayer, cette robe ?
Nobara décide d'obtempérer uniquement parce qu'il faut qu'elle quitte cette pièce pour aller récupérer la robe dans son armoire. Elle l'a terminée la veille, mais Mai ne devait l'essayer que le lendemain. Heureusement qu'elle s'est organisée de façon à anticiper le moindre problème.
Cependant, malgré sa minutie et le temps qu'elle a passé à travailler sur cette création, le premier mot qui quitte la bouche de Mai est : Putain.
— Qu'est-ce qu'il y a ? soupire Nobara en toquant à la porte de la salle de bain où Mai est en train de se changer.
Mai ouvre brusquement la porte et lui désigne sa poitrine.
— C'est beaucoup trop serré.
Nobara n'intègre pas immédiatement ce que Mai est en train de dire parce que même si elle fronce les sourcils et qu'elle est une fois encore en train de se plaindre, elle est tout aussi belle que ce que Nobara avait prévu en concevant cette robe.
— Ah oui, répond-elle d'un ton distrait, sans détacher son regard de sa silhouette. En effet.
Mai fait cette chose qui insupporte Nobara au plus haut point et claque des doigts juste devant son visage.
— En effet, il va falloir régler ça. Tu sais pas prendre des mesures, ou quoi ?
— Quel genre de mannequin a autant de poitrine, aussi ? se défend Nobara. C'est la première fois que je vois ça.
— Du body shaming, maintenant ? De mieux en mieux.
— Alors je ne shame rien du tout, loin de là.
— Ouais, alors déjà regarde moi dans les yeux quand je te parle, et laisse moi te dire que si ton cerveau faisait la même taille que mes seins, peut être qu'on en serait pas là.
— Qu'est-ce que t'attends alors ? grogne Nobara, qui sent le rouge lui monter aux joues. Enlève la, que je puisse régler le problème.
— T'es dans l'encadrement de la porte, au cas où t'avais pas remarqué, rétorque Mai. À moins que tu veuilles que je me foute à poil devant toi comme ton colloc, ça a l'air de te faire kiffer.
Nobara lui claque la porte à la figure et décide d'aller manger un autre yaourt pour se calmer.
La Fashion Week a lieu dans dix jours. Elle doit se contenir et ne pas assassiner Mai Zenin avant cette date. Distraitement, Nobara se demande si Sukuna est encore en vie.
Sukuna ne rentre que le lendemain matin, l'air épuisé et dans des vêtements qui ne sont de toute évidence pas à lui. Nobara le regarde s'asseoir sur l'une des chaises de leur cuisine, le regard vide.
— Il m'a crevé, cet espèce de malade.
Nobara en recrache presque son café.
— Me dit pas que vous avez vraiment couché ensemble, je te croirais pas.
— Si seulement, gémit Sukuna. Il m'a fait essayer des fringues pendant des heures, et après il m'a dit que je devais arrêter de faire autant de musculation et il m'a donné une liste d'aliments à bannir de mon régime. Je vais mourir.
Nobara fronce les sourcils.
— Tu vas vraiment être son modèle ?
— Faut croire.
— Mais t'as même pas de vraie expérience. À part sur mon compte insta…
— Il a sorti des trucs complètement délirants, comme quoi il avait besoin de changement….Il est fou, je te dis.
— Et pourquoi t'as accepté ?
— À ton avis ? Parce qu'il m'a proposé une indécente somme d'argent.
— T'es une vraie pute, je sais pas pourquoi ça m'étonne encore.
— Pour ce prix-là, je serai sa pute avec plaisir. Peut-être qu'à force il finira vraiment par me proposer de coucher avec lui.
— Compte là-dessus, ricane Nobara. J'en reviens pas. Kamo Noritoshi. Je comprends pas pourquoi Mai l'a viré.
Il est l'héritier de la grande maison Kamo et possède autant de talent que les grands noms de sa famille avant lui. Même Nobara qui préfère les styles plus alternatifs a toujours été admirative de ses créations qui sont élégantes sans être ennuyeuses. Il n'y a vraiment que Mai pour renvoyer un styliste aussi doué.
Et elle t'a choisie à sa place.
Non, c'est Maki qui a suggéré qu'elle te choisisse, se ressaisit Nobara. Ne te fais pas d'idées. Si elle appréciait ton travail à sa juste valeur, elle se montrerait plus aimable que ça.
Noritoshi ne travaille pas du tout de la même façon que Nobara. Alors qu'elle lui demande de rester immobile pendant des heures par moments et où elle n'hésite pas à le piquer lorsqu'il bouge trop, Noritoshi ne lui demande de se déshabiller que lorsque c'est absolument nécessaire, et le touche de la même façon qu'il manipulerait un mannequin en bois, avec des gestes délicats mais qui ne laissent aucune place à une quelconque interprétation, au plus grand désespoir de Sukuna.
Ce dernier ne demande qu'à s'approcher plus près encore, parce qu'il a beau avoir été engagé pour rester aussi immobile qu'une statue dans un musée, il a l'impression d'être celui qui ne doit toucher à rien - et rien ne le tente plus que de s'approcher de l'artiste qu'il a en face de lui.
Noritoshi travaille en silence la plupart du temps, lui donne de temps en temps des instructions, le fait marcher d'un bout à l'autre de son immense appartement, et ne répond jamais aux blagues de Sukuna lorsque ce dernier l'accuse de mater ses fesses.
Ça ne l'empêche pas de parler sans s'arrêter, de tout et n'importe quoi, et Noritoshi n'a pas d'autre choix que de l'écouter.
— Pourquoi Mai t'as viré? lance t-il, un après-midi alors que le soleil décline derrière la baie vitrée de l'appartement de Noritoshi.
— J'ai bien l'impression qu'elle cherche à s'attirer les faveurs de ta colocataire, répond Kamo en fronçant les sourcils, alors qu'il réajuste le col de la chemise que porte Sukuna.
— Comment ça ? C'est sa soeur qui l'a suppliée de prendre Nobara comme styliste, non ?
Kamo lève les yeux pour croiser le regard de Sukuna.
— C'est peut-être ce qu'elle lui a raconté, mais je sais de source sûre que c'est faux. Quel manque de professionnalisme, franchement…
— Mais attends, elle savait qui était Nobara avant que Maki ne lui parle d'elle ?
— C'est Mai qui a supplié Maki de demander à Nobara de l'habiller pour la Fashion Week, et pas l'inverse.
— Tu te fous de moi, ricane Sukuna. C'est pas possible.
— Tu m'as déjà entendu plaisanter ? soupire Kamo. Arrête un peu de bouger.
Sukuna saisit délicatement le poignet de Kamo pour l'empêcher de toucher à son col.
— Attends, faut que tu m'expliques. Tu vas me dire que c'est Mai Zenin, le mannequin que tout le monde s'arrache, qui voulait absolument une robe de Nobara ?
— Pas la peine de remuer le couteau dans la plaie, déclare Kamo.
— Moh, sourit Sukuna. Sois pas déçu, tu la préfères pas à moi, quand même ?
Kamo scrute son visage, probablement pour essayer de comprendre s'il est sérieux ou non. Les gens doivent arrêter de faire ça - la plupart du temps, Sukuna lui-même n'en a aucune idée.
— On peut se remettre au travail, maintenant ? soupire Kamo, en baissant les yeux vers la chemise de Sukuna pour éviter son regard.
Sukuna prend son menton entre ses doigts et Kamo ne sait pas vraiment pourquoi il ne se dégage pas immédiatement.
— On est obligés ?
Kamo dégage sa main d'une pichenette et se remet au travail sans lui demander son avis. Mais Sukuna a vu son regard vaciller. C'est tout ce dont il a besoin pour l'instant. Il décide de se concentrer sur l'information croustillante qu'il vient d'apprendre concernant Mai et Nobara. Tout ça commence à devenir très intéressant.
Quelques jours plus tard, Sukuna trouve Mai assise sur la table de la cuisine de leur appartement, vêtue de la robe sur laquelle Nobara a passé des jours et des nuits. Nobara est en train d'ajuster un détail sur son épaule, aiguille à la main, aussi concentrée que si elle réalisait une opération à cœur ouvert. Mai fait à peine attention à lui quand il entre dans l'appartement, trop occupée à regarder Nobara s'affairer. Sukuna ne peut pas s'empêcher de remarquer qu'elle se tient très près de Mai, une main posée sur sa hanche pour garder l'équilibre et l'autre tenant son aiguille. Mai a pratiquement une jambe enroulée autour de la taille de Nobara, et si cette dernière n'avait pas été armée d'une aiguille, Sukuna aurait probablement lâché une blague de particulièrement mauvais goût.
Ce que Kamo lui a raconté ne fait plus aucun doute, à présent, et il ricane en se servant une bière dans le frigo.
— On peut savoir ce qui te fait marrer, gros naze ? lui lance Mai.
Sukuna termine sa gorgée de bière et la pose sur la table basse au ralenti, pour accentuer l'effet dramatique de sa prochaine réplique.
— Je pensais à quelque chose de très amusant que Kamo m'a raconté, tu veux que je le partage avec vous ? Il a eu une conversation très enrichissante avec Maki, récemment.
Sukuna doit avouer que voir le visage de Mai Zenin se décomposer petit à petit est la chose la plus satisfaisante qu'il a vue de la semaine. Heureusement pour cette poufiasse prétentieuse, Nobara est si concentrée sur sa tâche qu'elle ne les a même pas écoutés. Mai se contente de le fusiller du regard et Sukuna lui fait un clin d'oeil en retour.
Il a décidé de ne rien dire à Nobara pour l'instant, mais Mai peut estimer que ses jours sont comptés. Avec un peu de chance, elle aura le cran de le lui avouer avant que Sukuna ne vende la mèche. Pour être honnête, il n'en a pas grand chose à cirer, il a d'autres projets sur le feu. Notamment, trouver un moyen de convaincre Noritoshi de l'embrasser.
Son objectif premier avait beau être de se faire de la thune tout en envisageant la possibilité de coucher avec lui, Sukuna est visiblement devenu une petite pétasse qui lit des romans à l'eau de rose car il envisage désormais très sérieusement d'écouter Noritoshi lui parler de mode pendant des heures gratuitement, simplement parce qu'il commence à l'apprécier.
Il a beau être complètement taré et boire beaucoup trop de café, Sukuna doit dire qu'il ne déteste pas passer ses journées dans son appartement trop bien rangé à se faire habiller comme une poupée Barbie.
Quelques jours avant le début de la Fashion Week, Kamo est de toute évidence beaucoup trop stressé. Sukuna peine à comprendre pourquoi, car toute sa collection est terminée depuis des jours, et qu'il passe son temps à reprendre des détails vraiment débiles sur chacun de ses modèles et à tourner en rond dans son appartement comme un lion en cage. Finalement, un après-midi où il fait essayer la même chemise à Sukuna pour la cinquième fois sous prétexte que le tissu ne tombe pas parfaitement, ce dernier remarque que la main de Noritoshi tremble.
— Je peux savoir combien de cafés t'as bu aujourd'hui ? demande Sukuna en écartant délicatement la main de Noritoshi. Tu vas me planter l'aiguille dans le bras si tu continues.
— N'exagère pas, grogne Noritoshi. Allez, laisse-moi faire mon travail.
Sukuna l'ignore et saisit ses deux poignets.
— Comme je dis toujours à Nobara, tu ne peux pas remplacer toutes tes heures de sommeil par des tasses de café. Tu veux mourir à quarante ans ? Tu les auras bientôt.
— J'ai trente ans, Sukuna, arrête de me faire passer pour un vieux sénile sous prétexte que tu n'en as que vingt-huit.
— J'ai jamais été très doué pour respecter mes aînés, sourit Sukuna en haussant les épaules. Et change pas de sujet, faut que tu fasses une pause.
— Comme si j'avais le temps pour ça.
— Je sais que t'as pas l'air de bien connaître le concept de la pause mais tu tombes bien, c'est ma spécialité.
Noritoshi le laisse tant bien que mal l'entraîner jusqu'au canapé de son appartement, et hausse les sourcils lorsque Sukuna lui ordonne d'enlever sa chemise.
— Quoi, tu vas me proposer de coucher avec toi pour me détendre ? s'offusque Noritoshi.
— Pas du tout, s'esclaffe Sukuna. Je comptais te proposer un massage, mais si tu préfères ça…
— Tu sais faire les massages, toi ? demande Noritoshi sur un ton sceptique.
Sukuna acquiesce en croisant les bras comme quelqu'un qui sait ce qu'il fait.
— Ouais, j'ai passé un certificat pour devenir masseur.
Il ne précise pas qu'il n'est resté que trois semaines dans ce cursus. Cette technique a fonctionné sur quatre-vingt pour cent des gens qu'il a tenté de séduire avec ce bobard, alors ses talents ne doivent pas être si mauvais.
— Soit, soupire Noritoshi. Pourquoi pas.
Le sourire de Sukuna s'élargit alors que Noritoshi, contre toute attente, accepte d'enlever sa chemise, qu'il plie délicatement avant de la poser sur l'un des bras de son canapé. Sukuna en profite pour se rincer l'oeil parce qu'il est comme ça et qu'il ne changera pas. Au moment où Noritoshi croise son regard, Sukuna ne se donne même pas la peine de prétendre qu'il n'était pas en train de le mater. Il n'en pas besoin, car Noritoshi se penche vers lui et l'embrasse pendant quelques secondes absolument délicieuses durant lesquelles Sukuna se demande bien comment il a réussi à en arriver là.
Seule lui importe l'issue, ceci dit, alors il passe une main dans les cheveux de Noritoshi et l'attire plus près de lui, encore plus près que l'étaient Mai et Nobara lorsqu'ils les a trouvées dans la cuisine la dernière fois.
— Qu'on soit clairs, murmure Noritoshi quelques minutes plus tard, je sais que tu n'as aucune qualification pour masser quelqu'un, et c'est très dangereux de prétendre le contraire. Tu pourrais envoyer quelqu'un à l'hôpital en le massant n'importe comment.
— C'est promis. Maintenant embrasse-moi, répond Sukuna, qui ne sait honnêtement pas quoi dire d'autre, mais qui se doute que Noritoshi n'a pas enlevé sa chemise juste pour lui faire la leçon.
Nobara a prévu de se coucher tôt, pour une fois, lorsqu'elle reçoit le texto de Mai qui lui propose de la rejoindre à une soirée dans moins de deux heures. Décliner rien que pour l'emmerder est très tentant, mais il y aura probablement des gens intéressants de l'industrie dans le club où Mai compte l'emmener, et Nobara s'est acheté un pantalon en cuir absolument dément quelques semaines plus tôt qu'elle n'a toujours pas eu l'occasion de porter.
Sukuna est encore chez Noritoshi pour une raison qui ne l'intéresse pas le moins du monde alors elle se contente de laisser un mot sur le frigo avant de sauter dans un taxi pour se rendre à l'adresse que Mai lui a indiquée.
La boîte en question est plus branchée que toutes celles que Nobara a eu l'occasion de fréquenter avec ses contacts de l'industrie, mais elle n'est pas étonnée que Mai Zenin ait ses entrées partout. Cette dernière lui adresse un sourire qui n'augure rien de bon lorsqu'elle la retrouve devant l'entrée. Les néons roses de l'enseigne la nimbent d'un halo qui la rend presque...normale. Même si elle est tout aussi belle que d'ordinaire, dans ce pantalon qui brille comme une boule à facette et ce haut noir qui va sans doute valoir plusieurs "mes yeux sont juste ici" à Nobara ce soir, elle ressemble à quelqu'un que Nobara pourrait espérer embrasser dans les toilettes de la boîte à trois heures du matin.
Mais il s'agit de Mai Zenin, le top model le plus en vogue de Tokyo, et Nobara se rappelle une énième fois qu'elle la déteste.
— T'as pris ton temps, commente Mai en la détaillant de la tête aux pieds, exactement de la façon dont Nobara aime être détaillée. Mais t'as eu raison. Allez, viens.
Nobara ne sait pas vraiment ce qu'elle fait là, alors que Mai l'entraîne à travers une foule qui danse sur de la musique des années 2000. Mai et elle ne sont pas amies, et même si elle ne la trouve plus aussi imbuvable que lors de leur première rencontre, elle a un peu de mal à comprendre pourquoi cette dernière débarque à l'improviste chez elle en permanence et l'invite à ce genre de soirée. Peu importe. Tant qu'elle passe une bonne soirée gratuitement et qu'elle rencontre des gens influents, elle peut supporter la présence de Mai.
Mai leur commande à boire tout en tapant du pied au rythme de la musique, encore juchée sur des talons vertigineux. Même si Nobara porte aussi ses talons les plus hauts, elle est toujours obligée de lever les yeux vers Mai, ce qui l'agace prodigieusement.
— Alors, que me vaut l'honneur de cette invitation ? finit par demander Nobara en s'adossant au bar d'un air faussement nonchalant.
Il faut bien qu'elle se donne un air cool.
— Je me suis dit qu'après avoir passé autant de temps sur ma robe, tu devais avoir envie de te détendre.
— En ta compagnie ?
Mai lui tend sa boisson et lève les yeux au ciel.
— Tout le monde adore ma compagnie, ne fais pas semblant.
Nobara éclate de rire et manque de lui renverser sa boisson dessus.
— T'as respiré trop de laque à ton dernier défilé ? Tes propos sont assez incohérents, tu m'inquiètes.
Mai ne lui fait pas l'honneur de relever et se contente d'avaler son verre d'un trait. Nobara l'imite après un haussement d'épaules.
— Qu'est-ce que t'en dis ? lui lance Mai en s'étirant d'un air faussement innocent, comme si les yeux de dizaines d'inconnus n'étaient pas braqués sur elle.
Nobara ne fait pas exception.
— Pas dégueu, déclare-t-elle en faisant la moue.
— C'est bien ce que je pensais. On va danser ?
Comme à son habitude, Mai l'entraîne à sa suite sans attendre sa réponse. Nobara décide de se laisser aller et de l'imiter.
Il est impossible de ne pas remarquer le nombre de gens qui posent les yeux sur Mai. Nobara ne peut vraiment pas les blâmer, parce qu'elle est superbe, et que ces pauvres fous ne peuvent pas se douter de la personnalité terrible qui se cache derrière ce visage et ce corps si séduisant. Nobara sait tout ça, mais ses yeux se posent sur elle exactement comme ceux des autres.
Plusieurs personnes essaient de capter l'attention de Mai et de la détourner de Nobara, mais Mai fait comme s'ils étaient tous invisibles et attrape régulièrement Nobara par le bras pour la ramener vers elle. Nobara n'est définitivement pas assez ivre pour danser aussi librement qu'elle le ferait en temps normal, mais il est hors de question qu'elle montre à Mai qu'elle n'est pas aussi à l'aise qu'elle le prétend.
D'autres chansons et d'autres verres se succèdent, tant et si bien que Nobara et Mai se retrouvent affalées sur l'un des canapés du carré VIP, à observer la foule danser sur la piste en contrebas.
— Je suis déchirée, commente Mai en terminant un autre verre.
— Tu le dis, si t'arrives pas à suivre, lance Nobara en se servant un autre verre, alors qu'elle-même commence à voir flou.
— Tu parles un peu trop à mon goût, lui lance Mai en se penchant vers elle.
— Ah bon ? rétorque Nobara en s'approchant à son tour. Tu m'as invitée ici pour que je me taise ?
— Ce serait pas de refus, dit Mai en posant une main contre sa gorge.
Nobara a beau être à moitié ivre, elle n'est pas stupide au point d'ignorer ce qui va se passer dans les prochaines secondes. En revanche, elle est juste assez ivre pour faire taire la part de son cerveau qui est normalement programmée pour lui rappeler qu'elle ne supporte pas Mai Zenin. La part de son cerveau qui a très envie d'embrasser Mai est en parfait état de marche, ceci-dit.
Malheureusement, c'est le moment que Sukuna choisit pour faire sonner son portable. Il se passe une chose étrange au moment où Mai lit le prénom de Sukuna sur l'écran. Elle le lui prend des mains et le range dans sa propre poche.
— Je suis sûre que ce blaireau peut attendre.
Bien sûr que Sukuna peut attendre. Mais l'air de panique que Nobara a vu passer sur le visage de Mai l'interpelle tout de même. Ça a n'en est toutefois pas assez pour l'intéresser plus que la perspective de l'embrasser, ce que Mai s'empresse de faire.
La première pensée qui traverse l'esprit de Nobara est que tout le monde dans cette boîte et leurs familles toutes entières sont jalouses d'elle, et c'est un sentiment plutôt agréable. La seconde est le genre de chose qu'elle ne peut probablement pas affirmer avec une lucidité totale, mais au moment où Mai l'embrasse et où Nobara lui tire les cheveux pour l'attirer à elle, une autre part de son minuscule cerveau lui transmet l'information suivante : elle ne la déteste peut-être pas autant que prévu.
Elle la déteste un peu moins lorsqu'elles s'embrassent sur la banquette arrière du taxi qui les amène chez Mai et encore un peu moins contre la porte de sa chambre, alors qu'elle a perdu une de ses chaussures en chemin. Cette dernière ne lui manquera pas, elle a affreusement mal aux pieds de toute façon.
Lorsque Mai Zenin se réveille le lendemain matin, elle a une migraine abominable. Et celle-ci ne risque pas de s'arranger car elle entend la sonnerie d'un téléphone qui refuse de s'éteindre. En se relevant, elle constate qu'il s'agit de celui de Nobara, resté dans la poche de son pantalon, qui traîne quelque part sur le sol de sa chambre. Nobara, qui dort à poings fermés à côté d'elle. Mai se souvient brusquement que Sukuna a tenté de l'appeler la veille, et qu'il faut absolument qu'elle l'empêche de lui raconter ce que ce cafteur de Noritoshi lui a balancé.
Elle décline l'appel - ce n'est que Maki, elle s'en remettra - et s'emploie à essayer de deviner son code, grimaçant devant la luminosité de cet écran dans la pénombre de la chambre.
— On peut savoir ce que tu fais ? marmonne une voix ensommeillée quelques minutes plus tard.
— Rendors-toi, marmonne Mai.
— Rends-moi d'abord mon téléphone, lui ordonne Nobara.
Mai lève les yeux au ciel. Il est donc impossible pour Nobara de ne pas lui casser les couilles pendant plus de trois minutes.
— Non.
Mai sait très bien qu'elle est ridicule, que Sukuna l'a probablement appelée pour une raison qui n'a rien à voir avec elle la veille, et qu'il vit avec Nobara, ce qui signifie qu'elle n'a qu'à rentrer chez elle pour lui parler.
Elle essaie tout de même une dernière fois de deviner son code, et Nobara profite de ces quinze secondes pour se jeter sur elle et grimper sur son dos pour tenter de le récupérer.
— T'es complètement malade ! s'écrie Mai. Lâche m-
Nobara les a toutes les deux fait tomber sur le lit et empoigne son téléphone avec un cri victorieux.
— Maintenant, explique-toi, souffle Nobara près de son oreille. T'as peur que j'arrête de t'accorder mon attention dès que mon téléphone sonne ? Désolée de te dire ça, mais il faudrait songer à consulter, à ce stade.
— Rien à voir, connasse, grogne Mai.
— Paaarle, chantonne Nobara, ou je te laisse pas te lever.
— Je pourrais te foutre par terre si j'avais pas autant bu, sache-le. Je fais de la boxe, t'as vu mes abdos ?
— Oui, en détail hier soir, dit Nobara. C'est pas la question.
Mai soupire.
— C'est bon, je vais t'expliquer. Lâche moi, maintenant.
Nobara accepte après un court temps d'hésitation et finit par s'asseoir à côté d'elle. Mai lève les yeux vers elle et lâche :
— C'est moi qui ai demandé à Maki de te contacter pour la Fashion Week.
Nobara hausse les sourcils.
— Genre.
— C'est la vérité.
— Je sais pas ce qui m'étonne le plus, que tu saches qui j'étais ou que Maki ait accepté de me raconter des conneries les yeux dans les yeux.
Mai ferma les yeux. Maki lui parlerait probablement de cette histoire jusqu'à la fin de sa vie, en effet.
— Bref. Visiblement, elle a été expliquer tout ça à Noritoshi, qui l'a dit à Sukuna et -
— Attends, pause, comment ça Sukuna savait ?
— Va savoir, j'ai l'impression qu'il se tape vraiment Noritoshi.
— Il est tombé bien bas.
— J'en ai pas grand chose à foutre, mais Noritoshi n'est pas franchement un cadeau non plus. Ils se sont sûrement bien trouvés.
Mai évite toujours le regard de Nobara, qui se penche immédiatement vers elle pour lui adresser un sourire qui est aussi agaçant qu'attendrissant.
— Mais alors, tu aimes vraiment mon travail.
Mai lève les yeux au ciel pour éviter de penser au nœud qui vient de se former dans son estomac.
— Bien sûr.
— "Bien sûr" dit-elle comme si elle ne m'avait pas fait recommencer vingt fois sa tenue, "Bien sûr" dit-elle alors qu'elle m'a dit que tout ce que je lui avais proposé était affreux le jour de notre rencontre…
Mai prend son visage entre ses mains et la regarde droit dans les yeux.
— Je voulais voir jusqu'où tu étais prête à aller. Je suis une connasse et il va falloir faire avec.
— Je te hais, déclare Nobara en posant son menton contre son épaule.
Mai soupire. Elle ne veut surtout pas que Nobara s'en aille.
— C'est pas mon impression.
Nobara l'embrasse sur la joue. Mai ne la supporte pas, mais elle refusera de la laisser partir avant de lui avoir fait prononcer les mots "Oui, j'accepte de sortir avec toi.". C'est une connasse et il faudra faire avec.
Et voilààà, Lou-Anne j'espère que t'as kiffé j'ai fait de mon mieux pour écrire ce ship au potentiel exceptionnel (même si j'aime pas Mai) ON EST LA
Bisous bisous
Aeli
