CES LIENS QUI NOUS UNISSENT.

Dans une vie postérieure, Levi et Erwin, agents du FBI, se rencontrent à nouveau, d'une autre manière mais avec autant d'étincelles que la première fois.

[EruRi - Policier/Romance - modern AU -Rating T pour le langage]


I. PARTENARIAT IMPROBABLE (LEVI)

LE coup de fil n'aurait pas pu tomber à un pire moment. Ça me fout en rogne et je maudis mentalement le mauvais timing alors que je suis affalé dans ma baignoire.

Recouvert de sueur après avoir essayé de vaincre ma frustration dans la salle de gym du Bureau de Baltimore, je me suis empressé de rentrer chez moi pour me laver -hors de question d'utiliser les douches cradingues communes. J'observais les feuilles des arbres du jardin onduler sous la brise à travers la fenêtre, sans avoir l'intention de bouger dans un futur proche.

Du moins jusqu'à ce que mon téléphone se mette à sonner avec insistance.

Avec un profond soupir, je tends la main pour l'attraper.

-Ackerman, je réponds sèchement, sur un ton traînant, ne cachant pas mon agacement.

-Agent Ackerman, le directeur Shadis veut vous voir, m'informe une voix très professionnelle, que je reconnais aussitôt : il s'agit de la secrétaire de mon supérieur.

-Quand ?

-Agent Ackerman, le directeur de la Division des Enquêtes Criminelles n'appelle pas pour prendre rendez-vous. Il vous attend dans une demie heure.

-Une demi-heure ! Je grommelle. Est-ce que vous avez une idée de l'endroit où je me trouve ?

-Je ne veux pas le savoir, me répond la secrétaire sur le même ton plat et bureaucratique, avant de raccrocher.

Je ferme les yeux et frappe mentalement quelque chose. Toute cette énergie dépensée dans le but de me détendre foutue en l'air ! Ça a vraiment intérêt à être important.

Je sors à contrecœur de la vasque et me prépare en vitesse pour gagner mon lieu de travail.

...

Je perçois la secrétaire m'envoyer un regard par-dessus ses lunettes lorsque je passe le pas de la porte, me faisant clairement comprendre qu'elle ne m'apprécie pas. Parfait, c'est réciproque. Elle relève le menton et me détaille de haut en bas, son petit nez se plissant devant mon apparence. Je suis parti précipitamment alors j'ai pris ce que j'avais sous la main.

-Vous êtes en avance, dit-elle avec une touche de surprise dans la voix.

Je la scrute à mon tour de haut en bas et penche la tête sur le côté en plissant légèrement les yeux.

-J'ai utilisé le gyrophare, je réponds avec un rictus.

Elle renifle et jette un coup à ma veste en cuir usé et mon jean noir délavé. Mon tee-shirt semble plus particulièrement heurter sa sensibilité, même s'il est parfaitement propre. Il est rouge avec les mots "Tu as le droit de garder le silence, alors FERME TA GUEULE !" en grandes lettres blanches sur le devant. Elle émet un petit bruit insultant en me regardant. Je l'ignore, ricanant mentalement, la laissant avec son air scandalisé et me dirige vers la porte du bureau du directeur.

-Vous ne pouvez pas encore entrer ! Tempête-t-elle en se levant brusquement de son bureau.

Je m'arrête et me retourne pour la regarder, puis pose ma main sur la poignée avec défi et l'actionne avec un petit sourire en coin. Elle ouvre et ferme la bouche puis se précipite vers l'interphone pour m'annoncer avant que je n'entre dans le bureau.

Keith Shadis lève la tête avec surprise et agacement en me voyant entrer sans m'être annoncé.

-Vous vouliez me voir, monsieur, dis-je, les mots professionnels mais le ton insolent, comme à mon habitude.

-Asseyez-vous, m'ordonne l'homme chauve en me désignant un siège de la pointe de son stylo. Nous attendons quelqu'un d'autre.

Je me dirige vers le siège et me laisse presque tomber dans le fauteuil, posant une jambe sur mon genoux, en prenant un air ennuyé.

-Quelqu'un d'autre ? Est-ce que je vais me faire lyncher ?

-Si vous parvenez à vous taire pendant les trente prochaines minutes, il se pourrait que vous ne passiez pas la nuit en prison, qu'en dites-vous ? Me répond Shadis sans lever le nez des papiers qu'il est en train de signer.

Je vois qu'il n'est pas d'humeur, alors je préfère garder le silence pour éviter de le faire sortir de ses gongs comme je sais si bien le faire.


II. PARTENARIAT IMPROBABLE (ERWIN)

-Félicitations, agent Smith. Vous êtes un véritable atout pour le Bureau, déclare le directeur de la cyber-division, en me serrant la main, votre travail ici était irréprochable, une mention ira naturellement dans votre dossier.

-Merci, monsieur, je réponds sobrement tandis que mes futurs ex-collaborateurs murmurent des félicitations légèrement réticentes.

-Vous êtes promu hors de la division. C'est avec tristesse que je vous vois partir, ajoute-t-il en continuant à me serrer vigoureusement la main.

Je serre sobrement la sienne, en revêtant un masque de pur professionnalisme afin de cacher les pensées brutalement honnêtes qui m'abrite.

-Vous me connaissez Monsieur, je cherche toujours à être là où je serai le plus utile pour le Bureau.

-Voilà ce que j'aime entendre ! Faites donc vos au revoir et montez à l'étage. Le directeur Shadis souhaite vous voir dans dix minutes.

Je garde un air neutre, ne nourrissant aucune fierté envers les louanges de mon supérieur tandis que je me retourne et passe à côté des autres agents avec lesquels j'ai travaillé dans le service s'occupant de poursuivre la cybercriminalité. Je m'entendais plutôt bien avec eux si on considère que je faisais mon travail -et quelques fois le leur- avec une attention complète et totale. Je sais que certains d'entre eux sont aussi heureux de me voir partir que je le suis moi-même. Mon strict respect des règles et mon esprit logique pour atteindre mes objectifs ont souvent été mal perçus par ceux qui m'entouraient. J'ai un objectif personnel, plusieurs en fait, et c'est tout ce qui m'importe. Aucun d'entre eux ne consiste à rester plus longtemps que nécessaire ici.

Serrant quelques mains au passage et endurant des "désolé de te voir partir" accompagnés de petits tapes dans le dos, je prends congés, impatient de savoir ce que le directeur des Enquêtes Criminelles a en réserve pour moi. J'ai travaillé très dur pour avoir cette promotion. Le fait que l'homme veut me voir immédiatement est sûrement un bon signe.

Je fais un arrêt dans les toilettes pour arranger ma cravate et m'assurer que mes cheveux blonds sont bien coiffés. Le costume que je porte est parfaitement adapté à mon mètre quatre-vingt huit, mais ne cache rien des muscles qui jouent sous le tissu. Ce n'est pas un corps d'homme qui se trouve habituellement derrière un bureau. Fait qui m'était constamment rappelé lorsque mon regard se promenait sur les agents légèrement boudinés travaillant autour de moi. Je finis par me détourner de mon image, satisfait, et boutonne ma veste avant de me diriger vers l'étage supérieur.

J'entre dans le large bureau et voit la secrétaire se rasseoir, apparemment troublée. Je m'arrête et croise les mains dans mon dos.

-Madame ? Je demande poliment, comme elle ne semble pas m'avoir encore remarqué.

Elle sursaute et lève des yeux surpris vers moi.

-Agent Smith, merci d'être venu si vite, dit-elle en me détaillant des pieds à la tête, hochant d'un air approbateur à la vue de mon costume bleu et ma cravate de soie. Vous pouvez entrer.

-Merci, Madame.

Je me dirige donc vers le bureau tandis qu'elle m'annonce à l'interphone. Shadis lève la tête de ses papiers qu'il est en train d'étudier et me fait signe.

-Entrez, Smith. Nous avons beaucoup de choses à débattre, dit-il.

-Oui, Monsieur, je réponds tout en me dirigeant vers le siège libre qu'il m'indique. Mes yeux suivent son regard. Un seul clignement de paupières trahit ma surprise. L'homme -j'ai d'abord cru à un enfant, il n'est ni très grand, ni très épais- assis en face de lui me fixe avec des yeux d'un gris aussi tranchant que de l'acier. C'est peut-être une sorte d'informateur, il en a l'apparence en tout cas.

Je me concentre de nouveau sur le directeur, attentif.


III. PARTENARIAT IMPROBABLE (LEVI)

J'étudie le nouveau venu, les bras croisés sur mon torse et, bordel, ce type semble tout droit sorti d'un magazine de mode.

-Qu'est-ce que vous comptez faire ? Je ne peux m'empêcher de balancer à Shadis avec sarcasme. Un manuel explicatif ? Avant et après ? Je suggère avec une ironie désabusée en désignant ma personne puis l'autre homme.

-Oui. Vous êtes assis avant de vous faire virer et il prendra votre place après votre départ, qu'il me répond, le regard dur.

Je serre les lèvres et baisse calmement les yeux sur le bureau avant de les relever avec défi vers Shadis. Il soupire et se renfonce dans son fauteuil.

-Heureusement pour vous Ackerman, vous avez plus de vie qu'un chat. Et vous avez une autre chance de nous prouver que vous pouvez faire ce travail sans tout foutre en l'air. Je ne le redirai pas, parce que seul Dieu sait que vous allez finir par vous faire tuer. Je vous présente votre nouvel équipier, l'agent Erwin Smith.

-Shadis, je commence impulsivement, me redressant sur mon siège en m'agrippant aux accoudoirs. Je ne peux pas travailler avec un équipier qui... à l'air d'une gravure de mode, je bafouille en colère en désignant l'homme tiré à quatre épingles assis à côté de moi.

Cette grande perche reste muette comme une carpe, attendant gentiment quoi ? Qu'on lui dise quoi faire comme un bon toutou ? Je le déteste déjà. A l'instant même où je l'ai vu, j'ai senti la haine s'enflammer comme un brasier en moi. J'sais pas pourquoi. C'est toute cette prestance, cet aspect lissé, sa tête de premier de la classe, ça m'hérisse au plus haut point. Il a l'air chiant au possible. S'il commence à me donner des ordres et étaler sa science, je vais pas le supporter longtemps je le sens. Ça va me démanger de lui refaire la figure.

-Et vous ne pouvez pas travailler sans équipier non plus, claque Keith, le regard dur.

Apparemment le vieux en a marre que je lui coure sur le haricot. Il faut dire que j'ai toujours eu du mal à respecter la hiérarchie et je déteste qu'on me dise comment faire mon travail. Je le fais, plutôt efficacement d'ailleurs, mais à ma façon, n'en déplaise à mes collaborateurs. Sans m'y attendre, le blondinet se met à parler, mais il ne s'adresse pas à moi, ne me regarde même pas un instant.

-Monsieur, il paraît évident que cet agent a besoin de plus que je ne peux lui donner. Honnêtement, il faudrait un miracle pour le faire paraître professionnel. Personne ne pourra le prendre au sérieux.

Alors là, c'est la meilleure. Tu me prends pour qui, sale lèche-cul ?

-Me prendre au sérieux, je réponds en le fusillant des yeux. Est-ce que ces chaussures ont jamais vu un trottoir ?!

Réalisant une chose, je suis pris de panique un instant et me tourne vers le chauve qui me sert de supérieur.

-Vous m'envoyez tout de même pas à la cybercriminalité ?

Cet enfoiré de Keith sourit comme un enfant le jour de Noël.

-Le ton de votre voix implique qu'enquêter sur le crime et le terrorisme technologique n'est pas à votre niveau, me sort platement le blond en soutenant mon regard. Peut-être devriez vous présenter votre démission ?

-Ferme-là toi, j't'ai pas sonné, je gronde avec un air menaçant.

-Silence tout les deux ! Aboya soudainement le vioc'. Levi, tu restes à la criminelle jusqu'à ce que tu te fasses tuer ou que tu fasses quelque chose de tellement illégal que même moi je ne pourrai pas couvrir, c'est clair ? Smith, vous devez vous assurer qu'il ne fasse aucune de ces choses. Compris ? Et vous allez prendre tout deux plaisir à le faire.

Je sens mon estomac se retourner et ma colère enfler quand je réalise qu'on m'a assigné une baby-sitter et que je ne peux rien y faire. Bon, c'est toujours mieux que d'être viré... ou emprisonné. Je prends une grande inspiration pour me calmer. Très bien, puisque je ne peux pas contester cette fichue décision, je ferai de mon mieux avec ce merdier, puis je laisserai cet agent derrière moi, comme je l'ai fait avec les autres avant lui. C'est ça ou me faire descendre en flammes.

-Je m'attends à ce que vous appreniez l'un de l'autre, nous informe notre supérieur, sa sympathie allant à mon... nouvel équipier imposé. Et que vous effectuez votre nouvelle mission avec efficacité, ajoute-t-il en faisant glisser un dossier sur son bureau vers nous.

Je m'empresse de l'attraper avant l'autre agent et l'ouvre afin de parcourir rapidement les fiches des yeux.

-Vous nous mettez sur l'affaire des trois Etats ? Je demande tout à coup, l'incrédulité colorant mes paroles comme je lève les yeux pour regarder Shadis.


IV. PARTENARIAT IMPROBABLE (ERWIN)

-Vous nous mettez sur l'affaire des trois Etats ?

Je me raidis en entendant mon nouveau partenaire prononcer ces paroles. Je connais l'affaire des Trois Etats. Bon sang, tout le monde ici connait l'affaire. Un tueur en série vraiment effrayant qui apparait et disparait depuis deux mois maintenant à New York. Deux corps ont été découverts à la frontière de l'état, ce qui laisse à penser que l'assassin les a disposés là intentionnellement pour impliquer le FBI. Et, plus récemment, le tueur a eu deux de nos agents, donc le Bureau est désormais personnellement concerné...

Mon regard glisse vers l'homme nerveux à côté de moi. Très bon dans son travail, a dit Shadis. Ce qui me laisse conclure qu'il a dû s'agir d'un travail d'infiltration. La drogue ou le crime organisé. Ce qui explique sûrement son apparence. Mon esprit commence à bourdonner, calculant de quelle façon nos compétences pourraient être complémentaires.

-C'est ça, lui répondit le directeur, en tapant son stylo sur son bureau. Et vous êtes attendu au bureau de New York, convenablement vêtu Levi, à 11 heures lundi. C'est clair ?

Comprenant que l'entretien est fini, je me lève en hochant la tête.

-Oui, Monsieur.

Mon récent travail s'est peut-être passé dans un laboratoire de haute technologie, ce n'est absolument pas la seule chose que je sais faire, et je compte bien mettre mes compétences à profit. Mais je ne peux m'empêcher de penser à ce Levi comme à un serpent prêt à me mordre dès qu'il en aura l'occasion, empoisonnant la relation que l'on se doit de construire afin d'assurer la réussite de notre enquête. Il n'y a rien de plus important que protéger les arrières de son équipier mais encore faut-il avoir confiance en l'autre. Je sais déjà que ça ne va pas être facile. Je peux même affirmer que ce sera plus que difficile. Mais c'est aussi une opportunité en or. Si nous parvenons à effectuer ce travail, cela pourrait m'emmener loin.

L'agent Levi reste assis et fixe Shadis pendant un long moment avant de se lever et de s'approcher lentement du bureau. Il y pose ses deux mains et se penche en avant.

-Vous me connaissez mieux que ça, Keith, murmure-t-il. Mes équipiers ne font jamais long feu.

-Il vaudrait mieux pour vous que celui-ci dure plus longtemps, lui conseille Shadis sans sourciller devant le ton d'insubordination. Maintenant, rentrez chez vous.

Leur voix sont basses mais j'entends le principal. Je me retourne pour sortir. Ce Levi doit être une sorte de superstar pour que le directeur accepte ce comportement. Levi Ackerman... En réfléchissant bien, j'ai dû entendre des rumeurs à son propos à un moment donné. Plusieurs fois, même.

J'entends des pas précipités derrière moi. Levi me rattrape et se poste devant moi en me fixant d'un air méprisant tandis que la secrétaire renifle avec désapprobation -Ah, je comprends maintenant son attitude à l'égard de mon apparence. Je m'arrête et baisse les yeux vers lui car je le surplombe d'au moins vingt bons centimètres. Il est vraiment petit et frêle, pour un agent.

-Okay, plus vite ce sera fait, plus vite on pourra reprendre chacun notre chemin. Compris ? Déclare mon nouvel équipier.

Je ne prends pas la peine de lui répondre. Il semble que peu importe ce que je puisse dire, il me rabrouera. Et je n'ai pas besoin d'augmenter son taux d'inimitié à mon égard dès à présent.

-Puis-je voir le dossier, s'il-vous-plaît ? Je demande à la place poliment en tendant la main.

-Trouve-toi l'tien, répond Levi avant de se détourner et de sortir du bureau.

Je reste planté là un moment, l'observant disparaitre dans la cage d'ascenseur. Levi est un petit homme grossier, insubordonné, taciturne et j'allais devoir trouver un moyen de le calmer, pour le bien de l'humanité.


A suivre... ?

Cet OS est un premier jet pour une possible fanfiction beaucoup plus longue qui racontera le développement d'une romance entre Erwin et Levi et le déroulement (entre autre) de l'enquête citée plus haut. Je n'ai pas encore décidé si le point de vue se fera par un narrateur externe ou par celui des personnages.

J'essaierai un maximum de ne pas dénaturer le caractère des personnages (c'est-à-dire de les faire moins OOC possible) bien qu'ils soient transposés dans notre monde actuel (Modern AU policier). Il y a d'ailleurs des chances qu'il y ait des liens avec la série.

Cette histoire est fortement inspirée de la série Ty Zane.