"L'amour est un don, jamais une question."

Skaikru et Trikru, le récit d'une guerre mortelle ayant débutée il y avait des millénaires de cela. Si bien que plus personne ne connaissait vraiment la raison de telles effusions de sang. Mais personne n'osait élever la voix pour arrêter les massacres. Une fierté mal placée ? Bien des dirigeants pensaient que faire le premier pas était un aveux de faiblesse et que, par conséquent, ils préféraient continuer la guerre, peu importe l'or qu'elle pouvait coûter ou les hommes qu'elle pouvait emporter.

Au milieu de toute cette violence, deux femmes : Clarke Griffin, la fille du chef des Skaikru et Lexa, la Générale des armées des Trikru, liées par une chose incontrôlable, un lien dangereux qui pourrait les faire tuer toutes les deux : l'amour.

Ce qui les attirait l'une envers l'autre était plus fort que la guerre, le sang, les combats et les souffrances. Elles étaient, malgré tout, consciente que, cette attirance pouvait les condamner à n'importe quel instant. Elles y pensaient souvent à cette sentence, puis leur désir reprenait le dessus et elles oubliaient finalement qu'elles pouvaient mourir de leur amour. Une histoire à la fois belle et mortelle. Une insolence que d'oser se dresser contre les règles de leurs clans. Une trahison de leurs serments respectifs.

Entre les murs de cette forteresse, je me sens prisonnière. Mes parents ne m'adressent plus la parole, trop occupés à planifier le massacre du prochain village Trikru. Je fais de mon mieux pour déjouer leur plan mais ma sécurité devient de plus en plus menacée.
Lexa, mon amour, je te conjure par cette lettre, de prendre garde à toi.

Clarke glissa le morceau de papier dans une enveloppe qu'elle scella de son sceau personnel. Puis, elle la remis à une femme qu'elle fit passer par une porte dérobée menant à ses quartiers.

— Je ne vous remercierai jamais assez, Octavia, pour tout ce que vous faites. Mais je vous conjure de rester en vie. Si jamais vous vous faites prendre, dénoncez-moi, ce sont mes responsabilités.

— Aucune chance Ma Dame, vous avez mon entière loyauté jusqu'à ma mort.

La jeune femme s'engouffra ensuite dans le sombre passage et disparut dans l'ombre. Le regard de Clarke persista à observer les ténèbres longuement après le départ de celle qui faisait partie de sa garde personnelle. Elle avait toujours cette appréhension qu'elle se fasse attraper ou que Lexa se fasse tuer sur le lieu de rendez-vous. Il y avait tant de risque à prendre en compte et tant de paramètres à calculer.

Elle finit par soupirer et referma le passage. Elle remit tout en place puis ses yeux firent le tour de ses quartiers. Elle se rendit compte qu'elle pouvait tout perdre. Absolument tout. Cette soudaine réflexion l'assaillit de questionnement. Qui ne trouvait qu'une seule réponse : N'importe où avec elle.

Le temps s'en allait dans les printemps guerriers où des vies de fils et filles étaient arrachés à leur terre. Eux, qui rêvaient de révolution, de changement. Eux, qui rêvaient que cette guerre ne s'arrête. Le jour de gloire était encore à rêver. La rébellion des peuples n'étaient qu'utopie. La faute à la propagande des puissants et à l'éducation des enfants.

Lexa était sur les champs de bataille depuis ses 16 ans. Elle avait vu tant de vie s'éteindre dans les regards de ceux qui avaient eu le malheur de s'empaler sur son épée. Elle avait vu tant des siens tomber. De sang couler. De guerriers hurler. De village massacrer. Les horreurs que cette guerre provoquait : c'était son quotidien.

Puis un jour, une jeune fille à la chevelure d'or était apparue. S'interposant entre un guerrier fou furieux et un enfant qui n'était même pas en âge de comprendre ce qui lui arrivait. Elle n'était pas armée et n'avait pas l'allure d'une guerrière, pourtant, elle n'avait pas hésité une seule seconde.

Et cette fille, malgré elle, lui avait redonné l'espoir : de la bonté existait encore dans le cœur des hommes. Des gens étaient encore prêt au sacrifice ultime pour l'autre, même si celui-ci n'était pas de son sang ni de sa chair.

Elle resplendissait tellement que les astres pâlissaient devant son sourire.

— Vous allez bien ? s'enquit Lexa en la voyant blesser.

— Je n'ai besoin de l'aide de personne ! s'exclama la blonde en se tenant fièrement.

Lexa leva les yeux au ciel et d'un geste rapide toucha la tâche de sang sur la robe de celle-ci. Clarke hurla de douleur. tout en se tenant la partie qui lui était douloureuse.

— Mais vous êtes complètement folle ! Vous êtes tous aussi sauvage dans ce coin ?

En observant la main de Clarke, Lexa constata qu'elle portait le sceau des Griffin mais ne releva pas cette découverte, bien trop envoûtée par la femme sous ses yeux.

— Et vous, vous êtes tous menteur d'où vous venez ?

Lexa arqua un sourcil devant la mine outrée de Clarke.

— Ce n'est pas une manière d'aborder une jeune femme !

— C'est vous qui osez dire ça alors que vous m'avez envoyé boulé au moment où je souhaitais simplement prendre soin de vous ?

Clarke se renfrogna tout en se sachant parfaitement en tort. Elle finit par laisser Lexa prendre soin d'elle et les deux jeunes discutèrent longuement.

10 longues années de combats acharnés, pour la plupart, dénués de sens. Lexa commençait à perdre la raison quand elle eut rencontré Clarke. Aujourd'hui, elle avait retrouvé une lueur d'espoir, une raison de se battre ; pour Clarke, celle qui faisait battre son cœur.

L'angoisse lui tiraillait les entrailles. Et si les parents de Clarke apprenaient pour elles ? Le fait qu'il s'agissait de leur fille ne la sauverait pas. Bien qu'elle était de la famille royale, elle n'était pas au-dessus des lois et si le peuple pouvait perdre sa tête en étant surpris avec l'ennemi, ils réclameraient celle de la princesse. C'était une certitude qui tordait l'estomac de Lexa de douleur.

Elles n'avaient aucune solution. Si elles s'enfuyaient, leurs clans enverraient des traqueurs à leur recherche, puis se cacher n'était pas une solution viable. Il n'y avait aucune chance pour elles de trouver la paix si jamais elles optaient pour cette option.

Ce fut alors qu'une soudaine idée envahit l'esprit de Lexa. Néanmoins, elle savait que Clarke la tuerait pour avoir pensé à cela. Mais il y avait tant d'amour que la vie lui avait volée. Elle n'avait pas envie que cela ne se reproduise avec Clarke. Puis elle était une princesse et Lexa n'était pas née de la dernière pluie. Elle savait pertinemment que ses parents chercheraient à la marier à un de leurs généraux ou un des fils des nobles de leurs clans. Ensuite, ils voudront qu'elle enfante des héritiers pour perpétuer la dynastie.

C'était une chose inconcevable pour Lexa, mais c'était surtout une chose qu'elle redoutait. Elle avait terriblement peur que Clarke préfère une vie riche et calme. Elle, elle ne pouvait pas lui offrir cela. Sa richesse s'arrêtait à son cheval, son armure et son épée et le calme, Lexa ne l'avait plus croisé depuis ses 16 ans.

Clarke, ma bien-aimée, que les secondes sont longues lorsque je ne les passe pas en votre compagnie. Comme vous le savez, j'ai dû mal à m'exprimer, mais je vais essayer, pour vous et pour vous prouver que je ferais n'importe quoi pour notre amour. J'écris cette lettre à la lueur de ma bougie. Peut-être sera-t-elle la dernière, je l'ignore. Que les jours sont fades et que les nuits sont cauchemardesques quand je les passe loin de vos bras et de votre cœur qui bat. Je garde chacun de vos écrits au creux de mon âme pour la purifier et m'empêcher de sombrer dans la folie. Les batailles me détruisent peu à peu et la peur de mourir avant d'avoir pu vous embrasser une dernière fois me brûle de l'intérieur.
Clarke, ma douce, je suis à bout. Le sang et la violence me répugnent. Dix ans que je rampe dans la boue. Dix ans que je dois me battre pour survivre. Je n'en peux tout simplement plus. Il faut que tout ça, s'arrête pour de bon. J'en ai assez de survivre, il doit venir le temps où nous devrions pouvoir vivre sans crainte de l'avenir. Nos dirigeants sont aveugles, cette guerre a beau coûter des milliers de vies, ils n'en ont que faire, tant que leurs majestés ont leurs beuveries au dîner.
Clarke, mon amour, je n'ai pas de doute sur la nature des sentiments que je ressens à votre égard. Vous êtes l'élue de mon cœur, je vous aime à en damner les dieux. Qu'ils en soient témoins, je me battrai pour vous, toujours. Au nom de cet amour, de votre vie et de la mienne, de celle de nos frères et sœurs, il me faut faire le sacrifice ultime. Je dois me rendre en votre capital pour négocier la paix avec vos parents. Mes dirigeants préfèreraient mourir que de faire le premier pas et je meurs de devoir me tenir loin de vous. Il me faut agir. Cette guerre ne peut plus continuer.
Clarke, ma princesse, je garderai cette lettre sur moi. Si jamais je suis condamnée, j'espère pouvoir vous la remettre avant de rendre mon dernier souffle.
Qu'importe où tout cela me mène, je vous aimerai quand même.

La main fébrile de Lexa écrit les derniers mots qui composaient sa lettre. Son souffle fit ensuite disparaitre la flamme de la bougie et elle quitta sa tente. Elle s'arrêta un instant pour observer les hommes et femmes qu'elle avait sous son commandement. Elle était partie de la capitale avec trente-sept personnes à ses ordres. Seuls vingt avaient survécus. Les combats devaient s'arrêter.

Elle sella son cheval et se mit en route en direction de la capitale Arkadia. La chevauchée jusqu'à sa destination durerait toute la nuit.

Octavia revint au château avec une terrible nouvelle pour la princesse. Elle se pressa dans le passage secret et se rendit directement dans les quartiers de Clarke.

— Elle n'est pas venue, majesté, dit-elle dans un souffle court, je suis terriblement navrée.

— Que dis-tu ?

Clarke souhaitait entendre une nouvelle fois ce que sa garde venait de lui dire même si elle avait trop peur de ses paroles.

— Lexa... Lexa n'est pas venue à notre rendez-vous.

Cette phrase s'abattait comme un coup de tonnerre sur le visage de Clarke qui se décomposa. Il n'avait pas pu lui arriver quelque chose, pas à elle, pas à Lexa. Elle était trop forte.

Elle était forte, oui, mais ni insensible, ni immortelle.

— C'est pas possible... parvint finalement à prononcer Clarke.

— Que dois-je faire, Ma Dame ?

Clarke ne répondit pas à l'interrogation de la garde qui, en conséquence, décida simplement de rester. La princesse était en état de choc, elle avait perdu le don de parole et son regard ne reflétait désormais plus rien. Elle était vide, ses émotions s'étaient envolées là où Lexa se trouvait, n'importe où, avec elle.

Cette nuit-là, elle ne trouva pas le sommeil. Octavia avait donc décidé de rester pour veiller sur elle.

Son cheval était épuisé, lorsque l'aube commençait à pointer à l'horizon. Elle l'encourageait à continuer. Ses sabots frappaient les pavés avec force et détermination. Arkadia n'était plus qu'à quelques centaines de mètres quand les tocsins se mirent à résonner. Elle était repérée, mais peu importe, elle ne comptait pas s'introduire dans le château en toute discrétion.

Les tocsins réveillèrent Clarke en sursaut, qui réveilla Octavia à son tour. La princesse sauta à sa fenêtre pour voir ce qu'il se passe à l'extérieur. Ce fut à ce moment qu'elle la vit. Elle croyait que son esprit lui jouait des tours, elle aurait préféré que cela soit irréel. Mais le "merde" d'Octavia lui retira les doutes de la tête : Lexa était et elle chevauchait en direction du palais.

— Elle va se faire tuer, murmura la princesse.

Clarke paniqua soudainement. Ne tenait-elle donc pas à la vie pour se rendre en terre ennemie sans aucune escorte ? Elle sortit en trombe de ses quartiers pour empêcher la femme qu'elle aimait faire ce qu'elle avait en tête de faire et ce qu'il lui coûterait sûrement la vie. Octavia essayait tant bien que mal de la suivre à travers les couloirs de l'immense palais qui pouvait ressembler à un véritable labyrinthe.

— Qu'est-ce que tu fais là, Trikru ? cracha un garde.

— Je suis ici pour parler au Roi.

Le garde ricana mais en voyant que son commandant gardait le visage fermé, il s'arrêta. Celui-ci fit signe à ses hommes d'escorter Lexa jusqu'à la salle du trône. Son cheval lui fut retiré, ainsi que ses armes et son armure.

Les gardes l'escortèrent à l'intérieur du palais dans les couloirs menant à le salle du trône. Le regard de la guerriere croisa brusquement celui de la femme qu'elle aimait.

— Lex... -

Clarke essaya de l'interpeler mais Octavia s'interposa de justesse.

— Elle s'est condamnée votre majesté, vous ne pouvez plus rien faire pour elle à moins d'en mettre en jeu votre propre tête !

Les yeux embués de larmes de Clarke brisèrent le cœur de Lexa. Mais cela ne l' arrêta pas.

Les grandes portes s'ouvrirent sur une immense pièce où se tenaient deux trônes ainsi que ceux qui les occupaient.

— Mais qui donc ose me réveiller à une heure aussi matinale ?

— Une Trikru, votre altesse. Elle a réclamé une audience.

Lexa s'inclina en signe de respect bien que celui-ci l'étouffait.

— Une Trikru vous dites ? Pour une audience ? Puis-je savoir en quelle honneur ?

— Je souhaiterai négocier un traité de paix avec vous.

— Un traité de paix avec les Trikru ? Il n'en est absolument pas question ! Gardes ! Emmenez-moi ça à la potence ! Immédiatement !

Lexa était en état de choc, étaient-ils si aveugle que le simple fait de négocier une paix était inconcevable pour eux ?

— Est-ce là une manière de traiter une femme venue en paix ? Etes-vous aveugle au point de ne pas voir la souffrance dans les yeux de votre propre peuple ? Vous savez pertinemment que cette guerre ne mènera nulle part ! En voilà une chose que vous savez, à défaut de savoir pourquoi vous vous battez !

— Assez ! Votre insolence m'est insupportable ! Gardes !

Les gardes se saisirent de la jeune femme.

— Combien d'innocents avez-vous fait exécuter ? Combien d'autres encore ? Combien d'enfants enverrez-vous encore se faire massacrer inutilement ? Vous avez beau avoir la couronne sur votre tête, nous savons tous les deux que le vrai souverain de ces terres est le peuple. Sans lui, ces terres ne valent rien. Sans lui, vous n'êtes rien. Vous pouvez arrêter ça pacifiquement ou bien provoquer une rébellion qui finira en énième bain de sang ! s'écria Lexa, à bout de souffle.

Les gardes n'osaient plus bouger, pris en étaux entre leur serment et leur raison. Ils attendaient un ordre de leur chef, mais celui-ci ne venait pas. Soudain, les grandes portes s'ouvrirent dans un immense fracas. Clarke fit son entrée accompagnée de sa garde personnelle et de citoyens. Lexa en était bouche bée. La princesse resplendissait dans son armure qui lui donnait l'allure d'une déesse antique.

— Qu'est-ce que cela signifie Clarke ? Explique-toi ! s'exclama son père.

— Cela ? C'est le résultat de votre égoïsme, de votre égocentrisme et de votre aveuglement. Elle a raison, père. Vous allez causer notre perte à tous à force de persister dans votre folie meurtrière.

Elle s'avança vers Lexa, le regard planté dans le sien. Les gardes s'écartèrent sur son passage.

— Il est plus que temps que cette guerre se termine. Je ne veux pas avoir à choisir entre mon amour et ma liberté, dit-elle en prenant les mains de sa guerrière. Et si pour cela, je dois vous destituer de vos titres, alors très bien. Roi Kane, Reine Abigail, je vous destitue de vos titres et de tous les droits que vous possédiez sur les terres des Skaikru.

— Sais-tu ce que tu es en train de faire, Clarke ? En as-tu une petite idée dans le coin de ton cerveau de princesse déjantée ? fulmina son père.

— Oui. C'est un coup d'état que je mène au nom du peuple, de la liberté, de l'amour et de la paix. En conséquence de votre destitution, vous serez jugés par la cours martiale pour tous vos crimes de guerre.

— Tu oserais faire ça à tes propres parents ?

— Vous avez cessé d'être mes parents à la seconde où vous avez condamné Raven Reyes à la mort pour avoir osé désobéir à un ordre visant à détruire un pensionnat de réfugiés Trikru qui était habité par des orphelins de guerre.

Un silence assourdissant suivit ses paroles. Les gardes ne savaient plus quoi faire.

— Bien que vous encourez la peine de mort, votre procès sera traité de manière équitable. Gardes, emmenez-les.

Pour la première fois depuis plusieurs longues minutes, leur chef fit un léger signe de tête en guise d'approbation. Clarke soupira de soulagement.

— Il s'agit là de votre première grande victoire, votre majesté, en espérant que les Trikru accepte la paix que vous souhaitez instaurer, affirma le commandant.

— Ils accepteront, intervint Lexa, j'y veillerai personnellement.

La princesse brisa d'un coup l'espace qui la séparait de celle qu'elle aimait. Voilà des semaines, des mois, qu'elle attendait cet instant. Celui où elle pourrait à nouveau sentir son cœur battre.

Un coup de tête, une impulsion, peuvent mener aux actes les plus courageux. Clarke Griffin et Lexa avaient de nombreuses similitudes. Elles portaient en elles le courage, la force et la rage de se battre jusqu'au bout. Leur amour demeurait intact malgré toutes les épreuves qu'il avait dû affronter.

Elles étaient les fondatrices de ce nouveau monde, de cette nouvelle ère, où plus personne ne se lèverait le matin, la boule au ventre. Où plus aucune goutte de sang ne serait versé au nom de cette maudite guerre. Où la violence laissait place au vivre ensemble.