La franchise et l'univers de Fire Emblem ne m'appartiennent pas. Ils ont été créés par Shouzou Kaga, et développés par Intelligent Systems.

Cette histoire est un Moderne AU et la suite de Réunion des Animaux Anonymes.

Il s'agit ici d'une Fanfiction de type Kemonomimi.

Zakuro Ruby Kagame
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Réunion des Animaux Moins Anonymes

Qu'il est bon d'être libre ! Enfin, pas tout à fait. Disons que je me sens comme qui dirait moins à l'étroit au grand air que dans les locaux ayant servis à ma réhabilitation. Je dis ça, mais me voila dans une supérette à peine plus grande à chercher si je fais plus original que mes Chockapouette habituels ou si je m'aventure en terres inconnues. Me voila, tels Frodon et sa clique arpentant le territoire du Mordor sauf que mon Mordor à moi se limite à une étagère recouverte de boites. A la fin du voyage, à défaut de jeter un anneau dans la lave, je balancerai mes céréales tout droit dans mon bol de lait ! Eh oui ! Je fais partie de cette minorité destinée à brûler en enfer pour oser mettre les céréales après le lait ! De toute façon, c'est pas comme si l'enfer me rebutait, hein, à choisir entre un hippie aux cheveux longs et à la barbe jusqu'au pieds et les jolies diablesses équipées de fouets... Ha, mais je m'égare tout en pensant à Jésus qui clamerait tout haut « aimez-vous mes frères et mes sœurs » mais c'est pas un peu bizarre quand on y pense ? Pas sûre que Jésus ait encore toute sa tête après plusieurs siècles passés à respirer les vapeurs de toutes les substances nocives polluants l'atmosphère perché sur ses jolis nuages.

Chockapouette ou Chock-le-Pap, me voila bien embêtée, entre les deux mon cœur - pardon mon estomac à dessert - balance. Je décide d'y aller, à la une, à la deux, je prends donc les deux boites ! J'aime vivre dangereusement après tout. Tant de témérité ne devrait pas être permis ! Armée de mes boites de céréales sous le bras tel un charpentier bien musclé, je pense également à prendre une bouteille de lait pour accompagner le tout. C'est pas le repas le plus équilibré de l'année, je ne peux le nier, mais j'aime manger des céréales entre deux jambons entiers. Ha, mon téléphone vibre dans ma poche, c'est vrai qu'il est l'heure des annonces dans mon jeux préféré !

—L'on dirait bien que vous ne vous nourrissez pas uniquement de chatons finalement, j'entends avant même de pouvoir tirer mon portable de ma poche sans faire écrouler mon tétris glucidique en errant d'un rayon à l'autre. Quelle surprise.

Vu la tonalité de la voix, la surprise est mauvaise. Chose confirmée lorsque je lève les yeux et que ma queue se dresse. Je vais encore passer des heures à me brosser les poils. Peut-être que Jésus à fumé un nuage en trop, ou bien peut-être que Dieu a perdu un pari contre Satan, car je ne peux croire au hasard. Un malheureux hasard d'ailleurs.

—Pattes de Velours...

J'ai du penser trop fort puisque patounes et coussinets se croisent sur sa poitrine après une agitation de cheveux longs. J'ai ce mauvais réflexe de lever les yeux pour chercher si il y a la clim mais cette supérette de très mauvais goûts, étroite et poussant à une promiscuité qui m'insupporte n'a certainement pas déjà le chauffage alors... Peu importe, je me demande pourquoi ce satané chaton se trouve dans mon magasin, dans mon rayon, perdu entre les conserves de thon bon marché.

—J'osais espérer que « plus jamais » serait plus long, je fais alors.

—Et moi que « là-bas » et « ailleurs » ne serait certainement pas entre deux rayons d'une épicerie douteuse.

—Pourquoi vous-y-trouvez vous si vous la jugez douteuse ?

Et il neige. Non, les vitres réfrigérées derrière lesquelles les bâtonnets de poisson pané sont stockés et gardés sous glace ne sont pas ouvertes, il s'agit seulement de la supériorité qu'Edelgard aime afficher, ça et son éternelle suffisance lorsqu'elle fait danser son pelage.

—Figurez-vous que c'était le seul magasin du quartier d'ouvert et que j'ai...

—Eu une soudaine envie de thon en boite ? je termine à sa place.

Elle se fige, tout comme la petite marque à la commissure de ses lèvres pincées, ou celle entre ses deux sourcils laiteux. Je rêve de lui dire que cette expression mi choquée mi vexée risque de lui laisser des rides et d'ailleurs, rien ne m'en empêche mais...

—Par tous les Saints !

Mon cœur bat la chamade et Mystiblanche décroise patounes et agite la queue devant mes yeux écarquillés avant de regarder autour de nous. Non, il ne s'agit pas d'une révélation divine ni même d'une promotion deux lots de croquettes achetés le troisième offert ! Mais bien d'un nouveau skin pour mon personnage préféré dans mon très célèbre jeux mobile !

—Seulement cent-trente-cinq orbes...

Bien qu'on sache tous que je vais sans doute claquer au moins le double. La Déesse sait que je vais avoir du mal à m'en remettre et me voila à élaborer des plans ingénieux pour renflouer l'économie de mon QG, c'est que chaque orbe est tellement précieuse. Tout cela bien sûr en ignorant la petite Persan qui me regarde désespérément, mais qu'y puis-je, j'ai d'autres priorités dans la vie que de me demander la raison de sa présence ici.

—Cet individu vous importunerait-il, Dame Edelgard ?

J'ignore ce qu'il se passe, j'ai comme la sensation que toutes les ampoules basse consommation de ces plafonds crasseux viennent de s'éteindre une à une. Un voile de ténèbres vient de se lever comme pour complexifier ma quête. Ces yeux verts tirant sur le jaune, ce regard étrécis et ces petites oreilles de raton-laveur sournois ne me disent rien qui vaille... Il ne lui manquerait plus qu'un peu de crayon noir pour parfaire le tout.

Je remarque soudain qu'à côté de cet homme d'au moins un mètre quatre-vingt sinon plus, Pattes de Velours fait vraiment toute petite, peut-être pourrait-elle rejoindre une certaine confrérie si elle se laissait pousser le poil, de quoi accentuer mes allergies ceci-dit.

—Pourrait-on savoir ce qui vous faire sourire de la sorte ?

—Je me demandais seulement quelle taille vous pourriez faire si vous leviez bien haut les coussinets.

—Vous n'avez aucune manières !

—Par les Saintes Cocottes !

Oh... Non, par la barbe verte de mes aïeux, comment est-ce seulement possible ? « Nombreux sont les vivants qui mériteraient la mort » me soufflerait un vieux magiciens ayant abusé de la pipe. Celle qui se fume, bien sûr. Pas de quoi atténuer l'effet des moisissures sous le chapeau toutefois. L'instant d'après je me verrais chargée d'une épique mission que - soyons honnête - aucun humain ne saurait mener, surtout accompagnée d'une bande d'incapables abâtardés. Quatre nabots aux pieds poilus pas plus grands qu'une touffe d'herbe traversant un monde ravagés d'ogres, d'orques et de ténèbres. Ouh en voila de sacrés méchants. Bon, dans l'idée ce n'est pas plus farfelu que de partir à dix ans accompagné d'un rat pour découvrir le monde et racketter des gosses. Ma foi, j'ai la soudaine envie de lui hurler « Vous ne passerez pas ! » mais en l'occurrence c'est moi qui est coincée entre le thon en conserve et le concentré de tomate.

—Quel heureux hasard de vous croiser ici !

Heureux n'est certainement pas le mot que j'aurais employé. Je savais que je n'aurais jamais du faire mes courses un jour férié, j'imagine que cette épicerie est la seule ouverte de la ville. Qui a d'ailleurs décrété que cette journée se devait d'être sainte ? Je suis certaine que Dieu et Jésus avaient seulement envie de faire la fête, comme ça doit être pratique de pouvoir proclamer un jour férié d'un claquement de griffes et soulèvement de toge. J'imagine déjà Jésus entrant quelque part en hurlant « Hey toi, c'est quoi ton nom ? » au premier venu affublé d'une barbe verte et d'oreilles en pointe, et hop, le lendemain on aurait droit à la Saint Cichol.

—Ferdinand ?

Minette est étonnée, au moins autant que moi. Quoique je suis plutôt blasée et à deux doigts de monter sur une étagère pour chercher quelque chose pour m'achever. Tout est rouillé ici, et j'ai envie d'une mort rapide, pas d'une infection due au tétanos. Me pendre est également inenvisageable, le poids seul de la corde viendrait à bout de tout ce qui est suspendu au plafond alors on est pas près de m'y voir me balancer comme un saucisson passé date.

—Louées soient les cocottes de nous permettre de nous retrouver tous ici, cela doit-être un signe !

Un signe que j'aurais du passer la journée à dormir, c'est certain, ou bien qu'il lui faut une ou deux séances en plus. Bien que je me demande si les séances de Manuela ne sont pas justement responsables de son... état. Je dois absolument fuir, fuir avant que...

—Edie ! C'est toi ?!

Mais il est déjà trop tard et les ronrons qui s'élèvent me condamnent à subir cet élan d'enthousiasme et de débordement de chaffection. Par tous les Saints, j'ai l'impression d'être à une nouvelle réunion des animaux anonymes, enfin moins anonymes de fait.

Je dois trouver une raison de m'éclipser au plus vite avant que le responsable ne m'achève en me demandant de noter mon niveau de chatisfaction sur une échelle de un à cinq, évidemment ma note serait nulle et uniquement car elle ne peut être négative. J'aurais d'ailleurs peut-être du lire les avis sur avant de me rendre ici. De toute manière, comme l'a fait remarquer Pattes de Velours, c'est le seul magasin ouvert de la ville et il était hors de question de passer une seule soirée de plus sans céréales.

—Ho, mais serait-ce également...

Mon ascension du Mont Everest s'arrête nette et me voilà à devoir redescendre la montagne de thon en boite : la fuite a échouée je n'ai visiblement pas été assez rapide.

—Puisque nous sommes toutes les trois ici, elle fait en ignorant très parfaitement la gente masculine, nous pourrions peut-être aller boire un lait-de-poule !

Et telle la foudre de Zeus se plantant dans un fessier comme le ferait le pic à brochette du célèbre bonhomme orange, la réaction ne se fait point attendre :

—Poule ?!

Renard stupide obsédé des cocottes ! Mais je dois dire que la folie dans son regard à seulement imaginer un gallinacé choquant toute l'assemblée me donne la parfaite occasion à moi de m'échapper. Serrant très fermement mes boites sous les bras non pas au point de m'envoler, dans ma main gauche bouteille de lait, je m'éclipse jetant billets et piécettes au caissier. Ha, mais dehors m'attend déjà la seconde épreuve : il pleut averse. Par la barbe de Cichol, il neigeait encore il y a une heure !

—Rencontreriez-vous un problème ?

Je me retourne pour apercevoir la petite Persan qui a probablement profité de l'inattention de toutes et de tous également pour me suivre, ou bien pour fuir dans le but elle aussi de survivre.

—Vous voulez dire en dehors du fait que ce magasin laisse entrer les animaux domestiques ?

—Eh bien, vous auriez du lire les annotations à l'entrée quoiqu'une louve bourrue et mal éduquée est sans doute également illettrée, ou me tromperais-je ?

—Si c'était le cas comment aurais-je pu lire ce fameux article de journal parlant de vos prouesses sur les toits ? D'ailleurs, de vous à moi Edelgard, pour une chatte vous n'avez aucune adresse.

—Et vous, manquez cruellement de délicatesse !

Je ne réponds pas, trop de rimes risqueraient d'attirer Dorothea et j'ai bien l'intention de me trouver loin d'ici lorsque cette dernière aura réussi à s'enfuir et rappliquera !

—Votre garde du corps n'est pas avec vous ? je demande avec un soupçon de condescendance. Aviez-vous peur de vous faire agresser par une bande de matous non dégriffés ?

—Sachez qu'attraper des puces, surtout ici, est bien la seule chose qui pourrait me faire peur et croyez-le ou non, mais la présence d'Hubert m'a été imposée suite à ma... mésaventure.

—Par tous les Saints... je souffle désespérée.

Enfin, pas trop non plus, car si c'était un Saint, Hubert ne serait point un raton-laveur mais bien un chien.

—Je n'ose imaginer ce qui vous traverse l'esprit pour sourire bêtement de la sorte... Quoiqu'il en soit, Hubert m'aura au moins fait penser à prendre ceci.

Et la voila à agiter fièrement son parapluie comme si l'on se trouvait dans le premier feuilleton de Magical DoReMi, ne manquerait plus que celui-ci émettent de petites lumières psychédéliques et d'insupportables bruits. Ha, et me voila à siffloter le générique, perdue dans le passé entre Télétoon et Gulli.

—La pluie ne va pas s'arrêter avant plusieurs heures, comment allez-vous rentrer ?

—Je n'en ai pas la moindre idée Edelgard, pour tout vous avouer.

—Avez-vous tant d'égo que vous êtes donc incapable de solliciter mon aide ?

—Plutôt me faire arracher les moustaches que de vous être redevable.

—Rassurez-vous je doute que vous en arriviez là un jour, à moins de les faire trop traîner, cependant un bon coup sur la truffe ne vous ferait sans doute pas de mal.

Quelle agaçante chatte ! Va-t-elle donc trouver chaque fois un argument pour me contrer ? Est-ce dans sa nature d'être si insupportable ? Elle m'en hérisse encore le poil !

—Si cela peut vous motiver, je n'ai surtout pas envie de sentir votre odeur de chien mouillé.

—Vous pouvez partir si mon odeur vous dérange !

—Très bien, puisque vous vous entêtez à refuser ma proposition, vous n'avez qu'à aller mettre vos moustaches ailleurs. Vous avez beau être un loup, vous êtes bien plus têtue qu'un âne !

Et la voila clapi-clopant les coussinets dans l'eau avec son petit parapluie rouge se régalant de me voir coincée devant la devanture de ce sinistre magasin, céréales et bouteille de lait dans les mains !

—Ne tardez tout de même pas trop, je doute qu'Hubert et Dorothea aient autant de patience que cela...

Tsss, ma queue s'agite rien qu'à imaginer les autres ébréchés du bocal nous rejoindre et je ne vais certainement pas passer des heures à attendre que la pluie cesse. Fichue averses !

—Vous êtes vraiment insupportable, vous savez ! je lui fait bien comprendre.

—Cela nous fait donc un point en commun !

Elle est si fière, mais la seule raison qui fait que j'accepte sa proposition, c'est que je n'ai somme toute pas envie de sentir le chien mouillé moi non plus, cette odeur est bien pire que quantité de pets de vaches !

—Et si je rentre sous votre parapluie, comment fera Hubert ?

—Un détails dont vous n'avez à vous préoccuper.

—Autrement dit, vous n'en savez rien.

Et la moue boudeuse et presque vexée qu'elle prend me confirme que j'ai tapé dans le mille.

/

Me raccompagner. Où avais-je la tête ? Me voila en bas de chez elle, un immeuble chic pour sûr, et il pleut toujours comme vache qui pisse à ne pas s'arrêter. Et moi, me retrouve de nouveau coincée !

—Comment pouvez-vous être aussi butée ?!

—Vous vous en étonnez encore, Edelgard ? Vous me l'avez pourtant fait remarquer à de bien trop nombreuses reprises il me semble.

—Ce n'est qu'un parapluie alors pourquoi ne pas seulement le prendre ?

—Car l'emporter signifie également vous le rendre et loin de moi l'envie de croiser de nouveau votre route.

—L'on parle souvent du caractère particulier des chats mais par tous les Saints, Byleth, n'avez-vous donc vraiment aucune manière ? La politesse serait-elle un concept qui vous échappe ? C'est à peine si vous m'avez remerciée !

—Vous m'avez forcé à vous accompagner !

—Vous êtes si bourrue !

—Et vous si maniérée !

—Comment osez-vous ?

—Vous ne devez pas avoir l'habitude que l'on vous tienne tête je me trompe ?

Ses jolies patounes immaculées se croisent - est-ce ses gants ou bien ses poils ? - et me revoilà à me moquer de ses petits coussinets. Comment cette chatte domestique peut-elle à se point m'insupporter mais aussi m'amuser ? Car si une chose est certaine, c'est qu'en mon for intérieur je prends grand plaisir à l'agacer.

—Byleth, prenez ce parapluie ou bien montez, mais ne restez pas ici !

—Avez-vous peur de ce que votre voisinage pourrait penser ?

—Je n'ai surtout pas envie de voir débarquer l'entreprise Ronron Désinfection sous prétexte qu'il y a une invasion de puces !

—Des exterminateurs, rien que ça ? Vous êtes bien radicale pour seulement deux ou trois parasites.

—Laissez-en deux ou trois et ils se multiplient, et la Déesse sait à quel point il est difficile de s'en débarrasser.

—N'est-ce pas ? Que voulez-vous donc, Edelgard, me voir éradiquer ou bien vous m'invitez à monter ? Car je vous avoue en effet préférer ne pas attendre dehors.

—Vraiment ?

—A moins que vous n'ayez réellement peur d'attraper des puces ?

Ho, cette fois c'est un sourire qui esquisse ses lèvres, et ses cheveux qui se soulèvent dans un mouvement de tête qui m'invite à la suivre. Je pensais que cela la déstabiliserait un peu plus, quelle déception !

Et nous voila devant la porte de chez elle. Je ne sais pas à quoi m'attendre, son intérieur est-il rempli de coussins en tout genre, de baballes et de pelotes ? Connaissant le personnage cela m'étonnerait fortement. Ou bien préfère-t-elle peut-être les froufrous des boas, les monsieur et madames souris que l'on trouve en magasin pour quelques clochettes seulement et qui ne durent bien longtemps, au mieux perdus sous un meuble ou au fond d'une pantoufle ? Il existe tant de jouets pour les chats que j'en suis presque jalouse ! Ces boules de poils ne méritent pourtant aucune considération surtout lorsque l'on sait que tous travaillent en secret à la domination du monde. J'imagine déjà cette princesse héritière ou je ne sais quoi s'écrier « Moi, Edelgard von Catsberg, Impératrice d'Adrestichat vous salue ! » suivit d'un petit mouvement de cheveux du revers de sa patte très supérieur. Ma foi, trêve de chalembourd puisqu'elle ouvre la porte !

Et je reste bouchée-bée. Point de pelote ni de panier, son intérieur est sobre, élégant et raffiné et une douce odeur flotte dans l'air. Acidulée, à peine sucrée, je crois que c'est de la Bergamote qui se dégage des petits adaptateurs Feliway.

—Cela m'aide à me détendre, mais je peux les éteindre si l'odeur vous dérange.

—La pluie, des phéromones ou bien être dans la même pièce que vous, je ne suis plus à ceci-près.

—Vous oubliez Ferdinand.

—Quelques minutes supplémentaires en sa compagnie auraient en effet été terribles.

—Eh bien, je n'arrive pas à croire que je sois encore d'accord avec vous.

—C'est déjà la seconde fois, Edelgard, vous devriez vous méfier ou bien vous risquez d'y prendre goût.

—Rassurez-vous, cela ne risque pas d'arriver.

—Où allez-vous ?

J'ai à peine eu le temps de poser une fesse voire même deux sur le premier fauteuil venu que la voila disparue dans ce que j'imagine être la salle de bain attirant ainsi mon attention. Est-elle incapable de tenir en place ? Elle m'oblige à me relever et à me répéter puisque sa réponse tarde et la Déesse sait que je n'ai guère de patience, la preuve en est ce costume de petit bonhomme orange que j'ai failli revêtir. J'imagine que c'est Claude qui le porte puisqu'aucune nouvelle du cerf depuis que ses sabots ont traîne au dessus de ses fameux « filtres d'amour ». Avec la discrétion de Manuela je serais peu surprise d'apprendre que l'ongulé s'est fait prendre sabot dans le sac, ou dans la fiole en l'occurrence.

—Edelgard ? je répète en la cherchant du regard.

—Je sors seulement une serviette.

—Mais vous êtes à peine mouillée !

—J'aime prendre soin de mon pelage mais puisque vous me trouvez déjà superficielle alors...

Et tout devint noir. Que se passe-t-il ? Où me trouvé-je ? Vais-je apercevoir la fameuse lumière au bout du tunnel ? Entendre les anges et Jésus discuter de choses banales et futiles comme la couleur des nuages ? Ou bien peut-être sont-ils en train de débattre concernant le futur jour férié et si c'est cela j'ai quelques suggestions à leur faire. Je trouve qu'il devrait y avoir plus de repos entre Noël et Jour de l'An bien que l'un soit une farce et l'autre une excuse pour boire à en finir la tête au dessus du bac à litière. Je laisse deviner à quand correspond quoi mais tous savons déjà que les repas de famille ne se déroulent pas dans les sanitaires : « un petit ou gros étron avec ceci ? » dirait la fameuse tante que l'on ne veux jamais inviter.

—Qu- Qu'est-ce que vous faites ? je demande en comprenant que ce qui me recouvre est en fait une serviette.

—Séchez-vous, je n'ai pas envie que mon salon sente le chien mouillé, en plus d'être bourru.

—Je ne suis pas un chien mais un loup ! Et mes poils sont à peine humides !

—En effet, je m'attendais à bien pire.

—Je vous assure que ça aurait pu l'être.

—L'on dirait que nous sommes encore d'accord.

—Que disiez-vous à propos du fait de vous habituer à être d'accord avec moi ?

—En l'occurrence, c'est vous qui l'êtes et non moi.

—Êtes-vous toujours aussi pénible, Edelgard ?

—Et vous aussi rude ?

—Je le crains.

Sa patte gantée est sur ses lèvres, tentant de camoufler, bien que cela soit vain, un léger rire s'échappant en étranges notes qui flottent pour rejoindre la Bergamote nuançant l'air. Étranges notes, étranges notes... Je me demande si ce qui est étrange n'est pas plutôt ma réaction et cette sensation, d'être apaisée et non pas agacée comme chaque fois. Peut-être que les phéromones me montent aussi à la truffe bien que je n'ai point d'antécédent de chat dans ma famille en théorie. Je doute qu'un tel croisement génétique soit seulement possible d'ailleurs.

—Vous êtes encore ailleurs Byleth, et voila que votre queue s'agite !

—Sa Félineté aurait-elle un problème avec ma queue qui s'agite ? Surtout que la votre en fait autant !

—C'est parce que vous me contrariez.

—J'imagine que pour ma part, ce sont les puces. Mais voyons le bon côté des choses, Edelgard, de cette façon au moins vous ne risquez pas de m'approcher !

—Êtes-vous en train de me mettre au défi de le faire ?!

—Le suis-je ? Qui sait.

—Vous me prenez vraiment pour une chatte superficielle, n'est-ce pas ?

—Cela vous agacerait si je vous donnais la même réponse qu'à la question précédente ? Si oui alors elle sera en effet la même.

—Vous êtes tellement... Insupportable.

—Seulement parce qu'il s'agit de vous !

—Voyez-vous ça ! Peut-être que ce n'est pas moi alors qui devrait être défiée d'approcher !

—Vu le nombre de coup de brosse et ces petits rubans mauves dans vos cheveux, aucun risque d'attraper une puce ou deux alors rien ne m'empêche de le faire en effet.

—Alors faites-le ?

C'est que Mystiblanche me parait bien autoritaire soudain ! Sa suffisance, et ses airs fiers. Pense-t-elle vraiment que j'en sois incapable ou bien est-ce elle qui n'ose pas le faire ?

—Voyez comme je suis courageuse, Edelgard !

Je me moque ouvertement d'elle après avoir fait un pas en avant mais je n'obtiens qu'un petit mouvement de la tête et un croisement de pattes de sa part.

—Je suis sûre que je peux faire mieux, elle me répond donc.

Son odeur chatouille ma truffe et m'en fait vibrer les moustaches quand elle s'approche à son tour. J'imagine qu'il s'agit là uniquement de mes allergies car je ne vois pas pourquoi tout mon corps se tortillerait soudainement autrement. Quoique j'imagine mal Edelgard se rouler dans sa litière et son poil immaculé est surement bien plus propre qu'une pièce aseptisée. Entre m'agacer et la propreté, que choisirait-elle ? Je sauterais dans une flaque de boue à m'en couvrir de la queue à la collerette de bon cœur et sans hésiter pour ne serait-ce que lui arracher un petit ronron agacé !

—Votre regard ne me dit rien qui vaille, Byleth.

Son petit nez qui remue devant ma truffe non plus mais je suis bien obligée de m'en accommoder.

—Vos pupilles sont dilatées, Edelgard.

—C'est à cause de la lumière.

—La lumière, certes. Et vos oreilles sont pointées en avant, légèrement tournée en arrière.

—C'est à cause des remarques qui sortent à peine vous ouvrez la bouche.

Voyez-vous ça. C'est qu'elle a toujours quelque chose à redire, ma parole !

—Faisons abstractions de tout cela, alors, comment expliquez-vous que votre queue effleure la mienne ?

—De vous à moi, Byleth, il n'y a plus grand chose qui s'explique ici.

—Cela est probablement du à tous ces diffuseurs Feliway.

—Ca doit être cela, en effet.

—Regardez... Nous sommes encore d'accord...

J'ignore ce qu'il se passe je me sens comme... ailleurs. Je crois que cet excès de phéromones me fait vraiment tourner la tête et pas qu'un peu. A ce niveau je risque même le torticolis, du moins, si j'arrivais à détacher mes yeux de cette insupportable chatte.

—Vous pourriez dire quelque chose, Edelgard.

—Et pourquoi cela ?

Et voila qu'armée d'une délicatesse - croyez le ou non - insoupçonnée ma truffe s'écrase sur son museau et que nos lèvres se rejoignent. Bon, la délicatesse est un concept à relativiser parce je manque de souffle très rapidement et cela n'est en rien du aux charmes inexistants de ce chat de salon ! J'ignorais d'ailleurs qu'il fallait maîtriser les règles de trigonométrie pour embrasser quelqu'un. Ho, mais que dis-je ? L'embrasser ? Quelle horreur !

—Pour pouvoir vous faire taire.

—Louve bourrue...

—Chaton domestique...

Par tous les Saints, que m'arrive-t-il, voila que je recommence ! Et après quelques secondes seulement les perpendiculaires, parallèles et tangentes n'ont plus aucun secret pour moi. Et diantre, pourquoi ma langue explore-t-elle maintenant l'intérieur de sa bouche ? Pourquoi ai-je l'impression que mon estomac à desserts tapant en boom boom précipités dans ma poitrine sur le rythme de Poker Face risque d'imploser d'une minute à l'autre ? Pour sûr que mes joues chaudes ne reflètent pas mon impassibilité habituelle et maintenant que j'ai le clip de la célèbre Lady Chacha qui repasse en boucle dans ma tête comme un risque rayé, c'est tous mes poils qui se dressent !

—Aïe ! Étiez-vous vraiment obligée de me mordre ?! Vous êtes si sauvage !

Qu'y puis-je moi si elle a ouvert au max' les diffuseurs d'hormones ?! Je ne suis qu'une louve après tout !

—Et vous, vous êtes bien trop bavarde !

Je la tire à nouveau brusquement vers moi, je ne suis guère patiente, et me voila tel Neil Armstrong marchant sur la lune sauf que la lune c'est sa langue et Armstrong la mienne. A ce rythme, ce n'est pas d'un pas dont il va s'agir car j'ai la soudaine envie de me jeter sur elle ! Mes patounes se prennent déjà au jeux et se lancent dans cette conquête spatiale - de toute manière je suis ailleurs et je n'ai certainement plus les pattes sur terre à l'instant - tout comme ses coussinets qui découvrent mon dos, glissant agilement de tout leur duvet jusqu'au creux de mes reins.

—E- Edelgard !

Je l'arrête aussitôt, surprise, dubitative, et perplexe d'entendre siffloter le très célèbre bonhomme orange dans ma tête tel un rappel à l'ordre alors je m'explique :

—La dernière personne qui a osé s'est ramassée ma patte dans le visage.

—Ho, c'était donc ça...

Bien qu'elle ne ressemble en rien à un môme criard se prenant subitement pour Indiana Jones et se jetant sur ma queue pour s'y balancer de toute évidence.

—D'une certaine façon sans cela, vous ne seriez pas là.

Elle marque un point, peut-être deux et quand ses doigts épousent mon dos et bientôt chatouille la base bleuet de ma queue, j'en ai les oreilles qui s'agitent. A ne surtout pas sortir du contexte bien que le contexte soit plutôt parlant en fait.

—Si cela peut vous rassurez, je suis certaine de pouvoir me montrer assez douce pour ne pas vous renvoyer là-bas.

C'est un pari risqué que voilà bien que je résiste à l'envie de lui mettre un bon coup de griffe. Non parce qu'elle ose me toucher, mais bien pour lui faire avaler sa fierté. Loin de moi en tout cas l'envie de retourner voir Manuela et cette petite séance des Animaux Moins Anonymes, je dois l'avouer, me rebute moins que toutes les précédentes.

—Vous êtes bien sûre de vous pour un simple chat de salon.

—Vous êtes bien docile pour une louve sauvage.

Quel tempérament ! Cette chatte ne manque pas de caractère.

—Ne me provoquez pas Edelgard, je pourrais faire une seule bouchée de vous !

—Eh bien, je demande à voir ça.

—Me défiez-vous de le faire ?

—Comme le dirait un animal trop rude et sans aucune manière : le fais-je ? Qui sait.

Agaçante petite chatte que je vais faire ronronner et feuler jusqu'à la nuit tombée. Et peut-être même bien plus encore. Les loups sont peut-être têtus, un peu bourrus comme elle aime le dire, c'est bien à la nuit tomber qu'on les entends hurler...

—Je vous avais bien dit qu'en fait vous en aviez juste envie... Mais soyez rassurée, vous ne risquez pas de tomber.

Puisqu'elle se trouve déjà entre mes griffes, et quand la lune sourira...

...nous serons deux à chanter à cette fois.