Goblin Slayer : Dette Sanglante

Tome 1 : L'épéiste et la Sorcière flamboyante

Note de l'auteur : J'ai beaucoup aimé la saison 1 de l'anime Goblin Slayer et son spin off Year One. Cette fiction se déroule cinq ans après les élèvements de ma fiction « Un massacre ordinaire » et elle mêlera nos deux orphelins aux protagonistes habituels.

J'ai choisi de donner des noms à certains personnages du manga. J'attribue en effet leur absence de nom au fait que le Crève-gobelins ne prend pas la peine de retenir les noms des gens et que l'histoire se passe majoritairement via son point de vue dans les différents supports (light novel, manga, anime). Ainsi, le guerrier novice sera baptisé Glenn et l'apprentie prêtresse s'appellera Adeline. J'espère que ce parti-pris ne vous gênera pas dans votre lecture. Je listerai au fur et à mesure les noms attribués sur ma page de profil.

Rating : T

Résumé : Cinq ans ont passé depuis la mort de leurs parents. Alaric et Hilda ont bien grandi et se sont aguerris en tant qu'aventuriers. L'adolescent juge qu'il est temps de remplir la promesse qu'il s'était faite à l'égard de leur sauveur. À défaut de tomber sur le Crève-gobelins, il s'avère que les quêtes pour exterminer ces viles créatures ne manquent pas à la ville frontière…

Disclaimer : Goblin Slayer et ses personnages ne m'appartiennent pas et sont la propriété de Kumo Kagyu et des éditions Square Enix au Japon et Kurokawa en France. J'empreinte également certains éléments à Ubel Blatt, qui est la propriété d'Etorōji Shiono et des éditions Square Enix au Japon et Ki-oon en France.

Hormis les copyrights ci-dessus, cette histoire m'appartient dans sa totalité en vertu de la législation sur la propriété intellectuelle et de celle sur les droits d'auteur. Interdiction formelle de reproduire, d'utiliser et/ou de diffuser cette histoire sans l'autorisation expresse de son auteur.

Chapitre 1 : Une quête à son image

La réceptionniste aurait volontiers pris une pause mais comme à l'accoutumée, le travail ne manquait pas à la guide des Aventuriers où elle officiait. Les quêtes les plus glorieuses et les mieux rémunérées s'étaient écoulées comme des petits pains tandis que la pile de quêtes consacrées à l'extermination de gobelins croissait à vue d'œil sur son bureau. Le Crève-gobelins s'absentait deux jours et voilà le résultat !

Oh, il y avait bien quelques groupes qui s'étaient montrés intéressés par ces quêtes mais la plupart étaient de rang porcelaine. Les aventuriers inexpérimentés manifestaient une trop grande confiance dans leurs capacités martiales ou magiques, au point de négliger de s'équiper convenablement en potions et de refuser de demander l'aide d'aventuriers plus expérimentés. Pour leur défense, les aventuriers plus aguerris dédaignaient tout bonnement ces quêtes si mal payées, surtout lorsque la maigre récompense devait être partagée.

Pour tous leurs grands discours sur l'honneur et le bien commun, peu d'aventuriers se révélaient comme des exemples d'altruisme dans leur comportement de tous les jours. Le Crève-gobelins représentait l'exception à cette règle aux yeux de la Réceptionniste. Aussi misérable soit la récompense, il éliminait les gobelins par tous les moyens et il revenait toujours. Jusqu'à récemment, il s'acquittait seul de ce fastidieux labeur. Cet état de fait avait changé d'abord par son association avec une jeune prêtresse de rang porcelaine qu'il avait pris sous son aile, puis lorsqu'il s'était retrouvé d'une archère elfe, d'un shaman nain et d'un prêtre homme-lézard. Ils formaient tous les cinq un groupe pour le moins éclectique mais au sein duquel régnait visiblement une bonne entente.

- Bonjour, suis-je bien à la réception de la guide ? Demanda une voix féminine.

Lorsqu'elle leva les yeux de ses feuillets, l'Hôtesse constata que deux personnes s'étaient présentées devant son guichet. La première était manifestement la jeune femme qui s'était adressée à elle. Âgée de quinze ans tout au plus, elle portait une robe d'un rouge sombre et un large chapeau pointu qui masquait en partie ses longs cheveux châtains. Elle tenait dans sa main droite un long bâton magique en ébène dont toute la longueur était gravée de runes et dont l'extrémité haute se terminait par un cristal aux nombreuses facettes. Son visage agréable affichait un sourire tranquille que ne démentaient pas ses yeux noisette.

La seconde personne était un homme de seize ou dix-sept ans. Revêtu d'une armure de cuir bouilli de bonne facture par-dessus une cotte de mailles, il portait deux épées à la ceinture, la première de taille moyenne à gauche et la deuxième plus courte à droite, sans compter le couteau attaché à sa botte droite. Un bouclier en forme d'écu était attaché dans son dos et un chapel de fer était pendu à sa ceinture.

Supposant qu'ils étaient peut-être venus s'inscrire comme aventuriers, la réceptionniste se ravisa en apercevant les plaques d'identification de rang Acier pendues à leurs cous respectifs. Ils devaient donc venir d'une autre guilde.

- Bonjour et bienvenue ! Vous êtes bien à la réception, que puis-je faire pour vous ? Demanda l'Hôtesse d'un ton aimable.

- Nous cherchons le Crève-gobelins, répondit l'homme sans animosité. Travaille-t-il toujours auprès de la guilde de cette ville ?

- Oui, il est toujours inscrit parmi nos aventuriers. Malheureusement, vous tombez mal. Il est parti assez loin pour une quête qui risque de durer plusieurs jours. J'ignore quand ils seront de retour, leur expliqua-t-elle en toute sincérité.

Les nouveaux venus échangèrent un regard entendu, visiblement rassurés d'apprendre que le Crève-gobelins était toujours basé dans ce village mais également un peu déçus de l'avoir raté. L'Hôtesse avait conscience que la curiosité était un vilain défaut mais puisqu'il s'agissait du Crève-gobelins, elle ne put s'empêcher de céder à la tentation d'en savoir plus.

- Puis-je vous demander pourquoi vous le cherchez ? Je pourrais lui transmettre un message à son retour si vous le souhaitez, poursuivit-elle dans l'idée de leur remonter un peu le moral.

- Nous l'avons rencontré il y a longtemps, lors d'une de ses quêtes, commença le jeune homme d'une voix plus sombre. À cette époque…. Disons qu'il nous a inspiré à embrasser sa vocation.

- Ce que mon frère essaie de dire, c'est que nous souhaiterions nous joindre à son groupe, s'il en est d'accord, répondit la jeune femme d'un ton paisible.

A l'aide des quelques pièces du puzzle qu'ils venaient de lui prodiguer, l'Hôtesse y voyait désormais un peu plus clair. Le Crève-gobelins n'acceptait que les quêtes d'extermination des créatures qui lui avaient valu son surnom. Par conséquent, ce frère et cette sœur devaient avoir été victimes des gobelins dans un passé plus ou moins lointain et l'aventurier leur avait porté secours.

Une image s'imposa dans son esprit, la ramenant quatre ou cinq ans plus tôt. Elle revoyait le Crève-gobelins se présenter à son guichet de retour d'une quête avec deux enfants dans ses pattes. Elle se souvenait leur avoir préparé des tasses de chocolat chaud et avoir réussi à extirper de l'aventurier quelques informations à leur sujet. Les deux enfants étaient des orphelins et le Crève-gobelins avait accepté de les emmener avec lui jusqu'au bâtiment de la guide où un parent, un oncle peut-être, devait venir les chercher. Serait-il possible que ces deux aventuriers soient les orphelins de jadis ? Elle n'osait pas leur poser la question mais leurs âges devraient à peu près correspondre… Rares étaient les victimes de monstres à devenir aventuriers mais par son seul exemple, peut-être que le Crève-gobelins leur avait insufflé l'envie de se battre plutôt que de se résigner ?

Son regard se posa de nouveau sur la pile sans cesse grandissante de quêtes d'extermination de gobelins et elle se surprit par sa propre audace lorsqu'elle reprit la parole un instant plus tard avec un sourire gêné.

- Dites-moi, seriez-vous par hasard spécialisés dans l'extermination des gobelins ? Plusieurs villages nous ont demandé leur aide mais en l'absence du Crève-gobelins, peu d'aventuriers ont accepté de s'en occuper…

À sa grande surprise, les deux jeunes gens ne parurent pas offusqués le moins du monde. Au contraire, ils partagèrent un regard complice avant que la sorcière n'acquiesce de la tête.

- La chasse aux gobelins est notre spécialité, lui répondit l'épéiste avec un sourire quelque peu carnassier. Montrez-nous donc ces quêtes.

- Je vous suis infiniment reconnaissante pour votre aide ! Ah, il y aurait aussi un autre léger détail…

Si elle pouvait faire d'une pierre deux coups, elle ne manquerait pas de sauter sur l'occasion. Après tout, la prêtresse n'était pas la seule aventurière de rang porcelaine qui pourrait bénéficier d'accompagner des exterminateurs de gobelins expérimentés dans une quête…

Pour la énième fois depuis leur départ de la ville frontière, le Guerrier novice se demanda s'ils avaient eu raison d'accepter la proposition de l'Hôtesse. L'apprentie prêtresse ne semblait pas partager ses doutes. Sa coéquipière avait argumenté qu'il était plus prudent de partir à l'assaut d'un nid de gobelins en compagnie de deux aventuriers de rang Acier plutôt que par eux-mêmes. Elle lui avait également fait remarquer qu'ils avaient cruellement besoin d'argent pour améliorer leur équipement et acheter des potions, or ce n'était pas en refusant des quêtes qu'ils y parviendraient.

Lorsqu'il avait choisi la vocation d'aventurier, le jeune homme ne s'était pas imaginé que les choses seraient si difficiles. S'efforçant de voir le bon côté des choses, il décida de faire son possible pour apprendre à connaître les membres temporaires de leur groupe. Après tout, il était préférable qu'ils se fassent un minimum confiance avant de s'enfoncer dans l'antre des gobelins.

- Je ne crois pas qu'on se soit présentés à la guide alors… voilà, je m'appelle Glenn et je suis un guerrier novice ! Voici Adeline, c'est une apprentie prêtresse qui a étudié la religion du dieu suprême.

- Enchantés, répondit la jeune femme avec un sourire qui fit rougir l'adolescent jusqu'aux oreilles. Je m'appelle Hilda, je suis une sorcière diplômée de l'académie. Le grand dadais qui tient une épée à ma droite, c'est mon frère Alaric.

- Tu as toujours des mots si tendres, petite sœur… commenta le dénommé Alaric d'un ton faussement courroucé. Je suis épéiste, j'ai étudié à l'école du maître de l'épée située dans les régions de l'Est.

Jusque-là, leurs parcours semblaient plutôt classiques aux yeux du Guerrier novice mais tous deux semblaient avoir terminé leur apprentissage dans leurs champs de compétences respectifs, tout en étant des aventuriers plus expérimentés qu'eux. Existait-il une plus grande différence d'âge entre eux qu'il ne l'aurait cru ?

Il n'eut pas le temps de leur poser la question que l'apprentie prêtresse enchaînait déjà sur un autre sujet.

- Pourquoi êtes-vous venus par ici ? L'Hôtesse nous a dit que cela avait à voir avec le Crève-gobelins mais elle n'a pas voulu nous en dire davantage, déclara son amie d'un ton empreint de curiosité.

Le frère et la sœur échangèrent un regard plus sombre avant qu'Alaric ne hoche la tête en signe d'acquiescement. Hilda réajusta son chapeau de sorcière sur sa tête avant de prendre la parole d'une voix détachée.

- Quand nous étions enfants, notre village a été attaqué par des gobelins. Nos parents et tous les autres habitants ont été massacrés. La seule raison pour laquelle nous avons survécu, c'est parce que le Crève-gobelins a accepté la quête déposée par le chef de notre village avec une maigre récompense.

- Nous lui devons la vie, confirma Alaric, mais plus encore nous lui devons de ne pas avoir été brisés. Je ne sais pas s'il s'agit de vengeance ou de justice mais les gobelins représentent clairement une menace que ni les nobles, ni l'armée ne prennent au sérieux. On peut les comprendre puisque les attaques de ces créatures surviennent loin de la capitale et que les dégâts occasionnés sont jugés minimes… Pourtant, ce sont des gens qui meurent fréquemment, par dizaines, dans l'indifférence générale… Avec Hilda, nous avons décidé de suivre l'exemple du Crève-gobelins en chassant ces misérables créatures.

- Nous avons déjà une certaine expérience des gobelins, même si nous avons chassé d'autres monstres pour gagner de quoi nous équiper. Toutefois, nous voudrions apprendre le savoir-faire spécifique du Crève-gobelins en la matière, qui est reconnu comme le meilleur et peut-être le seul expert en extermination de gobelins, termina Hilda.

Le Guerrier novice n'avait jamais considéré les choses sous cet angle. Pourtant, la réceptionniste de la guilde avait souvent coutume de dire que l'extermination des gobelins était utile à la société, même si les quêtes correspondantes étant peu rémunérées. D'un certain point de vue, Glenn pouvait admettre qu'il y avait quelque chose de noble dans ce combat mais le jeune aventurier éprouvait des difficultés à réconcilier ce principe avec l'allure du Crève-gobelins, qui tenait davantage du mercenaire errant que du héros.

- Tendez vos lampes et vos torches, je vais les allumer, signala Hilda.

Alaric et elle portaient chacun une lampe à huile accrochée à leurs vêtements. Adeline portait dans une main une lampe contenant la bougie violette que la Sorcière avait consenti à leur prêter un peu plus longtemps. Glenn était le seul à brandir une simple torche dans sa main gauche, sa main droite étant toujours prête à dégainer son épée.

A la grande surprise du Guerrier novice, la sorcière à la robe rouge n'utilisa pas un sort mais deux silex dont elle se servit pour faire une étincelle. Glenn rougit en songeant qu'il aurait été futile de gaspiller un sort de cette façon mais il s'était sans doute trop habitué à voir la Sorcière allumer sa pipe de cette façon à la Guilde.

Pénétrant dans la grotte, Alaric prit la tête du groupe, suivi par l'apprentie prêtresse et la sorcière flamboyante tandis que Glenn fermait la marche. Ils devaient avoir parcouru une cinquantaine de mètres lorsqu'ils tombèrent sur une sorte de totem, surmonté d'un crâne humain.

- Hilda, peux-tu vérifier nos arrières ? J'ai cru voir au moins un passage.

- Il y en avait deux, le corrigea la sorcière, mais ils avaient l'air peu profonds donc ils ne doivent pas être très nombreux. Cela dit, vu l'intensité de la flamme de la lanterne enchantée, nul doute que les gobelins sont proches. Est-ce que tu veux t'en charger ?

- Oui, je m'en occupe. Autant ne pas gaspiller vos miracles pour du menu fretin. Glenn, pourrais-tu assurer leur protection pendant un instant ? Lui demanda l'Épéiste après avoir dégainé silencieusement son épée courte.

Le Guerrier novice n'avait pas compris ce dont ils parlaient avant que les silhouettes ne se dessinent sous la lumière des lampes et de sa torche. Ils étaient trois, non, quatre gobelins ! Les créatures jaillirent de derrière eux comme si elles étaient apparues de nulle part.

Ne manifestant pas de surprise particulière, Alaric s'élança vers eux, son bouclier levé avec une main tandis qu'il pointait son épée vers eux avec l'autre. Le premier gobelin n'eut pas le temps de terminer son cri de guerre qu'il était promptement décapité. Le second poussa un cri de rage qui mourut lorsque l'extrémité pointue de l'écu le frappa de plein fouet entre les deux yeux. Les mouvements de l'épéiste allaient trop vite pour que Glenn puisse discerner précisément ce qu'il fit aux deux derniers gobelins mais les créatures s'effondrèrent un instant plus tard comme deux poupées désarticulées, maculant le sol de leur sang.

Laissant échapper un léger soupir, Alaric se rapprocha des dépouilles et saisit un de leurs couteaux peu ouvragés avant de les ouvrir du cou jusqu'au bas ventre.

- Hilda, est-ce que tu peux masquer notre odeur ? Demanda Alaric, affairé à nettoyer la lame de son épée.

Glenn grimaça lorsque la sorcière recueillit le liquide sombre dans sa coupe et en aspergea leurs vêtements tour à tour. Intellectuellement, il comprenait la raison de ce geste, de par l'odorat particulièrement sensible des petites créatures… mais l'odeur était juste abominable. C'était décidé, plus jamais il ne chasserait de gobelins !

Le Guerrier novice sortit de ses pensées lorsque l'épéiste lui tendit deux des couteaux des gobelins, en ayant lui-même gardé deux autres.

- Pourquoi prendre leurs armes ? Demanda-t-il en tendant la main.

- Fais Attention ! Sois précautionneux quand tu les manipules, leurs lames peuvent être empoisonnées, le sermonna Alaric avant de les lui donner. Pour répondre à ta question, leurs armes ne valent pas grand-chose mais elles t'éviteront d'user trop vite ta propre épée. Puisque tu n'en possèdes qu'une seule et que tu as peu d'argent pour la remplacer, tâche d'en prendre soin.

- Est-ce que vous les chassez toujours comme ça ? Demanda l'apprentie prêtresse, qui grimaçait un peu à cause de l'odeur mais en ayant l'air plus à l'aise que Glenn.

- Non, pas toujours, lui répondit Hilda. Lorsqu'il n'y a pas d'otage, nous aurions simplement trouvé un moyen de les enfermer à l'intérieur ou de les enfumer pour les faire sortir afin de plus facilement les cueillir à l'entrée de la grotte.

- Malheureusement, cette méthode ne s'applique pas ici, poursuivit l'épéiste. D'après le villageois qui a déposé cette quête à la Guilde, une demi-douzaine de femmes ont été enlevées hier et elles ont de grandes chances d'être encore en vie.

Le Guerrier novice frissonna en pensant aux femmes qui avaient été enlevées. Beaucoup d'histoires circulaient à la guilde des Aventuriers concernant le sort des femmes kidnappées par les gobelins et elles étaient plus horribles les unes que les autres. C'était peut-être horrible à dire mais il aurait préféré qu'ils ne les retrouvent pas, cela lui aurait au moins laissé l'illusion qu'elles aient pu s'échapper.

Hélas, il pressentait qu'il n'aurait pas cette chance.

Alaric sentit leur puanteur avant de les voir, les effluves de sueur, de sang et d'excréments se répandant jusqu'à eux. Faisant signe silencieusement aux autres de s'arrêter, il vérifia que la sangle de son chapel de fer était bien serrée puis il prit un couteau dans chaque main. D'ordinaire, Hilda aurait déjà utilisé un de ces miracles à cette occasion mais il y avait les otages. D'abord, ils devaient s'occuper du shaman qui devait rôder dans les parages.

Quittant le pan de mur derrière lequel il était caché, l'épéiste repéra immédiatement le shaman et lança un de ses couteaux avec force, atteignant le gobelin en plein torse. Préférant ne pas prendre de risque, il jeta immédiatement le second, atteignant son front cette fois-ci. Leurs pouvoirs étaient ce qu'ils avaient le plus à craindre.

Hélas, le shaman affalé sur le sol ne représentait pas l'unique menace. A côté de la douzaine de gobelins qui s'affairaient à s'amuser avec les prisonnières, pour certaines allongées sur le sol et pour d'autres attachées debout sur des planches, il y avait aussi deux hobgobelins. Ces montagnes de muscles avaient beau être aussi stupides, voire davantage, que leurs petits cousins, ils n'en faisaient pas moins preuve d'une force formidable.

Son premier avantage, c'était que la caverne où ils se trouvaient actuellement était suffisamment large et haute pour qu'il dégaine son épée de taille moyenne. Son second avantage, c'était que les gobelins n'avaient pas encore vu ses compagnons. Le croyant seul, ils se moquaient manifestement de lui et ne le prenaient pas au sérieux, ce qui se traduisait par le fait qu'ils ne cherchaient pas spécialement à se cacher derrière leurs otages.

L'épéiste avait compté sur cette réaction. Maintenant, il devait les attirer assez loin pour que sa sœur et les autres puissent porter secours aux jeunes femmes. Il avait toutefois espéré qu'ils soient davantage en colère suite à la mort de leur chef mais tout occupés qu'ils étaient à abuser de leurs prisonnières, ils ne semblaient même pas s'en être rendus compte.

Il allait devoir les énerver davantage.

L'un des hobgobelins, qui tenait une large hache rudimentaire dans une main, s'approcha de lui. Alaric attendit qu'il se soit suffisamment rapproché et resserra les deux mains sur son épée avant de se lancer à l'attaque. Exécutant les huit mouvements de base, il commença par faucher les jambes de la créature pour le faire tomber et une fois celui-ci au sol, il planta sa lame à la base de son crâne, faisant jaillir un jet de sang nourri sur lui.

- Qui veut être le prochain ? Demanda-t-il après avoir repris son souffle en se tournant vers les autres.

Les gobelins ne riaient plus. Délaissant leurs victimes presque immobiles, ils se saisirent de leurs armes rudimentaires avant de foncer vers lui. Comme convenu avec ses compagnons, Alaric se mit à courir, espérant que le second hobgobelin le suivrait également.

Son plan réussit un peu trop bien. Non seulement le hobgobelin l'avait suivi mais voilà qu'il lui barrait la route d'un côté tandis que les gobelins faisaient de même derrière lui. Pris en tenaille, il choisit de se mettre dos au mur, tenant fermement son épée à deux mains. Il pourrait peut-être en emporter quelques uns des petits avec lui mais le hobgobelin le fracasserait au premier moment d'inattention. A l'inverse, s'il se concentrait sur le gobelin géant, les petites créatures l'immobiliseraient et le poignarderaient en usant de leur nombre contre lui.

- Torrentem flammae !

La caverne s'illumina d'une lumière rouge et jaune tandis que les flammes se répandaient tout autour des gobelins avant de se resserrer vers eux, comme un piège qui se referme sur sa proie. Les petites créatures lancèrent leur dernier cri de rage et d'impuissance avant d'être consumées. Sa sœur avait bien mérité son surnom de Sorcière Flamboyante, il avait rarement vu un sort de feu d'une telle intensité.

Le hobgobelin manifesta plus de résistance, tentant de sauter par-dessus les flammes mais Alaric ne lui laissa aucune chance.

Se mettant accroupi, il sectionna un talon d'Achille du hobgobelin qui se plia en deux de douleur. Le Guerrier novice s'élança vers la créature en poussant un cri et frappa à la base de son crâne, comme il avait vu Alaric le faire un peu plus tôt. Il l'entailla mais son coup ne fut pas assez puissant pour le tuer. Le hobgobelin commençait à se redresser quand un rayon magique de couleur bleutée traversa la grotte avant de le percuter en pleine tête. La créature s'effondra dans un grondement sonore sur le sol.

Par précaution, l'épéiste sépara sa tête du reste de son corps. De son expérience, on n'était jamais trop prudent avec ces créatures.

- Vérifiez qu'ils sont bien morts, leur intima Alaric en transperçant la poitrine de chaque gobelin en dehors de ceux trop carbonisés.

- On a réussi, je commençais à ne plus y croire… avoua le Guerrier novice en s'épongeant le front avec sa main.

- Ce n'est pas fini, il y en a peut-être d'autres, répliqua Alaric en brandissant sa lampe devant lui. Je vais jeter un œil pendant que vous veillez sur les prisonnières.

Alaric rangea sa longue épée, quelque peu abîmée, dans son fourreau et sortit son épée courte. Il trouva ce qu'il cherchait, trois petites silhouettes prostrées les unes près des autres. Il ne cilla pas avant d'abattre sa lame sur les créatures qui n'avaient pas encore tué mais qui ne manqueraient pas de le faire s'il leur en laissait la chance.

Lorsqu'il revint vers les autres membres de leur groupe, il échangea un regard entendu avec sa sœur, qui venait de finir d'administrer des potions aux jeunes femmes.

- Ces quatre-là sont vivantes et suffisamment soignées pour être déplacées.

Elle ne commenta pas le sort des deux autres, les ossements qui jonchaient les lieux parlaient d'eux-mêmes. L'épéiste ne savait pas qui avait eu le plus de chance entre les défuntes et celles qui avaient survécu. Les survivantes ne seraient sans doute jamais comme avant mais peut-être qu'avec le temps, elles pourraient retrouver un semblant de normalité.

Dans tous les cas, il était temps de rentrer à la ville frontière.