ANGLETERRE DU NORD
3 OCTOBRE 1981

Remus !

Une chape d'épais nuages sombres obscurcissait le ciel, tandis que devant lui s'élevaient d'immenses arbres dont la cime se perdait dans l'inquiétant plafond gris. La pluie menaçait, quelques gouttes commençaient à s'écraser lourdement sur le sol, éclaboussant de fait l'impair noir qu'il avait revêtu.

— Nom d'un chien... marmonna-t-il rageur. Remus ! Où es-tu bon sang ?!

Les cheveux roux, plaqués sur son crâne, commençaient à se tordre en frisottis ; l'atmosphère était terriblement humide et particulièrement glaciale. Les yeux noisette alertes, les doigts fins étroitement noués autour d'une baguette en bois d'Orme, le jeune sorcier était prêt à bondir au moindre bruit suspect.

Le craquement d'une branche raisonna sinistrement, et l'homme bondit sur place, brandissant sa baguette en direction du bruit : l'orée de la forêt. Une silhouette élancée se détacha, petit à petit, de ces géants faits d'écorces et d'épines. Une seconde silhouette, plus petite mais bien plus épaisse, ne tarda pas à suivre la première.

Le sorcier tremblait. De peur ? De froid ? Peut-être même des deux. Sa respiration se faisait erratique et se condensait devant sa bouche.

— Arthur ! s'exclama une voix qu'il reconnut comme étant celle de Remus.

— Remus ! Tu m'as fait une peur bleue ! Répondit-il en abaissant un bras engourdit par le froid.

— Que faites-vous là Weasley ?! Aboya la seconde silhouette, qu'il reconnu ensuite comme étant Alastor Maugrey, un auror avec lequel James et Adèle avaient eu l'occasion de travailler.

— On m'a chargé de prendre le premier portoloin pour vous prévenir. Vous avez été dur à trouver, voilà deux jours que je vous cherche !

— Nous prévenir de quoi ?

— Le Seigneur des Ténèbres..il...

— Et bien quoi ?! s'impatienta Maugrey.

— Il est mort.

— C'est impossible... marmonna l'auror qui n'en croyait pas ses oreilles. Comment ? En sommes-nous bien sûr ?

— C'est Harry, sa voix rauque commençait à se faire tremblante, mails reprit : Il a voulu tuer Harry mais le sort...

— Harry ?! s'exclama Remus. Non c'est impossible Arthur, tes informations doivent être erronées.

— Il a tué James et Lily mais... il réprima tant bien que mal ses sanglots, le petit Harry a survécu. On ignore encore par quel sortilège il s'en est sorti, c'est un miracle qu'il...

— Il doit y avoir une erreur, coupa Remus dont le regard s'était embrumé. Ils sont protégés par le sortilège de Fidelitas, il ne peut pas les trouver.

— Je suis désolé Remus, commença Arthur.

— Le sortilège de Fidelitas leur...

— Ils sont morts, Remus, trancha froidement Alastor. Ils ont été trahis, que vous le vouliez ou non. J'en suis désolé.

— Il... bégaya Remus alors que les larmes avaient entamé une descente incontrôlable sur ses joues. Il faut prévenir Adèle...et...qu'en est-il de Sirius et Peter ?!

Un silence de courte durée s'installa. Le jeune loup-garou sentait son sang pulser dans ses tempes, son cœur battait si fort qu'il n'aurait pas été surpris de le voir sortir de sa poitrine. Une main lourde vint se poser sur son épaule, mais il ne se risqua pas à jeter un coup d'œil en direction de l'auror. Il avait sûrement entendu son cœur battre à tout rompre. Peut-être même qu'Arthur le percevait aussi. Il prit une grande inspiration, sa vision reprenait peu à peu de la clarté et, observant l'ami qui se tenait devant lui, il remarquait que ce dernier se balançait d'un pied à l'autre, comme hésitant. Finalement, Arthur reprit, assénant un dernier coup de massue dans le cœur de Remus Lupin :

— Il y a aussi autre chose qu'il faut que tu saches à propos de Sirius et Peter...

C'est alors que le monde de Remus Lupin s'effondra.