Note d'auteur.
HELLO
Bon, voilà, comme on dit la vie réserve des surprises, et la surprise du jour est le retour du EREJEAN dans ma vie. Cet OS a été plus ou moins écrit dans le cadre de la week Erejean qui a lieu en ce moment (je dis plus ou moins parce que je me branle un peu avec les thèmes donnés, et que je poste pas du tout dans l'ordre ptdrrrrr).
Je suis RAVIE de vous retrouver (retrouver, ou ravie de vous rencontrer, ou que sais-je, faites moi signe s'il y a quelqu'un et venez crier avec moi sur ce ship merci) POUR mon premier OS dans le fandom SNK, j'espère de tout mon coeur que ça va vous plaire coeur coeur coeur
Alors, c'est le bon moment pour remercier de tout mon coeur ma partner in crime Eating-flowers vraiment meuf I LOVE YOU merci de crier avec moi, merci d'écrire avec moi le week-end, la semaine, whatever t'es toujours là pour crier avec moi sur le Erejean et c'est grave à toi que je suis tombée aussi vite là dedans, clairement chaque jour EST I BONHEUR et je veux me marier avec toi girl, t'es genre un ange tombé du ciel, donnez un couronne à cette fille coeur coeur
Bon, outre la couronne vous pouvez aussi allez lire ses Erejean qui sont comme qui dirait de qualité supérieur, merci
LE THEME DU JOUR, est (je vous le dis pas parce que ça spoil, mais je vous le mets en bas de l'os quand même)
Je vous souhaite une bonne lecture, à très bientot car je vais surement en écrire d'autres
(et le titre vient de notre reine à tous Cascada (si, si, vous connaissez, and everytime we touch, i get this feeling and everytime we kiss iswear i can fly) voilà bisous)
THE NIGHT BELONGS TO
Jean ne se considère pas forcément comme un mauvais ami.
Bon, il n'est pas le meilleur, c'est clair, mais disons qu'il fait ce qu'il peut : il répond au téléphone à trois heures du matin quand il sonne, apporte de la bouffe si jamais l'un de ses potes s'est fait larguer, et il ne râle pas trop quand quelqu'un rentre dans sa caisse avec les pieds sales (bon, d'accord, ça c'est un peu faux). Il a des défauts, mais estime que ceux des autres sont pires et que donc il n'a pas à s'excuser pour quelques remarques un peu trop méchantes ou alors un ménage bâclé dans les parties communes de sa coloc'. Un appartement en centre-ville coûte cher, et son boulot le paye apparemment aussi bien que celui de Sasha, Ymir et Connie, puisqu'ils se partagent la facture (et il ne tape par sur le mur avant minuit dans ses abrutis d'amis font trop de bruit, histoire de ne pas faire le vieux grincheux).
Donc, il n'est pas non plus un ami trop pourri. Mais là, c'est quand même un peu trop lui demander.
— Je te jure que tu me revaudras ça jusqu'à la fin de ta vie.
— Je sais, Jean. Tu me l'as déjà dit quinze fois au moins.
— Je le dis encore une fois, alors, histoire que tu t'en souviennes bien.
Si Jean a un problème dans la vie, c'est bien les films. Ce n'est pas vraiment qu'il déteste ça, il en a déjà vu, encore heureux, mais il ne prend décidément pas le même plaisir que tout le monde à se poser sans bouger pendant des heures. Il ne regarde qu'un certain type de film, quand il y a de l'action et de quoi le tenir éveillé.
Mais son ami, son meilleur ami depuis le collège, a malheureusement décidé que Jean Kirschtein était la seule personne encore disponible pour l'accompagner à la première représentation d'un foutu film d'auteur de 3h45.
Non pas que Marco en soit fan, Jean est bien placé pour savoir que ça le fait chier aussi, mais lui n'a vraiment pas le choix. Le père de Marco, au cas où tout le monde ne soit pas encore au courant étant donné que c'était l'une des raisons pour lesquelles tout le monde voulait traîner avec Marco au collège et au lycée (pas la seule, bien sûr), est plus ou moins pété de thunes. Jean n'a jamais compris le principe de son boulot, même en y mettant la meilleure volonté du monde, mais il sait au moins que ça consiste à déplacer de l'argent d'un point A à un point B pour que le point B rapporte un max.
Et apparemment cette fois, le point B est la sponsorisation d'un film d'auteur de 3h45 à laquelle son film est obligé d'aller, pour faire bonne figure. Et même si Marco est gentil, un peu comme un ange tombé du ciel, il ne l'est quand même pas tant que ça, et ne peut décidément pas se faire chier pendant 3H45 tout seul.
— Je veux mourir, souffle Jean.
— T'en fait un peu trop quand même.
— Ton truc va nous achever.
— C'est bon, c'est pas le festival de Canne, non plus. Tu pourras toujours taper une sieste si vraiment il est si chiant.
— J'ai lu le résumé, Marco. Je vais sûrement m'endormir avant l'apparition du titre.
Marco lève les yeux au ciel, ce qui n'est pas très conseillé quand on conduit une voiture. Mais bon, Jean n'est pas vraiment à ça près : autant qu'ils finissent dans un fossé si ça lui permet de louper cette première débile.
— Je te hais, souffle-t-il.
— Tu m'adores. Peut-être pas tout de suite parce qu'on va se faire chier comme des rats morts, mais tu veux que je te dise ? J'ai un secret.
Jean hausse un sourcil. Son costume est parfaitement coupé, et il est obligé de s'asseoir d'une manière très précise pour ne pas le froisser (c'est ce qu'a dit le père de Marco avant-hier en lui tapant sur l'épaule « ravi de t'avoir avec nous, Jean, mais arrive avec un costume froissé et je serais obligé de dire que tu es le serveur »).
— Ah oui ?
— Bien sûr. Ça fait des années que j'accompagne mon père à ce genre de soirée.
— Dis-moi.
— Alors arrête de râler.
— Si ton conseil en vaut la peine, alors je dirais plus rien devant toi et je pourrais même sourire poliment en serrant quelques mains.
Car malheureusement, ce n'est pas la première fois qu'il l'accompagne : parfois c'est drôle, et parfois ça l'est moins.
— Il y aura un apéritif avant la première. Bon, il y en aura un aussi après, mais celui d'avant est plus important.
Marco sourit.
— Quatre verres du champagne servit par les serveurs en cravate blanche, et t'auras déjà loupé une heure du film.
Une seconde passe, la radio offre une chanson pop assez vieille, et Jean éclate de rire.
— D'accord, je note. Et j'arrête de me plaindre : ton conseil vaut le coup.
— Incroyable. Quelle chance, j'ai.
Son conseil vaut carrément le coup : Jean arrive avec un costume parfait, des cheveux encore impeccables, et il se sent un peu moins désespéré (assez pour serrer des mains avec enthousiasme, tandis que Marco se fait entraîner à l'écart).
C'est le bon côté de la chose. Jean n'est pas l'invité principal, il n'est que l'accompagnateur, alors personne n'essaye de lui parler à part les vieilles femmes un peu trop seules et les jeunes légèrement paumés. Le buffet est délicieux, comme toujours, et il n'a aucun remords à se faire un stock de petits fours qu'il trimbale dans toute la grande pièce.
Une grande pièce circulaire, où une petite exposition a été mise en place sur le côté. Il regarde les tableaux exposés avec un engouement feint, et avale ses petits fours avant de voir passer à côté de lui un serveur avec une cravate blanche.
Jean attrape une coupe de champagne, et s'excuse du geste par un sourire.
Le verre à ses lèvres, il savoure le champagne sans un mot (les deux premières coupes peuvent être prises n'importe quand pendant les 35 premières minutes, mais les deux dernières doivent être avalées presque cul sec juste avant de rentrer dans la salle) (à ne pas reproduire à la maison). Jean marche dans la salle, s'arrête un peu contre un mur, termine sa nourriture puis sa boisson, et finit par reposer le tout sur une table vide avant de se diriger vers les toilettes.
Ça aussi, ça fait passer le temps plus vite : se promener un peu, se perdre éventuellement, et visiter cet immense cinéma de bobos chics. Il trouve les toilettes un peu trop rapidement. Quand il en sort, il est presque déçu de devoir déjà y retourner, alors décide de marcher encore un peu vers le bout du couloir, juste pour voir s'il n'y a pas une fenêtre au bout pour prendre un peu la lumière avant d'être enfermé pour l'éternité dans une salle sombre et ennuyeuse.
C'est là que, dans un renfoncement, son regard en croise un autre. Des yeux bleus, ou peut-être verts, et des sourcils qui se haussent. Le jeune homme, qui doit avoir à peu près son âge et qui n'a pas l'air d'en avoir grand-chose à faire de son costume, est tranquillement installé dans un canapé qu'il a forcément déplacé là.
Jean en a vu dans le minuscule hall devant les plus petites salles de projection.
— Oh, souffle l'inconnu. Salut.
— Salut...
— Personne ne vient par là, d'habitude. Quelqu'un t'a dit d'aller me chercher ?
Jean cligne des yeux.
— Nan, mec. Je marchais juste.
Puis il rajoute, en voyant le soupir qui s'échappe des lèvres du garçon.
— Pourquoi, toi aussi tu t'es fait traîné là ou un truc du genre ?
Il acquiesce.
— Ouais, un truc du genre.
Un silence gênant s'installe pendant de longues secondes, jusqu'à ce que Jean entende :
— C'est quoi ton nom ?
— Jean. Et toi ?
— Eren.
Eren pointe du doigt la table devant le canapé, qui paraît recouverte de petits fours en tout genre.
— J'ai plus ou moins piqué la moitié de la bouffe de la salle, tu veux rester un peu ? Sauf si tu préfères aller retrouver toutes ces charmantes compagnies plutôt que de te contenter de la mienne...
Le ton utilisé ne laisse aucune place à l'incertitude, et Jean se surprend à trouver que le rictus amusé d'Eren est tout à fait charmant. Presque autant que ses yeux, ses cheveux coiffés en arrière, et sa peau bronzée.
— Pourquoi pas. J'avoue que mon envie de retourner là-bas pour m'emmerder comme un rat mort est tellement grande que j'hésite énormément, mais je vais sûrement rester là. Au moins, j'ai pas à courir après les petits fours.
Il fait la moue, tout en s'installant sur le canapé sans trop s'inquiéter de son costume (l'arrivée est passée, le père de Marco lui a serré la main avec un sourire, et de toute façon il va bientôt passer 3h45 assis dans un fauteuil à chier).
— Bon, c'est un peu dommage parce qu'eux ils avaient du champagne, mais je pourrais toujours m'enfiler quelques coupes plus tard.
Eren lui offre un nouveau sourire éclatant, puis se penche en arrière pour sortir de derrière l'accoudoir une bouteille entière. Il la lève à hauteur de son visage et offre à Jean un clin d'œil désarmant.
— Et normalement c'est le moment où tu te dis : « quelle chance j'ai eue de tomber sur le mec qui se cache derrière les toilettes ».
— C'est marrant, parce que c'est exactement ce que je viens de me dire.
Jean découvre trois choses pendant les 15 minutes qui suivent.
Tout d'abord, Eren ne se vexe pas facilement aux remarques parfois un peu trop franches de Jean (qui entre dans la catégorie de ce qui fait de lui un ami un peu pourri parfois) et pire : il répond de la même manière en lui mettant parfois des coups de pied dans la cuisse et en lui reprenant la bouteille de champagne. À son « mange ce dernier petit four au fromage, Eren, et ton cul deviendra encore plus énorme » Eren lui a répondu « si tu veux aller en cuisine chercher du blé pour nourrir ta face de cheval y'a pas de problème mais garde ta main loin de ma bouffe ». Et à ce moment-là, même si Jean s'est forcément défendu face à l'insulte qu'il a malheureusement déjà entendue, il est presque certain d'avoir entendu son cœur battre un peu plus fort face à ce petit enfoiré malheureusement gâté par la nature.
Ensuite, apparemment Eren trouve autant que lui que le film a l'air vraiment nul à chier. Ils ont débattu pendant un moment sur le sens débile du résumé, et le résultat catastrophique qu'a donné le poster affiché en grand dans le hall. « Un film pour trou du cul qui veut se la jouer intelligent », voilà ce qu'Eren a déclaré en haussant les épaules. Jean a voulu se renseigner un peu, poser des questions sur qui a invité Eren et ce que cette personne a fait (puisqu'il est évident que ce n'est pas Eren qui a, par exemple, tenu le micro pendant le tournage).
Et finalement, la troisième chose est que ce champagne est réellement délicieux. Les bulles picotent délicieusement sa langue, et le goût fond dans sa bouche. Eren a arrêté de s'occuper de sa coupe au bout du troisième verre, et boit à présent au goulot exactement comme lui.
Sa cravate est un peu lâche, le premier bouton de sa chemise est détaché, et Jean fait tout ce qu'il peut pour ne pas laisser son regard trop vagabonder, ce qui devient compliqué à chaque nouvelle gorgée étant donné qu'Eren est, pour le dire simplement, un mec plutôt canon.
Et que Jean est, pour dire encore plus simplement, un mec très très gay.
— Et sinon, ce « Marco », c'est ton mec ?
— Quoi ?
Eren lui jette un regard, et consent à lui laisser une mini pizza (ou ce qui ressemble à une mini pizza, mais en plus sophistiqué).
— Marco, c'est bien le type avec qui t'es venu, non ? T'arrêtes pas d'en parler.
— Oh. Ouais, je suis venu avec lui. Parce que c'est genre, mon meilleur ami depuis des années et que maintenant il me doit une faveur plutôt conséquente.
— Conséquente ?
— Ce film dure 3h45. Ça compte double.
Eren boit une nouvelle gorgée, et lui retourne un sourire amusé.
— Triple, si tu veux mon avis. Avec les 15 minutes de remerciement au début, ça fera bien 4h. Tu peux compter triple.
Jean ricane, la tête retombant en arrière sur le repose-tête de ce canapé trop pue confortable (on voit bien qu'ils sont faits pour s'asseoir trois minutes pas plus, le temps d'attendre son ami devant les toilettes à la sortie du film).
— Donc c'est pas ton mec.
— Nope.
— Cool.
Jean essaye de ne rien montrer, car son ego est assez imposant en règle général, mais à l'intérieur de sa poitrine son cœur s'emballe largement tandis que sa tête hurle « COMMENT CA COOL CA VEUT DIRE 'cool' OU GENRE COOL JE TE DRAGUE ? ». Il se racle la gorge, l'air de rien. Le champagne commence à largement monter, et il sait que ses joues commencent à rougir naturellement.
Eren est toujours aussi beau, aussi bronzé, et ses grands yeux paraissent encore plus brillants avec l'alcool.
— Et toi ?
— Marco n'est pas mon mec non plus.
— Merci, couillon. Et toi, t'as un copain ?
— Oh, un « copain » ? Trop mignon.
— Eren...
— Nan, pas de Jules de mon côté non plus. Quelle coïncidence incroyable n'est pas ?
Au loin, Jean croit entendre une porte s'ouvrir et se refermer, en même temps qu'une voix appeler « Eren ! » avec fatigue. Le concerné lui sourit de toutes ses dents avant de poser sa bouteille sur la table, se redresser en prenant appuie sur un genou, et se pencher avec brusquerie vers Jean pour saisir ses joues, et poser ses lèvres sur les siennes.
Un baiser qui le prend par surprise, et auquel il répond dans la seconde sans vouloir céder le contrôle un seul instant. Tout est humide, et brûlant, et décidément trop agréable pour un roulage de patin au goût de champagne dans un renfoncement derrière les toilettes.
Quand ils se séparent, Jean est à bout de souffle et Eren se lèche les lèvres en se redressant. Leurs regards se croisent, celui de l'autre idiot est vraiment indécent, et finalement une personne se racle bruyamment la gorge derrière eux.
Jean se retourne dans un sursaut.
— Super Eren, je vois que tu t'amuses bien. La salle va s'ouvrir dans cinq minutes alors rapplique ton cul par là.
La fille, que Jean n'a jamais vue de sa vie et qui possède un beau visage de poupée et de lisses cheveux noirs, les fusille tous les deux du regard. En chuchotant, il demande avec un regard curieux en direction du mec aux cheveux en bataille qu'il vient juste d'embrasser :
— J'ai demandé pour le copain, mais t'as pas de copine non plus, hein ?
Eren rit.
— Ma sœur, dit-il. Et elle a l'air vénère.
— Je suis juste là. Vous êtes dégoûtants. Et toi, tes cheveux ressemblent à un nid de rats.
— On dit un nid d'oiseaux.
— Les tiens ont vraiment l'air d'avoir des rats dedans.
Jean grimace. Cette fille ne rigole vraiment pas, contrairement à Eren qui se relève en rajustant sa veste d'un geste expert.
— On se revoit à la sortie, dit-il, et Jean fixe son dos jusqu'à ce qu'il ait disparu au bout du couloir.
Il attend encore de longues secondes avant de se souvenir que lui aussi est censé entrer dans cette salle pour regarder le film.
Près de quatre heures plus tard, Jean sort de la salle sombre avec un costume froissé et des yeux rougis. L'écran lui a presque brûlé la rétine, mais à présent qu'il peut enfin se dégourdir les jambes il se rend compte qu'il doit sûrement marcher comme un canard après une nuit difficile.
Juste derrière lui, Marco remonte à sa hauteur.
— Bon alors, c'était pas si terrible, si ?
— C'était affreux, siffle Jean.
L'histoire était horrible et ennuyante, la fin sans aucun sens (sûrement pour laisser une « interprétation » histoire de faire sérieux et philosophe), et les scènes trop longues et trop fixes. Le film n'avait aucun rythme.
— Ah ? Pourtant t'as pas dormi.
Et c'est bien là tout le problème, et le pourquoi du comment cela était affreux. Il n'a pas dormi. Il a regardé chaque scène avec attention et des yeux presque écarquillés d'horreur.
— Nan, j'ai pas dormi, c'est sûr.
Il veut plus ou moins mourir, à ce stade. Marco fronce les sourcils, et lui soupire largement.
Quelques minutes plus tard, une nouvelle coupe de champagne est dans la main de Jean et il la boit presque cul sec. Marco est occupé ailleurs, la salle est pleine de monde qui discute avec ferveur de l'œuvre apparemment incroyable qu'ils viennent de voir, et Jean reconnaît au loin la fille aux cheveux noirs qu'il a rencontrée plus tôt derrière les toilettes.
Il déglutit.
Une voix à côté de lui le fait presque sursauter.
— Alors, c'était comment ?
Sa tête se tourne si vite qu'il entend sa nuque craquer, juste attend pour voir Eren Jaeger s'appuyer contre le mur en croisant ses bras, touchant presque leurs épaules.
— Toi, siffle Jean.
— Moi, confirme Eren en buvant tranquillement sa coupe. C'était affreux, n'est-ce pas ? Je me suis endormi au premier tiers, je crois.
— Toi..., répète Jean un peu plus bas.
Le sourire de l'autre garçon redouble, et il fait ce qu'il peut pour contrôler son cœur qui s'emballe tout seul comme un crétin. Ses lèvres s'assèchent en repensant encore une fois au baiser qu'ils ont échangé.
— Tu ne m'as pas répondu.
— Et toi tu m'as menti !
Il n'a pas parlé fort, un peu comme un chuchotement irrité.
— J'ai pas menti.
— Pitié.
— Nan, je te jure. Tu m'as dit « toi aussi tu t'es fait traîner là ou un truc du genre ? » et je t'ai répondu « un truc du genre » parce que c'est le cas.
Jean lève les yeux au ciel, parce qu'Eren lui lance un regard innocent en battant des cils et qu'il ne veut pas être déjà aussi sensible à une technique aussi évidente.
— En vérité, je me suis fait traîner là. Je comptais sécher la première et m'excuser plus tard, mais Mikasa est arrivé chez moi pour m'obliger à enfiler ce foutu costume, et je t'assure qu'elle est plus forte qu'elle en a l'air. Elle fait de la boxe thaï. Terrible.
— Ton père est le producteur !
Eren lui renvoie un petit sourire penaud.
— Ouaip.
— Et tu joues l'un des rôles principaux. T'es littéralement dans le film que j'ai passé trente minutes à critiquer juste avant la projection.
— Ouais. Je trouvais ça trop marrant. Et franchement, je suis d'accord avec toi : ce film est à chier. Mon père aime trop faire ces trucs de philosophe avant-gardiste à deux balles.
— Tu es acteur.
— Oui. Et heureusement pour moi j'ai fait d'autres films. Je croyais que tu faisais semblant de pas me connaître au début, mais en fait t'as juste pas de culture. Ce qui est cool, mec, ça me dérange pas que tu sois un peu bête.
— Je vais tellement te tuer, siffle Jean en se rapprochant un peu. Et je ne suis pas bête, j'ai un diplôme en science, ce qui veut dire que je me fous pas mal du cinéma.
Eren se rapproche également, et tout à coup ils sont beaucoup trop proches pour être en public et Jean connaît son self-control un peu instable.
— Alors, reprend Eren. Qu'est-ce que t'en as pensé ?
— Je vais pas dire qu'il était incroyable juste pour tes beaux yeux.
— J'espère bien. Toutes les personnes de cette salle sont là pour ça. Toi tu peux dire la vérité.
— Il était pourri. Heureusement qu'ils t'ont donné des fringues potables, ça sauvait le truc.
Jean ne parle pas de cette scène où Eren n'a justement pas de fringues potables, et pas de fringues du tout en fait. Il n'en parle pas du tout. Ce qui veut dire qu'Eren comprend tout seul qu'il est en train d'y penser car son sourire s'élargit encore et il se glisse vers lui, collant discrètement sa bouche à l'oreille de Jean.
Il murmure :
— Si tu me donnes ton numéro de téléphone maintenant, il est possible que lors d'un rendez-vous futur je porte ces fameuses fringues potables.
Et à ce niveau, il y a tellement d'insinuation que Jean ne sait même pas s'il parle vraiment des fringues ou des non-fringues. Il déglutit, et la seconde d'après son smartphone est dans la main d'Eren.
— Super, dit ce dernier en tapotant sur l'écran tout en tenant son verre sans renverser une goûte (il s'envoie un message à lui-même, puis lui rend son bien). Très content d'avoir fait ta connaissance et...
Il lui lance un regard, un regard soudain un peu plus honnête et moins taquin.
— T'es super cool, comme mec.
Jean s'adoucit, le goût du champagne encore sur sa langue.
— Toi aussi, Jaeger. Même si ton métier craint un max.
Eren hausse les sourcils de manière absolument insupportable et adorable, puis se décale sur le côté pour tourner le dos à la salle et poser un baiser mouillé sur la joue de Jean.
— A plus, dit-il.
Quand Marco vient enfin le chercher pour rentrer, une trentaine de minutes plus tard, Jean peut à peine faire sembler d'ignorer le regard qu'il lui lance. Son sourire le fait presque rougir quand il dit : « Eh bien, je vois qu'on s'est pas tous emmerdés de la même manière. Eren Jaeger, hein ? ».
Et Jean lui répond d'aller se faire voir.
Des bisous !
(le thème était "Celibrity x fan", et j'ai décidé de dire fuck à la partie "fan")
