Salut, salut. Ceci est ma toute première fic sur Johan et Pirlouit. C'est une œuvre que je trouve négligée par rapport à d'autres bandes-dessinées; alors qu'elle mériterait plus de reconnaissance, c'est pourquoi je fais une fic dessus. Par contre, je préviens tout de suite: je ne sais pas encore si les Schtroumpfs y apparaîtront ou non.
Bonne lecture
C'était une nuit de ténèbres. Ces ténèbres engloutissaient une forêt dans une gigantesque nuée noire morbide. L'obscurité était déserte et le vent soufflait.
Personne ne se trouvait dans ces lieux donc personne ne pouvait voir une petite maison dont une minuscule lueur s'échappait. La lueur était celle d'une bougie que personne à l'extérieur du logis n'aurait été capable de voir s'il y avait eu quelqu'un à l'intérieur de ce dernier.
Pourtant, c'était le cas. Si l'on s'était bien rapproché, on aurait entendu des voix, ou plutôt, des murmures.
«-N'oublie pas, dit tout doucement une voix de femme, L'effet est temporaire. Au bout de douze heures, tu reprendras ta véritable apparence. Pense à en boire à intervalles réguliers; et aussi à m'envoyer des messages quand tu commenceras à en manquer. Mon corbeau t'en apporteras.
-Oui madame, dit une voix d'enfant.»
Chapitre 1: Cauchemar réconfortant
Pirlouit se réveilla en sursaut. Cela faisait, à cet instant, plusieurs fois qu'il faisait le même rêve. Dans ce rêve, il était avec Johan dans une forêt en train de poursuivre l'un de ces nombreux gredins qui avait tenté de nuire au Royaume, aux Schtroumpfs ou bien encore à eux-mêmes. A la fin, ça se terminait toujours de la même façon; lui et Johan rentraient toujours au château triomphants. Ce qui était, à ce moment-là, une situation normale.
Sauf que les choses finissaient par devenir bien plus qu'inhabituelles par la suite. Johan invitait Pirlouit à venir discuter de tout et de rien dans sa chambre. Et Pirlouit se concentrait davantage sur le son de la voix de son ami allongé sur le sol plutôt que les paroles de ce dernier. Et sans réfléchir, sans avoir rien prévu, Pirlouit se penchait vers la tête de Johan et entrouvrait ses lèvres.
C'était toujours à ce moment-là que Pirlouit se réveillait. Ses songes s'arrêtaient toujours au bon moment. Depuis combien de temps de telles fantaisies s'étaient forgées dans son esprit? Combien de temps qu'il rêvait d'avoir des contacts aussi affectueux avec son camarade de toujours?
Au tout début, il se disait que ça lui passerait; qu'il était juste curieux. Mais même le plus avisé des humains pouvait faire preuve du plus grand aveuglement et, surtout, déni quand il s'agissait d'amour.
Car en effet, c'était bien de cela dont il s'agissait; il était amoureux de son meilleur ami. Au début, il avait fait comme si ses rêves ne signifiaient rien, comme si les images qu'il voyait n'était que l'affection de deux frères de cœur; mais il ne pouvait plus se mentir à lui-même. Pirlouit était éperdument amoureux de Johan.
Mais pourquoi? Pourquoi lui, qui aimait passer tant de temps avec les femmes, avait-t-il fallu qu'il s'éprit d'un homme? De son meilleur ami qui plus était. Comment le verrait-t-on si cela s'apprenait? Est-ce que les gens le rejetteraient, le mépriseraient, le haïraient et le considéreraient comme une abomination? Comme cela avait été le cas avant sa rencontre avec Johan?
Johan! Il hantait encore ses pensées!
Alors qu'il bougeait sa tête, Pirlouit se trouva face à son miroir. Il était impossible de reconnaître le Bouffon du Roi, rieur et joyeux à travers ce visage ternis par la sueur, les cernes et la fatigue.
Pirlouit savait qu'il ne serait pas capable de se rendormir trop effrayé par ses maudits rêves. Il décida d'aller se promener dans les couloirs du Château afin de se sentir mieux.
Il attrapa quelques pommes dans la cuisine et se mit à jongler joyeusement tout en continuant à marcher, ou plutôt de sautiller une danse feinte en chantonnant; faux mais il ne s'en doutait pas. Il commençait déjà à se sentir bien mieux et se demandait s'il continuerait son amusement privé dans sa chambre.
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Une silhouette observait la nuit par une fenêtre d'un des couloirs du château du Roi. La personne semblait mélancolique. Cette mélancolie l'empêchait de dormir. Cela faisait plusieurs fois que cette personne manquait de sommeil. Quelque chose rendait cette personne triste; mais elle savait qu'elle ne devait en parler à quiconque. Si cela se savait…la personne ne préféra pas penser à cette éventualité.
Soudain, des pas et des paroles chantées le plus faux possible fit sortir la personne de sa rêverie. La personne sortit rapidement une fiole de ses vêtements et en bu une partie de son contenu. Cette personne fut vite rassurée en entendant Pirlouit arriver car il savait que la personne n'était autre que Pirlouit.
La personne n'était autre Johan. Cela ne lui arrivait pas souvent d'avoir des insomnies et d'être mélancolique mais, à cet instant, les circonstances étaient particulières. Quelque chose remontait à la surface dans son cœur mais il devait absolument le garder pour lui sinon un grand danger qu'il ne voulait même pas envisager arriverait.
«-Et bien Pirlouit, dit Johan sur le ton de la plaisanterie, Tu t'entraines déjà pour un prochain numéro?
-Oh Johan.»
Pirlouit aurait voulu être six pieds sous terre. Le but de son «tour» était de ne plus avoir Johan en tête et sa petite danse nocturne l'avait amené à celui qu'il voulait chasser de ses pensées. Comme si, malgré son intense envie de fuir, il ne pouvait s'empêcher de vouloir être à ses côtés.
Pirlouit ne devait absolument pas montrer que la présence de son meilleur ami le mettait dans une immense angoisse. Johan ne trouverait pas ça normal. Il fit de son mieux pour rester calme.
«-Toi non plus, tu n'arrives pas à dormir? demanda Johan étonné
-T'as l'air surpris, dit Pirlouit
-Disons que d'habitude, tu dors même dans les cas où tu devrais être réveillé; alors j'avoue que je suis surpris de te voir debout en pleine nuit.
-Oh ben, dit Pirlouit, En fait, je pensais tellement à quelque chose qui pourrait plaire au Roi que j'arriverais à me le sortir de la tête si je ne m'exerçais pas; même en pleine nuit.
-Haha! Ricana Johan, Je vois. Mais n'essaie pas de chanter, tu réveillerais tout le château. Et tu sais comment est le Roi quand il est réveillé en pleine nuit.
-Ouais.»
Les deux amis ricanèrent en pensant à la colère dans laquelle le Roi entrerait s'il était réveillé en pleine nuit. Généralement, c'était un homme plutôt joyeux et tolérant bien que facilement contrariable et pouvant râler dans certains instants.
Mais alors que la petite hilarité s'atténuait, Pirlouit réalisa quelque chose. Ce n'était pas dans son genre d'avoir des insomnies; sauf s'il était triste ou préoccupé. Il ne put s'empêcher de poser une question.
«-Mais et toi, Johan? Tu fais quoi debout en pleine nuit? Ça te ressemble pas.
-Oh ben…»
Pirlouit regretta immédiatement sa question. Johan semblait embarrassé voire même très gêné. Est-ce qu'il avait demandé quelque chose de déplacé? La dernière chose qu'il voulait était voir celui qu'il aimait dans une situation contraignante voire mauvaise. Il tenta de se rattraper.
«-Désolé, si tu veux pas en parler, t'as le droit.
-Merci Pirlouit, dit Johan soulagé
Mais et toi? ajouta-t-il
-Qu'est-ce tu veux dire?
-Tu m'as dit la vérité sur ton insomnie?»
L'écuyer s'était aperçu que Pirlouit avait menti. Il aurait dû s'en douter. Si chacun des deux ignoraient tout du passé de l'autre, ils se connaissaient trop bien pour dissimuler leurs craintes l'un à l'autre. Chacun comprenait l'autre à demi-mot. Cependant, si Johan avait remarqué que Pirlouit semblait triste et angoissé, même plus, il ne se doutait pas de la monstrueuse vérité sinon il ne le regarderait pas avec une sollicitude si touchante.
«-Je peux rien dire, dit Pirlouit d'une voix triste tandis que Johan soupira
-Je vois, dit Johan, Je comprends. C'est normal d'avoir envie de garder certaines choses pour soi. On verra si on a envie d'en parler une prochaine fois.»
Johan avait toujours eu une manière de dire des phrases presque philosophiques quand il s'agissait de compréhension des gens. Certes, cela faisait très «intellectuel» mais ça lui donnait un côté instruit, malgré sa condition de personne du peuple, que Pirlouit aimait bien. Que Pirlouit aimait. Oh, il était incapable d'échapper à ses sentiments qui le torturaient! Johan était si proche et pourtant inaccessible.
Pourquoi fallait-t-il que les sentiments les plus purs de Pirlouit furent envers lui? Pourquoi fallait-t-il que son amour fut envers un homme? Pourquoi fallait-t-il qu'il fut pris d'un amour pour lequel il serait en péril si cela venait à se savoir?
Au moins, Pirlouit était sûr d'une chose. Johan ne l'aimait pas comme lui l'aimait. Et pourtant, il n'arrivait pas à s'en réjouir. Certes, Johan ne courrait aucun danger vu qu'il n'était pas victime de sentiments qui le mettraient en péril, ce qui soulageait Pirlouit; mais lui-même, cela le plongeait dans la tristesse, et surtout le désespoir, d'éprouver un amour à sens unique et qui le condamnait à la solitude.
«Je t'aime.» Ces deux mots lui brûlaient les lèvres et, pourtant, il savait qu'il ne devait pas les prononcer.
Un souffle régulier indiqua à Pirlouit que Johan s'était endormi. Il l'attrapa de justesse dans ses bras. Pirlouit était toujours surpris de la manière dont Johan pouvait s'endormir même si c'était dans les positions les plus inconfortables ou qu'il fut encore debout. Comme Johan était bien trop grand pour sa petite taille pour qu'il le transporta jusqu'à sa chambre. Alors il le posa délicatement sur le sol. Comme il se trouvait près d'un placard contenant une réserve de couvertures, il l'ouvrit tout doucement, en prit une et en recouvra délicatement son ami afin d'être sûr de ne pas le réveiller. Il le laissa endormi dans le couloir et, avant de retourner dans sa chambre, murmura tout doucement.
«-Je ne pourrai jamais vivre sans toi, Johan»
Et voilà, c'est tout pour l'instant. J'espère que ça vous a plu. A la prochaine
