L'arme d'un esprit vengeur qui avait mal choisi son métier.

En quelques heures, le monde de Magnum s'était écroulé. La station de police avait été prise d'assaut par les rebelles ; bien évidemment ils ne s'étaient pas rendus sans se battre. Mais il avait fallu rapidement admettre la défaite : les rebelles étaient en surnombre et son chargeur fut bientôt à sec à force de tirer. Plumbum était trop lent malgré sa force phénoménale, et Amp... était Amp. Inutile par sa maladresse, comme toujours.

En plus d'avoir échoué à faire respecter l'ordre, l'idée de décevoir Anne hantait l'inspecteur en chef. Que dira-t-elle lorsqu'elle arrivera jusqu'à eux, entourer par cette grâce et cette puissance écrasante qui la caractérisait tant ? Il imaginait déjà sa voix froide et agacée :

— Vous me décevez Inspecteur. Je crains que vous ne nous soyez plus utile.

Et il finirait distiller par le pouvoir son gant funeste. Un sentiment mitigé de terreur mais aussi de fascination morbide embruma son esprit à cette pensée. Il n'avait pas envie de finir distiller, mais... il ne pouvait s'empêcher de s'interroger sur la sensation que l'Arca lui procurait.

Serait-ce douloureux ? (Il l'espérait un peu.)

Serait-ce rapide ? (Il l'espérait aussi.)

Il ne l'avait vue à qu'une fois à l'œuvre directement, lors de la capture du chef rebelle. L'Executrice était très rigoureuse dans son utilisation. Même lors de l'interrogatoire de cette enceinte insolente - Heeltoe - l'Exécutrice ne l'avait pas utilisée. Il devait admettre qu'il avait été un peu déçu de ne assister à la prestation de l'Arca. Non pas qu'il était déçu de saperformance ! Il ne s'était simplement pas attendu à ce qu'elle soit... aussi bienveillante lors de son interrogatoire. Elle l'avait même remercié de sa coopération ! Ce serait quelque chose qui ne serait jamais venu à l'esprit de Magnum. L'Exécutrice était vraiment à part... Il avait encore beaucoup de choses à apprendre d'elle.

Tout au moins, si elle le jugeait encore utile. Le policier ne lui en aurait pas voulu si elle ne le considérait plus comme fonctionnel : cette défaite avait été cuisante et humiliante. Et si elle s'était montrée miséricordieuse avec Heeltoe, il n'était aussi certain qu'elle soit aussi clémente avec ses forces de l'ordre...

Amp, au fond de sa propre cellule, gémit :

— Qu'est-ce qui va nous arriver maintenant ?
— Ah ! Tu te demandes ce qui va nous arriver ? lança Magnum plein de fiel, Nous sommes à la merci des rebelles et tu te te demandes ce qui va nous arriver ! On voit que tu n'es pas une ampoule, adjoint Amp !
— Je ne suis pas certain de comp —
— Qui sait ce qui vont bien faire de nous ! poursuivit Magnum sans écouter son second, Probablement nous torturer pour obtenir des informations sur la mission de Maître Bonku et de l'Exécutrice. Ou nous exécuter sommairement, en guise d'intimidation. Dans tous les cas, je compte sur vous pour montrer que nous ne sommes pas des vendus ! Ne laissez rien passer, soyez muets comme des cristaux !

De là où il était, Magnum ne pouvait voir Plumbum mais il l'entendit bouger ; il interpréta cette manifestation comme un assentiment. Amp, pour une fois, se taisait.

— Eh bien, Amp ? Tu ne promets rien à vivre voix ?
AAH ! Si ! Bien sûr, Inspecteur Magnum ! Bien sûr que nous resterons fidèle à Maître Bonku et l'Exécutrice ! s'époumona le haut parleur.
— Voilà qui est mieux !

L'inspecteur aurait préféré avoir raison. Être distiller honorablement après avoir résisté. Mais les rebelles n'en firent rien.

Dans la soirée, il les entendit fêter leur victoire. Un sentiment d'inquiétude pointa en lui. L'Exécutrice tardait. Non pas qu'il s'attendait à ce qu'ils soient sa priorité numéro un (enfin, en son fort intérieur, un peu quand même) mais il commençait à craindre que ces scélérats aient fait main basse sur elle aussi. Il n'y avait plus qu'à espérer que Bonku soit hors de leur portée, sain et sauf, pour espérer du renfort...


— Que... Comment ?

Magnum faisait tout son possible pour ne pas paraître choqué, mais il ne parvenait pas à expliquer comment Fig pouvait se tenir devant lui. Il l'avait vu se faire distiller ! Il l'avait vu s'écrouler juste devant lui !

Néanmoins, le pistolet se rengorgea et, de sa voix la moins blanche, lui cracha :

— Tu as de la chance que mon chargeur est vide, rebelle. Sinon, je t'aurais tué une deuxième fois !

Fig eut un rire étrangement faux.

— Je l'imagine bien.

Magnum le trouva bien mélancolique pour quelqu'un qui avait dû célébrer sa victoire la veille. Il ne croyait pas que Fig puisse avoir de regrets ou de remords (un scélérat restait un scélérat) alors cette expression lui paraissait tout bonnement incohérente avec sa situation.

Cependant, il ne le fit pas relever. Ce n'était ni sa place ni son envie de connaître ses états d'âme.

Fig resta un long moment silencieux. Et puis :

— Bonku n'est plus.

Magnum accusa le coup.

— Et l'Exécutrice...?

Le mannequin eut une grimace éphémère de dégoût, bientôt remplacée par une expression plus douloureuse.

— Anne...

La manière affectée dont il prononça son prénom l'irrita. Pour qui se prenait-il à se permettre une telle familiarité ?

— Anne est...

La fin de sa phrase résonna en écho. Magnum avait beau savoir tirer des balles, il ignorait ce que cela faisait d'en recevoir une. En cet instant, il aurait pu croire qu'il venait de s'en prendre une au sein de son âme.

Morte en heroïne.

Les paroles du chef rebelle continuèrent, expliquant la tragédie de la situation. Mais Magnum n'écoutait plus.

Morte...

— Elle s'est sacrifiée pour nous sauver...
— LA FERME ! tonna le pistolet.

Appuyer sur la gâchette le démangeait... Faire taire une bonne fois pour toute ce maudit rebelle... !

— Ce ne sont que des mensonges ! Tu mens ! Vous l'avez tuée parce qu'elle vous résistait ! L'Exécutrice n'était pas une traîtresse !
— Anne avait compris que ce qu'elle faisait n'était pas juste -
— VOUS MENTEZ ! TRAÎTRE ! HERETIQUE ! Après tout ce que maître Bonku a fait pour nous, c'est ainsi que vous le remerciez ?! Et que va-t'on devenir, sans autorité ?! Vous nous avez condamnés ! Nous allons sombrer dans l'anarchie ! Nous ne pourrons jamais rentrer chez nous ! Et l'Exécutrice - !

Il continuait d'hurler des kyrielles de reproches et d'injures lorsque Fig se détourna de lui.

Qu'il parte.

Qu'il aille brûler en enfer ! Tous ! Tous autant qu'ils soient !


Lorsque sa colère retomba, le désespoir prit sa place. Anne était morte. Bonku était mort. Le système était mort. Il ne restait absolument plus rien de ce qu'il avait connu. Personne ne viendrait les sauver.

Magnum fit sauter son chargeur afin de se retourner face au mur de la prison. Il ne se souciait plus de ce qui allait lui arriver. Il se doutait de ce qui l'attendait. Est-ce que cela valait encore la peine de se battre pour ça ? Il n'avait aucune envie de vivre dans cette société irrémédiable brisée et corrompue. Le dégoût était la seule chose que lui inspirait cet avenir.

Ses pensées se retournèrent vers l'Exécutrice... Anne. Il se souvient encore de la première fois où il avait entendu parler d'elle. La main de la mort en personne, faisant régner l'ordre et la justice. Il avait eu comme un déclic, un coup de foudre professionnel pour cette humaine dont le travail ne différait pas tant du sien. Cette grâce, cette prestance, son expression si droite et implacable ! Elle ne pouvait que lui rappeler son ancien maître, si ce n'est en un peu plus jeune. Jeune... elle était si jeune...

Magnum réprimanda un sanglot, ne laissant qu'un hoquet étranglé vibrer le long de son canon.

Le policer ne pouvait croire qu'Anne ait trahi Bonku. Il avait été comme un père pour elle. Elle l'avait tellement admiré, tellement aimé. Cela n'avait pas de sens. La seule explication possible allant dans ce sens serait que les rebelles lui avaient lavé le cerveau. Si c'était le cas... il ne pourrait jamais se le pardonner. Il aurait dû le voir, bon sang! Quel genre de policer (et d'admirateur) était-il s'il n'avait pu remarquer ce détail crucial lorsqu'il en était encore temps ?!

Aurait-il pu la faire revenir à la raison ?

Aurait-il pu la sauver ?

Aurait-il dû insister pour l'accompagner en ville ? Peut-être que rien de ceci ne serait arriver s'il avait pu se tenir à ses côtés...

Il se laissa tomber au sol. Ce genre de réflexion ne le mènerait nulle part. Il le savait. Mais il ne pouvait s'en empêcher. C'était son seul réconfort, de s'imaginer capable de changer le destin. Leur destin.

Et si...


— Inspecteur Magnum...

La faible voix d'Amp lui parvint au travers des barreaux. Instinctivement, Magnum se retourna vers lui.

Quelle fut sa surprise de le voir libre, juste derrière sa cellule. Le mégaphone le regardait avec une certaine anxiété... mais aussi avec pitié. Magnum s'en sentit irrité : il n'avait vraiment pas besoin de ce genre de compassion de la part de son second.

— Tu as réussi à t'échapper ?

Lui-même n'y croyait pas vraiment, mais l'espoir était permit. Cependant, Amp le tua rapidement :

— Non... J'ai été libéré. Enfin, d'abord j'ai été jugé, mais on a conclu que je n'avais fait qu'obéir aux ordres et que mes actions ont été trop mineures pour qu'on m'en tienne rigueur...
— Bah voyons. Pas étonnant de la part d'un empoté comme toi... marmonna le pistolet.
— Qu'a- Qu'avez-vous dit ?
— Rien. Que veux-tu ? Je suppose que tu n'es pas là pour venir à mon secours.
— Hum, non...

Le porte-voix resta un moment silencieux, avant de poursuivre avec une fermeté étonnante de sa part :

— Est-ce que... Est-ce que vous saviez pour l'usine ?
— L'usine ?
— On m'a dit... On m'a dit qu'elle servait de camp de travail, mais pas que. On faisait croire qu'en échange de leur bon travail, ils seraient récompensés... mais la vérité est qu'on se débarrassait d'eux dès la première occasion.

Amp se mit à trembler, visiblement choqué. Magnum se rapprocha des barreaux d'un saut de chargeur.

— Ils m'ont montré. Il y a des vidéos... des témoignages... C'est horrible Inspecteur ! Les Oublions que nous envoyons là-bas ont été distillés et leur corps ont été brûlés ! L'énergie, l'anima, dont nous nous servons est créée à partir de nos propres semblables... !

Puis il ravala son choc et reprit plus fort :

— Est-ce que vous saviez, Inspecteur ? Vous saviez pour tout ça ?

Il resta un long moment silencieux. Il était toujours possible que l'on ait créé de toutes pièces ces saynètes (et Amp n'étant pas bien malin, il aurait pu y croire) mais l'émotion dans sa voix le perturba. Si c'était vrai...

— Non. Je l'ignorai aussi, finit-il par répondre.
— Ah... J'en suis soulagé. Même vous n'étiez pas au courant...

Pourquoi disait-il ça ?! Non ! Non, ce n'était pas du tout réconfortant ! Il était le chef de la sécurité ! Le bras droit de Bonku ! Pourquoi n'avait-il pas été au courant de ces faits ?!

— Temps écoulé, dit une voix au lointain.
— Oh... Je dois vous laisser Inspecteur. J'espère que votre procès se passera aussi bien que le mien...

Mais sa voix manquait d'optimisme et n'était plus que réduit à un murmure. Amp partit.

Magnum s'appuya contre le mur, pris de vertige. Le doute commençait à s'immiscer dans son esprit. Il... Il avait fait ce qui était juste, n'est-ce pas ? Il ne pouvait pas savoir ! Comment aurait-il pu s'en douter ? Bien sûr que l'usine ne devait pas être une partie de plaisir, mais de là à se transformer en couloir de la mort ? À l'insu de ses propres prisonniers ? Et l'anima... !

... Qu'avait-il fait... ?


Fig revint le voir. Plusieurs fois. Lui délivrant chaque jour un peu plus d'informations. Sa relation avec Anne. Ça se voyait qu'il était aussi très affecté par sa disparition.

Si Magnum pouvait désormais mieux comprendre pourquoi Anne avait changé de côté, le capital sympathique de Fig ne faisait que descendre en flèche. La façon tendre dont il décrivait l'Exécutrice, ses sourires doux-amer lorsqu'il parlait d'elle... Ces petits détails qu'il avait su desceller en moins d'une semaine. Ça le rendait malade - malade de jalousie. Non seulement le pantin avait pu rencontrer son idole bien plus longtemps que lui, mais en plus il se permettait de prétendre qu'il l'avait bien mieux connue. Magnum ne faisait aucun effort pour communiquer avec lui ; il ne faisait que l'écouter pour lui soutirer des informations, et c'était tout.

Il voyait bien que Fig essayait de le mener sur la voie de la "rédemption". Il essayait de jouer avec son affection avec Anne pour le pousser dans la "bonne" direction. "Anne a fait ceci et elle serait très fière de toi si tu le faisais aussi". Pff !

Un seul problème dans cette équation : Anne n'était plus là. Et il n'avait rien à se reprocher. Il avait fait ce qu'il fallait. On ne pouvait pas lui reprocher d'avoir fait son travail !

Il apprit ce qu'il était advenu de ses autres compagnons. Blitz, mais également Plumbum, avaient aussi été acquittés. Il était le prochain à passer à la Cour.

Quelle partie de plaisir cela promettait d'être...


Le jour du jugement vint. Un marteau servait de juge, une foule d'Oublions distincts et divers composait son jury. Dans les tribunes, Magnum put apercevoir Fig, mais aussi Amp et Plumbum. Blitz manquait à l'appel.

— Inspecteur Magnum, vous avez toujours montré beaucoup de zèle dans votre travail, commença le juge.
— Bien sûr. C'était ce qui était attendu de moi !
— On dit aussi que vous avez tendance à abuser de votre pouvoir.
— Certains des prisonniers sont plus causants que d'autres. Je n'ai fait que mon devoir, insista-t-il.
— Des témoins peuvent affirmer de votre brutalité, Inspecteur, voire même d'arrestations complètement arbitraires. Qu'avez-vous à y répondre ?
— Elles n'étaient pas arbitraires ! se défendit Magnum, Les rebelles étaient partout autour de nous ! Il y a pu y avoir des erreurs, mais leurs comportements ont toujours été ambigus et suspects !
— Vous insinuez donc que vos bavures policières, dont certaines ont résulté à la mort de détenus, sont complètement justifiées ?
— Oui ! Et si c'était à refaire, je le ferai sans hésiter !

Des murmures remplirent les gradins. Magnum ne plia pas et se refusa de regarder ce faible d'Amp et ce stupide pantin.

— Le jury va délibérer, conclut le marteau.

Le verdict tomba quelques heures plus tard : coupable de violences policières, d'abus d'autorité et de fanatisme pour le régime de Bonku. Son châtiment sera la distillation.

Magnum n'éprouva que du vide à cette annonce. Pas de surprise, pas de soulagement. Pas d'acceptation non plus. Uniquement de la résignation. Peut-être était-ce pour le mieux...


Une partie de lui ne pouvait que continuer à se questionner. Et s'il avait fait partie des rebelles ? Si Anne lui avait expliqué la situation, l'aurait-il suivie ? Il était incapable de répondre à ces questions. Son devoir lui aurait paru trop important : il représentait l'ordre, la loi. Mais si cela avait menacé le système tout entier, les menant tous à la mort... S'il l'avait compris, aurait-il été de son côté ? Ou aurait-il continuer de blâmer la faute sur les rebelles ? Aurait-il eu le cran de se retourner contre Bonku ?

Il avait adoré l'Exécutrice, mais avait-il aimé Anne ? De ses "discussions" avec Fig, il se rendait compte à quel point il ne la connaissait pas. Mais... il aurait aimer la découvrir. Il aurait aimé "être Fig" pour elle. Ce partenaire de crime (ou plutôt de justice), luttant contre...

... Contre quoi ? L'injustice ? L'oppression ? C'est ce pourquoi il allait être distillé aujourd'hui.

Ces utopistes ne comprenaient pas qu'avec de telles responsabilités, la clémence n'était souvent pas la solution. Que la force et l'intimidation étaient nécessaire pour obtenir le respect. Pour obtenir l'ordre. Et que si l'on ne s'y pliait pas, il en serait devenu fou depuis longtemps. Ce n'était pas pour rien qu'il ne pensait pas qu'Amp avait la trempe d'un policer.

Anne n'avait pas agi ainsi. Elle avait été miséricordieuse. Mais Anne était morte. Et il allait mourir aussi.

Ce débat était futile maintenant.

Le distillateur se mit à briller d'une lumière d'un envoûtant bleu cyan. Etait-ce similaire à l'arca ? En un sens, c'était d'un maigre réconfort. Il avait voulu savoir ce que cela faisait : il allait avoir la réponse sous peu.

— Une dernière parole ?

La lumière était aveuglante maintenant. Magnum dit :

— Je suis désolé, Anne. J'aurai voulu être à vos côtés.

Peut-être qu'il s'y tiendrait de nouveau, s'il existait un au-delà pour lui aussi.


Un jeune policer recevait sa première arme : un magnum semi-automatique. Il était extatique, idéaliste, mais il comprenait la lourde responsabilité de porter l'arme. Porter la mort impliquait rester maître de soi, ne l'utiliser qu'en cas de strict nécessaire. Il s'en fit la promesse.

La justice lui tenait particulièrement à cœur, et ce, depuis toujours. Il ne passait pas une journée ou une nuit sans qu'il ne traque les hors-la-loi en tous genre. Ses taux de réussite étaient exceptionnelles. Bientôt, il fut promu et devint inspecteur en chef. C'était quelqu'un de dur, mais juste.

Cependant, ce n'en était jamais assez. Il y avait toujours plus de scélérats à arrêter, toujours plus de criminels à emprisonner. Son devoir passionnel devint une obsession. Il se fit des ennemis.

À force de surmener son équipe, un accident arriva. L'un de ses amis mourut sous les coups de cambrioleurs en fuite.

L'inspecteur bascula.

Il traqua un à un ceux responsables de près ou de loin à ce meurtre et les abattis, non sans les avoir fait passer aux aveux.

Lorsque son esprit redevint clair, le policier se rendit compte avec horreur ce qu'il avait fait. Si jamais ces événements remontaient... il perdrait son emploi. Il ne pourrait plus jamais faire régner l'ordre et la justice. Il ne serait plus rien. C'était sa raison de vivre. Il ne pouvait envisager la reconversion ! Il regarda son arme qui l'avait fidèlement servi pendant tant d'années. Ce n'était qu'un objet, néanmoins cela lui pinça le cœur de s'en débarrasser. Ce ne fut cependant pas suffisant pour l'arrêter. Cette arme le rendait coupable : si elle disparaissait, son crime aussi. Il pourra toujours maquiller ce bain de sang en règlement de compte ayant mal tourné.

Il l'abandonna au fond d'un trou, creusé rapidement au fin fond d'une forêt à des lieux du crime.

Et comme ça, sa vie reprit. Il emprunta une nouvelle arme en douce, et ce mystérieux cas fut classé sans suite. On l'oublia.

Lorsque Magnum vint en ce monde, la sensation d'avoir une mission à accomplir ne le quitta jamais. C'était elle qui l'animait, à chaque instant, à chaque parole, à chaque action.

Cette soif de sang et de justice disparut au moment où ce reliquat tomba au sol, dans un instant si bref que peu s'en souviendront encore.