Hello!
J'ai eu envie d'écrire un texte avec un gladiateur un peu comme dans le manga Bestiarius, de la fantasy donc, alors je pose ça là à bon entendeurs (bon lecteurs plutôt).
Pour l'arme à sa main, j'ai réalisé après relecture que ça peut faire penser à Wolverine c'est pas voulu, j'avais plus le modèle des griffes de l'Odogaron de Monster Hunter World en pensant à son arme. Pareil pour le D et le C des initiales des deux personnages, c'est pas une référence à DC COmics (je préfère Marvel de toute façon haha)
N'hésitez pas à me laisser un avis avec votre ressenti j'ai vraiment kiffé travailler sur celui-là =3
Bonne lecture!
Celui qu'ils appelaient le Démon
Le Soleil brille haut dans le ciel, maître incontestable de l'azur au-dessus de l'arène. Dehors il fait chaud, l'air est sec, aride, et le vent lui-même ne souffle pas. Dans les gradins, la foule hurle devant le spectacle, elle s'impatiente. C'est le seul bruit qui se fait entendre, par-dessus le fracas métallique des armes. Sur le sable brûlant, les gladiateurs se battent, ils se déchirent entre eux, l'acier étincelle, aveuglant, sous les rayons de l'astre diurne, leur sueur brille sur leur peau et goute le long de leurs membres, et leur sang tâche de cercles rouges éclatés le sable blanc jauni de la lice. Debout dans le couloir qui y mène, je regarde sans vraiment les voir les combattants dans la poussière. Ce sont mes propres souvenirs qui passent devant mes rétines, tous les combats que j'ai livré entre ses pierres et sous ses barreaux de fer. Je suis incapable de me rappeler de quoi que ce soit en dehors de l'Arène, de comment été ma vie d'avant, mais tout ce que j'ai vécu ici est gravé en moi au fer rouge. Dans ma mémoire, ma sueur, mon sang et mes os. Je regarde sans les voir les gens dehors, ombres floues devant mes yeux, et je laisse les souvenirs remonter à moi, je me rappelle comment, entre ses murs, j'ai finis par oublier mon nom et devenir celui qu'ils appellent désormais le Démon.
Quand j'avançai pour la toute première fois dans le couloir menant à la lice, que j'ai mis les pieds dans le sable rougis, je n'avais aucune idée de quoi faire, je ne savais pas me battre. J'étais terrifié. La décision avait été prise pour moi, quand mon adversaire se jeta sur moi avec une rage meurtrière dans les yeux et quelque chose de fou dans son expression. J'ai essayé de réfléchir à quelque chose, à n'importe quoi. Et lui approchait toujours, vite. A la dernière seconde, je roulai sur le côté, passant en dessous de sa lame courbée. Encore et encore il attaqua et j'esquivai soit sur le côté, soit d'une roulade en avant dans la poussière me faisant passer sous son bras d'arme. Il cracha par terre, sifflant quelque chose entre ses dents taillées en pointes dans une langue que je ne comprenais pas, et il est revenu à la charge. Cette fois, j'ai arrêté de réfléchir, arrêté d'essayer d'esquiver ses coups et j'ai laissé mon instinct prendre le contrôle de mon corps et me dire quoi faire. On s'était rapproché du mur de pierres circulaire de l'arène avec notre petit jeu d'attaques et d'esquives, alors cette fois, quand il fonça sur moi et que je me suis décalé sur le côté, j'ai attrapé son bras et je l'ai tiré en avant, venant plaquer mon autre main à l'arrière de sa tête et de l'envoyer se fracasser dans le mur de toutes mes forces. C'est sous les acclamations de la foule que je suis sorti de l'arène, m'abritant du Soleil et de la chaleur dans la fraicheur toute relative du couloir. Mes mains tremblaient et mes longs doigts pâles étaient tâchés du rouge de l'hémoglobine. Je ne me sentais pas bien, j'avais trop chaud et la bile commençait à me brûler la gorge. J'allais être malade. J'ai voulu m'appuyer sur le mur, attendre que le malaise me passe, quand une main se posa sur mon épaule. Un homme passa à côté de moi, grand, la même taille que moi peut-être un peu plus, musclé et les cheveux bruns foncés, ou alors noir, tombant sur ses épaules. Il m'adressa un sourire en coin, avec quelque chose de presque carnassier, ses yeux brillaient aussi sûrement que si des torches étaient allumées derrière ses rétines. Quelque chose chez lui me rappelait un loup, sauvage et libre. Et juste comme ça, il continua son chemin le long du couloir, laissant une étrange sensation parcourir mon corps et crépiter agréablement dans mes veines, tout sentiment de malaise dissipé comme par magie dans la seconde ou nos regards se sont accrochés.
J'appris plus tard que « l'Homme du Couloir » était connu sous le nom de « Champion », d'après les rumeurs c'était un ancien mercenaire et il régnait maintenant invaincu sur l'Arène, qu'on l'adule ou le haïsse, aussi craint qu'il était respecté, le Champion était le maître ici, aussi impitoyable qu'il était imprévisible. J'ai également appris, qu'apparemment c'était rare de survivre à son premier combat surtout lorsque l'on tombait sur un adversaire plus expérimenté, comme je l'avais fait, et que c'était pour cette raison que l'on me surveillait du coin de l'œil. Que ça soit d'autres gladiateurs ou les « observateurs » des gens à l'extérieure, ceux qui organisaient les duels en tenant compte des affinités qu'ils pouvaient y avoir ou au contraire des inimitiés, pour ajouter du piment au spectacle. Mais ils n'avaient aucune importance pour moi, le seul regard que je guettais était celui du Champion. Et victoires après victoires, j'attendais de le croiser dans le couloir, que son épaule frôle la mienne quand on passait l'un à côté de l'autre, le poids de ses yeux de loup quand ils venaient se poser sur moi de l'autre bout de la cantine, le sourire en coin quand nos yeux se croisaient l'espace d'une seconde. Et combats après combats, je me sentais de moins en moins celui que j'avais dût être Dehors, -d'ailleurs qu'est-ce que j'étais là-bas ? Un inconnu?- pour devenir de plus en plus l'un de ses types, tous des criminels, des condamnés, ou bien des innocents, des orphelins, des prisonniers de guerre et ceux qu'ils appelaient les non humains. Voilà ceux qui étaient acclamés quand ils luttaient sur le sable tâché de rouge, brillant tel des rubis sous le soleil brûlant, les Bestiari, qu'ils s'entretuent ou affrontent des fauves, des monstres et de rares créatures légendaires. Je suis devenu l'un des leurs, et j'avais gagné toute la fierté des gladiateurs Bestiari, en même temps que j'ai connu le goût de la sueur du sang et du sable.
Ma façon de me battre et de bouger avait changé elle aussi, avec tous les styles différent que j'ai eu l'occasion de voir dans l'enceinte de l'arène. Les meilleurs sont forts, agiles, puissants et endurants, avec une technique absolument splendide et chaque mouvements taillé et limé au millimètre près, mais les meilleurs c'est surtout les plus intelligents et les plus adaptables, ceux qui savaient utiliser le terrain et la moindre situation à leur avantage. J'ai fini par choisir une longue chaîne en métal comme arme de prédilection, accompagnée d'une sorte de large bague qui couvrait toute la largeur de ma main d'où se partaient cinq longues pointes de fer, telles les griffes des fauves.
Aujourd'hui c'est la première fois que j'ai vu le Champion à l'œuvre et le voir en vrai, il est encore plus impressionnant que ce que j'ai entendu dire à son sujet. Seul contre cinq, des créatures comme je n'en avais jamais vu, et le combat fût fini en un clin d'œil. Un seul mouvement circulaire de son long sabre, un arc de cercle sanglant qui déchire l'air et s'éclate sur le sable chaud et plus rien. Je ne l'ai même pas vu dégainer son arme. Un long frisson m'a parcouru et j'étais incapable de le définir. Est-ce que c'était de la peur ? de l'angoisse ? de la crainte ? ou complètement autre chose, de l'intérêt… une sorte d'attirance ? Mais je savais que je n'avais aucune envie de me retrouver face à lui en tant qu'adversaire. Il tapa sur mon épaule en passant à ma hauteur quand il quitta l'arène et il continua son chemin, laissant à sa suite le même crépitement dans mes veines que la dernière fois. Je l'ai regardé s'éloigner par-dessus mon épaule avant d'entrer à mon tour dans la lice, la chaine roulée autour de mon bras, le soleil m'aveuglant et me brûlant la peau. Je n'avais aucune idée de qu'elle genre de créature j'avais en face de moi cette fois, c'était gros, ça se tenait sur quatre pattes et c'était agressif, il ne m'en fallait pas plus. En voyant la bête racler le sol j'ai eu une idée un peu folle, et me suis reculé un peu plus là où les barres de fer au-dessus était plus proches. Elle chargea, étonnamment rapide vue sa masse. Je lançai la chaîne au-dessus de ma tête et elle s'enroula autour d'une barre, juste assez courte pour que je puisse sauter. Elle se tendit et je me suis retourné, maintenant au-dessus de la bête dans son dos, j'ai tiré la chaîne qui retomba à demi au sol l'autre bout toujours enroulé autour de mon bras, et je me suis laissé tomber. Le poing serré, les griffes déployées et prêtes à frapper, je les ai planté en plein dans sa nuque et l'animal s'effondra au sol dans un nuage de poussière. J'ai quitté l'arène sous les vivats et les acclamations de la foule amassée dans les gradins sans y prêter la moindre attention, dans le couloir, j'ai cru voir briller les yeux du Champion.
-Yo.
Cette fois, il est venu s'asseoir juste en face de moi. Ça me surprit, notre petit jeu d'un bout à l'autre de la salle était donc fini.
-Salut.
Son sourire de prédateur de retour au coin de ses lèvres, il arqua son dos, ses longs bras musclés et tatoués s'étirant au-dessus de sa tête.
-Par le haut hein ? Intéressant comme stratégie.
-J'improvise.
-Tu m'plais toi.
J'ai préféré la boucler et je n'ai rien dis.
-Les gens commencent à parler de toi tu le sais ?
-Peut-être, je m'en fiche.
Toi tu me parles, et ça, ça m'intéresse.
-Ils t'appellent le Démon.
-Qui ça ?
-Les autres gars. Les gens de dehors aussi.
-Ça me fait un nom qui m'est propre comme ça, et y a pire.
-C'est sûr. Le Démon. Faut dire ça en impose.
-Et toi ? Champion ?
-Je suis le premier à avoir tout gagné, n'importe quel combat, n'importe quel tournoi, tout. Le premier aussi à avoir aligné 100 victoires consécutives. Le Champion indisputable, invaincu et incontesté.
-Joli palmarès.
-Maintenant que les présentations sont faites, j'en viens au vrai sujet.
-Oh ? T'es pas juste venu me voir pour mes beaux yeux et mon joli sourire ?
Le sien de sourire s'est fait plus carnassier que jamais, et ses yeux m'ont semblé briller plus fort quand il passa lentement sa langue le long de sa lèvre inférieure.
-Vas savoir joli sourire, y a p't'être de ça aussi. Je suis venu te proposer une alliance, de faire équipe avec moi. On aura pas à se battre entre nous, et les fois où sa part en rixe même en dehors du terrain on pourra se soutenir.
Il tendit sa main par-dessus la table de bois qui nous séparait. Quand j'y ai glissé la mienne pour sceller notre accord, sa poigne était ferme, et sa paume était chaude.
-Ca me va, je suis avec toi Champion. Pour être honnête, j'ai aucune envie de t'affronter.
Le bruit de l'alliance du Champion et du Démon, c'est vite répandu. En même temps, on n'était pas très discret et tout le monde connaissait le Champion et avec ma notoriété montante j'étais de plus en plus impliqué dans les rumeurs.
En secret, quand on était que tous les deux, loin des autres, j'ai finis par l'appeler « Mon Champion » ça le faisait sourire, pour lui j'étais « son joli sourire ». En secret aussi, il venait me voir dans ma cage et on passait une partie de la nuit à discuter, adossé côte à côte au mur de pierre, avant de s'endormir dans la même position. Jamais ma cage ne m'a semblé aussi grande que les soirs où il venait me voir. Dans ses moment-là, les murs disparaissaient comme si ils fondaient et le Monde s'ouvrait à nous, il disait que quand on sortirait, on irait voyager tous les deux et on irait prendre tous ce qu'il avait à nous offrir. Du bleu des Mers, à l'immensité du Ciel, en passant par toutes les Terres connues, leurs déserts et leurs volcans, des plus profondes cavernes et leurs trésors aux plus hautes montagnes d'où on pouvait apercevoir les Dragons voler. On se racontait des histoires sur un Monde qu'on imaginait et on rêvait ensemble.
C'était avec du sang un peu partout sur moi que je suis sorti de l'arène sous les « Démon » hurlé par la foule. Le Champion m'as croisé, s'apprêtant lui-même à entrer, je lui souris et ouvris la bouche pour lui souhaiter bonne chance, mais il me coupa prenant ma tête entre ses grandes mains et plaqua pendant une seconde ses lèvres chaudes sur les miennes.
-Je viens prendre ma bonne Fortune.
Et il entra, triomphal dans l'arène avec la même aisance que s'il rentrait chez lui.
Plus tard, dans les ombres de la nuit, il est revenu me voir dans ma cage et s'assit à côté de moi le dos contre le mur. Ce soir-là, il m'embrassa encore, plus longtemps, plus tendrement… plus amoureux.
-Le Démon contre la Manticore ! Ça c'est un combat de titans !
-Comment ils ont fait pour trouver un truc pareil ?
-Aucune idée, ça fait un moment qu'elle est là, mais la dernière fois qu'ils l'on sortit remonte à encore avant mon arrivée.
-Non… Alors le grand Champion ne s'est jamais mesuré à la Manticore ?
-Désolé, de te décevoir joli sourire. Cela dit, j'ai eu le droit à la Chimère pour ma 100ème, je ne suis pas sûr que ce soit spécialement mieux. Je crois qu'on a affaire au même genre de saloperie tueuse à peu de chose près.
-Ouais, dans les deux cas y a du lion dedans.
J'ai laissé aller ma tête d'avantage contre son torse, le poids rassurant de son bras autour de mes épaules.
-… Ça s'est passé comment pour toi ?
-Vite. C'est rapide et agile. J'ai d'abord blessé le lion, en passant par le dessous. Ensuite la chèvre par le dessus. Le serpent faux juste éviter les morsures, plus facile à dire qu'à faire mais temps qu'on reste pas derrière ça va. Toi par contre, je te conseil de te débarrasser de la queue en premier. Elle est trop grosse pour que ses ailes lui servent vraiment à quelque chose dans une arène mais un lion c'est quand même rapide.
-Merci du conseil, je prends note.
Il y eu un silence durant lequel j'ai juste profité de sa présence, du mouvement de son torse montant et descendant au rythme calme de sa respiration profonde et le battement régulier de son cœur raisonnant fort contre mon oreille.
-Je peux avoir un peu de chance moi aussi ?
-Ha ! Toi t'en as pas besoin.
-Je crois que si.
J'ai emmêlé les doigts d'une main à ses cheveux pour baisser sa tête et venir l'embrasser avec force et envie. En se retirant, il pinça doucement ma lèvre inférieure entre ses dents. Ses yeux pétillaient, j'avais l'impression qu'ils luisaient dans le noir.
-Tu en as assez eu de chance.
-Quand je reviendrai demain avec le dard et les crocs de la Manticore en trophées, je m'attends à une récompense. Champion.
-Oh, mais bien sûr. Tout ce que le Démon voudra.
Il m'embrassa encore une fois, laissant sa langue venir jouer avec la mienne, en une longue caresse.
Le lendemain, le Champion fût le premier à entrer dans l'arène, elle semblait vibrer tant la foule était impatiente de le voir. Adossé contre le mur dans le couloir les bras croisé, je regardais sa progression dans la chaleur de la lice, ses muscles roulant sous sa peau, alors que de l'autre côté son adversaire entrait à son tour. Il s'agissait d'une sorte de panthère noire mais beaucoup plus grande que les autres fauves que j'avais eu l'occasion de voir, avec de longs épieux sur les pattes de devant et une rangée d'épines dorsale qui descendaient de ses épaules jusqu'au bout de sa queue. Le Champion se tenait droit, fermement ancré dans le sol, une main enroulée autour de la garde de son arme, prêt à agir avec une des attaques éclaires et décisives dont il avait le secret. La bête le scrutait, elle faisait des allers-retours en arc de cercle devant lui, ramassée sur elle-même au ras du sol ses yeux rougeâtre braqués sur lui. D'ici, je pouvais entendre le grondement sourd et menaçant qui montait des profondeurs de sa gorge. Lorsqu'elle bondit les griffes en avant, se fût incroyablement rapide. Mais rapide, lui l'était aussi et une fois encore, j'ai uniquement sus qu'il avait dégainé sa lame quand j'ai entendu l'animal feuler une de ses pattes en sang. Enervée, elle ne prit pas son temps pour le jauger et lui tourner autours et malgré sa blessure elle ré attaqua presque instantanément. Je n'ai même pas eu le temps de réaliser ce qu'il se jouait sous mes yeux que c'était déjà fini. Une seconde il allait finir entre ses crocs, celle d'après son sabre était profondément fiché dans la gorge de son adversaire et d'un mouvement dont la technique m'échappa au plus haut point il fit un saut en s'aidant d'une de ses pattes, se retournant souplement au-dessus de la bête et retira sa lame juste quand celle-ci atteignit la nuque, lui ouvrant tout un côté. Il sortit fièrement de l'arène, laissant une mare de rouge sombre sur le sable chaud à sa suite. J'ai sentis son souffle sur mon visage avent que le temps d'une respiration il pose ses lèvres sur les miennes.
-Cette saleté a réussi à me toucher, enfin j'aurais un souvenir. A toi, à tout à l'heure joli sourire.
Et en effet, je n'avais même pas remarqué la ligne rouge d'une entaille peu profonde à sa cuisse. Du coin de l'œil je suivis sa silhouette disparaitre dans les ombres au bout du couloir, avant de me tourner vers la lumière de l'arène.
Le Soleil me brûla les rétines, et le bourdonnement de la foule était à la limite de l'insupportable. J'ai vaguement entendu quelqu'un annoncé le prochain combat et les cris et les acclamations se firent plus forts, alors qu'intérieurement je faisais taire tout bruit et tout son parasite, pleinement concentré sur le redoutable adversaire invaincu qui allait me rejoindre. L'avoir en face de moi, la Manticore était vraiment énorme, sa queue de scorpion se balançant dangereusement derrière elle et une rangée de crocs menaçant révélée par ses babines retroussées. Elle rugit et se jeta sur moi, j'ai sentis une griffe déchirer la peau à mon flanc et j'ai sifflé entre mes dents. Redoublant d'attention, je m'appliquais à ignorer ma plaie et esquiver ses attaques, essayant de la forcer à utiliser son dard pour pouvoir le trancher avec la courte lame ornant ma chaine. L'une de ses charges me frôla à nouveau et je roulai dans la poussière plus loin. Au lieu de me relever tout de suite, je choisis de rester un peu à genoux sur le sol, tendant mon leurre de l'adversaire affaiblit. Discrètement, je fis passer dans mon dos la lame de la main droite à la gauche. L'air siffla près de mon oreille et le dard passa au-dessus de mon épaule, se plantant dans le sol. J'ai enfin réussi à la prendre de vitesse alors que j'abattis la lame de toutes mes forces, tranchant nettement l'arme venimeuse. La Manticore hurla et se recula un peu cabrée, la chaîne repassa dans mon autre main et d'un geste la blessa quelque part au niveau de la gorge. Regardant le sang épais et si rouge qu'il en paraissait noir gouter le long de la pointe, j'ai dû retenir un 'tsk' agacé, pas assez profond. Toujours à genoux, j'ai relancé la chaine, et cette fois-ci c'est un des yeux qui y passa, elle rugit encore, déchirant et à en glacer le sang malgré la chaleur et porta une patte à son œil manquant. J'ai de nouveau saisit ma chance, optant cette fois pour une attaque aérienne combinant la chaîne pour me lancer et la griffe pour frapper. Je lançai la chaîne qui s'accrocha à un barreau, sautai et me retournant, j'ai décroché la chaine pour me laisser tomber sur sa nuque où aidé par le poids de la chute j'ai enfoncé les cinq pointes métalliques le plus loin possible. Ce n'était toujours pas assez visiblement, et encore et encore, j'attaquai inversant la tendance du combat. Mais quelques soit l'angle, mes armes ne semblaient pas perforer assez loin pour lui faire vraiment des dégâts. C'est en voyant le dard tranché sur le sable que j'ai eu une nouvelle idée. Je me suis placé, tournant autour de la bête, et discrètement j'ai pris la queue coupée dans ma main, la gardant soigneusement dans mon dos. J'ai attendu un peu et elle chargea. La chaine s'enroula fermement autour de son cou, et m'aidant de sa force énorme j'ai tiré pour la forcé à aller dans le mur, avant de relâcher et de venir planter mon arme improvisée dans une des plaies précédemment ouvertes. Le poison finit le travail à ma place, et c'est bien avec le dard d'un violet sombre lustré un peu noir au bout d'une fine lanière de cuir, et entouré de deux longs crocs que je suis repartis, fier, une blessure sanguinolente à mon flanc en souvenir de la Manticore. Celle-ci me laisserait une cicatrice, mais le Démon avait triomphé de la légendaire Manticore.
Le front posé contre l'épaule du Champion, j'haletais contre sa peau, le goût salé de sa sueur trainait encore sur ma langue, alors que je frémissais de tout mon corps et de tour mon être dans ses grands bras. Il me reposa doucement sur le sol, et sans la fermeté de son corps pressé au mien et la solidité du mur dans mon dos, je me serais effondré sur place, tant mes jambes étaient incapables de me porter en ce moment. Il respirait fort contre moi, toutes autres pensés cohérentes ayant déserté mon cerveau quand il avait fermé la porte après nous bien plus tôt dans la nuit. Avant qu'il ne me plaque contre le mur, que l'on se donne l'un à l'autre, lentement mais avec assez de force pour que j'en garde des bleus le long de mon dos pendant des jours. Chacun de mes soupirs venant s'échouer et se perdre au creux de son oreille, un secret juste pour lui. Il se laissa glisser au sol en m'entrainant avec lui le long du mur, tel un étau autour de moi, et j'ai dus retenir un ronronnement de plaisir à la possessivité de son étreinte.
-Quand on sort d'ici, je te fais hurler mon nom à t'en briser les cordes vocales joli sourire, et toute la ville va savoir que t'es à moi.
-Oh ?
Je reposai mes lèvres dans son cou, lui arrachant un râle de satisfaction, qui vibra entre nous.
Le Champion m'a fait mon premier et unique tatouage. Dans le creux tout en bas de mon dos, du côté gauche, il entrecroisa le D et le C de nos initiales ; et je lui et reproduis la même chose au même endroit.
Ma main tremblait devant ma bouche, et derrière je mordais ma lèvre presque au sang pour ne pas qu'elle en fasse de même. Intérieurement je pleurais, toutes les larmes que je pouvais verser roulant en rivière sur mes joues, deux lignes trempées sur la peau qu'il avait si souvent touché, de ce qui se passait devant mes yeux grands ouverts dans l'arène, extérieurement pourtant je restais impassible, je suis un Bestiari. Je suis le Démon. Pourtant, ma main trahissait à elle seule ce qui se passait en moi, mes troubles, mes peurs, ma peine, mon horreur. Le Champion perdait. Et impuissant j'assistais depuis le couloir à sa défaite. Je regardais les coups, le sang qui coulait le long des plaies, la brillance des armes, les mouvements nets et précis, la souplesse et la technique du Champion. Le gravant dans mes rétines, ma mémoire, mon cœur, comme le C encré dans la peau de mon dos, comme la cicatrice laissé par les griffes de la Manticore, une marque indélébile dans ma vie. Je regardais encore quand le Champion a planté son sabre dans son dernier adversaire, l'épinglant au sol de la lice. Il a gagné, bien sûr qu'il avait gagné. Mais il chancèle sur place en se relevant, et dois s'appuyer à demi plié en deux contre le mur, épuisé, à bout de forces. Je bondis dans l'arène, dégageant de mon chemin à grand coup d'épaule le type qui voulut s'interposer. Je pris le bras du Champion et le passa autour de mes épaules, le laissant s'appuyer sur moi et l'aida à ressortir de l'Arène jusqu'à sa cage. J'ai serré les dents en entendant la foule huer l'homme qu'elle acclamait comme un Héros quand il a fait son entré. Il a réussi à gagner, allait très probablement mourir des suites de ses blessures, et sa récompense c'était de se faire huer. Passer du Panthéon des Héros à un moins que rien presque en l'espace d'un battement de cil. Pour la première fois de ma vie, j'ai haïs cet endroit comme jamais et j'eu envie de les massacrer les uns après les autres jusqu'au dernier d'entre eux et de cracher mon mépris dans les flaques de sang laissées derrière.
-Reste avec moi joli sourire. S'il te plait…
-O-Oui…
-Tu veux bien me tenir la main jusqu'au bout ?
Je laissais mes doigts glisser dans sa paume, elle était toujours aussi chaude, et quand il resserra sa main sur la mienne, sa poigne toujours aussi ferme. Je serrais de toutes mes forces, avec désespoir, presque au point d'en avoir mal. Ca faisait mal.
-J'aimerais que tu fasses quelque chose pour moi.
-Dis-moi, je frais tout ce que tu veux je le promets.
-Je t'interdis de pleurer.
Je m'attendais à ce qu'il me dise ça, à ce qu'il refuse de me voir pleurer pour lui, j'ai fait de mon mieux pour lui renvoyer le visage le plus serein possible, mais au fond de moi j'étais en miettes, et tout ce qu'il avait de moi, partait avec lui.
-Penses quand même encore un peu à moi, de temps en temps, mais ne pleures pas. J'te l'interdis.
-Je penserais tout le temps à toi, chaque jour qu'il me reste à vivre. Je ne t'oublierai jamais. Tu… Tu seras toujours le seul pour moi.
Sa lèvre eu un petit sursaut vers le haut.
-C'est bien, je suis content. … Je… suis heureux d'avoir terminé avec toi dans ce coin miteux et ce bordel joli sourire.
J'essayais de lui sourire, mais le coin de ma lèvre tremblotait, luttant pour renvoyé l'image du sourire qu'il aimait temps, et pas se tourner vers le bas tant j'étais détruit, complètement ravagé. J'essayais d'être fort et sûr de moi, pour lui. Pour le Grand Champion. Mais ma gorge se resserrait et j'avais l'impression que ma poitrine s'effondrait sur place de l'intérieure, comme un château de cartes, abimé de trop l'avoir aimé.
-Moi aussi, je referais tout pareil pour avoir encore droit à chaque seconde que j'ai passé avec toi.
-Tu pourras la garder si tu veux. J'espère qu'elle te tiendra chaud les nuits aussi bien que moi j'ai sus le faire.
-M-Merci.
Ma voix se serra sur un sanglot que j'ai difficilement réussi à retenir. J'avais promis de ne pas pleurer, et je tenais parole, toujours. Je tiendrai celle-là aussi. C'est donc immobile à ses côtés et lui souriant affectueusement, que je suis resté avec lui jusqu'au bout. Jusqu'à la dernière seconde, le dernier mouvement qui agite sa cage thoracique, le dernier battement de son cœur, gardant toujours sa main dans la mienne jusqu'à la toute fin. Et juste comme ça, la chaleur du Champion finit par le quitter pour laisser la place au froid de la Mort. J'ai fini par retirer ma main de la sienne, lentement, espoir vain d'éternisé se dernier et ultime contact, ravalant un soupir douloureux. Tendrement, j'ai détaché la fourrure noire passé autour de ses épaules et je l'ai posée sur les miennes, elle avait encore sa chaleur et le souvenir heureux de sa présence. En fermant les yeux assez forts le soir, seul dans le noir, j'aurais son souvenir en compagnie et la sensation fantôme de ses bras autour de moi. Juste avant de partir définitivement, j'ai remarqué que son autre main semblait aussi recourbée, comme si quelqu'un la lui tenait.
Le duel est fini et le silence tombe sur l'arène. J'entre dans le cercle de pierre sous les barreaux de fer, le sable sous mes bottes aussi brulant que le Roi Soleil dans le ciel haut dans l'azur. La chaine est roulée autour de mon bras, tel un grand serpent aux écailles d'acier. Je me tiens là, avec toute la fierté des Bestiari. En face de moi, une grille s'ouvre en grinçant et le bruit d'un corps trainant sur le sol se fait entendre. Je ferme les yeux alors que le Basilisk se tient en face de moi. Aujourd'hui encore, tous repartiront avec en eux le souvenir vivace de la terreur inspirée par celui qu'ils ont appelé le Démon.
