Disclaimer : Les personnages, lieux fictifs, ect. tirés de l'œuvre originale sont l'entière propriété de leurs créateurs et détenteurs de droits. L'histoire développée est à moi. Je ne touche pas d'argent.

Note de l'auteur : Voilà un petit délire que je me suis bien amusée à écrire!

Bonne lecture!


Quiconque ayant fréquenté Le Centre quelque temps vous le dira, là bas rien n'est jamais normal. Cependant ce jour printanier qui s'est déroulé il y a un an déjà est encore au cœur des discussions de tout le pôle informatique de l'entreprise, et nombre des personnalités importantes du lieu évitent consciencieusement d'y repenser. En effet cette journée de folie restera sans nul doute gravée dans toutes les mémoires, et y ayant moi même assisté d'une manière purement fortuite et inattendue, je sens qu'il est de mon devoir de vous la raconter.

C'était une journée particulièrement douce pour la saison. Comme d'habitude aux alentours de six heures, les premiers employés arrivèrent sur place et le bâtiment commença à s'animer. La matinée était calme alors, et rien n'aurait pu prédire la journée riche en surprises qui allait suivre. C'est une cinquantaine de minutes après l'arrivée de la première salve de salariés qu'eut lieu l'évènement zéro, celui qui fut le premier maillon de la chaîne infernale qui se referma alors sur les personnes se trouvant dans l'édifice.

J'étais personnellement tranquillement en train de siroter mon premier café de la journée quand une réceptionniste récemment arrivée a sursauté à l'entente de la sonnerie téléphonique. Alors qu'elle décrochait, elle eut la surprise de s'entendre demander si elle avait une disponibilité pour un goûter d'anniversaire. Interloquée – ce qui vous en conviendrez est assez logique – elle a fini par gentiment expliquer à son interlocutrice que c'était à l'évidence un faux numéro et, très compréhensive, lui a souhaité une bonne journée. Cependant après quelques instants la sonnerie a retenti une fois encore et les deux femmes se sont retrouvées à leur grande surprise à nouveau en relation. N'étant pas particulièrement obtuses elles se sont définitivement saluées et l'affaire aurait pu être close… Si comme je ne l'avais pas moi même constaté, une salve de coups de fils venant de personnes sans le moindre lien entre elles continua de solliciter l'intervention de clowns spécialisés au près des tout petits pour toutes sorte d'évènements festifs.

Évidemment la standardiste n'avait pas la moindre idée des projets spéciaux gérés par ses employeurs, mais moi je goûtais tout particulièrement à cette ironie du sort que je pensais alors purement fortuite.

Bien entendu personne ne se soucia des déboires téléphoniques de la jeune femme, tout comme personne ne fit le lien entre ce premier évènement étrange et le soi-disant bug du distributeur de nourriture, qui semblait déterminé à fournir aléatoirement tout ce qui n'avait pas été demandé, tout en occultant avec acharnement le seul produit désiré.

Il était plutôt amusant je dois bien l'admettre de voir des gorilles aux carrures de basketteurs secouer avec acharnement la pauvre machine, sans le moindre succès. Le fait qu'aucun d'entre eux n'envisage de prévenir le service technique ne fit que me conforter dans les à prioris que je nourrissais déjà à l'encontre de leur intelligence, soit dit en passant.

Le reste de la matinée se poursuivit sans grande nouveauté et – j'en conviens fort aisément – nous étions encore bien loin des événements inoubliables que je vous ai vanté précédemment. Mais patience chers vous tous, c'est dans l'après midi que la tempête se déchaîna.

Le business reprit aux alentours de 13 heures. J'étais tranquillement en train de mettre un peu d'ordre dans mes affaires lorsque je remarquais un homme dans la quarantaine qui venait d'entrer dans le bâtiment et s'évertuait à serrer toutes les mains qui se présentaient à lui, un immense sourire plaqué sur le visage. Le pompon étant sans nul doute l'énorme bise bruyante qu'il colla sur la joue d'un Mr. Parker sidéré qui avait eu la mauvaise idée de passer à ce moment précis.

Je dois vous avouer que je ne sais toujours pas après tout ce temps quel fut le détail le plus distrayant du tableau. L'expression indescriptible du directeur du Centre qui n'avait sans nul doute jamais été la cible d'une telle démonstration d'affection, la grande pièce qui sembla alors se figer tandis que tous les regards convergeaient vers cette scène aussi surréaliste qu'inattendue, les figures qui tentaient désespérément de ne pas laisser transparaître le moindre amusement, ou l'employé qui tentait d'immortaliser discrètement l'instant sur son téléphone. À moins bien sur que ce ne soit l'absence totale de retenue de l'intrus qui serrait à présent la main du vieil homme en lui adressant une litanie de remerciements.

Dès qu'il sortit de sa stupéfaction muette, le dirigeant lui demanda de décliner son identité et d'expliquer la raison de sa présence. Pas le moins du monde troublé par le ton plutôt hostile, l'inconnu se présenta et annonça qu'il était le gagnant de leur grand quiz sur les associations caritatives – décidément l'organisateur de toute cette mascarade me plaisait de plus en plus – et qu'il venait réclamer son prix… Le tout en continuant de secouer énergiquement le bras de son interlocuteur qui ne parvenait pas à le récupérer. Je n'eus pas besoin d'être mentaliste pour savoir ce qui passait par la tête du responsable des lieux, mais ses espoirs d'élimination discrète furent douchés par une information qui eut l'art de l'assommer. Tous les proches de l'importun étaient au courant de sa visite. Comble de la malchance, un papier aux allures officielles pourvu d'une signature en tout point identique à celle du directeur achevait de rendre toute tentative de démenti vouée à l'échec.

Regardant par dessus l'épaule de notre vainqueur, je manqua de m'étouffer en voyant le « prix » remporté, 10 000 dollars, rien de moins.

Je n'avais alors encore que peu d'indices concernant le coupable de ces facéties, mais je remarquais que la somme avait été particulièrement bien choisie, juste assez pour que le bonhomme en parle à sa famille et en profite, mais suffisamment peu pour que Le Centre ait plus intérêt à payer qu'à supprimer la menace. Une décision des plus sage somme toute.

Pour en revenir à ce cher Mr. Parker, il se dépêcha de déléguer la fastidieuse tache de transfert d'argent à un assistant d'assistant et se rendit immédiatement à son bureau afin d'ordonner une enquête interne sur cet étrange événement, qu'il confia à son fils fraîchement découvert… Les liens familiaux dans cette entreprise sont sans aucun doute digne des meilleurs – ou des pires, tout dépend du point de vue – soap opéras…

Enfin ceci est un autre sujet et, suivant le cours des événements, je m'intéressais alors à ce qui se passait dans le bureau du psychopathe un chef, j'ai nommé Lyle.

Je vous avouerai que la place était rudement disputée, et que seules quelques sous-catégories de mon classement lui ont permis d'obtenir ce titre dès plus convoité dans ce milieu. Bref, une fois de plus je m'égare en interrompant le fil de ma narration, reprenons donc.

En plein « entretien d'embauche » avec une jeune asiatique au sourire ravageur, il va s'en dire que le rapide coup de fil de son patron n'enthousiasma pas l'homme aux neuf doigts, qui songeait à des activités bien plus distrayantes et qui provoquaient bien plus de cris… Préférant de ne pas m'attarder sur la question, je m'empressai de le suivre dans le dédale de couloirs pour finalement débouler dans le hall… décidément je n'avais jamais passé autant de temps dans cette salle. Se dirigeant vers le pole informatique, Mister Cannibale passait sans lui jeter un regard devant la secrétaire du début de matinée quand celle ci l'interpella en lui tendant avec timidité un cupcake qu'on lui avait fait envoyer.

J'avais compris que la pâtisserie n'était pas nette, vous aussi y avez pensé et même la petite standardiste s'en doutait, mais Lyle lui, non. S'imaginant sans doute que le présent venait d'une de ses nombreuses conquêtes, il mordit sans hésitation dedans avant de changer de tête. En me rapprochant, j'eus alors la surprise de voir dépasser un petit bout de plastique couleur chair de la crème blanche. Effritant alors le reste du malheureux gâteau dans sa main, il ne resta plus parmi les miettes qu'un énorme pouce de farce et attrape en plastique. Son visage se contorsionna et la jeune employée ne pu contenir le pouffement que tout ceux qui assistaient à la scène retenait, se prenant un regard assassin en retour. Elle l'observa donc cachée derrière ces cils pendant qu'il s'emparait de la serviette pliée avec attention dans la poche de costume d'un homme qui passait à coté de lui. Ignorant son exclamation outrée, il s'essuya la main sur le malheureux bout de tissu avant de le remettre sans plus de cérémonie dans la veste où il l'avait trouvé. Sa victime se scandalisa mais je puis vous assurer qu'il n'en avait cure, dans ses yeux brillait maintenant l'envie de vengeance la plus pure qui soit.

Il repartit d'un pas colérique vers sa destination première, ne manquant pas de balancer le morceau plastique qui ricocha contre un mur et alla frapper l'arrière du crâne de Willie qui se retourna les poings levés. Pathétique vous avez bien raison.

Lyle arriva donc à la section des geeks et se dirigea vers un employé qui servait de lien entre différents services. Il lui demanda un compte rendu de la journée et apprit qu'un nombre des plus élevé d'incidents s'étaient produits. Tout d'abord les employés ayant demandé un dossier aux archivistes s'étaient vu remettre un document dénué du moindre rapport avec ce qui les intéressait. Apparemment les cotes avaient été mélangées et les pages mises dans le désordre. Ensuite c'était le sel et le sucre qui avaient été intervertis au restaurant d'entreprise, et enfin l'eau des robinets était devenue violette. Pour couronner le tout, de nombreux incidents individuels avaient été rapportés, comme celui du « Docteur Sydney » qui s'était retrouvé avec un stock de feux d'artifices, 27 précisément. Cependant personne n'avait la moindre information sur le coupable de ses mauvaises surprises.

Une fois encore le pauvre innocent qui racontait les faits n'avait pas la moindre idée de la subtilité derrière cette farce qui semblait dénuée de sens, mais moi j'avais saisi le message, et même l'information sous-jacente. La personne qui orchestrait tout ça connaissait bien toutes les magouilles du Centre, car seul quelqu'un au courant de tout ce qui se tramait en ses murs pourrait savoir que malgré le rapport interne c'était le psychiatre qui était responsable de l'explosion du sous-terrain numéro 27.

C'est encore plus remonté qu'il quitta la salle pour retourner à son bureau. Sur le chemin du retour il croisa Raines qui se dirigeait vers le laboratoire de simulations et que je décidais de suivre, après tout il ne lui était à ma connaissance rien arrivé encore et j'étais curieuse de voir ce qui allait se passer.

Lorsqu'il arriva à destination, il croisa un Sam encore stupéfait qui secouait un gilet pare-balles rose fluorescent devant le nez de sa patronne pendant que celle ci le congédiait sans ménagement. Il quitta alors la pièce en refermant la porte sur lui et c'est là que tout s'accéléra pour finir en bouquet final, que dire, en apothéose.

Alors que le mort-vivant demandait si le Caméléon en cavale pouvait être le responsable de cette mascarade, une musique s'éleva soudain de l'ordinateur dans le coin de la pièce pendant qu'un dinosaure orange apparaissait à l'écran. Les deux antagonistes se retournèrent d'un bloc vers Broots, qui occupait le bureau, et Mlle Parker lui intima l'ordre de stopper cette mascarade alors que la mélodie de L'île aux enfants s'élevait de plus en plus fort des baffles de l'appareil.

Entre nous soit dit je la comprend, le simple fait de lire le nom de cette satanée chanson suffit à la mettre dans la tête de tout ceux qui la connaissent alors de là à l'entendre… D'ailleurs je tiens à me dédouaner de toute responsabilité à ce sujet, non je ne suis pas responsable de l'envie irrépressible qui vous tiraille désormais de la chanter. Mais revenons à notre sujet.

Le fait est que le pauvre homme, à force de pianoter sur son clavier, dû annoncer avec sidération que l'émission pour enfants occupait toutes les machines informatiques du bâtiment et qu'il était bien incapable d'arrêter quoi que ce soit. Dans une tentative désespérée, il voulut prendre une clé USB dans le tiroir du meuble et poussa un hurlement des plus aigu quand un diable à ressort jaillit sous son nez.

Je retins un éclat de rire quand il se recula prestement, tombant de son siège, mais mon attention fut alors accaparée par le bruit reconnaissable d'un verrou qui se ferme. Je n'étais pas la seule apparemment, puisque trois paires d'yeux inquiètes se reportèrent sur la porte et que l'ex nettoyeuse fit claquer ses talons jusqu'à celle ci. Actionnant la poignée sans succès, elle décréta qu'elle ne passerait pas une seconde de plus en compagnie des deux autres et recula assez pour pouvoir dégainer son pistolet et viser la serrure. Sans la moindre hésitation elle appuya sur la gâchette… et vit une petite bille jaune rebondir sur le métal visé.

Aussi stupéfaite que tous les membres de la pièce, je la regardais s'interroger sur son arme quand la chose la plus imprévisible, invraisemblable et inattendue se produisit. Un grand éclat de rire s'éleva dans la pièce et en se retournant nous virent tous Raines – plié en deux sur lui même – qui esclaffait à n'en plus pouvoir, des larmes d'hilarité roulant sur ses joues.

Parler de stupeur serait un euphémisme, l'habituelle froideur de la jeune femme avait laissé place à une bouche entrouverte de surprise et des yeux écarquillés alors que informaticien semblait si terrifié par la situation que je jurerais l'avoir vu perdre les quelques cheveux qui lui restaient.

Ignorant de son monde, l'habituelle terreur du Centre continuait de se bidonner en débitant un flot ininterrompu de paroles insensées et de blagues de mauvais goût, le tout en s'appuyant sur sa bouteille d'oxygène. C'est à ce moment que l'Ice Queen eut un éclair de lucidité, se penchant sur l'étiquette elle repéra facilement la mention « mélange de gaz hilarant » et – songeant qu'elle débusquerait plus tard le coupable pour lui faire passer l'envie de toucher à son flingue – abandonna le vieux sociopathe à son sort, se concentrant sur la recherche d'une échappatoire.

Elle finit par trouver une vieille grille d'aération pleine de poussière qui traversait le mur et la descella à grand renfort de coups de pieds avant de se tourner vers son collègue et de lui suggérer de lever le camp avant que le vampire asthmatique ne décide de les inclure à son délire. Elle ne comprit pas pourquoi l'idée de se retrouver tout trois associés dans une situation rocambolesque alarma tant le pauvre homme – qui se précipita alors vers leur sortie de fortune – mais elle préféra ne pas creuser la question lorsqu'elle l'entendit baragouiner quelque chose à propos de ses rêves.

Ils quittèrent donc la pièce, avec la ferme intention de rentrer directement chez eux afin d'échapper au déchaînement étrange dont était victimes les employés ce jour là, et je me retrouvais avec Raines comme seule compagnie. Ce dernier était désormais en train de glousser devant Casimir, et ne souhaitant pas être hantée jusqu'à la fin des temps par son image se gondolant comme un hystérique, je décidais de m'en aller à mon tour.

Ces drôles d'événements se poursuivirent jusque tard dans la soirée, et ce n'est que lorsque l'équipe de surveillance de nuit se trouva seule dans le bâtiment et que je pensais le mystère insoluble que tout s'éclaira. C'est là que je vis Angelo sortir d'un conduit d'aération pour aller laisser tomber quelques Cracker Jack dans un bocal contenant un petit poisson rouge que personne n'avait remarqué jusqu'à lors. Et à coté, juste à coté de l'aquarium, mon regard fut attiré par le petit calendrier quotidien sur lequel un grand 1 rouge surplombait la mention « April »…

Mais que cette découverte reste entre nous, à ce jour personne au Centre n'a encore fait le lien.

Maintenant que je me suis acquittée de ma tâche de conteuse, je vais devoir vous laisser. Ne cherchez pas à savoir qui je suis, c'est un secret que je ne vous dirais jamais. Disons que je suis un des nombreux fantômes qui hantent ces murs, et qu'il est temps que nous nous quittions. Mais si jamais je suis témoin d'une autre folle journée je vous la raconterais, parole de scout !


Bon premier avril!

Tous ceux qui me feront un petit retour seront dispensés de poisson ;)