HELLO! vous SAVEZ pourquoi on se retrouve vous qui avez vu la lumière, et oui mes ami e s c'est la EREJEAN WEEK! Go lire mtn si vous voulez passer le blabla ennuyeux.
Sachez déjà que je ferai probablement tous les jours sauf un, que si les prompts vous intéressent je les connais par cœur et que j'ai même déjà écrit des trucs en avance ce qui est un MIRACLE. Il y a deux prompts différents proposés par jour mais en général j'ai décidé de mixer les deux, alors nous avons : College/High School AU avec Club activity pour aujourd'hui ! (même si le deuxième s'est largement perdu en chemin mddr)
Honnêtement je suis pas tout à fait satisfaite avec celui-là mais je me suis dit que ce serait vraiment très nul de commencer cette week en retard, donc je l'ai écrit aujourd'hui et ça veut dire que j'ai très peu de recul dessus et qu'il risque d'y rester des coquilles, j'ai fait super attention mais si c'est le cas i'm really sorry.
On passe aux remerciements et il y en a un TAS pcq c'est le premier jour : tout d'abord merci à Aeli et liuanne qui sont toujours là et toujours drôles et toujours chouettes, merci à Leylay qui me permet de garder un pied dans haikyuu, merci à Partizion qui a rejoint notre nation du erejean, merci à tous et toutes les auteurs et auteures sur ao3 qui m'ont nourrie de ce ship, merci à ma soeur ily, merci à chtulou qui est archi encourageante bestie et ENFIN! MERCI À CATHARSIS I LOVE YOU GIRL sachez que sans elle j'aurais abandonné au deuxième OS c'est terrible, c ma partner in crime du erejean don't know where i'll be. MERCI de parler d'eux avec moi h24 jusqu'à ce que twitter me fasse taire de force, MERCI d'écouter mes idées franchement t la best MERCI.
love yall
Lorde - The Louvre
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But we're the greatest, they'll hang us in the Louvre
Jean leva les yeux sur le gymnase devant lui en grimaçant. Le soleil ne changeait rien à sa mauvaise humeur : il n'appréciait pas les événements à venir. Il les retournait dans sa tête depuis mercredi, depuis l'annonce de sa sentence et depuis Eren Jaeger – qui étrangement, était toujours dans les parages quand il lui arrivait quelque chose.
Pourtant, on aurait pu penser que les choses s'étaient calmées entre eux depuis leur première année de lycée, et ils passaient presque pour des amis de loin, assez loin pour ne pas entendre leurs conversations qui restaient brodées autour d'une animosité gentille, au moins pour garder la face.
Jean ne savait même pas exactement ce qu'il avait fait de mal. Il se souvenait vaguement d'une conversation, et puis soudain, Eren contre lui en train de lui cracher au visage des mots qu'il ne lui disait plus depuis longtemps. Pas que ça l'ait blessé, au fond, il le savait impulsif et surtout, par-dessus tout, avait appris à se détacher de la profondeur de son discours, mais que ça se termine violemment, qu'il en ressorte avec un bleu à la pommette et une retenue un vendredi après-midi, ça, en revanche, ça le mettait en rogne. Et puis, ce pincement au cœur qui ne partait plus.
On les avait pourtant prévenus dès la rentrée de première année : s'ils se battaient encore au lycée, ils seraient punis. Et bien sûr, Eren ne pouvait pas attendre de le coincer dans une ruelle, il fallait qu'il fasse éclater tout qu'il portait dans l'immédiat, parce qu'Eren n'était rien de plus qu'une bombe à retardement.
Des pas tirèrent Jean de sa réflexion et l'objet de ses pensées apparut dans son champ de vision.
Eren avait les yeux cernés et l'air fatigué, et pour une fois Jean était bien incapable de dire ce qui lui pesait. C'était d'ordinaire bien plus facile d'avoir une conversation avec lui : le brun était invivable et ne pouvait s'empêcher de débattre sur tout et n'importe quoi, même les plus petites remarques. Et puis, Jean pouvait se targuer de reconnaître la nature de ses expressions avec plus de facilité que n'importe qui.
Il n'avait pas obtenu cette capacité sans sacrifices, non, c'était certainement le fruit d'années d'observations minutieuses, d'une nuit blanche portée par une réalisation insupportable et d'un béguin enterré et mort au plus profond de ses tripes – ou du moins, qu'il avait essayé d'étouffer et qui parfois, refaisant surface sans qu'il n'y croie vraiment plus.
La mauvaise humeur d'Eren ne semblait pas s'être évaporée, et cela eut pour effet de renfrogner Jean. Il ne s'attendait pas forcément à passer un bon moment, mais si au moins le brun pouvait éviter d'être insupportable, il lui en serait reconnaissant.
Peu après, le concierge arriva pour leur ouvrir et leur donner de quoi faire leur job : nettoyer le gymnase ce qui, certainement, devait être une représentation douteuse du lavage de leurs péchés. Son balai en main, Jean décida de s'y mettre le plus vite possible pour pouvoir partir assez tôt et commença dès que l'adulte fut hors de son champ de vision. Rester coincé avec Eren jusqu'à vingt-deux heures trente aurait pu sonner amusant dans d'autres circonstances, mais il était clair que la suite n'allait rien avoir d'une partie de plaisir.
La première heure se déroula sans encombre : ils ne se parlèrent pas, et hormis la tête pleine de questions de Jean et les crissements de leurs chaussures, le silence rendait l'endroit presque solennel. Peut-être aurait-il voulu dire quelque chose, lui lancer une pique, mais il se concentrait surtout sur ses gestes qui se faisaient répétitifs, plaquant la poussière au pied du mur pour la dissimuler sans avoir à la ramasser.
De temps en temps, il pensait sentir le regard d'Eren sur ses épaules, mais quand il se retournait le brun fixait résolument au sol. Ce dernier n'avait pas vraiment changé de zone depuis qu'ils avaient commencé, et c'était à se demander s'il faisait quoique ce soit, si bien que Jean s'autorisa finalement une remarque, ignorant son cœur qui battit contre ses temps :
- Je sais que tu meurs d'envie de passer plus de temps avec moi mais ça m'arrangerait quand même que tu te bouges le cul, Jaeger. J'ai un bus à prendre.
Jean se figura que parce-que son cocktail infaillible de sarcasme et de provocation avait toujours fonctionné, il n'y avait aucune raison pour que ce ne soit pas le cas aujourd'hui. Et pourtant, quand il vit Eren le fusiller du regard de là où il était après que sa phrase eut résonné contre les murs quelques secondes, il se sentit ridicule.
Le brun se contenta de le regarder de haut en bas, tentant probablement de lui transmettre toute la colère qui l'habitait et que le principal concerné ne comprenait toujours pas. Eren ne prononça pas un mot, gardant la bouche résolument fermée.
Jean détesta la gêne qui le prit aux tripes et les rougeurs qu'il sentit naître sur ses joues, alors il lâcha sèchement son balai et se dirigea vers Eren, ignorant le bruit derrière lui. Il espérait paraître ferme, que sa fébrilité ne transparaissait pas dans ses poings serrées – sinon, ils tremblaient et pourtant, quand il arriva pile en face de lui, quand il se planta sous son regard brûlant de reproches, sa détermination disparut comme neige au soleil.
D'accord, peut-être que l'attraction bizarre née l'année dernière ne s'était jamais vraiment estompée et peut-être qu'il avait menti et qu'il mentait encore.
- C'est quoi ton putain de problème ?
Jean se félicita tout de même d'avoir aligné plus de deux mots, reprenant son sang-froid au fur et à mesure qu'il voyait Eren perdre le sien. Il se sentait étranger dans son espace vital, comme s'il n'y était plus invité, et il ne savait toujours pas ce qu'il avait fait pour que le garçon ne puisse plus le voir en peinture au point de devenir violent. Au fond, si, c'était blessant.
- Je t'emmerde, Jean, finit par lâcher Eren, la mâchoire trop serrée pour que ce soit plus qu'un grognement.
Le concerné sentit sa fébrilité se transformer en agacement et dut inspirer pour ne pas risquer de s'infliger le double de la retenue qu'il n'avait même pas encore terminée.
- J'ai bien remarqué, ouais, mais va falloir que tu m'expliques ton délire. Quoi ? J'ai renversé ta trousse sans faire exprès ? Merde, désolé, acheva-t-il avec tout le sarcasme du monde.
Eren croisa enfin son regard et Jean dut résister à son envie de reculer et de retourner à son balai. Il n'avait jamais été du genre à refuser à une confrontation avec son vis-à-vis, et ce n'était pas parce qu'entre-temps il avait développé une genre d'attraction bizarre pour sa personne que ça allait changer.
- T'es un connard, tu le sais ça ? siffla Eren en le poussant à l'aide de ses deux mains, rageur.
Jean se sentit faire un pas en arrière avant de se stabiliser, et il ne réfléchit pas avant de le pousser à son tour.
- Un connard ? T'es sérieux Eren ?
Il se sentait bouillir, et tout ce qu'il avait tenté d'étouffer depuis mercredi lui revenait comme un retour de flamme.
Plutôt que de lui répondre, Eren se saisit de son col et le rapprocha de lui, si bien que Jean put sentir toute la frustration qui émanait de son attitude. La sienne augmenta en conséquence, parce-que merde, il avait beau retourner encore et encore les événements des derniers jours, il ne voyait pas le problème et plus il y réfléchissait, plus il se sentait bête.
Il vit Eren lever le bras mais avant de pouvoir penser à esquiver ce qui allait potentiellement venir, un claquement sec les interrompit.
- Non mais vous avez quel âge ? fit une voix à l'autre bout du gymnase, faisant reculer le brun comme s'il s'était brûlé.
Jean tourna la tête mais il savait déjà qui se trouvait dans l'embrasure de la porte : le concierge n'était pas parti aussi loin que prévu.
Levi Ackerman était un homme qui valait le double de sa taille en matière d'autorité, alors aucun des deux garçons n'osa respirer trop fort : au moins, la tension redescendit d'une traite. L'homme s'approcha d'eux, glacial pour ne pas changer, et Jean sentit ses épaules se tendre quand il reprit :
- Puisque vous aimez être aussi proches, vous vous ferez le plaisir de revenir la semaine prochaine.
Il les jaugea du regard un instant pour empêcher toute forme de protestation et retourna peu importe là où il était avant, probablement à proximité s'il n'était pas passé là par hasard.
Dans le doute, Jean se tut et n'essaya plus d'aborder Eren, retenant pour lui ses remarques maintenant bouillonnantes de colère. Ce n'était même pas tant qu'il avait peur des représailles, il commençait surtout à en avoir ras-le bol.
Après tout, il n'avait jamais été du type à faire des efforts. Jean laissait les gens se planter à ses côtés ou s'en aller sans que ça ne lui fasse ni chaud ni froid, et il comptait les individus qui lui manqueraient vraiment sur le doigt de la main. Bien sûr, il appréciait la compagnie en règle générale, mais remplissait suffisamment son quota d'interactions sociales journalier pour s'en inquiéter.
Avec Eren en revanche, il en allait autrement, et c'était en partie ce qui lui avait posé question par le passé : pourquoi supporter un gamin qui ne savait même pas marcher droit si ce n'était par affection certes, non-désirée, mais tout de même existante ?
Tout était différent avec le brun, de sa manière d'être au comportement des autres à ses côtés. Il faisait trop de bruit, parlait trop fort, pensait trop fort et vivait trop fort, et Jean se retrouvait embarqué dans le tourbillon qu'il était sans jamais en avoir envie, jamais vraiment. Il ne l'avouerait pas, de toute façon, il ne dirait pas à quel point c'était ça, le plus charmant, cette manie de tout crier tant et si bien qu'il se cassait la voix sur des bêtises. Eren rassemblait les gens autour de lui et se demandait pourquoi ils le supportaient, mais Jean lui, Jean savait le pouvoir qu'il avait.
Alors à bien y réfléchir, la logique voulait qu'il fasse de son mieux pour arranger les choses, mais parce qu'il ne savait même pas ce qu'il y avait à arranger, il se retrouvait impuissant et se laissait emporter par des mécanismes qu'il comprenait à peine.
Le pincement au cœur devint véritable étau et il n'osa même plus regarder dans la direction d'Eren de peur de croiser ses yeux et d'avoir envie d'hurler.
Quand il rentra chez lui ce soir-là, il n'osa même pas appeler Marco et se contenta de s'enfermer dans ses désillusions, redoutant la semaine à venir.
Down the back, but who cares ? Still the Louvre
Quand ils revinrent le vendredi suivant, ils arrivèrent en même temps devant le gymnase. Ils n'avaient pas échangé un mot depuis la semaine dernière, et Jean s'était de toute façon appliqué à l'éviter. Il gardait un mauvais goût de lâcheté au fond de la gorge, mais il n'avait rien à voir avec l'étau qui lui serrait les poumons dès qu'il y pensait trop fort.
Quand Ackerman et son trousseau de clé rappliquèrent, Jean n'avait jamais été aussi content de le voir.
Après son habituel regard plein d'avertissement, le concierge disparut et Jean choisit cette fois-ci de se diriger jusque dans le local adjacent pour tout à fait éviter Eren.
La pièce n'était pas vraiment à part, seulement séparée du reste du terrain par une grille relevée en journée, mais sa structure suffisait à Jean pour qu'il ne voie pas le brun, et inversement.
Malgré toutes les questions de Marco au courant de la semaine, – même Sasha et Connie s'y étaient mis – il n'avait pas desserré les mâchoires. Comment expliquer, surtout à son meilleur ami, qu'il avait une sorte de crush insupportable sur la pire personne de la planète et que cette même personne refusait catégoriquement de lui adresser la parole sans qu'il ne sache vraiment ce qui l'avait mis en rogne ?
Jean chassa toutes ses considérations d'un soupir et se reconcentra sur la poussière qu'il n'y avait déjà plus vraiment dans la zone qu'il balayait.
Au bout d'un moment à accomplir son travail de nettoyage à peine sérieux, il se retrouva devant l'étagère des ballons de basket. Un regard dans leur direction suffit à lui donner la pire idée du monde, et il la poussa loin hors de son esprit, si loin qu'il dut prendre encore cinq minutes avant de se remettre à ses gestes mécaniques.
Mais l'idée ne s'évapora pas. L'idée se transforma en fantasme et le fantasme se matérialisa sous son nez, si bien que n'y tenant plus, il s'empara d'un ballon après avoir posé son balai dans un coin. Quitte à ce qu'il soit haï pour l'éternité, autant qu'elle commence aujourd'hui.
Il oublia qu'ils se détestaient maintenant, oublia qu'il était en jean et oublia qu'il jouait comme un pied.
Quand Eren entra dans son champ de vision, il le regardait déjà. S'empêchant de déglutir d'appréhension, Jean plissa les yeux avant de se souvenir qu'il était censé faire un effort et qu'effort rimait avec un minimum de politesse.
- Tu veux jouer ? lança-t-il finalement en montrant le ballon qui représentait à l'heure actuelle sa seule planche de salut.
Il vit Eren hausser un sourcil, vit son expression passer par tous les états possibles, crut même y apercevoir quelques notes de regret, et puis le brun hocha la tête.
La vague de soulagement qui traversa Jean le noya assez pour qu'il reste immobile jusqu'à ce que son vis-à-vis dépose lui aussi son ustensile et le rejoigne. Peut-être était-ce dramatique, mais il y voyait l'armistice qu'il attendait depuis plus d'une semaine.
Ils se dirigèrent vers la portion du terrain qui accueillait les paniers, et, une fois au centre, ils se mirent à jouer.
Le début n'avait rien de naturel : ils évitaient le contact, évitaient de se regarder et se contentaient de mettre successivement des paniers sans rien se dire, ce qui remplissait le gymnase d'échos étranges et renvoyait à Jean une impression de vide. Il s'en contenta, plutôt certain que comme ça, Levi ne les entendrait pas.
Les minutes défilèrent sans grand changement et puis, dans un élan ridiculement désespéré pour marquer, Jean glissa sur le sol mal ciré et même s'il fit un maximum de bruit en se rattrapant de justesse, il eut le temps d'entendre Eren se moquer.
Par réflexe, il se tourna vers lui pour lui renvoyer la balle mais son expression le figea : il ne souriait pas vraiment, mais au moins, il avait arrêté de faire la gueule.
Jean sentit un poids dont il ne soupçonnait pas la charge s'ôter de ses épaules et leva les yeux au ciel pour la forme, et peut-être aussi pour éviter de le fixer ou de soupirer de soulagement. Si c'était aussi simple, il se serait cassé la figure dix fois auparavant.
Enfin, peut-être qu'il exagérait, emporté par le moment et les beaux yeux d'Eren, et sûrement qu'il était ridicule à ne pas pouvoir se débarrasser de cette attirance dont il ne pensait plus rien. C'était si naturel, au fond, qu'il ne faisait jamais plus que de se rendre compte de son existence et la reconnaître. Il avait eu sa part de panique, de toute façon.
Ils jouèrent encore, et leur interaction même minime eut au moins le mérite d'alléger l'atmosphère, si bien que les contacts physiques ou visuels ne semblèrent plus aussi terribles qu'auparavant.
Quand Jean sentit ses jambes s'alourdir et sa bouche s'assécher, il leva la main en direction d'Eren et essuya une moquerie supplémentaire.
- On n'a pas tous la chance d'avoir fait de l'athlétisme, Jaeger.
- C'est pas comme si t'en avais jamais eu l'occasion.
Le fait qu'Eren lui réponde et lui réponde pratiquement sans animosité empêcha Jean de retenir son sourire trop longtemps.
- T'as soif ? demanda-t-il finalement.
Eren hocha la tête et Jean ne se remettait toujours pas de l'idée qu'il avait suffit qu'il se ridiculise un tant soit peu pour parvenir à cette conversation.
- Ok, reprit-il, tu vois le distributeur dans le couloir ?
Eren haussa un sourcil.
- Tu veux dire… À côté du bureau de Levi ?
- Ouais ? Il y en a pas d'autre de toute façon, et les toilettes sont trop loin.
- Tu peux boire dans les douches, lança Eren en haussant les épaules.
Parce-que le brun l'avait proposé sans ironie, Jean ne prit pas la peine de répondre et lui fit signe de le suivre. Il voulait revenir sur tout un tas de chose, mais n'osait pas vraiment lui poser des questions de peur d'interrompre ce moment durement gagné, et il savait que si Eren avait la bouche pleine, il hurlerait moins facilement.
Le début de leur escapade très probablement interdite se déroula sans encombre, le gymnase étant relié à l'aile du lycée réservée aux sciences qui était déserte en ce vendredi soir. Ils parvinrent jusqu'au hall qu'ils traversèrent en faisant attention à se taire, se le rappelant mutuellement entre deux soupirs amusés qui résonnèrent.
Jean se sentait étrange, dans un entre-deux qu'il ne comprenait pas. Autant il le voyait détendu, autant il s'attendait à ce qu'Eren lui saute dessus avec ses reproches en carton à chaque fois qu'ils prenaient un tournant. Il ne s'en formalisait pas vraiment, mais gardait une part de méfiance involontaire qui l'empêchait d'être aussi hilarant qu'habituellement – du moins, c'était ce qu'il se répétait dès que son compagnon haussait un peu trop les sourcils.
Ils arrivèrent à proximité de la loge de Levi et se dissimulèrent derrière le mur pour l'observer. Le concierge discutait avec leur principal – Erwin Smith, le genre de type que Jean ne pouvait s'empêcher d'admirer et qui lui faisait se poser des questions quant à son rapport avec l'autorité tant il le trouvait imposant.
Eren tira Jean vers lui pour l'empêcher d'espionner la scène plus longtemps et ils s'écrasèrent tous les deux contre le mur.
- T'y vas, murmura le brun.
Jean chercha le distributeur des yeux : devant lui, un peu sur sa droite, une diagonale parfaite qui rentrait à moitié dans le champ de vision des deux hommes s'ils se retournaient dans cette direction. En soit, c'était jouable à condition de ne pas être absolument maladroit, mais Jean secoua la tête.
- Non, c'était ton idée, rétorqua-t-il sur le même ton.
Eren eut une expression offusquée, comme si Jean venait d'insulter toute sa famille et ce dernier crut qu'il allait s'en prendre une.
- N'importe quoi !
Jean plaqua ses mains sur la bouche du brun pour lui intimer de se taire et fronça les sourcils.
- D'accord. Je rigole. J'y vais.
Eren hocha la tête en marmonnant un truc contre la paume de Jean qui enleva sa main sans manquer d'afficher un air dégoûté.
Il inspira et, prenant son courage à deux mains en espérant que la téléportation soit vite inventée, s'avança sur la pointe des pieds jusqu'à son but. Les murmures de la conversation des deux hommes lui parvenaient et il fit de son mieux pour ne pas se retourner, persuadé que sinon ils le verraient alors qu'il n'était même pas encore entré dans leur ligne de mire.
Quand enfin ce fut le cas, il eut une illumination : quoique ce soit qu'il prendrait dans le distributeur allait faire un boucan d'enfer. Pris entre deux feux, il déglutit en attendant de réfléchir à une réponse, mais il restait bloqué mentalement sur les encouragements silencieux d'Eren qu'il pouvait apercevoir du coin de l'œil et la pression monumentale d'un potentiel Erwin Smith en colère.
Finalement, l'un des deux prit le dessus puisqu'il tourna les talons pour retrouver le brun qui le regardait avec ses grands yeux déçus, et ce fut à cet instant que Jean comprit que oui, c'était sûrement quelque chose à analyser.
- T'es sérieux ? murmura Eren beaucoup trop fort.
Jean attrapa son bras et le tira jusque dans les couloirs d'où ils venaient. Quand le brun protesta, il le lâcha et lui fit face, une lueur amusée au fond des yeux.
- Je me suis rendu compte que mon plan avait des failles.
La formulation dut être drôle puisque Eren leva les yeux au ciel.
- C'est terrible comment tu vas jamais au bout des choses.
- Quoi ?
Eren ne le regardait plus vraiment alors Jean en conclut qu'il était temps pour eux de communiquer pour du vrai. Il se renfrogna presque sans le vouloir et enfonça ses mains dans les poches, attendant la suite.
Elle ne vint jamais, alors il se sentit obligé d'y aller de front :
- Tu comptes me dire un jour pourquoi j'ai un bleu ?
Eren lui lança un regard et haussa les épaules.
- Il a presque disparu.
- Certes.
- Je peux pas te dire, murmura-t-il finalement.
- Pourquoi ? souffla Jean qui faisait un effort monumental pour garder patience.
Eren haussa les épaules à nouveau et l'attention qu'il mettait à éviter le regard de Jean serra le cœur de ce dernier, lui faisant se rendre compte que l'étau qui ne l'avait pas quitté depuis la semaine dernière lui avait offert quelques instants de répit.
Toutes les phrases qui s'amassaient au bord de ses lèvres avaient l'air d'être de trop ou de n'être pas assez, alors il laissa le silence reprendre ses droits, prétextant offrir de l'espace à Eren qui lui aussi semblait lutter contre son vocabulaire.
Quand ce dernier ouvrit la bouche, Jean fut certain que leur amitié se terminait là – et cela lui permit de réaliser : c'était ça qui l'effrayait, qui lui serrait la poitrine avec autant d'intensité, sa relation avec Eren était précieuse et par-dessus tout, il ne voulait pas le perdre.
L'idée l'aurait fait grimacer s'il était seul, parce qu'il n'avait pas le temps pour ce genre d'épiphanie qui n'étaient réservées qu'aux personnes fondamentalement bonnes, ce qu'il n'était absolument pas. Non, lui n'avait ni le temps de s'embarrasser de ces considérations ni l'envie de vieillir romantique.
Mais Eren, Eren bien sûr n'était pas comme ça et une fois qu'il eut trouvé ses mots, une fois qu'il eut trouvé son courage aussi sûrement, il planta ses yeux dans ceux de Jean qui se heurta à des sentiments qu'il ne pensait jamais y voir :
- Tu me plais.
Du haut de ses dix-sept ans, Jean n'eut sûrement jamais autant envie de disparaître, soudain renversé presque littéralement par la réalisation qui venait de lui déchirer les oreilles :
- Quoi ?
Tout le langage corporel d'Eren se ferma et il passa une main épuisée sur son visage.
- Ouais. Exactement.
Jean lui, peinait toujours à comprendre et essayait en vain de garder les pieds sur terre – il avait mal entendu, il avait mal entendu, il avait mal entendu.
Il fallait qu'il soit sûr.
- Et-, il déglutit, et tu frappes souvent les gens qui te plaisent ?
Eren détourna le regard et s'il le pouvait, se serait sûrement téléporté sur la lune.
- Non. Enfin-, non, je suis désolé, d'accord ? Désolé, mais t'es pas le plus facile aussi à- je sais pas comment dire. Mais t'es super chiant, et il m'a fallu du temps pour comprendre.
- Que je suis super chiant ?
- T'as pigé, arrête de faire semblant.
- D'accord, annonça finalement Jean.
- D'accord quoi ?
- D'accord, putain.
Eren haussa un sourcil et Jean crut le voir inspirer profondément avant de hocher la tête.
- Vraiment ?
Son soulagement se lisait sur son visage, et Jean fut fondamentalement heureux sans le dire de pouvoir le décrypter à nouveau.
- Ouais, dit-il en haussant les épaules comme s'il n'était pas en train de hurler à la mort intérieurement.
Eren le fixait, alors il détourna le regard et se remit en route en marmonnant sans lui laisser le temps de reprendre :
- Faut qu'on y retourne.
- Ouais. On y retourne, confirma Eren en le rattrapant.
Il frôla son épaule de la sienne, et Jean se sentit revivre.
.
voilà!
toute la week sera inspirée plus ou moins d'un morceau de l'album Melodrama de Lorde que je vous conseille avec force, et pour celui-ci c'était The Louvre.
À demain pour Roomates / Hurt comfort !
