Salut tout le monde ! Me voilà de retour avec un petit quelque chose d'assez court. Il y a deux chapitres mais il s'agit approximativement du même texte, en réponse à un prompt ("Met at a wedding AU"), en deux versions. La vérité c'est que je ne savais pas me décider entre les deux, donc je vous les propose toutes. C'est pour moi, c'est cadeau. J'espère que ça vous plaira.
Par ailleurs, mon grand projet est toujours en bêta-lecture actuellement. Et à côté de ça je viens d'attaquer un nouveau projet, qui sera nettement plus court, dans le cadre du Camp NaNoWriMo d'Avril.
/!\ Disclaimer : La série ne m'appartient pas et j'écris pour le plaisir. Je ne touche évidemment pas d'argent.
Sur ce, bonne lecture à vous !
Faith's wedding - V1
Le mariage est le plus beau jour de votre vie. Voilà ce qu'on entend partout, tout le temps, quand on est une femme. Et pourtant le plus grand mensonge de l'univers. Du moins c'était ce que pensait Faith Mitchell à cet instant. Yokas, se corrigea-t-elle mentalement. Bon sang, elle ne s'y ferait décidément jamais.
Elle aimait Fred de tout son cœur, vraiment, alors pourquoi regrettait-elle déjà de l'avoir épousé ? Non, elle ne regrettait pas. Elle était tout simplement épuisée à cause du stress et de la fatigue, voilà tout. Après tout elle avait accepté sa demande en mariage de son plein gré, et en tout connaissance de cause.
Pourtant, à cet instant, elle souhaiterait être n'importe où ailleurs que dans cette salle des fêtes. Loin du bruit et de l'agitation. Loin des éclats de rire de tous ces gens déjà ivres, parmi lesquels se trouvaient son propre mari.
Fred et elle étaient encore si jeunes, et pourtant les voilà déjà époux. Imaginer un futur avec lui n'était pas quelques chose d'étranger à Faith, bien au contraire, mais le mariage amenait cette dimension toute particulière. Un petit quelque chose qui rendait la situation définitive. L'impression d'être coincée.
Oui, c'était bien cela : Faith avait la sensation d'étouffer. Cela ne faisait pas 24h qu'elle portait son alliance, et pourtant elle en ressentait déjà tout le poids. Comme le pressentiment d'un avenir chaotique.
Faith s'écarta du gros des invités pour rejoindre le bar improvisé. Elle avait besoin de se rafraîchir un peu pour retrouver ses esprits. Un peu d'eau suffirait à lui faire retrouver son sang-froid et tout son bon sens.
« Qu'est-ce que je vous sers ?
- Un verre d'eau, répondit-elle avant de se raviser. Vous savez quoi ? Servez-moi ce que vous avez de plus fort.
- Il faut au moins ça pour survivre, pas vrai ? déclara un homme à ses côtés. »
Faith l'ignora d'abord, avala son verre d'une traite avant de se faire resservir.
« Okay, vous le vivez donc encore plus mal que moi. »
Ce commentaire eu le mérite de la faire rire. Elle secoua doucement la tête et haussa les épaules, ne pouvant qu'admettre qu'il avait raison.
« Vous êtes là avec qui ? lui demanda-t-il, et sa question l'intrigua.
- Avec le mari, répondit-elle vaguement. Vous ?
- Oh moi j'ai juste vu de la lumière, alors je suis venu voir si y'avait pas de l'alcool quelque part, déclara-t-il et Faith se mit à rire de nouveau. Plus sérieusement, j'ai suivi un ami d'un ami d'un ami du frère de la mariée.
- Vraiment ?
- A défaut d'avoir mieux à faire, fit-il en haussant les épaules. On fait toujours des rencontres intéressantes pendant les mariages.
- Et jusqu'à présent, ça donne quoi ?
- C'est pas fameux.
- Désolée pour vous. »
Ils restèrent silencieux un moment. Faith se tourna et s'adossa au bar, balayant la salle du regard. Elle devait reconnaître qu'il n'avait pas totalement tort. Sans compter la famille, la plupart des invités étaient leurs amis. Ou plutôt les amis de Fred.
Elle ne s'en était jamais vraiment aperçu jusqu'au moment de faire la liste des invités, mais elle n'avait plus tellement d'amis propres. Son cercle, et littéralement toute sa vie, ne tournait finalement qu'autour de Fred. Ce constat, même si elle l'acceptait, ne l'avait cependant pas laissé indifférente.
Fred était important pour elle. Il l'avait sauvé en la sortant du cocon familial où elle était en train d'étouffer et de dépérir à petit feu. Depuis que Stanley avait quitté la maison la situation s'était dégradée et elle n'aurait pas supporté plus longtemps de porter le fardeau de ses parents sur ses seules épaules. Elle l'avait placé malgré elle sur un piédestal, sans même s'en rendre compte, et avait fait tourner sa vie autour de lui, abandonnant le reste aux abysses.
Il y avait quelque chose de triste à admettre cela. Elle qui s'était toujours considérée comme fière et indépendante, la voilà dépendante d'un homme. Elle était devenue sans même s'en rendre compte tout ce qu'elle reprochait dans sa jeunesse à la plupart des femmes adultes, cloîtrées dans leur foyer à attendre sagement que le mari rentre à la maison.
Elle qui attendait tellement de la vie venait de sceller son destin, la condamnant à bien moins que cela.
ooo
Il ne savait pas bien pourquoi il avait accepté de venir. Certes il n'avait rien de mieux à faire, et il n'y avait pas grande différence entre draguer dans un bar et draguer à un mariage, mais Bosco s'était vite rendu compte qu'il allait surtout s'ennuyer. La plupart des gens présents étaient ringards au possible, ivres à la première bière, et la majorité des femmes étaient soit en couple soit en dessous de son standard habituel, soit les deux en même temps.
Il était en train de se résigner à partir avant la fin de la soirée, savourant un dernier verre de bourbon gratuit – c'était au moins l'avantage, les mariés avaient fait de bons choix au niveau de l'alcool – quand elle apparut à ses côtés.
Blonde, pas très grande, vêtue d'une robe blanche légère et les cheveux relevés dans un genre de chignon beaucoup trop complexe pour lui. Mais bon dieu quel aura ! Elle dégageait un mélange de fragilité et d'autorité tout en même temps, atypique et diablement intrigant.
L'inconnue semblait au bout du rouleau, au moins autant que lui. Il la regarda du coin de l'œil alors qu'elle commanda un verre d'eau avant de se décider pour un bourbon elle aussi. Elle l'avala d'une traite, grimaçant à peine, avant d'en recommander un autre. Un soupir et ses épaules s'affaissèrent soudainement, comme si elle avait porté tout le poids du monde pendant un peu trop longtemps.
Peut-être qu'il ne passait pas la pire soirée, finalement.
Bosco engagea la conversation et elle ne l'envoya pas balader. C'était déjà un point de gagné. Mieux que ça, elle se mit à rire. Elle n'avait pas ce rire aigu et désagréable qu'avaient beaucoup de femmes qu'il avait connu. C'était un rire franc, presque soulagé.
Tous les deux discutèrent un instant, puis elle le surprit en lui proposant de continuer la conversation dehors. Il accepta avant de la suivre, et elle se retourna quelques fois sur le chemin. Bosco comprit alors qu'elle n'était pas venue seule, mais il décida que ça n'était pas son problème.
Lorsqu'ils furent dehors, l'inconnue fit quelques pas jusqu'à arriver dans l'herbe et ôta ses chaussures à talons.
« Bon sang que ça fait du bien… soupira-t-elle.
- Tu te sens mieux ? »
L'inconnue se retourna et le regarda un instant, surprise par le passage au tutoiement, puis hocha la tête. L'instant suivant elle lui tendit la main.
« Je suis Faith.
- Maurice, déclara-t-il. Mais tout le monde m'appelle Bosco.
- Bosco, hein ?
- Diminutif de Boscorelli.
- Militaire ? »
Il confirma d'un hochement de tête et Faith lui tourna de nouveau le dos avant de faire quelques pas supplémentaires dans l'herbe. Elle le regarda par-dessus son épaule, et il comprit alors qu'elle attendait qu'il la suive. Ils marchèrent un moment en silence, jusqu'à atteindre les barrière qui entouraient la propriété sur laquelle se situait la salle de fête.
« Tu les connais bien ?
- Qui donc ?
- Les mariés. »
Faith le regarda avec un air confus.
« Quoi ?
- Non, rien… »
Elle baissa la tête et se mit à sourire. C'était à n'y plus rien comprendre.
« Depuis le lycée, répondit-elle alors.
- Le prends pas mal… commença-t-il alors sur le ton de la confidence. Je ne sais pas à quoi ressemble la mariée, mais le mari à l'air plutôt pathétique comme gars.
- Qu'est-ce qui te donne cette impression ?
- Son attitude. Sa façon de parler de sa femme. C'est probablement parce qu'il a un coup de trop dans le nez, mais il a cette façon de parler que je déteste… comme si sa femme était un trophée et rien de plus. Du genre : regardez-moi la nana que je me suis dégoté, c'est moi qui contrôle ça. »
La jeune femme resta silencieuse, un air triste lui passa sur le visage.
« Désolé, j'aurais probablement pas dû te dire ça. C'est ton ami…
- Ce n'est rien. Au moins tu as le mérite d'être honnête.
- Ça plait pas toujours.
- Je veux bien te croire. »
Elle le regarda enfin et lui adressa un léger sourire. Pourtant il y avait toujours cette lueur mélancolique dans ses yeux.
« Qu'est-ce qui va pas ?
- Rien, tout va bien.
- Me dit pas que t'es ce genre de nana qui aurait voulu épouser le marié mais qui garde ses sentiments secrets pour ne pas briser un couple ? »
Faith éclata alors de rire. Un rire sincère, cette fois-ci, et Bosco ne put s'empêcher de sourire à son tour.
« Non, rien de tout ça, le rassura-t-elle lorsqu'elle fut calmée.
- Alors quoi ?
- La mariée… hésita-t-elle à lui confier. Disons qu'elle n'est pas certaine d'avoir pris la bonne décision.
- C'est pas un peu tard pour ça ?
- Je suppose. Je crois qu'elle ne s'était pas rendu compte, ou alors qu'elle n'avait pas voulu le voir.
- C'est ce qu'on dit, non ? L'amour rend aveugle.
- Quelque chose comme ça, oui… »
Bosco l'observa un instant tandis qu'elle fixait la nuit noire au loin devant eux.
ooo
Faith ferma les yeux un instant lorsqu'une brise légère les effleura. Elle se sentait bien sous ce ciel étoilé, dans le calme de la nuit, et aux côtés de ce parfait inconnu. Était-ce ça ou était-ce dû à la fatigue, toujours est-il qu'elle se sentait à l'aise à l'idée de se confier à cet homme.
« C'est trop tard de toute façon.
- C'est jamais trop tard pour changer d'avis.
- Que diront les gens d'un mariage qui ne tiendrait même pas une semaine ?
- Donc pour toi elle devrait vivre malheureuse toute sa vie ?
- Je n'ai pas dit qu'elle était malheureuse…
- Pas dans les termes, mais si elle regrette déjà d'avoir épousé ce gars, qu'est-ce que ce sera dans quelques années quand ils connaîtront leurs premières galères ? Ou qu'ils auront des gosses ?
- Qu'est-ce que tu y connais au mariage, toi ? demanda-t-elle brusquement, sur la défensive. »
Elle croisa les bras et les posa sur la barrières, refusant de croiser son regard. Les mots de cet hommes étaient trop justes. Toutes ces questions lui avaient déjà traversé l'esprit au cours des dernières heures, et elle n'avait pas su trouver de réponse. Pas de réponse qui puisse satisfaire tout le monde, en tout cas. Quoi qu'elle fasse, il y aurait toujours quelqu'un de malheureux dans l'histoire.
« T'as raison, je sais pas ce que c'est d'être moi-même marié. Mais je sais ce que c'est de voir un couple se déchirer et se haïr. Et je souhaite ça à personne, encore moins à des enfants.
- Je suis désolée, je n'aurais pas dû… commença-t-elle. Je crois que tu as raison et que ça ne me plaît tout simplement pas de le reconnaître. »
L'inconnu à ses côtés hocha la tête doucement, sans rien ajouter.
« Je devrais retourner à l'intérieur… on va me chercher.
- D'accord.
- Merci pour cette conversation. »
Il lui adressa un léger sourire et elle se décolla de la barrière. Elle n'avait pas fait trois pas qu'il l'interpella.
« Eh, Faith ?
- Oui ?
- Je ne suis personne mais, si tu veux mon avis…
- Je t'écoute.
- Ne gâche pas ta vie dans un mariage qui te rend malheureuse. Personne n'est jamais mort pour avoir divorcé. »
Ses mots la prirent de cours. Comment avait-il deviné ?
« Tu mérites d'être heureuse en tant que personne à part entière. Ne laisse personne te dire le contraire.
- Merci… »
Sur ces mots, elle lui tourna le dos et remonta vers la salle des fêtes, luttant contre les larmes. Pourquoi avait-elle le cœur si léger alors que sa poitrine était douloureuse ? Des pensées et des émotions contradictoires faisaient rage en elle et elle ne savait plus quoi en faire.
« Faith ?
- Stan…
- Eh, tout va bien ?
- Il faut qu'on parte, le pressa-t-elle.
- Quoi ?
- Emmène-moi loin d'ici, s'il te plait. »
Elle ne savait pas si c'était la bonne chose à faire, mais pour le moment c'était la seule pensée cohérente qui s'accrochait dans son esprit.
« Qu'est-ce qui se passe, Faith ? Parle-moi.
- Tu avais raison, j'ai fait une erreur… Maintenant je t'en prie, rentrons chez toi.
- T'es certaine que c'est ce que tu veux ?
- Là, tout de suite ? Oui. »
Stan la regarda encore un instant sans rien dire mais finit par hocher la tête. Faith laissa son frère l'entraîner par la main et monta en voiture avec lui. Par la fenêtre elle aperçut Bosco qui remontait à son tour de leur coin paisible, et croisa son regard. Elle lui murmura un « merci », consciente qu'il était sûrement trop loin pour s'en rendre compte, et regarda sa silhouette s'éloigner dans la nuit alors que la voiture de Stanley quittait la propriété.
« Je ne veux pas être malheureuse toute ma vie, avoua-t-elle d'une voix faible.
- Tu n'es pas obligée de l'être.
- Si je reste avec Fred, je vais l'être.
- Faith, si c'est à propos de ce que je t'ai dit avant le-
- C'est moi, Stan. Je… »
Faith soupira et se passa une main dans les cheveux.
« J'ai été stupide encore une fois, j'en ai fait qu'à ma tête et maintenant je le regrette.
- Tout le monde fait des erreurs.
- Personne ne se marie sur un coup de tête.
- Tu l'aimes, non ? Faith… ?
- Je n'en sais rien. »
Cet aveu s'échappa d'elle avec un naturel déconcertant, même pour Faith. Jusqu'à présent elle ne s'était jamais interrogée sur la nature de ses sentiments pour Fred. Il était littéralement toute sa vie, et c'était tout ce qui comptait. Mais à présent que le monde s'ouvrait à elle, elle ne savait plus où elle en était. Était-ce de l'amour ? Ou juste la sensation de sécurité du fait d'avoir trouvé une place dans le monde ?
Faith était persuadée d'avoir aimé Fred, à un moment donné. Elle ne l'aurait pas suivi aveuglément sans cela. Mais quelque part en cours de route quelque chose avait changé. Elle ne savait pas quoi, ni quand c'était arrivé, mais voilà où elle en était aujourd'hui. A se faire ouvrir les yeux par un inconnu.
Le visage de Maurice Boscorelli vint flotter dans le reflet de la lune sur le capot de la voiture. Son sourire légèrement en coin, presque arrogant, et ses paroles percutantes.
Elle était convaincue qu'il avait essayé de la draguer pendant une partie de la soirée, et le pire dans tout ça c'était que cela ne l'avait pas dérangé. C'était au contraire plaisant. Rafraîchissant. Il ne s'était pas tout de suite rendu compte qu'elle était la mariée, malgré sa robe blanche. Certes elle avait troqué sa robe de mariée contre une robe plus légère étant donné la chaleur, mais tout de même. Qui viendrait au mariage d'une autre femme vêtue de blanc ? Sans doute que ce n'était pas le genre de détails qui importait à un homme.
Alors que les kilomètres défilaient en un paysage flou autour d'elle, Faith s'enfonça dans son siège. Même si son cœur criait à la liberté, elle savait qu'elle n'était émotionnellement pas en état de prendre une telle décision. Une bouffée d'angoisse le soir de son mariage n'était pas une raison suffisante pour décider d'y mettre un terme. Demain serait un autre jour.
Alors ? =)
