Une suite revisitée du dessin animé après que Candy se soit rendue au Grand théâtre à Chicago où jouait Terry dans le roi Lear.
Et si Candy était rentrée à l'hôpital Ste Joanna quand Terry l'y attendait au lieu de faire le tour des hôtels pour le voir? Et si on pouvait changer son destin en lui faisant confiance et en apprenant à être plus intuitif et sage ? Découvrez-le avec moi et sachez que
Le bonheur ne dépend que de nous
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Chapitre 1
Les retrouvailles
Candy avait vu partir le fiacre emportant Terry et sa partenaire Susanna sans pouvoir rien faire pour l'empêcher, après cette bousculade devant le théâtre, ces filles criant son nom et elle, piétinée, poussée et sa voix pas assez forte pour passer au-dessus du tumulte. Pourtant il avait regardé trois fois vers elle mais il ne l'avait pas vue, entendue ou... reconnue, s'il l'avait oubliée.
C'est ce qu'elle se disait, assise sur le bord de la fontaine, pleine de doutes et de tristesse en revoyant la belle Susanna Marlowe à ses côtés et la voix de cette chipie d'Eliza lui dire que l'actrice était au mieux avec Terry. Mais elle ne pouvait pas le croire vraiment, elle ne le pourrait que si c'était lui qui lui disait. Elle revécut en pensées tout ce qu'elle avait vécu avec ce jeune homme au collège St Paul de Londres. Oui, il avait été compliqué, pénible, impossible les premiers temps mais... il l'avait embrassée, lui avait avoué qu'il éprouvait des sentiments pour elle et promis que l'avenir c'était eux deux. Puis il s'était sacrifié pour qu'elle ne soit pas renvoyée du collège après la dernière manigance d'Eliza. Et cela avait mis enfin cette évidence en elle : elle l'aimait aussi, depuis le premier regard sur le pont du bateau mais sans pouvoir se l'avouer vu sa muflerie alors ; mais sans possibilité depuis de l'oublier un seul jour. Elle était certaine depuis son départ de Londres que jamais elle ne serait heureuse sans lui et n'imaginait pas qu'il puisse avoir changé, lui si fier, si droit, si semblable à elle-même.
Revenant au présent, elle songea alors à chercher l'hôtel où il dormirait cette nuit mais en se voyant si pâle, si décoiffée et si poussiéreuse dans la vitrine d'une boutique, elle renonça. Un de ses souliers avait le talon cassé depuis la bousculade des admiratrices et surtout, sa collègue la remplaçait à la réception de l'hôpital Ste Joanna, sans autorisation de ses chefs et si Flanny le découvrait, elle allait être fâchée et déçue encore. Elle repartit donc à pieds et le cœur au bord des larmes d'avoir encore raté de si peu le bonheur.
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Terry avait compris que Candy était à Chicago grâce à la présence d'Eliza au gala de charité, du mouchoir à son chiffre trouvé sur un des fauteuils du troisième balcon, qu'elle avait perdu et qu'il lui avait donné en Ecosse. Et enfin d'Alistear, Archibald et Annie qu'il avait vus dans la rue après s'y être précipité pour la trouver. Il était alors parti pour l'hôpital Ste Joanna pour la voir. Il se fit refouler par ce serpent à lunettes de Flanny mais grâce à l'autre fille plus gentille, il pensait que Candy allait bientôt rentrer et l'attendit devant l'entrée principale. Il s'assit sur les marches et revécut ses meilleurs souvenirs d'elle pour patienter. Mais près d'une heure après il commença à démoraliser. Il se releva pour la énième fois, donna de colère des coups de pieds dans les cailloux, retourna derrière la grille scruter chaque bout de la rue. Encore une fois, personne ne venait et la nuit se faisait toujours plus noire. Il soupira, regrettant encore de ne pas l'avoir enlevée et emmenée avec lui à New York car depuis son départ de Londres, il ne cessait de penser à elle et était convaincu qu'elle était faite pour lui, qu'il l'aimerait pour toujours et à jamais. Il ferma les yeux, la vit à nouveau dans sa belle robe de Juliette danser dans ses bras et espéra très fort qu'en les rouvrant, elle apparaîtrait dans le présent pour lui dire qu'elle ressentait cette même certitude au cœur. Il les rouvrit lentement, les plissa pour scruter l'obscurité et faillit hurler de joie. Oui, son vœu était réalisé car cette silhouette au loin, ses cheveux d'or ondulant sur ses épaules graciles et sa robe longue balayant le sol : c'était elle, c'était Candy, sa princesse Juliette. Mais il s'affola en la voyant boiter, la tête baissée, semblant pleurer et la robe déchirée au bras. Il sentit alors son sang bouillonner car il songea à une agression, un accident. Et il se mit à crier :
- Candy ! Qui t'a mise dans cet état ? Qui t'a fait ça ?
Elle sursauta si fort en relevant les yeux, les écarquilla puis s'immobilisa sur place de stupeur. Elle reconnut cette voix, cette silhouette, cet air furieux et inquiet, ce regard de braise. Elle poussa un cri, mit ses mains sur ses joues brûlantes et murmura à peine :
- Oh Terry ! Tu es là !
Il arriva en courant, toujours les yeux sombres et l'air en colère et inquiet.
- Qui Candy ? Dis-le moi, je vais aller lui casser la figure !
- C'est toi ! s'exclama-t-elle en riant et lui sautant au cou. Oui c'est toi, c'est de ta faute, enfin, de toute tes furies d'admiratrices. Mais je m'en fiche bien maintenant ! Oh Terry ! Ce que je suis heureuse de te revoir enfin. Terry !
Il resta un moment sans réagir, le temps de tout comprendre. Puis il se dit qu'elle était vraiment heureuse de le voir, accrochée à son cou, riant, pleurant, et si réelle, si belle, encore plus faite pour lui.
- De ma faute ? balbutia-t-il le cœur battant. Alors... tu étais bien à la sortie du théâtre ?
- Oui et soit tu es sourd, soit tu as fait exprès de ne pas m'entendre, maudit animal. Je croyais pourtant avoir une voix qui porte. Mais... que je suis heureuse maintenant !
- C'est vrai ? fit-il avec encore plus d'espoir et l'œil maintenant bleu, admiratif et si intimidant qu'elle rosit.
- Heu... oui... Qu'est-ce qu'il y a d'étrange, nous... étions amis non ?
- Amis ? Oui mais... enfin, un peu plus non ?
- Heu... oui, peut-être ! bredouilla-t-elle, encore plus rose en voulant discrètement lâcher son cou, ce qu'il ne voulut pas, alors il mit ses bras autour de sa taille fine et la serra plus près. Puis il lui sourit avec tant de douceur qu'elle oublia sa timidité tant elle lisait sa sincérité de cœur.
- Candy ! Est-ce que tu vas encore me gifler si... Oh tant pis, tu es si belle !
Et il refit comme en Ecosse, la souleva pour atteindre ses lèvres et l'embrassa. Une seconde, trois, cinq, dix et pas de gifle. Alors il osa davantage, chercha sa langue mais là elle tourna la tête, très rouge mais pas l'air fâchée ou outragée.
- Candy, je... Pardonne-moi, je suis trop pressé mais tu m'as tant manqué.
- Toi aussi Terry, énormément. Mais pourquoi es-tu ici ? Comment as-tu su que j'y travaille ? Tu m'y attendais ?
- Bien sûr. C'est Annie qui me l'a dit et puis... tu as perdu ceci au théâtre.
- Oh ! Elle reconnut le mouchoir. C'est vrai, j'ai dû le lâcher en voulant courir vers les coulisses pour te voir mais je n'ai pas eu de chance, entre le technicien, tante Elroy, Eliza et tes admiratrices ! Mais je t'ai vu sur scène et tu as été magnifique Terry, merveilleux !
- Merci Candy.
Il la regardait avec extase, fier qu'elle ait tant fait pour pouvoir le voir ce soir. Il lâcha sa taille mais prit sa main dans la sienne et la regarda encore plus admirativement.
- Alors tu vas devenir infirmière ? Mademoiselle Taches de son, une jolie infirmière ! Cela ne m'étonne pas au fond, tu m'as déjà soigné au collège, tu es douée pour ça. Mais au fait, il y a une de tes collègues, un serpent à lunettes, qui m'a chassé tout à l'heure et qui avait l'air furieux que tu sois sortie sans autorisation.
- Flanny ! Oh ! Ca va être ma fête alors ! Mais, bon, ce ne sera pas la première fois et au point où j'en suis, elle attendra bien encore un peu. Dire que je voulais aller à tous les hôtels de la ville pour te chercher, j'ai bien fait de rentrer finalement.
- Oh oui ! Et moi d'avoir eu la patience d'attendre plus d'une heure ! Mais qu'est-ce qu'une heure ? Je t'attends depuis si longtemps.
- C'est toi qui es parti sans me dire au revoir Terry. Moi je t'ai raté sur le port de Southampton, je suis arrivée trop tard et... je l'ai bien regretté.
- Il le fallait Candy. Pour aller chacun vers notre destin mais... j'aimerais que celui-ci nous... réunisse encore et peut-être... pour toujours. Je... t'aime Candy. Voilà, je l'ai dit.
- Oh ! Terry ! Moi aussi, je t'aime ! Oui, ce n'était pas si difficile à dire après tout.
Elle était quand même rouge comme une pivoine mais Terry si heureux d'entendre cela. Alors il redevint hardi, la reprit dans ses bras et l'embrassa à nouveau. Et cette fois elle le laissa lui donner son premier vrai baiser d'amoureux et trouva ça agréable et chaud. Alors elle remit ses mains autour de son cou et le prolongea en devenant active aussi. Il fut ravi et épaté ensuite en la regardant.
- Eh bien! ! Où as-tu appris à embrasser ainsi ?
- Terry !
Il rit de son air outragé et reprit vite sa bouche pour un nouveau baiser qu'elle ne refusa pas une seconde. Puis il retourna se délecter de ses prunelles émeraude et caressa une mèche de ses boucles d'or en disant avec tant de douceur dans la voix :
- Mon amour, ma Candy, veux-tu m'épouser ?
- Quoi ? Tout de suite ?
- Cela me plairait mais si tu acceptes déjà dès maintenant d'être ma fiancée, en attendant que tu aies ton diplôme d'infirmière et moi être un plus grand acteur, je serai le plus heureux du monde. Oui, dis-moi que toi et moi c'est pour toujours, je dois repartir bientôt mais je ne veux plus qu'on se quitte vraiment.
- Terry ! Oui, je veux être ta fiancée avant de pouvoir être ta femme pour toujours, je sais déjà que je t'aime pour toujours.
Il eut un air encore plus heureux, la fit tourner un peu dans ses bras, l'embrassa puis mit son bras autour de sa taille et marcha au hasard avec elle pour savourer ce bonheur. Puis il revint sur terre.
- Candy, je ne veux pas qu'on te renvoie de ma faute, rentre maintenant.
- Oui Terry mais je vais me débrouiller pour te revoir avant ton départ. Quand pars-tu ?
- Demain à midi pile, le train pour Springfield et je dors à l'hôtel Lincoln.
- Je ne peux pas te dire d'heure mais je te promets que je ne raterai pas ce rendez-vous là Terry, foi de Candy.
- A tout à l'heure ma chérie, je t'aime. File maintenant.
Elle lui sourit mais lui vola encore un baiser avant de partir en courant, puis sauta en criant :
- Hourra ! Jusqu'à l'entrée de l'hôpital.
Il éclata de rire, elle n'avait pas changé d'un pouce, elle était seulement plus belle et presque une femme sous sa robe longue et légère, si désirable. Il se sentit aussi heureux qu'elle mais sa nature plus réservée se contenta de le manifester en partant en sifflant et rêvant. Le trajet lui sembla court alors qu'il mit une heure pour rentrer à l'hôtel et dut revenir à la réalité en voyant Susanna devant la porte de sa chambre.
-Terry ! Où étais-tu ? J'étais inquiète !
- Je me suis promené. Dois-je te rendre des comptes Susanna ?
- Heu... non mais tu aurais pu me le dire tout à l'heure, tu es parti si vite après que je t'ai donné ce mouchoir. Tu as parlé de quelqu'un que tu voulais revoir, une certaine... Candy je crois. Qui est-elle ? Tu l'as revue ?
- Oui Susanna, je l'ai enfin retrouvée mais ceci ne te regarde pas. Excuse-moi, je vais me coucher maintenant.
Elle le regarda lui passer devant et rentrer dans sa chambre. Il avait l'air si heureux, il souriait et c'était la première fois qu'elle le voyait ainsi. Elle pâlit, regarda ses mains et s'en couvrit les joues.
« Oh non ! Terry ! Ne me fais pas ça, je t'aime tellement ! »
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Candy s'était fait gronder par Flanny Hamilton, elle avait fait profil bas devant elle, trop heureuse pour s'inquiéter de son ton courroucé, ses remarques sur son inconscience, ses menaces que si elle recommençait, elle en informerait ses supérieurs. Elle remit vite son uniforme et fit son travail avec soin et ardeur pour ne plus se faire remarquer. Mais elle rêvait si fort qu'elle en oubliait ce qu'elle faisait, fit parfois deux fois la même chose ou retournait sur ses pas pour vérifier qu'elle n'avait oublié aucun malade. Enfin, à dix heures, elle osa aller demander deux heures de pause au lieu d'une à sa chef et celle-ci lui accorda. Flanny lui fit encore la remarque que si la chef avait su qu'elle avait négligé sa garde de nuit, il en aurait été tout autre et qu'elle avait vraiment un toupet et un laisser aller sans limites. Candy la remercia de s'être tue et lui assura que cela ne se produirait plus jamais, que depuis hier ses absences n'étaient que par nécessité car tout son avenir en dépendait. Flanny lâcha alors un rire moqueur et dit :
- Pour un stupide jeune homme si imbu de lui-même !
- Il n'est ni stupide, ni imbu de lui-même Flanny. Pas plus que vous n'êtes vous imbue de vous-même et sans cœur comme vous vous efforcez à le montrer. Nous sommes comme la vie nous a modelé Flanny. Je vous admire et vous respecte pour votre professionnalisme et votre droiture mais je vous aime aussi beaucoup parce que je sais que vous êtes généreuse et que vous devez cacher vos blessures sous cette carapace par peur de souffrir encore. Mais vous cherchez le bonheur et l'amour comme tout le monde en vérité.
- Sornettes ! Je ne crois pas aux contes de fées moi, tout ça c'est bon pour les écervelées nées dans la soie et l'or. Ma réalité est ici, avec les malades, seul mon travail m'intéresse. Vous verrez bien Candy, la vie n'est pas un conte de fée, tôt ou tard, il vous abandonnera pour une autre et il ne vous restera que votre travail.
- Jamais Flanny ! On voit bien que vous ne le connaissez pas, il est droit et fidèle, comme moi, rien ne pourra nous séparer, rien qu'on puisse empêcher. J'espère que vous rencontrerez un jour quelqu'un d'aussi droit que lui, vous ou moi Flanny. Oui je vous le souhaite de tout mon cœur.
Elle sourit en voyant sa collègue hausser pour la deuxième fois les épaules et la laissa pour retourner vers son bonheur. Elle revêtit une robe simple mais jolie, coiffa ses cheveux en arrière avec uniquement deux pinces pour dégager ses tempes et mit quelques gouttes de parfum à la rose dans son cou. Elle prit son sac et fila trouver un fiacre qui l'emporta à l'hôtel. Elle fit la moue quand l'homme à l'accueil lui dit que monsieur Grandchester était parti il y a dix minutes sans préciser où il allait. Elle espéra qu'il n'ait pas eu l'idée de retourner la voir à l'hôpital et demanda à pouvoir l'attendre ici, ce qu'il accepta. Un quart d'heure après, elle reconnut Susanna Marlowe qui descendait l'escalier. Candy l'observa discrètement du canapé où elle s'était assise. L'actrice semblait déçue, triste ou embêtée. Puis elle regarda vers elle, l'observa quelques secondes puis vint lui demander si elle pouvait lui être utile.
- Non, merci mademoiselle, j'attends un ami, il ne devrait pas tarder, je pense.
- Ah ! C'est drôle, moi aussi j'attends quelqu'un mais allez savoir où il est encore parti, c'est sa manie de disparaître. Mais il sera bien obligé de revenir avant midi, il y a encore ses affaires dans sa chambre.
Candy comprit qu'elle parlait aussi de Terry et se sentit gênée de sa confidence. Mais elle trouva aussi déplacé qu'elle entre dans la chambre de Terry sans sa permission pour voir si ses affaires y étaient. Elle l'étudia alors plus en détails et trop curieuse lui demanda :
- Votre ami, c'est quelqu'un de... spécial pour vous ?
- Spécial ? Heu… oui, très spécial, très cher à mon cœur. Et le vôtre ?
- Moi aussi mademoiselle, oui, un ami vraiment très cher à mon cœur aussi.
- Alors je vous souhaite qu'il arrive bientôt. Mais...
C'est alors que Terry entra, elle le vit la première et s'écria :
- Ah ! Voilà Terry. Excusez-moi mademoiselle, c'est lui que j'attendais et il veut sûrement me parler, il vient vers moi. Ter...
Elle se tut soudainement en voyant que le grand sourire de Terry qui se précipitait bien vers elle n'était pas pour elle mais pour cette fille. Candy se sentit gênée en la voyant pâlir quand Terry lui passa devant sans même un bonjour. Il prit la main de Candy qui se leva et reçut son merveilleux sourire et ses mots si doux encore :
- Chérie ! Je ne pensais pas que tu pourrais venir si tôt, j'ai fait une course indispensable, viens, j'ai encore tant de choses à te dire.
Candy s'empourpra en voyant le regard de Susanna virer à l'effroi et au désespoir mais ne put retirer sa main de celle de Terry et le suivit en lui offrant aussi un beau sourire avant. Ils grimpèrent vite les escaliers, il accéléra encore dans le couloir, ouvrit sa porte et elle ne vit tout de suite rien d'autre que ses prunelles marines puis ses lèvres douces l'emporter encore au paradis. Elle reprit à peine sa respiration et elle le vit sortir de sa poche une petite boite et lui mettre dans les mains. Il lui dit encore avec tendresse :
- Candy, tu as accepté d'être ma fiancée avant d'être mon épouse pour toujours. Ceci est le symbole que tu l'es et surtout un gage de mon amour éternel et profond. C'était ça ma course urgente. Elle te plaît ?
- Oh oui ! Terry ! Elle est magnifique, je suis si fière d'être ta fiancée, je t'aime plus que tout mon amour.
Il sourit et lui passa à l'annulaire gauche, le fin anneau d'or serti d'une petite émeraude du vert de ses yeux, puis essuya ses larmes de bonheur et la serra fort dans ses bras. Et c'est elle qui décida ensuite qu'il fallait rajouter un baiser à cet instant féerique. Et celui-ci, il le vécut en se disant que quand ce serait le moment, cette déesse blonde lui ensorcellerait autant les sens que le cœur tant elle apprenait vite. Il savoura pour l'instant juste un peu de son cou si gracieux et aromatisé à la rose, en le respirant et le gravant dans sa mémoire pour rêver plus après.
Puis, vu l'heure tardive, il prépara son sac en lui demandant de raconter tout ce qu'elle avait vécu depuis leur séparation à Londres. Il apprit donc sa traversée mouvementée, leur autre impossible rencontre à la maison Pony, la naissance de sa vocation, son acharnement à la rendre possible et enfin il y a peu, une descente en rappel d'une tour avec un médecin officier. Ce dernier souvenir ne le fit plus sourire mais devenir ironique.
- Alors, heureusement que je suis arrivé à temps, sinon qui me dit que tu n'aurais pas fini par aller le rejoindre en France !
- Moi je te le dis Terry, il m'a seulement aidée et invitée à danser.
- Et à qui pensais-tu en dansant avec lui ?
- A personne. Je l'ai seulement écouté me dire qu'il y avait plus important à faire que de risquer sa vie pour une valise, lui qui partait ensuite sur le front pour sauver des vies en savait quelque chose. Oh ! Terry ! Crois-tu que redevenir jaloux maintenant soit utile ? A qui est-ce que je viens de me fiancer ? Qui ai-je embrassé ? Personne à part toi, jamais !
- Oh ! Chérie, excuse-moi, c'est idiot, c'est ce départ qui me rend encore cynique, je viens à peine de te retrouver. Tu pourrais passer ton examen à New York tu sais, ce ne sont pas les hôpitaux qui y manquent.
- Je m'en doute mais tu l'as dit hier, nous devons suivre notre destin commencé avant de n'en faire plus qu'un bientôt. Terry, je ne peux pas partir maintenant, je me suis donnée beaucoup de mal pour être à cette école, mademoiselle Pony et mademoiselle Mary Jane qui m'ont aidée en me faisant confiance méritent que je finisse ici ce que j'ai commencé. Je dois d'abord obtenir mon diplôme avant de te rejoindre mais ce ne sera pas si long tu vois.
- Oui, sans doute. Tu es fidèle en tout ma Candy, j'admire trop cela en toi pour vouloir que tu me suives, tu n'es pas une tête de linotte tout le temps, si réfléchie et forte dans les épreuves. De toute façon, je ne suis pas prêt non plus, je dois nous trouver un bel appartement, mon studio est trop petit et pas digne de toi.
- Je ne veux vivre qu'avec toi et je serai bien n'importe où si c'est avec toi. Tu dois suivre ta voie et elle est déjà tracée, tu vas devenir le grand acteur que tu veux être et que tu es déjà. Le reste suivra tout seul parce que tu as le talent et le courage en toi. Moi je serai infirmière pareillement, ensuite on verra si je pourrai l'être aussi à New York.
- Bien sûr ma princesse, jamais je ne t'empêcherai de faire ce qui te rend heureuse, que je sois grand acteur ou pas.
- Alors je sais déjà que je serai la plus heureuse des femmes. Et toi Terry ? A part le théâtre, où en es-tu avec ta mère ?
- Dois-t-on parler d'elle maintenant ? Il nous reste peu de temps, je t'écrirai tout plus tard.
- D'accord mais dis-moi seulement si tu lui en veux encore ?
- Moins mais ce n'est pas simple. Il y a toujours ce secret, l'absence et je tiens à devenir acteur sans son aide, juste ses gênes. Mais je... l'aime telle qu'elle est et je suis en paix et prêt à davantage avec le temps, voilà Candy.
- Je suis heureuse de l'entendre Terry, je ne veux que te voir heureux, l'es-tu ?
- Maintenant le plus heureux du monde. Sans toi, je ne le serai jamais ma chérie.
- Ni moi sans toi mon amour. Je le sais depuis ton départ, je t'aime et je n'ai aimé personne au monde comme toi. Je ne veux plus que personne ne puisse nous séparer pour toujours, comme l'a fait Eliza, jamais.
- Personne ne le pourra ma Candy, je suis du genre à aimer peu de monde mais sincèrement, fidèlement et pour toujours. Et si cette vipère et son frère osent encore te faire du mal, je leur ferai regretter. Promets-moi de tout me dire pour préserver notre bonheur, chérie !
- Je te le promets mon amour, je ne serai plus si naïve et généreuse avec tout le monde maintenant que je ne suis plus seule, que nous sommes deux Eh bien!tôt une famille.
- Celle qui nous a tant manqué à tous les deux. Nous allons nous la construire nous même et elle sera pleine d'amour et de rires, je te le promets.
- Oh Terry ! J'ai tant confiance en toi, en nous, je t'aime et maintenant c'est moi qui déprime de te quitter. Mais... non, je ne veux pas te donner un souvenir de tristesse alors que je suis si heureuse. Et j'allais oublier.
Elle essuya sa larme et sortit une photo de son sac et lui tendit.
- C'est Alistear qui m'a prise en uniforme il y a peu, un appareil de son invention et qui marche !
- Sacré inventeur ! Il est génial et toi la plus belle infirmière du monde. Tout le monde doit vouloir t'avoir pour infirmière plutôt que ce serpent à lunettes.
- Terry ! Ne sois pas méchant, Flanny n'est pas si austère, elle se camoufle derrière ce masque pour se protéger, comme toi avant.
- Bon, je ne vais pas insister alors, tu vois mieux derrière les masques que quiconque, donc c'est possible. Alors je lui souhaite de trouver son âme sœur à ta collègue. Bon, j'ai fini mon sac et je n'ai pas de photos sur moi, je t'en enverrai pendant la tournée.
- J'y compte bien Terry même si je ne risque pas d'oublier tes traits ni ce jour magique et inoubliable.
- Je penserai à toi à chaque seconde, ton merveilleux sourire, tes yeux si profonds, tes cheveux d'or et tes merveilleuses taches de son sont gravées à vie dans mon cœur, ma princesse.
- Et mon nez Terry ? Que penses-tu de mon nez ?
Il sourit et se pencha vers elle pour embrasser son petit nez.
- Le plus joli nez du monde, même Cléopâtre en est jalouse.
- Pourtant, quelqu'un a dit un jour qu'il était drôle.
- Quelqu'un de stupide alors. Il est divin ton nez, tes taches de rousseur te vont à ravir et tu es pour moi la plus belle fille du monde et la plus parfaite en tout, mon élue, ma princesse, mon âme sœur, l'amour de ma vie.
Elle se noya dans ses yeux bleus puis reçut ce nouveau merveilleux baiser avec plus de passion et d'audace, ce qui fit encore plus rendre ivre d'espoir le jeune homme. Mais quelqu'un frappa à la porte et cria qu'il fallait partir hélas !
- Oh ! Zut alors !
- Oui mais ce n'est pas encore la fin mon chéri, je t'accompagne jusqu'à la gare et jusqu'à la dernière seconde.
- Génial ! Alors en route ma dulcinée, partons chercher un fiacre rien que pour nous.
Il attrapa son sac, prit Candy par la main puis l'entraîna en bas et chercha un fiacre de vide. Susanna pâlit en les voyant et Candy se sentit gênée pour elle. Mais Terry ne sembla pas la voir, fit monter sa fiancée dans le dernier fiacre de libre et s'installa à ses côtés. Candy vit encore Susanna bien embarrassée et eut pitié d'elle.
- Terry, je crois que ta partenaire n'a pas trouvé de place, tu devrais la faire monter avec nous.
- Zut, Susanna ! Bon, si c'est toi qui me le demandes, d'accord.
Son ton était on ne peut plus agrémenté de déplaisir et sa moue significative mais il obéit et redescendit dire à l'actrice qu'elle pouvait monter. Celle-ci retrouva d'un coup le sourire et l'espoir et eut l'audace de s'asseoir à côté de Candy, une fois montée. Terry faillit lui dire d'aller ailleurs mais le regard doux de Candy lui fit comprendre que ce n'était pas grave. Et puis en fait, il préféra sa place et profita de sa chance pour ne cesser de regarder sa dulcinée, s'en gaver la mémoire et la trouver toujours plus parfaite pour lui. Susanna se sentit encore humiliée mais quand Candy lui adressa la parole par politesse, elle trouva tout de même fierté puis piques. Candy était encore gênée en ayant compris l'intérêt qu'elle avait pour Terry, non partagé, et voulut montrer qu'elle n'était pas son ennemie.
- J'ai beaucoup aimé votre prestation hier mademoiselle Marlowe, vous étiez très convaincante dans votre rôle.
- Alors vous avez vu la pièce ? fit-elle avec surprise.
- Oui, j'ai pu la voir heureusement, j'ai beaucoup aimé et applaudi le plus fort possible pour tous les acteurs.
- Et vous étiez face à la scène ou dans un balcon privé ?
- Non, j'étais au troisième balcon, en fait.
- Au poulailler ! C'était interdit au public il me semble puisque nous jouions devant des notables de la ville. En plus vous avez dû avoir une vue déplorable de si haut non ?
Terry la regarda alors avec un brin de mépris et clama :
- Candy n'a pas de problème de vue, elle a vu ce qu'elle voulait voir. Et sache que si ça n'avait été que moi, le poulailler comme tu dis, aurait été empli de ceux qui aiment autant le théâtre sans être notables.
Candy se sentit fière de son fiancé mais eut de la peine pour Susanna après si sèche répartie de Terry. Mais l'actrice reprit d'un ton doucereux :
- Ne te fâche pas Terry, j'ai dit cela sans voir mal, ton amie a eu raison, l'essentiel est d'avoir vu la pièce.
- C'est certain ! approuva-t-il en prenant la main de Candy, l'essentiel est qu'elle m'ait vu et que nous nous soyons retrouvés enfin.
Candy lui sourit mais sentit la voix de Susanna plus rauque quand elle reprit la parole.
- Et vous vous connaissez donc depuis longtemps et vous étiez perdu de vue alors ?
- C'est ça ! approuva Terry encore. De vue seulement Susanna mais ça n'arrivera plus jamais maintenant.
Elle attendit une suite mais Terry s'était remis dans la contemplation de sa fiancée et elle vit son sourire si lumineux, jamais vu avant et hélas seulement à cette fille. Candy se sentit encore un peu triste pour elle mais en repensant à ce que lui avait jeté Eliza au visage, se dit qu'elle avait encore menti car Terry n'était pas au mieux avec elle mais par contre, Susanna le voudrait bien mais seul Terry décidait de son cœur. Alors elle oublia Susanna qui se mit à regarder par la fenêtre tout le reste du trajet et elle admira aussi chaque seconde de son si beau fiancé.
Arrivés à la gare, Terry en sauta, aida Candy à descendre puis fit pareil avec Susanna qui sentit une seconde encore l'espoir mais qui disparut encore vite vu que Terry entraînait Candy par la taille plus loin sur le quai. Elle sentit des larmes de rage pointer à ses yeux et rumina :
« Oh ! Non ! Il l'aime, c'est évident ! Je ne comprends pas ce qu'il lui trouve, elle fait gamine, n'est pas aussi belle que moi et est plate comme une galette. Non, c'est impossible qu'il choisisse cette fille pour la vie, elle ne saura pas lui donner ce que moi je peux. Je vais me battre Terry, ne crois pas que je peux renoncer si vite, je te veux, je t'aurai par tous les moyens ! »
Elle redressa le menton, le regard déterminé en les regardant encore se parler et ne vit pas qu'elle n'était pas la seule à s'intéresser au couple. Eliza était aussi sur le quai, avait vu Terry tenir la taille de Candy et lui passer devant le nez et était en rage. Mais elle, exprima tout haut ce qu'elle pensait :
- Terry avec cette fille d'écurie ! Oh ! Elle va me le payer cette intrigante !
Susanna l'entendit, la reconnut et vint près d'elle.
- Vous avez dit : fille d'écurie mademoiselle, vous connaissez cette Candy ?
- Oh ! Susanna Marlowe ! s'étonna-t-elle. Oui je connais cette fille, elle a été domestique chez mes parents. C'est une voleuse, une menteuse, une intrigante, une parvenue et une meurtrière. Elle a déjà causé la mort de mon cousin Anthony après l'avoir enjôlé sous ses airs de sainte Nitouche. Et à Londres elle a aussi obligé Terry à quitter le collège pour qu'elle n'y soit pas renvoyée et elle a dû encore lui raconter des mensonges pour qu'il lui pardonne. Ce n'est pas possible sinon qu'il se soit à nouveau entiché d'elle, il faudrait enfin qu'il voit clair avec cette pimbêche.
- Et vous, vous aimez Terry mademoiselle ?
- Est-ce que ça vous regarde ? s'écria la rousse d'un ton outragé.
- Du calme, je ne suis pas stupide, votre réaction est claire. Mais réfléchissez mademoiselle, à deux nous aurions plus de chances d'écarter cette Candy de Terry. Ne croyez-vous pas qu'il vaudrait mieux qu'il soit avec moi plutôt qu'elle si vous vous n'avez pas cette chance ?
Eliza réfléchit puis trouva que ça valait en effet mieux que Terry fréquente n'importe quelle fille plutôt que Candy.
- Que proposez-vous ?
- D'être alliées et de se tenir au courant de tout ce qui pourra faire séparer ces deux là. Je vais vous donner mon adresse à New York, envoyez-moi tout sur elle et moi je ferai pareil de lui.
- Entendu. Un conseil avec Terry, il aime l'audace, n'en manquez pas et vous pourrez peut-être l'avoir.
- Merci du conseil et à bientôt mademoiselle.
Elle lui tendit un papier et Eliza lui donna sa carte en échange.
Plus loin, Candy et Terry ne s'aperçurent de rien ; trop pris l'un à l'autre pour ces dernières secondes. Il hésita longtemps mais dès que le sifflet du départ retentit, il chassa ses derniers scrupules et l'embrassa à nouveau devant tout le monde. Malgré sa surprise, Candy ne put le repousser. Désormais, dès qu'il posait ses lèvres sur les siennes, elle ressentait un trop grand plaisir et ne pouvait plus s'en détacher. Susanna leur lança un regard assassin et fulmina encore intérieurement en montant dans le train. Eliza siffla des noms d'oiseaux sur Candy en tapant du pied de rage. D'autres comédiens les virent et sourirent, tout comme Robert Hattaway, le metteur en scène de la troupe Stratford, qui les trouva charmants et comprit mieux maintenant pourquoi son poulain était si souvent rêveur. Mais le train démarrait et Candy émergea des bras de Terry et le poussa pour qu'il y monte. Il sauta sur le marchepied mais y resta, les yeux brillants de larmes, ce qui la fit en verser aussi quelques unes.
- Mon amour ! dit-il, je t'aime pour l'éternité.
- Moi aussi Terry ! Moi aussi mon amour ! A bientôt.
Ils restèrent soudés du regard jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus se voir puis Terry alla s'asseoir dans un wagon vide. Mais Susanna, redevenue confiante étant donné Candy loin maintenant, vint le rejoindre et troubler sa rêverie deux minutes après.
- Oh ! Terry, je suis contente qu'on parte, Chicago n'est pas une ville très belle, je trouve.
- La plus belle du monde ! dit-il les yeux encore plus rêveurs en regardant les champs verts à la fenêtre, verts comme les yeux de sa princesse.
Susanna fit la grimace, essaya encore de le détourner de ses pensées mais rien à faire. Un quart d'heure après ses tentatives de conversations sans réponses, il ferma les yeux pour revivre ses souvenirs dans sa tête, elle soupira mais resta avec lui, au moins elle pouvait le regarder.
OoO
Candy, avant de quitter la gare, dut subir les foudres d'Eliza, en rage.
- Petite traînée ! Embrasser Terry devant tout le monde ! Quand je le dirai à Grand-tante Elroy, elle va te chasser de la famille une bonne fois pour toute !
- Elle l'a déjà fait hier Eliza, souviens-toi, c'est moi qui en suis partie. Alors que veux-tu que me fassent tes menaces ?
- Bien sûr, je comprends désormais, tu te fiches de la fortune des Ardlay maintenant, tu vises celle du duc de Grandchester aujourd'hui ! Duchesse, c'est encore mieux pour une parvenue comme toi !
- Tu dis vraiment n'importe quoi Eliza ! Terry n'est plus en Angleterre, ce n'est pas lui qui va devenir le futur duc de Grandchester. Et puis il se fiche autant que moi de titres et fortunes, il ne dépend de personne et réussira seul, comme moi. Maintenant, laisse-moi passer, j'ai du travail. Va donc t'occuper de ton ennuyeux destin, achète-toi des robes et des rubans puisque tu ne sais faire que cela à part manigancer tes mauvais coups.
- Espèce de fille d'écurie, d'intrigante, de traînée ! Tu me le paieras !
Candy ignora cette nouvelle menace en haussant les épaules mais se dit qu'il faudrait tout de même se tenir sur ses gardes désormais car elle semblait encore plus jalouse et haineuse que d'habitude.
A suivre...
