Heya à tous !

Ca fait un bail que je n'ai pas écrit dans l'univers de One Piece, encore moins dans le canon de l'œuvre, c'est assez déroutant. Mais bon, un visionnage intensif de l'anime a su raviver le vivier des idées nouvelles, qui ne s'intègrent pas dans des projets beaucoup trop colossaux et qui me prennent un temps fou.

Alors quoi de mieux que le défi de la Pièce de Huit, sur le Forum de Tous les Périls, pour remettre le pied à l'étrier ? Le principe de ce défi est simple : écrire un OS sur un thème choisi par un vote en deux semaines maximum, sans dévoiler ses idées aux autres participants.

Le thème du jour est Fleurs fanées, et je sais pas, j'ai eu une inspiration soudaine !

/!\ Spoilers : Arc Sabaody, pre-ellipse.

Je suis ma propre bêta, je m'excuse d'avance pour les coquilles qui m'auraient échappé.

Sur ce, bonne lecture !


Fleurs fanées


Luffy n'aimait pas les fleurs.

Les fleurs ne se mangeaient pas. Le pollen lui donnait envie d'éternuer. Leurs pétales multicolores agressaient la rétine et cachaient mille dangers. Les abeilles butinaient puis piquaient l'inconscient qui s'approchait.

Certaines fleurs avaient même essayé de le manger.

Non, Luffy n'aimait pas les fleurs. Il conservait ses distances, reniflait à la mention de ces plantes colorées. Il ne comprenait pas l'origine de cette passion chez la plupart des personnes qu'il rencontrait.

Les fleurs fanaient. Leur beauté flétrissait. Leurs couleurs s'estompaient pour des teintes vieillissantes et ternes. Les arracher de leur terreau fertile accélérait ce processus.

Luffy n'aimait pas les fleurs dans les vases.

Arrachées à leur existence, à leur liberté, les fleurs vivaient condamnées à barboter dans un fond d'eau jusqu'à se dessécher. Emprisonnées dans un vase, elles mourraient à petit feu, sous les regards des personnes qui s'en occupaient.

Était-ce un plaisir sadique ? Luffy ne savait trop. Il ne comprenait pas. Il n'aimait pas les fleurs, mais il préférait encore les observer de loin dans un vaste pré. Là, leurs couleurs illuminaient les étendues d'herbe verte. La nature s'exprimait, vivant de tout son soûl.

Sur l'Ile de Dawn, son regard s'égarait parfois sur la nature florissante du Mont Corvo. Lorsqu'il s'effondrait dans l'herbe, épuisé par ses entraînements dans l'espoir d'égaler un jour son frère, les fleurs l'entouraient. C'était un combat qu'il ne remporterait jamais elles continuaient de le faire éternuer.

Puis il avait pris la mer. Les semaines et les mois à voyager sur les flots lui avaient fait découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles personnes. Ses nakamas. Tous avaient une relation particulière avec les fleurs.

Brook appréciait la fragrance des fleurs séchées dans son thé noir. Il les choisissait avec soin afin de parfumer son breuvage délicat, une attention qui surprenait toujours autant Luffy.

Franky portait des fleurs sur sa chemise – ou quelque chose qui ressemblait à des fleurs. En tout cas, il ne pestait pas contre les fleurs. Nami lui trouvait même un certain côté « fleur bleue ».

Robin passait son temps sur le Sunny Go à jardiner. Le sourire aux lèvres, elle chérissait ses plants et les fleurs qui poussaient. Elle les entretenait, les chouchoutait même avec son petit arrosoir. Elle veillait à ce qu'aucun combat n'écrase le fruit de ses efforts.

Chopper disséquait les fleurs. Il les réduisait en bouillie ou en poudre, selon l'usage qu'il souhaitait en faire. Il confectionnait des remèdes pour l'équipage, ou encore ses rumble ball.

Nami contemplait souvent les fleurs cultivées par Robin, et exultait de joie lorsque ses mandariniers fleurissaient. Elles annonçaient l'arrivée prochaine des fruits, une nouvelle qui la ravissait.

Sanji avait accompli un exploit aux yeux de Luffy : il avait déniché des fleurs comestibles. Elles agrémentaient la présentation de ses plats succulents, même si elles n'égalaient pas la saveur subtile de la viande rôtie.

Usopp se servait des fleurs pour son artillerie. Comme Chopper, il les séchait et les réduisait en poudre afin de fabriquer ses munitions.

Zoro n'accordait guère d'attention aux fleurs, mais il ne les détestait pas. Elles aiguillaient parfois son entraînement. Luffy l'avait déjà surpris en train d'abattre son sabre sur les plantes colorées sans pour autant les couper. Il avait alors laissé échapper un cri admiratif qui avait fait sursauter son second – avant qu'ils ne batifolent dans les fleurs.

Au fil de ces rencontres, Luffy avait révisé sa position sur les fleurs. Il ne comprenait toujours pas pourquoi autant de personnes adoraient ces plantes bourrées de pollen, mais il avait décidé d'essayer. Dans le secret, il avait cueilli une fleur pour chaque membre de son équipage. Une rose pour Brook. Une anémone pour Franky. Une Casablanca pour Robin. Une tulipe pour Chopper. Un tournesol pour Nami. Une dauphinelle pour Sanji. Une marguerite pour Usopp. Un chardon pour Zoro, et un cosmos pour lui-même.

Pendant plusieurs semaines, il avait pris soin de ce bouquet hétéroclite. Il avait posé des questions à Robin avec sa discrétion habituelle pour empêcher les fleurs de faner. Il avait appris quand changer l'eau, où placer le vase, comment entretenir les tiges.

Ce bouquet représentait les relations qui liaient son équipage. Ils vivaient ensemble, affrontaient ensemble leurs ennemis afin de poursuivre leur aventure. Rien ni personne ne le forcerait à dire le contraire.

Son enthousiasme nouveau pour les fleurs lui avait fait perdre de vue une vérité inévitable. Les fleurs fanaient.

Les fleurs fanaient toujours.

— … Zoro ?

La voix tremblotante, Luffy fixait droit devant lui, là où se tenait Zoro une poignée de secondes auparavant.

— Zoro ?

Les traits déchirés d'Usopp et la mâchoire grande ouverte de Brook lui soufflaient une réponse qu'il ne voulait pas entendre. Qu'il ne voulait même pas concevoir.

— Zoro ?

Le Grand Corsaire ne bougeait pas. Il prolongeait l'attente, ne formulait aucune explication quant à ses actes.

— ZORO !

Un gouffre déchirait à présent son cœur, qui s'agrandit à chaque nouvelle disparition de ses nakamas. Qu'importe ce qu'il essayait de faire, ses actions étaient inutiles pour protéger les siens. A chaque tentative, il échouait. S'égosiller ne changeait rien. Demander pitié non plus.

Les fleurs du Chapeau de Paille fanaient une à une.

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Avec ma douce Illheart, on a regardé les 400 premiers épisodes de l'anime en moins de trois mois, avec un rush intensif à partir de Water 7, jusqu'à Sabaody. C'est très drôle de regarder l'anime avec quelqu'un d'autre - c'est l'occasion parfaite pour inventer des ships, ou découvrir tous les petits éléments qui poussent à soutenir un ship en particulier (ici, le ZoLu, parce que nom d'un petit pois, Luffy a partagé son bentô avec Zoro, ça veut tout dire !)

J'espère que cela vous a plu, que vous n'avez pas trempé tous vos mouchoirs de larmes, et n'oubliez pas, la review est l'alimentation principale des auteurs !

See ya !