Bonjour/Bonsoir, on se retrouve aujourd'hui avec une nouvelle fois une sorte d'OS/"interlude" centré sur le personnage de Camus dans la même veine que celui que je vous avais proposé sur Kanon plus tôt. Donc pour celui-ci, je vous avertis, si vous êtes allergique à l'art antique en général, je crains que vous vous ennuyez au cours de votre lecture. Il est court, niveau narration bancal puisque dans mon optique de "projet", Camus sera plus amplement développé dans d'autres chapitres, mais je me suis fait extrêmement plaisir sur l'œuvre avec laquelle je l'ai associé. L'écrit est également particulier puisque je ne pensais pas le rédiger sous cette forme mais je pense que cela peut le faire.
Je tenais à vous le sortir avant mes examens et ce fut mission réussite de dernière minute. D'ailleurs, s'il y a des fautes d'orthographes ou des mots oubliés, n'hésitez pas à me le signaler. Puis, comme toujours, j'ai fait au mieux pour ne pas dénaturer le personnage et si c'est le cas, vous m'en voyez navrée. Puis il y a des thèmes que je voulais aborder que je pense avoir mal développé, donc désolée d'avance.
Autre information : cette publication est temporaire comme l'OS de Kanon. Une fois mon projet concrétisé (même si cela peut me prendre des mois), tout cela disparaitra pour l'intégrer et sera éventuellement, voire sûrement retravaillé. Sur ce, profitez bien de votre lecture.
Disclaimer : Camus est un personnage de Masami Kurumada, tiré de son œuvre Saint Seiya / Le Doryphore est une sculpture dont l'original est attribué à Polyclète.
Voyager.
C'était un bien beau mot. Un mot dont, selon lui, le synonyme ne pouvait qu'être le terme « rêver ».
Voyager équivalait à rêver. Le voyage était synonyme de rêve. Et des fois, il n'y avait pas besoin d'aller loin pour voyager. Même pas besoin de prendre l'avion ou autre. Il suffisait de prendre un livre au hasard, de se plonger dans sa lecture enivrante, et de se laisser guider au gré de mots soigneusement alignés. Puis, l'imagination suffisait à faire le reste, que l'on ferme les yeux ou non.
C'était ainsi qu'il avait pu accompagner Hérodote dans ses pérégrinations.
C'était ainsi qu'il avait pu avec le conquistador Pizarro conquérir l'Empire inca.
C'était ainsi qu'il avait pu participer en 1066 à la bataille d'Hastings aux côtés de Guillaume le Conquérant.
C'était ainsi qu'il avait pu voir en silence l'évolution croissante et morbide de systèmes concentrationnaires auprès de dictateurs dont il taira les noms.
Et il avait pu vivre bien d'autres aventures. Des aventures qui d'ailleurs ne connaissaient pas réellement de fin en soi.
En toute somme, les livres étaient un beau synonyme de voyage pour quiconque.
Et c'était pour cela qu'il aimait venir dans ce lieu où le silence était roi. Outre y travailler ses enseignements principaux, il lui arrivait de venir après ou entre deux cours avec en tête une destination rêvée et qu'il comptait découvrir comme tout bon touriste qui se respecte. Il était touche-à-tout, ses études littéraires aidant peut-être. Il était ouvert à toutes les destinations inimaginables et il ne voyait pas vraiment la différence entre un traité philosophique et une brochure scientifique.
La Grèce antique est divisible en plusieurs périodes et la période classique se situe des environs de 490 jusqu'à 323 avant notre ère du point de vue de l'art grec. C'est un Ve siècle qui se caractérise par des faits historiques importants avec d'abord les guerres médiques dans les années 480-490 à l'issue desquelles débute la période d'hégémonie athénienne. Il est question d'Athènes qui réagit suite à l'attaque perse sur l'Acropole en -480 et cette hégémonie athénienne va s'exprimer dans le cadre d'une alliance de cités grecques, connue sous le nom de la Ligue de Délos, fondée en -478. Il s'agit d'une alliance défensive pour s'organiser au cas où il y aurait une nouvelle attaque perse et elle va devenir un instrument de l'hégémonie athénienne. Le Ve siècle pour l'histoire de la Grèce continentale s'achève avec un conflit entre les cités grecques, notamment Athènes et Sparte avec la guerre dite du Péloponnèse de -431 à -404 avec la défaite militaire d'Athènes.
Cette période dans le domaine de l'art se divise en trois styles : le style « sévère » avec un développement de la statuaire en bronze et le contrapposto ; le « classicisme », moment où a lieu les grands chantiers de l'Acropole d'Athènes ; et le maniérisme où un certain raffinement se dégage des productions de ces années-là. Et c'est dans cette seconde période, tout juste citée, que s'inscrit le sculpteur grec Polyclète.
Lire était une passion qu'il avait depuis longtemps, pour ne pas dire toujours. Depuis tout jeune même s'il se souvenait bien. Il avait toujours eu un livre greffé à la main, un peu comme les jeunes de nos jours avec les téléphones portables. Déjà, à l'école primaire, alors que les autres enfants jouaient en bande, s'affrontant dans de ridicules batailles de cartes Pokémon ou de toupies, lui, il avait tendance à s'isoler. Il s'isolait durant les récréations, allant seul occuper un banc et lisait.
Il allait dans l'espèce de petite bibliothèque de l'école et il prenait des livres, n'importe lesquels, du moment qu'il pouvait sentir la douceur des pages sous ses doigts. Peu lui importait qu'il ne comprenne pas sur le coup certains mots complexes ou des phrases entières à la tournure alambiquées, s'il pouvait voyager à travers différents mondes, ça lui convenait. Et il ne pourrait oublier par exemple sa première rencontre avec l'univers riche de Tolkien.
Celui-ci est un contemporain de Phidias, ce dernier jouissant d'une certaine renommée associée à sa statue chryséléphantine d'Athéna Parthénos et celle de Zeus à Olympie. Et si ce sculpteur-là qui a été connu comme un proche de Périclès, montre une spécialisation dans la reproduction d'images divines, tout en reprenant la pondération sévère, cela n'est pas le cas de Polyclète. Originaire d'Argos du Péloponnèse selon certaines sources, il montre pour sa part une prédilection pour la figure de l'athlète. D'ailleurs, celui-ci aurait eu une période d'activité assez large, près de quarante ans.
Or, son isolement constant et son amour des livres à un âge où les enfants, bien que sociables, étaient aisément moqueurs lui avaient attiré de nombreuses brimades. Il ne se souvenait pas du nombre de fois exact qu'il s'était vu moqué pour ne pas dire harcelé. Mais il n'en avait eu cure et cela ne l'avait pas empêché de continuer à voyager. L'ignorance n'était-il pas le plus grand des mépris, disait-on ?
Et il continuait ses multiples voyages aujourd'hui encore.
N'est connu de Polyclète que des copies de bronzes originaux et l'un les plus célèbres est celui d'un athlète vainqueur, surnommé le « Doryphore » mesurant deux mètres et douze centimètres de haut. Le bronze est fondu vers 440 avant notre ère mais il ne demeure que des copies en marbre romaines dont une provenant de Pompéi, conservée au musée archéologique national de Naples.
D'un naturel curieux, sa première découverte lors de son entrée à l'université trois ans plus tôt, fut naturellement la bibliothèque, outre les amphithéâtres. Le campus était grand et après s'être perdu à plusieurs reprises, il avait finalement trouvé le Saint-Graal, bâtiment imposant à plusieurs étages, dénotant au milieu des autres par son architecture plus ancienne. Et si à l'extérieur il était impressionnant, il n'avait pu que s'émerveiller devant la quantité astronomique d'ouvrages qu'il avait découvert au fur et à mesure de sa visite à travers les différentes salles de rayonnages. Des étagères montant au plafond ! Une ribambelle d'ouvrages venus de tous horizons confondus, toutes langues, et aux datations diverses et variées. Découvrir une édition limitée de 1954 réservée à la Guilde du Livre de Germinal de Zola l'avait rendu toute chose à vrai dire.
Le marbre romain représente une figure masculine debout, où est notable une prise d'appui particulière. En effet, la jambe gauche, dite libre, est placée vers l'arrière, légèrement sur le côté, créant un certain déséquilibre et une inclinaison plus prononcée au niveau du bassin par conséquent. La statue est animée par un contrapposto avec une inclinaison des hanches répondant inversement à celle des épaules, cela ayant certaines conséquences. Le bras droit est le long du corps, le gauche fléchi et quelque peu décollé du buste, la main fermée semblant tenir un accessoire en métal malheureusement absent. Cet objet manquant est supposé être une lance puisque le nom de « doryphore » signifie « porte-lance ». Il est question d'un soldat chargé de transporter le butin au moyen d'une lance en bois, « δόρυ » en grec ancien, et « φόρος » signifiant « qui porte ».
Dire qu'il s'était senti étourdi aurait été un euphémisme. C'était la première fois qu'il avait eu la chance de se trouvait face à autant de livres. Il avait longuement flâné, errant tel Policlite au début de son voyage, puis s'était finalement arrêté par curiosité devant les cotes proposant les travaux de peintres du XIXe siècle. Là, il s'était fait abordé par un jeune adulte de quelques années son aîné.
Kanon s'était-il présenté et il était en Master Histoire de l'Art Moderne et Contemporain.
L'homme est nu, reprenant alors le style du kouros, et malgré une musculature exceptionnelle, celle-ci reste assez proche de la réalité. L'arête du tibia droit, la jambe tendue, est visible puis est remarquable une prédominance des bourrelets sus-rotuliens ainsi que des abdominaux obliques avec une nette rupture au-dessus des hanches. C'est également le cas des pectoraux et des biceps, démontrant la nécessité d'avoir une certaine force dans ce genre d'activité. L'anatomie reprend en outre un schéma idéal avec la ligne des pectoraux qui fait écho à celle des hanches, celle de l'arc thoracique à celle du bas-ventre.
Un homme qu'il considérait désormais comme fort sympathique malgré sa nature bavarde mais qui sur le coup l'avait fortement déconcerté. Il ne s'était attendu à ce qu'un inconnu vienne le voir, et encore moins pour essayer de lui faire la causette tout en lui proposant de lui faire visiter les lieux. Certes réticent, il avait accepté poliment la proposition mais s'était montré assez réservé devant le flot de paroles de son aîné. Et ce n'était pas faute de ce dernier d'avoir essayé de lui tirer quelques paroles par le biais de questions simples et basiques.
Puis, par la suite, à force de se rencontrer dans ce lieu où le silence était dit maître, ils avaient fini par faire connaissance. Il demeurait toujours réservé, mais il avait appris à apprécier la présence de l'adulte qui ne le dérangeait pas tant que ça en soi et il devait s'avouer que celui-ci lui avait été d'un grand soutien lorsqu'il avait eu son traumatisme. En contrepartie, il lui était également arrivé bien souvent de prêter une oreille attentive lorsque Kanon avait des coups de blues ou lui relatait sa mésaventure amoureuse passée. Puis, celui-ci pouvait d'ailleurs se montrer utile avec une connaissance surprenante de l'emplacement presque exact de chaque ouvrage en plus d'avoir une vaste culture picturale. Et c'était dire le nombre de livres que recelait cette bibliothèque.
C'était vraiment une aubaine pour lui qui adorait voyager à travers des livres de genre et thème différents.
La tête du Doryphore est légèrement tournée sur la droite, un visage sphérique inexpressif avec un modelé du menton mais une absence de celui des pommettes. L'arête nasale est rectiligne, les lèvres charnues en un sourire absent voire une grimace. Les arcades sourcilières sont parfaitement distinctes et son visage ovale est surmonté d'une chevelure courte, bouclée, finement travaillée, très réaliste. C'est un visage serein, tout à fait régulier. Par-ailleurs, soutenant son corps, accolée à sa cuisse droite, se trouve une espèce de tronc ou branche, un objet probablement absent de l'original en bronze et servant ici à étayer la figure en marbre. Toutefois, la figure demeure bidimensionnelle et frontale et est toujours retrouvable un niveau d'idéalisation très poussé avec une attitude qui n'est nullement naturelle.
Et c'était une fois de plus Kanon qui l'avait aiguillé sur la position des ouvrages qui allaient lui permettre de voyager aujourd'hui. Depuis le temps il aurait pu apprendre la composition de la bibliothèque comme sa poche, venant y passer le plus clair de son temps libre, mais non. Il préférait aller voir celui qui était doctorant maintenant, celui-ci le taquinant parcimonieusement à chaque fois avant de se renseigner sur l'objet de sa quête. Le sujet de sa nouvelle curiosité dévoilé, le blond lui indiquait gentiment les ouvrages qui allaient la satisfaire et en échange, il se permettait d'aider le plus âgé dans la rédaction de ses travaux. C'était un donnant-donnant équitable et il n'allait pas dire que la présence du blond ne lui permettait pas de changer d'air. Même si celui-ci pouvait égaler Aphrodite sur le plan taquin, il avait une certaine sensibilité artistique en plus d'être calme et bosseur. Après, il ne connaissait pas le personnage en-dehors du trésor littéraire.
Toutefois, toujours était-il que c'était grâce à Kanon qu'il allait pouvoir voyager aujourd'hui encore. Un voyage qui devait le mener aujourd'hui sur la terre des Anciens.
Polyclète, avec cette œuvre, se voit être le premier sculpteur à rédiger un traité se rapportant à son domaine, Le Canon, signifiant littéralement la « règle ». Peu de passages sont conservés et selon Galien, l'artiste « a confirmé son discours par une œuvre, en créant une statue selon les principes de son discours, et en nommant la statue elle-même, tout comme son ouvrage, le Canon ». L'œuvre en question est identifiée au Doryphore, considérée comme exemple et modèle, un chef-d'œuvre incontestable.
Encore une fois, il allait s'attacher à assouvir sa curiosité sur un trésor antique. Mais pas un trésor équivalant au trésor de Siphnos qu'il avait visité pleinement et étudier dans les moindres recoins à travers une panoplie d'ouvrages. D'ailleurs, le mot même « trésor » employé ainsi était erroné si l'on se basait sur sa définition architecturale.
Le terme exact qualifiant l'objet de sa curiosité serait alors : « sculpture ».
En se basant sur le traité de l'artiste, selon lui, le corps aux proportions physiques parfaites est subdivisé en sept parties, la taille de la tête correspondant à un septième de la hauteur totale. De cela en résulte ce Doryphore où il y a un rapport numérique entre les différentes parties du corps : le torse et les jambes sont de même hauteur, chacun équivalant à trois fois la taille de la tête. Par la suite, ces proportions dites parfaites évoluent avec une élongation du corps à huit têtes, bien qu'aujourd'hui, une représentation réaliste du corps se base encore sur les proportions de Polyclète.
La sculpture n'était pas vraiment une de ses passions. Il n'avait pas pour habitude de se pencher dessus lors de ses recherches diverses et variées. Néanmoins, il lui était arrivé de s'intéresser à certaines œuvres sculptées modernes comme le non pas moins méconnu David de Donatello par exemple. La sculpture était une pratique intéressante mine de rien et même s'il y accordait moins d'importance qu'à l'architecture, il ne pouvait qu'être admiratif de ces personnes qui partaient d'un simple bloc de granit ou de marbre pour un résultat des plus stupéfiants. C'était impressionnant la multitude de détails que l'on pouvait y trouver, surtout en sachant la primitivité de certains instruments.
Et il devait avouer que les plaques de la ravissante frise ionique du trésor de Siphnos l'avaient assez séduite. Peut-être était-ce pour cela qu'il avait opté pour se pencher sur cette sculpture ?
Toutefois, au travers de cette beauté idéale tant recherchée, il faut y déceler un intérêt moral. Dans l'Antiquité, le nu héroïque est un thème particulier et très prisé, les vêtements étant des entraves à l'action. Certes, nu, le héros est exposé à la blessure, mais il révèle son courage, la vertu étant plus qu'importante pour la société grecque classique. En outre, depuis la période archaïque, et comme peut en témoigner un certain nombre de statues comme le Doryphore, ce qui est symbole d'une virilité accomplie et d'une fonction sociale noble, c'est le soldat dont le corps est idéal. Ainsi, les artistes sont à la recherche d'une sorte d'idéalisme esthétique, de l'essence intelligible, d'un beau de référence, d'une forme unique de ce dernier. Avec cette sculpture, Polyclète arrive au summum de cette quête d'un corps à la beauté harmonieuse et équilibrée.
Il ne la connaissait pas. Ni d'Adam ni d'Eve. Ni de loin ni de près. Il n'avait jamais eu la chance d'en voir l'une des nombreuses copies romaines dans les musées. A vrai dire, il ne connaissait que depuis peu le nom du sculpteur. Il l'avait tout simplement découvert en s'intéressant brièvement à Phidias lorsqu'il avait comparé l'assemblée des dieux de Siphnos à celle du Parthénon.
Et il ne regrettait nullement d'avoir découvert ce contemporain de l'ami proche de Périclès.
Ce voyage s'annonçait fort intéressant culturellement parlant.
Enfin, durant cette période classique, dit aussi le siècle de Périclès, le travail de la physionomie est un prétexte à la diffusion d'un message moral, celui d'une justesse d'esprit. Cette volonté est notamment remarquable dans la célèbre expression grecque kalὸς kἀgaqός, « beau et bon ». Suivant cette formule, ces deux qualités sont inséparables, l'une étant causée par l'autre. Il est alors question de combiner l'âme et le corps, dont résulte un travail complet de réalisation de soi.
Un index manucuré vermeil s'arrêta sur la cote d'un ouvrage du spécialiste en archéologie classique John Boardman et avec agilité, il ne tarda à rejoindre les autres livres que le jeune homme tenait dans son autre bras. Celui-ci, satisfait de sa conquête, qui était la dernière, tourna les talons, quittant enfin ces rayonnages qu'il passait au peigne fin depuis près d'une bonne demi-heure. Il avait désormais toutes les cartes en main, soigneusement conseillées par Kanon, pour partir découvrir la statuaire de Polyclète sous toutes les coutures. Et il était plus qu'impatient.
Le pas mesuré pour éviter que le linoléum ne couine pas sous ses chaussures au risque de déranger les autres occupants du lieu, il alla rejoindre une petite table entre deux étagères remplies de livres philosophiques. Là-bas l'attendait déjà ses affaires en plus de trois piles d'ouvrages qu'il avait conquis plus tôt. Se délaissant de son fardeau, il s'installa sur la chaise en bois plus qu'inconfortable mais dont il avait l'habitude avant de sortir ses affaires, notamment son fidèle cahier duquel il noircissait les pages d'encres lors de ce genre de travail.
Beaucoup l'auraient questionné sur le pourquoi du comment il se rajoutait toutes ces recherches personnelles alors que sa licence l'occupait déjà énormément en soi. La seule réponse que Camus pourrait alors donner se résumerait en un seul mot : la curiosité.
Il lisait énormément et de tout. Il était un féru de lecture. Et s'il s'était orienté dans une filière littéraire depuis le début, pouvant assouvir ses besoins de lecture, cela ne l'empêchait pas de se détourner volontiers de la typique littérature classique pour d'autres ouvrages. La lecture était un excellent intermède au voyage et il adorait ça, voyager.
Avec une certaine douceur, il ouvrit ce cahier, presque fini, sur une nouvelle page blanche, ne pouvant s'empêcher de songer qu'il allait devoir en acheter un autre prochainement. Chose qu'il fera peut-être lorsqu'il irait faire les courses en fin de semaine avec Isaac. Il n'aurait cru remplir aussi vite ce bloc de deux cents pages, mais il fallait dire qu'il avait carburé ces deux derniers mois, notamment durant les grandes vacances. Il noircissait à une vitesse affolante les pages qui ne pouvaient rester vierges longtemps, remplissant ce livre un peu à la manière d'une encyclopédie. Oui. C'était le mot juste.
C'était en quelque sorte son encyclopédie personnelle et il en débutait un nouveau chapitre aujourd'hui.
- Et c'est parti…, chuchota-t-il, l'ombre d'un sourire se dessinant sur ses lèvres, attirant vers lui l'un des premiers ouvrages plutôt généralistes qu'il avait pris plus tôt.
Il jeta un bref regard en biais à l'horloge digitale habillant l'un des murs de la bibliothèque et put sereinement constater qu'il lui restait encore près de trois heures avant que son élève du jour ne le rejoigne. Il avait donc trois heures pour s'offrir un petit voyage à l'époque classique grecque. Trois heures pour découvrir sous toutes ses coutures les travaux de ce cher et talentueux Polyclète qui avait su marquer la statuaire durant des siècles avec une œuvre.
Le Doryphore.
Petite note : Je vais faire une série d'OS "artistique" de ce genre et trois autres sont prévus pour le moment. Un sur Aiolia qui sera associé à un monument égyptien, un autre sur Saga sur je ne sais pas quoi et un sur Aphrodite, qui sera le prochain je pense, sur une œuvre de Messager pour ceux qui connaissent. Bien sûr, le style est très particulier et peu déplaire mais j'aime mêler analyse artistique et narration, permettant de découvrir plus le personnage.
Et pour ceux qui sont curieux du projet que je mentionne, sachez que j'en développe les bases sur Wattpad actuellement, ne connaissant pas encore bien le mécanisme d'ici.
