Yo !
En ce moment sur L'Éclaireuse, c'est le défi Un jour, un drabble. Tout est dans le nom. Chaque jour d'avril, un thème est donné, et on écrit un drabble dessus. De moins de 500 mots. Ou 500 mots tout pile. Genre, ici.
Ce recueil est ma participation. Hésitez pas à nous rejoindre, même plus tard dans le mois ! On ne mord pas sans consentement.
Bonne lecture !
Jour 1 : Vis-à-vis
Les gens
Une cigarette sur le balcon. Se passer la langue sur les lèvres parce qu'elles sont sèches au point où ça fait mal de fumer. Il devrait boire de l'eau. Au moins il a du café. Mais c'est pas de ça qu'il a soif, le matin, quand il regarde l'immeuble d'en face qui se réveille.
L'étudiante en il-sait-pas-quoi qui se démerde toujours pour être en retard et dévaler les escaliers à toute vitesse — il voit pas ça, bien sûr, il la voit juste faire beaucoup de mouvements rapides et inutiles, et puis après il la voit en bas, un peu rougeaude, un peu essoufflée.
Le type aux cheveux rouges qui prend même pas la peine de tirer ses rideaux quand il fait de la cam. Enfin, le matin on voit pas grand-chose de lui. Il dort, les rideaux ouverts, à poil, et ses fesses sont tellement blanches sur ses draps, on dirait presque que ça brille. Ceci dit, pas impossible qu'il se mette des paillettes sur le cul.
Le père célibataire qui emmène sa fille à l'école en pyjama et qui rentre pour s'asseoir sur l'îlot de cuisine, fumer une cigarette et boire un café en regardant le vide une heure ou deux avant d'enfiler son bleu de travail. Vanitas se demande s'il ressemblerait à ça plus tard, s'il était hétéro. Il serait bien le genre à mettre une nana en cloque parce qu'il est merdique comme ça. Pas sûr qu'il voudrait s'occuper de l'enfant, ceci dit.
Et la fille du père, souvent elle se réveille avant lui. Vanitas a aucune idée de quel âge elle a mais il est certain que c'est pas tout à fait commun, cette fillette qui sait faire le café, se coiffer et s'habiller toute seule. Même si souvent, elle oublie de mettre une culotte. Parfois ça se règle dans la cuisine. Parfois c'est en bas, dans la rue, elle a dévalé les escaliers trop vite et son père la rattrape, regarde à droite et à gauche et lui tend une culotte. Ça va parce qu'elle est souvent en jupe. Vanitas l'aime bien.
La famille au deuxième, il sait pas ce qu'il en pense. Les parents sont des cons. Mais il a vu les gamins cracher sur les passants en bas — ou au moins essayer. Et puis c'est la plus belle fenêtre d'Halloween. Alors il continue de regarder. Ça le rend un peu nostalgique, de quand il habitait encore avec Nina. Elle est là, quelque part derrière lui, dans les bruits de la salle de bains, mais elle partira demain.
Les gens d'en face, eux, ils restent.
« Ils me voient pas mais c'est presque mes amis.
— Qu'est-ce que tu marmonnes ? »
Un roulement de briquet à côté de lui.
« Je disais : Ils se voient pas, avec leurs têtes ahuries. »
Un sourcil haussé de Nina. Elle le regarde. Regarde les voisins.
« C'est bien que tu te fasses des copains. »
Et il l'entend fredonner You Belong With Me quand elle s'éloigne.
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Forcément, j'ai le clip de Taylor Swift en tête avec ce thème.
Sur ce.
