Disclaimer : L'univers de Harry Potter ne m'appartient pas, et je ne gagne rien à écrire cette petite histoire.
Notes : Juste un petit quelque chose qui me trottait dans la tête. L'ayant écrit, ça ne ressemble plus du tout à ce que j'imaginais... Je ne vois pourtant pas comment l'écrire autrement. Alors voilà ma petite histoire. Bonne lecture.
Everything's made to be broken
Le soleil couchant filtrait à travers la grande baie vitrée. Harry, allongé sur le tapis blanc, profitait de ses rayons, les yeux fermés. Il devrait bientôt rentrer chez lui, il profitait alors de cet instant de tranquillité avant le grand retour dans la fosse aux lions.
Il appréciait les semaines qu'il passait ici, au Manoir Malfoy. L'ambiance était bien plus reposante que celle qui vibrait chez lui, entre ses oncles qui s'incrustaient constamment et son petit frère qui faisait le pitre avec son père… Seule sa mère était calme mais c'était rare qu'elle prenne le temps d'être avec lui, plutôt occupée à observer, un sourire aux lèvres, les bêtises de tous les autres.
Il entendit la porte s'ouvrir doucement et il ouvrit les yeux, se redressant sur les coudes en apercevant Draco. Comme souvent, il arrivait à fuir Poudlard pour le rejoindre ici. Leur petit jeu avait commencé l'année dernière et Harry n'y aurait renoncé pour rien au monde. La présence du Serpentard s'apparentait plus à celle d'un prédateur, mais elle le comblait pourtant.
Harry détestait le monde. Il était cassé, et personne ne le comprenait. Draco était la seule vérité dans le cocon de mensonge dans lequel il était enveloppé depuis toujours. Draco savait qui il était.
« Tu rentres ce soir ? demanda le blond en s'asseyant au sol, le dos contre le fauteuil, les genoux repliés sur son torse.
- Oui… Et, avec les vacances qui commencent, on ne se verra pas avant un moment.
- Pour ça que je me suis débrouillé pour venir aujourd'hui. »
Ils se regardèrent un moment et Harry lui sourit, ses yeux verts brillant derrière ses lunettes rondes. Draco leva les sourcils. « Les runes… ? dit Harry, un peu timidement, toujours.
- Je ne les oublie jamais. » Alors Harry s'avança à genoux et prit Draco dans ses bras, respirant l'odeur particulière qu'il dégageait, la seule qui lui racontait une histoire. Ils s'enlacèrent quelques instants, Harry à genoux, Draco contre le fauteuil. Et puis le blond posa ses lèvres dans le cou de Harry, et celui-ci resserra sa prise, se fondant contre le garçon qu'il aimait. Il se laissa guider, comme toujours. Il ne prenait jamais l'initiative. Draco l'embrassait, le touchait, le caressait, et il répondait, se laissant porter par des sensations qu'il savait ne pouvoir vivre qu'avec Draco.
Draco n'avait pas peur de lui faire mal.
Draco se fichait qu'il soit cassé.
HP – DM – HP – DM
Quand Narcissa Malfoy, sa tutrice, vint le chercher une heure plus tard, il était allongé sur le tapis blanc, profitant de l'obscurité. Draco n'était déjà plus là. Jamais on n'avait découvert leurs rendez-vous, et si Narcissa se doutait de quelque chose, elle ne laissait rien paraître.
« Nous n'allons pas pouvoir retarder encore ton retour, Harry. Tu aurais dû être rentré depuis longtemps déjà.
- Ne puis-je pas manger avec Lucius et toi, ce soir ?
- Non, Harry. Tu sais en plus que nos relations avec tes parents sont tendues en ce moment. Je ne suis même pas sûre qu'ils me confient la suite de ton éducation l'année prochaine. »
Harry se leva en soupirant. « Je sais... » Cela ne pouvait être autrement. Son père et Sirius, tous les deux aurors pour le Ministère de la Magie, n'arrêtaient pas d'en parler. Lucius Malfoy devenait plus virulent dans ses revendications et les lois qu'il essayait de faire passer étaient inadmissibles. Elles étaient bien sûr toutes en faveur des sorciers de sang pur et négligeaient les besoins des nés-moldus… Enfin, ça, c'était le point de vue de sa famille. Harry, lui, ne s'intéressait pas trop à ces histoires politiques. Son petit frère, Logan, le faisait suffisamment, même s'il n'avait certainement pas l'âge de s'impliquer dans ces affaires sordides. Ses parents étaient fiers de lui, pourtant. Ils l'incitaient à continuer. C'était peut-être son rôle, après tout, en tant que sauveur des sorciers. Logan n'avait que quatorze ans, et lui allait en avoir dix-sept cet été, mais c'était lui qui s'effaçait. C'était mieux ainsi ; il voulait pas que le monde le voie.
« Je suis certaine que, peu importe ce que tes parents décideront, tu trouveras un moyen de venir ici de temps en temps, ne serait-ce que pour voir Draco. » Harry la regarda, surpris. C'était la première fois qu'elle faisait allusion à une quelconque relation entre son fils et son élève.
« Je… Oui, tu as raison, dit-il sans nier. Merci pour cette semaine de cours très intéressante, et pour cette année où j'ai pu évoluer encore, malgré mon état.
- Je t'en prie, Harry. Bon retour chez toi. » Comme à son habitude, elle lui fit une bise qu'elle appelait « aérienne » : elle mimait le mouvement sans le toucher. Il trouvait ça touchant. Il pouvait sentir son parfum et ses cheveux frôler son visage. Il eut envie de lui avouer que c'était ici, chez lui, mais il n'osa pas et il fila vers la sortie, sans oublier son sac. Les protections autour du Manoir dépassées, il transplana. Il apparut non loin de sa maison à Godric's Hollow. Harry ne l'aimait pas. Elle lui rappelait de mauvais souvenirs. Ses parents l'avaient reconstruite et avaient décidé d'y rester pour montrer qu'ils n'avaient pas peur, et Harry trouvait cela ridicule. Ils auraient dû avoir peur, cette nuit d'Halloween, alors qu'ils avaient failli mourir parce que le Seigneur des Ténèbres avait estimé que Logan, le nouveau-né, représentait un danger pour lui.
Mais Logan les avait tous sauvés, mais Logan avait anéanti la menace, alors les Potter avaient bombé le torse et s'étaient dressés contre l'adversité.
« Harry ! Tu es enfin là ! s'exclama sa mère tandis qu'il ouvrait la porte d'entrée. Je commençais à m'inquiéter. » Elle ne le toucha pas. Elle ne lui fit pas de bise « aérienne » alors qu'ils ne s'étaient pas vus depuis une semaine. Harry avait l'habitude. Si les Potter n'étaient pas effrayés par un mage noir et ses serviteurs, ils n'avaient peur que d'une chose : Harry.
Harry était cassé. Fragile. Sa magie l'aidait au quotidien mais ce n'était pas suffisant. Une simple coupure pouvait se transformer en blessure insurmontable. Une main sur sa peau pouvait l'irriter pendant des heures. Un soleil trop chaud pouvait le brûler. Une nuit trop courte le fatiguer pendant des jours durant lesquels il ne pouvait rien faire. Son corps était cassé.
A ses onze ans, lorsqu'il avait reçu cette fameuse lettre pour rejoindre l'école de sorcellerie Poudlard, ses parents avaient pris une décision : il n'irait pas. C'était bien trop dangereux pour lui. Si ses camarades ne faisaient pas attention, ils pourraient le tuer. Sa magie, de toute façon, n'était pas assez puissante pour lui permettre de suivre un cursus normal. Ils avaient donc engagé Narcissa Malfoy, tutrice reconnue. Au départ, il rentrait chaque soir. Au fur et à mesure, parce que son état ne lui permettait pas toujours de revenir, parce que ses parents n'étaient pas toujours présents à cause de leur travail, il avait fini par y rester la semaine, comme il l'aurait fait en internat.
Il s'était éloigné de ses parents, il s'était éloigné du monde. Il s'était détaché de ses sentiments. Le contact humain lui manquait terriblement mais il ne disait rien. Personne ne le comprenait.
« Comment ça s'est passé ? demanda-t-elle en préparant la cuisine, tandis qu'il s'installait sur sa chaise, pleine de sortilèges pour qu'il puisse s'y asseoir sans craindre qu'elle le blesse.
- Très bien, comme toujours. En travaillant de façon soutenue l'année prochaine, Narcissa pense que je peux obtenir quelques ASPICS, au moins en Histoire de la Magie, en Arithmancie, en Astronomie et en Sortilèges.
- En Sortilèges aussi ? s'étonna Lily en se tournant vers son fils. » Harry hocha la tête mais ne développa pas. Ses parents ne croyaient pas en lui. Ils avaient fait leur bonne action en le confiant à Narcissa mais ils ne croyaient pas Harry capable de progresser vraiment. « C'est bien… Mais, Harry, l'année prochaine… Nous te trouverons un autre tuteur. Nous sommes en conflit politique avec la famille Malfoy et nous ne voulons pas te mêler à tout ça.
- Vous me mêlez à tout ça en m'empêchant de retourner travailler avec elle, rétorqua-t-il, le regard noir.
- Nous n'aimons pas le fait que tu les fréquentes autant. Va savoir ce qu'ils te disent, ce qu'ils t'apprennent !
- Pourquoi vous en soucier maintenant ?
- Il se trame quelque chose de très sombre, Harry. Le professeur Dumbledore est vraiment inquiet. Je préfère te savoir avec des alliés plutôt que chez eux. » Vos alliés, avait-il envie de répondre, mais il garda sa remarque pour lui. Il savait que ce genre de propos inquiéterait sa mère, alors qu'elle n'avait aucune inquiétude à avoir. Les Malfoy ne lui disaient rien. C'était d'ailleurs rare qu'il mange avec eux, il restait souvent dans sa pièce, celle où tout était sécurisé pour qu'il ne se blesse pas. Narcissa le rejoignait parfois et il profitait de sa compagnie, mais leurs discussions portaient le plus souvent sur les cours ou sur des banalités. Ils se fréquentaient depuis six ans maintenant mais Narcissa n'avait jamais tenu un autre rôle que celui de professeur, et Lucius, même s'il lui avait demandé de l'appeler par son prénom, le tenait à distance.
Seul Draco…
Harry se souvenait de leur rencontre. C'était la troisième année qu'il venait au Manoir Malfoy pour s'instruire et Draco était rentré plus tôt chez lui, blessé lors d'un cours de Soins aux Créatures Magiques. Il n'avait pas compris sa maladie, comme tous les autres, mais contrairement au reste du monde, il avait cherché un moyen de l'aider : si les meubles pouvaient être sécurisés grâce à des sortilèges, pourquoi pas un sorcier ?
Fehu, la rune de la santé, de la force. Uruz, la rune de la protection active. En dessinant ces deux symboles au-dessus de son coeur, en les imprégnant de sa magie juvénile, Draco avait pu le toucher. Parce que si Draco n'avait pas compris sa maladie, il avait réalisé une chose : Harry était seul. Au départ, ils se prenaient par la main quand ils discutaient, ou ils se tenaient l'un contre l'autre. Leur relation s'était ensuite transformée, petit à petit.
Harry ne savait pas si Draco l'aimait. Cela ne le dérangeait pas : le garçon revenait à chaque fois et faisait de leurs instants ensemble quelque chose qui se rapprochait du paradis.
HP – DM – HP – DM
Ces vacances étaient différentes. L'Ordre du Phénix était actif à nouveau, après des années de paix. Harry ne savait pas la raison qui avait poussé Dumbledore à réunir la résistance mais il avait compris que cela concernait Logan. Il partait toujours avec leurs parents lorsqu'ils étaient appelés pour une réunion. Cela avait sûrement un lien avec les meurtres et disparitions qui inquiétaient les sorciers anglais. Et si Logan était impliqué…
Un soir, alors qu'il lisait tranquillement dans sa chambre, des douleurs atroces dans les jambes le poussant à rester allongé, serré contre des dizaines de coussins, ses parents vinrent le voir avec Dumbledore.
« Bonjour Harry, comment te portes-tu ? lui demanda le vieux sorcier, le regard bienveillant.
- Je vais bien, dit-il en se redressant difficilement dans son lit. » Il vit du coin de l'œil sa mère faire un mouvement pour venir l'aider mais elle s'arrêta rapidement en baissant la tête. Harry avait déjà hésité à lui confier la découverte de ces deux runes miracles. Elle aurait alors pu le toucher comme elle le faisait avec Logan. Elle aurait pu le coiffer, le prendre dans ses bras, l'embrasser pour le féliciter. Il s'était pourtant abstenu. Il avait eu peur d'être déçu. D'être confronté à l'incompréhension : comment, Draco Malfoy l'avait aidé ? De plus, il n'était pas sûr que ces runes fonctionnent pour quelqu'un d'autre que Draco. En plus de la magie, il insufflait de l'intention en les dessinant, et Harry ne savait pas ce qu'il voulait vraiment.
Dumbledore s'assit sur le lit, tout au bord, à ses pieds. « Que dirais-tu de venir à Poudlard à la rentrée ?
- Pardon ? ne put s'empêcher de s'exclamer Harry, les yeux écarquillés.
- Cela ne sera pas facile pour toi et tu devras faire attention, mais ne serais-tu pas enchanté de terminer ton cursus scolaire à Poudlard ?
- Je ne sais pas, répondit franchement Harry. Si je ne suis pas allé à Poudlard, c'est qu'on m'a toujours dit que c'était impossible. J'ai fait mon deuil. Pourquoi prendre des risques pour ma dernière année ?
- Je vais être franc avec toi, mon garçon. Une guerre se prépare dans l'ombre et ton frère s'entraîne pour nous aider une nouvelle fois. Les sorciers qui auraient pu devenir tes tuteurs vont être sur le terrain, à rechercher des informations et à se battre contre les mangemorts. Nous ne voulons pas que tu retournes chez les Malfoy : les actions de Lucius Malfoy au Ministère sont claires. Il prépare le retour de Voldemort. Nous avons peur qu'ils se servent de toi, ou qu'ils t'enlèvent. Tu seras en sécurité à Poudlard. Tu auras ta propre chambre et un emploi du temps aménagé. Les élèves seront prévenus de ton état. »
Harry grimaça. Il ne voulait pas être vu. Il ne voulait pas qu'on parle de lui. Il ne voulait pas être quelqu'un d'autre que… « Si je n'ai pas le choix, alors d'accord », dit-il après un moment en détournant les yeux. Au moins, il verrait Draco quotidiennement, même s'ils ne se fréquenteraient sûrement pas. Cela valait bien un moment d'embarras pendant lequel on le regarderait.
Sa réponse lui valut un beau sourire des trois adultes dans la pièce et il sourit faiblement en retour.
La guerre, hum…
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Harry patientait devant le Manoir Malfoy quand il sentit quelque chose frôler ses doigts avant d'attraper franchement sa main. Il se retourna vivement, surpris de ne ressentir aucune douleur, et vit Draco, le sourire aux lèvres. « Tu étais perdu dans tes pensées.
- Tu as mis un peu de temps. » Il prit Draco dans ses bras. Le garçon était plus grand que lui. Il aimait cette sensation. Il nicha sa tête dans le cou de Draco.
« Désolé… On a un invité particulier. Je ne pouvais pas partir comme ça. » Sa voix vibra dans tout le corps de Harry qui leva la tête pour observer Draco, le dévorant du regard. Celui-ci, amusé, lui dévora la bouche. Ils s'embrassèrent presque violemment. Deux mois sans se voir, sans se toucher, c'était long. Draco sortit sa baguette et murmura un sort avant de plaquer Harry contre l'arbre qu'il venait de sécuriser. Son corps était brûlant contre le sien mais ce n'était pas douloureux. C'était extraordinaire. Harry lui offrit son cou et Draco vint y coller ses lèvres, sa langue, tandis que ses hanches bougeaient contre son érection. Finalement, le blond se mit à genoux et déboutonna fébrilement son pantalon. Harry se contracta et gémit lorsqu'il sentit ses mains, et puis sa bouche, sur son sexe. Il ferma les yeux et s'agrippa au tronc de l'arbre alors que Draco lui procurait un plaisir vif et salvateur. Il éjacula rapidement dans la bouche de Draco, l'orgasme le faisant trembler. Draco se releva et Harry lui lécha la bouche avec avidité, cherchant sa langue. « A toi », ordonna le blond en conjurant un coussin qu'il charma lui aussi du sortilège pour protéger Harry. Celui-ci ne se fit pas prier. Il se mit à genoux à son tour et prit délicatement le sexe de Draco entre ses mains. Il leva les yeux vers le blond, l'observant savourer ce moment.
Quand il atteignit l'orgasme lui aussi, les deux garçons se rhabillèrent dans un silence satisfait. Harry le brisa néanmoins, parce qu'il savait qu'il devait lui dire. « Je viens à Poudlard cette année. On pourra se voir plus facilement.
- Notre relation doit rester secrète, dit froidement Draco, le visage fermé.
- Je sais, le rassura Harry, ne t'en fais pas. C'est la seule chose positive dans cette nouvelle, alors…
- Pourquoi as-tu accepté ? grinça Draco, apparemment peu ravi d'apprendre que Harry serait à Poudlard.
- Je n'ai pas eu le choix, se défendit le garçon, un peu blessé face à cette réaction. Pourquoi ça te dérange tant ? Je me débrouillerai et je ne te demande pas de me reconnaître. Je pensais que tu serais au moins… content… de savoir qu'on pourrait se voir plus facilement.
- Ce ne sera pas plus facile, non ! Au contraire ! Je suis visible à Poudlard. Les Serpentard me voient comme un guide et les autres comme un ennemi. On me regarde. Tu étais le seul… Le seul à ne pas faire partie de tout ça ! »
Harry ne l'avait jamais vu dans cet état. Il parlait souvent à Draco de sa famille et de ce qu'il ressentait, mais celui-ci ne lui faisait que trop rarement des confidences. Il ne savait pas qu'il portait un tel fardeau. Il ne savait pas qu'ils se ressemblaient, finalement. Ils étaient les seuls, l'un pour l'autre.
« Draco ! On trouvera un moyen ! » l'interpella Harry, refusant de le voir disparaître derrière le portail qui se refermait lentement. Mais Draco ne se retourna pas et Harry se retrouva finalement seul. Il était un peu désemparé face à cette réaction mais il n'abandonnerait pas. Leur histoire ne s'arrêterait pas juste parce qu'il venait à Poudlard.
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Le château était magnifique. Harry l'avait vu en photographie mais c'était autre chose que de le voir en vrai. Il avait transplané devant les grilles en compagnie du professeur Dumbledore. Il n'avait pas pu prendre le train, c'était trop dangereux. Le directeur l'avait donc emmené, le touchant délicatement avec un gant chargé de magie. Ils marchèrent ensemble vers les grandes portes de l'entrée du château et Harry commençait à être nerveux. Quand ils arrivèrent devant la Grande Salle, Harry souffla un grand coup.
« Tout ira bien, le rassura Dumbledore. Plutôt que de lancer des sortilèges qui pourraient interférer avec la magie de l'école, la tenue que tu portes te protégera. Aie confiance ! » Harry hocha la tête mais il était terrifié. Il avait une allure étrange, drapé dans cette robe sombre qui le cachait aux yeux du monde. Certes, on ne le verrait pas, mais tout le monde le regarderait : il était ridicule ainsi vêtu. On ne percevait plus rien de son corps, perdu sous des couches de vêtements et de magie pour le protéger des autres.
Dumbledore ouvrit les portes et ils firent une entrée remarquée : c'était la première fois que le directeur n'était pas assis à attendre l'arrivée des nouveaux élèves. Harry marchait vite derrière l'homme, essayant d'oublier qu'il était le centre de l'attention. Ils arrivèrent enfin vers la table des professeurs, où se trouvait le Choixpeau Magique qui attendait de répartir les élèves de première année. Harry n'aurait pas cet honneur. Il n'aurait pas de maison. Pour lui, c'était presque symbolique. Il n'appartenait à rien.
« Bonjour à tous, bienvenue pour une nouvelle année à Poudlard ! Avant d'accueillir les nouveaux élèves, je tiens à vous présenter Harry Potter, qui nous rejoint pour sa dernière année. » Il applaudit et certains étudiants applaudirent poliment. Harry garda les yeux baissés, dissimulés sous sa capuche. « Harry n'a pas fait ses études à Poudlard car il est atteint d'une condition particulière qui rend son corps extrêmement fragile. C'est pourquoi il porte cette robe. Je compte sur vous pour l'inclure comme il se doit tout en veillant à ne pas le toucher. Harry, tu peux baisser ta capuche quelques instants, afin que nous puissions tout de même voir ton visage. »
Le garçon obtempéra. Il savait qu'il n'était pas beau. Comme il dormait très mal, il avait de grandes cernes sous les yeux, et sa peau était très pâle parce qu'il n'allait jamais au soleil. Ses cheveux noirs étaient incoiffables et ses lunettes pas vraiment à la mode… Il jeta un œil aux élèves qui l'observaient. Certains semblaient curieux, certainement parce qu'il était le frère de Logan, mais, contre toute attente, la majorité ne semblait pas très intéressée par sa présence. Il fut rassuré, et essaya d'oublier le regard noir de son frère, déçu de l'accueillir sur son territoire, et l'indifférence de Draco, qu'il n'avait pu s'empêcher de regarder furtivement. Il remit sa capuche, sentant la magie l'envahir une nouvelle fois, l'emprisonnant presque.
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Il avait cru que ses débuts à Poudlard allaient être chaotiques, mais ce ne fut pas le cas. Il se rendait aux cours auxquels il pouvait assister et il s'installait au fond de la classe. Malgré ses protections, il sécurisait tout de même les endroits qu'il touchait. Il suivait les leçons, prenait des notes, participait parfois avec une grande timidité, et repartait s'enfermer dans sa chambre, non loin de la Salle Commune des Poufsouffle. Des elfes lui envoyaient ses repas et il mangeait dans une solitude bienvenue après avoir fréquenté les autres élèves. Il n'avait pas l'habitude de voir autant de monde. Il n'avait jamais eu d'amis. Il avait toujours été seul. C'était étrange que de faire partie d'un groupe, même s'il n'y était pas vraiment intégré. Il était tout de même là.
Après deux semaines de cours, pourtant, il sentait que son corps fatiguait. Il avait des plaques sur les bras qui le démangeaient et une migraine qui persistait. Il décida qu'il n'irait pas en cours et s'installa confortablement dans le canapé, heureux de ne pas avoir à porter cette affreuse cape aujourd'hui. Alors qu'il s'endormait, il entendit le portrait qui gardait sa chambre l'appeler. « Un jeune blond voudrait entrer. Puis-je lui ouvrir ? »
Harry se redressa. Il avait essayé d'échanger des regards avec Draco, de le surprendre seul quelque part, de lui parler, mais il n'avait jamais réussi. Il l'évitait. Il dit « oui » d'une voix étranglée et le tableau s'ouvrit pour laisser apparaître le garçon qui occupait toutes ses pensées. Harry s'empressa de se lever pour le prendre dans ses bras et il hurla de douleur, tombant au sol, le contact avec Draco le lacérant, lui brûlant ses bras déjà meurtris par ses plaques. Il se recroquevilla au sol, haletant, essayant de chasser la douleur, d'oublier le sang qui coulait.
« C'est un avertissement, Potter. Je ne mettrai plus les runes. Arrête d'essayer d'entrer en contact avec moi, mes amis le remarquent. C'est compris ? »
Il était glacial. Son regard était bien plus nocif que la douleur qu'il avait causée en le touchant, même si c'était la première fois que Harry souffrait à cause de lui.
« Mais pourquoi ? demanda-t-il faiblement, la voix brisée. Je ne te demande rien d'autre que de venir ici, parfois, et d'être avec moi.
- Je ne veux plus être avec toi.
- Est-ce que tu m'aurais quitté aussi si je n'étais pas venu à Poudlard ?
- Oui.
- Pourquoi ? » La faiblesse de sa voix, son regard suppliant, ses bras ensanglantés, eurent raison de Draco qui s'approcha de lui, les yeux brillant, le visage déformé par la colère et par la douleur.
« Nos chemins doivent se séparer ! Tu ne faisais pas partie de ce monde, pourquoi venir ici ? Va-t'en ! Trouve-toi un endroit où tu seras en sécurité et dégage de Poudlard !
- Est-ce à cause de la guerre ?
- Oui ! hurla finalement Draco. Oui ! Ne vois-tu pas ? Je suis un Malfoy et tu es un Potter !
- Et alors ? Je suis Harry Potter, l'as-tu déjà oublié ? Je ne suis pas Logan.
- On finira tout de même par être ennemis.
- Je ne veux pas faire la guerre, s'entêta Harry. Et comment pourrions-nous être ennemis ? Je suis de ton côté. Je l'ai toujours été, depuis le jour où tu as fait un pas vers moi. C'est toi, ma famille ! C'est toi, mon chez moi ! »
Ils se regardèrent, comme souvent, parce qu'ils savaient communiquer par le regard, parce qu'ils se comprenaient mieux dans le silence. Draco semblait chercher quelque chose dans ses yeux et Harry essaya de lui transmettre ô combien il l'aimait. Ne le savait-il pas, depuis tout ce temps ? N'avait-il pas compris qu'il était le seul ? Harry avait réfléchi, depuis qu'on lui avait dit qu'il devrait venir ici. Il savait que la guerre approchait, que le mage noir était revenu, que son frère devrait se battre. Mais Harry ne serait pas à ses côtés. Il ne l'avait jamais été. Il le connaissait à peine. Il n'avait de toute façon aucun moyen de l'aider. Sa trahison serait sûrement douloureuse, et il ne pensait pas qu'on le comprendrait un jour, mais c'était avec Draco qu'il voulait être.
« Il faut te soigner, murmura faiblement Draco en s'approchant de lui.
- Ne me touche pas, l'avertit Harry en reculant légèrement. Tu n'as pas tes runes…
- Je les ai toujours… dit Draco en déboutonnant sa chemise. Je ne les juste pas activées. » Il emplit les runes de magie, la main contre son coeur, et tomba devant Harry, le prenant dans ses bras. « Je suis désolé, Harry. Je n'aurais jamais dû te faire ça. Me pardonnes-tu ?
- Viendras-tu me voir, parfois ?
- Je te le promets. » Alors Harry le pardonna, tandis que Draco pansait ses blessures. Ils firent l'amour, ensuite, tendrement, Harry pour montrer qu'il l'aimait, Draco peut-être parce qu'il se sentait coupable. Harry avait bien vu le tatouage qu'arborait Draco sur son bras gauche, mais le garçon refusa d'en parler. Il était donc devenu un mangemort. Harry comprenait mieux ses réticences à venir le voir. Il pouvait le trahir. Tout raconter à ses parents ou à Dumbledore. Il n'en ferait rien.
Il conserva cette résolution même quand, quelques mois plus tard, alors qu'il était blotti contre lui, Draco lui apprit qu'il avait une mission. « Je dois tuer Dumbledore.
- Pourquoi ?
- Parce que c'est un obstacle majeur pour le Seigneur des Ténèbres.
- D'accord, mais pourquoi toi ? Dumbledore est peut-être même plus puissant que V… que Tu-Sais-Qui.
- Je dois prouver ma valeur.
- Et si tu échoues ?
- C'est moi qui meurs. »
C'était inconcevable, pour Harry. Il détestait le monde. Tout était cassé ! Rien n'avait de sens. Il avait demandé à Draco s'ils ne pouvaient pas fuir, tous les deux, mais c'était impossible. Ses parents paieraient l'addition. Si Draco était tout pour lui, le garçon tenait encore à sa famille. Harry comprenait bien sûr. Il repensait aux bises aériennes de Narcissa. Il revoyait également le regard bienveillant de Dumbledore. Le sorcier méritait-il de mourir ? Il essayait de protéger leur monde. De protéger les plus faibles, ceux sans magie, ceux nés des moldus. C'était un homme bien. Harry savait qu'en aimant Draco, il était du mauvais côté. Pourtant, comme ce côté pouvait-il être maléfique alors que les doigts de Draco sur son corps lui procuraient un bien-être comme il n'en avait jamais ressenti ? C'était son paradis et Harry décida qu'il devait être l'ange gardien de ce secret rien qu'à eux.
Tout était fait pour être cassé, même son innocence.
Un soir, il se rendit dans le bureau d'Albus Dumbledore. L'homme l'accueillit avec un sourire et un sortilège pour sécuriser la chaise devant son bureau. Harry resta debout. « Vous savez qu'il est possible de me toucher ?
- Vraiment, mon garçon ? Je croyais pourtant que les sortilèges étaient inefficaces sur des êtres vivants. Et pourtant nous avons essayé !
- C'est vrai que vous avez beaucoup aidé mes parents, se rappela Harry dans un soupir douloureux. Je vous remercie. Je ne crois pas l'avoir déjà fait. C'est mon amoureux qui a trouvé la solution.
- Ton amoureux ? reprit Dumbledore en souriant, mais son regard était inquiet.
- Grâce à deux runes, là, sur son coeur, continua Harry en s'approchant du directeur, il peut me toucher. C'est merveilleux. C'est le seul qui me touche.
- Il pourrait montrer à tes parents comment faire. Je réalise à quel point ça doit être dur pour toi de vivre sans contact physique, se désola Albus en levant les yeux vers Harry qui se tenait en face de lui. Que veux-tu exactement, mon garçon ? » Harry n'était pas doué en magie. Il attrapa donc le poignard qu'il avait glissé dans sa poche avant de venir et le planta dans la gorge du directeur. Celui-ci lui attrapa le poignet mais Harry avait revêtu sa robe protectrice et elle lui permit de ne pas ressentir la douleur qu'il aurait normalement subie suite à un contact pareil. Le sang giclait de la plaie mais Harry ne lâchait rien. « Pourquoi ? demanda Dumbledore avant de tousser, crachant du sang sur la main gantée de Harry.
- Parce que c'est le seul que j'aime », répondit Harry en regardant le sorcier le plus puissant s'éteindre dans son fauteuil. Harry retira le couteau et s'enfuit, sachant pertinemment que les portraits l'accuseraient directement lorsque le corps serait découvert. Le personnel de l'école était peut-être déjà au courant. Il courut dans sa chambre et fut surpris d'y retrouver Draco.
« Draco ! s'écria-t-il, paniqué. Je l'ai fait, pour toi. Je dois partir maintenant, mais tu pourras dire que c'était toi, ou que tu m'as jeté un sort pour que je le fasse !
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- J'ai tué Dumbledore, dit Harry en lui mettant le poignard ensanglanté entre les mains. Mais je dois partir, les portraits m'ont vu. Tu diras à… Tu-Sais-Qui, que c'était toi.
- Calme-toi ! Pourquoi tu as fait ça ?
- Je ne voulais pas que tu le fasses mais je ne voulais pas que tu meures, expliqua-t-il en jetant des coups d'œil frénétiques à la porte. Tu es le seul, Draco, et je ne voulais pas te perdre.
- Et si tu fuis, comment se verra-t-on ? cria Draco.
- Je ne serai pas loin. Je dois y aller, ils vont arriver. Va-t'en ! Tu diras que tu m'as forcé à le faire, d'accord ? » Draco hocha doucement la tête et Harry l'embrassa tendrement. « Toujours pur », dit-il, et il disparut, un portoloin dans les mains.
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« Draco a trouvé un moyen pour que nous puissions entrer dans l'école. C'est le début de la fin. Nous avons le Ministère, Poudlard est la dernière pièce qui doit tomber. Logan Potter avec elle…
- Je vous souhaite de réussir, répondit poliment Harry, le regard vers l'horizon, le soleil caressant doucement sa peau à travers la grande baie vitrée.
- Je te remercie, Harry, répondit tendrement Narcissa. Merci pour tout. Si nous sortons vainqueur, tu pourras retrouver Draco et tu n'auras plus à te cacher.
- Je suis bien, caché… Je ne veux pas qu'on me voie. Personne ne me comprendrait.
- C'est comme tu le souhaites. »
L'été approchait et, avec lui, la fin d'une longue bataille. Voldemort gagnait. Seul Logan et l'Ordre du Phénix résistaient, péniblement depuis la mort de Dumbledore. Il avait été jugé coupable même si, du côté des mangemorts, tout le monde croyait que c'était l'œuvre de Draco. Il était recherché pour meurtre. Il se terrait ici, au Manoir Malfoy, et il attendait de pouvoir revoir l'homme qu'il aimait.
Il se demandait ce que ressentaient ses parents ou Logan. Ils devaient être en colère et terriblement déçus par sa trahison. Il ne pourrait jamais leur expliquer. Peut-être mourraient-ils, d'ailleurs, en affrontant les mangemorts et le Seigneur des Ténèbres à Poudlard. Il n'arrivait pas à être triste. Il s'était détaché d'eux depuis si longtemps maintenant…
Il n'y avait que Draco.
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« Tes runes ?
- Je ne les oublie jamais... »
Draco avait l'air échevelé, il saignait par endroits, et son regard était un peu fou, désorienté. Mais il était là. La bataille finie, il était venu.
Ils s'aimèrent des jours durant.
Ils partirent en France. Le mage noir, après tout, n'avait plus besoin de Draco et celui-ci avait assez fait ses preuves.
Ils s'aimèrent alors des années durant, loin du monde comme Harry l'avait toujours souhaité.
Seul Draco savait qui il était.
