Disclaimer : Tout est à Eiichiro Oda!

Rating : T

Genre : hurt/comfort, romance

Nda : Bonjour, bonsoir ! Voici un petit texte écrit à l'occasion de la Saint-Valentin pour le topic « Le Courrier du Coeur de Morgans » du Forum de tous les périls. Le défi consistait à écrire pour l'une des participantes sur un pairing donné, en y incluant deux mots imposés. Une sorte de Secret Santa version Saint-Valentin, en somme. Pour plus d'informations ou si vous souhaitez en apprendre davantage sur le Forum, je vous invite à cliquer sur le lien présent dans mon profil.

En ce qui me concerne, mon défi portait sur le pairing Marco/Ace, comportait les mots séducteur et mémoire et s'adressait à Barukku Iris. Bonne lecture !

Bêta : Merci à Miss Macaronii pour son travail de relecture ! Encore un texte labellisé 100% bêta pasta !


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Demain ne nous est pas promis

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C'est un étrange bruit qui réveille Marco au beau milieu de la nuit. Les yeux encore embués de sommeil, il met quelques secondes pour en repérer l'origine. Son regard se dirige alors vers la salle de bain tandis que sa main tâtonne les draps à ses côtés, et lorsque ses doigts ne rencontrent rien d'autre que le vide, les dernières traces du sommeil le quittent aussi vite qu'il quitte son lit, allant au-devant de la porte pour y toquer doucement. De l'autre côté, un spectacle inhabituel s'offre à lui.

Prostré devant les toilettes, presque avachi sur la lunette, Ace est en train de rendre le maigre contenu de son estomac. Il a très peu mangé au cours des dernières heures, et bien que Marco n'ait pas posé de questions, ni tenté de l'examiner, parce que Ace a assuré que tout allait bien, il s'est inquiété, gardant sur le jeune commandant un œil discret et attentif.

Marco met un genou à terre. Prudemment, il pose une main sur le dos de Ace et de l'autre, retient les longues mèches noires en arrière. Au contact des paumes fraîches, la peau moite et brûlante se couvre de frissons, mais cela ne semble pas déranger Ace qui garde résolument la tête dans les toilettes tout en se laissant aller contre Marco, lequel attend patiemment que les spasmes se calment.

« Tu sais, quand tu m'as dit l'autre jour vouloir jouer au docteur, je ne m'attendais pas à ça », murmure ce dernier.

Un rire fatigué secoue les épaules sous ses doigts. Ace tourne la tête dans sa direction. Malgré ses traits tirés, il affiche un sourire se voulant séducteur, mais qui dans son état, ressemble davantage à une grimace.

« Rassure-toi, je me rattraperai, dit-il, l'humeur soudain grivoise, avec une note de quelque chose que Marco a du mal à identifier.

– Ce n'est pas vraiment ce qui m'inquiète dans l'immédiat… Je vais te chercher un anti-nauséeux.

– Pas la peine, c'est passé.

– Ace…

– Je vais bien, Marco. »

Ace se dégage, mais ne va pas plus loin que le mur derrière lui. Il se cale tout contre, y appuyant toute la longueur de son dos pour profiter de la fraîcheur du carrelage. Le mouvement est raide, difficile, remarque Marco et il soupire en silence, spectateur impuissant de l'entêtement de Ace. Même si celui-ci a cessé de rendre tripes et boyaux par-dessus la lunette, non, il ne va pas bien. Pas besoin d'être médecin pour s'en rendre compte.

Marco se relève, ses genoux craquent un peu, il va chercher un linge humide. Le temps qu'il revienne, Ace a changé de position. Les coudes sur les genoux, la tête basse, immobile, il ressemble d'une façon assez sinistre à un condamné à mort qui attend son exécution. Marco s'ébroue aussitôt l'esprit, éloignant la vision terrible du jeune commandant pieds et poings liés sur l'échafaud et s'agenouille devant lui. Doucement, il tapote l'un des genoux à sa portée pour attirer son attention. Quand Ace relève la tête, Marco lui tend le linge.

« Tu as une sale tête.

– Si ce n'est que ma tête, j'imagine que je m'en tire bien.

– Je suis sérieux, Ace… »

L'intéressé plonge le visage dans le tissu, une excuse bien trouvée pour ne pas avoir à répondre et ainsi éviter la discussion que Marco tente d'avoir avec lui. Depuis qu'Ace a rejoint l'équipage, Marco ne l'a jamais connu malade (une possible conséquence de son fruit du démon). C'est donc que quelque chose doit le travailler. Suffisamment pour lui couper l'appétit et le faire lever au beau milieu de la nuit pour vomir le peu qu'il arrive à manger.

« Ace… »

Avec délicatesse, Marco saisit les mains du deuxième commandant, puis avec lenteur, comme s'il craignait d'effrayer un animal effarouché, il force Ace à quitter son refuge.

« Tu veux me parler de ce qui te préoccupe ? »

Quand Marco trouve son regard, ce qu'il devine dans les yeux noirs le peine. Ace semble à mille lieues d'ici, en train de livrer bataille contre lui-même.

Plein de bienveillance et de sollicitude, Marco tente de le détourner de ses pensées noires. Il empaume ses joues, où s'étale une galaxie de taches de son, les effleure du bout du pouce, avec toute la tendresse que lui inspire son compagnon. Ace le regarde enfin, le regarde vraiment, et c'est peut-être un effet de la nuit, mais ses yeux semblent plus humides que d'ordinaire.

« … Tu as déjà songé à avoir des enfants ? »

Marco se fige, fixe Ace d'un air interdit. Sous son regard, le deuxième commandant baisse les yeux.

« … Tu en voudrais ? demande Marco sur un ton prudent, espérant se tromper sur ce que sous-entend la question.

– Non ! » répond Ace.

Il y a une forme d'urgence paniquée dans sa voix alors qu'il relève la tête vers Marco. Il paraît triste, en colère, en souffrance… Marco ignore qu'en penser, mais il s'en veut de se sentir soulagé.

« Non… répète Ace plus faiblement. Je me demandais juste si... si toi, t'en avais envie. »

Ace détourne encore les yeux, et Marco capte sa peur. Il se demande à quel point le mal-être de Ace est grand pour croire qu'il mérite moins qu'un autre d'être aimé. Parce que c'est bien ce dont il est question, non ? Ce n'est pas la première fois que le jeune pirate émet des doutes de ce genre, souvent de façon détournée, sur son droit au bonheur. Ai-je le droit d'être heureux ? Ai-je le droit d'être aimé ? Ai-je le droit d'être ?

Ace se charge la mémoire et se pèse le cœur de tant de choses que parfois, Marco se demande s'il ne va pas tout bonnement imploser.

« C'est à cause de Maria ? »

Ace hausse les épaules, faussement détaché.

« Tu passes beaucoup de temps avec elle, remarque-t-il.

– C'est l'infirmière en chef. Et je suis le médecin de bord.

– Elle te regarde beaucoup… »

Cela peine Marco, que Ace puisse croire qu'un soudain désir de paternité suffirait à les séparer. Il aimerait le convaincre que cela n'arrivera jamais, mais les doutes d'Ace sont si forts et ses craintes si grandes. Marco fait du mieux qu'il peut pour le rassurer. Il entrelace leurs doigts, joint leurs fronts ensemble et le regarde dans le blanc des yeux, faisant passer dans ce regard, il l'espère, toute la profondeur de ses sentiments.

« Je n'ai pas l'intention de t'abandonner, Ace. »

Marco peut distinctement sentir les doigts d'Ace se crisper entre les siens, sentir sa mâchoire se contracter, ses lèvres se pincer ; voir l'humidité s'accumuler au coin de ses yeux, alors qu'il la retient à grand-peine du bout des cils, loin de l'image du jeune commandant impétueux, fier et sûr de lui qu'Ace affiche sur le champ de bataille.

« Et si tu veux tout savoir, murmure Marco, plaisantin, j'ai déjà un gamin dans les pattes. »

Ace souffle du nez, sourit et rit, tandis qu'il laisse les vestiges de son angoisse dévaler la pente de ses joues.

« Le gamin, il va te botter les fesses, le vieux.

– Et le respect des aînés ?

– Dans les toilettes. »

La bonne humeur est de retour sur le visage d'Ace, et Marco en tire un trop grand réconfort pour prendre ombrage de son regain d'insolence. Il efface les sillons salés d'un mouvement du pouce, dépose un doux baiser sur l'arête du nez, puis empreint de cette même douceur, descend jusqu'aux lèvres pour y presser les siennes, se fichant de leur goût aigre, parce qu'il veut montrer, encore une fois, plus qu'avec des mots, la place importante qu'Ace occupe dans son cœur.

« Viens te coucher. »

Le jeune commandant se laisse guider vers le lit après s'être rafraîchi, et dans la chaleur des draps, Marco poursuit son élan de tendresse, Ace calé contre lui, déposant des baisers papillon sur ses épaules. Un jour, tous ses doutes s'envoleront, telle une nuée d'oiseaux braillards, pour laisser place à la certitude d'être à sa place. D'avoir sa place. En attendant, Marco comble d'amour et de douces paroles les fissures de son âme.

« Ace…

– Quoi ? demande innocemment le jeune pirate, dont la main descend un peu trop bas au goût de Marco.

– Il n'y a pas vingt minutes, tu rendais ton dîner.

– Je me retape vite. Et puis, je t'avais dit que je me rattraperais… »

Marco lève les yeux au ciel, mais alors qu'Ace lui décoche un regard enjôleur et l'embrasse avec le feu des premières fois, il sourit.

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En espérant que la lecture vous a plu ! A bientôt !