Disclaimer : Killing Eve n'appartient qu'à la géniale Phoebe Waller Bridge et à son équipe. Courte et simple fiction inspirée par la fin de l'épisode 3, de la saison 3. Laissez moi des petits mots que je puisse m'améliorer et savoir ce que vous en avez pensé !

S'Avouer.

La porte de l'appartement d'Eve ne tarda pas à céder sous les doigts subtils de Villanelle. Sans bruit, elle se faufila à l'intérieur, prenant soin de refermer derrière elle. A nouveau, s'ouvrit devant elle l'univers d'Eve. Plus réduit qu'avant, peut être un peu plus miteux. Mais plus à Elle, toute seule. Plus de Niko, plus de personne. Juste Eve, et sa solitude.

Un court instant, Villanelle inspira profondément. Une petite partie d'elle même, tapie dans l'ombre de sa poitrine, s'était allumée ce jour là. Une droite dans son visage, un baiser sur ses lèvres, un coup de tête contre son front. Une exaltation tout aussi mentale qu'animale, animée d'une lumière qui la surprenait. Depuis le matin, le film de leur rencontre se rejouait sans cesse dans sa tête. Impassible au dehors, elle cachait une lutte infernale en elle, perdue dans un flot de sensations qu'elle n'aurait su exprimer.

Enivrée et confuse, elle ne tarda cependant pas à reprendre pleine conscience pour mettre à bien un autre plan. Il était certain qu'elle n'était pas la seule à devoir danser avec ces images au goût intense. Elle fit quelques pas jusqu'au lit vide d'Eve, déjà baigné par la lumière de la rue. Un sourire victorieux se dessina sur ses lèvres, tandis qu'elle ouvrait son sac à dos. Elle en ressortit le plus ridicule des ours en peluche qu'elle avait pu trouver, rose, habillé d'une robe de princesse. Impossible alors de résister à la tentation de lui appuyer sur le ventre.

Admit it, Eve. You wish I was here.

La jeune femme vint alors parfaire son tableau en glissant contre son cou l'ourson, véritable trophée de chasse. Tout ainsi hanterait Eve par le moindre de ses sens.

Satisfaite, elle le plaça discrètement sous la couette avant de repartir. Remarquant au passage dans la cuisine quelques biscuits sur le comptoir, elle ne se priva pas pour un dérober un. Puis elle repartit, impériale, jouissant déjà de l'effet qu'elle produirait.

...

Admit it, Eve. You wish I was here.

Admit it.

Here.

Le bus. Les poings. Les lèvres. Et maintenant le lit.

Eve se laissa retomber en arrière, achevée tout autant que ranimée. Les mots de Villanelle emplissaient ses oreilles, se réverbéraient à ceux qu'elle avait prononcé le matin même.

Smell me, Eve.

Eve ferma les yeux dans un long soupir. Les images de la journée ne cessaient de virevolter derrière ses paupières, la poussant sans bruit d'un mur à un autre. Devant elle, un centurion romain, le glaive plein de sang. Un lion rugissant, prêt à la dévorer toute entière. Un océan dressé pour amener la tempête.

Et, perdu entre la violence et la force, un baiser. Pas le plus doux qu'elle ait expérimenté, pas non plus le plus beau. Mais très certainement celui qu'elle avait attendu avec le plus de ferveur. Jamais pourtant elle n'avait osé l'imaginer. Toujours avait elle tâché de l'enfouir au plus profond d'elle même, bien consciente de sa présence, mais la plus distante possible de son image. Comme une bête sauvage qu'on aurait muselée et affamée, là, tout au fond de son cœur.

Alors, entendre sa voix jusque dans son lit sonnait comme un coup de grâce. Cette obsession, serpent autour de son cou, tantôt glissant, tantôt serrant, que pouvait elle en faire ? Une vie normale, une vie d'avant, était elle vraiment ce qu'elle voulait ? Et Niko ? Et le reste du monde ? Réfléchir n'était ce soir là plus une possibilité, tant Eve s'emmêlait dans les nœuds de son esprit. Ecouter simplement cette voix, qui lui soufflait autant de chaud que de froid.

Admit it, Eve. You wish I was here.