Ce texte répond au défi n°126 de La Bibliothèque de Fictions : 4 contraintes en un texte ! Vous devrez inclure les choses suivantes : l'action se déroule dans un château, la couleur blanche, une chute et une scène de nuit.


Angélique venait d'arriver au château de l'homme qu'elle avait épousé par procuration. Elle allait devenir religieusement la femme du comte à présent. La rousse avait peur de ce moment car tout le monde lui avait fait une description horrible de son époux. La jeune femme fut conduite dans sa chambre et les servantes approchèrent. Angélique fut surprise, c'étaient les premières personnes noires qu'elle voyait de sa vie, elle avait constaté dans le château que tous les domestiques étaient noirs. Les servantes s'inclinèrent respectueusement et l'aidèrent à enfiler sa magnifique robe blanche.

La cérémonie s'était bien passée, la fête du mariage aussi. À présent il faisait nuit et le comte regarda sa jeune épouse avant de lancer à l'assemblée :

-La comtesse est fatiguée, elle va partir se coucher à présent.

Angélique fronça les sourcils, elle n'était pas du tout fatiguée et ne voulait pas aller coucher. Pourtant son époux ne lui laissa pas le choix. La jeune femme partit donc dans sa chambre et les domestiques l'aidèrent à se déshabiller avant qu'elle se couche. Joffrey arriva un peu plus tard, après tout c'était leur nuit de noces, mais la jeune femme ne put cacher son dégoût. Le brun n'insista pas et partit, il pouvait trouver une autre femme pour le satisfaire sans le moindre souci.


Angélique était dans sa nouvelle demeure depuis des semaines à présent. Elle s'habituait tant bien que mal à sa nouvelle vie. Joffrey lui avait fait visiter sa mine de plomb, lui avait montré les statues qu'ils déterraient régulièrement... absolument tout ! La rousse ne pouvait nier que son époux n'avait pas de secret pour elle, même si elle continuait de le repousser. Le brun était patient, il attendrait qu'elle soit prête, il le lui avait dit. La jeune femme partit faire du cheval un matin et au moment de sauter par-dessus un tronc tombé en travers de la route, la rousse perdit l'équilibre et fit une mauvaise chute. Sa tête cogna contre un rocher et Angélique perdit connaissance.


Joffrey rentra au château après sa visite à la mine et regarda son meilleur ami Bernard d'Andijos :

-Angélique n'est pas là ?

-Je ne crois pas, demande à Kouassi-Bâ.

Le brun se tourna vers son domestique :

-La comtesse n'est pas là ?

-Non Monsieur le comte, elle est partie faire une promenade à cheval et je ne l'ai pas vue revenir.

-Très bien, merci.

Les deux amis échangèrent un regard et partirent aussitôt à la recherche de la jeune comtesse. Malgré sa jambe Joffrey montait à cheval et lançait sa monture au triple galop. Au bout d'un moment ils virent la jeune femme étendue sur le sol. Bernard la souleva, sachant bien que son ami ne pouvait pas la porter à cause de sa jambe et la hissa sur son cheval. Ils retournèrent au château et d'Andijos porta la jeune femme jusque dans sa chambre. Il la déposa sur le lit et Joffrey fit quérir un médecin. Le comte était très inquiet pour sa femme, il espérait qu'elle n'avait rien de grave. Le médecin examina la rousse et nettoya sa blessure avant d'y appliquer un cataplasme et un bandage :

-Elle doit se reposer. La plaie n'est pas très profonde, Madame la comtesse devrait vite s'en remettre.

-Merci Docteur, je vous raccompagne.

Joffrey raccompagna le médecin jusqu'à la porte et revint ensuite auprès de sa femme. À présent il n'avait plus qu'à veiller sur elle en attendant qu'elle se réveille enfin.


Ce ne fut qu'au bout de trois jours qu'Angélique rouvrit enfin les yeux. Elle grimaça :

-J'ai mal... que s'est-il passé ?

-Vous avez fait une chute lors de votre promenade à cheval. Vous vous êtes cogné la tête en tombant.

-C'était quand ?

-Il y a trois jours.

-Vous êtes restés auprès de moi tout ce temps ? Vous avez dormi avec moi ?!

Joffey ne put retenir un ricanement :

-Oui je suis resté auprès de vous, non je n'ai pas dormi avec vous. Regardez vous-même.

Il tendit la main et Angélique put voir un lit placé dans un coin de la pièce. Elle soupira :

-Désolée, c'était méchant.

-Ce n'est rien, c'était une inquiétude légitime. Je vous ai dit que j'attendrai que vous soyez prête, et une blessure vous rendant inconsciente n'allait pas changer cela. Je vous laisse vous reposer, je vais aller demander qu'on vous apporte à manger et à boire maintenant que vous êtes réveillée.

-Merci... pour tout.

Le brun lui sourit et sortit de la chambre. Après avoir donné les indications pour qu'on apporte à manger et à boire à sa femme, Joffrey partit dans sa chambre. Il se lava et se coucha dans son propre lit, il était épuisé. Il ne s'était pas attendu à ce que son épouse tienne des propos aussi vifs dès son réveil. Elle ne l'aimait vraiment pas, c'était très douloureux pour lui. Même si son physique était ingrat à cause de ses péripéties, il était loin d'avoir un mauvais fond. Toutefois Joffrey était un homme respectueux, il n'imposait pas sa présence à sa femme plus que nécessaire.


Angélique put enfin se lever et reprendre une vie normale. La blessure à l'arrière de son crâne était quasiment cicatrisée maintenant. La jeune femme s'en voulait pour son attitude à son réveil mais elle ne savait pas comment le faire comprendre à son mari. Elle partit pour le déjeuner et vit Joffrey assis à table. Elle s'approcha de lui et déposa un baiser sur sa joue :

-Merci d'avoir veillé sur moi après ma chute.

-C'est bien normal, vous êtes ma femme après tout.

-Non, ce n'était pas une obligation puisque je vous traite de façon odieuse depuis mon arrivée ici. Vous êtes très gentil avec moi et je vous remercie en vous parlant méchamment à chaque fois que je vous croise.

-Aucun problème, croyez-moi.

La rousse s'assit à table et ils mangèrent en silence. Après ça la jeune femme demanda :

-Et si nous allions marcher un peu tous les deux ?

-Avec joie.

-A moins que ce ne soit trop douloureux avec votre jambe.

-Non ça va très bien.

Les époux partirent donc marcher et Angélique finit par passer son bras sous celui de son mari. Elle sentait que quelque chose avait changé. Lorsqu'elle était clouée au lit elle avait beaucoup réfléchi et avait réalisé qu'elle commençait à aimer son mari. Joffrey était un homme bon, elle ne l'avait jamais vu méchant avec qui que ce soit. Il était loin du sorcier lubrique qu'on lui avait dépeint avant son arrivée. Elle prit la main dans brun dans la sienne et la porta à ses lèvres pour y déposer un baiser :

-Je commence à vous aimer beaucoup. Je ne crois pas être prête pour... devenir votre femme intimement, mais j'ai enfin compris que ce n'est pas votre physique qui définit qui vous êtes.

-Merci, ce que vous dites me va droit au cœur.

Il se pencha et déposa un baiser sur sa joue :

-Nous avons le temps pour l'intimité, continuons à apprendre à nous connaître en attendant.

-Excellente idée.

Angélique sourit et discuta avec son mari. Elle devait avouer que sa voix grave mettait ses sens en ébullition, ce timbre légèrement éraillé provoquait des bouffées de chaleur chez la jeune femme. De plus les yeux bruns de Joffrey contenaient une passion et une gravité qui hypnotisaient quiconque croisait ce regard. Joffrey regarda sa femme et lui sourit, malgré sa cicatrice il était bel homme, mais avant Angélique n'avait rien remarqué car elle était trop jeune et trop stupide. À présent la jeune femme était prête à vivre une histoire d'amour, à devenir la femme que Joffrey méritait. En attendant elle avançait un pas après l'autre en discutant pour mieux le connaître.


Fin.