Et voilà un nouveau recueil créé spécialement pour le défi Un jour un drabble 2021 qui a lieu sur le forum L'Eclaireuse (viendez on est jontil). Chaque jour un thème est donné et il faut écrire un drabble sur ce thème (un drabble est un OS de 500 mots maximum).

Le thème du jour est vis à vis.

Ce recueil sera une histoire longue mais en drabble. J'espère réussir à trouver des idées pour les thèmes... En attendant, j'espère que ce premier OS vous plaira !

Bonne lecture !


Le début

C'était la voisine d'en face. Ou plutôt la fille des voisins. Vos balcons se touchaient presque, d'un saut tu pouvais être chez elle. Mais tu l'as jamais rencontrée.

Tu voyais sa chambre. Des murs blancs avec des dessins. Des rideaux transparent. Un lit simple. Un bureau bien rangé. Et une étagère avec des trucs dessus. Pas une chambre d'enfant. Mais elle était tellement calme, tellement silencieuse, tu te demandais si c'en était une.

La nuit tu t'imaginais des histoires : c'est une sorcière et elle va venir me kidnapper ; c'est une fée, une grande fée, qui se cache d'un grand danger et je peux l'aider ; c'est une créature venue d'un autre monde et elle veut devenir mon amie mais ne sait pas comment faire.

Elle sortait jamais de chez elle et tu l'as jamais vu autre part que dans sa chambre. Lorsque les voisins étaient venus dîner chez toi, elle n'était pas avec eux. T'avais pas osé poser de question sur elle. De toute façon on t'avait très vite envoyé au lit.

Elle ne t'a jamais vu l'espionner. Ou alors elle le savait mais elle ne disait rien. Vos regards ne se sont jamais croisés. Le seul souvenir que tu gardes d'elle c'est sa main qui glisse sur le papier, pendant qu'elle est assise à son bureau et que ses cheveux blonds bougent avec le vent.

Puis un jour, elle était partie. Tu ne l'avais plus vue. T'avais attendu un jour, deux jours, trois jours. Rien. Sauf que les voisins étaient toujours là. Là t'avais eu peur, tu t'étais rappelée des cours sur les enfants battus et les documentaires policiers que tu regardais en cachette quand ton père dormait sur le canapé. Peut-être qu'ils s'en étaient débarrassé. Peut-être qu'ils l'avaient tuée. T'avais pas osé le dire à tes parents, tu avais trop peur qu'ils ne te croient pas. Il n'avait jamais vu la voisine après tout.

Alors, au bout d'un certain temps, tu avais pris ton courage à deux mains et tu étais allée sonner chez les voisins pour demander des explications. Ils n'avaient pas compris, parce qu'ils n'avaient pas d'enfant. La mère était professeur de dessin pour enfant. La pièce en face de sa chambre, c'est là où elle faisait cours. Mais tu pouvais pas les croire, alors t'avais décrit la gamine. Et la mère a pleuré, parce que l'enfant que tu décrivais c'était son enfant. Morte il y a trois ans.

Un fantôme, t'avais oublié cette possibilité.

Au final t'étais rentrée chez toi, très gênée. Les voisins n'en avaient jamais reparlé, ni à toi ni à tes parents. Ils étaient partis quelques mois après, sans dire un mot.

T'as jamais raconté cette histoire à quelqu'un. Faut dire que personne ne t'aurais cru sûrement. Donc t'as jamais osé. Même quand t'as compris que c'est pas qu'elle que tu voyais, mais toutes les personnes disparues encore aimées. Tu t'es tue, et tu as observé.