Petit mot de l'auteure : j'ouvre un nouveau recueil, qui sera consacré à des crackfics autour de GOT, parce que... bah ça fait du bien à écrire, et à lire j'espère aussi. La première fait peut-être sérieuse, mais... je vous mettrais l'intitulé du défi qui a mené à ça à la fin. D'ailleurs, n'hésitez pas à proposer des trucs.
Donc pour ce premier texte, le déclic a été la nuit du FoF (toujours), où il fallait écrire en une heure sur le thème naïf.
Bonne lecture !
Contexte : UA post saison 8, Daenerys gouverne
Personnage : Daenerys
Parfois, Daenerys se disait qu'elle était toujours cette petite fille terriblement naïve qu'elle avait pu être par le passé.
Que malgré les épreuves, elle n'avait rien appris, et continuait de répéter les mêmes erreurs, encore et encore. Ou peut-être s'était-elle simplement pensée enfin en sécurité et avait de ce fait relâché son attention. Mais qui pouvait lui reprocher de s'être un instant reposée sur ses lauriers pour admirer les résultats de toutes ces années d'efforts ? Après tous ces combats, ces guerres, elle avait enfin récupéré le trône qui lui appartenait de droit. Robert, Joffrey, Tommen, Cersei, tous n'étaient que de lointains souvenirs qui ne pouvaient plus lui nuire. Eux étaient partis – elle avait gagné.
Elle avait gagné, et rien ni personne ne viendrait la menacer, elle et sa couronne.
Quelle enfant naïve elle avait été. Après tout ce temps, elle aurait dû le savoir, pourtant : rien n'est jamais acquis et les menaces viennent de partout.
Mais peut-être était-ce parce que la menace en question ressemblait à tout sauf à une menace qu'elle n'y avait pas prêté attention. Alors, évidement, elle n'était pas bête. Elle s'était tenue sur ses gardes. Mais pas assez.
(Naïve petite idiote, pourquoi n'avait-elle pas ouvert les yeux avant ?)
Tout avait commencé lorsque Arya Stark était revenue de son périple dans les terres inconnues de l'ouest. Daenerys lui avait demandé un rapport, et la louve lui avait conté ses découvertes – notamment concernant les habitants de ces terres. La Targaryen s'inquiétait en effet beaucoup de ces derniers. Et s'ils décidaient, en apprenant l'existence de leur royaume, de l'envahir ? Mais Arya s'était montrée ferme. Ils ne voulaient rien d'autre que commercer avec eux. À vrai dire, ils n'avaient même pas cet objectif en tête – c'était Arya qui l'avait suggéré, présentant qu'ils pourraient réaliser avec eux de bonnes affaires.
« Ils sont incroyablement naïfs, majesté » avait-elle expliqué d'un ton pincé qui signifiait qu'elle se retenait de dire « complètement concons ». Daenerys avait hoché la tête, ravie d'entendre cela.
« Nous commercerons avec eux, dans ce cas » avait-elle dit.
(Quelle idiote elle avait été. La naïve dans l'histoire, cela avait été elle, et personne d'autre)
La délégation étrangère était venue et tout c'était bien passé. Elle avait été accueillie en grandes pompes dans la Port-Réal reconstruite, de grands festins avaient été organisés et les réjouissances nombreuses. Daenerys avait rapidement compris que le jugement d'Arya était juste : ces étrangers étaient particulièrement stupides. Ou, pour être plus exact, étaient tellement gentils qu'ils en étaient stupides. La gentillesse, Daenerys connaissait, et n'était pas totalement contre. Parfois, elle avait son utilité. Elle apaiser les mœurs et l'âme. Mais à ce point là... elle avait parfois envie de vomir devant la niaiserie des propos de ses invités.
Elle se retenait, évidement. Mais quand même. C'était pas possible d'être aussi cruche qu'ils ne l'étaient. Ceci dit, elle n'allait pas s'en plaindre. Leur gentillesse sans condition lui permettrait d'exploiter à loisir ce qu'elle aurait besoin d'eux.
(Idiote, quelle charmante petite idiote – si naïve, si stupide, n'as tu jamais retenu la leçon ?)
Tout avait basculé le cinquième jour.
Daenerys avait organisé une visite de la ville pour ses invités, afin qu'ils voient la puissance de la capitale – un subtile avertissement quant au fait qu'il fallait mieux ne pas chercher à les combattre. Vous ne pourrez pas gagner, disaient les yeux de Daenerys alors qu'ils étaient sur les remparts surplombant la capitale. Malheureusement pour elle (elle ne le savait pas encore), le regard d'un de ses invités fut attiré par une drôle de marque sur le mur.
« Qu'est-ce que c'est que ? » avait-il demandé.
« De la cendre » avait répondu Daenerys – une des nombreuses marques de la destruction de Port-Réal qui s'était incrustée et qu'ils n'avait pu faire disparaître.
Les yeux des autres s'étaient voilés à la mention du massacre – qui n'en était pas un, se répétait Daenerys, elle n'avait fait que combattre un tyran. Les étrangers, ignorant l'histoire, hochèrent gravement la tête, l'air compatissant.
« Nous sommes désolés... nous avons connus quelques incendies, nous aussi. Heureusement, en nous alliant tous, nous avons toujours réussi à les arrêter, comme vous avons toujours réussi à battre nos ennemis »
Les yeux de Daenerys se durcissent devant la menace. À vrai dire, elle n'était sûre qu'elle en soit une. Leur air était trop... souriant et gentil pour sonner comme menace. Mais ne venaient-ils pas de parler de leur manière de battre leurs ennemis ? Elle décida donc de mettre les choses au clair : elle aussi savait battre ceux qui étaient contre elle. Même si les autres n'avaient pas l'air vraiment dangereux, autant prendre ses précautions.
(Elle était décidément vraiment trop naïve. Tous les autres sont dangereux)
« Ah vrai, ce n'était pas vraiment un incendie. Accidentel, du moins... » commença-t-elle, avant d'expliquer le sort qu'elle avait réservé à la ville.
Là, le regard des invités se remplirent de terreur. Bien, songea Daenerys. Tremblez, pauvres âmes. Tremblez, et ne vous attaquez jamais à moi.
Pourtant, ils firent exactement l'inverse. Car à l'horreur dans leurs yeux se mêla une étincelle résolue.
« Comment avez-vous pu faire cela ? » demanda l'un d'entre eux, attéré.
Comment, comment, comment ? C'était une question qui ne quittait jamais Daenerys.
Mais avant qu'elle ne réponde, un autre invité avait enchaîné :
« Ce n'est pas ainsi que l'on vainc ses ennemis. Le seul moyen de vaincre un ennemi, c'est de s'en faire un ami »
Daenerys ne put retenir un rire amer – mais dans quel monde vivaient-ils, ces fous rêveurs, pour croire une telle chose ?
« Nous sommes les bisournous » déclara alors fièrement l'un d'entre eux. « Et chez les bisounours, nous ne pouvons tolérer une telle chose. Alors Daenerys Targaryen, nous allons vous emmener chez nous un certain temps, que vous puissiez faire un stage de gentillesse. En attendant, certains d'entre nous resterons ici pour gouverner en votre absence »
« Saisissez-vous d'eux ! » ordonna la reine à ses gardes.
Mais aucun d'eux ne put bouger – les étrangers avaient crié « Par le pouvoir de l'amitié ! » et avaient vaincu de ce fait tous ceux qui avaient tenté de les arrêter.
C'est ainsi que Daenerys fut contrainte de suivre les Bisounours dans leur pays, et de supporter leur mièvrerie, tout en sachant, que de l'autre côté de la mer de l'ouest, ces espèces de boules de poil régnaient sur son royaume. À quoi celui-ci pouvait bien ressembler, avec des loques d'amour dégoulinant pareil ? Ils allaient lui détruire complètement.
(A vrai dire, c'était plutôt l'inverse tous les habitants respiraient de nouveau alors que les tensions étaient apaisées grâce au doux pouvoir des bisounours. Mais ça, Daenerys, enfoncée dans sa haine, ne pouvait le savoir – du moins, pas encore. Car personne, pas même la reine des dragons, ne pouvait résister au pouvoir de l'amour et de l'amitié)
Petit mot de fin : donc le défi, proposé par Leia sur le discord des défis galactiques : cap ou pas cap de placer les Bisounours sur le trône de fer ?
Comme j'ai jamais trop vu les bisounours, je me suis pas trop aventurée à développer sur eux, et puis... l'idée d'écrire un truc qui pourrait vous paraître sérieux pendant 900 mots tout en sachant qui était les fameux étrangers, bah ça me faisait rire toute seule (m'en faut pas beaucoup)
