Hey ! Je ne m'attendais pas à autant de retours aussi positifs, du coup pour me montrer à la hauteur de mes lecteurs (ceux qui m'ont écrit une review, c'est pour vous XD), j'ai écrit la suite tant attendue !

Warning: alcool (à boire avec modération, contrairement à Marcus)

Enjoy and review !

Equipe

Depuis six ans qu'il faisait du Quidditch, Marcus s'était habitué au trac. Les nausées, le vertige, les tremblement… il ne les avait pas ressentis depuis des années, à tel point qu'il avait oublié ce que « stresser » signifiait.

Visiblement, il avait aussi oublié que le trac s'accompagnait d'une nuit blanche, durant laquelle l'origine de son appréhension tournait en boucle dans sa tête, encore et encore.

Etendu dans son lit, Marcus passait en revue ses stratégies prévues pour le match, qui aurait lieu le lendemain après-midi. Il n'avait pas eu d'insomnie depuis des années, et voilà que sa dispute avec Olivier – Dubois, se corrigea-t-il mentalement – l'empêchait de dormir pendant une semaine.

Autrement dit, il était loin d'être en forme. Les reproches de ses coéquipiers ne l'aidaient pas le moins du monde. Dans son esprit, Warrington le blâmait pour l'énergie et la détermination nouvelles qui s'étaient emparés de l'équipe de Gryffondor, tandis que Malfoy lui conseillait de s'excuser auprès d'Olivier (Dubois !) avec des balais en chocolat de chez Honeydukes.

Je veux dormir… je suis fatigué, je n'ai pas dormi depuis une semaine, j'ai besoin d'énergie… alors pourquoi je n'arrive pas à dormir ?

Peut-être parce que les yeux verts d'Olivier (Dubois, par Salazar !), autrefois chaleureux et toujours animés par une étincelle de joie et d'amusement, lui apparaissaient désormais froids et méprisants, chaque fois qu'il fermait les paupières.

Au bout d'un moment qui sembla durer une éternité, Marcus décida d'abandonner l'idée de dormir, et d'aller s'entraîner tant qu'il en avait encore le temps.

XXX

Olivier se réveilla plus déterminé pour la finale de Quidditch qu'il ne l'avait été pour tous ses matchs précédents réunis. A la peur d'être le premier capitaine de l'histoire de Gryffondor à n'avoir jamais gagné la Coupe, s'ajoutait désormais l'envie – le besoin – de vaincre Flint.

Pour une fois, il n'eut aucun problème à manger son petit-déjeuner avant le match, et il força ses joueurs à faire de même, pour gagner de l'énergie. La simple vue de l'air déterré de Flint lui redonnait l'énergie nécessaire.

« Vous êtes prêts à défoncer les Serpentard ? » demanda-t-il à ses amis, avec un sourire réjouit qui lui semblait un peu forcé.

« Fred et moi, on s'entraînait déjà avant notre naissance ! » s'exclama Georges.

« Pour de vrai, en plus… notre pauvre mère… » soupira Fred.

« On s'est entraîné comme des fous pendant des mois, et avec tous les entraînements supplémentaires de la semaine dernière, je ne vois vraiment pas ce qui peut nous stopper ! » répondit Angelina. « Et puis… on est la meilleure équipe que Gryffondor ait connu depuis des décennies ! »

Olivier fit un sourire reconnaissant à sa coéquipière. Elle ferait une excellente capitaine après son départ. Il le voyait de plus en plus dans la manière dont elle s'adresser au reste de l'équipe, et dans la façon dont ils l'écoutaient, subjugués.

« Et toi, Harry ? Comment tu te sens ? » demanda Olivier, en se tournant vers le plus jeune de l'équipe.

« Malfoy ne va pas me voir venir ! » se vanta-t-il, avec un sourire féroce.

« C'est ce que je veux entendre ! » se réjouit Olivier. « Enfin, ce qui m'arrangerait le plus, c'est qu'il ne voit pas le vif d'or venir… »

L'équipe éclata de rire à sa blague. L'ambiance à la table des Gryffondor était bien plus joyeuse que chez leurs adversaires. Les joueurs de Serpentard n'avaient guère échangé plus de trois mots depuis leur arrivée.

Flint se tenait à l'écart du groupe et lançait parfois des regards pleins d'espoir à ses coéquipiers, ce à quoi ils répondaient généralement par un ricanement ou un regard noir.

Olivier ne pouvait s'empêcher de se demander si c'était à cause de lui – ou plus précisément, parce que Flint avait échoué à dérober ses stratégies pour le match.

Ne sois pas ridicule… C'est de sa faute, c'est lui qui a fait semblant d'être amical pour te poignarder dans le dos ! Il a joué, et il a perdu. Peu importe que ses soi-disant amis soient en colère contre lui. Ce n'est pas mon problème.

XXX

Si à table l'ambiance était lugubre et l'atmosphère tendue, dans les vestiaires, c'était encore pire. Marcus avait tenté de faire un discours d'encouragement, de rappeler les quelques nouvelles stratégies qu'ils avaient réussi à mettre en place, ainsi que les anciennes qui étaient traditionnelles chez Serpentard, mais il s'était fait rembarrer.

Merde, ça devient plus possible ! Je suis le capitaine, c'est moi qui prends les décisions, nom d'une feinte de Wronski !

« Ecoutez tous ! » s'écria-t-il, ce qui déclencha un brouhaha l'empêchant de continuer. Un sonorus fera l'affaire… « Sérieux, les gars, écoutez-moi. Je sais que j'ai merdé, mais ça ne devrait pas avoir un impact sur votre jeu ou sur vos qualités de vol. Vous avez été sélectionnés pour votre talent, vos réflexes, votre instinct… la stratégie, ce n'est qu'une infime partie du Quidditch ! »

Il avait au moins réussi à attirer leur attention. Ne restait plus qu'à les convaincre.

« Bletchley ! » s'exclama-t-il, faisant sursauter le gardien. « Ton principal atout est ta capacité à lire le langage corporel. Tu sais toujours quel anneau les poursuiveurs vont viser. C'est ton talent qui t'a permis d'être choisi comme gardien. »

Le visage de son ami regagna quelques couleurs, et il lui fit un signe de tête approbateur.

« Derrick et Bole ! » poursuivit-il. « Vous vous connaissez depuis des années… pas autant que les jumeaux, mais suffisamment pour être fusionnels sur le terrain. Vos talents sont complémentaires, vous devez juste penser à communiquer. »

Les deux batteurs se firent un check, qui se terminait par un coup de batte au son métallique.

« Malfoy ! » continua Marcus. « Je sais que tu n'as pas confiance en toi, que tu penses être d'un niveau en-dessous de celui de Potter. Ne me regarde pas comme ça, je sais que c'est vrai ! Mais la vérité, c'est que quand il n'est pas là, tu voles comme un dieu. Alors arrête de le mater et concentre-toi sur le vif ! »

Malfoy grommela quelque chose qui ressemblait à « je ne mate personne… », mais il ne pouvait cacher la pointe de rose sur ses joues, indiquant son embarrassement et sa fierté face au compliment.

Marcus se tourna ensuite vers Warrington et Montaigu, mais il n'eut pas besoin de faire leurs éloges.

« On sait qu'on est formidable, Marc' » dit Warrington.

« Ce dont on a besoin, c'est d'un leader. » renchérit Montaigu. « Il y a une raison pour laquelle les poursuiveurs sont toujours trois. »

« Dans ce cas… prêts à bouffer du lion ? » lança Marcus, un sourire naissant sur son visage.

XXX

La première chose qu'Olivier remarqua lorsque l'équipe de Serpentard arriva sur le terrain, c'était qu'ils avaient l'air en bien meilleure forme qu'au petit déjeuner. Entouré de ses joueurs – de ses amis, réalisa-t-il – Flint avait l'air heureux, bien plus qu'il n'en n'avait eu l'air avec lui.

Ce constat avait un étrange goût amer.

Le commentateur annonça les noms des joueurs, puis Mme Bibine demanda aux équipes de se mettre en position, et aux capitaines de se serrer la main.

« Prêt ? » demanda Flint, une expression indéchiffrable sur le visage.

« Prêt à te prouver que je suis digne de Charlie. » répondit Olivier.

« Tu crois vraiment que j'aurais besoin de voler tes stratégies si ce n'était pas le cas ? »

Hein ?

Olivier voulut lui demander ce qu'il voulait dire par là, mais Bibine ne lui en laissa pas le temps.

Après cela, chaque fois qu'il croisa Flint – autrement dit lorsque le Serpentard tentait de marquer un but –, il avait toujours l'air concentré, et ne prêtait aucune attention à Olivier. Il a raison… ce n'est pas le moment de régler mes comptes. Concentre-toi sur le match, Olivier !

Jamais Poudlard n'avait vu de match comprenant autant de fautes, de coup bas, de violence de la part des deux équipes. Les batteurs visaient les joueurs pour les blesser, les poursuiveurs se fonçaient dedans en se servant du souaffle comme d'une arme. Harry et Malfoy se tournaient autour, tels deux rapaces cherchant la même proie.

Olivier dut plusieurs fois laisser passer le souaffle pour éviter un cognard qui menaçait de l'assommer, mais il était rassuré de voir que Bletchley souffrait du même problème. Fred et Georges semblaient avoir adopter la méthode de Derrick et Bole – viser la tête de l'ennemi le plus proche, sans se soucier des conséquences. Les poursuiveurs se fonçaient dessus, se faisaient des queues de poisson, n'importe quelle méthode était bonne pour ralentir l'adversaire.

Il le regrettait presque. Un match fair-play était certes moins palpitant, mais il restait plus amusant.

Ce n'est pas le moment de s'amuser ! C'est ma dernière chance de gagner la Coupe ! Qu'est-ce que j'en ai à foutre, de la tête de chien battu de Marcus ? Il mit un temps à réaliser qu'il l'avait appelé par son prénom au lieu de son nom, et encore plus à comprendre en quoi c'était un problème.

Les cris de Jordan le ramenèrent au présent. Il devait absolument se concentrer sur les poursuiveurs adverses – et pas seulement sur leur capitaine.

Marcus – Flint, nom d'un dragon ! – se dirigeait vers lui, souaffle à la main, et le champ libre pour tirer dans le cercle de droite. Olivier se prépara à plonger, avant de remarquer le coup d'œil que Marcus jeta au cercle de gauche.

Il fit mine de n'avoir rien vu, et lorsque Marcus feinta à droite, il se préparait déjà à l'arrêter à gauche, surprenant ainsi son adversaire. Il s'attendait à recevoir un compliment du commentateur, mais l'attention du public était ailleurs – sur les deux attrapeurs.

« Potter attrape le vif d'or ! Fin du match et victoire de Gryffondor ! » s'écria Lee Jordan. « Gryffondor gagne la Coupe ! »

Les supporters des rouges et or hurlèrent de joie, alors qu'Harry entamait un tour d'honneur à travers le stade, entouré de l'équipe.

« Bien joué… » marmonna Flint, si bas qu'Olivier crut qu'il avait rêvé.

Reléguant le Serpentard au fin fond de son esprit, le capitaine partit rejoindre son équipe pour célébrer la victoire.

XXX

Pendant un court instant, Marcus crut – ou plutôt, il espéra – que son équipe le pardonnerait et qu'ils affronteraient cette défaite ensemble.

Les regards froids et meurtriers de ses coéquipiers le ramenèrent sur terre. Il avait foiré, et son équipe, pire, sa maison, en avait payé le prix. Si seulement il avait passé plus de temps à travailler les stratégies de son équipe au lieu de convoiter celles de leurs adversaires…

« Nous n'aurions pas gagner non plus. »

« Hein ? »

Bletchley le regardait, avec un mélange de tristesse et de déception – étrangement, ses émotions ne semblaient pas être dirigées contre Marcus, mais plutôt contre lui-même.

« Les meilleures stratégies de Quidditch n'auraient pas empêché Potter d'attraper le vif d'or, ni les Weasley de nous envoyer des cognards, ni Bell, Spinnet et Johnson de marquer des buts, ni Dubois de stopper les nôtres. » continua Bletchley.

« Tu veux dire que nous avons perdu parce que leur équipe est meilleure que la nôtre ? »

« Mais rassure-toi, on reste meilleur que Poufsouffle et Serdaigle… »

« Ce qui me rassurerait, c'est une bouteille de whisky-pur-feu. » répliqua Marcus.

« Ça leur passera. Malfoy est trop malin pour s'énerver contre un sorcier avec un nom et une réputation, Derrick et Bole sont trop stupides, Montaigu a trop mal joué pour te faire des reproches, et Warrington… il changera d'avis. »

Sauf que Warrington ne changea pas d'avis – de moins, pas durant la soirée organisée par les Serpentard pour leur remonter le morale (à grand coup de bouteilles de whisky). Au contraire, il s'amusait follement en humiliant Marcus par tous les moyens possibles et imaginables.

Heureusement, grâce à la quantité d'alcool qu'il ingérait, il n'en n'aurait aucun souvenir le lendemain.

XXX

La fête organisée par Gryffondor était mémorable. Olivier n'avait pas vu sa maison aussi heureuse et solidaire depuis des années – en fait, il n'était pas sûr de l'avoir déjà vu dans cet état-là du tout. Des silencio empêchaient les professeurs d'entendre la musique, et la bièraubeurre coulait à flots. Les élèves dansaient, rigolaient, buvaient, et les joueurs de Quidditch recevaient une attention particulière.

C'est probablement la raison pour laquelle il se servit de la première excuse possible pour s'éclipser.

Olivier avait beau aimer les foules de spectateurs, il n'avait qu'une faible tolérance pour les fêtes, surtout avec autant d'élèves présents. La musique était trop forte, la bièraubeurre lui donnait envie de vomir, et les regards admirateurs le terrorisaient.

« Ça va ? » demanda Percy, visiblement inquiet. « Tu n'es pas obligé de rester, si tu ne te sens pas bien. C'était une longue journée, tout le monde comprendrait que tu sois fatigué… »

« Je vais plutôt aller prendre l'air. Je n'arriverai jamais à dormir, de toute façon. » répondit Olivier, avec un sourire exaspéré. « Merci, Perce. »

Le changement d'ambiance entre la salle commune et le couloir lui fit l'effet d'une gifle. Le château était froid, sombre, silencieux. Le rêve, pour quelqu'un qui voulait échapper à une fête.

Olivier déambula pendant un moment à travers les différents étages, sans but précis. Les patrouilles de professeur étaient faciles à éviter, en particulier à deux heures du matin. Vraiment, il n'aurait pas dû être surpris que ses pas l'amènent à un endroit précis.

La salle 110, ancienne salle d'étude désormais abandonnée.

Pris de nostalgie, Olivier entra dans la salle, en s'attendant à la trouver vide et poussiéreuse.

Sauf qu'à l'intérieur de la salle, assis sur le sol, en-dessous de la fenêtre, se trouvait Marcus Flint. Et vu son air hagard, ses mains tremblantes et son haleine, il souffrirait d'une dure gueule de bois le lendemain matin – enfin… plus tard dans la matinée.

« Flint ? » lâcha Olivier, choqué. « Qu'est-ce que tu fais là ? »

Le regard de Flint se fit immédiatement plus lucide. Peut-être n'était-il pas si torché que ça, finalement.

« Et toi ? T'es pas en train de faire la fête ? » répliqua-t-il, d'une voix hargneuse. « T'es venu te vanter, c'est ça ? »

« Flint… »

« Tu voulais prouver que t'es mille fois meilleur que Weasley ? que t'es mon rival de Quidditch ? Eh bah devine quoi… t'es le pire rival de l'histoire des rivals… non, des rivaux… »

Ok, il était quand même assez bourré. Plus il parlait, plus il bredouillait et cherchait ses mots. Olivier se demanda ce qu'il était sensé faire. Aller chercher un professeur ? une potion contre la gueule de bois ? ou un verre d'eau ?

Le verre d'eau semblait être une bonne idée. Semblait, seulement. Marcus le lui renvoya à la figure, comme s'il l'avait gravement offensé. Alors qu'Olivier était celui qui aurait dû être offensé. Mais comme il était le seul à être sobre, il passa outre et se laissa tomber à côté du Serpentard.

« C'est quand même toi qui t'es introduit dans ton vestiaire pour voler mes stratégies… » grommela Olivier.

« Tes stratégies sont les meilleures… » répliqua faiblement Marcus. Il n'avait pas l'air de réaliser ce qu'il sous-entendait. « Comment je peux rivaliser, moi, face à tes stratégies ? »

Marcus attendait une réponse, mais l'esprit d'Olivier s'était entièrement vidé. Alors comme ça, il pense que mes stratégies sont meilleures que les siennes ?

« Alors ? Dis-moi ! » s'impatienta Marcus. Il ressemblait à un enfant de cinq ans, ce qu'Olivier avait de mal à ne pas trouver adorable. « Tu es un… un… un génie de stratégie ! Comment ça s'appelle, déjà ? »

« Un stratège… » murmura Olivier.

« C'est ça ! Un stratège ! » se réjouit-il. « Alors que moi… je suis un troll. »

« Mais non ! Toi, tu es une andouille. » rectifia Olivier, alors qu'un faible sourire naissait sur ses lèvres. « Une andouille de troll… »

« Eh ben… t'es une princesse stratège, alors ! »

« C'est parce que tu avais peur de perdre que tu voulais voler mes stratégies ? » demanda Olivier, même s'il connaissait déjà la réponse.

« … Ouais. »

« Et c'est pour ça que tu t'es rapproché de moi ? »

« Non. »

« Non ? »

« C'est pour ça que j'ai proposé l'entraide. » concéda-t-il. « Mais je me suis rapproché de toi parce que… euh… »

Marcus fronça les sourcils, et Olivier comprit qu'il était réellement en train de chercher.

« Parce que t'es toi ! Voilà ! »

Marcus avait l'air véritablement satisfait de sa réponse vague et floue. Pourtant, malgré son étrangeté, Olivier avait l'impression de comprendre.

« Ouais. Moi aussi, je me suis rapproché de toi parce que t'es toi. »

Alors qu'Olivier cherchait une solution pour ramener Marcus à son dortoir, quelqu'un frappa à la porte. Le Gryffondor se releva immédiatement, peu désireux d'être trouvé avec son rival bourré après sa victoire.

« Marcus ? T'es là, vieux ? » demanda une voix qu'il identifia comme celle de Bletchley. « Y a quelqu'un d'autre avec toi ? J'ai entendu des voix… »

Olivier soupira, puis ouvrit la porte au gardien de Serpentard.

« Je l'ai trouvé dans cet état… qu'est-ce que vous lui avez fait boire ? » demanda-t-il, en essayant d'avoir l'air impressionnant.

« Warrington a trouvé de la vodka tord-boyau, je ne sais pas comment. » répondit Bletchley, pas impressionné pour deux sous. « Je vais le ramener au dortoir. »

« Besoin d'aide ? » proposa Olivier, même s'il n'avait qu'une seule envie : retourner dans son lit.

« Merci mais ça ira. »

Traduction : l'entrée de la salle commune de Serpentard est un secret gardé pendant des siècles, que je ne vais pas dévoiler au premier Gryffondor venu. Ce qui était plutôt compréhensible. En tout cas, Olivier aurait réagi de la même manière.

C'est pourquoi il n'insista pas et que, après avoir murmuré un « au revoir, andouille » à Flint, que Bletchley fit mine de ne pas avoir entendu, il retourna dans sa salle commune.

Il découvrit en arrivant que son souhait s'était exaucé : Sirius Black avait pénétré le château et attaqué Ron Weasley avec un couteau. Trop fatigué pour s'intéresser à l'évènement, Olivier alla directement se coucher, non sans prévenir Percy de son retour. Pas besoin d'inquiéter son ami outre-mesure.

XXX

Depuis la défaite des Serpentard, Marcus faisait profil bas. Warrington avait arrêté de lui lancer des maléfices dans le dos devant tout le monde, ses camarades ne le blâmaient plus pour la perte de la Coupe… En apparence, tout allait bien.

Sauf que le match avait eu lieu deux semaines auparavant, et qu'Olivier ne lui avait toujours pas adressé la parole, depuis cette fameuse nuit où Marcus avait agi comme un gamin de cinq ans devant son rival.

Il ne gardait de cette nuit que quelques souvenirs – tous hautement embarrassant, comme lorsqu'il s'était auto-insulté de troll. Et qu'il avait complimenté Olivier, en l'appelant « stratège ». Maintenant qu'il y pensait, il l'avait aussi traité de princesse, donc ils étaient quittes.

« Prêt pour les Aspics ? » demanda Bletchley, la veille de leur premier examen.

« Aussi prêt que l'année dernière. »

« Donc pas du tout. »

« Absolument pas. Je vais mourir. Meurs avec moi, Bletchie ! »

« Si tu arrêtes de m'appeler Bletchie, peut-être que je considérerai la possibilité de t'aider à mourir. »

« Aucune chance, Bletchie. »

Bletchley était à peu près le seul membre de sa maison qui ne le regardait pas avec mépris chaque fois qu'il entrait dans la salle commune – premières et deuxièmes années mises à part – et, aditionellement, son seul ami.

Ils révisaient ensemble pour les Aspics – actuellement, la Métamorphose, qu'ils passaient le lendemain – et Marcus essayait tant bien que mal de lui donner les mêmes conseils qu'Olivier, sans franc succès. Bletchley était, heureusement, plutôt calé en Métamorphose.

« Toujours rien du côté de la princesse ? »

Lorsque Marcus avait, par erreur, utilisé le surnom d'Olivier, Bletchley l'avait immédiatement adopté, et s'en servait pour parler du Gryffondor sans que les gens autour ne le sachent. Dit comme ça, il avait l'impression d'être une gamine de troisième année, inventant des surnoms pour son crush avec ses meilleures amies. Sauf, bien entendu, qu'Olivier n'était pas son crush.

« Rien. »

« En même temps… tu ne t'es toujours pas excusé. » fit remarquer son ami. Ses lunettes de lecture, plus le sujet de la discussion, le faisaient ressembler à un psychomage.

« Tu dis ça comme si je n'avais pas essayé ! Il s'enfuit dès que je m'approche… » bougonna Marcus, les bras croisés.

Plongé dans ses fiches de révisions, qui devenaient plus compliquées à comprendre au fur et à mesure que la quantité de couleurs différentes augmentait, Marcus n'entendit pas Bletchley partir, pas plus qu'il n'entendit quelqu'un d'autre arriver.

« Excuse-moi, je peux t'emprunter de l'encre ? »

La voix d'Olivier, en revanche, lui fit relever la tête en sursaut.

« Oh, c'est toi. » réalisa le Gryffondor.

Ils se regardèrent un instant, médusés, avant que la question d'Olivier n'atteigne le cerveau de Marcus, qui se mit à rire nerveusement. La bibliothèque était vide, ils étaient les seuls à être encore en train de travailler. Et Olivier avait besoin d'encre. La situation était étrangement familière.

« Tiens… » marmonna-t-il, en tendant sa bouteille d'encre à Olivier. « J'avais fini, de toute façon. »

Il allait ranger ses affaires, mais Olivier l'arrêta d'un geste.

« Tu peux rester, si tu veux… j'étais en train de réviser la DCFM, Merlin sait que j'en ai besoin… »

Cela ressemblait à une blague, aussi Marcus laissa échapper un rire. Olivier hésita une seconde, avant de décider que c'était un rire sincère et pas un ricanement moqueur.

« Tu ne devineras jamais ce que je suis en train de réviser… » dit Marcus.

« Probablement les potions… » répondit Olivier.

« Merlin sait que tu en as besoin ! » s'exclamèrent-ils d'une même voix, avant d'éclater de rire.

« C'est drôle… je me disais justement que j'aurai besoin d'aide, et que Bletchley est parti… » dit Marcus.

Olivier dut le prendre comme une invitation à s'assoir, car il ramena ses affaires et s'installa en face du Serpentard. Ils travaillèrent pendant encore deux heures, dans un silence à la fois pesant et relaxant. Peut-être parce qu'ils n'étaient pas sûrs de la conduite à adopter.

« Dis… t'aurais pas un conseil à me donner pour la Métamorphose demain ? » demanda Marcus, qui commençait à paniquer devant la quantité de fiches de révisions qui s'étalaient devant lui.

Olivier écarquilla les yeux de surprise, avant de sérieusement réfléchir à la question.

« Comme je te l'ai dit il y a un mois, la clé de la Métamorphose, c'est la visualisation. Tu dois te représenter l'objet dans ses moindres détails. La taille, la texture, la couleur, les motifs… et si c'est un être vivant, pense à inclure l'organisme en entier, organes compris. »

« Visualiser… » répéta Marcus.

« Avant de marquer un but, qu'est-ce que tu fais ? »

« Je… me représente la trajectoire… ? Oooh… »

Ils échangèrent un sourire complice, et Olivier rougit.

Il rougit.

Marcus reprit immédiatement ses esprits. Ce n'était pas normal. Ils étaient des rivaux, des ennemis même. Ils se détestaient depuis leur première rencontre, se haïssaient depuis leurs nominations respectives au poste de capitaine.

Alors pourquoi, au nom des quatre fondateurs, Olivier était-il en train de rougir ?

« Il faut que j'y aille. » déclara-t-il, avant de prendre la fuite, son sac et ses cours flottant derrière lui.

« Mais… Marcus ! »

L'utilisation de son prénom lui fit l'effet d'une douche froide, encore pire que le rougissement. Marcus se précipita en-dehors de la bibliothèque, en prenant garde à ne pas regarder derrière lui. Il n'était pas sûr de retrouver le chemin de sa salle commune s'il croisait les yeux verts suppliants d'Olivier. Non… les yeux de Dubois.

XXX

Olivier s'étira sur sa chaise, incapable de retenir un bâillement. Il en profita pour jeter un coup d'œil aux autres élèves. Les septièmes années étaient tous rassemblés dans la Grande Salle, chacun assis à un pupitre, pour l'examen écrit de Sortilège.

Sortilège était, en plus d'être leur dernier examen, le seul auquel tous les élèves de septième année participaient. Rares étaient ceux à abandonner la matière la plus utile du programme, et ceux qui le faisaient se dirigeait généralement vers une voix administrative – et franchement, qui rêvait de passer sa vie dans un bureau ? Personne.

Percy, assis à l'autre bout de la salle, se retourna au moment où Olivier regardait dans sa direction, et ils échangèrent un regard signifiant « Un galion que j'ai mieux réussi que toi », avant de se replonger dans leurs copies.

Olivier essayait surtout d'oublier la présence écrasante de Marcus, à quelques rangées de lui. Les élèves avaient beau être assis par ordre alphabétique, il y avait un léger espace autour du Serpentard, qui impressionnait même ses propres camarades.

Il avait passé la semaine à essayer de comprendre la réaction de Marcus, à la bibliothèque. Ils s'amusaient bien, puis tout à coup… il était parti, comme ça. Et Olivier ne savait pas si c'était parce qu'il avait fait quelque chose de mal, ou parce qu'il avait véritablement un truc urgent à faire.

Depuis, chaque fois qu'il essayait de lui parler, Marcus s'enfuyait. Olivier en venait presque à regrette de lui avoir fait subir la même chose pendant deux semaines.

Peut-être qu'il est juste débordé avec les Aspics et qu'il n'a pas le temps de te parler… Ou alors il n'a jamais voulu que vous vous réconciliez – après tout, il ne s'est pas excusé – et il avait prévu de t'éviter jusqu'à la fin de l'année pour ne plus jamais avoir besoin de te croiser.

« Impossible… » murmura Olivier, s'attirant un regard noir de ses voisins. « Non, c'est impossible, il ne peut pas me faire ça ! »

Sa voix s'était élevée, et plusieurs élèves le regardaient désormais avec un mélange d'incompréhension et d'exaspération.

« Silence ! » s'écria le surveillant.

« Pardon… » marmonna Olivier, les joues rouges.

Il croisa alors le regard surpris de Marcus, qui se trouvait suffisamment proche de lui pour l'avoir entendu. Les joues brûlantes, il se relongea tant bien que mal dans son examen, et ne prononça plus un mot jusqu'à la fin.

XXX

Marcus avait réussi l'exploit de ne pas adresser la parole à Olivier jusqu'à la fin de l'année, soit une semaine après les examens. Il l'évitait dans les couloirs, ignorait ses mots en papier pendant les cours, refusait d'en parler à Bletchley, et surtout, il essayait d'oublier le regard frustré qu'il avait eu pendant l'examen de Sortilège.

Son visage empli de confusion, ses joues rouges, sa gêne apparente venaient le hanter dans ses rêves, à tel point qu'il était heureux d'être le premier à se réveiller dans son dortoir. Et de ne pas parler en dormant.

« Hey, Marc' ! » s'exclama Bletchley, en se relevant sur son lit. « C'est notre dernière nuit ici, tu te rends compte ? »

« Fantastique ! Tu veux faire une soirée pyjama ? » rétorqua Marcus, de son plus beau ton sarcastique.

« Tu vas aller à la fête chez Pucey, la semaine pro ? »

« Tu me demandes si je vais volontairement aller à un rassemblement de tous les crétins que je vais enfin ne plus avoir à supporter vingt-quatre heures sur vingt-quatre ? »

« J'ai dit "volontairement", tu es sûr ? »

Marcus lui envoya un coussin à la figure.

« Oh ! Bataille de polochon ! » s'écria Bletchley, en souriant comme un gamin le jour de Noël.

A force de persuasion – et d'oreillers lancés à la figure – il convainquit le reste du dortoir à se joindre à la bataille. Marcus avait beau se sentir à l'écart parmi eux, à cause de son redoublement, il devait admettre que ses camarades de chambre n'étaient pas désagréables. Et comme il n'avait aucunement l'intention de revenir l'année suivante, il fit son possible pour profiter de sa dernière nuit avec eux.

Le lendemain, dans le Poudlard Express, il attendit qu'Olivier soit entré dans un compartiment pour se trouver une place à l'opposé du train, avec des premières années qui le regardaient comme s'il était le Seigneur des Ténèbres en personne.

Ce ne fut qu'en ouvrant sa valise, une fois rentré chez lui, qu'il trouva la lettre.

Cher Marcus Flint,

Je ne sais pas vraiment pourquoi j'écris cette lettre, ni même si je vais te l'envoyer. Ces derniers temps, je ne suis plus sûr de rien, si ce n'est que tu es le responsable de ma confusion.

J'aimerai savoir pourquoi tu es parti si brusquement, ce soir-là, dans la bibliothèque. Et en même temps, j'ai peur de découvrir la réponse.

Vois-tu, le problème c'est que je ne comprends absolument rien à… et bien… à toi. D'abord, nous nous sommes détestés pendant presque sept ans. Puis tu m'as proposé cette « entraide » et, du moins, j'en ai eu l'impression, nous nous sommes rapprochés.

Je pense que je m'attendais à moitié à ce que tu te rapproches de moi pour me poignarder dans le dos ensuite. Non seulement parce que tu es Serpentard et que ta maison ne fait jamais rien sans une bonne raison, mais aussi parce que c'était… trop beau pour être vrai.

Donc, après m'avoir trahi – si on considère que c'est une trahison – je m'attendais à ce que tu retournes avec tes amis et que tu recommences à me détester, comme avant.

Sauf que tu as essayé de t'expliquer, de t'excuser, de te faire pardonner, et ce pendant deux semaines, sans que je ne te laisse t'approcher de moi. Et au moment où je décide de te laisser une chance, tu te fermes et tu m'évites.

Sérieusement, je suis complètement perdu. Alors, même si j'ai peur de la réponse, je vais te poser la question qui me taraude depuis deux semaines.

Etais-tu sincère ?

Un peu vague, je sais. Surtout pour une andouille telle que toi. Mais je pense que tu comprends ce que j'essaye de te demander.

Si la réponse est celle que j'espère, penses-tu que nous pourrions nous retrouver au Chaudron Baveur, à midi, une fois que nos résultats aux Aspics seront arrivés ? J'aimerai qu'on les découvre ensemble. J'espère d'ailleurs que tu t'es souvenu de mon conseil en Métamorphose…

A bientôt, j'espère.

Olivier Dubois

Marcus n'était pas prêt pour le tourbillon d'émotions qui l'assaillit aussitôt la lettre terminée. Un mélange de choc, d'amusement, de tristesse, et par-dessus tout, d'espoir. Peut-être que tout n'était pas perdu, au final.

Son seul problème était qu'il n'avait pas la réponse attendue par Olivier.

Etais-tu sincère ?

Bien sûr qu'il l'était, c'était pour ça qu'il avait passé deux semaines misérables en son absence. Mais ça, c'était avant de se souvenir de qui il était : le capitaine de Serpentard, un sang-pur originaire d'une famille de joueurs de Quidditch, qui mettait la victoire sur un piédestal. Olivier, lui, était le capitaine de Gryffondor, et un sang-mêlé qui avait découvert le Quidditch en arrivant à Poudlard.

Etais-tu sincère ?

Excellente question. J'imagine qu'il me reste quelques semaines pour le découvrir, avant que les résultats n'arrivent.

XXX

Olivier arriva au Chaudron Baveur avec une demi-heure d'avance. Il n'avait pas reçu de réponse de Marcus, mais quelque chose – de l'espoir, sans doute – lui disait qu'il viendrait. Alors pour être sûr d'être à l'heure, il avait transplané en avance.

« Vous êtes prêt à commander ? » lui demanda Tom, le chef de l'établissement.

« Euh… j'attends quelqu'un, mais je ne suis pas sûr qu'il vienne… » bredouilla Olivier.

Tom leva un sourcil, avant de hausser les épaules et de passer aux clients suivants.

Au bout d'un quart d'heure, n'y tenant plus, Olivier commanda une bièraubeurre pour se calmer – et pour ne pas se faire virer du restaurant. L'enveloppe contenant ses résultats était lourde dans sa poche, elle lui brûlait la peau à travers le tissu. Il avait à la fois hâte et peur de découvrir ce qu'elle contenait. S'était-il correctement souvenu des conseils de Marcus en DCFM ? Rien n'était moins sûr.

Une fois midi passé, il commença à trembler de manière incontrôlable. Dans sa tête tourbillonnait un milliard de questions, de la plus effrayante à la plus stupide.

Et s'il ne vient pas ? était la question qui revenait le plus souvent. Il ne savait pas ce qu'il ferait si Marcus lui posait un lapin. Et en même temps, il avait l'impression de s'y être préparé, après ses trois semaines d'attente sans réponse.

Et s'il vient ? se demanda-t-il, cette pensée soudainement terrorisante, au moment-même où Marcus entrait dans le Chaudron Baveur.

« Salut… » dit Marcus, en s'asseyant en face de lui.

« Salut, ça va ? » demanda Olivier, en essayant d'avoir l'air normal.

« Ça va. »

Merlin c'est gênant… qu'est-ce que je suis sensé faire ? Ce n'est pas comme s'il avait répondu à ma question et que je connaissais son était d'esprit…

« Tu… euh… tu veux commander quelque chose ? » proposa-t-il.

Marcus hocha la tête et le silence retomba, lourd et embarrassant, jusqu'à ce que leurs commandes arrivent sur la table.

« Oui. » dit Marcus, au milieu du repas, alors qu'Olivier n'avait rien demandé.

« Hein ? »

« La réponse à ta question… c'est oui. »

Ma question ? Oh… sur sa sincérité ? La réponse que j'attends depuis des semaines ?

Ne sachant que répondre, Olivier embraya sur un autre sujet, qui comportait moins de risque de recevoir un maléfice.

« Alors, on regarde les résultats ? » dit-il, en sortant son enveloppe.

Marcus sortit sa propre enveloppe, et Olivier eut le plaisir de remarquer qu'elle n'avait pas été ouverte, signe qu'il voulait lui aussi qu'ils découvrent leurs résultats ensemble.

« On échange ? » suggéra Marcus.

« Si tu commences par les matières que j'ai réussies… »

Marcus pouffa de rire – surprenant Olivier au passage – et ouvrit l'enveloppe. Son sourire narquois devint admiratif au fur et à mesure qu'il lisait les notes.

« Optimal en Métamorphose, Sortilège et Soin aux Créatures Magiques Effort Exceptionnel en DCFM – hum, pas mal – et Acceptable en Potion, Histoire de la Magie et Etude de Runes. » lista Marcus, avant d'émettre un sifflement admiratif. « Et moi ? »

« Laisse-moi voir… Optimal en DCFM, Effort Exceptionnel en Potion, Histoire de la Magie et Astronomie – oh, je ne savais pas que tu avais pris Astronomie ! – et Acceptable en Métamorphose et Sortilège. » déclara-t-il, aussi fier que si ces résultats avaient été les siens.

« Est-ce qu'on ne serait pas un peu des génies ? » plaisanta Marcus, en lisant ses résultats avec satisfaction.

« Non, andouille… Toi, t'es un troll ! »

« Ferme-là, princesse ! »

Olivier lui donna un coup de pied, ce à quoi Marcus répondit par un « Aïe ! » qui les fit éclater de rire, le malaise enfin dissipé.

Ils discutèrent de tout et de rien, avant que Marcus ne se décide enfin à aborder le sujet. Autant dire qu'ils tournèrent autour du pot pendant quasiment tout le repas. Pour Olivier, cela signifiait juste que le stress montait en flèche, au lieu de redescendre avec leur rapprochement.

« A propos de ta lettre… Je n'ai pas répondu parce que je n'étais pas sûr de pouvoir répondre à ta question… en fait, je crois que je ne l'ai su qu'en te voyant ici. » avoua-t-il.

« Et ? »

« Comme tu l'as dit… on s'est détesté pendant des années, à cause de notre rivalité. Passer d'ennemis à… amis, c'est tellement… stressant ! J'avais peur de la réaction des autres, peur des conséquences, peur que mes parents l'apprennent… J'ai laissé la peur dicter mes actions, et pour ça, je suis désolé. » dit-il, le bout de ses oreilles légèrement rouge. « Oh, et je suis désolé pour… euh… »

« Pour les stratégies ? »

« C'est ça. Je crois te l'avoir dit, quand j'étais bourré – désolé pour ça, aussi – mais c'était mon plan au départ. Je ne m'attendais pas à… enfin je ne pensais pas que… »

Il s'interrompit, visiblement frustré de ne pas réussir à mettre des mots sur ses émotions. Olivier finit par avoir pitié de lui, et prit le relai.

« Pourquoi l'avoir quand même fait, dans ce cas ? »

« C'était une semaine avant le match, mon équipe ne comprenait pas pourquoi je n'avais toujours pas de stratégie à présenter, et… j'ai pensé à ma maison qui comptait sur moi pour gagner la coupe, au professeur Snape qui me remercie toujours parce que c'est l'objet qu'il préfère dans son bureau, et mes parents qui voulaient absolument que je gagne, parce qu'il faut toujours que je sois le meilleur en Quidditch… »

« Je comprends, je crois. Tu avais peur de décevoir ta famille, tes amis, ta maison et ton professeur… alors tu as mis tes propres sentiments de côté. »

« Hum… oui ? »

« Quel soulagement ! » s'exclama Olivier.

Ce n'était pas une mascarade, au final. Marcus avait fait un choix, qui lui avait coûté autant qu'à lui. Tout ce temps où Olivier avait crû s'être fait avoir comme un pigeon, Marcus le passait à s'en vouloir d'avoir fait le mauvais choix.

Le Serpentard s'était figé en entendant sa réaction.

« Marcus ? Qu'est-ce qui t'arrive ? »

« Tu ne m'en veux pas ? » demanda-t-il, l'air choqué.

« Laisse-moi réfléchir… si tu me payes un sorbet chez Fortarôme, je ne t'en voudrais plus ! »

« Tout pour ma princesse préférée ! » accepta Marcus, avec un clin d'œil.

L'ex-Serpentard alla encore plus loin, en lui payant le repas. Ils quittèrent le Chaudron Baveur et se rendirent chez Florian Fortarôme, où Olivier ne se gêna pas pour prendre un sorbet taille géant, avec un mélange de ses parfums préférés.

Ce n'est qu'une fois assis face à Marcus, à une table bien plus étroite que celle du Chaudron Baveur, qu'il réalisa que le repas avait tout l'air d'un rencard. L'idée le fit rougir encore plus qu'un clin d'œil de Marcus.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » s'inquiéta Marcus.

« Rien, rien… » marmonna Olivier, en se concentrant sur son sorbet.

Marcus leva un sourcil, mais ne le contredit pas. Heureusement, car Olivier ne se sentait pas de lui expliquer qu'il considérait désormais leur repas comme un rencard – il ne le faisait même pas volontairement, c'était juste son subconscient qui le forçait à voir les choses de cette manière.

« Alors… qu'est-ce que tu vas faire, maintenant que t'as enfin fini Poudlard ? » demanda Olivier, en espérant que son changement de sujet ne serait pas trop évident.

« Je pensais essayer quelques équipes de Quidditch, pour devenir poursuiveur remplaçant, et me trouver un job à temps partiel. Toi ? »

« J'ai peut-être été repéré par un agent pendant notre dernier match… »

« Sérieux ? Quel club ? »

« Je préfère garder la surprise… » dit Olivier en essayant d'avoir l'air mystérieux. Vu le regard moqueur de Marcus, c'était encore raté.

« Dis plutôt que tu veux éviter l'humiliation de ne pas être pris et que tout le monde soit au courant ! »

Olivier fit la moue, ce qui, avec un peu de chance, ne le faisait pas ressembler à un gamin. Marcus murmura quelque chose qui ressemblait à « adorable », et qui, pour une fois, les fit autant rougir l'un que l'autre.

Au final, Olivier ne savait toujours pas s'il devait considérer ce rendez-vous comme un rencard, mais si c'était le cas, c'était probablement le meilleur rencard de sa vie.

XXX

Marcus fonça vers l'anneau du milieu, avant de faire un écart au dernier moment et de viser à gauche, prenant son adversaire par surprise. Olivier était, jusqu'à présent, le seul gardien à n'être pas tombé pour sa feinte.

Ils s'étaient revus plusieurs fois depuis ce qu'Olivier appelait leur « réconciliation », et à chaque fois Marcus était rentré chez lui à la fois comblé et frustré. Lui, le troll de Serpentard, effrayant même pour ses propres camarades, était actuellement frustré de ne pas réussir à avouer ses sentiments à son ancien rival.

« Votre attention, tout le monde ! » appela le coach du Club de Flaquemare, Philbert Deverill. « Maintenant que vous êtes tous passé, je vais discuter de vos performances avec l'équipe, et je recontacterai les deux chanceux qui intégreront l'équipe remplaçante de poursuiveur ! »

Marcus redescendit sur le terrain et se dirigea vers les vestiaires, ne s'arrêtant que pour saluer le coach, qu'il connaissait grâce à son père. Les traître-à-leur-sang avaient beau dire, les relations entre sang-purs faisaient des miracles.

La lettre qu'il reçut deux jours plus tard, annonçant qu'il était désormais membre du Club de Flaquemare, ne fut donc pas une surprise. Il était, de toute façon, l'un des meilleurs du lot, avec deux ou trois autres sorciers qui n'auraient aucun mal à trouver une place ailleurs.

Ce qui l'étonna, en revanche, fut le nom d'Olivier Dubois dans la liste des membres du Club, jointe à la lettre.

« Ne me dites pas que… » on a été sélectionnés pour la même équipe ?

Désireux de ne pas voir mourir l'espoir qui naissait dans sa poitrine, Marcus transplana devant l'appartement qu'Olivier partageait avec Percy Weasley, et sonna frénétiquement à la porte.

« J'arrive ! » cria une voix, puis la tête de Weasley apparut dans l'encadrement de la porte. « Flint ? T'es là pour Olivier ? »

« C'est urgent, Weasley ! » s'exclama Marcus.

« Peu importe, je dois filer, de toute manière. » marmonna Weasley, avant d'attraper une veste et de transplaner.

Marcus, laissé seul sur le seuil de la porte, n'eut pas d'autre choix que d'entrer dans l'appartement – pour la toute première fois. D'habitude, il retrouvait Olivier sur le Chemin de Traverse. L'intérieur était chaleureux, quoique un peu trop rouge pour Marcus (qui vivait, bien évidemment, dans un appartement entièrement décoré de vert).

« Olivier ? » appela-t-il.

Il entendit une suite de juron, de bruits sourds, puis Olivier sortit de la douche, vêtu d'un short en jean et d'un t-shirt blanc bien trop moulant au goût de Marcus. Les moldus s'habillaient de manière étrange, comme s'ils n'avaient aucune pudeur.

Maintenant qu'il y pensait, Olivier ne devait pas avoir de pudeur non plus, car il n'avait pas l'air de comprendre pourquoi Marcus rougissait.

« Qu'est-ce qui se passe ? »

« Tu fais partie du Club de Flaquemare ? »

« Oui, mais comment tu as deviné… ? »

Marcus leva sa lettre d'admission, un grand sourire naissant sur ses lèvres. Il ne croyait pas avoir été déjà aussi heureux de toute sa vie. Le visage d'Olivier s'illumina en lisant le contenu de la lettre.

« On fait partie de la même équipe ! » réalisa-t-il, avant de prendre Marcus dans ses bras.

Oui, vous avez bien lu. Marcus Flint, l'effrayant troll de Serpentard – bon, on a compris, à force – faisait un câlin à la star de Quidditch de Gryffondor.

Emporté par l'émotion, Marcus fit quelque chose qu'il n'aurait jamais fait sans réfléchir en temps normal. Il attrapa Olivier par les épaules et colla ses lèvres sur les siennes. Le Gryffondor n'hésita qu'une seconde avant de rendre son baiser, à la fois chaste, innocent, et emplis de sentiments qu'ils n'étaient pas sûrs de comprendre.

« C'était pour quoi, ça ? » demanda Olivier, lorsqu'ils se séparèrent pour reprendre leur souffle. « Ne te méprends pas, c'était très agréable… »

« Hum… j'ai une réponse sarcastique, et une réponse clichée, tu préfères quoi ? »

« … Sarcastique ? »

« La princesse se fait toujours embrassée à la fin du conte de fée. »

« Mais… par le prince, pas par un troll ! » fit remarquer Olivier, avec un sourire narquois. « Et la réponse clichée ? »

« C'était… parce que je t'aime ? »

« On dirait que tu me poses la question, là. »

« C'est tout ce que tu trouves à dire ? »

« Oh ! Non, pardon. J'ai une réponse encore plus clichée ! »

« Vas-y, même si j'ai une petite idée de ce que c'est… »

« Je m'aime aussi… » déclara Olivier, très sérieusement.

Marcus éclata de rire et l'embrassa à nouveau, plus passionnément, cette fois.

XXX

« Tu crois pas que ça va être compliqué ? » demanda Olivier, alors qu'ils se rendaient à leur premier entraînement.

« Quoi ? »

« Ben, euh… être dans la même équipe de Quidditch, alors que… »

« Alors qu'on a toujours joué l'un contre l'autre ? Ou parce qu'on est ensemble ? »

Olivier rougit fortement en entendant le mot « ensemble » sortir de la bouche de Marcus. Il ne s'était pas encore totalement habitué à ce que le troll de Serpentard soit en fait une guimauve. Un peu comme ces oursons en chocolat, fourré à la guimauve, du monde moldu.

« Les deux, j'imagine. »

« C'est vrai, tu risques de louper des buts à force de me contempler… »

« Argh ! Tu sais très bien ce que je voulais dire ! »

« Oui, mais c'est plus dôle de te faire marcher. » rétorqua Marcus. « Et ne boude pas, tu vas me déconcentrer pour le reste de l'entraînement ! »

« Ah ! Tu vois ? »

« D'un autre côté, ce serait encore pire si on devait jouer l'un contre l'autre. »

Olivier n'arrivait même pas à se l'imaginer. Ironique, étant donné qu'ils avaient toujours joué l'un contre l'autre, mais désormais, la simple idée de ne pas faire équipe avec Marcus lui faisait un pincement au cœur.

« T'as raison… on est une équipe, maintenant ! » décida-t-il. « C'est pour ça qu'on devrait arriver à deux horaires différents, pour ne pas que les autres le découvrent… »

« Oh, tu as honte de moi, ton troll adoré ? »

« Mon andouille de troll adorée. »

« Merci, princesse. »

« Princesse stratège. »

« Si tu veux… princesse ! » railla Marcus, en lui faisant un baiser sur la tête. « Après tout, dans une équipe, il faut des muscles et un cerveau… et on sait très bien qui est qui… »

« Et on est la meilleure équipe du monde ! »

Fin

Bon, je sais ce que vous allez me dire… la fin est un peu… hum hum… mais ce n'est pas ma faute, c'est juste mon côté guimauve, je crois XD

J'espère que vous êtes content de ce happy-end... je ne pense pas faire d'épilogue, surtout que je ne saurais pas trop quoi dire… mais j'écrirais peut-être un autre OS sur se couple. Et ne vous attendez pas à du lemon, je suis incapable d'en écrire XD