Merci, Mia8111, Kamanance, ArmonicadeTerry, Invité et tous les lecteurs de ce premier chapitre. Maintenant que Terry et Candy se sont retrouvés à Chicago, avoués leur amour et se sont même déjà fiancés, le plus dur est fait n'est-ce pas? Cet épisode était si frustrant, le réécrire a été une revanche et un grand plaisir pour moi. Mais il serait trop simple de penser que le bonheur est acquis, il y a plein d'autres pièges et rendez-vous manqués à éviter ou surmonter. De plus, Susanna s'est alliée à Eliza pour détruire notre si beau couple, double menace donc! Mais rassurez-vous, je suis aux commandes pour rétablir une justice dans cette histoire et offrir à chacun ce qu'il mérite. Mais nous n'en sommes pas là, j'ai déjà écrit 16 chapitres et pas encore fini cette histoire. Pour l'instant, pour Terry et Candy c'est :

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Chapitre 2

Le temps d'apprendre

Le lendemain de ces merveilleuses retrouvailles, Candy reprit son travail le cœur léger, cependant une rumeur entendue dans un couloir la terrorisa. Il venait d'arriver paraît-il, un blessé grave et elle faillit s'évanouir en entendant que cet homme était Terrence Grandchester et qu'il était tombé d'un train. Epouvantée, elle se précipita à son chevet et fut soulagée car bien que seuls les yeux de l'homme étaient visibles, ces deux yeux noirs n'étaient pas ceux de Terry, si bleus. Mais l'homme la regardait avec grande méfiance quand il eut compris qu'elle savait qu'il n'était pas Terrence Grandchester. Elle n'eut pas le temps de lui parler davantage, Eliza débarqua dans la chambre et s'empressa de la chasser et lui interdire d'approcher Terry de près ou de loin. Elle la fit même changer de service par sécurité et lui montra bien avant, par son air satisfait et vainqueur, qu'elle avait déjà réussi à remettre à sa place cette fille d'écurie !

Comme Candy savait qu'il ne s'agissait pas de Terry, elle laissa Eliza à ses illusions mais s'inquiéta tout de même pour ce patient en de si mauvaises mains.

Quand elle reçut la visite d'un vieux monsieur qui s'avéra en fait : Alistear déguisé et muni d'un journal où elle apprit que Terry était bien sur scène la veille à Springfield, donc ce ne pouvait être lui. Candy confirma qu'elle le savait mais qu'elle s'inquiétait pour le blessé entre les mains d'Eliza, qui semblait avoir peur d'être reconnu. Plus tard, sa collègue Nathalie remit à Candy un billet du mystérieux blessé. Candy partit le voir, Eliza s'était absentée et elle reconnut enfin cet homme qui lui dit qu'ils s'étaient vus à New York, c'était Charlie Sanders, un ami d'enfance de Terry. Il s'était évadé en sautant du train pour ne pas aller dans un centre pour délinquants et lorsque l'hôpital lui avait demandé son nom, il avait nommé Terry. La jeune infirmière lui promit de garder son secret mais Eliza revint et fut en colère de trouver Candy dans le service. Heureusement, Flanny la chassa car elle se fichait bien de ses menaces et de son nom. Seulement le soir, Eliza réussit à revenir et se rendit cette fois compte que le blessé n'était pas Terry. Et quand elle comprit, elle s'empressa d'aller le dénoncer à la police en espérant ainsi aussi faire de la peine à Candy et même la faire renvoyer de l'hôpital vu qu'elle était sa complice. Candy dut ensuite subir la colère et les insultes de Charlie lorsqu'on vint l'arrêter, elle eut beau essayer de lui expliquer que ce n'était pas elle qui l'avait dénoncé, il n'en crut mot. Dieu merci, le médecin du service arriva : le docteur Bobson, et empêcha qu'on emmène Charlie car il n'était pas encore guéri de sa commotion cérébrale. Candy comprit seule que c'était Eliza qui l'avait dénoncé mais Charlie continua ensuite à la croire coupable. Puis Eliza, sûre d'elle, revint mettre sous le nez de Candy la facture des soins qu'elle avait payé pour Charlie en croyant que c'était Terry. Comme Candy refusa de payer cette dette qui ne la concernait pas, Eliza déclara qu'elle allait donc l'adresser à la maison Pony pour se faire rembourser. Candy pâlit mais l'envoya promener en lui disant qu'elle allait trouver l'argent pour la payer. Eliza se sentit si contente d'elle qu'elle laissa un délai à Candy, pensant ainsi qu'elle allait devoir vendre tout ce qu'elle avait pour payer ou même emprunter à tout le monde, voire même voler.

Mais Candy était honnête et fière, elle choisit d'essayer de fabriquer des fleurs en papier comme elle avait vu une femme le faire. Hélas, elle n'était pas habile de ses mains et perdit des heures pour bien piètre résultat. Mais une nuit où elle découpait encore ses fleurs dans du papier crépon, elle surprit Charlie, un couteau à la main, qui essayait de s'enfuir de l'hôpital. Elle essaya de l'arrêter, il la poussa, elle tomba. Charlie se retourna finalement et en voyant les fleurs sur la table, il revint, aida Candy à se relever et comprit dans ses yeux si doux et suppliants, que ce n'était pas elle qui l'avait dénoncé. Il lui raconta alors sa vie, pleine de mauvaises circonstances et rencontres. Et surtout de sa mère qui fabriquait aussi des fleurs pour le nourrir quand il était petit. Du coup, Charlie resta et l'aida à confectionner de belles fleurs. Hélas, ça ne rapportait pas assez pour payer Eliza et Candy pensa alors à aller demander au directeur de l'hôpital un acompte sur sa paie du mois prochain.

Mais la providence lui évita de le faire car ce quatrième jour après le départ de Terry, elle trouva dans son casier recevant le courrier, une lettre de lui qui lui apporta autant de joie que de soulagement pour ce souci d'argent.

Terry avait envoyé sa lettre de Springfield et celle-ci contenait aussi un chèque pour payer les frais d'hospitalisation de Charlie. Il disait dans sa longue missive qu'un journaliste lui avait appris, après la représentation du roi Lear à Springfield, toute l'histoire de celui qui se faisait passer pour lui à Chicago. Il avait donc vite écrit sa lettre pour rassurer sa fiancée sur sa santé puis il avait pensé que Charlie aurait besoin d'argent mais comme il était trop fier, il ne l'accepterait pas de sa main. Terry raconta à Candy que Charlie l'avait plusieurs fois aidé lors de ses premières années de vie à New York, puis l'avait revu dans ses deux derniers voyage là-bas. Il l'assurait que Charlie était un type droit et gentil quand on lui faisait confiance, il n'y avait que la vie et les galères qui l'avaient fait devenir un peu voyou. Candy le savait déjà et s'empressa d'aller payer cette facture à Eliza mais à peine passée la porte d'entrée de l'hôpital, elle se heurta à Neal qui, justement, venait lui dire de payer au plus tard demain sous peine de représailles. Candy lui montra le chèque, Neal fit la grimace car sa sœur avait espéré qu'elle ne puisse pas payer. Mais Candy ne lui donna pas le chèque, elle se méfia et préféra aller voir la trésorerie de l'hôpital pour payer directement la facture des soins de Charlie et de leur dire de rembourser Eliza Legan eux même. Elle eut raison car quand Neal rapporta à sa sœur le reçu de la facture pour les soins de Charlie, celle-ci, furieuse, cria à son frère qu'il n'avait pas été malin pour ne pas avoir su prendre le chèque à Candy. Eliza se dit ensuite que ce n'était que partie remise pour se débarrasser de cette Candy de malheur.

Une fois la facture payée, il restait un peu d'argent pour acheter de la limonade à la fraise, la boisson favorite de Charlie selon Terry. Mais quand elle entra dans la chambre avec ses bouteilles et le sourire, elle la trouva vide, Charlie était parti en laissant deux belles fleurs en papier sur le lit. Candy fut triste mais se dit que Charlie allait peut-être retrouver sa mère pour lui dire qu'il n'était pas un mauvais fils. Finalement, elle partagea les limonades avec le sympathique docteur Bobson puis retourna lire la lettre de Terry.

Cette lettre contenait, outre le récit de son amitié pour Charlie, plein de mots d'amour mais aussi une photo de lui devant le théâtre où il avait joué, faite en urgence mais qui la rendit encore émue. Elle la mit dans un cadre et la posa sur sa table de chevet pour le voir à chaque réveil et l'embrasser à chaque coucher. Elle reçut ensuite une nouvelle lettre de chaque nouvelle étape : Indianapolis, Colombus, Pittsburgh, Philadelphie. Puis, le mois suivant après Trenton, une de New York, la tournée étant finie. Alors, elle prit un après-midi de repos et lui en écrivit une de dix pages, racontant tout ce qu'elle n'avait pas eu le temps de lui dire de sa vie, de la profondeur de son amour et de sa foi en lui.

Après Charlie, dans son travail, Candy fut encore confrontée à la misère, celle d'un enfant qui avait volé un flacon de médicaments dans la pharmacie de l'hôpital tout en se faisant passer pour un patient aimant jouer aux cartes la nuit. Mais ce flacon était un poison mortel, Candy arriva heureusement à temps au chevet de la mère de Tony, malade du cœur et tout finit bien car le docteur Bobson paya les frais pour soigner cette pauvre femme.

Candy se rendait de plus en plus compte que les gens pauvres ne pouvaient pas toujours se soigner, sauf si certains, comme ce bon docteur Bobson, se montraient plus généreux et solidaires. Elle se promit de toujours faire ainsi aussi pour exercer son métier.

Quelques jours après, l'hôpital Ste Joanna songea à envoyer une infirmière en Europe car la guerre y faisait rage. Candy se dit qu'elle ne pouvait pas partir car Terry serait trop malheureux si elle y allait. Puis elle regarda Flanny avancer d'un pas et se proposer. Candy la vit l'œil bien décidé et allait ouvrir la bouche pour lui demander d'y renoncer mais un médecin vint annoncer que finalement, ce serait reporté au mois prochain car une des infirmières venait de se casser le poignet droit à cause de la négligence de quelqu'un ayant laissé traîné un sac de billes à terre ; ainsi une autre infirmière devrait la remplacer un mois. L'effectif était trop restreint pour se passer de l'une d'elle et on envoya Flanny effectuer ce remplacement. Celle-ci s'inclina sur cette décision et Candy se sentit à la fois soulagée et honteuse car elle se souvint avoir vu ce sac de billes tout à l'heure, l'avait ramassé pour le ranger dans le tiroir des objets trouvés mais l'avait reposé plus loin à cause de la sonnerie qui signalait la pause qu'elle attendait impatiemment pour pouvoir lire sur un arbre la nouvelle lettre de Terry arrivée ce matin.

Tout en ressassant tout cela un peu plus tard et après avoir vu que l'infirmière au poignet cassé ne serait pas longtemps invalide et n'aurait pas de séquelles, elle se dit que finalement, c'était une bonne chose d'avoir oublié ce sac de billes étant donné que cela avait permis de garder Flanny ici.

Le lendemain, elle se leva en ayant envie de parler à Flanny pour savoir pourquoi elle voulait partir sur le front mais l'arrivée d'un blessé arrêta son projet. Un homme avait été amené parmi des blessés rescapés d'un déraillement de train bombardé sur le front italien. Puis il avait été mis dans la chambre zéro réservée aux vagabonds et criminels car il disait être amnésique et on le soupçonnait d'être un espion. Lorsque Candy le vit, son cœur fut bouleversé. Malgré son visage sans barbe ni moustache, ni lunettes sombres, elle le reconnut facilement, cet homme amnésique et inconscient bandé au front : c'était Albert ! Elle trouva aussi Bup la moufette à ses côtés et la cacha dans sa chambre. Le professeur Léonard, le directeur de l'hôpital Ste Joanna, lui dit qu'étant donné qu'il était amnésique, qu'on avait pas pu l'identifier et qu'il n'avait pas d'argent sur lui, il resterait dans la chambre zéro : une chambre insalubre, sans soleil, pour les criminels et les vagabonds. Candy lui affirma qu'elle connaissait bien ce patient, il n'était pas un criminel, c'était Albert. Seulement, elle ignorait son nom et son adresse alors cela ne rassura pas le professeur Léonard car une rumeur disait aussi qu'il y avait un espion dans ce train et il n'était pas exclu que cet amnésique ne soit cet espion. Candy refusa de croire pareille rumeur, elle le dit clairement à ses collègues d'ailleurs, Albert était son ami depuis longtemps et elle n'avait pas besoin de savoir son nom et toute sa vie pour savoir qui il était au fond de lui.

Quand Alistear, Archibald et Annie débarquèrent dans le couloir en se faisant passer pour des patients avec leurs faux bandages, elle leur raconta son inquiétude pour Albert. Il partirent le voir discrètement et le reconnurent aussi. Puis, Candy suivit ses amis dans la cour de l'hôpital où l'attendait une surprise : Patricia O Brien. Candy fut heureuse de revoir son amie revenue de Londres car la guerre en Europe s'étendait, malheureusement.

Un peu plus tard, Candy découvrit qu'Albert s'était réveillé mais il ne la reconnut pas alors, elle ne lui dit pas qu'elle le connaissait et l'appela Albert en prétextant que c'était le prénom de son frère.

Les jours qui suivirent, Albert essaya de se souvenir de qui il était et de son passé mais ses maux de tête le fatiguaient et Candy lui dit d'être patient, il guérira avec le temps et ses souvenirs reviendront peu à peu.

Le début des examens arriva aussi et Candy dut y consacrer tout son temps de libre. Elle était déjà certaine de sa vocation depuis un moment mais maintenant, fiancée à son Terry, elle devait aussi se surpasser pour lui, qu'il soit fier d'elle.

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Terry avait gagné un peu d'argent avec son premier rôle d'acteur mais pas encore de quoi permettre de louer un plus grand appartement que son modeste studio. Il écuma les annonces mais ce qu'il visait pour Candy était encore au-dessus de ses moyens. Au théâtre, il n'y avait aucune nouvelle pièce de prévue alors il prit un travail de nuit : docker au port. Au début, ce fut difficile ces nuits à décharger les bateaux mais il ne se découragea pas, porté par ses projets et en pouvant travailler en rêvant à Candy, c'était plus facile. Il acquit vite du muscle et de la résistance et au port on respecta pareille volonté sans jamais se plaindre. Le matin, il dormait ; l'après-midi il se rendait au théâtre, voir les auditions éventuelles puis rentrait écrire à sa belle. Il économisait chaque sou, n'achetait rien d'indispensable et ça fit parler autour de lui. On le disait radin et fier vu sa solitude mais il s'en fichait, habitué à ignorer depuis longtemps les critiques et à être tel qu'il aimait être. Seule sa Candy pouvait l'influencer, elle l'aimait comme il était mais pour elle, il essayait quand même d'être poli et moins susceptible avec ceux qui semblaient sincères. Alors il accepta la présence de Susanna qui ne manquait pas de venir le voir tous les jours et qu'il pensa une amie sincère. Et même s'il n'était pas bavard avec elle, il restait poli de ses babillages incessants et au moins souriant à défaut de jovial. Mais son culot semblait sans limites et il retenait souvent des réparties sèches face à sa curiosité et ses demandes répétées de savoir son avis sur ses tenues, coiffures et autres colifichets. Un jour où elle débarqua chez lui sans même frapper à la porte, il faillit l'injurier et la jeter dehors car il était en train de s'habiller et était encore torse nu et juste boutonné du pantalon. Pourtant, elle ne sembla pas s'en soucier et il l'oublia aussi étant donné ce qu'elle cria et brandit devant ses yeux : un papier annonçant que Roméo et Juliette allait être la prochaine pièce jouée par la troupe Stratford. Il lui prit le papier des mains et le lut. Les auditions commençaient aujourd'hui, il sentit la joie l'envahir et ne vit pas le sourire admiratif de Susanna et son regard fixé sur le torse imberbe et les muscles bien dessinés du jeune homme.

- Roméo et Juliette ! s'exclama-t-il en revoyant sa Candy en Juliette. Puis uniquement dans sa tête :

« Ce rôle est pour moi, ma Juliette viendra me voir ici et je ne pourrai que le jouer mieux qu'un autre puisque je ressens l'amour de Roméo pour celle qu'il aime. »

Susanna tenta de le sortir de son rêve en s'enthousiasmant fort à l'idée d'avoir le rôle de Juliette, qu'il soit son Roméo et réaliser ainsi son grand rêve. Il ne l'entendit pas, il enfila vite sa chemise puis une veste et partit sans s'occuper d'elle.

- Où vas-tu Terry ? Attends-moi !

Elle courut, dévala l'escalier et réussit à le rejoindre en bas. Il dit enfin qu'il allait auditionner pour le rôle titre et se débrouiller pour l'avoir car il connaissait par cœur le texte et était fait pour ce rôle puisqu'il avait aussi sa Juliette depuis longtemps et pour toujours dans le cœur. Susanna blêmit mais se jura que si elle décrochait le rôle de Juliette, il la verrait enfin vraiment et lui ferait oublier sa Candy bien trop gamine.

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Candy reçut une lettre de Terry la veille de ses examens et fut heureuse et certaine que son Terry aurait le rôle de Roméo étant donné qu'il était le sien à jamais et que plus elle apprenait de lui, plus elle le trouvait parfait en tout. Elle ne pouvait plus lui écrire de lettre pour lui dire alors elle courut envoyer un télégramme empli d'amour. Le soir, elle pria de toutes ses forces en révisant ses livres de médecine et rêvant à ce demain si merveilleux.

Elle réussit ses examens et obtint son diplôme d'infirmière qu'elle fêta avec ses amis Archibald, Alistear, Annie et Patricia. Ils passèrent un bel après midi, Candy reçut son baptême de l'air dans le nouvel avion d'Alistear, qui ne vola pas longtemps encore ; ils durent sauter en parachute mais tout se finit bien et malgré sa grande peur, Candy n'en gardera qu'un beau souvenir.

Elle n'avait encore rien dit de ses fiançailles avec Terry mais sa belle bague mise toute la journée pour se donner plus de force à réussir et pas retirée le soir pour rester encore en osmose avec Terry qui passait son audition, attira les curiosités. Elle se sentait de toute façon prête à le révéler et fut fière qu'ils l'acceptent facilement et soient heureux pour elle, même Archibald qui était quand même moins ravi que les autres.

Cependant, ils avaient dû en parler entre eux plus tard et se faire espionner par Eliza car elle vint deux jours après faire une nouvelle scène à l'hôpital. Elle lui cria au visage qu'elle n'était pas fiancée à Terry car elle n'avait pas eu l'autorisation de l'oncle William pour le pouvoir ; qu'il n'avait pas encore décidé de rendre caduc l'acte d'adoption et ne le ferait sûrement pas, quoi que dise grand-tante Elroy, puisqu'il avait dû choisir son héritière en vue d'avoir une descendance et donc la marier avec un héritier du même rang et pas un acteur de théâtre. Candy haussa les épaules mais plus tard elle s'inquiéta tout de même de ce qu'avait dit Eliza de plus probable : qu'elle ne pouvait se marier sans l'autorisation de son tuteur s'il le restait, avant sa majorité : à vingt et un ans, donc pas avant quatre longues années. Alors elle écrivit une lettre à l'oncle William pour lui demander la permission de pouvoir se marier avec qui elle voulait ou alors de lui rendre sa liberté s'il préférait choisir hors des critères du cœur. Dans ce cas là, mademoiselle Pony redevenait sa tutrice et elle ne doutait pas qu'elle accepterait le bonheur de sa protégée. Elle posta la lettre à l'attention de Georges Johnson à Lakewood car il était le seul à savoir où était son employeur et à pouvoir le contacter.

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Terry décrocha le rôle de Roméo et les critiques et rumeurs envahirent le théâtre car on avait reconnu Eléonore Baker dans la salle pendant son audition et on imagina d'abord qu'il était son amant ; puis un plus malin vit la ressemblance des yeux et en conclut qu'il était le fils de la célèbre actrice, et qui l'avait donc pistonné. Terry s'en ficha d'abord puis fut surpris quand Susanna clama haut et fort à tous que Terry avait eu le rôle parce qu'il était meilleur qu'eux, comme elle avait eu celui de Juliette uniquement par son talent. En effet, elle avait été choisie aussi et elle était maintenant si certaine que plus rien ne pourrait lui enlever ses rêves, même pas Candy, qu'elle impressionna tout le monde. Terry était content pour elle et pensa qu'elle était vraiment une bonne copine alors il fit un effort pour lui faire plaisir en l'invitant à dîner pour fêter ça. Elle retint trop de joie mais était si heureuse qu'elle usa d'un peu plus d'audace, se souvenant du conseil d'Eliza. D'abord elle se pomponna longuement et mit une robe très décolletée pour qu'il voie qu'elle était femme, elle. Terry trouva qu'elle était trop parfumée et maquillée mais garda ses opinions et resta souriant et à son écoute tout le dîner. Mais il le trouva long et encore la conversation de Susanna guère passionnante. Il tenta bien de lui parler un peu de lui mais n'y arriva pas, elle semblait ne vouloir savoir que des stupidités et il n'était pas à l'aise comme avec sa Candy si perspicace. Elle crut pourtant qu'il était sous son charme vu son sourire perpétuel et se permit au retour de se suspendre de façon possessive à son bras, simuler un risque de chute pour qu'il la retienne, ce qu'il fit mais sans rester davantage à la serrer comme elle avait cru. Mais cela ne l'empêcha pas de tenter de se faire inviter ensuite chez lui pour un dernier verre. Il refusa poliment mais lui dit franchement que d'une part : il n'y avait rien à boire chez lui et d'une autre : qu'il devait maintenant écrire à Candy pour lui raconter sa réussite, même si elle n'en avait jamais douté. Susanna cacha sa rage, répondit à son au revoir pressé, le regarda courir et sûrement grimper quatre à quatre les marches pour ce maudit projet et piétina ensuite le sol en serrant les poings et pleurnichant sur son malheur. Mais elle repartit déjà à nouveau prête à trouver autre chose pour ruiner cette histoire qui n'en finissait plus et l'avoir à elle.

Terry se dépêcha de télégraphier à Candy pour lui annoncer qu'il avait décroché le rôle de Roméo, Susanna celui de Juliette et il lui promettait de lui envoyer un billet pour la pièce qui aurait lieu fin novembre. Il lui dit de bien travailler jusque là pour avoir droit à un congé et la félicitait d'avoir décroché son diplôme.

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Candy reçut le télégramme de Terry et folle de joie, elle partit le lire à Albert qui semblait aimer qu'elle lui raconte ses journées, ses amis et son fiancé. Il n'avait toujours pas retrouvé un seul souvenir mais il semblait plus calme.

Mais c'était une erreur de le penser car le lendemain, Albert avait disparu de l'hôpital, il était parti et n'avait laissé qu'une note disant qu'il préférait rechercher sa mémoire seul sans être un poids pour personne. Candy partit alors à sa recherche ; Archibald et Alistear, qu'elle rencontra se disputant avec Neal, décidèrent de l'aider à chercher Albert. Après longtemps à errer dans les rues, Candy songea qu'il avait plutôt dû partir à la recherche de la nature, au vu de son caractère. Elle pensa au lac Michigan et en longea les berges dans le parc longtemps, sans succès. Puis, abattue en pensant qu'elle ne le retrouvera jamais, elle se mit à pleurer puis l'appela plusieurs fois. Personne ne lui répondit, elle se sentit anéantie. Pourtant en relevant la tête, elle vit Albert qui s'avançait vers elle et lui demanda pourquoi elle s'inquiétait et était si triste pour un inconnu qu'elle ne connaissait pas il y quelques jours ?

Elle décida alors de lui dire la vérité : qu'elle le connaissait depuis des années, qu'il lui avait sauvée la vie enfant, qu'il l'avait consolée souvent, qu'il était comme un frère pour elle. Albert fut ému d'entendre tout ceci mais cela ne le renseigna guère sur son identité. Il semblait n'être qu'un vagabond errant dans cette région avec pour seule compagnie la plupart du temps : une moufette. Mais il accepta tout de même de retourner à l'hôpital. Archibald et Alistear les y attendaient dans la nouvelle invention de ce dernier : un fourgon aménagé pour pouvoir y dormir, y vivre, une sorte de maison roulante en fait. (1)

Le professeur Léonard les accueillit aussi mais pour avertir Albert qu'il était guéri et n'avait plus de raisons de rester à l'hôpital, surtout sans argent pour payer. Et de toute façon, la chambre zéro n'existait plus, on l'avait transformée en débarras.

Une fois dehors, Albert pensa à nouveau à partir pour ne pas causer d'ennuis mais Alistear proposa qu'il dorme dans son fourgon en attendant. Albert accepta finalement, Candy le borda puis courut dans sa chambre pour écrire une lettre à Terry, pour lui demander si elle pouvait chercher un appartement pour pouvoir soigner Albert.

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A New York, Susanna se sentait comme une reine depuis qu'elle avait eu le rôle de Juliette et qu'elle allait jouer aux côtés de Terry : son Roméo.

Ce midi, elle partit chez lui le moral haut et la concierge lui demanda si elle pouvait monter son courrier au jeune homme car elle avait mal aux jambes ces temps. Susanna accepta d'abord sans idée derrière la tête mais en regardant les deux lettres tout en grimpant les marches et en voyant que l'une d'elle était de Candy car son nom était derrière l'enveloppe, elle sentit un nouveau relent de haine et la curiosité déborda. L'autre lettre venait d'un concessionnaire automobile et ne l'intéressa pas mais la lettre épaisse de cette fille lui brûlait les doigts. Elle pensa d'abord la déchirer, la détruire pour qu'il pense que sa « chérie» commençait à l'oublier mais elle se dit que la concierge le saurait ou que la prochaine missive clarifierait les choses et ne changerait rien à la fin. Par contre, pouvoir la lire serait un atout, plus elle en saurait sur cette fille mieux cela vaudrait car Eliza ne savait au fond pas grand chose et il est vrai : surtout des idées reçues dues à sa haine, voire des mensonges. Alors elle décacheta avec précaution l'enveloppe et parcourut vite les quatre pages. D'abord elle grimaça de dégoût tant ces mots si clairs dégoulinaient d'amour mais elle fut attentive à tout et ne regretta pas sa patience ensuite. Candy racontait qu'un certain Albert, blessé et amnésique, qu'elle avait soigné seule car on en voulait plus à la clinique étant donné qu'il n'avait pas de quoi payer les frais, devait encore recevoir ses soins. Ainsi elle avait pensé à prendre un appartement avec lui pour encore s'en occuper et le guérir de son amnésie et demandait à Terry son autorisation. Susanna ricana en imaginant la réaction de Terry, fier, orgueilleux et forcément jaloux. Jamais il n'accepterait pareil affront, sa fiancée vivant avec un homme qui n'était pas de sa famille, un genre de vagabond, c'était inconvenant et inconcevable. Eliza avait donc raison, cette fille était sans morale, une traînée et cette fois elle avait trop demandé ; elle allait perdre. Susanna se hâta alors de recoller l'enveloppe et se rua chez Terry pour lui porter ces merveilleuses nouvelles. Elle frappa mais sans réponse, entra en sachant qu'il ne fermait jamais à clef. Il dormait mais sursauta vu comme elle fit claquer ensuite la porte. Il grogna alors qu'elle aurait pu frapper.

- Si Terry, j'ai frappé mais comme tu n'as pas répondu, je suis entrée pour te réveiller car il est plus de midi, nous avons une répétition à quatorze heures et tu as du courrier à lire avant, regarde !

Il oublia tout en reconnaissant la fine écriture de sa belle sur l'enveloppe devant ses yeux. Il la prit, posa celle du concessionnaire automobile sur son chevet et décacheta avec hâte l'autre. Puis il allait dire à Susanna qu'il la remerciait et la rejoindrait au théâtre mais elle était déjà partie vers le coin cuisine pour semble-t il, préparer du café alors il la laissa faire et se leva pour s'asseoir sur son lit et lire sa lettre. Susanna surveillait discrètement ses réactions et apprécia son air surpris puis inquiet. Mais ce fut fugace et il termina sa missive par un sourire et son air rêveur habituel. Susanna en fut surprise et déçue, comment pouvait-il croire encore en la « pureté» de Candy qui se fichait de lui ? Pourtant, elle ravala son sentiment vu qu'elle ne pouvait le lui dire et se consola en fixant son torse car il était encore seulement en pantalon de pyjama. Terry finit par sentir son regard et se leva alors vite pour enfiler un polo et ne répondit pas à son sourire qui le mit mal à l'aise. Il la remercia quand même car elle lui tendit un café, le but vite et dit :

- Maintenant je préférerais que tu me laisses Susanna, merci encore mais je vais prendre une douche, je te retrouverai au théâtre à quatorze heures.

- Je peux t'attendre ici Terry, je ferai la vaisselle en attendant que tu sois prêt, un peu de ménage aussi.

- J'ai déjà une femme de ménage Susanna, ma logeuse. Ne te donne pas cette peine, merci mais à tout à l'heure.

Cette fois, elle ne trouva plus rien à dire, il avait repris son regard dur alors elle obéit mais se jura de surveiller mieux tout ce courrier.

Terry soupira, pour la première fois il se prit à penser que Susanna voulait peut-être plus qu'être son amie. Il se demanda si Candy avait vu cela à Chicago, en tout cas elle n'avait rien évoqué et lui faisait entière confiance car elle lui disait même souvent de saluer Susanna de sa part. Maintenant qu'il la connaissait comme personne, il était certain qu'elle plaignait Susanna et voulait tout de même qu'elle puisse au moins l'avoir en ami plutôt que rien du tout. C'était Candy, généreuse et pas du genre à vouloir écarter quelqu'un parce qu'il pouvait vouloir la même chose qu'elle, car confiante et entière. Il se sentit encore plus fier, non, personne ne pouvait prendre sa place dans son cœur, pas plus que lui pouvait imaginer n'importe quoi quand ce cœur d'or voulait aider son meilleur ami de toute une vie, ce cher Albert. Il connaissait Albert, son ami aussi à Londres Et bien que désolé de son amnésie, il ne s'inquiétait pas qu'il puisse vivre sous le même toit que Candy. Alors il prit vite sa douche et écrivit ensuite à son adorée qu'elle devait faire ce que son cœur lui dictait, sans s'occuper des mauvaises langues car il avait foi en elle et en son talent pour guérir Albert.

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Candy reçut cette lettre trois jours après. Elle s'inquiéta quand elle lut qu'il n'était pas question qu'elle vive sous le même toit qu'un homme, mais soupira et le traita d'animal après avoir lu la suite : personne sauf notre grand ami Albert. Il rajoutait :

« Prends bien soin de lui, j'espère aussi le revoir bientôt, tendres baisers ma chérie, ton Terry. »

Malheureusement pour son autre question, celle adressée à son tuteur pour pouvoir se marier, elle ne reçut qu'un mot de Georges Johnson trois jours après celle de Terry. Il disait que monsieur William était à l'étranger et qu'il lui transmettrait son message à son retour, prochainement. C'était vague mais elle mit de côté ce problème car l'urgent était maintenant de trouver un appartement et ce fut plus difficile qu'elle ne le pensait. Dès qu'elle disait par honnêteté qu'Albert n'était ni son mari ni son frère, on leur fermait la porte. Mais grâce à Archibald, Annie, Alistear et Patricia, ils n'eurent pas à dormir à la belle étoile. Le propriétaire, monsieur Trevord, une fois bien compris que c'était pour soigner Albert d'une amnésie due à la guerre en Italie, accepta enfin de louer son bel appartement meublé avec deux chambres car sa fille vivait là-bas. Ils purent y emménager le soir même de l'accord. Albert apprit donc plein de choses de sa vie grâce à ses amis et surtout Candy mais encore rien de sa propre mémoire. Mais suite à ce choix de vie, la jeune infirmière fut renvoyée de l'hôpital Ste Joanna par le directeur qui lui avait bien dit avant qu'elle quitte sa chambre à l'hôpital, qu'il ne pouvait tolérer du personnel aux mœurs aussi libres. Albert se sentit ensuite coupable et voulut partir mais Candy l'en dissuada en lui faisant lire la lettre de Terry.

- Vous voyez Albert, mon fiancé nous fait confiance car il sait qui vous êtes, il vous a pris comme modèle à Londres après que vous l'avez secouru et êtes devenu son ami. Terry est très méfiant de nature sauf quand il a vu le fond du cœur de quelqu'un et lui a donné sa confiance pour toujours. Il vous respecte Albert et moi qui sait autant qui vous êtes depuis toute petite, je vous demande de me faire autant confiance, comme à Terry, en nous laissant faire ce qui est le mieux pour vous guérir. Vous m'avez tant aidée Albert, sans vous je ne serais peut-être pas là, en tout cas moins heureuse et confiante. Ceux qui m'importent nous font confiance et ceux qui voudraient que nous soyons aussi sournois que leur âme ne comptent pas. Du travail, j'en retrouverai Albert, ne vous inquiétez pas. Par contre, physiquement, vous êtes maintenant en condition d'en exercer un aussi et je pense que ce serait mieux pour votre mental. Vous adoriez soigner les animaux, vous pourriez essayer à nouveau de travailler dans un zoo, il y en a un pas loin. Mais soyez patient pour la mémoire, elle reviendra peu à peu mais mieux avec quelqu'un qui vous connaît que seul.

- Chère Candy, vous êtes un ange. Je reste alors et je vais dès demain chercher du travail au zoo car c'est vrai, même sans mémoire, je sens que la nature et les animaux sont mon univers. D'ailleurs, j'ai toujours trouvé normal qu'un putois me suive et lui aussi puisqu'il ne m'a pas encore asphyxié, c'est une preuve.

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Eliza venait de lire la nouvelle lettre de Susanna Marlowe et elle ricana en apprenant que Candy avait décidé de cohabiter avec un amnésique vagabond et que Terry n'avait semble-t-il pas de problème avec cette idée. Pour Eliza, cela signifiait simplement que Terry n'était pas si amoureux d'elle et que c'était une bonne occasion de se débarrasser de cette orpheline de malheur en propageant comme il le fallait cette information.

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Avant de chercher du travail ailleurs, Candy retourna à l'hôpital et tenta d'abord de discuter avec le directeur de Ste Joanna pour qu'il la réintègre. Il resta sourd à ses revendications puis suppliques alors elle alla demander un poste de femme de ménage à la place au chef du personnel.

Lorsque le professeur Léonard la reconnut dans son bureau, il voulut encore la renvoyer mais une infirmière vint lui dire que Catherine, une volontaire engagée au front français six mois plus tôt venait de mourir là-bas. Et lorsque les collègues plus anciennes l'apprirent ainsi que le renvoi de Candy, elles intervinrent pour dire au directeur qu'il n'était pas normal de renvoyer une infirmière qui voulait s'investir pour soigner un blessé de guerre amnésique. Le directeur, touché au cœur, accepta alors de réintégrer Candy pour respecter la mémoire de Catherine.

Hélas le lendemain, il la convoqua à nouveau en lui annonçant cette fois que la famille Leagan avait demandé à ce qu'elle soit renvoyée aussi pour comportement immoral et insultant à la famille Ardlay. Candy lui expliqua qu'elle attendait justement que son oncle adoptif la libère de cette tutelle ou lui dise clairement qu'il accepte sa façon de vivre. Elle lui expliqua aussi brièvement que les Legan ne cherchaient qu'à nuire et se venger d'elle. Le directeur admit que leur demande avait été écrite de façon prétentieuse et méchante mais il ne pouvait pas plus aller à l'encontre de gens ayant un certain pouvoir dans cette ville. Désabusée, Candy abandonna le combat mais vida d'abord son sac au professeur Léonard.

- J'ai compris monsieur le directeur que ce n'est pas vous qui dirigez cet hôpital mais les puissants, les plus aisés, les donneurs de leçons. Très bien, je ne veux pas que vous ayez des problèmes d'autorité de ma faute, vous avez déjà assez pris sur vous et été compréhensif. Je vais chercher du travail ailleurs et si on ne veut plus de moi comme infirmière dans cette ville à cause de cette famille qu'on m'a imposée et qui ne m'a jamais traitée autrement qu'en domestique et en étrangère, je redeviendrai à nouveau domestique alors mais pour des gens plus respectueux des autres. Il n'y a pas de sot métier monsieur le directeur, il n'y a que de sottes gens vous savez !

Le directeur semblait bien désolé et hésitant mais elle sortit fièrement et se trouva nez à nez face à Flanny.

- Bravo Candy ! lui dit-elle en la regardant avec admiration. Excusez-moi d'avoir écouté aux portes mais permettez-moi de ne pas vous laisser seule dans ce combat et d'être votre amie.

Puis en entrant dans le bureau et s'adressant au directeur:

- Oui monsieur, moi aussi je vous donne ma démission si vous renvoyez Candy parce qu'elle fait son métier avec cœur et honnêteté. Je ne veux pas travailler là où des familles qui se prennent pour le nombril du monde décident sans raisons valable, qui on doit soigner ! Choisissez, si Candy n'est pas tout de suite réintégrée, je pars aussi !

- Oh! Flanny !

Candy était émue et fière, le directeur était rouge et s'écria :

- Ah! C'est ainsi ! On me prend pour un lèche bottes! Très bien! Candy, vous reprenez votre poste dès demain matin et Flanny tout de suite! Et les Legan! Qu'ils aillent au diable !

- Bravo monsieur! clama vivement Flanny avant de filer sous le regard clair du directeur et des larmes de Candy qui put tout de même lui dire vite:

- Merci Flanny, je savais que tu étais mon amie.

Et depuis ce jour, Flanny est devenue l'amie de Candy. Peu à peu, elle perdit sa froideur et s'épancha sur son épaule. Ses parents étaient alcooliques et l'avaient rejetée parce qu'elle avait voulu sortir de cette extrême pauvreté où elle était née, par des études et un travail honnête. Elle avait connu l'enfermement, la faim, le froid et avait travaillé avec acharnement et rigueur pour pouvoir être ici. Candy la présenta ensuite à Albert et ils devinrent facilement amis aussi. Elle vint donc régulièrement le voir et aider Candy à lui faire travailler sa mémoire et partager avec eux joie et plaisir. Quand elle lut la dernière lettre envoyée par Terry, elle reconnut avoir été injuste et glaciale avec lui alors qu'il était bien gentil. Candy la consola, Terry avait aussi son caractère et s'emportait vite mais en ne se contentant pas de l'apparence et des idées toutes faites sur les autres, on arrivait à trouver des amis sincères et authentiques.

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Mais à New York, Terry n'avait pas autant d'amis. Susanna lisait chaque nouvelle lettre de Candy sans qu'il le sache. Elle était de plus en plus en colère de lire que rien n'avait fait faiblir leurs sentiments, au contraire, chacune étant encore plus enflammée que la précédente. Et cette dernière où Candy écrivait : «comme elle avait hâte de venir applaudir Terry à New York fin novembre et lui donner mille baisers de sa vraie Juliette», lui donna la nausée et précipita encore son degré d'audace. Un jour, elle vint chez lui vers onze heures du matin pour être sûre qu'il dorme encore. Comme il ne fermait pas à clef, elle entra facilement mais sans bruits, le regarda dormir et fut ravie de voir qu'il était encore torse nu. Alors elle se déshabilla entièrement, se glissa sous les draps et contre lui, puis le caressa sur la poitrine et sous la ceinture à travers son pyjama. Il sembla d'abord insensible puis bougea en ronchonnant alors elle rajouta des baisers sur sa bouche en gémissant de désir mais il se dressa avec fureur et d'un regard effrayant de dégoût.

- Susanna! Qu'est-ce qui te prend? Tu es complètement cinglée ma parole!

Elle avait pensé dans sa tête calmer ses protestations par des contacts le rendant désireux comme tout homme normal et au moins, en cas de forte opposition, se servir de la nature pour le culpabiliser mais elle n'avait pas eu le temps de savoir vu comme il l'avait repoussée et la regardait avec horreur. Alors elle l'accusa.

- Oui je suis cinglée Terry, tu me rends folle, je suis folle de toi, je t'aime et tu me fais souffrir en ne pensant qu'à cette Candy de malheur!

- Sors d'ici tout de suite! hurla-t-il en voyant qu'elle était nue et repoussait le drap pour lui montrer ses formes.

- Terry je t'en prie, tu ne peux pas dire ça, regarde-moi, je suis plutôt jolie non? Plus formée que ta... fiancée pour l'instant et je peux te donner ce qu'elle ne peut pas encore, seulement pour le plaisir, elle n'en saura rien, je te le jure.

- Ca ne va pas non? Et même si elle ne le savait jamais, moi je n'ai pas envie de cela avec toi, je ne t'aime pas et ne t'aimerai jamais !

- Mais regarde-moi enfin Terry! N'ai-je pas un corps fait pour donner du plaisir? Laisse-toi juste faire. Je vais t'apprendre l'amour avec une vraie femme et même si tu ne m'aimes jamais d'amour, c'est égal, moi je te veux pour deux mon Roméo, tu es fait pour moi, nous allons être Roméo et Juliette et tu verras qu'on sera encore meilleurs si on s'aime aussi en vrai !

- Tu es décidément cinglée Susanna, je ne serai jamais ton Roméo, on sera uniquement un couple au théâtre et pour moi, que ce soit toi ou n'importe quelle autre actrice pour jouer Juliette, c'est égal car je ne vois et entend que Candy quand je joue. Et puis, tu n'as rien à m'apprendre, je sais ce que je veux savoir de l'amour et surtout que cet acte vaut vraiment le coup avec quelqu'un qu'on adore ! Il ne suffit pas d'être jolie pour me donner du désir, surtout si l'intérieur est aussi fade que le tien. Maintenant fiche le camp Susanna, où je vais être vraiment très peu gentleman.

Elle faillit jouer les pleureuses pour lui faire pitié mais son regard était si noir et glacial qu'elle piqua une crise.

- Alors tu ne veux donc que cette maudite infirmière, cette fille d'écurie voleuse et menteuse qui se moque bien de toi en vivant avec un clochard amnésique et qui peut-être, fait avec lui ce que tu refuses bêtement avec moi!

Puis elle prit peur en voyant que son regard pouvait être encore plus inquiétant.

- QUOI? QUI T'A DIT CA SUSANNA? QUI?

Elle réfléchit très vite pour se sortir de là ou il pourrait la tuer tant il semblait le vouloir.

- Heu... C'est Eliza. C'est sa cousine, elle a tenu à m'écrire tout de Candy pour... te protéger d'elle car elle dit qu'elle est dangereuse.

- Espèce de punaise! s'exclama-t-il en se levant de dégoût. Et toi tu es aussi mesquine que ce cafard, tu n'es pas que folle, tu es une vipère pour correspondre et croire en Eliza Legan !

- Mais je pensais seulement à ton bien Terry, je ne pouvais pas savoir qu'Eliza est comme tu dis? Elle m'a dit que Candy savait jouer les ingénues mais qu'elle manigançait pour ses intérêts et avait même été jusqu'à pousser son cousin Anthony à prendre trop de risques à cheval jusqu'à ce qu'il se tue, pour être la seule héritière des Ardlay.

- N'importe quoi! Si tu n'as pas vu que c'était Eliza la vipère qui manigance toujours par jalousie envers Candy qui est un ange de pureté, alors c'est qu'en plus tu es complètement idiote ! J'ai déjà assez subi le prix des complots d'Eliza en Angleterre pour en être sûr et je te conseille de cesser toute correspondance avec elle où je vais devenir vraiment méchant !

- Mais Terry, c'est injuste ! Tu me traites comme une ennemie alors que je t'ai permis d'entrer dans la troupe Stratford, tu as oublié? Tu ne peux pas me détester avec ce que tu me dois !

- Et maintenant tu veux que je te doive quelque chose ? Alors, c'est certain, tu n'es pas une victime d'Eliza, tu es son égale. Susanna, je ne le redirai plus, rhabille-toi très vite et file où je te jette dehors ainsi !

Cette fois elle n'osa plus le contrarier, elle pleura et enfila sa robe rapidement. Mais avant de sortir, elle tenta encore de l'amadouer.

- Pardonne-moi Terry! Elle mit ses mains sur son visage en pleurant vraiment mais trop théâtralement. Je t'en prie, ne me déteste pas, je te jure que je ne croirai plus jamais Eliza, je m'excuse mais je t'aimais vraiment et j'ai en effet perdu la tête depuis qu'on joue, j'ai tout confondu.

- Je te pardonne cette confusion Susanna mais pas tes complots avec mes ennemis. Jamais plus je ne te ferai confiance, jamais plus tu n'entreras ici et nous ne nous verrons plus qu'au théâtre pour le travail et rien d'autre. C'est clair?

- Oui Terry.

Elle sentit alors de vraies larmes avec une vraie douleur venir en elle en tuant ses derniers espoirs et elle ne put supporter plus et s'enfuit en courant.

Terry soupira en réalisant à quoi il avait échappé et s'inquiéta fort pour Candy à la merci de sa cousine toujours si sournoise et haineuse. Alors il décida d'écrire immédiatement à sa fiancée pour qu'elle soit sur ses gardes mais sans raconter ce qu'il venait de vivre avec Susanna. Il lui dirait quand elle viendrait, maintenant il valait mieux qu'elle l'ignore car en aurait de la peine et de l'inquiétude en plus pour lui. Mais il lui dit quand même qu'Eliza écrivait à Susanna des tas de mensonges et qu'elle se méfie plus d'elle et n'hésite pas à demander l'aide d'Albert, Archibald et Alistear si besoin, enfin tous ses amis sincères qui l'aimaient car il ne pardonnerait pas qu'on lui fasse encore du mal et accourrait au moindre doute.

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Candy reçut cette lettre trois jours plus tard. Elle pâlit en comprenant que Susanna n'avait donc pas renoncé à son béguin pour Terry puisqu'elle correspondait avec Eliza pour savoir plus. Mais quoi que Susanna ait tenté, il était certain qu'elle avait échoué et elle la plaignit encore davantage d'avoir mis Terry en colère et donc perdu son amitié.

« Mon pauvre amour! Hélas, elle ne sera certainement pas la dernière à tomber amoureuse de toi, il y en aura plein d'autres après la pièce même si elles ne peuvent t'aimer que pour l'apparence sans te connaître vraiment. Moi je t'ai aimé dès le premier regard aussi mais si je n'avais pas réussi à percer ce qu'il y avait dans ton cœur, je t'aurais vite oublié. Tu m'as choisie entre toutes mon Terry et tu n'es pas non plus le genre à ne voir que l'extérieur, c'est prouvé avec Susanna. Mon Dieu, je vais devoir faire des efforts tout de même, il faudra que je sois à la hauteur en étant ton épouse mon élu, toi si beau et future étoile de Broadway! Jusqu'à présent je ne me souciais guère d'élégance et beauté mais maintenant je ferai aussi plus attention car bien que je sais que tu m'aimes pour moi même, ça compte aussi d'être jolie et lire de l'admiration dans tes beaux yeux bleus. Quant à Eliza, rassure-toi mon amour, maintenant je sais que me nuire c'est te nuire, alors je ne me laisserai plus faire, je sortirai mes griffes à la moindre attaque!»

(1) Le premier camping-car, campervan ou autocaravane pour touristes n'arrive qu'en 1930 mais l'invention date de 1901 pour les travailleurs itinérants ou quelques riches originaux et de constructions artisanales, et donc de modèles uniques.

A suivre...