Disclaimer : L'ensemble de l'univers de Harry Potter et ses personnages appartient à J.K. Rowling.
Chapitre 2 :
« Qu'est-ce qui s'est passé ?! »
La voix de Sirius tonna si fort dans la vaste demeure Black que les murs semblèrent trembler. Neville, Ron et Harry venaient d'atterrir dans Square Grimmaurd dans un fracas retentissant et gisaient sur le sol, essoufflés et gémissants.
Appuyé sur un coude, Harry reprenait difficilement son souffle tandis que Ron se redressait péniblement. De plus en plus inquiet, Sirius se précipita vers son filleul et avec l'aide du jeune Weasley, ils l'aidèrent à s'installer sur la vieille méridienne élimée qui trônait près de la cheminée.
Dans le même temps, Remus et Maugrey firent leur apparition dans le salon, baguette en main.
« Harry, est-ce que tout va bien ?! » Insista Black en cherchant son regard sous son épaisse frange noire.
- Bon sang… » C'était Ron qui venait de parler et pour cause, il venait de découvrir quelque chose, entre les pans déchirés des vêtements d'Harry. « Que… Qu'est-ce que c'est que ça… ? » Chuchota-t-il d'une voix horrifiée en se redressant, dévoilant à l'assemblée le torse mutilé du jeune homme.
Sur son torse d'une pâleur inquiétante, ils découvrirent une contusion violette et boursoufflée mais quelque chose de plus sinistre encore leur coupa purement et simplement le souffle. Une encre noire décrivait des volutes effilées qui, tels des aspics, encerclaient l'ecchymose au centre de laquelle émergeait une flèche sinueuse qui pointait vers le haut.
« On dirait… le cadran d'une horloge. » Glapit Neville, debout derrière Sirius.
- Laissez-moi voir ça ! » S'exclama Maugrey en amorçant un pas dans leur direction de sa démarche lourde et claudicante.
Sans ménagement, il repoussa Neville et vint s'accroupir auprès du blessé sous l'œil vigilant de Sirius. Son œil valide se plissa de concentration tandis que le deuxième se mit à rouler frénétiquement dans son orbite dans un cliquetis écœurant. L'examen ne dura que quelques secondes avant que ses sourcils ne se froncent davantage. Il paraissait contrarié.
« Qui t'a fait ça, mon garçon ? » Sa voix n'avait plus rien d'empressé et son ton était bas et prudent.
Harry se braqua aussitôt et tenta de se soustraire à son inspection en reculant dans les coussins de la méridienne. Voyant son désarroi, Sirius plaça aussitôt son bras entre lui et l'Auror qu'il cloua d'un regard inflexible.
« Ecartez-vous, Alastor, je vous prie. »
Ils s'observèrent en chiens de faïence un instant avant que Maugrey ne consente à se relever et à s'éloigner de quelques pas.
« Vous devriez me faire davantage confiance, Black, car si je ne me trompe pas, il s'agit là de magie noire. »
Sa remarque parut ébranler tout le monde alors que chacun semblait s'y attendre. Puis toutes les têtes se tournèrent vers Harry comme un seul homme.
« Je… Il faut… Il faut appeler Snape… » Grommela ce dernier en tentant de se redresser.
- Je m'en occupe. » Fit Remus en hochant la tête avant de disparaitre par la porte.
- Bien. Il faut l'installer dans l'une des chambres et nettoyer les plaies restées ouvertes. » Poursuivit Maugrey, bourru. « Mais après, j'aurai quelques questions à te poser. »
Puis sans attendre de réaction de sa part, il quitta les lieux à son tour.
« Je vais préparer ta chambre, Harry. » Bafouilla Neville en s'éclipsant à l'étage, de plus en plus mal à l'aise.
Les trois derniers occupants du salon les regardèrent partir tour à tour avant de se tourner à nouveau les uns vers les autres.
« Tu as mal ? » Déjà, Sirius se penchait vers son protégé, anxieux.
- Non, ça va, mais… Où sont les autres ?
- Hermione, Ginny, Dean et Seamus ont pu transplaner à Poudlard, avec maman et papa. » Lui répondit Ron en s'asseyant face à lui, les coudes posés sur ses genoux écartés et les mains jointes devant lui. « Neville m'a aidé à les mettre à l'abri et a tenu à revenir avec moi pour te chercher. » Il marqua une légère pause avant de reprendre, un ton plus bas. « L'Ordre est arrivé quelques minutes avant que je ne vous retrouve mais… je ne sais pas ce qu'il en est pour le moment… »
Harry accueillit ces informations en silence, la tête basse et le regard fixé sur le plancher.
« Harry… Il faut que tu me dises… » Sirius ne termina pas sa phrase mais Harry sut immédiatement ce qu'il attendait de sa part.
« Hermione, Ron et moi, on s'est rendus à Londres, au début de l'après-midi. On cherchait des informations sur l'orphelinat Wool. » Il se força à inspirer et ferma les yeux. « On a découvert qu'il a été détruit il y a des années alors… on a décidé d'aller aux Trois Balais, pour pouvoir discuter calmement de tout ça mais… » Ses maxillaires roulèrent sous la peau de sa mâchoire et un rictus amer tordit la ligne mince de ses lèvres. « …au bout d'une heure, on a entendu des gens hurler, dehors, et après, tout s'est enchaîné très vite… Quand on est sortis, il y avait des Mangemorts de tous les côtés et ils avaient commencé à détruire le village. Je me rappelle pas exactement de tout ce qui s'est passé et l'un d'entre eux m'a touché à l'épaule mais j'ai réussi à m'en débarrasser. » A mesure que son récit avançait, quelque chose en lui semblait se briser. « Après… j'ai rejoint Neville, puis Ginny, et ils ont transplané… »
Il ne s'était pas aperçu que ses doigts s'étaient mis à trembler et même la main rassurante que Sirius posa sur son épaule ne parvint pas à le réconforter. Le courage commençait à lui manquer pour achever son récit et sa gorge était plus nouée que jamais.
« Elle est apparue... et… je… »
Sirius fronça les sourcils, de plus en plus inquiet par la tournure que prenaient les évènements.
« Qui, Harry ? Qui est apparu ? » Chuchota-t-il.
- Bellatrix Lestrange. » Répondit la voix sombre de Ron.
Tout le corps d'Harry se crispa brusquement alors que la main de Sirius quittait son épaule pour tomber dans le vide.
« Harry… tu…
- Elle… On s'est retrouvés dans cette ruelle… Elle… » Il eut un haut le corps et se recroquevilla sur lui-même, incapable d'affronter le regard de son parrain, ni même celui de Ron. Ses mains glissèrent dans ses cheveux qu'il agrippa férocement, les yeux crispés et une envie soudaine de fondre en larmes l'envahit alors que la scène se rejouait impitoyablement dans sa tête. « Elle m'a torturé… Elle m'a torturé, Sirius et… et… »
La brusque détresse d'Harry fit sortir Sirius de son hébétude aussi efficacement qu'une claque et il le prit à bras le corps, le serrant aussi fort qu'il le put contre lui.
« Ca va aller, Harry… Tu ne pouvais pas faire autrement…
- Non ! Tu ne comprends pas ! » Harry se dégagea violemment de son étreinte et le regard qu'il planta dans le sien lui fit plus mal encore que tout ce qu'il venait de lui avouer. « Elle s'est penchée vers moi et elle a sorti ce couteau… ! » Cette fois, un véritable sanglot s'échappa de sa bouche entrouverte. « Si je n'avais pas… elle allait… et je ne pouvais pas…
- Ce n'est pas de ta faute, Harry ! » Puis jetant ses bras autour du corps secoué par les larmes, Sirius le ramena contre lui, ignorant les efforts du jeune garçon pour le repousser.
Il le berça lentement, supportant les gémissements et les pleurs qui lui lacéraient les entrailles alors que l'étau cruel de la culpabilité se refermait sur son cœur.
« Ce n'est pas de ta faute… » Répéta-t-il doucement.
Aucun d'entre eux ne s'aperçut que Ron avait quitté la pièce et ils restèrent ainsi un long moment avant qu'enfin, Harry ne cède à l'épuisement et s'endorme dans les bras de Sirius.
.
« Le charme de Suspension, ou sort d'Immortalité Temporaire. »
Peu après qu'Harry se soit enfin abandonné au sommeil, Sirius, aidé de Ron, l'avait emmené dans la chambre que Neville lui avait préparée. Il avait laissé au jeune Weasley le soin de veiller sur son ami le temps que Snape les rejoigne, puis s'était rendu dans la longue salle à manger qui tenait lieu de salle de réunion à l'Ordre du Phoenix, là où Alastor Maugrey, Arthur et Molly Weasley, Kingsley Shacklebolt et Remus Lupin s'entretenaient déjà à propos des derniers évènements.
« Il s'agit d'un sort issu d'une magie antique gauloise, très peu connu dans notre société actuelle. »
Assis à l'écart, Sirius ne cherchait pas à cacher l'air désapprobateur qui faisait grandir une ombre inquiétante sur ses traits tandis qu'il écoutait les explications méthodiques de Fol'œil sur le maléfice dont Harry avait été victime.
« Vous avez pourtant l'air sûr de votre diagnostique. » S'aventura Arthur en agitant sa main d'un geste évasif.
- Pour tout vous dire, je n'avais jamais vu ce sort en application jusqu'ici. » Il renifla bruyamment. « La première fois que j'en ai entendu parler, c'était à l'occasion de la traque du Mangemort Bradley Wilkes. Nous étions tombés sur des recherches de magie noire dans le clapier qui lui servait de planque. Visiblement, la magie ancestrale française regorgeait de pistes pour permettre à Vous-Savez-Qui d'atteindre l'immortalité. » Il fit une pause, laissant à l'assemblée le temps d'assimiler son discours. « De ce que j'en sais, il s'agit d'un moyen de stopper la dégradation d'un organe grâce à des fils de magie qui pénètrent dans le corps mais son effet est très provisoire.
- J'imagine qu'il y a un lien avec le symbole qui est apparu sur sa poitrine.
- En effet. Néanmoins, pour ne pas arranger nos affaires, il semblerait que le sort originel ait subi de nombreuses modifications au cours des derniers siècles, au sein de petites communautés sorcières très fermées situées essentiellement dans l'ancien Pays de Vannes.
- Mh… La forme qu'a pris le maléfice sur le jeune Potter pourrait donc être issue d'une « amélioration » personnelle du sorcier qui en est à l'origine… » Intervint Shacklebolt en se frottant le menton d'un air songeur.
- Difficile à dire. » Marmonna Alastor en croisant les bras.
- Et nous ne savons toujours pas qui en est à l'origine. » Ajouta Arthur. « Je suppose qu'il va nous falloir chercher un élément redoutable de l'armée de Voldemort.
- Pas nécessairement. » Tout comme Sirius, Remus se tenait en retrait mais sa remarque attira aussitôt l'attention de ses pairs. « L'usage de la magie noire par des sorciers peu expérimentés n'est pas impossible. Malheureusement… »
Son regard rencontra celui de son ami d'enfance et l'éclair de douleur qui passa dans le bleu profond des prunelles de Sirius le découragea de terminer sa phrase.
« Malheureusement, le résultat est souvent incertain. »
La voix qui venait d'achever cruellement l'observation de Remus fit frissonner aussi bien Lupin que Black. Sortant de l'obscurité dans laquelle il s'était réfugié jusque-là, Sirius se releva lentement, les yeux braqués sur la nouvelle arrivante.
« Snape. » Murmura-t-il en guise de salut.
Elle ne lui retourna pas la faveur et sans plus s'attarder sur sa présence, s'avança dans la pièce, suivie de l'ondoiement de ses robes et de sa longue chevelure fuligineuse. Tout en Sirius se crispa de colère et de frustration.
Sa fureur enfla d'autant plus lorsque Remus, comme à sa pathétique habitude, ne put s'empêcher de faire quelques pas vers elle, comme un papillon attiré par les flammes. La simple présence de cette femme faisait naître en cet idiot des sentiments aussi doux et candides que les siens étaient féroces et destructeurs.
« Je suis rassuré de voir que tu as pu nous rejoindre rapidement et sans encombre. » L'accueillit Remus d'une voix tendre qu'il ne réservait qu'à elle.
Elle lui répondit par un semblant de sourire puis se tourna vers Fol'œil.
« Je suis impressionnée par vos connaissances en la matière, Maugrey.
- Je vous en prie, » Ricana son interlocuteur. « …elles n'équivalent sans doute en rien les vôtres dans ce domaine. »
Elle dressa un sourcil, amusée par l'animosité que l'Auror n'arrivait jamais à taire tout à fait en sa présence, et ce malgré sa participation active pour le compte de l'Ordre. A ses yeux – ou du moins, ce qu'il en restait – un Mangemort restait un Mangemort.
Elle s'apprêtait à renchérir lorsque Sirius prit la parole :
« Pourquoi n'es-tu pas déjà à son chevet ? » Gronda-t-il d'une voix que son ressentiment étouffait presque.
Enfin, elle daigna se tourner vers lui et malgré l'éclat venimeux qui brillait dans son regard, Sirius sentit le démon qui rugissait en lui se calmer quelque peu.
« Si tu veux que je lui vienne en aide, Black, il me faut des informations. » Siffla-t-elle alors que la même hargne naissait en elle.
- Les informations sont claires, Snape ! » S'écria-t-il, à bout de nerf. « Harry est en danger, il a failli être tué et il faut que tu lui viennes en aide le plus rapidement possible !
- Sirius, calme-toi… » Murmura Remus en s'approchant et qu'importe son intention, le voir se dresser entre lui et elle fit aussitôt enfler sa hargne.
Elle fut si vive qu'il fut incapable de parler l'espace d'un instant, et consciente ou non du drame qui s'apprêtait à se jouer devant elle, Snape en profita pour reprendre :
« Ça suffit, amenez-moi à Potter. »
D'un geste sec de la tête, Maugrey l'enjoignit à le suivre et s'engouffra dans le couloir de son pas d'ours boiteux qui semblait faire gémir le parquet de douleur. Sans un regard pour Sirius, la professeure de potions quitta la pièce à son tour, suivie de près par les silhouettes silencieuses et inquiètes de Molly et Arthur. Kingsley s'attarda une seconde, dardant un regard aigu sur Black, mais renonça à faire le moindre commentaire et suivit le mouvement, abandonnant les deux camarades à leur dissentiment.
« Qu'est-ce qui t'a pris, Sirius ? »
Une exaspération certaine et une profonde incompréhension se partageaient le ton de la voix de Lupin tandis qu'il s'approchait de Black. Celui-ci grinça des dents, faisant jaillir ses maxillaires sous sa barbe naissante, mais s'efforça de prendre une longue inspiration avant de se tourner vers Remus. Il ne put néanmoins se retenir de secouer lentement la tête en avisant l'air soucieux de son ami.
« Tu n'es qu'un imbécile… »
Remus cilla, visiblement heurté par ses mots.
« Je-
- Tu ferais mieux de te méfier d'elle. »
Cette fois, Remus ricana, désabusé, avant de parler.
« C'est toi qui te comportes comme un imbécile. » Puis sans attendre sa réponse, il se détourna. Il s'apprêtait à quitter la pièce à son tour quand il s'immobilisa dans l'encadrement de la porte, tournant un regard indéchiffrable par-dessus son épaule. « Ne me reproche pas de ne pas commettre les mêmes erreurs que toi. »
Ses mots firent mouche et Sirius resta un long moment seul et pétrifié dans la pénombre qui ne quittait jamais tout à fait le vaste manoir.
.
Quand enfin la sombre silhouette du maître des lieux se présenta au seuil de la chambre où reposait Harry, Snape l'examinait encore, imperturbable malgré la tension qui régnait autour d'elle. Sa baguette voyageait lentement au-dessus de la poitrine découverte du garçon sous le regard méfiant de Ron. Celui-ci, encadré de son père et de sa mère, paraissait prêt à se jeter sur elle au moindre geste suspect.
Appuyé contre le manteau de la cheminée, Alastor observait les gestes de Snape en feignant une nonchalance que démentait l'étincelle de curiosité avide qui brillait dans son œil valide et à ses côtés, Kingsley semblait s'être statufié, plus rigide que jamais.
Légèrement en retrait, Remus était le seul à s'être tourné vers Sirius lorsqu'il était arrivé. Si celui-ci ne lui rendit pas son regard, ce ne fut pas par rancœur, mais parce qu'il ne pouvait se détacher du visage livide et inconscient de Harry.
Enfin, après une éternité, Snape cessa son inspection. Son visage devait paraître impassible pour tous les occupants de la pièce mais Sirius, lui, le connaissait trop bien pour ne pas discerner l'infime ride de contrariété qui lui barrait le front.
« Alors ? » La pressa Maugrey qui ne parvenait plus à masquer son impatience.
Snape sembla d'abord ne pas l'entendre, étudiant le visage de son patient comme si elle tentait encore d'y trouver des réponses, puis lentement, elle se releva, déliant son corps mince dans un chuintement de tissu.
« Le charme de Suspension est fragile et pour cause, sa structure a été grandement modifiée par son exécuteur.
- Que voulez-vous dire ?
- Eh bien disons que le sort a été simplifié. Extrêmement simplifié.
- Mais alors, ça veut dire que Harry est en danger… ? » S'inquiéta aussitôt le jeune Weasley en échappant à l'étreinte de sa mère.
- Non. » Quelque chose, comme une étrange satisfaction, vint alors fendre l'expression glaciale de Snape tandis qu'elle se tournait à nouveau vers le Survivant. « A vrai dire, il s'agit d'un ouvrage impressionnant. Simplifier un sort pareil n'est pas une mince affaire et j'ai la sensation que son auteur l'a modifié afin qu'un utilisateur, même inexpérimenté, puisse l'utiliser correctement. » Elle pencha légèrement la tête sur le côté, plongée dans ses propres réflexions, et souffla : « C'est prodigieux.
- Alors vous allez pouvoir le sauver, n'est-ce pas ? » Insista Ron, fébrile.
Effaçant toute trace d'intérêt de son visage, Snape se reconstitua un masque de froideur avant de se tourner vers ses pairs.
« Je dois pouvoir le faire mais il va me falloir travailler vite et efficacement. Pour cela, il me faudra aménager un laboratoire ici-même ainsi qu'une assistance performante. » A la grande surprise de Ron, son regard se tourna vers lui à ces mots.
- M… Moi ? » Murmura-t-il, abasourdi.
Snape dressa un sourcil ironique et prit sa voix la plus cinglante pour lui répondre :
« Allons, l'heure n'est pas à la plaisanterie, me semble-t-il. » Elle ponctua sa phrase d'un rictus qui fit rougir Ron de colère. Il ne trouva néanmoins rien à redire. « Plus sérieusement, je tenais surtout à savoir si votre camarade, mademoiselle Granger, se trouvait dans les parages.
- Hermione Granger se trouve actuellement à Poudlard. » C'était Molly qui venait de répondre d'un air pincé, visiblement piquée au vif par l'attitude la professeure de potions envers son fils.
- Voilà qui risque de compliquer nos affaires, alors. » Peu impressionnée par ce petit bout de bonne femme aux yeux pourtant flamboyants, Snape la cloua d'un regard polaire sans ciller.
L'air commençait à devenir électrique lorsqu'une voix éthérée intervint :
« Je peux peut-être vous aider. »
Sidérée, Snape cligna lentement des yeux avant de se tourner vers la porte, là où Sirius avait laissé sa place à une jeune fille au visage pâle et aux traits réguliers. Sa frêle stature, emmitouflée dans de larges vêtements, se discernait difficilement mais elle la reconnut sans peine.
« Nott. » Fit-elle platement, ne sachant quoi dire d'autre.
L'adolescente si discrète avait disparu des rangs du Seigneur des Ténèbres quelques mois plus tôt. Si peu de personnes, parmi les fidèles du Mage Noir, ne devaient se rappeler de l'existence effacée de la jeune fille, tous se souvenaient en revanche parfaitement du long et interminable supplice qu'avait enduré son père suite à sa désertion. Leur Maître n'avait envoyé personne à sa recherche mais il avait torturé Alaric Nott des heures durant sous les yeux terrorisés de ses plus jeunes recrues, afin de les dissuader de prendre la même décision.
Elle-même n'en avait eu que de brefs échos et ne s'était pas attardée sur le sujet. A vrai dire, elle la pensait morte, ou en fuite dans un autre pays.
Elle fut sortie de ses réflexions par le mouvement rapide de Weasley lorsque celui-ci se précipita vers la nouvelle arrivante pour la saisir par les épaules.
« Thea ! Tu ne devrais pas être ici. »
Snape dressa un sourcil. Oh. Voilà qui expliquait bien des choses.
Nott ne parvint pas à soutenir le regard de Weasley plus de quelques secondes et très vite, ses yeux d'un gris de perle cherchèrent une autre attache. Potter et son état lamentable furent manifestement une source d'attention et de courage suffisante pour qu'elle ose à nouveau affronter le jeune homme.
« Ron, pour la première fois depuis que je suis là, je peux enfin aider.
- C'est bien trop dangereux, tu dois rester à l'abri. » Insista Weasley en baissant la voix et en s'approchant un peu plus, comme s'il espérait la faire disparaitre derrière sa silhouette immense.
- Ron, s'il-te-plait… » L'implora-t-elle encore et Snape ne put s'empêcher de rouler des yeux.
- J'accepte votre aide, Nott. » Weasley fit brusquement volte-face, prêt à protester, mais elle ne lui en laissa pas l'occasion et continua d'une voix implacable. « J'ai horreur de perdre mon temps, Weasley, et de toute façon, nous n'en disposons pas. J'ai besoin de l'aide de quelqu'un qui soit habile et versé dans l'art des potions et malheureusement, vous ne remplissez aucun de ces critères, contrairement à mademoiselle Nott. » Elle acéra son regard et fronça les sourcils. « Et si cela puit vous rassurer, je ne mettrai pas davantage la vie de votre amie en danger, que celle que l'on vient de me confier. »
Weasley cligna des yeux à ses mots, comme s'il reprenait conscience de la situation. Son expression ne tarda néanmoins pas à redevenir dure et frustrée, tandis qu'il se tournait vers sa protégée, encore hésitant. La jeune fille ne tenta pas d'argumenter davantage et se contenta de poser une main délicate sur le bras de son si vigoureux gardien. Avec un soupir irrité, il sembla enfin se résoudre.
« Bien. Mais s'il arrive quoique ce soit à l'un d'eux, » Continua-t-il à l'adresse de sa professeure. « …je vous le ferai payer chèrement.
- Je tâcherai de m'en souvenir. » Répondit Snape sans l'ombre d'un sarcasme.
A suivre…
