Chapitre 2 : Karakura
Quand il se retourna pour voir le seikaimon se refermer derrière lui, Byakuya était essoufflé. Pour ne pas être emporté par les korius, il avait du courir évidemment. Cela avait été dur mais il n'avait pas eu le choix pour venir dans le monde des humains. Ses poumons protestaient et il ne put empêcher une quinte de toux de le prendre. Il s'appuya contre un mur le temps que cela passe. Il recracha quelques pétales et maudit les fleurs qui l'empêchaient de respirer librement.
« En voilà une surprise, » fit une voix joyeuse derrière lui.
Il se retourna et fixa l'homme qui se tenait sur le toit. Il ne le connaissait pas personnellement mais suite aux différents rapports, il le reconnut comme étant Kisuke Urahara. L'homme se tenait sur un toit trois mètres au-dessus de lui et tenait son chapeau rond pour l'empêcher de s'envoler au gré du vent. L'homme sauta et atterrit pour venir à sa rencontre.
« Je ne m'attendais pas à la visite d'un Capitaine. Encore moins toi, Byakuya Kuchiki. J'ai en général affaire à Toshiro Hitsugaya. »
« Que veux-tu, Urahara ? » demanda le Capitaine de la sixième division.
« Rien. Je viens toujours voir les nouveaux venus shinigamis pour les informer de ce que je vends dans ma boutique et … »
« Je n'ai besoin de rien. »
« … leur proposer un point d'ancrage où se reposer et se restaurer lors de leur mission dans ce monde. »
« J'ai dit que je n'avais besoin de rien. »
« Allons, allons, Byakya, » fit un chat noir en arrivant au petit trot. « Tu sembles épuisé. Ne le nie pas, cela se lit sur ton visage. »
« Qui es-tu ? »
Le chat se métamorphosa et prit la forme de ….
« Yoruichi Shihoin, » dit-il avec un léger dédain avant de détourner le regard. « N'as-tu donc aucune retenue ? »
Elle rit doucement en compagnie d'Urahara. Ce dernier lançait justement quelques vêtements à la femme complètement nue, ses longs cheveux mauves dissimulant à peine quelques parcelles de son corps.
« Ce n'est pas aussi drôle que d'habitude, » commenta-t-elle en s'habillant. « Tu es bien trop sérieux. Cela fait longtemps, » ajouta-t-elle en posant ensuite une main sur sa hanche. « Qu'est-ce qui t'amène ? »
« Ce ne sont pas tes affaires, chatte de gouttière, » fit-il avant d'être repris par une petite quinte de toux.
« Eh bien… j'en connais un qui n'aurait pas du quitter la Soul Society, » fit le vendeur. « Viens te reposer dans mon magasin, Byakuya Kuchiki. Ce serait un crime que de laisser un homme malade sur le trottoir. »
N'ayant rien d'autre à faire et ignorant où vivait l'objet de sa venue en ce monde, il n'eut d'autre choix que de les suivre. Ils se déplaçaient vite, trop vite à son goût, mais il ne se plaignit pas. Il voulait garder les apparences. Toutefois, il nota un regard de cet homme sur lui. Ce n'était que du coin de l'œil mais il semblait avoir remarqué quelque chose car la cadence fut ralentie.
Ils arrivèrent devant une petite devanture de magasin traditionnel donnant sur une cour fermée. Il pénétra à l'intérieur et s'installa devant la table pour prendre le thé.
« C'est bien plus qu'une maladie ordinaire, » dit directement Urahara. « Sinon tu ne serais pas ici, n'est-ce pas ? »
« Mêle-toi de ce qui te regarde, » rétorqua Byakuya d'une voix froide.
« Et pourquoi tu es là ? » demanda Yoruichi.
« Cela ne vous regarde en rien, » fit-il avant de déguster le thé servi en silence.
« Bien, » fit alors le vendeur. « Si tu le souhaites, tu peux occuper la chambre d'ami. Et si tu as besoin d'un gigai, fais-le-moi savoir, je t'en ferai un sur mesure. »
Byakuya fit un bref hochement de tête avant de suivre l'homme jusqu'à ce qui serait sa chambre. Il voulait se reposer. Les fleurs dans ses poumons commençaient sérieusement à le faire souffrir à tout moment du jour et de la nuit. Cela devenait une véritable épreuve chaque jour.
Il s'allongea sur le futon et ferma les yeux. Il se demandait comment il allait s'y prendre avec Ichigo Kurosaki. Arriverait-il à lui expliquer les choses ? Et le jeune homme l'accepterait-il seulement ? Difficile à dire… Ils ne se connaissaient même pas. Pas plus que cela. C'était surtout Rukia qui le connaissait. Lui ne savait que quelques petites informations par rapport au shinigami qu'il était et sur sa volonté et son honneur de combattant. Mais l'adolescent derrière, maintenant le jeune homme, lui, il n'en connaissait rien du tout.
Mais il avait hâte de le découvrir.
xXxXxXx
Byakuya buvait sa tasse de thé dans le salon privé d'Urahara en compagnie de cette chatte de gouttière de Yoruichi quand un client vint à la boutique. Il fut étonné d'apprendre que cette personne se trouvait être une des jeunes sœurs d'Ichigo, Karin Kurosaki. Elle s'occupait d'envoyer les esprits dans la Soul Society avant même qu'ils ne deviennent des hollow. Dans un sens, c'était une bonne chose. Mais pourquoi le faisait-elle seulement ?
Par curiosité, il écouta la conversation entre la jeune fille et Kisuke Urahara.
« Aujourd'hui aussi tu ne veux pas que je paie ? » demanda-t-elle.
« C'est cadeau, par égard pour la dette que j'ai envers ton frère. »
« Bon d'accord. »
« D'ailleurs puisqu'on parle de lui, comment va-t-il ? Il a beaucoup changé ? »
Byakuya attendit religieusement la réponse qui ne tarda pas à venir.
« Non pas vraiment. »
« Et tes sentiments … ? »
« Pareil. » Il y eut un moment de silence. « Mon avis c'est que ses pouvoirs de shinigami ne reviennent jamais. »
Byakuya releva un sourcil, surpris. Pourquoi la jeune fille pensait-elle de cette façon ? Il lui semblait pourtant qu'Ichigo Kurosaki avait voulu et aimait ses pouvoirs de shinigami… Alors pourquoi tenir un tel discours ?
« C'est vrai quoi ! » continua Karin Kurosaki dans la pièce d'à côté. « Toute sa vie, il n'a fait que se battre, même avant d'être un shinigami. Il s'est toujours battu pour les autres, pour les protéger. Ca lui pesait sur les épaules. Alors franchement, je crois que c'est bien mieux ainsi. Pour l'équilibre. Maintenant, c'est à notre tour de le protéger. Bon je dois y aller. »
Vu comme ça, le Capitaine Kuchiki ne pouvait que la comprendre. Elle voulait protéger son frère qui avait tout sacrifié pour eux. Eux tous. Il ne pouvait au final qu'être d'accord avec la jeune fille. Mais Ichigo, lui, qu'en pensait-il ? Il doutait sincèrement qu'il ait accepté ainsi de perdre tous ses pouvoirs et d'être devenu plus faible. Il allait mûrement y réfléchir tout en observant le rouquin dans son milieu quotidien.
xXxXxXx
Byakuya se tenait debout sur un toit devant l'école de Ichigo Kurosaki et l'observait jouer à ce jeu que les humains appelaient football. Il se tenait devant une sorte de cage et arrêtait toute balle qui passait à sa portée. Malgré les dix-sept mois passés à ne plus du tout chasser les hollows, il restait encore en une très grande forme.
Soudain, il vit un groupe d'humains, de mauvais garçons, pénétrer dans l'école et en bloquer la sortie. Ils étaient à la recherche d'Ichigo justement. Le shinigami observa de loin la confrontation. Apparemment le rouquin avait fait du mal à l'un d'entre eux… Ce n'était pourtant pas son genre. Ce que l'un des voyous avait oublié de mentionner, c'était le vol qu'il avait fait avant de se prendre une correction. Le jeune Quincy était également présent et ils commencèrent à se battre côte à côte contre les intrus plus qu'agressifs et, somme toute, en tort.
Byakuya fut interrompu dans son observation par l'arrivée d'Isshin Kurosaki. Il fut toutefois surpris de le voir dans une tenue de shinigami, qui plus est avec l'uniforme d'un capitaine.
« Tu es le précédent capitaine de la dixième division. »
« Cela remonte à longtemps mais oui. Puis-je savoir ce que tu fais ici, Capitaine Kuchiki ? »
« Cela ne te regarde en rien. »
« Yoruichi m'a informé que tu surveilles mon fils. Dès lors, cela me concerne. Pourquoi est-il sous surveillance ? »
« Il ne l'est pas, » répliqua Byakuya d'une voix calme alors qu'il reportait son regard sur Ichigo.
« Alors pourquoi es-tu là ? Est-ce que la Soul Society a aussi remarqué quelque chose ? »
Le regard gris se posa rapidement sur son interlocuteur.
« Que veux-tu dire ? » demanda Byakuya.
« Rien n'est encore certain, » répondit Isshin Kurosaki. « Mais quand Kisuke a des doutes, je préfère garder l'œil ouvert. »
Byakuya garda le silence un instant, réfléchissant à ce que cela impliquait.
« Est-il en danger ? »
« Peut-être. Comme je l'ai dit, rien n'est… »
Isshin s'interrompit en voyant Byakuya se mettre à tousser affreusement. L'ancien capitaine l'observa quelques instants les sourcils froncés. Quelques pétales de fleur de sakura tombèrent au sol au pied du noble. Isshin s'agenouilla pour en ramasser un. Il l'examina un moment avant de reposer son regard sur Byakuya. Ce dernier peinait à reprendre une respiration normale, un râle s'échappant de sa bouche au rythme de sa respiration hachée.
« Tu as la maladie d'hanahaki, » dit-il en se relevant.
« Que sais-tu de ça ? »
« A part les fleurs qui poussent dans les poumons, rien personnellement, » répondit Isshin. « Mais je connais une personne qui en a été affecté et le résultat … J'éprouve de la peine pour cet homme. As-tu trouvé la personne capable de te sauver ? »
« Oui. »
« Lui as-tu dit ? »
« En quoi cela te concerne ? »
« J'ai vu ce que ça fait de souffrir de ça. Et j'ai opéré la personne qui en a été affectée à sa demande. Je l'ai vu changer du tout au tout, devenir froid et sans cœur. Je ne te souhaite pas du tout le même sort, ni à qui que ce soit d'ailleurs. Trouve et convainc la personne qui te sauvera ou choisis la mort. C'est toujours mieux que de devenir un être aussi froid que la glace. »
« Si c'est un sort si peu enviable, pourquoi ton ami l'a-t-il demandé ? »
« Parce qu'il avait un enfant a élevé, » répondit simplement Isshin. « Son épouse était décédée. Son gamin se serait retrouvé seul au monde. Alors il a fait ce choix pour lui. »
Byakuya reporta son attention sur Ichigo pour le voir se faire enlever d'une façon assez particulière par une femme. Isshin Kurosaki rit doucement à cette vision.
« Sacré Ichigo, toujours à chercher les ennuis avec ta patronne. » Il se tourna vers le Capitaine de la sixième division. « Allez viens. Kisuke t'a préparé un gigai. Tu dormiras chez moi. »
« Pourquoi cela ? »
« Je ne cherche pas à comprendre. C'est Kisuke et Yoruichi qui me l'ont demandé. Et ils ne demandent jamais rien sans une excellente raison. Mais quelque chose me dit que cela concerne Ichigo et comme je sais qu'ils ne lui veulent que du bien, je ne peux qu'agir en accord avec leurs décisions. Et puis, je suis mieux placé que Kisuke pour te prodiguer des soins en cas de crise de pétales. »
« Et ton fils ? Que dira-t-il de ma présence ? »
« Nous verrons. Il ne s'y opposera pas, par contre. Cela est une certitude. Allez, suis-moi Kuchiki. »
xXxXxXx
Byakuya suivit Isshin Kurosaki et pénétra dans la maison de ce dernier. Il s'était glissé dans un gigai. Il en avait presque oublié la sensation étrange d'être dans un corps artificiel. Cela devait bien faire plus de septante ou quatre-vingt ans qu'il n'en avait pas eu recours. Il était vêtu d'un pantalon à pince clair et d'une veste blanche au-dessus d'une chemise bleu-turquoise.
« Bonjour Papa ! » s'exclama une jeune fille aux cheveux châtains. « Bonjour Monsieur ! »
« Bonjour ma petite Yuzu ! » s'exclama Isshin Kurosaki, surprenant Byakuya par le changement étrange dans son comportement.
L'homme était devenu en effet comme… pire qu'un enfant ou peut-être … Il ne saurait comment définir ce comportement. C'était étrange à observer. Et surtout, indigne d'un membre de la noblesse ! Et de ce qu'il savait, l'homme appartenait au clan Shiba. Cela le dépassait. Bien trop de sentiments montrés en public.
Une autre jeune fille, aux cheveux noirs cette fois, rattachés en une queue haute, se montra et les salua plus simplement. Isshin Kurosaki se tourna vers elle.
« Kariiiinn ! »
« Va voir ailleurs si j'y suis, le paternel ! » fit-elle en l'envoyant valdinguer contre le mur. « Tu changeras jamais ! » Elle se tourna vers Byakuya. « Bonjour monsieur, pardonnez à mon père son comportement. Il est vraiment insortable. »
« Vous restez pour dîner ? » demanda la jeune fille prénommée Yuzu avec un sourire et un regard chaleureux.
« Byakuya est un vieil ami et il restera quelques jours avec nous, mes filles chéries, » répondit Isshin en se relevant, une main massant sa mâchoire.
« Oh ! Je vais préparer la chambre d'ami tout de suite ! » répliqua alors Yuzu en se précipitant dans les escaliers. « Karin ! Viens m'aider ! »
« J'arrive. »
Byakuya la vit l'observer quelques secondes de plus, comme si elle le sentait, lui et sa pression spirituelle pourtant grandement dissimulée, avant de suivre sa sœur. Il se demandait dans quel étrange milieu le jeune Ichigo avait grandi. Son questionnement s'intensifia le soir-même quand le rouquin rentra à la maison, apparemment en retard et que son père l'attaqua d'un coup de pied à revers, l'envoyant lui aussi contre un mur. Ils étaient donc tous comme cela ici ? A bien regarder la jeune Yuzu, douce et attentionnée, préparant le repas et s'occupant de tout, il en doutait. Mais quelles relations étranges les liaient…
Il observa père et fils se battre quelques instants avant que finalement le fils renvoie son père sur les roses, extrêmement en colère.
« Ce n'est pas ma faute si ma boss m'a retenu plus longtemps que prévu ! » Le regard brun d'Ichigo s'arrêta sur la table de la salle à manger. « Byakuya ?! Ca pour une surprise ! Qu'est-ce que tu fais ici ? »
« Tu connais Mr Kuchiki, Ichigo ? » demanda Yuzu.
« Un peu que je le connais, c'est un capitaine shinigami. »
« Un shinigami ? Vraiment ? Comme toi ? Enfin… comme avant ? »
« On va dire ça, » répondit le rouquin en s'installant à table. « Sauf qu'il est capitaine à la Soul Society et que moi j'étais qu'un suppléant ici. Merci Yuzu, » ajouta-t-il en acceptant le bol de riz. « Est-ce que tout va bien, Byakuya ? Un capitaine ici, c'est plutôt… surprenant. Cela n'est plus arrivé depuis l'affaire des arrancars. Enfin de ce que j'en sais. On ne me tient plus trop au courant depuis plusieurs mois… »
« Vu que tu as perdu tes pouvoirs, n'est-ce pas préférable, Ichigo Kurosaki ? » demanda rhétoriquement Byakuya.
« Peut-être… Mais si je suis au courant, je pourrais peut-être … » Le rouquin secoua la tête en soupirant. « Non, oublie…, » fit-il ensuite avant de s'emmurer dans un silence pour manger son repas.
Le Capitaine de la sixième division le vit ensuite se lever tout aussi silencieusement pour disparaitre dans les escaliers. Il avait senti un changement en lui, dans son regard. Le fait de le revoir lui avait causé de la tristesse et de la mélancolie en plus de la surprise. Il l'avait vu, lu et ressenti.
Quoi que pouvait penser sa jeune sœur Karin, Ichigo était d'une certaine manière triste d'avoir perdu ce pouvoir qui était le sien. Pouvoir dont il ne subsistait plus rien du tout. Pas même une petite once d'énergie spirituelle. Il n'était plus qu'un simple humain comme les autres.
Et Byakuya devrait trouver le moyen de vivre avec lui, de forger une histoire d'amour… Cela serait dur. Mais il n'abandonnerait pas. Ce n'était pas du tout son genre de baisser les bras. D'autant plus que là, cela signifierait la mort pour lui.
« C'est lui, n'est-ce pas ? » demanda Isshin, surprenant le capitaine de la sixième division.
Byakuya ferma les yeux et but sa tasse de thé en silence. Il finit toutefois par hocher la tête. L'homme était malgré tout le père d'Ichigo. Il le saurait à un moment ou à un autre. Et vu la situation …
« Sois juste prudent avec lui alors. S'il en a toujours l'esprit, il n'en a plus le corps ni l'énergie pour suivre… »
« Je le sais. C'est pourquoi je suis ici avec un gigai et non sous ma forme spirituelle. »
Il toussa quelque peu mais ne recracha aucun pétale. Il avait toutefois cette gêne permanente comme si on le privait peu à peu d'air. Il ne pouvait hélas rien faire contre cela, même dans son gigai. La douleur qui accompagnait par contre cet état était apaisée, comme si le corps artificiel la soulageait en quelque sorte. Il devrait peut-être en parler avec Kisuke Urahara.
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