Disclamer : Rien ne m'appartient
Titre : Child of the Dark Moon
Auteur : Sw-0608
Traducteur : Ange Phoenix
Bêta : Antidote
Résumé : Fuyant Dudley et les "chasseurs de Harry" durant la pleine lune, Harry Potter sauva son détesté cousin d'un loup géant et manque d'être tué. Severus Snape découvrit le corps ensanglanté moins de dix minutes plus tard et accueillit l'enfant chez lui, contre son gré. Snape parviendrait-il à accepter la vulnérabilité du garçon et à l'aider à s'adapter à son statut de loup-garou ? (Dumbledore manipulateur)
Child of the Dark Moon
Chapitre 2
L'Homme se réveilla. Il gémit alors que ses articulations et ses muscles hurlaient de douleur à cause de la transformation, et que les coupures et les bleus récents réclamaient de l'attention. Il était habitué à cela. Se réveiller après la transformation était un processus douloureux et lent. Il était habitué à rester étendu sur un sol de pierre, nu, tremblant et seul. Il avait été seul pendant des années, depuis que le dernier de ses frères l'avait quitté. Mais ceci était nouveau. Il était couché en boule dans l'herbe odorante, sous un pin qui l'abritait, et il sursauta.
« Non ; oh non... oh non, non, non... » chuchota l'Homme. « Où... ? » Il se tourna de façon accusatrice vers le Loup qui se trouvait à l'intérieur, mais la bête resta furieusement silencieuse. Tremblant d'effroi, l'Homme leva les mains vers son visage, manquant de vomir lorsqu'il vit les taches de sang s'incruster dans les lignes de ses paumes et s'encroûter sous ses ongles. Il détestait cela, se réveiller sans aucun souvenir de la nuit précédente, sans rien d'autre qu'un souvenir flou de scènes, de sons et d'émotions. Il ne se souvenait de rien de la nuit dernière. Pourquoi avait-il du sang sur les mains ? Seul le Loup pouvait répondre à cette question, et il était inhabituellement maussade.
En prenant soin de ne pas frotter sa peau contre les branches de pin qui le recouvraient, l'Homme sortit de sa cachette, frissonnant et souffrant, se languissant de la cabane où il avait pensé qu'ils seraient en sécurité, où ils auraient pu faire du monde un endroit sûr malgré son Loup. Mais le Loup était fort, et il avait dû passer à travers les barrières qu'il avait érigées. Une fois qu'il put se lever, il passa une bonne minute à évaluer sa position. Les arbres étaient denses et les oiseaux chantaient librement. De la brume s'échappait des arbres et une brise fraîche soufflait, refroidissant sa peau nue et faisant piquer ses diverses coupures. Il n'avait entendu aucun bruit d'activité humaine ou d'habitation. Il soupira de soulagement. Cela semblait assez éloigné.
Bien sûr que ça l'est, grogna le Loup dans son esprit. Je ne suis pas stupide.
Je n'ai jamais dit que tu l'étais, répliqua automatiquement l'Homme. Alors je m'insulterais moi-même, n'est-ce pas ? ... Que s'est-il passé hier soir ?
Le Loup donna l'impression de se recroqueviller et de s'endormir, ce qui fit grogner l'Homme en signe d'agacement. En temps normal, il aurait béni le Loup d'être si accommodant, mais il était trop alarmé par le sang sur ses mains. Il espérait de tout cœur qu'il n'en avait pas sur son visage, mais c'était probablement trop espérer. Il essaya de se calmer. Ce n'était probablement rien. Ils n'avaient jamais attaqué un être humain auparavant et il n'y avait aucune raison pour que le Loup commence maintenant. Le Loup avait probablement eu faim et avait attrapé un lapin ou autre chose. C'était déjà arrivé une fois, quand il était petit. Il avait attrapé un lapin et les restes étaient encore chauds dans ses bras quand il s'était réveillé le matin. Même s'il n'avait pas vu de restes d'animaux, il se convainquit qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. Sauf que son estomac grogna soudainement. L'Homme grimaça et passa une main sur son ventre douloureux. Le Loup n'avait-il finalement rien mangé ? Il avait eu une impression rapide de la rage du Loup la nuit dernière. Il avait été trop en colère pour manger. Il avait juste voulu détruire. L'Homme frissonna. Il redoutait ce qu'il allait voir, ou peut-être entendre, lorsque le Loup se déciderait enfin à lui raconter ce qui s'était passé cette nuit. Mais il ne pouvait rien faire ici, au milieu d'une forêt inconnue, sans vêtements, sans matériel médical et sans nourriture.
Plantant ses pieds nus dans l'herbe, l'Homme, se retourna et transplana, l'esprit tendu vers la petite cabane où il avait cru que le monde serait en sécurité. Une fois qu'il y serait arrivé et qu'il aurait rassemblé ses affaires, il soignerait ses blessures et il verrait s'il ne pouvait pas faire parler le Loup tout seul. Il détestait devoir recourir à des ruses avec cette bête têtue.
HP~HP~HP~HP~HP~HP~HP~HP~HP~HP~HP
Le lundi matin était terrible pour de nombreuses raisons. Le professeur Snape luttait contre une migraine, et pourquoi diable avait-il prévu un double cours de potion avec sa classe de troisième année la plus turbulente dès le matin ? Il était persuadé qu'il avait dû être fou pour faire un choix aussi stupide, et il avait probablement enlevé une centaine de points à Gryffondor lorsque le cours s'était enfin terminé. Il avait attribué pas moins de cinq retenues, et il n'avait aucune envie de s'en occuper lui-même. S'effondrant sur son bureau lorsque la dernière élève terrifiée de Serpentard s'enfuit de la classe, Severus écrivit une note rapide au professeur McGonagall pour qu'elle organise les cinq retenues avec Rusard, car s'il essayait de s'en occuper, il finirait certainement par jeter un sort au malheureux. Il pouvait se contrôler quelque peu avec les enfants (surtout parce qu'il avait besoin de ce travail), mais avec un gardien irritant et assoiffé de sang, il ne se faisait pas confiance pour le moment. Il massa sa tête lancinante et gémit doucement. Il détestait que sa vie soit si injuste.
Il avait un jeune loup-garou en train de subir une transformation infernale chez lui, dans un coma artificiel, il n'avait pas dormi depuis jeudi soir, et il ne trouvait pas l'un des ingrédients les plus rares pour la potion Tue-Loup qu'il devait préparer avant la fin du mois. Il ne l'avait pas chez lui, et il n'en trouvait pas non plus ici, à Poudlard. D'habitude, il demandait simplement à Dumbledore de vérifier auprès de ses contacts s'il ne trouvait pas un ingrédient rare, et le vieux directeur l'avait sur son bureau dans la semaine. La façon dont il parvenait toujours à trouver tout ce dont Snape avait besoin était un peu agaçante, c'était pourquoi il attendait généralement d'être désespéré pour le lui demander. Il détestait dépendre de quelqu'un, même si Dumbledore prétendait aimer l'aider. Cependant, il en voulait toujours à Dumbledore et le vieil homme ne l'avait pas encore alerté de la disparition de Harry Potter. Soit le directeur n'était pas encore au courant (ce qui signifiait qu'il était un imbécile), soit il le cachait à tout le monde, y compris à Severus (ce qui signifiait qu'il était tout simplement un fils de... vous savez quoi). Il n'allait certainement pas assurer au vieux fou que son précieux Potter était vivant avant d'avoir obtenu des réponses. Par exemple, pourquoi le quartier du garçon n'était-il pas protégé contre les loups-garous ? Qui avait attaqué le garçon exactement ? Comment le garçon avait-il pu être attaqué et laissé pour mort, comme ça, sans que personne ne lui vienne en aide ? Snape misait sur Fenrir Greyback, qui avait échappé aux autorités depuis la dernière guerre des sorciers. Le célèbre loup-garou n'avait pas frappé depuis des années, à ce qu'il avait entendu, en tout cas. Mais Greyback avait la réputation d'infecter et de fuir, et de cibler spécifiquement les jeunes garçons. Il semblait penser que plus ils étaient transformés jeunes, meilleur était le monstre. Mais quelque chose n'avait pas de sens à ce sujet. Il devait faire des recherches. S'il demandait gentiment à Lucius, le politicien sang-pur du Ministère, il serait peut-être prêt à lui dire si Greyback avait été aperçu récemment. Il devait également contacter le département de recherche sur les créatures magiques pour obtenir plus d'informations sur la transformation elle-même. Il savait qu'il était censé avoir mélangé de l'argent en poudre avec le dictame pour aider la transformation du garçon à ne pas être aussi brutale, mais il ne savait pas à l'époque qu'il soignait un survivant d'une attaque de loup-garou. Il était un peu trop tard maintenant, bien qu'il ait encore besoin de savoir spécifiquement si cela ferait du mal au garçon de commencer à prendre la potion Tue-loup tout de suite.
Une réponse à la note qu'il avait envoyée à la directrice de la maison Gryffondor arriva sur son bureau et il la déplia.
Severus:
Vous êtes malade ? Par pitié, prenez quelques jours de congé et soignez-vous. M. Dubois, lors de votre dernier cours semblait plutôt préoccupé par votre santé mentale. Vous avez enlevé 85 points à Gryffondor en un seul cours ? ! Qu'est-ce qui se passe avec vous ? — M.M.
Snape ricana devant l'inquiétude évidente de Minerva. Parfois, elle était un peu trop comme une lionne, comme une mère. Il retourna la page et griffonna sa réponse. Jouer sur la sympathie des Gryffondor était généralement le meilleur moyen de se débarrasser d'elle. Si elle supposait que sa mauvaise humeur était due à des problèmes « émotionnels » plutôt qu'à autre chose, c'était mieux que d'être traîner chez Madame Pomfresh, ce qu'elle avait déjà fait auparavant. Il devait rentrer chez lui avant ce soir ou Potter mourrait probablement, coma artificiel ou non.
J'ai la migraine depuis plus de vingt-quatre heures maintenant. Occupez-vous des colles ou je ne serai pas responsable de ce qui arrivera à ces enfants. Et qu'est-ce qui se passe avec moi ? Dites-moi quelle était la date de vendredi dernier et laissez-moi tranquille.
Il l'envoya à la professeure de métamorphose en secouant la tête avec dégoût. Son cours d'ASPIC pour les Serdaigle-Poufsouffle devait avoir lieu dans les quinze prochaines minutes alors il se leva pour préparer la classe. Massant une nouvelle fois sa tête battante, il soupira et se demanda s'il devait prendre le risque de prendre une autre potion contre la douleur, puisque les potions contre les maux de tête ne faisaient pas grand-chose contre les migraines. Mais il avait déjà pris sa limite de potions antidouleur ce matin-là lorsque le mal de tête avait refusé de partir. Avant qu'il ne puisse aller à la réserve chercher certains des ingrédients les plus dangereux dont il aurait bientôt besoin, la note de McGonagall arriva sur son bureau et il la déplia d'un coup de baguette.
Mon Dieu, pardonnez-moi, Severus. J'ai complètement oublié l'anniversaire de Lily. Faites-moi savoir si je peux faire quelque chose. Mais s'il vous plaît, allez-y plus doucement avec les enfants. Ils ne méritent pas vraiment d'être torturés comme ils l'ont été ce matin, n'est-ce pas ? — M.M.
Roulant des yeux de dégoût devant le bavardage larmoyant de la femme, Snape bannit le mémo magique à la poubelle et se dirigea vers sa salle de stockage. Aujourd'hui, son cours le plus avancé porterait sur la fabrication du philtre de Mort Vivante, également connue dans son esprit sarcastique sous le nom de potion de coma. Potter en prenait une demi-bouteille en ce moment même. Penser à ce garçon lui donnait envie de se frapper la tête contre le mur. Qu'allait-il faire du garçon quand il serait suffisamment rétabli pour se réveiller ? Comment allait-il finir une fournée de potion Tue-Loup alors qu'il ne pouvait même pas commencer sa fabrication sans les bandes de peau de Basilic ? Il détestait avoir autant de questions sans réponses claires. Il souhaitait que la vie soit comme la fabrication de potions, ordonnée et méthodique, avec des résultats prévisibles à chaque fois. Mais en réalité, la vie ressemblait plus à sept ans de Défense contre les forces du mal dans cette école.
Au cours de ses sept années en tant que professeur, il avait vu pas moins de sept professeurs différents gagner le poste et le perdre pour diverses raisons. Il y avait eu le professeur Moorland, qui avait fait une dépression nerveuse pendant les examens de fin de trimestre et qui était toujours à Ste Mangouste pour sa rééducation. Snape n'avait jamais aimé ce petit homme nerveux et ses problèmes de colère et il avait été content de le voir partir. Le professeur Ackridge s'était lentement éteint à cause d'un cancer rare, mais au moins il avait pu terminer l'année entière et il était à moitié compétent. Et puis il y avait eu le cauchemar de l'année dernière, le professeur Whitman, qui s'était avéré avoir des liaisons illicites avec pas moins de neuf étudiants, dont quatre qui avaient moins de seize ans. Bon débarras pour cette raclure, pensa-t-il. Whitman avait harcelé Snape toute l'année, et c'était une année, et un homme, qu'il valait mieux oublier. Cette année, la professeure de défense contre les forces du mal, Cassiopeia Pendrake, était une mystérieuse femme, tête en l'air, qui était rapidement devenue la meilleure amie du professeur Trelawney, la professeure de divination. Elle encourageait ses élèves à entrer en contact avec leurs sentiments et à tendre la main aux pauvres créatures sombres incomprises. C'était ridicule. Le professeur Dumbledore aurait dû donner le poste à Severus Snape, contre vents et marées. Les pauvres enfants n'apprenaient rien. Au moins, une année de Défense avec le professeur Snape devrait leur laisser un semblant d'éducation dans ce domaine. Qu'il y ait ou non une malédiction sur le poste de Défense, le moins que Dumbledore puisse faire, c'était d'arrêter d'engager des professeurs qui ne tiendraient pas plus d'un an, comme Ackridge qui était de toute façon condamné à mourir de sa maladie en moins d'un an.
Il fut interrompu dans sa rêverie par le bruit d'une douzaine de jeunes de dix-sept ans entrant dans la classe, toujours en train de bavarder tandis qu'ils s'installaient. Normalement, il aimait beaucoup plus enseigner à ses classes d'ASPIC qu'aux autres, car c'était des enfants qui voulaient vraiment se concentrer et faire des potions. Il apporta les ingrédients dans la salle de classe et fixa la classe avec son air renfrogné.
« Aujourd'hui, nous allons préparer le philtre de Mort Vivante », dit-il d'un ton sec, conscient que sa voix était un peu rauque. Il posa les flacons sur le bureau et pointa sa baguette vers le tableau. « Je crois que vous avez déjà fait cette potion l'année dernière. Mais comme vous avez probablement oublié tout ce que vous avez appris au cours des douze derniers mois, j'ai mis les instructions au tableau. Les pétales d'Avoria sont ici, sur le bureau. Commencez ! »
Les élèves, vêtus de leurs robes jaunes et bleues, se mirent au travail et commencèrent rapidement leurs potions. Snape les observa attentivement, et se détendit lorsqu'il remarqua que malgré leur rapidité, ils étaient prudents. C'était mieux que ses élèves de première, deuxième et troisième année, qui finissaient généralement par trébucher les uns sur les autres lorsqu'il se mettait en route si brusquement. Il commença à se détendre un peu plus lorsque les élèves se mirent au travail avec détermination, la plupart du temps en silence. Deux Poufsouffle se concertèrent brièvement, l'un avertissant l'autre de s'assurer que son chaudron était bien nettoyé avant la fabrication de cette potion particulière. Il n'avait rien contre quelques chuchotements dans sa classe, tant qu'ils étaient brefs et ne concernaient que le cours et non une ineptie qui n'avait rien à voir avec les potions. Lorsque le cours se termina enfin et qu'il se retrouva avec douze bouteilles de liquide argenté alignées sur son bureau, il fut d'une humeur légèrement meilleure. Il avait réussi à ne pas crier et à ne pas prendre de points, et c'était un exploit si l'on considérait que sa tête battait toujours autant.
Une fois les élèves partis, il s'affaissa sur son bureau et lutta contre la vague soudaine d'épuisement qui l'envahissait. Les potions de l'Œil Vif qu'il avait prises ces derniers jours commençaient à ne plus faire effet. Il en sortit lentement une autre de sa poche, mais il eut la nausée en regardant la potion verte à l'aspect toxique. Il aurait besoin de faire plus de potion de l'Œil Vif plus tard. Mais la seule pensée d'un travail supplémentaire alors qu'il était déjà si fatigué était déprimante. Il saisit le bouchon pour le retirer quand il fut surpris par une voix venant de derrière.
« Severus ? »
Snape se retourna et regarda la professeure McGonagall dans l'entrée de sa classe. Il détestait être surpris par n'importe qui. « Qu'est-ce que vous faites ici ? » craqua-t-il. « Vous n'avez pas des Gryffondor en pleurs à consoler ? »
L'Écossaise secoua la tête et ajusta ses lunettes. « Vous avez une mine affreuse, Severus », commenta-t-elle sévèrement. « C'est quand la dernière fois que vous avez dormi ? »
« Ça ne vous regarde pas », ricana le professeur Snape. Il déboucha sa potion de l'Œil Vif et l'avala pour la contrarier.
La professeure de métamorphose loucha avec méfiance sur le liquide vert qu'il avalait. « Est-ce que c'est... une potion de l'Œil Vif ? »
« Pourquoi ça vous intéresse ? » râla Severus. Il cligna fortement des yeux alors que sa vision se dédoublait pendant une seconde, puis il s'appuya sur le bureau alors que le monde basculait. Il maudit à haute voix et secoua la tête. Il avait probablement fait une overdose de potion de l'Œil Vif que deux fois dans sa vie, il pensait avoir une tolérance plus élevée que cela. Sa magie se rebella dans sa poitrine et il se rendit compte qu'il aurait dû faire une sieste hier soir après avoir trempé le petit Potter dans la baignoire. Le garçon était resté calme pendant des heures avant d'avoir une nouvelle poussée de fièvre et un accès de douleur plus tôt dans la matinée.
Severus sursauta quand il sentit les mains de McGonagall sur ses épaules, le guidant vers une chaise. "...everus ? Severus ? Pouvez-vous m'entendre ? »
« Oui, maintenant lâchez-moi », marmonna Snape, il se leva et frotta ses yeux, clignant des yeux lorsque sa vision redevint normale.
McGonagall secoua doucement la tête. « Grands dieux, qu'est-ce qui ne va pas chez vous ? » demanda-t-elle, l'air à la fois exaspéré et inquiet. « Severus ? »
« Je vais parfaitement bien », marmonna-t-il, et il se massa le front. Il était juste fatigué. Tellement fatigué...
« Vous avez juste besoin de dormir », dit sévèrement le professeur McGonagall. « Dites-moi tout de suite quand vous avez dormi pour la dernière fois. »
Snape secoua la tête d'un air las. Il ne pouvait pas faire ça. Il ne pouvait pas se battre contre McGonagall. La potion de l'Œil Vif n'avait rien fait contre son épuisement. Il était submergé par deux envies, l'une de se recroqueviller sur le sol et de s'endormir, l'autre de hurler à McGonagall de le laisser tranquille. Il les avait combattues toutes les deux et avait cédé.
« Vendredi matin », marmonna le maître de potions, en regardant ses mains. Quand avaient-elles commencé à trembler comme ça ? « J'ai dormi jeudi soir et je me suis réveillé vendredi. C'est la dernière fois que j'ai dormi. Vous êtes contente maintenant ? »
La femme le regarda fixement comme si une deuxième tête venait de lui pousser. Elle se laissa tomber sur la chaise à côté de lui et secoua lentement la tête.
« Pourquoi n'avez-vous pas dormi de tout le week-end ? » demanda-t-elle, l'air horrifié. « Severus ! Vous n'avez pas honte ! Je sais que vous êtes tout à fait capable de vous préparer une potion de sommeil sans rêves si vous faites des cauchemars ou si vous avez de mauvais souvenirs... Alors qu'est-ce qui se passe vraiment ? ».
« J'ai été plutôt occupé », grogna-t-il. « Et non, ce ne sont pas vos affaires. »
« Eh bien, que ça me regarde ou non, vous prenez le reste de la journée », souffla McGonagall, en se levant et en le regardant fixement. « Allez-vous dormir si je vous ramène dans vos quartiers ? Ou dois-je vous escorter jusqu'à l'aile de l'infirmerie ? »
Severus lui lança un regard noir et pointa son doigt pour faire bonne mesure. « Je n'ai pas besoin d'une baby-sitter, Minerva ! »
« Ah non ? » Minerva McGonagall arqua un sourcil provocateur vers lui.
Severus la dévisagea encore quelques secondes avant de ne plus avoir la force de le faire. Il soupira et laissa son air renfrogné tomber de son visage. « Bien, je vais aller m'allonger », acquiesça-t-il. « C'est le seul moyen de vous faire lâcher prise, n'est-ce pas ? »
La sévère Écossaise se fendit d'un sourire sinistre à l'égard de son ancien élève. « Je veux toujours savoir ce qui vous ronge autant, Severus », dit-elle. « Mais je suppose que je vais attendre que vous ayez un peu dormi. »
Le professeur Snape secoua la tête devant son entêtement. « Je vais vous dire », dit-il lentement. « Si vous restez discrète, je pourrais vous en dire un peu plus. » Il fronça les sourcils d'un air pensif. « Je pourrais avoir besoin de votre... expertise. Mais pas une seule personne ne doit savoir que je suis privé de sommeil, compris ? »
Minerva lui fit soudain un vrai sourire. « C'est d'accord », dit-elle en riant. « Mais je ne suis pas sûre d'être d'une grande aide dans la recherche concernant les potions. C'est ce qui vous empêche de dormir, n'est-ce pas ? »
Snape lui offrit un sourire de Serpentard et se leva. « Je suppose que je vous le dirai quand je retournerai dans le monde des vivants. » Et il sortit de la classe comme la chauve-souris à laquelle on le comparait si souvent. Il s'arrêta devant la porte de ses appartements et agita sa baguette, mettant en place un panneau pour ses deux prochains cours de potions de la journée. Il utilisait rarement un tel panneau, mais bien qu'il détestait l'admettre, McGonagall avait raison. Il avait besoin de s'allonger avant de faire une dépression nerveuse ou pire.
En raison de circonstances exceptionnelles,
les cours de Potions de quatrième année Poufsouffle-Serdaigle et de deuxième année Serpentard-Gryffondor
prévus aujourd'hui ont été reportés.
Les cours seront reprogrammés et des instructions seront données aux personnes concernées avant demain midi.
– Professeur Snape
HP~HP~HP~HP~HP~HP~HP~HP~HP~HP~HP
L'état de Potter n'avait pratiquement pas changé. Severus Snape soupira et s'assit sur le bord de son lit, jouant avec sa baguette. Le garçon semblait aller bien, tout bien considéré. Après avoir donné au garçon l'antidote à la potion de coma (il voulait que le garçon se réveille rapidement de sa propre volonté), il mit une potion nutritive dans l'estomac de l'enfant comateux et effectua un sort d'élimination sur sa vessie. Il avait de la chance que les examens de médicomage comprennent une section complète sur les soins à apporter aux patients dans le coma. Il n'était pas sûr qu'il aurait pris la peine de suivre une telle section si elle n'avait pas été requise. Après tout, qui pourrait imaginer Severus Snape s'occupant des besoins d'étrangers inconscients et sans défense ? Et pourtant, il était là, à s'occuper lui-même du gosse de Potter. Ce pauvre vieux James devait se retourner dans sa tombe, ou bien se moquer de lui. Il se moquait de lui-même. Le manque de sommeil l'avait fait passer de grincheux et maussade à étourdi et gaffeur. Il avait vraiment besoin de se reposer une bonne fois pour toute avant de devenir complètement fou. Réglant une alarme magique pour se réveiller à sept heures le lendemain matin, il transforma la chaise à côté du lit en un lit de camp. Il était proche de Potter et il pouvait donc être réveillé immédiatement si l'enfant se mettait à hurler. Cette simple métamorphose semblait avoir épuisé toutes les réserves magiques qu'il lui restait. Ressentant une soudaine vague de faiblesse et d'épuisement, Severus s'effondra sur le lit de camp et attrapa la couverture supplémentaire au pied de son lit avant de sombrer dans l'oubli.
HP~HP~HP~HP~HP~HP~HP~HP~HP~HP~HP~HP
Il se réveilla à cause de la douleur. Beaucoup de douleur. Tout lui faisait mal, même ses cheveux. Attendez, des cheveux pouvaient faire mal ? Le garçon ne le savait pas. Était-il encore un garçon ? N'était-il pas mort ? Il n'arrivait pas à le savoir. Il avait l'impression que son corps avait été démembré et recollé, et il pouvait sentir l'agonie battre en cadence le long des coutures où il avait été recousu. Il sentait des souvenirs brumeux nager dans son esprit, mais il ne pouvait pas être complètement certain qu'ils étaient les siens. Avait-il vraiment couru droit vers un loup brun géant pour sauver Dudley Dursley ? Ça semblait stupide. Dudley n'était rien d'autre qu'une grosse brute et c'était de sa propre faute s'il avait été attaqué par un chien-loup géant. Après tout, c'était Dudley qui avait lancé cette stupide chasse à Harry.
D'autres souvenirs s'infiltrèrent dans le cerveau fatigué du garçon et firent trembler ses mains. Oui, elles étaient toujours attachées à son corps ; il pensait se souvenir que le gros chien l'avait mordu. Le monstre géant lui avait-il arraché la gorge ? C'est pour cela que sa gorge lui faisait si mal ? Il gémit doucement, et bien que le son soit rugueux et rauque, sa gorge semblait être intacte. La respiration était douloureuse, et il y avait une pression autour de ses côtes. Il ne se souvenait pas de s'être cassé quoi que ce soit cette fois-ci, mais il ne pouvait pas en être sûr. Ses os lui faisaient mal. Tout lui faisait mal. Il se demandait si cette histoire de démembrement était vraiment vraie. Il fit bouger ses pieds et grimaça à la douleur soudaine dans son côté gauche. Au moins, ses pieds étaient toujours attachés à son corps. Le vieil unijambiste qui traînait dans le parc avant que les flics ne le chassent avait dit que la pire chose à faire au réveil, après la guerre, était d'essayer de bouger un membre qui n'était plus là. Le garçon était raisonnablement certain d'avoir encore tous ses membres.
Il fronça les sourcils et réalisa que son visage lui faisait aussi mal que le reste de son corps, et il se demanda pendant un instant s'il était vraiment mort et s'il attendait d'être ramassé par l'ange de la mort, ou quelque chose comme ça. Mais ne fallait-il pas avoir son nom dans un livre pour aller au paradis ? Et s'il ne se souvenait pas de son nom ? Il avait eu quelques secondes de panique aveugle avant que son cerveau ne refonctionne.
Harry, pensa le garçon dans le vague. Je m'appelle Harry. Où suis-je ? Que s'est-il passé ?
Réalisant avec un certain soulagement qu'il était réellement vivant, Harry décida qu'il était temps de se réveiller et de découvrir où il se trouvait. C'était terriblement calme, et il était allongé sur quelque chose de grand et de doux. Il était recouvert de couvertures chaudes et, malgré la douleur qui l'élançait dans tout le corps, c'était très confortable. Il avait eu du mal à ouvrir les yeux. Comment diable ses paupières pouvaient-elles être aussi douloureuses ? Il détesta le gémissement pathétique qui s'échappa de sa gorge, et il ravala tout autre son qui aurait pu surgir. Sa bouche avait un goût désagréable et son estomac bouillonnait à cause de la nausée. Il se força à prendre une profonde inspiration, mais ses poumons et sa poitrine explosèrent de douleur. Il gémit plus fort et força ses yeux à s'ouvrir, clignant fortement des yeux pour empêcher les larmes de couler.
Tout était flou. Bien sûr, imbécile, tu n'as pas tes lunettes, se moqua-t-il. Mais même sans ses lunettes, il pouvait voir les chevrons en bois, le plâtre écaillé et les taches d'eau sur le plafond plat, et lorsqu'il tourna sa tête douloureuse, il put constater qu'il était allongé sur un grand lit dans une chambre de taille moyenne. Le jour commençait à peine à poindre, si l'on en croyait les couleurs rosées qui s'échappaient des rideaux. Harry se déplaça légèrement et gémit alors que la douleur parcourait sa peau et ses os. Il ne s'était jamais senti aussi endolori de toute sa vie, pas même lorsqu'il avait eu une pneumonie l'hiver dernier. Il se figea en entendant un autre bruit. Ce n'était qu'un soupir, mais il était trop fort et trop proche. Il tourna la tête en signe de terreur et se figea.
Allongé sur un lit de camp à côté du grand lit, se trouvait un grand homme aux cheveux noirs qu'il n'avait jamais vu auparavant. La tête de l'homme était détournée de lui, mais Harry était certain de n'avoir jamais rencontré un homme aux cheveux aussi gras, il semblait dormir, et Harry ravala immédiatement ses larmes. Son cœur battait douloureusement vite et il haleta devant l'horrible agonie qui lui traversait les côtes et le dos. Il avait l'impression que ses bras pesaient plus d'un kilo, mais il réussit à les sortir de sous ses couvertures et à les enrouler autour de sa poitrine douloureuse. Cela l'aidait un peu, mais chaque mouvement lui faisait mal et Harry serra les mâchoires pour ne pas crier. L'oncle Vernon disait que seuls les bons garçons méritaient de la sympathie. Les mauvais garçons devaient se taire, même s'ils étaient blessés. Son oncle détestait que le monstre pleure, et Harry ne voulait pas mettre cet homme en colère en le réveillant. Bien sûr, Harry se demandait comment il était arrivé là. Cet homme lui ferait-il du mal ? Il eut une autre pensée effrayante. L'homme lui avait-il fait du mal pendant son sommeil ? L'homme avait-il l'intention de le garder dans cette étrange maison juste pour lui faire du mal ? Son oncle lui avait déjà parlé des kidnappeurs et lui avait expliqué en détail le genre de choses que des hommes effrayants faisaient aux garçons qu'ils enlevaient dans la rue.
Harry ferma les yeux et frissonna. Il faillit s'étouffer en s'empêchant de pleurer ou d'émettre le moindre son. L'homme endormi ne serait pas content si on le réveillait, et il punirait probablement Harry comme l'oncle Vernon le faisait quand il était un mauvais garçon. Pour ne pas faire de bruit, il imagina qu'il était dans son placard, ce qui lui facilitait un peu la tâche. Mais le lit était si confortable, son corps était si fatigué et il avait si mal que les larmes roulèrent inévitablement sur son visage. Des sons de sa détresse s'échappèrent de sa gorge, bien qu'il avait gardé la bouche bien fermée. Il crut entendre un faible carillon, comme une vieille horloge au son aigu. Mme Figg avait un tas d'horloges dans sa maison, et Harry avait adoré les entendre sonner ensemble comme de la musique quand elle le gardait. Le son le calma un peu, mais quand le bruit s'arrêta, il entendit un autre son. L'homme était réveillé et se levait. Il grimaça et retint sa respiration, mais c'était difficile, car il avait encore très mal et se sentait si douloureux et pleurnichard.
Il y avait eu un léger bruissement lorsque l'homme s'était levé de son lit de camp, puis Harry avait entendu un léger halètement tout près de lui alors le garçon trembla, gardant les yeux fermés aussi fermement que possible.
« Potter ? » appela l'homme quelque part au-dessus de lui. Sa voix était douce, soyeuse et profonde, étrangement envoûtante et presque douce. Le son de cette voix donna des frissons à Harry et il laissa échapper un sanglot avant de pouvoir l'arrêter.
« Je suis... désolé... » chuchota Harry. Il se rendit compte que sa gorge lui faisait un peu mal lorsqu'il essaya de parler.
« Tu es enfin réveillé », l'homme avait l'air... heureux de ça. C'était étrange. Tante Petunia et Oncle Vernon n'étaient jamais contents de lui. Il sentit une main sur son épaule, il sursauta et se raidit. La voix de l'homme avait retenti à nouveau. Cette fois, elle était très sévère. « Potter, si tu m'entends, ouvre les yeux. »
Harry obéit, louchant sur l'homme aux cheveux noirs qui était penché au-dessus de lui. L'homme avait un grand nez et des yeux très sombres, comme les puits de mélasse sans fond d'Alice au pays des merveilles. Mais si son visage pâle, mince et renfrogné n'avait pas l'air gentil, il n'avait pas non plus l'air cruel ou haineux. Il le regardait comme le ferait un médecin, pas trop inquiet, mais pas indifférent non plus. Harry s'était un peu détendu, et ses muscles avaient pratiquement hurlé de soulagement. L'homme ne lui ferait pas de mal, il en était presque sûr. Il faisait généralement de bonnes déductions à propos des gens et il pouvait dire s'ils seraient cruels avec lui ou non.
« Tu peux bouger ? Comment te sens-tu ? » demanda calmement l'homme. Il tendit sa longue et fine main, touchant le front et les joues de Harry pour une raison étrange. Mais Harry avait vu tante Pétunia faire ça à Dudley quand il se plaignait d'être malade et elle lui répondait généralement qu'il n'avait pas de fièvre. L'homme étrange le contrôlait-il pour voir s'il avait de la fièvre ? C'était trop étrange. Cet homme ne savait-il pas qu'il était un monstre qui ne méritait pas d'être touché ?
« J'ai... mal », chuchota Harry. « Mais je vais bien », ajouta-t-il rapidement. Il ne voulait pas que l'homme pense qu'il était un pleurnichard. Il pouvait supporter un peu de douleur. Il avait juste besoin de se reposer.
« Tu ne vas certainement pas bien », grommela l'homme, son visage pâle se crispant en une grimace. « Sale gosse arrogant. Maintenant, réponds-moi franchement : où as-tu mal ? »
Harry leva les yeux vers l'homme avec confusion. Pourquoi quelqu'un devrait-il se soucier de savoir où il avait mal ? Personne ne lui avait jamais posé cette question auparavant et il ne savait pas trop comment y répondre.
« Potter ? » demanda l'homme d'un ton légèrement plus fort. « Tu m'as entendu ? » Il avait l'air inquiet. C'est bizarre, pensa Harry. Personne ne s'inquiétait pour le monstre.
« Oui monsieur ? » chuchota Harry. Il cligna des yeux à cause des larmes fraîches qui s'accumulaient dans ses yeux et qui brouillaient encore plus sa vision.
« Je t'ai demandé où tu avais mal. Si tu ne veux pas me répondre... » l'homme s'interrompit, rétrécissant ses yeux noirs insondables sur le visage soigneusement scruté du garçon. « Je m'y prends mal, n'est-ce pas ? » dit lentement l'homme. « Tu viens juste de sortir du coma, pour l'amour de Merlin. Peux-tu me dire ton nom complet ? »
Harry hocha la tête. « Je m'appelle Harry », chuchota-t-il. « Harry Potter. »
« Et quel âge as-tu ? »
« J'ai... » Harry dut réfléchir à cette question. « J'ai neuf ans ? » devina-t-il. « Ou... je crois, presque neuf ans. »
« Assez proche », murmura l'homme. « Je suppose que tu es pleinement conscient après tout. Maintenant, faisons en sorte que cela reste simple pour ton petit cerveau », ricana-t-il. « Je suis certain que tu es très inconfortable en ce moment, mais essaye de te concentrer et dis-moi une seule chose : où as-tu le plus mal ? »
« Je... d'accord, monsieur... » chuchota Harry. Il prit une profonde inspiration, en frissonnant. Parler à l'homme sévère lui permettait de ne plus penser à la douleur, et il avait l'impression de ne plus avoir aussi mal qu'avant. « Ma poitrine... me fait mal », chuchota finalement Harry. « J'ai l'impression d'avoir été recousu... L'ai-je été ? »
« Ah », murmura l'homme. « Eh bien, on peut dire ça. Ne bouge pas. » Ses mains fines se tendirent vers Harry et abaissèrent doucement l'édredon avant d'ouvrir la chemise du garçon. Avec un sursaut, Harry réalisa que cette grande chemise bleu foncé qu'il portait n'était pas du tout la sienne. Le garçon rougit en réalisant qu'il n'avait pas d'autres vêtements que cette drôle de chemise ouverte comme un peignoir et il tendit la main pour que la couette le recouvre, au moins jusqu'à la taille.
« Détends-toi », lui dit l'homme avec agacement, en repoussant ses mains. « Je dois examiner tes blessures et appliquer plus de baume. »
Harry se figea docilement, bien qu'il garde ses mains emmêlées dans la couverture par mesure de sécurité. Il devait protéger sa pudeur, pensait-il. Il ne voulait pas que l'étranger soit tenté de lui faire du mal. C'était ce que l'oncle Vernon lui avait dit une fois, l'année dernière. Pendant une seconde, sa vision s'assombrit et il vit le visage bouffi de son oncle et son expression effrayante, ricanant à son encontre alors qu'il baissait son pantalon en tremblant pour recevoir une raclée. « Tu tentes les gens comme une petite pute, n'est-ce pas ? Je vais devoir te punir encore plus pour m'avoir tenté de la sorte... ».
Harry frissonna d'effroi et ramena sa vision à la normale en clignant des yeux, mais heureusement, l'homme n'essaya pas de descendre davantage la couette.
Au lieu de cela, l'homme étrange sortit un drôle de petit bâton de sa manche et le pointa vers la poitrine du garçon. Curieux, Harry se regarda et remarqua que ses côtes étaient enveloppées dans des bandages blancs propres. L'homme marmonna quelque chose à voix basse, mais Harry ne put comprendre ce qu'il disait. On aurait dit une autre langue. Harry sursauta en voyant les bandages autour de sa poitrine se dérouler soudainement d'eux-mêmes, sans qu'aucune force extérieure ne les touche. Le tissu blanc finit de se dérouler, exposant sa poitrine osseuse, qui portait de grandes entailles rouges à l'air furieux. Il n'aimait pas ça. Les bandages ne se défaisaient pas tout seuls. C'était effrayant. C'était mal. L'oncle Vernon serait très en colère.
« Mauvais », pleurnicha Harry. Ses oreilles bourdonnaient, sa vision se troublait sous l'effet de la panique, et il haleta, luttant pour respirer. « Méchant monstre, méchant, méchant... » marmonna-t-il, les yeux fermés pour éviter le regard de tante Pétunia. Elle détestait qu'il soit un monstre. L'oncle Vernon allait encore le frapper. C'était mauvais. C'était un mauvais monstre et il allait l'avoir maintenant. « Méchant, méchant, méchant monstre... » bredouilla Harry, tremblant de partout et commençant à convulser dans sa panique.
« Potter ? Potter ! »
Une main forte et effrayante lui saisit le visage et Harry sentit le bord en verre d'une petite fiole être pressé contre ses lèvres. Il était terrifié, mais il n'avait pas la force de se battre. On lui fit basculer la tête en arrière et quelque chose de gluant et au goût de fleur glissa dans sa bouche. Il s'étouffa et s'étrangla, mais des doigts doux lui massèrent doucement la gorge et il avala docilement. Immédiatement, il se sentit mieux. Il pouvait à nouveau respirer et ses muscles avaient cessé d'être pris de panique. Il pouvait sentir la camomille et le gingembre à proximité, ainsi que l'odeur de la sueur et quelque chose d'autre qu'il ne pouvait pas identifier. Ce n'était pas familier, mais c'était étrangement réconfortant. Inconsciemment, il se pencha plus près des bras qui l'entouraient encore. Un bras fort entourait ses épaules, le soutenant, tandis que l'autre main se posait sur son épaule, celle qui n'avait pas de bandage rigide. L'homme l'appelait à nouveau par son nom, alors Harry ouvrit les yeux à contrecœur et cligna des yeux vers le visage de l'homme étrange. L'homme n'avait pas semblé se soucier du fait que les mains de Harry flottaient nerveusement sur son bras.
L'homme se contenta de le regarder fixement avec une expression étrange sur son visage pâle et fin. « Est-ce que tu vas bien maintenant, Potter ? » demanda-t-il d'un ton prudent.
Harry cligna des yeux, incapable de se souvenir s'il allait bien ou pas. Il serra le tissu de la longue manche de l'homme dans ses mains tremblantes, s'efforçant de se rappeler pourquoi il était si paniqué et effrayé. Que s'était-il passé ? Il se souvenait du mot « Monstre », mais il était si confus. Tante Pétunia et Oncle Vernon étaient-ils ici ou non ? Quelque chose de grave était arrivé, il en était sûr.
« Je suis désolé, je suis désolé », pleurnicha Harry. Son self-control s'était rompu et les larmes avaient jailli. Il serra la manche de l'homme plus fort et sanglota comme un bébé. Maintenant, le gentil homme savait quel monstre il était et il allait le jeter hors de la maison. Ou pire, peut-être que l'homme le ramènerait chez les Dursley et dirait à oncle Vernon quel monstre il avait été. Son oncle lui donnerait une telle correction qu'il ne pourrait plus bouger pendant une semaine.
« Potter ? Bon sang de bonsoir... Harry ! »
Le garçon tressaillit de surprise en entendant son prénom sur les lèvres d'un étranger. Il s'arrêta de pleurer et regarda de nouveau les yeux sombres de l'homme. Il avait confiance en cet homme, il s'en était rendu compte. Pourquoi il faisait confiance à cet étranger, il n'en avait aucune idée. Mais la voix de l'homme était douce, ses mains étaient douces, et il avait donné au garçon bizarre des médicaments. Il demanda où il avait mal et s'il allait bien. Ça pouvait être un piège, mais Harry était trop fatigué pour s'en soucier. L'homme était gentil, et il ne voulait pas le décevoir en étant difficile.
« Oui, monsieur », dit Harry en croassant. « Je suis désolé, monsieur, vraiment désolé... »
« Pour l'amour du ciel ! » grommela l'homme en reposant délicatement le garçon sur l'oreiller, en retirant les doigts de Harry de sa manche et en se redressant. Son visage blafard s'était transformé en une grimace agacée. « Pourquoi diable t'excuses-tu ? »
Harry cligna des yeux. L'homme n'avait-il pas vu son côté bizarre ? Ne s'énervait-il pas quand Harry se mettait à pleurer comme un bébé ? « J'étais... j'étais mauvais... » Harry chuchota craintivement. « Je suis désolé... »
« Arrête ! » L'homme tendit une main dans un geste d'arrêt et se pinça l'arête de son grand nez avec son autre main. « Franchement, mon garçon, qu'est-ce qui te prend ? Te faire attaquer par un loup-garou n'était pas vraiment de ta faute, te réveiller d'un long coma dans un état de grande émotion n'est pas une raison pour t'excuser, et je ne vais pas te faire de mal, alors arrête de me regarder comme si j'étais un troll des montagnes déchaîné ! »
Harry se contenta de fixer l'homme, qui le dévisageait à présent. Bien sûr, il avait peut-être eu peur que l'homme lui fasse du mal quand il s'était réveillé, mais c'était avant qu'il ne lui donne le médicament fleuri et qu'il le laisse s'accrocher à sa manche pendant qu'il pleurait. Il savait que l'homme n'allait pas lui faire de mal. C'était étrange, comme il se sentait en sécurité avec cet homme sévère aux cheveux gras et son drôle de petit bâton.
« Je sais », chuchota Harry, d'une voix rauque. « Je sais que vous ne me ferez pas de mal. »
« Non, je ne le ferai certainement pas », souffla l'homme. Il ressortit son étrange bâton et se pencha à nouveau sur Harry. « Maintenant, je peux peut-être finir ton examen sans que tu ne sombres à nouveau dans l'hystérie ! » Il agita son bâton dans des mouvements bizarres et murmura quelque chose. Harry entendit un bruit de grattage, mais il ne pouvait pas dire d'où il provenait. Peut-être que l'homme avait des souris. « Je suppose que tu as beaucoup de questions », dit soudainement l'homme. Il lui lança un regard furieux quand Harry tressaillit au son soudain de sa voix. « Les enfants de ton âge n'ont-ils pas l'habitude de parler sans arrêt ? » demanda-t-il. « Pourquoi ne me poserais-tu pas des questions, et je ferai de mon mieux pour te répondre. Cela t'aiderait si tu avais une distraction pendant que je mettrai plus de baume sur ces blessures. »
L'homme allait le laisser poser des questions ? Les adultes lui disaient toujours de se taire, ils ne l'encourageaient pas à bavarder ! Harry décida qu'il ferait de son mieux pour ne pas être ennuyeux, et puisque le gentil homme lui donnait la permission, il pouvait aussi bien voir s'il pouvait comprendre certaines choses.
« Merci, monsieur », dit Harry. Sa voix était rauque et râpeuse et sa gorge lui faisait encore plus mal. Mais tante Pétunia lui disait toujours de parler plus fort, alors il n'avait pas l'intention de murmurer ses questions. « Je suis désolé, monsieur, mais qui êtes-vous ? Pourquoi m'avez-vous aidé ? Et où suis-je ? »
L'homme recommença à agiter son bâton et à marmonner dans son souffle. Il leva les yeux vers le garçon et ses yeux sombres brillèrent de ce qui aurait pu être de l'amusement.
« Je m'appelle Severus Snape, mais tu peux m'appeler Professeur », répondit l'homme d'un ton sec. « Je t'ai trouvé en train de te vider de ton sang au milieu de la rue et je t'ai amené ici pour pouvoir te soigner. Tu es dans ma maison, qui est bien plus éloignée de ton domicile que tu ne le penses. Tu sais où se trouve Cokeworth ? »
Harry cligna des yeux et secoua la tête. « Non monsieur », murmura-t-il, puis il se souvint qu'il était censé parler un peu plus fort. « Sommes-nous... sommes-nous très loin de Little Whinging, monsieur ? »
« Je crains que oui », dit l'homme en souriant. « Tu es un petit morveux poli, n'est-ce pas ? »
Harry ne savait pas quoi répondre à cela. On l'avait déjà traité de sale gosse, plein de fois, mais jamais de gosse poli.
« D'autres questions ? » demanda l'homme en recommençant à agiter son bâton.
« Euh, non monsieur... » hésita Harry, prêtant maintenant attention à ce que l'homme faisait avec son bâton. « Mais, hum... Monsieur ? Que faites-vous, monsieur ? »
« Tu peux arrêter de dire "monsieur" sans arrêt », grommela l'homme. « Je t'ai dit de m'appeler Professeur. Ne t'excuse pas ! », prévint-il, levant le regard avec un éclair dans ses yeux sombres. « Et je suis en train de faire des diagnostics. »
« Monsieur... Professeur », dit Harry avec précaution. « C'est quoi des dia... diganos... ? »
« Di-ag-nos-tics », dit le professeur en souriant à nouveau. Cette fois, il avait vraiment l'air amusé. « Je jette des sorts qui me disent comment se porte ton corps. Jusqu'à présent, tu sembles aller assez bien malgré ce que tu as traversé. Comment te sens-tu ? Endolori ? Fatigué ? Affamé ? »
« Je... » Harry ferma les yeux pour mieux évaluer son état. Il n'avait jamais eu à mettre des mots sur son état auparavant, et c'était difficile. « Je me sens... courbaturé. Et endolori. J'ai mal aux os. Tout me fait mal, en fait. » Il grimaça, se demandant s'il ne pleurnichait pas un peu trop.
« C'était à prévoir », le Professeur haussa les épaules, continuant à agiter son bâton. « Rien d'autre ? »
Harry poussa un soupir silencieux de soulagement avant que quelque chose que l'homme avait dit ne soit soudainement enregistré. « Vous avez dit "sorts" ? » La panique s'empara à nouveau de lui. Les sorts étaient mauvais, la magie était mauvaise, les bizarreries étaient mauvaises ; l'oncle Vernon allait le tuer. Il avait du mal à respirer et pouvait à peine entendre le bourdonnement de ses oreilles.
Son cerveau perçut encore la réponse exaspérée de l'homme, bien qu'il ait à peine vu l'homme lever la tête et lui jeter un regard curieux. « Oui, bien sûr, je suis un sorcier, comme toi. »
Harry s'évanouit.
Et voici le deuxième chapitre suite au vote sur mon discord ! J'adore cette fanfiction ! Pas vous ?
Si vous souhaitez nous rejoindre pour voter, voici le lien du discord : h.t.t.p.s : / / discord . gg / zFp2PHTxDR (n'oubliez pas d'enlever les points et les espaces)
A la prochaine !
