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Charles s'arrêta de couper du bois pour regarder la canopée au-dessus de lui. Les feuilles passaient rapidement du vert de l'été à rouge et jaune.
Il étira son dos, sentant sa colonne craquer à plus d'un endroit. Une autre série d'anniversaires était passée et à chacun d'eux une nouvelle série de maux et de douleurs l'affligeaient.
Avec l'approche rapide du temps plus frais, les jours devenaient plus courts et il n'avait pas eu autant de temps pour se préparer à l'hiver qu'il aurait aimé. Chaque année, les saisons semblaient passer de plus en plus vite.
Il regarda son environnement en commençant par le petit jardin qui était sur le point de donner ses derniers produits d'été. Ensuite il y avait l'enclos vide, les animaux étaient partis manger dans les bois.
Enfin il regarda sa maison, il y avait un trou dans le toit qui avait besoin d'être réparé avant que les pluies n'arrivent et la porte d'entrée nécessitait aussi un peu d'entretien mais la petite maison était propre et bien rangée.
Charles n'avait jamais agrandi la maison comme il l'avait promis à Renée il y a des années.
En fait aucun des projets qu'ils avaient eu tous les deux n'avait abouti sauf celui d'élever leur fille dans une maison remplie d'amour.
Il sourit, fier de la jeune femme qu'Isabella était devenue alors qu'il coupait un autre autre morceau de bois.
Charles réalisa alors que quelque chose manquait dans la maison. Ou plutôt quelqu'un.
"Isabella !" appela-t-il à la recherche de sa fille.
Comme il ne reçut pas de réponse, il appela une deuxième fois.
"Cet enfant m'enverra dans la tombe," murmura-t-il avant de beugler à nouveau le nom de sa fille.
Au cours des seize années écoulées depuis l'abandon de sa mère, Isabella était devenue une jeune fille saine et curieuse qui continuait d'explorer et d'apprendre sur le monde qui l'entourait.
Charles cédait à son amour de l'apprentissage dès qu'il en avait l'occasion car il n'avait pas beaucoup de biens matériels à lui offrir. Pourtant peu importe la distance ou ce qu'elle apprenait, elle était toujours heureuse de rentrer à la maison, pleine d'histoires et de questions pour son père qui y répondait du mieux qu'il pouvait.
Charles sourit en se remémorant la dernière série d'histoires que le père Cullen avait fournies à Isabella. Quelque chose appelé Contes d'enfants et de ménages par les frères Grimm. Ses yeux avaient été particulièrement brillants alors qu'elle racontait avec enthousiasme les histoires où tout se terminait par un ils furent heureux pour toujours - du moins pour le personnage principal.
Autant que son paternel l'aurait souhaité malheureusement, le monde extérieur n'était pas aussi juste qu'Isabella aimait à le croire. De mauvaises choses arrivaient aux bonnes personnes et le mal n'était pas toujours puni.
Et les femmes qui abandonnaient leurs enfants ne revenaient pas toujours.
Charles poussa un grand soupir avant de chasser sa mélancolie en tapant sur autre bûche en attendant toujours une réponse de sa fille rebelle mais aucune ne vint et il commença à s'inquiéter un peu.
De temps en temps on entendait dire par des voisins que du bétail avait disparu pour être retrouvé vidé de son sang et il y avait aussi une rumeur qui disait qu'un des villageois avait trouvé le corps d'une femme non loin de la maison de Charles et Isabella.
Elle avait été tuée et enterrée dans une fosse peu profonde mais il était évident que l'événement s'était produit des années auparavant donc aucune enquête n'avait été menée.
En conséquence Isabella ne pouvait pas parcourir les bois bien-aimés sans surveillance et à ce moment particulier Charles ne savait pas si elle était avec quelqu'un ou non.
Avec un "bruit sourd" il enfonça sa hache dans le billot et se prépara à appeler de nouveau.
Finalement un sifflement flotta à travers les arbres avant que la note ne monte à la fin. Charles attendit et trois sifflements aigus suivirent. Il hocha la tête et répondit avec deux des siens avant de revenir à la tâche à accomplir, rassuré que si quelqu'un pouvait protéger sa fille c'était son compagnon actuel.
De l'autre côté des collines environnantes une jeune femme était assise sur une souche, le dos tourné vers un jeune homme qui à ce moment-là était aussi nu qu'il avait été au moment de sa naissance.
"Ça t'a pris assez de temps Jacob," marmonna Isabella. "Mon père vient de m'appeler à la maison et nous n'avons même pas vu le château."
"Eh bien pardonnez-moi, princesse," grogna-t-il. "Les loups ne sifflent pas."
Il croisa les bras sur sa poitrine et s'appuya contre un arbre, prenant soin de ne pas s'égratigner le dos dans le processus.
"Et ce n'est pas un château."
"C'est plus grand que tout ce que j'ai vu." Elle commença à fouiller dans un sac et trouva une petite miche de pain. Après l'avoir cassée en deux, elle tendit un morceau par-dessus son épaule à son plus vieil ami.
"Tu n'as même pas vu celui-là." Il prit une énorme bouchée de pain et parla en mangeant, gagnant un soupir dégoûté d'Isabella. "Et à moins que tu ne montres un peu de patience, nous ne pourrons pas y aller avant notre retour à la maison. Le soleil se couche de plus en plus tôt chaque soir."
Isabella grignota silencieusement sa collation et regarda à travers les arbres.
"Seth et les autres ont dit qu'il était plus grand que la moitié de la ville."
"Seth et les autres exagèrent beaucoup."
"Ils ont également dit que le château avait quatre tours de pierre et un fossé."
Jacob secoua la tête. Ses cousins aimaient raconter des histoires et Isabella n'en oubliait jamais un seul détail. Il se demandait à moitié s'ils inventaient de telles histoires aussi abracadabrantes pour l'amuser ou voir jusqu'où ils pouvaient aller jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive qu'ils mentaient.
"Charles ne m'aurait pas laissé aller aussi loin de la maison si tu n'étais pas avec moi, Jacob."
"C'est parce qu'il s'inquiète."
Elle fit un bruit de moquerie avant de ramasser un caillou et de le jeter dans les bois.
"Il n'y a rien à craindre ici…"
"Je n'en serais pas si sûr."
Elle se retourna et leva les yeux vers son ami, les yeux pétillants à l'idée de l'aventure.
"Tu as vu quelque chose ?"
"Bella !" Jacob se couvrit rapidement.
"Oh, Jacob..." Elle lui fit signe de la main. "Pas intéressée. Maintenant dis-moi !"
Isabella enroula ses bras autour de ses jambes et leva les yeux vers lui avec espoir. Ses yeux ne s'éloignèrent jamais de son visage. Elle n'avait vraiment pas plus d'intérêt pour son anatomie qu'elle n'en avait pour rentrer chez elle pour l'instant et la fierté masculine en lui était juste un peu irritée à cette idée.
"Tourne-toi ou je me transforme et tu ne peux pas me poser de questions quand je suis un loup." Jacob se redressa légèrement et essaya d'avoir l'air confiant plutôt que gêné. Il considérait Bella, comme il l'appelait, comme sa petite sœur, mais même les petites sœurs n'avaient pas besoin de voir leurs frères nus.
"Grrr !"
Bella attrapa le sac à côté d'elle, fouilla pour trouver un pantalon usé et le lança vers son ami.
"Leah va te tuer pour m'avoir regardé," dit Jacob en attrapant le pantalon d'une main.
Bella se retourna à nouveau pour qu'il puisse s'habiller sans public.
"Leah sait que tu n'es rien de plus qu'un frère pour moi."
"Cela ne signifie pas qu'elle veut que tu jauges mes attributs."
Jacob enfila le pantalon et l'attacha avant de s'asseoir à côté d'elle. Bella frissonna à l'idée de "jauger ses attributs". Il avait été son ami aussi longtemps qu'elle pouvait s'en souvenir et l'idée de le considérer autrement que comme un frère était incompréhensible.
Et un peu repoussant.
"Tu comprendras un jour," dit Jacob avec assurance.
Bella secoua la tête en signe de dénégation farouche.
"D'après ce que j'ai vu, je serai parfaitement heureuse de rester avec Père pour le reste de mes jours."
"Et quand il sera parti ?"
"Je serai alors la vieille tante célibataire des enfants de Leah et toi."
Bella sourit d'un air satisfait. Elle avait tout prévu pour son avenir. En observant Charles vivre ses jours en solitaire, elle était persuadée qu'elle pourrait faire de même et elle était tout à fait certaine que ce serait ce que le destin lui réservait.
"Comme tu veux," dit Jacob en haussant les épaules. "Mais je peux te dire qu'une nuit froide n'est pas aussi froide quand tu as quelqu'un pour te tenir chaud."
Bella roula des yeux. Elle avait entendu, mais heureusement pas vu, comment Jacob et Leah se tenaient chaud l'un l'autre quand son père et elle étaient allés aider le père de Jacob sur un chantier et avaient passé la nuit chez lui.
Elle avait innocemment demandé à Charles 'qui avait souffert' au cours de la nuit précédente et se souvenait du rouge que son visage avait pris lorsqu'elle lui avait décrit ce qu'elle avait entendu. Avant le repas de midi, elle s'était retrouvée prise à part par l'une des femmes les plus âgées et avait reçu une leçon plutôt tendancieuse sur les relations homme-femme.
Bella faisait encore des cauchemars à cause de cette conversation, agrémentée de dessins grossiers de femmes voluptueuses et d'hommes maigres et peu dotés, faits avec le bout d'un tuyau sur le sol poussiéreux de la maison de Sue. Elle n'aspirait pas à vivre cet événement, surtout après la façon dont Sue l'avait décrit.
La douleur et le sang ne faisaient pas partie de la liste de ses choses préférées et elle ne pouvait pas imaginer que l'expérience ait été agréable pour cette femme. Mais quelque chose ne collait pas quand elle comparait ce dont Sue avait parlé aux tendres sourires qu'elle avait vus passer entre Leah et Jacob ou le Père Cullen et son Esmée ou…
Elle secoua la tête pour chasser cette idée de son cerveau et se concentrer sur la tâche à accomplir.
"En parlant de froid, si nous voulons rentrer avant la nuit, nous devons nous rendre au château," insista-t-elle, en jetant la bandoulière de son sac par-dessus sa tête.
Jacob secoua la tête avant de se lever. Il savait qu'une fois qu'Isabella avait une idée, il n'y avait pas grand-chose qui pouvait l'en faire dévier, alors il lui tendit la main pour l'aider à se relever, ce qu'elle fit avec plaisir.
"Pour la dernière fois, Isabella, ce n'est pas un château. C'est juste une grande maison. Mais viens. C'est juste après cette colline."
Elle fit un grand sourire et commença à marcher vers la colline, ne se tournant qu'en réalisant qu'il ne l'avait pas immédiatement suivie.
"Viens !"
"Bien, bien. Impatiente." Il ne lui fallut pas plus de quelques longues enjambées avant de la rattraper, un sourire suffisant ornant ses lèvres alors qu'elle se plaignait de ses petites jambes courtes à côté des siennes, longues.
Il fut récompensé par la réponse très adulte d'une femme lui tirant la langue. Il rit, recevant un sourire en retour alors qu'ils continuaient à marcher. Ensemble, ils atteignirent la crête de la colline.
Bella sursauta en regardant la clairière devant elle. Une maison, plus grande que tout ce qu'elle avait jamais vu, était nichée sur une petite colline, entourée d'arbres avec une route bien nivelée menant devant.
Elle était un peu déçue qu'il s'agisse de briques et de bois, et non de pierres et de tours. Et il n'y avait pas de douves pour abriter les créatures marines qu'elle était certaine d'y trouver. Cependant, c'était une belle maison.
Elle avait des fenêtres en verre épais qui brillaient comme le soleil sur le lac. La vue la laissa sans voix pendant plusieurs minutes alors qu'elle fixait la construction.
"Qui penses-tu qui l'ait construite ?" se demanda Bella à voix haute.
"Personne ne le sait vraiment. Personne n'a vu d'ouvriers, pourtant la maison continue de s'élever. Paul a dit qu'il avait entendu dire que le terrain avait été donné par le roi, ce qui a plutôt contrarié le shérif Newton."
"Pourquoi ?"
"Tu sais ce qu'il pense des bois..."
Bella hocha la tête. Il était bien connu que le shérif voulait que tout le monde s'installe à l'intérieur des murs de la ville où ils paieraient des taxes plus élevées pour leur protection et le privilège de louer l'une des nombreuses masures qu'il possédait. Charles et William, le père de Jacob, faisaient partie d'un groupe qui tenait fermement à leurs petites parcelles de terre à l'extérieur des murs.
"Mieux vaut un petit chez soi qu'un grand chez les autres," disait souvent Charles.
"Alors comment c'est arrivé ?" Elle fit un signe vers la maison.
"L'or est l'or. Mike s'en fiche probablement tant qu'il est payé ce qu'il pense qu'il vaut."
"Mais comment ont-ils fait si rapidement ? Ce n'était rien de plus que des bois il y a seulement quelques mois."
Jacob haussa les épaules.
"Tu crois que c'est de la magie ?" continua-t-elle, une pointe d'admiration dans la voix.
L'esprit de Bella s'emballa en pensant aux sorcières et aux magiciens qui pourraient venir vivre dans sa partie du monde. Son cœur s'accéléra à l'idée.
"J'en doute," dit Jacob sans ambages. "A moins que les sorcières et les magiciens utilisent des scies et des marteaux comme le reste d'entre nous. J'ai entendu les bruits de construction en chassant."
"Ça ne veut pas dire que ce n'est pas de la magie," marmonna-t-elle.
"Tu as trop de foi en ces sornettes."
"Et tu n'en as aucune, homme-loup."
Bella croisa les bras sur sa poitrine et lança un regard noir à son ami.
"Ma transformation n'est pas de la magie. C'est comme ça."
"Cela ne dépendrait-il pas de votre définition de la magie ? Je ne peux pas le faire. Charles ne peut pas le faire. William ne peut pas le faire. Seulement toi. "
"Et Seth. Et Leah."
"Alors voilà. Vous êtes tous les trois."
"Ce n'est pas de la magie."
Bella grogna de frustration mais savait que son ami ne changerait pas d'avis alors elle décida de changer de plan d'action.
"On peut aller plus près ?"
"Pourquoi ? C'est une maison. Une grande maison mais toujours rien qu'une maison."
"Ça ne ressemble à rien de ce que j'ai vu auparavant, Jacob ! Peux-tu imaginer ce que ça doit être de vivre dedans ?"
Jacob fit un bruit de moquerie. "Peux-tu imaginer ce que ça doit être de couper du bois pour chauffer l'endroit ? Il faudrait une équipe de vingt personnes juste pour subvenir aux besoins d'une semaine."
"Imagine- toi assis dans une chaise devant un feu et peut-être avoir un livre à lire ou avoir quelqu'un qui te le lit dans la nuit sombre."
Bella s'entoura de ses bras et se serra fort, perdue dans ses pensées.
"Aucun de nous n'aura jamais une vie comme celle-là, Isabella. Ce n'est tout simplement pas ce que nous sommes."
Elle ouvrit lentement les yeux et regarda son ami qui l'étudiait avec plus qu'un soupçon de pitié.
"Peut-être. Peut-être pas. Mais un petit rêve ne va pas faire de mal, Jacob."
"Bah. J'ai de meilleures façons de passer mes nuits que de me faire faire la lecture. Je ne sais pas lire et je n'ai aucune envie d'apprendre."
Incrédule que quelqu'un puisse avoir cet état d'esprit, elle le fixa silencieusement avant de se retourner sur ses orteils avec un soupir de frustration. Bella se dirigea vers la maison pour mieux voir.
"Où vas-tu ?" demanda-t-il, courant pour la rattraper.
Elle ne répondit pas et hocha la tête.
"Isabella ?"
Elle continua comme si elle ne l'avait pas entendu.
"Tu vas te faire prendre !"
"A faire quoi ?" Elle s'arrêta et se retourna pour lui lancer son plus beau regard. "J'ai grandi dans ces bois. J'ai joué ici. J'ai chassé pour me nourrir ici. C'est ma maison et je veux l'explorer un peu plus."
Et avec ça, elle se retourna et prit la direction de la maison.
"Père a dit à Charles que ça ne causerait que des problèmes si tu allais dans cette école," marmonna Jacob. "Il aurait dû te marier dès que tes menstruations sont arrivées."
Bella s'arrêta net dans son élan.
"Quoi ?" murmura-t-elle d'une voix froide.
Jacob se maudit d'avoir dit quoi que ce soit mais il en avait pour son argent maintenant. Elle l'avait entendu et le traquerait jusqu'à ce qu'elle découvre ce qu'il voulait dire.
"Bella..."
Elle lui lança un regard noir en guise de réponse.
"Cette école que le père Cullen a créée..." Il parlait avec dédain, prononçant école comme on prononce infidèle ou ordures ou choux de Bruxelles trop cuits. "Ça t'a donné des idées..."
"Bien sûr que ça m'a donné des idées. Qu'est-ce qu'il y a de mal à penser ?"
"Isabella..."
"Ne m'appelle pas 'Isabella', Jacob Black. Qu'y a-t-il de mal à penser ? Ou tu as un problème avec le fait qu'une femme pense ?" Elle se redressa de toute sa hauteur, qui était encore plus petite que lui d'une tête, et le regarda fixement, les bras croisés. Elle aurait presque été effrayante s'il ne l'avait pas connue depuis l'enfance.
Il n'y avait pas de bonne réponse à lui donner qui la calmerait, alors il choisit la voie de la sagesse, leva les mains en signe de défaite et garda le silence, même s'il était certain qu'il n'y avait aucune opportunité pour elle en dehors de leurs bois, quelle que soit la somme de connaissances du monde qu'elle pourrait acquérir.
La fureur de Bella fut interrompue par le bruit d'une calèche qui approchait. Jacob saisit son bras et l'entraîna dans les ombres plus sombres de la forêt.
"Qu'est-ce que tu fais ?" demanda-t-elle en se dégageant de son emprise mais il la tenait fermement.
"Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de gardes que nous sommes les bienvenus ici."
"Et comment sais-tu que nous ne sommes pas les bienvenus ? J'ai parcouru ces bois toute ma vie."
"Les choses changent. Une maison aussi grande doit avoir des gardes, des serviteurs ou autre. Jusqu'à ce qu'on nous dise que nous pouvons, nous ne devrions probablement pas être ici." Il relâcha sa prise suffisamment pour permettre au sang de refluer dans ses doigts mais la retint hors de vue.
Ils regardèrent les chevaux s'arrêter et le cocher descendre de son perchoir. La porte de la diligence s'ouvrit et un homme et une femme, habillés plus finement que le shérif et sa femme, en sortirent. Ils semblaient scruter la maison d'un regard inquisiteur puis les environs, en se parlant à voix basse.
Ensuite le regard de l'homme s'arrêta brièvement pour regarder dans leur direction. Jacob se crispa un instant, agrippant le bras de Bella comme s'il allait la tirer encore plus loin dans la partie sombre des bois mais elle était trop hypnotisée par ce qu'il se passait devant elle pour lui prêter attention. Le couple se tourna alors pour parler au cocher avant de se diriger vers la maison.
"C'était juste !" siffla Jacob alors que la porte se refermait derrière le couple.
"Tu crois qu'ils nous ont vus ?"
Il secoua la tête même s'il était incertain.
"Mais je pense que nous devons y aller."
Sans hésiter, Jacob retira le pantalon qu'il portait et, instantanément, un loup se tint à côté de Bella, trépignant d'impatience.
"Ne pouvons-nous pas aller voir de plus près ?" le supplia Bella. "Juste quelques instants de plus ?"
Le loup baissa la tête et la secoua avec un grognement de dérision. Quand elle hésita, il lui donna un coup d'épaule dans la jambe pour la guider vers la maison.
"Mais..."
Il prit un grand morceau de sa jupe dans sa gueule et tira dans la direction opposée à celle qu'elle souhaitait prendre, manquant de la faire tomber.
"Bien, bien !" grommela-t-elle en jetant un dernier regard par-dessus son épaule en direction de la maison avant de s'éloigner du manoir. "Tu sais que tu es tout aussi ennuyeux en tant que loup qu'en tant qu'homme".
Jacob grogna avant de la pousser un peu plus loin de la maison.
Alors que Bella et Jacob franchissaient la première colline sur le chemin du retour, un homme, vêtu de vêtements encore plus fins que ceux portés par le couple qui était entré dans la maison, émergea de derrière un bosquet d'arbres à quelques mètres de là. Il observa silencieusement les deux jeunes gens qui s'éloignaient avant de se tourner vers la maison et de disparaître en un clin d'œil.
